4 février 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2449 du 04.02.2007

 archives : www.tunisnews.net


AISPP: Communiqués Parti Socialiste Français et du Parti Socialiste Européen :Communiqué suite à l’annulation de la conférence organisée par « Mouatinoun » Tunisiawatch: Les auteurs des confrontations armés devant le juge d’instruction Tunisiawatch: Accentuation de la répression en Tunisie Arab Vision: First Tunisian Christian TV Series Arab Vision: Arab Vision Produces First Tunisian Christian TV Series Le Temps : Les mots et les choses Cessons de glorifier le martyre ! Le Temps : Les mots et les choses Héros hier, traîtres aujourd’hui… Le Temps : Khamsoun au Théâtre Municipal :De l’engagement et de la subtilité Le Quotidien: «Khamsoun» : Victimes et verbiage en otage La Presse: Khamsoun, de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar:Lorsqu’une œuvre tombe dans la facilité La Presse: Vite fait, mal fait Libération: Un an après, rencontre avec l’un des auteurs dont les dessins ont embrasé la planète. – Les caricatures de Mahomet, «une provocation gratuite»


Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/Fax : 71 354 984 aispptunisie@yahoo.fr 3 février 2007 Communiqué
La mère du prisonnier politique Aymen Dridi, actuellement incarcéré à la prison de Béja, nous a informés qu’elle avait été empêchée de rendre visite à son fils et qu’un des gardiens affectés à l’accueil des familles lui avait dit que son fils était privé de visites. Lorsqu’elle a voulu en connaître la raison, il ne lui a pas répondu. Elle nous a dit que les autorités pénitentiaires appliquaient une politique visant à affamer le prisonnier. Son couffin est refusé et elle se voit interdire de lui remettre de l’argent par mandat. Si le prisonnier Aymen Dridi est en butte à ces mauvais traitements, c’est qu’on cherche à lui faire retirer la plainte qu’il a déposée dans l’affaire de la profanation du Coran. La mère du prisonnier Aymen Dridi doit faire face aux charges du trajet du gouvernorat de Bizerte jusqu’à Béja et elle engage des dépenses pour remplir le couffin et payer les transports alors qu’elle a un besoin crucial d’argent pour entretenir sa famille. Le président de l’Association Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/Fax : 71 354 984 aispptunisie@yahoo.fr 3 février 2007 Communiqué n°1
 
Monsieur Tahar Elouni, père des prisonniers Ali et Brahim Herzi Elouni, incarcérés à la prison de Mornaguia dans l’attente de leur procès le 17 février, en vertu des dispositions de la loi n°75 de l’année 2003, relative au soutien à l’effort de lutte internationale contre le terrorisme, nous a informés qu’il s’était rendu le 18/01/07 à la prison, mais que les agents l’avaient informé que son fils Ali était privé de visite, car puni. Le 25 janvier, on l’a informé qu’il était privé de visites et qu’il ne pourrait le voir que le jeudi 1er février. Ce jour-là, on lui a amené son fils dans un état anormal, résultant des tortures auxquelles il avait été soumis à la suite de la visite du 11/01/07. Il avait été évacué de sa cellule et conduit de force dans un cachot individuel, sous la force des coups qui lui étaient assénés, il rampait à quatre pattes. Une fois arrivé au cachot, il avait été déshabillé et violemment frappé. Le jour suivant, les coups ont repris, assortis de menaces de viol. Tout cela parce qu’il avait reproché à un prisonnier d’avoir blasphémé en sa présence, peut-être pour le provoquer puis l’agresser s’il réagissait. L’AISPP exige de l’administration générale des prisons d’ouvrir une enquête, d’infliger une sanction aux agents dont il est avéré qu’ils torturent les prisonniers, de porter le dossier devant le procureur de la République et de prendre les mesures nécessaires dissuasives. Le président de l’Association
Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)  

Communiqués du Parti Socialiste Français et du Parti Socialiste Européen suite à l’annulation de la conférence organisée par le journal « Mouatinoun » publiée par le Forum pour la Démocratie, le Travail et les Libertés (FDTL)     Parti Socialiste 10 rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 Tél : 01 45 56 77 26 Fax : 01 45 56 78 74 www.parti-socialiste.fr Presse presse@parti-socialiste.fr Paris, le 2 février 2007  

Communiqué du Secrétariat international

  TUNISIE   Une Conférence internationale sur le « Rôle des sociétés civiles dans la construction du Maghreb uni », organisée par l’hebdomadaire Mouatinoun du parti d’opposition tunisienne le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL), en coopération avec la Fondation Friedrich Ebert, devait avoir lieu les 2 et 3 février 2007 à Tunis.   Plusieurs partis du Maghreb, notamment le Front des Forces Socialistes d’Algérie, l’Union Socialiste des Forces Populaire du Maroc et plusieurs députés allemands, belges, français du Parlement européen, ainsi que des responsables socialistes européens avaient annoncé leur participation au débat sur le rôle des sociétés civiles au Maghreb, un débat qui se trouve au coeur du développement et de la démocratisation des pays du Maghreb et des relations entre l’Union européenne et ces pays.   Les autorités tunisiennes ont déclaré illégal, le soutien de la Fondation Friedrich Ebert à cette importante initiative sur le rôle des sociétés civiles au Maghreb, alors que depuis de nombreuses années, cette fondation soutient des activités semblables, organisées par d’autres partenaires tunisiens.   Pour protester contre cette décision injuste qui empêche le déroulement normal du débat, les participants européens, des députés et des responsables socialistes, rejoints par d’autres participants d’Algérie et du Maroc, ont annulée leur participation à la conférence.   Le Parti socialiste condamne avec force la décision autoritaire et injustifiée du pouvoir tunisien, dirigé par un parti qui n’a plus de liens avec des valeurs qui sont celles de l’Internationale Socialiste. Il exprime son soutien et sa solidarité avec la société civile tunisienne et les défenseurs des droits de l’homme et des libertés en Tunisie, notamment le FDTL.   Il demande à l’Union européenne, au Parlement européen et à l’Internationale Socialiste de condamner l’arbitraire des autorités tunisiennes et de tirer toutes les conclusions qui s’imposent.

COMMUNIQUE DE PRESSE

PartI Socialiste Européen 2 Février 2007 LE PSE ANNULE SA PARTICIPATION A UNE CONFERENCE A TUNIS EN SIGNE DE PROTESTATION CONTRE LE GOUVERNEMENT TUNISIEN

 
  Le Parti Socialiste Européen a décidé d’annuler sa participation à une conférence internationale organisée à Tunis en protestation contre la volonté des autorités Tunisienne d’en restreindre la participation.   La conférence internationale sur le « Rôle de la société civile dans la construction du Maghreb uni », en date des 2-3 février 2007 à Tunis, était co-organisée par l’hebdomadaire Mouatinoun, la publication du Forum démocratique pour le travail et les libertés, et la Fondation Friedrich Ebert.   Le Ministère des affaires étrangères tunisien a estimé que le soutien de la Fondation Friedrich Ebert était illégal et contrevenait à la convention de coopération entre le Gouvernement Tunisien et la Fondation. Le Ministère des affaires étrangères a souligné la nature politique de la conférence et insisté sur le fait que la Fondation devait concentrer ses activités sur la formation et la recherche et soutenir des partenaires tunisiens dans les domaines économique, scientifique, culturel et social.   En signe de protestation, les participants internationaux Philip Cordery , secrétaire général du Parti Socialiste Européen,  les membres du Parlement européen Harlem Désir, Vice-président du  Groupe PSE du parti socialiste français, Alain Hutchinson du parti socialiste belge et Ottmar Schreiner, Membre of Bundestag, du SPD allemand, ont décidé d’annuler leur participation à la conférence. Ils ont été rejoints par d’autres participants d’Algérie et du Maroc, des représentants des partis politiques, de la société civile et des universitaires du Maghreb .   Poul Nyrup Rasmussen, Président du PSE : « Le régime tunisien devient de plus en plus autoritaire. Il est inacceptable de bloquer une rencontre entre organisations démocratiques et inacceptable d’empêcher les revendications en faveur des droits démocratiques d’être entendues. Ce n’est pas la première fois que le Gouvernement tunisien restreint le débat démocratique. Je demande aux autorités tunisiennes de faire preuve de respect pour les droits humains universels que sont la liberté d’expression et de réunion ».     PRESS RELEASE Party of European Socialists 2 February 2007 PES WITHDRAWS FROM TUNIS CONFERENCE IN PROTEST AT TUNISIAN GOVERNMENT   The Party of European Socialists has withdrawn from an international conference due to be held in Tunis in protest at attempts by the Tunisian authorities to restrict participation. The international conference on the « Role of civil society in building a united Maghreb » being held in Tunis on 2-3 February 2007, was co-organised by the newspaper Mouatinoun, which is the publication of the Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), and the Friedrich Ebert Foundation. The Friedrich Ebert Foundation was told by the Tunisian Foreign Affairs Ministry that its involvement was illegal and contravened a cooperation convention between the Tunisian Government and the Foundation. The Foreign Ministry objected to the political nature of the conference and insisted that the Foundation should only be involved in  training and research or assisting Tunisian partners in economic, scientific, cultural and social fields. In protest, international participants Philip Cordery , secretary general of the party of european Socialists,  Members of the European Parliament Harlem Désir, Vice-président of the PES Group from the French socialist party and Alain Hutchinson Belgian socialist party and Ottmar Schreiner, Member of Bundestag, from S.p.D. Germany, decided to withdraw from the conference. They have been joined in their protest by other participants from Algeria and Morocco representing political parties, civil society and academics from the Maghreb . Poul Nyrup Rasmussen, PES President, said, «  Tunisia is turning more and more authoritarian. It was wrong to try to stop democratic organisations from meeting, and wrong to prevent the demand for democratic rights from being heard. It is far from the first time that the Tunisian Government has tried to restrict democratic debate. I call on the Tunisian authorities to start showing more respect for the universal human rights of freedom of speech and assembly. » The PES expresses its support for the conference organisers and confirms its willingness to attend a new conference at an early date.

 


Les auteurs des confrontations armés devant le juge d’instruction

 
 Depuis le déclanchement des confrontations armé qui se sont dérouler dans les bons lieux sud de Tunis entre 23 décembre 2006 et 03 janvier 2007 avec le groupe salafiste les autorités tunisiennes se sont réservées de donner les indications nécessaires sur l’identité de ses auteurs. Qu’ils soit morts ou détenu les auteurs dans leurs majorité sont resté inconnues.   Un groupe de trente inculpés ont été déférés dans l’affaire 7717/1 devant le premier juge d’instruction  à Tunis n’ont pu ainsi être connues qu’après la fin de leurs interrogatoires.   (1) Ali Bn salah Sassi, (2) Marwan Khlif, (3) Majdi Latrech, (4) Sahbi Nasri, (5) Tawfik Hwimdi, (6) Ziad Essid, (7) Mohamed Ben Ltifa, (8)  Badreddin Ksouri, (9) Imed ben Boubaker Ben Ameur, (10) El Kamel Oum hani, (11) Saber Ragoubi, (12) Fathi Salhi, (13) Ali Arfaoui, (14) Mouhamed Amin Dhiab, (15) Jawher Slama, (16) Jawhar Kassar, (17) Mahdi El haj, (18) Ousama Abbadi, (19) Mokhles Ammar, (20) Zouhaier Jrid, (21) Wael Amami, (22) Mohamed Khalil ben Mohcen, (23) Ramzi el Aifi, (24) Mohamed Amin el Jaziri, (25) Jamel el Mallakh, (26) Mouhamed el Bakhtan, (27) Ahmed el Mrabet, (28) Ennafti el Bannani, (29) Hatem erriabi et (30) Khalifa Kraoui. (*)   Tous les interrogatoires se sont déroulés en secret et en l’absence des avocats. Plusieurs autres affaires concernant d’autres groupes de jeunes sont instruites en même temps devant d’autres juges d’instructions notamment les affaires 7890/8, 7867/4 et 7790/10. La façon avec laquelle ces détenus sont traités jusqu’à présent rappellent par tous ses aspects le triste célèbre précédent des détenus de Guantanamo.   ____________________________________   (*) Noms en Arabe :  
 
علي بن صالح ساسي، مروان خليف، مجدي لطرش، الصحبي نصري، توفيق الحويمدي، زياد الصيد، محمد بن لطيفة، بدرالدين القصوري، عماد بن بوبكر بن عامر، الكامل أم هاني، صابر راقوبي، فتحي الصالحي، علي العرفاوي، محمد أمين ذياب، جوهر سلامة، جوهر قصّار، مهدي الحاج، أسامة عبادي، مخلص عمّار، زهير جريد، وائل العمامي، محمد خليل بن محسن، رمزي العيفي، محمد أمين الجزيري، جمال الملاخ، محمد البختان، أحمد المرابط، النفطي البنّاني، حاتم الريابي، خليفة قراوي
 

(Source : le blog tunisiawatch, le 4 février 2007) Lien : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2007/02/04/les-auteurs-des-confrontations-armes-devant-le-juge-d%E2%80%99instru.html

Accentuation de la répression en Tunisie

 
  Disparition, arrestations, tortures et procès sont en train de se répéter à un rythme méconnue ces derniers temps en Tunisie. Selon un communiqué de l’association internationale des prisonniers politique (AISPP) diffusé aujourd’hui, les détenus depuis les affrontements armés du début de l’année se chiffre par centaines. Les témoignages recueillis de ceux qui ont pu être visités par leurs avocats font état de situations d’extrême acharnement. Ils leurs ont étés présentés ligotés des mains derrière le dos vêtus d’uniforme bleu et se tenant courbés tellement ils souffraient des suites de la torture qu’ils ont déclaré avoir subi ainsi que du régime de faim auquel ils sont astreints. Ils disent avoir été transférés à la prison de Mournaguia les têtes couvertes dans un sac tout en étant agressé et menacés de pondaison par les agents.   Suivant un communiqué de la section de Sousse de la LTDH beaucoup de familles ont pris contact avec la section lui demandant d’intervenir auprès des parties concernées afin de connaître le lieu de détention et la nature des accusations portées contre les leurs, notamment : Imed Ben Ameur, 33 ans, arrêté le 27 décembre 2006, Aymen Dhouib, 22 ans, arrêté le 29 décembre 2006, Yasser Ghali, 28 ans, arrêté le 18 janvier 2007 et Youssef Mazouz, 20 ans, arrêté le 18 janvier 2007. La section tient à exprimer sa crainte de voir s’éterniser la garde à vue d’innocents et fait part de sa crainte des tortures auxquelles les gardés à vue pourraient être soumis. Elle affirme l’exigence du respect de l’intégrité physique des gardés à vue et leur droit à un procès équitable et elle rappelle sa condamnation de la violence en tant que méthode d’action politique.   D’autre par le prisonnier politique Ali Ramzi Bettibi, détenu à la prison de Bizerte-ville qui s’est mis en grève de la faim a fait l’objet de brimades et d’agression, perpétrées par les agents de la brigade de la Sûreté de l’Etat à l’intérieur de la prison précitée pour l’obliger à collaborer comme indicateur avec eux. Devant son refus, ils l’ont torturé en le faisant asseoir de force sur une bouteille au goulot préalablement brisé dont il garde les séquelles des blessures qui lui ont alors été occasionnées. A la prison de Sfax Ajmi Lourimi et Mohammed Néjib Laouati, prisonniers politiques incarcérés depuis 16 ans, continuent une grève de la faim illimitée commencée le 18 janvier 2007 pour protester contre les mauvais traitements auxquels ils sont en butte, les brimades incessantes et les provocations continuelles de l’administration de la prison.   Plusieurs prisonniers politiques sont privés de la visite de leur famille. C’est le cas de Me Mohammed Abbou dont la femme à du subir une fouille corporelle et être dépossédé de son sac à main avant de lui permettre de lui accéder le 25 janvier dernier malgré le doubles rideau de grillage qui les séparait à son retour la visite suivante elle n’a pas pu le rencontrer. De même pour le père des deux détenus en vertu de la loi antiterrorisme  Brahim et Ali Harzi El Aouni qui n’a pas  été autorisé de les rencontrer lors de ses visites du 18 et du 25 janvier dernier. D’autre part la mère du prisonnier politique Aymen dridi dit avoir été empêché aussi du droit de visite à son fils au prison du Kef et que les gardes du prison on refusé même de lui introduire les provision alimentaires qu’elle lui apportait. Quant à la femme du prisonnier politique Badreddin Ferchichi elle à été sommer de quitter le pays sous peine d’être refouler avec ses enfants qui suivent leurs études à l’école en tunisie. La femme du prisonnier politique  Mohammed Fakhfakh enceinte ainsi que son fils a vu l’ambassade tunisienne en Syrie leur refuser le visa d’accès pour rejoindre le pays.   D’autre part on signale la disparition de Mohammed Amine Jaziri depuis le 24 décembre 2006 alors qu’il se rendait  de son domicile à Sidi Bouzid vers Tunis pour y passer un concours. Ainsi que la disparition de Mohammed Ben Mohammed ancien prisonnier politique originaire de Bizerte alors qu’il avait été acquitté après plusieurs mois de prison .Le 20 janvier dernier, les agents de la Sûreté de l’Etat se sont présentés à son domicile en son absence et l’ont convoqué au district de Bizerte. Depuis, il n’a pas réapparu.   (Source : le blog tunisiawatch, le 4 février 2007) Lien : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2007/02/04/accentuation-de-la-repression-en-tunisie.html


 

قناة arab voice  تنجز بالتعاون مع مؤسسة إنتاج مالطية

أول مسلسل تلفزيوني (26 حلقة) بمشاركة مسيحيين تونسيين

 

 

First Tunisian Christian TV Series

 

Tunisian Recording Arab Vision has just completed the production of 26 episodes of a TV series by Tunisian Christians in partnership with Focus Media.  This unique milestone in Christian media for North Africa, came about after unexpected delays and setbacks.  

 

“Progress was slow at times,” reports the producer of the series.  “It felt like a spiritual battle with things going wrong and everyone getting sick during the recording sessions.  We had to pray together every day to overcome the daily challenges.”

 

The main challenge – and also the unique factor which sets apart this series from others – is that this is the first time Tunisian Christians, who are still residing in their country, are appearing on the TV screen.

 

 Arab Vision’s International Director is delighted with such an accomplishment to start off 2007 – the 10th anniversary of the company’s foundation.  “I confess to some feelings of pride. I know I should say thankfulness… But to have produced the first ever TV programs with Tunisian Christians who actually live in Tunisia, is thrilling.  Never before were Tunisian believers prepared to so publicly confess their faith.  I believe that for evangelism in Tunisia, this is a new dawn.”

 

(Source: le site de la chaîne TV chrétienne “Arab Vision”, le février 2007)

Lien : http://www.arabvision.nl/

 


 

Arab Vision Produces First Tunisian Christian TV Series

 

Nicosia, Cyprus (January 12, 2007) – Arab Vision has just completed the production of 26 episodes of a TV series by Tunisian Christians.  This unique milestone in Christian media for North Africa came about after unexpected delays and setbacks.  

 

“Progress was slow at times,” reports the producer of the series.  “It felt like a spiritual battle with things going wrong and everyone getting sick during the recording sessions.  We had to pray together every day to overcome the daily challenges.”

 

The main challenge – and also the unique factor which sets apart this series from others – is that this is the first time Tunisian Christians, who are still residing in their country, are appearing on the TV screen.  Arab Vision’s International Director is delighted with such an accomplishment to start off 2007 – the 10th anniversary of the company’s foundation.  “I confess to some feelings of pride. I know I should say thankfulness…but to have produced the first ever TV programs, with Tunisian Christians who actually live in Tunisia, is thrilling.  Never before were Tunisian believers prepared to so publicly confess their faith.  I believe that for the church of Tunisia, this is a new dawn.”

 

The passion and boldness of the Tunisian presenters, both on and off the screen, impressed the producer of the series. “They are not afraid…they feel so responsible for what is said, and they are eager to do the best they can,” he reported back.  Pillars were added to the studio set.  The Tunisians said they reminded them of Carthage, a major centre of early Christianity in their country, now lying in ruins.  Their desire is to see the Christian faith rebuilt and spread in Tunisia again.  One of them, who himself became a Christian through media, shared his story in a special recording session.  More will follow; they have dreams and ideas for new programs and series in the near future.

 

Besides the enthusiasm of the Tunisians themselves, another key factor which this project is built on is partnership.  “We are very glad with our partnership with Focus Media in Malta; by cooperating with other Christian agencies, we get so much more done than if we try to do things alone,” says the International Director.  “Through a similar partnership with Avant in Malaga (Spain) we have been able to help them produce programs on their own. It will be our joy to also see Focus Media begin its own productions. Our mission is not just to see our own organization grow, but to enable others to grow in Christian TV ministries for the Arab World as well,” he adds.

 

(Source: le site de la chaîne TV chrétienne “Arab Vision”, le 12 janvier 2007)

Lien : http://www.arabvision.nl/

 

 


 

Local Believers Launch Tunisia’s First Christian TV Series

 

Arab Vision Christian television station has started its 10th anniversary year with the launch of the first-ever Tunisian Christian TV series. After unexpected delays and setbacks, the series, made by Tunisians still living within their country, was recorded in partnership with Focus Media in Malta.

 

The show’s producer reported, “Progress was slow at times. It felt like a spiritual battle with things going wrong and everyone getting sick during the recording sessions. We had to pray together every day to overcome the daily challenges.”

 

International Director Abu Banaat said the hard work was not in vain. “To have produced the first-ever TV programs with Tunisian Christians who actually live in Tunisia is thrilling. Never before were Tunisian believers prepared to so publicly confess their faith. And they have more dreams and ideas for new programs in the near future. I believe that for the church of Tunisia this is a new dawn.” The organization is also working on a Moroccan TV series based on the Sermon on the Mount.

 

Source: Arab Vision

 

  • HCJB Global Voice reaches across North Africa, the Middle East and Europe with Christian Arabic programming aired via shortwave, satellite and local stations. The mission’s Arabic satellite network airs programs direct-to-home 24 hours a day. This region has the world’s highest concentration of personal satellite dishes.

 

(Source : le site www.hcjb.org (Missionnaires chrétiens à travers la radio et les soins médicaux), le 2 février 2007)

Lien: http://www.hcjb.org/index.php?option=com_content&task=view&id=3079&Itemid


 

 

Les mots et les choses Cessons de glorifier le martyre !

 
Par : Ridha KEFI ‘‘Intifada’’ (insurrection), ‘‘mouqawama’’ (résistance), ‘‘jihad’’ (guerre sainte) et ‘‘chahada’’ (martyre)… Ces mots, qui polluent nos médias audiovisuels et écrits, ont, chez beaucoup d’entre nous, une connotation positive, chevaleresque, héroïque voire mythique. Dans l’ambiance mortifère qui est la nôtre dans le monde arabo-islamique, entretenue par la violence subie et infligée et les flots de sang déversé quotidiennement, ces mots évoquent généralement des actes sacrificiels visant un objectif national, le plus noble de tous : se libérer d’une occupation étrangère. Ces mots sont souvent utilisés aussi pour parler de conflits (et de jougs) purement internes. Ainsi, pour qualifier le soulèvement de l’opposition contre le gouvernement au Liban, certains tabloïds n’ont pas hésité à parler d’‘‘intifada’’, poussant ainsi le ridicule jusqu’à faire un parallèle entre les Palestiniens soumis au joug israélien et les chiites libanais opposés au cabinet de Fouad Siniora, mais aussi entre les gouvernements libanais et israélien.
Or, à y voir de plus près, ni l’‘‘intifada’’ (en Palestine), ni la ‘‘mouqawama’’ (en Palestine, en Tchétchénie, en Irak et ailleurs) ni le ‘‘jihad’’ (de Grozny à Bagdad, de Gaza à Kaboul…), ni la ‘‘chahada’’ (un peu partout dans le monde) n’ont fait avancer la cause de ces peuples opprimés. Au contraire, depuis que ces peuples, par désespoir ou par impuissance, ont recouru à ces méthodes de lutte, aussi extrémistes qu’improductives, la Palestine est «plus» occupée chaque jour, l’Irak est livré aux pilleurs et aux tueurs, la Tchétchénie écrasée sous la botte du Kremlin et le monde arabo-islamique relégué aux rang d’une «zone grise», en marge du monde moderne, où se côtoient – et s’entretuent – des autocrates, des chefs de guerre, des apprentis terroristes et des trafiquants de tous genres. Une «zone grise» aussi où la richesse la plus insolente côtoie l’extrême pauvreté et où les dangers ne viennent plus seulement des menées extérieures – même si ces menées sont réelles et incessantes –, mais des injustices, divisions et rancoeurs qui couvent à l’intérieur du grand homme malade qu’est aujourd’hui le Grand Moyen Orient.
Et si le salut du monde arabo-islamique viendrait de l’abandon de l’‘‘intifada’’, de la  ‘‘mouqawama’’, du ‘‘jihad’’ et de la ‘‘chahada’’, ces formes de lutte réactives qui ont démontré, outre leur inhumanité, leur limite et leur inefficacité, en donnant notamment des Arabes et des Musulmans une image négative de barbarie ? Et s’il résidait plutôt dans une révolution culturelle, qui affranchirait l’esprit (des vieux réflexes conservateurs et rétrogrades), restaurerait les lumières de la raison (face aux ténèbres de la passion), libèrerait les énergies vitales (tapies sous le poids de l’oppression) et accélèrerait ainsi le développement des sociétés, dont les ressources – quelles qu’elles soient – devraient être mieux exploitées, en vue de réaliser le bien-être sur terre et non dans une quelconque sphère céleste. Pensons à tous ces jeunes hommes – et jeunes filles – que l’on pousse au désespoir et embrigade, avant de les envoyer au sacrifice suprême, le corps enserré dans une ceinture d’explosifs… Pensons aussi à toutes les personnes innocentes que ces kamikazes – autant victimes que criminelles – emportent dans leur dérive suicidaire… Pensons enfin à toutes les souffrances qui perdureront dans les corps et dans les cœurs, lorsque toutes les rancoeurs se seront tues – se tairont-elles d’ailleurs jamais !… Nous prendrons alors conscience de l’inanité des sacrifices consentis, de l’inutilité du martyre et du gâchis de toutes ces vies sacrifiées sur l’autel de la haine et du ressentiment. Nous comprendrons peut-être aussi qu’il n’y a pas que la force pour faire entendre raison, même face à ceux, Israéliens, Américains et autres, qui usent de la force pour nous soumettre davantage à leur joug. Et admettrons enfin qu’on ne triomphe pas de la violence par une violence encore plus grande, surtout lorsque l’ennemi dispose de moyens de destruction autrement plus redoutables. Que nos médias cessent donc de glorifier les ‘‘intifada’’, ‘‘mouqawama’’, ‘‘jihad’’ et ‘‘chahada’’ et essayent de réconcilier nos jeunes avec les valeurs humanistes, notamment le respect de la vie en général, qui est le bien le plus précieux que Dieu nous ait donné, et le respect de la vie des autres en particulier ! C’est là, à bien y réfléchir, l’une des conditions fondamentales pour que la ‘‘nahdha’’ (renaissance), dont nous autres Arabes et Musulmans parlons depuis le milieu du 19ème siècle, pourra enfin réellement commencer : la renaissance de l’esprit par la transmutation des valeurs étant le préalable de toutes autres, celles de l’individu, de la société et de la nation. 
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le27 janvier 2007)

Les mots et les choses Héros hier, traîtres aujourd’hui

 
Par : Ridha KEFI Les articles les plus virulents – mais aussi les plus justes et les mieux argumentés – sur les errements de la politique américaine au Moyen-Orient, c’est dans les journaux états-uniens qu’on les trouve souvent, qui plus est, signés par des confrères américains. De même, les articles les plus virulents – mais aussi les plus justes et les mieux argumentées – sur les errements de la politique israélienne au Proche-Orient, c’est dans des journaux de l’Etat hébreu qu’on les trouve souvent, qui plus est, signés par des confrères israéliens. Parmi ces derniers, je citerai volontiers Amira Hass, qui a choisi de vivre à Gaza aux côtés des Palestiniens pour mieux rendre compte de leurs malheurs, Uri Avnery, Gideon Levy, Danny Rubinstein et autres Akiva Eldar.
Je n’écris pas cela pour vanter les mérites de la liberté d’expression dans ces deux pays, qui est d’ailleurs une réalité tangible, même lorsqu’il s’agit de critiquer les fondements même des politiques américaine et israélienne. Mais plutôt pour constater – et déplorer – qu’il en est rarement ainsi dans le monde arabe, où il est toujours de bon ton de critiquer les Américains et les Israéliens, de faire écho à toutes les voix qui les critiquent, fussent-elles les plus extrémistes, comme celles des Ben Laden, Al-Zawahri ou Ahmadinejad, et de fermer les yeux, les oreilles et la bouche dès qu’il s’agit des ratés, errements ou atrocités commis par des dirigeants parlant notre langue, partageant notre confession ou ayant notre couleur de peau.  Or, pour qu’elle soit un tant soit peu crédible, la critique ne devrait pas s’exercer uniquement aux dépens des adversaires politiques. Elle devrait s’exercer aussi, de temps en temps, fut-ce à dose homéopathique, à l’encontre des amis politiques, des alliés et de soi-même. On l’appelle alors autocritique, exercice salutaire s’il en est, que nous autres Arabes pratiquons si peu. Il est vrai qu’il exige un peu de courage, mais surtout beaucoup d’humilité et de probité intellectuelle, choses qui ne sont pas les mieux partagées sous ces latitudes, surtout parmi l’élite. Ce subjectivisme infantile, qui obstrue la faculté de jugement, explique les pirouettes successives de certains de nos commentateurs politiques qui sont capables, par exemple, de passer, sans transition, d’une adoration béate à une détestation absolue.
Jugeons-en: au cours de l’été 2004, Moqtada Sadr avait été élevé à la dignité de héros de la cause arabe, presque au même rang que son ennemi juré, l’ancien président irakien Saddam Hussein. A l’époque, le bouillant hodjatolislam lançait ses anathèmes – et ses milices du Mahdi – contre les Américains qu’il combattait en se barricadant dans la mosquée de Nadjaf, transformée pour la circonstance en un champ de bataille. Mais depuis le rituel atroce de l’exécution de Saddam Hussein, auquel il avait paraît-il assisté en personne, le jeune trublion chiite est désormais voué à toutes les gémonies. C’est à peine s’il n’est pas devenu, au regard de certains commentateurs, l’incarnation même du diable. Etant entendu que le diable n’est plus désormais exclusivement américain et israélien, et qu’il est devenu, entre-temps, chiite aussi, mettant ainsi sens dessus dessous nos grilles de lecture anciennes. Et avec elles nos frêles certitudes. Autre exemple, celui de l’autre jeune leader chiite, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, qui eut droit, l’été dernier, en pleine offensive israélienne contre le Liban, aux youyous de nos femmes et aux manchettes de nos tabloïds. Elevé lui aussi au rang de héros arabe, alors qu’il n’avait jamais caché son allégeance quasi-exclusive à sa communauté chiite, Nasrallah a failli prendre la place de Nasser et Saddam dans le cœur des Arabes. N’avons-nous pas lu, à l’époque, des commentaires on ne peut plus sérieux le comparant à ces deux leaders historiques du nationalisme arabe ? Il faut dire que Nasrallah a provoqué, par son aventurisme, autant de destructions dans son pays que Nasser et Saddam dans les leurs. Mais la comparaison s’arrête là… On remarquera cependant que ces mêmes commentateurs qui ont porté Nasrallah au pinacle, il y a seulement quelques mois, lui reprochent, aujourd’hui, son alliance (sic !) – qu’ils feignent de découvrir après coup – avec les chiites irakiens et, à travers eux, avec les Américains, censés être ses ennemis ? On pourrait multiplier les exemples de ces pirouettes, pitoyables et ridicules, dont seule une autocritique, sérieuse et périodique – comme on le dirait d’un examen médical –, pourrait nous mettre à l’abri. Alors, chers confrères et chères consœurs, relisons-nous un peu… Et ne comptons pas trop sur l’amnésie des lecteurs pour faire oublier nos erreurs de jugement, d’autant que celles-ci se répètent à des intervalles de plus en plus courts ! Pas plus que le ridicule, l’autocritique ne tue pas: elle rend un peu plus intelligent. Encore faut-il la pratiquer de temps en temps…
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 2 février 2007)


Khamsoun au Théâtre Municipal De l’engagement et de la subtilité

 
  À l’heure où les conflits religieux entraînent des clivages sociaux où les guerres, les attaques militaires, les règlements de comptes, cette pièce de théâtre vient à point nommé pour pointer le doigt sur une vision, des voix en chœur, qui disent haut ce que les autres pensent, sans même le dire tout bas. C’est donc, vendredi 2 février 2007 qu’a commencé le cycle, avec une première, de « Khamsoun », qui avait déjà été présentée à l’Odéon de Paris.   Le texte de Jalila Baccar ne s’inscrit  pas dans le cadre d’une remise en question ou d’une tentative de révisionniste. C’est juste l’exposition d’un certain nombre d’idées, si subtilement développées et offertes, une mise en relief de la réalité que quelques-uns feignent d’ignorer, qui n’osent pas en parler, mais qui vivent en plein dedans, ne tournant qu’autour d’eux et eux seuls. Ce n’est pas un cours qu’on instruit, des pensées qu’on vous oblige d’embrasser, mais tout simplement, des pensées à prendre en considération. D’ailleurs, la plus grande fierté du théâtre, et plus généralement celle de l’art, c’est qu’il peut s’estimer sans prétendre donner des leçons.   Qu’est-ce que  » Khamsoun  » ? Pourquoi  » Khamsoun  » ? Cinquante ? Cinquante ans, entre le 20 mars 1956 et le 20 mars 2006, cinquante ans de différences, de changements, cinquante ans de quiétude, cinquante ans qui se terminent, qui changent soudainement, cinquante ans qui ne veulent plus rien dire, cinquante ans qui restent ici, en chacun d’entre nous, sur ses mains, dans ses yeux, sur ses épaules, le long de ses murs, mais invisibles. Parce que tout change, tout bascule, tout se perd, on est dans l’Histoire, on est dans le monde, les frontières ne sont pas des murailles qu’on élève, mais des passerelles qui nous relient les uns aux autres…Ce qui tombe comme un château de cartes de l’autre côté de l’Atlantique, à cause de  » deux avions qui sont rentrés dans deux immeubles « , de l’autre côté du Moyen-Orient, du Golfe, les noms qu’on entend, Bush, Sharon et les autres. L’Histoire du monde est dans notre pays, alors sommes-nous seulement en train de voir ?   Le rythme est soutenu au début par une gestuelle, le ton est donné dans le mouvement des comédiens, l’exposition est une mise dans le bain, petit à petit l’atmosphère s’installe, le spectateur sait qu’il va s’extraire de ce monde pour s’incruster dans celui qui s’installe sur la scène. Des hommes, des femmes voilées, qui balayent de leurs pieds le sol, un décor tout fait de lumières et de couleurs, des tapis qui font déployer les lieux l’un sur l’autre dans des éclairages en carrés, en rectangles, un enchaînement dans le geste et le suivi, des chaises que les comédiens eux-mêmes portent, les comédiens qui font l’histoire, toute une pléiade d’acteurs, dont Jalila Baccar elle-même et Fatma Ben Saïdane. Une longue exposition, un baptême, et la voix du narrateur retentit.   Il faut bien une flamme pour attiser la braise, si ce n’est allumer le feu, c’est le mécanisme déclencheur. Dans un lycée, une enseignante a soudainement interrompu le cours pour faire la prière en classe et se faire exploser, entraînant avec elle des dizaines de victimes. Immédiatement, la nouvelle circule, le pays est en état de choc, déjà CNN et TF1 en parlent, des forces sont déployées dans la journée pour essayer de comprendre le fait, seulement le fait, et après on cherchera à savoir le pourquoi et le comment, tous les gens qui la connaissaient sont interpellés, et les cibles sont bien sûr les colocataires de Douja la kamikaze, Amal et Hanen, parce qu’elles sont voilées et qu’elles vont à la mosquée.   Est-ce une exagération ? La description n’est sûrement pas authentique, mais certainement pas mensongère. C’est l’univers brutal des flics, des inspecteurs, des nuits passées au commissariat, tous dans le même sac, pas de traitement de faveur, un suspect est un suspect, il faut lui sortir les vers du nez pour qu’il avoue, même s’il n’a rien à avouer. Amal a déjà un casier judiciaire plein, avec sa colocataire Hanen, elles sont obligées de répondre aux flics, elles seront jetées en cellule pour n’avoir rien fait, pour n’avoir rien pu dire. Les scènes s’alternent, les personnages sont là pour nous livrer leur histoire, dans des flash-back très réussis, et les figurants aussi pour nous montrer, nous, ces autres que nous sommes, qui sommes les spectateurs, qui sommes régis par des règles, des lois, qui sommes obligés de faire ce qu’on nous dit parce que c’est ainsi, parce que c’est décidé, parce que c’est dicté. Et puis, l’aventure continue, le temps avance, les personnages se racontent, ils deviennent narrateurs, Amal et sa reconversion, sa mère Mariam et son histoire avec le flic Gaddour, et Gaddour et son histoire avec le genou de Youssef le père d’Amal.   Même si c’est un peu long, même s’il nous arrive de ne pas pouvoir tenir le rythme à défaut de rapidité, la pièce est accaparante, la mise en scène de Fadhel Jaïbi est bien entendu prenante, très soignée, étudiée, synchronisée, tissée avec maestria, elle ne peut susciter que notre plus grande admiration. Maîtrise dans la lumière, dans les plans, dans les positions, mais également dans le texte de Jalila Baccar, rare et impressionnant, plein de réflexions, de subtilité, très recherché. Même la chute qui nous laisse un peu sur notre faim ne nous a pas laissé détester cette belle œuvre. Rires et chair de poule. C’est cela  » Khamsoun « , et beaucoup plus.   Khalil KHALSI   (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 4 février 2007)

«Khamsoun» : Victimes et verbiage en otage

 
  On a enfin libéré «Corps Otages». Les invités de Baccar et Jaïbi triés sur le volet pour la première de la pièce tant attendue, ont quitté avant-hier soir le TMT satisfaits. Non pas tout à fait, car il y a beaucoup de choses à dire, pas sur le thème, mais sur le “tout autour” artistique.   Khamsoun, texte de Jalila Baccar et mise en scène de son complice sur les tréteaux et dans la vie, Fadhel Jaïbi — deux grosses pointures de notre théâtre national ou «deux gros morceaux d’engagés» comme aiment le dire quelques sympathisants du couple et de Familia Production —, a été enfin donnée à Tunis même. Il y a seulement quelques mois, on a dû ne pas la programmer pour le Festival international de Carthage de l’été dernier.   Khamsoun ou Corps Otages qui a eu les honneurs de clôturer la saison théâtrale de l’Odéon (vivier de l’anti-comédie française à Paris) 2006 et que la presse française a généreusement saluée, est apparemment au programme de quelques festivals européens.   Il a donc fallu se mobiliser et faire pression de toute part, et ici, on comprend un peu la colère de Jaïbi, pour ne pas priver le Tunisien de cette pièce quoi qu’on dise d’elle et c’est à lui d’en juger.   Une chose est donc faite et tout le monde a soupiré. Vingt et une fois au TMT, ce n’est pas rien. Surtout que la mairie a déjà acheté sept représentations, chacune à sept mille dinars (ça reste à confirmer).   Pour revenir à la pièce, il y a beaucoup d’audace, l’audace qu’il faut. Car dans le théâtre ou dans n’importe quel travail artistique, il faut oser parler de tout ce qui nuit à la société. C’est ça ou rien. La création doit témoigner de son temps et de son espace et c’est ce qui nous manque chez nous. Nos créateurs préfèrent, pour mille raisons, se cacher derrière l’histoire et surfer vaguement sur ce qui ronge la société. Ici Baccar et Jaïbi ont parfaitement réussi. Ils ont su mettre le doigt sur l’origine du mal et crever même l’abcès du mutisme, du repli sur soi, de l’abandon. Ici, tout a été dit. Nous avons entendu tout ce qu’on raconte à huis-clos ou qu’on murmure derrière les murs. Ici, on pense chaque mot et à haute voix, on brise le silence et on le dit. Crûment. Cruellement car l’oreille du Tunisien a perdu le sens de l’écoute.   Le sujet du kamikaze est en point de mire. Il n’y a rien à faire aujourd’hui sauf agir pour expliquer et mettre fin à ces actes extrêmes. Une jeune fille à la fleur de l’âge, professeur de physique (c’est-à-dire de science exacte et de raison) se convertit au temple des sœurs voilées et des frères barbus et finit par se faire exploser dans la cour du lycée où elle enseigne.   Autour du cercle de cette fratrie, le coup de filet de la police à qui on a confié l’enquête sur ce suicide terroriste a fait son effet. Tous ceux qui ont fréquenté Jouda sont convoqués et écroués. Amal, une ex-marxiste, unique enfant d’une mère militante plutôt de gauche et d’un père du même courant et qui a subi toutes les tortures des geôliers se relayant sur lui pendant douze ans, se trouve impliquée et le sort de s’acharner sur elle et contre elle des années durant. Ici de père en fils pour célébrer Khamsoun, on devient otage, esclave de la pensée. On est soit emporté par le tourbillon religieux avec rites et prières soit engouffré dans le pouvoir et son marécage. Et bien sûr, les gens mal dans leur peau virent de bord. Tiraillés, pris au piège. On efface leur personnalité pour en faire l’outil qu’on utilise pour ou contre x ou y et plus loin encore. Et pour aller plus loin, il n’y a pas de proie plus facile que cette vague de jeunes dépassés par les événements. C’est la cible des uns et des autres. Sur le thème, il n’y a rien à dire, c’est d’actualité et c’est bien ce qu’il faut dire.   Mais pour le dire au théâtre, nous avons besoin d’une œuvre d’art.   Et quand c’est signée Jaïbi, c’est autre chose. Ce qu’on attendait en fait, c’est ce travail du maître qu’on attendait et pas n’importe quel maître. C’est cette bête de scène qui nous a servis auparavant des merveilles. Merveilles par ce travail sur les corps : les comédiens, et tout ce qui se dégage de leur être. Hélas dans «Corps Otages», le jeu d’ombre et de corps n’a pas donné la consistance habituelle. La consistance qu’il faut.   La pièce s’est étirée interminablement (près de 2h30) avec beaucoup de redondance et de répétitivité et même du surfait inutile. Surtout dans les rites à ne pas finir et encore plus dans l’enquête et le passer aux aveux avec une série de slogans, certes enrobés d’humour intelligent mais qui tombent dans le n’importe quoi. N’empêche qu’au niveau des comédiens, il y a un effort de bon augure pour la bonne cause et avec un Madani et une Saïdane pareils, la facture de la pièce a été largement sauvée.   Zohra ABID   (Source : « Le Quotidien » (Quotidien – Tunis), le 4 février 2007)

Khamsoun, de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar Lorsqu’une œuvre tombe dans la facilité

 
  L’événement culturel de ce début d’année est la première de Khamsoun, titrée également  Corps otages. Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi traitent dans la majeure partie de la pièce de l’intégrisme et ses conséquences sur les jeunes endoctrinés par des islamistes purs et durs qui veulent changer la société, voire changer le monde.    C’est ainsi que la copine et co-locatrice de Amal, la fille des héros, se fait exploser dans la cour du lycée où elle enseignait. La police enquête dans le milieu intégriste et utilise tous les moyens. Amal est alors arrêtée et interrogée «avec insistance».   Ce thème est deven u, ces derniers temps, le cheval de bataille des créateurs tunisiens ou, disons-le franchement, le «petit âne» (bhim ksaïer) qu’on monte facilement. Les auteurs, chacun à sa manière, traitent de ce sujet, certes inquiétant, donc bien à propos dans une société qui a toujours été et qui se veut laïque, et qui a toujours refusé de tomber dans l’extrémisme aussi bien de gauche que de droite.   Il s’agit de Taoufik Jebali Klem Ellil 11-9 ou Les voleurs de Bagdad, de Ezzeddine Gannoun Otages, de Nouri Bouzid, le film Making off et il y en aura  certainement bien d’autres. Tout se passe comme au bon vieux temps lorsqu’on traitait, à tout bout de champ, du mouvement de lutte nationale armée contre l’occupant, ce que Omar Khlifi a inauguré au cinéma avec  Al Fajr  (L’aube), le premier long métrage tunisien. Tout le monde s’y était mis.   La différence entre Khamsoun et les autres, c’est d’abord que les choses se passent chez nous; la dimension arabe manque alors qu’elle est importante chez Gannoun et Jebali. Ensuite, cette pièce arrive après les événements douloureux que notre pays a vécus les premiers jours de 2007. Ce qui prouve, si tant est qu’il le faille, que le couple Baccar-Jaïbi ne fantasme pas. Ils sont bien dans la réalité. Il n’en reste pas moins vrai que le spectateur en a vu d’autres. Les chaînes de télévision sont arrivées à banaliser la mort, les assassinats, la vue du sang, la torture, à coup d’images, à coup d’informations. Aussi est-il difficile devant les scènes créées par les auteurs d’être surpris, malmené, voire choqué, tant la réalité  étalée sur le petit écran et dans les journaux dépasse toute fiction.   L’amnésie collective   Khamsoun n’est pas une pièce seulement sur l’intégrisme. Elle traite aussi de la mémoire d’un couple de cinquante ans, anciens militants de gauche, face à l’amnésie  collective, eux qui, «écorchés, aguerris mais guère assagis», voient leurs belles utopies «égorgées dans le sang, étouffées dans l’oubli !» Jaïbi et Baccar poussent un cri profond, amer et inquiet. Fadhel règle des comptes tout au long de la pièce et Jalila pousse son propre cri: «Je refuse d’être l’otage de l’intégrisme !»… Prise de conscience, arrêt sur image et flash-back… la femme revient sur son passé et celui de son mari : «On nous a volé nos plus belles années !», lui dit-elle.   Elle va jusqu’à harceler le vieux policier qui torturait son mari, aujourd’hui très malade, à l’époque des luttes d’idées, sous l’ancien régime, dans les années 70. Tout cela n’est plus qu’utopie. Mais elle tient à réécouter les détails que lui livre le vieux tortionnaire alcoolique qui, pourtant, n’a pas de remords.   Utopie d’hier et réalité cruelle d’aujourd’hui, la pièce est quelque peu manichéenne et mérite donc qu’on relativise un tant soit peu en disant que, du temps des doctrines de gauche, les Tunisiens n’avaient pas adhéré totalement à la politique collectiviste proposée, pas plus qu’ils ne sont sympathisants de l’extrémisme aujourd’hui. Le peuple tunisien dans sa plus grande majorité, voire dans sa totalité, refuse tout extrême. Et cela depuis toujours, mais sans doute aujourd’hui plus que jamais. Il est à noter également la confusion qui risque de naître de l’invitation de la mère à sa fille qui lui disait : «Tiens, bois (du vin blanc) avant qu’on nous l’interdise!». Tout se passe dans ce passage comme si la lutte contre l’intégrisme, c’était la défense de la liberté de boire de l’alcool. Et puis beaucoup de gens pieux, et c’est leur droit, sont contre l’exploitation de la religion à des fins politoco-subversives.   Des scènes répétitives et de la longueur   Deux générations opposées donc sur fond d’interrogatoires de police musclés où «tout le monde» n’est pas forcément «innocent  jusqu’à preuve du contraire!». Cet élément est capital dans la vison progressiste, libre et courageuse des auteurs. Mais il nous semble qu’ils n’attaquent pas de front les causes de ce phénomène d’endoctrinement des jeunes. Amal avoue : «J’étais marxiste mais le marxisme n’a pas répondu à mes aspirations». Or il y a ici engagée la responsabilité des parents puisqu’elle se plaint plus loin : «J’ai eu une éducation laïque. Mais mon père, qui nous avait inculqué les valeurs de la liberté et le respect de la différence, m’a mise à la porte dès que j’ai choisi d’être différente!». Les parents ont ici une grande part de responsabilité car ils ne semblent pas avoir saisi la douleur et le désarroi de leur fille tombée comme un gibier aux mains des extrémistes. Elle l’a répété plusieurs fois après et en a beaucoup pleuré.   Beaucoup de choses à dire donc que nous résumons ainsi : le thème du risque intégriste a été maintes fois traité ces derniers temps et sera sans doute encore abordé par d’autres auteurs. Face à la réalité sans cesse exposée par les médias, il y a un risque de banalisation de ce thème. D’autre part, le traitement fait par le couple Baccar-Jaïbi, est manichéen. De plus, le discours est direct, trop direct. Le langage est celui utilisé de la même façon par les médias occidentaux avec les arrière-pensées qu’on imagine. Les auteurs parlent de «l’indifférence cynique et intéressée de nos occupants d’hier et alliés d’aujourd’hui».   Quant au problème de longueur de la pièce, il est à revoir. On croit qu’elle va s’arrêter à la fin de la 2e partie lorsque le groupe pointe le doigt vers le ciel puis vers les spectateurs dans un mouvement synchrone et voulu. Or elle reprend avec  un nouvel interrogatoire toujours aussi musclé de sympathisants intégristes comme dans la première partie. Cela n’ajoute rien, et ce morceau est vraiment de trop. Il faut savoir qu’à force d’insister pour condamner un acte ou une idée, on finit par aboutir à l’effet inverse. Surtout lorsqu’on cherche à prêcher un converti (ou plutôt un convaincu !).   Nous ne regrettons pas d’avoir vu cette pièce après avoir bavé en l’attendant, tant Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar méritent largement notre respect et notre admiration, mais nous suggérons de la raccourcir (2h30 !) en revoyant les moments répétitifs qui finissent par ennuyer et d’intégrer la dernière partie dans la première. Il faut supprimer le superflux, le déjà-dit. La pièce est longue, beaucoup trop longue.   Ali OUERTANI   (Source : « La Presse » (Quotidien – Tunis), le 4 février 2007)

Vite fait, mal fait

 
Par Khaled TEBOURBI   Ils tombent de haut les héros de Malmö. Cela fait mal au cœur : le groupe est si bon, si attachant. Nous ne chutons pas moins, de notre côté, public ou médias.    Nous partions, nous aussi, en «territoire conquis», nous redescendons tout aussi brutalement de notre nuage. Les sponsors, eux-mêmes, les annonceurs et les diffuseurs sont pris de court ; le filon du handball promettait d’être juteux ; qui peut encore jurer de la manne ?   Les causes de la défaite seront identifiées. Nous avons d’excellents techniciens, laissons leur le soin et le temps.   Ce qui fausserait les choses, nous en avons un peu l’expérience, c’est que de partout et de nulle part s’élèvent les habituelles «voix de la crise» ; c’est que l’on reparte, déjà, dans les extrapolations et autres suspicions. L’envoyé d’une chaîne privée accusait, l’autre soir, Saâd Hasanefendic. On ne met  pas en  doute son bon sentiment ; on ne discute pas  non plus ses thèses. On est seulement surpris. N’est-ce pas, là, aller vite en besogne ? Saâd Hasanefendic était encore l’homme providentiel il y a quelques jours, se peut-il que l’on jette aux orties ce que l’on portait littéralement aux nues ?   Affaire de culture   C’est, du reste, cet esprit-là qui peut tout compromettre. Un esprit de versatilité, d’empressement, de précipitation, qui tranche avec notre modération naturelle, et qui, on ne sait pour quelles raisons, s’empare, par à-coups, de nos actes nous mettant à distance des vrais choix. «Peuple affable, conciliant, équilibré» disait de nous Bayram Ettounsi. Ces qualités nous manqueraient-elles, subitement, dans «la tourmente du sport»?   Gagner ou perdre émeut toujours mais, à nos yeux, cela n’a pas l’importance de tout le reste, c’est-à-dire de la façon dont nous affrontons les événements et les situations.   A être francs, lors de ce Mondial d’Allemagne, l’impression, toutes parties prenantes, était que l’on avait mal à se mettre à la hauteur de la circonstance. De la prestation même de l’équipe nationale  aux commentaires qui l’ont ponctuée, à sa médiatisation en général, à sa promotion publicitaire et à sa commercialisation, ce qui manquait, visiblement, c’était le saut nécessaire de qualité. C’était affaire de culture : une sélection nous représentait dans un tournoi d’élite mondiale, tout, dès lors, devait se mettre au diapason, se «hisser à niveau». De Tunis 2005, de Malmö 2007, on n’avait en fin de compte retenu que des résultats immédiats. Or, ces résultats impliquaient un nouveau statut, une nouvelle aura; il fallait, au contraire, allonger la marche, s’installer dans une autre image, une autre mentalité, une autre responsabilité.   Sans précautions   Le fait par exemple d’arriver en Allemagne sans avoir fait abstraction des réussites antérieures était une ingénuité. Nos handballeurs ont été battus et dominés parce qu’ils étaient encore sous l’effet de la griserie. La vraie marque des champions c’est, au moment de toute nouvelle épreuve, leur capacité d’oublier, échecs comme succès ! Le commentaire de la télévision (pour ne citer que le média le plus suivi) dénotait la même euphorie candide. Dès les premières retransmissions le ton était à l’exultation. Et pourquoi donc ? On l’eût parfaitement admis pour des matches décisifs, dûment gagnés, mais pour des victoires encore à venir, clairement improbables, c’était se mettre inutilement en porte-à-faux. La télévision, elle non plus, ne se sera pas encombrée de précautions. La sélection nationale avait un palmarès, une audience, une popularité, on a battu tambour, on a plongé droit dans le gâteau». Vite fait, mal fait: les démentis successifs ont laissé les commentateurs sans voix.   «Promotion grasse»   Et que dire encore de la tranche publicitaire ? Etait-elle vraiment appropriée? Ne parlons pas du minutage  déficient et de ces allées et venues fébriles entre spots et studio d’analyse. Ce qui frappe vraiment, c’est ce «trop-plein» de biscuits, de sucreries, ces longues minutes répétées, ressassées de «promotion grasse».   Les annonceurs, soit, sont libres de leurs contrats, mais jusqu’à quel point ? Un spectacle aussi massif est-il indiqué pour nos enfants ? L’OMS vient de publier son tout dernier chiffre sur l’obésité. 25% de la population mondiale est touchée, dont près de la moitié sont précisément des enfants. L’occasion d’un Mondial de handball vaut-elle que l’on soit si oublieux de sa santé ?   (Source : « La Presse » (Quotidien – Tunis), le 4 février 2007)


 

Un an après, rencontre avec l’un des auteurs dont les dessins ont embrasé la planète.

Les caricatures de Mahomet, «une provocation gratuite»

Par Anne-Françoise HIVERT

 

Copenhague envoyée spéciale

 

 «C ‘est une histoire complètement folle», commence Lars, attablé à un café de son quartier de Valby, à l’est de Copenhague. Il demande que son nom ne soit pas mentionné «pour des raisons familiales». Si les menaces contre sa vie se sont raréfiées, il craint le geste d’un «fou qui voudrait se rendre célèbre en [lui] coupant la tête». Lars travaille pour un journal technique danois. Il est caricaturiste. En septembre 2005, le quotidien conservateur Jyllands Posten a publié un de ses dessins, dans une page intitulée les Visages de Mahomet . Jamais il n’avait anticipé les événements qui ont suivi.

 

En l’espace de quelques mois, le Danemark s’est retrouvé au coeur d’une crise qui a enflammé une partie du Moyen-Orient, pendant plusieurs semaines. Le bilan est lourd. Des ambassades danoises ont été détruites, des ressortissants du royaume menacés et ses exportations boycottées. Une cinquantaine de personnes ont été tuées, au cours des manifestations contre les caricatures, en Libye, au Nigeria et ailleurs. «Evidemment que ça fait réfléchir, mais je ne peux pas me sentir responsable», lâche Lars. Si la publication des caricatures a été le point de départ du conflit, son embrasement avait d’autres raisons.

 

«En guerre». Le dessinateur reproche aujourd’hui au Premier ministre libéral, Anders Fogh Rasmussen, qui gouverne avec le soutien de l’extrême droite, de n’avoir pas su gérer la crise. «S’il avait accepté de recevoir les onze ambassadeurs des pays musulmans, qui lui demandaient une entrevue dès octobre, les caricatures n’auraient peut-être jamais fait le tour du monde.» Mais, «nous avons oublié que nous étions en guerre et qu’il y avait des gens à l’étranger qui n’attendaient qu’une raison de brandir les drapeaux», remarque-t-il

 

Un an après, Lars veut raconter sa version de l’histoire, quitte à s’attirer les foudres de ses collègues, qui veulent se faire oublier. En jeans et veste de cuir, la cigarette au bec, il n’a pas vraiment le profil du lecteur de Jyllands Posten. Il confirme. Dés le début, il a trouvé l’idée des caricatures «complètement idiote». Surtout, d’ailleurs, parce qu’elle émanait de ce journal «proche du gouvernement et s’adressant aux forces les plus réactionnaires de la société danoise». 

 

En septembre 2005, le chef du service culture adresse un courrier aux 48 membres de l’Association des caricaturistes danois. Flemming Rose y relate les déboires d’un écrivain, qui ne parvient pas à faire illustrer son livre sur la vie du prophète Mahomet. Depuis l’assassinat du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, les dessinateurs pratiquent, selon lui, l’autocensure, craignant de s’exposer aux représailles d’un fondamentaliste. Flemming Rose donne carte blanche aux caricaturistes danois pour représenter le visage de Mahomet.

 

Aucun doute. Le problème, remarque Lars, «c’est que si le journal voulait vraiment tester la liberté d’expression, il aurait dû s’adresser à des dessinateurs». Pas à des caricaturistes, qui pratiquent la satire. Le texte qui accompagne les dessins ne laisse aucun doute. «Il disait que les musulmans vivant au Danemark devaient accepter la moquerie.» Lars, comme plusieurs de ses collègues, y voit une provocation gratuite. Les caricaturistes sont partagés. Finalement, douze décident d’envoyer un dessin.

 

Lars est l’un d’entre eux. «Je ne voulais pas que le journal puisse dire que j’avais peur.» Et puis, «j’ai vu une bonne occasion de me moquer de lui», ajoute-t-il Son dessin représente un écolier de Valby, baptisé Mahomet, devant un tableau noir, sur lequel un de ses amis iraniens a écrit en persan : «Les journalistes de Jyllands Posten sont un tas de provocateurs réactionnaires.» 

 

Quand la page est publiée le 30 septembre 2005, Lars rigole. «J’avais réussi ma blague.» Comme lui, plusieurs caricaturistes ont pris la commande à contre-pied. Mais le propre d’une caricature, dit-il, «c’est qu’elle n’est compréhensible que par ceux qui connaissent la personne brocardée». Les dessins ridiculisant le journal, l’écrivain à l’origine de l’affaire ou le gouvernement danois n’ont pas été compris à l’étranger. Il n’est plus resté alors que l’image du Prophète, le turban surmonté d’une bombe à la mèche allumée.

 

Insultes. Les premières menaces de mort sont arrivées deux semaines après la publication des caricatures. Lars a dû se cacher pendant quarante-huit heures, avant que la police n’arrête un jeune extrémiste. Il a ensuite dû s’expliquer. Ses amis musulmans du club de pétanque ont compris. D’autres, qui l’insultent au téléphone, ne veulent rien savoir. «J’étais un des douze», dit-il. Le 1er décembre, les caricaturistes rencontrent les imams de Copenhague pour tenter d’enrayer la crise. «C’était une discussion très intéressante.» Mais malheureusement, elle est intervenue trop tard.

 

Lars ne ménage pas ses critiques à l’égard de Jyllands Posten, au risque de se faire traiter d’ «infâme» par le rédacteur en chef du journal. La liberté d’expression n’a, selon lui, «jamais été menacée au Danemark». Le seul bénéfice de l’affaire est qu’ «elle a sans doute amélioré la situation des immigrés», observe-t-il. Les Danois se sont rendu compte qu’ «ils étaient allés trop loin». Les caricaturistes, quant à eux, ont récolté plus de 40 000 euros grâce à la publication de leurs dessins. Ils prévoient d’organiser des événements contre le racisme, «dès que les choses se seront calmées». 

 

(Source : « Libération » (Quotidien – France), le 2 février 2007)

Lien : http://www.liberation.fr/actualite/monde/232569.FR.php

 

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