Moncef Marzouki sera lundi 8 janvier l’invité de l’émission « Débat de FRANCE 24 »
Conseil National pour les Libertés en Tunisie : Disparitions de jeunes arrêtés par la police politique
Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques : Communiqué
Omar S’habou: Ben Laden ne prendra pas une revanche posthume sur Bourguiba !
Liberté (Algérie): Al-Qaida s’implante au Maghreb
Islam online: « Jihadists » Picking up Steam in Tunisia
La Presse: Démocratie et développement – Cohésion nationale autour des choix présidentiels
La Presse: Promouvoir davantage la vie politique
Pr. Saïd Mestiri: Une stratégie de l’humiliation et de l’aventure
Robert Fisk: A dictator created then destroyed by America
Robert Fisk: He takes his secrets to the grave. Our complicity dies with him
Tunis
Mise en échec d’un projet d’attentats terroristes ?
Les services de sécurité auraient récemment fait échouer un projet d’attentats terroristes en série le 31 décembre dans diverses zones touristiques du pays.
D’obédience salafiste-djihadiste, le commando était scindé en deux équipes qui attendaient le jour « J », l’une à Hammam-Chott, dans la banlieue sud de Tunis, et l’autre à Grombalia, sur la route vers le Cap-Bon.
Le commando s’entraînait dans un camp secret aménagé dans la montagne de Boukornine, dans la banlieue sud.
Disparitions de jeunes arrêtés par la police politique Craintes d’une recrudescence des violations des libertés au prétexte de l’antiterrorisme
Ben Laden ne prendra pas une revanche posthume sur Bourguiba !
Omar S’habou (*)
Bon, passons sur l’option basique de la désinformation autour de laquelle le régime du 7 novembre a choisi, en toute connaissance de cause, de se construire et de durer. Les tunisiens ont appris depuis longtemps déjà à faire et à vivre avec. Aussi la version officielle qui leur a été donnée au sujet des affrontements armés qui ont secoué le pays, dix jours durant, du 23 décembre au 4 janvier, a été naturellement traitée par la dérision et les moqueries. Sur les dix millions de tunisiens, il ne peut y avoir un seul qui ait pu croire un instant qu’il s’est agi d’un accrochage entre des trafiquants de drogue et leur armée. Ils savent que les autorités de leur pays mentent et que les médias sont obligés de mentir.
Passons et dépassons.
De quoi s’est-il agi ?
Pour bien comprendre l’événement, ses tenants et aboutissants, il importe de le contextuer. La nébuleuse terroriste planétaire du nom d’ «El Qaïda » a établi, comme on le sait, à travers le globe, des sortes de succursales aux fins de frapper les centres vitaux d’un occident tyrannique pour faire mûrir les conditions favorables à l’émergence d’un ordre islamique pur et dur qui se serait réconcilié avec l’esprit originel des « salafs », les premiers saints bâtisseurs du premier embryon de l’Etat islamique. D’où leur appellation de « salafistes ». Son fondateur, inspirateur et, aussi, bailleur de fond, le multimilliardaire Mr Oussama Ben Laden a récemment décidé de « s’occuper » du Maghreb et principalement du bastion du modernisme arabomusulman, cette Tunisie qui ne veut toujours pas se débarrasser de l’héritage idéologique du « mécréant et ennemi de l’Islam » : Bourguiba. Le coran est y de nos jours, de surcroît, foulé aux pieds et les musulmanes y sont persécutées en raison de leur port du voile. Il a décidé de passer à l’action après l’acte d’allégeance à sa personne et à ses desseins de Mr Abou Mossaab Abdelwadoud, chef de l’aile militaire irréductible du « Groupe Salafiste de la Prédication et du Combat ». Un des groupes armés qui ont mis l’Algérie à feu et à sang durant les années 90 et qui continue de sévir dans les vastes contrées algériennes. Un apport de première importance tant est établie le savoir faire de ce groupe en matière de techniques de recrutement, de capacité de mouvement et d’infiltration, de puissance de feu et de culte de la mort. Son intelligence stratégique – qui explique sa durée – réside dans l’établissement de bases non pas fixes mais nomades où ils forment les recrues des autres pays. Il leur fait subir un endoctrinement et une maîtrise accélérée des techniques de guérilla urbaine avant de les renvoyer dans leur pays d’origine pour y accomplir toutes sortes d’actes terroristes. Parmi les recrues : des dizaines de jeunes tunisiens, probablement parmi les dizaines de milliers des diplômés chômeurs et dont les convictions islamistes les prédisposent à la martyrologie. Parmi les faits corroborant ces vérités l’arrestation, révélée par le très crédible quotidien algérien « Al Khabar » du 1er janvier 2007, par les autorités algériennes, de Mr Abou Al Mouthanna , chargé des liaisons avec la cellule tunisienne d’ « Al Qaïda ». Son arrestation a permis de révéler la remise d’importantes quantités de kalachnikovs et de pistolets automatiques aux tunisiens par Mr Abou Ammar, un conseiller du groupe terroriste algérien. A cela il faut ajouter l’arrestation, à la fin de l’année 2006, de 10 autres jeunes tunisiens par la police des frontières : leur interrogatoire a révélé qu’ils s’apprêtaient à rejoindre une des bases de formation du groupe algérien.
Le dessin est on ne peut plus clair. Il parle de lui-même.
Mr Ben Ali a laissé dire qu’il s’agit de trafiquants de drogue. Malheureusement pour lui, personne ne l’a cru. Parce que c’est ridicule.
A mon humble avis, ce qui vient de se produire en Tunisie et qui risque de se reproduire dans ce même registre, n’est pas inquiétant. Je vais peut être surprendre plus d’un, mais je ne m’étais senti à aucun moment, durant ces derniers jours, saisi d’inquiétude, à fortiori de panique. Contre ce type de dangers exogènes, notre pays est défendu par d’invincibles armées qui ont pour nom de guerre : le Code du Statut Personnel, la culture du planning familial, l’option moderniste de notre enseignement – indépendamment de son actuelle désastreuse baisse de qualité – la génétique propension des tunisiens à la non violence et, surtout, l’authenticité du fait tunisien. Notre pays n’étant pas un échafaudage confessionnel artificiel dessiné par les compas et les équerres des stratèges du condominium franco-britannique. La Tunisie a construit sa solidité et son homogénéité sur plus de trois mille ans et a tours été sculpté par le souffle de la reforme.
Mr Ben Laden s’est trompé de cible : la Tunisie n’est pas l’Irak. S’il pense que le retour notable des tunisiens aux mosquées et celui, tout autant notable, d’une partie des tunisiennes au voile, est un appel implicite à l’établissement d’un ordre Salafiste, mieux vaut pour lui de déchanter. Et rapidement. Ces tunisiens qui remplissent les mosquées et ces tunisiennes qui ont remis leur voile seront les premiers sur le front pour défendre leurs acquis modernistes !!! N’auront rien compris à la Tunisie ceux qui n’ont pas définitivement admis que le corps national tunisien, dans son écrasante majorité – musulmans (pratiquants ou non) laïcs, athées, confondus – sont à jamais vaccinés contre le virus que portent les Ben Laden, El kalkachendi ou Sidi Ammar Bezzouer…Contrairement aux autres pays semblables, les tunisiens ont leur révolution culturelle derrière eux, non devant eux… toute la différence est là et ce grâce à ceux qui ont, à travers l’histoire, exprimé le mieux leur génie réformiste, et principalement – justement ! – Habib Bourguiba !
Le danger, réel, pour la Tunisie, n’est pas exogène. Il est endogène. Il viendrait du pourrissent que le virus novembriste est en train de développer. Ben Laden n’aurait pas trouvé de gisement de recrutement chez nous si ces jeunes tunisiens étaient réconciliés avec la Tunisie qu’ils souhaitent – et pas nécessairement islamiste ou salafiste – mais une Tunisie où il peuvent exprimer librement leurs convictions, y trouver des opportunités de travail honnête, construite réellement sur la prééminence des institutions et la souveraineté de l’urne, une Tunisie non assujettie à une insolente, opulente et détestable oligarchie.
Ce qui est loin d’être le cas…
(*)Cette opinion n’engage pas l’Alliance Maghrébine pour la Démocratie
Al-Qaida s’implante au Maghreb
« Jihadists » Picking up Steam in Tunisia
Réactions sur la blogosphére tunisienne (suite):
Fusillades à Tunis, une histoire digne d’un X-file !
Posted by mkarriz
Je me demande pourquoi depuis quelques jours on n’arrive pas, en Tunisie, à nous dire la vérité sur ce qui vient de se passer, je parle bien sûr de la fusillade de Tunis et qui a fait 25, euh 12, ah non 15, puff je ne sais pas combien de morts et de blessés, qui ils sont, des Martiens ? Des “criminels dangereux” dit-on de sources officielles! Mon … !
De grâce, épargnez-nous le discours simpliste et niaiseux et dites la vérité aux Tunisiens ! Que de rumeurs, de spéculations des pseudo-spécialistes de la Tunisie qui, bien évidemment, ne sont pas tunisiens, des pseudo-journalistes à la con et des profiteurs de chaines de télévisions de merde qui veulent faire passer n’importe quelle connerie, des soi-disant analystes à deux sous, etc. !! Moi je les emmerde tous.
Le gouvernement, lui, il nous prend pour des mono-neuronnés qui ne savons pas faire la différence entre une hypothèse qui tient debout et qui pourrait être crédible et une connerie vague et qui ne sert absolument à rien, sinon à faire proliférer les rumeurs ! Bien sûr on a parfois tendances à vouloir entendre ce que l’on veut, dans ce cas, pas du tout! juste la vérité quelle qu’elle soit avec des preuves à l’appui pour que l’on sache mieux analyser la situation! On ne demande pas la lune et ce n’est pas la mer à boire non plus, alors … !
Après ne me demandez pas pourquoi je me surnomme Mkarriz !
(Source : le blog « Tac O Tac », le 5 janvier 2007)
Lien : http://tacotac.wordpress.com/
Ce dimanche, le journal « La Presse » (gouvernemental) reste toujours muet sur les affrontements des derniers jours et se contente de publier les articles suivants qui « tournent autour du pot » :
Démocratie et développement
Cohésion nationale autour des choix présidentiels
La Presse — L’édifice de la démocratie en Tunisie, initié depuis près de deux décennies, connaît, chaque jour, une avancée à la faveur d’une écoute permanente des différentes composantes de la société et des diverses sensibilités politiques du pays.
Lancé depuis la réalisation du pacte national qui fut un engagement politique et moral au service de la patrie, le consensus national a été et demeure une constante de l’approche du Président Ben Ali pour faire progresser, à tous les niveaux, l’œuvre de réforme globale afin que la Tunisie réussisse sa marche vers le progrès, consolide son invulnérabilité et réalise son arrimage avec le monde développé.
C’est ainsi que le Chef de l’Etat a fait de l’évolution solidaire des étapes successives de son projet civilisationnel une règle d’or qui a épargné à la Tunisie les sauts dans l’inconnu et au peuple tunisien les incertitudes et les aventures que connaissent, hélas, plusieurs pays aujourd’hui et qui vivent, dans la souffrance, leurs atrocités aveugles.
Ainsi, chaque occasion que les Tunisiens ont fêtée, aura été un moment fort pour de nouvelles initiatives embrassant les domaines politique, économique, social et culturel, et touchant toutes les générations, toutes les régions et toutes les catégories sociales.
Les dernières décisions datent de la fin de l’an 2006 et ont concerné — fait symbolique — l’insertion de jeunes Tunisiens dans le circuit de l’emploi et l’amélioration des conditions de vie dans les quartiers populaires.
Des mesures qui illustrent la conception cohérente et la vision novatrice du rôle de l’Etat dans les sociétés modernes sur fond d’un élan de solidarité sans cesse renouvelé.
Aussi, l’on peut aisément comprendre et appréhender la cohésion nationale autour des choix présidentiels et la fidélité à l’œuvre grandiose, aux acquis remarquables que la Tunisie a engrangés pour le bien de ses femmes, de ses hommes, de ses enfants et de ses citoyens les plus vulnérables et à besoins spécifiques.
Etat séculaire, pays de réforme et d’ouverture, la Tunisie peut se prévaloir, dans un contexte mondial de grande turbulence, d’institutions solides, d’une stabilité qui offre aux citoyens, aux résidents, aux visiteurs et aux investisseurs étrangers, toutes les conditions d’une vie sereine, dans une atmosphère de quiétude et de grands espoirs pour un avenir meilleur pour tous.
Les Tunisiens qui mesurent, à leur juste valeur, les progrès qu’ont pu réaliser, grâce aux différentes réformes entreprises au niveau de l’Etat et de la société et aux vertus de l’autonomie de la décision nationale, cinquante ans après l’indépendance, sont plus que jamais déterminés, à travers leur adhésion à la grande ambition pour la Tunisie définie par l’artisan du Changement, à préserver et à défendre jalousement leur identité nationale et à consolider leur souveraineté.
Car, ils sont convaincus, comme l’a rappelé, le 7-Novembre dernier, le Président Ben Ali que : «Le présent et l’avenir de la Tunisie se construisent par les bras et les cerveaux de ses citoyens, dans le cadre de la fidélité au passé prestigieux de nos parents et ancêtres et de notre immense patrimoine de réforme et de l’allégeance à la Tunisie et à elle seule.» Une fidélité qui rejette l’extrémisme et qui est érigée en rempart solide contre tous les courants rétrogrades.
Mouldi M’BAREK
Promouvoir davantage la vie politique
Par M’hamed JAIBI
Recevant M. Mohamed Bouchiha, vendredi dernier, le Président Ben Ali a réaffirmé sa volonté de promouvoir davantage la vie politique et d’aller de l’avant sur la voie de la consécration du processus pluraliste et de la préservation de l’autonomie de la décision nationale.
Une réaffirmation qui intervient une semaine après le message du Nouvel An dans lequel le Chef de l’Etat a réitéré sa ferme détermination à continuer à enrichir sans cesse la démocratie, le pluralisme et les droits de l’homme.
«La détermination du Président Ben Ali et sa foi en ces constantes représentent pour nous, et pour tous ceux qui croient en la démocratie et qui s’attachent aux acquis du régime républicain (…), un stimulant supplémentaire pour promouvoir notre pays», a commenté le secrétaire général du Parti de l’Unité Populaire.
L’entretien a donné au secrétaire général du PUP l’occasion de soumettre au Chef de l’Etat les approches de son parti concernant l’impulsion du processus pluraliste.
Le 7 novembre dernier, rappelons-nous, le Président de la République avait appelé les différentes forces politiques, syndicales et associatives à présenter leurs vues et leurs propositions quant à l’avenir du pays.
Le PUP aura, ainsi, été la première formation à répondre à cet appel solennel, de la manière la plus concrète et la plus officielle.
Deux mois à peine après l’invitation lancée par le Président Ben Ali, à une plus grande participation des partis politiques à la «promotion de l’équation démocratique», l’un d’entre eux s’empresse d’exposer au Chef de l’Etat sa vision et ses suggestions.
M. Bouchiha a fait part au Président de la République, à l’occasion, des salutations et des sentiments de considération des militants et cadres du PUP, et de leur «engagement résolu à contribuer à l’enrichissement du processus pluraliste et à la défense des acquis du régime républicain, dans le cadre d’une opposition nationale responsable.»
Le Président de la République qui s’est attaché, depuis le départ, à mettre en branle un processus démocratique pluraliste associant un large éventail de familles politiques et de convictions intellectuelles, a rappelé, à l’occasion du 19e anniversaire du Changement, sa résolution de consolider ce processus, revenant, à l’occasion, à cette initiative rassembleuse qu’avait représenté le Pacte national signé, à l’époque, par toutes les tendances, ainsi que les centrales socioprofessionnelles et les grandes organisations nationales et associations.
Le Chef de l’Etat, toujours soucieux de relancer les bases d’un consensus national actif qui fasse avancer le pays sur la voie du développement, de la modernité et d’une démocratie pluraliste évoluée, souhaite être en mesure d’annoncer, à l’occasion du 20e anniversaire du 7 novembre 1987, un ensemble de résolutions stratégiques engageant l’avenir du pays sur les plans politique, économique, social, culturel et humain, qui puisse prendre en ligne de compte les approches et propositions des différents partis politiques, des forces sociales et des composantes de la société civile.
Il s’agit d’une nouvelle étape dans la promotion de la vie politique, qui exige donc que s’impliquent toutes les énergies nationales, dans leur richesse et leur diversité. Afin que le pluralisme et la démocratie imprègnent les mécanismes de la réflexion, du débat national et de la décision politique.
Afin aussi, que l’ensemble des forces politiques et sociales puissent assurer pleinement leur rôle dans la promotion et la défense des acquis consensuels et dans la consolidation et l’approfondissement du climat de cohésion dans le débat et la concertation. Sur la base d’une plateforme qui sache sceller les choix fondamentaux d’un pays souverain engagé avec détermination sur la voie d’une société harmonieuse et équilibrée basée sur la redistribution des richesses, la solidarité et la prospérité partagée et inscrite de plain-pied dans la dynamique mondiale de progrès et de modernité.
M.J.
(Source : « La Presse » du 7 janvier 2007)
Une stratégie de l’humiliation et de l’aventure
Pr. Saïd Mestiri
Au vu de la réprobation universelle qui a suivi l’exécution de l’ancien président irakien Saddam Hussein, les autorités américaines ont cherché par différents moyens à retirer leur épingle du jeu.
Sans prendre position sur le fond du problème – la décision d’exécution elle-même – en en rejetant la responsabilité sur les autorités irakiennes, ils ont donné leur avis sur ses seules modalités techniques, disant que : « si c’étaient nous, les choses se seraient passées différemment » (« You know, if you’re asking me, ” would we have done things différently? ” Yes we would have » propos du Général William Caldwell cité par l’International Herald Tribune du 4/1/2007).
En fait, en dépit de ces mises au point réitérées et compte tenu des conditions existant actuellement en Irak, il est difficile de croire qu’un événement de l’envergure de cet horrible scénario macabre de l’exécution de l’ancien chef d’Etat irakien, ait pu être, programmé, exécuté et filmé, sans l’adhésion des autorités d’occupation américaines. Aussi la question revient-elle d’abord à se demander pourquoi elles ont laissé faire ce glorieux « fait d’armes » qui a soulevé l’indignation du monde entier et dégradé encore plus une image des Etats-Unis, déjà bien entamée par ailleurs. Plus important encore, cette politique va brutalement à l’encontre de la politique officielle, mille fois proclamée par le président Bush et ses conseillers, celle de favoriser la réconciliation entre les différentes communautés irakiennes, et d’accroître la crédibilité d’un gouvernent irakien, qu’on tendait plutôt à qualifier de fantoche.
Parmi les nombreuses hypothèses qu’on peut avancer, il en est d’assez futiles que l’on peut écarter, comme celle, évoquée par certains commentateurs, d’une « bévue », d’une « colossale stupidité », ou comme celle d’une manifestation ultime de vengeance personnelle. Passons sur ces images traduisant, sans aucun doute, une volonté réelle d’humiliation et exprimant un message de haine à peine voilé ; en quelque sorte une remise en honneur de l’antique « malheur au vaincu » qui par delà le condamné, devait s’adresser à l’ensemble de sa communauté. Mais faut-il ne voir dans cette affaire que des satisfactions d’ordre bassement émotionnel ou celles d’une prétendue exigence de morale et de justice ?
Selon des instances encore bien en cour à Washington, l’idée – machiavélique ou pas – d’imprimer un « coup de fouet » à la guerre civile inter-irakienne, ne va pas obligatoirement, à bien y réfléchir, à l’encontre des intérêts américains et mérite d’être sérieusement envisagée. Aucun scrupule, en tout cas, ne semble avoir effleuré, à ce sujet, les têtes pensantes des Néoconservateurs.
A partir du moment où l’on pourra s’arranger pour mettre théoriquement à l’écart, à l’abri ou comme « arbitres » les troupes américaines, on peut laisser les fractions rivales s’entretuer à leur guise, et les groupes Chiites éliminer les groupes Sunnites qui sont le cœur de la rébellion. Elles achèveront ainsi le travail que les G I’s n’ont pu réaliser jusque-là. Cette stratégie aura pour première conséquence la mise au placard du plan Baker pour longtemps, et aboutira ensuite, selon ses protagonistes, à l’élimination définitive de toute résistance irakienne, des cadres et des structures résiduelles de la société civile. On pourra ainsi – comme l’avait fait jadis Hitler – promettre à Israël et aux monarchies pétrolières, paix et tranquillité pour mille ans, en attendant l’arrivée du Messie pour les uns, et du Mahdi pour les autres !
On peut toujours affabuler, dira-t-on, mais les événements qui ont marqué l’Histoire récente, nous ont montré, malheureusement, que les élucubrations de ces gens-là ont connu parfois des débuts de concrétisation.
Le peuple irakien, héritier d’une civilisation trois fois millénaire qui vit peut-être les moments les plus tragiques de son Histoire, est le premier conscient de ces graves menaces qui pèsent sur son unité, sur son existence même. Espérons qu’il trouvera en lui-même les ressources ultimes pour y faire face.
(Source : « Kalima », N° 49, Janvier 2007)