AP:Tunisie : le procès d’un ex-détenu à Guantanamo reporté au 14 novembre
SYFIA:Grèves de la faim: efficaces mais dangereuses
Taïeb Moalla : Tunisie : histoire d’un gâchis
L’Express: Le système Ben Ali
L’Express: Un homme d’ordre
Reuters: Le premier pays africain, la Tunisie, pointe à la 32e place…
AFP :Enquête du juge espagnol Garzon sur un possible « génocide » au Sahara occidental
AFP: Les Emirats renoncent à l’expulsion de milliers d’ouvriers asiatiques
Le Monde: Le salaire du président
Appel de détresse de Tunisie (*)
Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux,
Appel à toute âme charitable
A nos frères en Dieu dans le monde entier
A toute conscience vive et humanitaire
Nous sommes sur la terre de la Zeitouna et de Kairouan et nous sommes submergés par le malheur et le dénuement.
Les difficultés de vos frères et sœurs sont démesurées et il ne nous reste plus aucun espoir après Dieu et vous.
Chers frères, une fois sortis de prison, nos frères se sont trouvés dans une nouvelle grande prison, ils se sont heurtés à la dure réalité à laquelle ils ne s’attendaient pas.
Leur séjour a été si long qu’ils doivent non seulement surmonter des obstacles matériels mais aussi psychologiques notamment au sein de leurs familles.
Ils ont frappé à toutes les portes recherchant du travail peu importe le salaire ; peu d’entre eux ont subvenu à leur besoin. Par contre la majorité d’entre eux se trouvent au seuil de la pauvreté alors qu’ils avaient promis à leur famille richesse et aisance et une vie en rose ; d’autant plus que les enfants ont grandi entre temps et que leurs demandes et leurs besoins ont grandi aussi.
Tous les rêves et les espoirs se sont envolés, le travail se fait rare et les proches et les amis ont tournés le dos ; certains d’entre eux ont même vu partir leurs épouses et leurs enfants.
Il y a, certes, des frères comme ceux cités par Allah : «… que l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les reconnaîtras à leur aspects – Ils n’importunent personne en mendiant.. » La vache/273 . Nous nous soucions d’eux et nous ressentons ce qu’ils ressentent.
Il y en a d’autres qui, par pudeur, n’ose pas sortir de chez eux refusant tout contact extérieur ; craignant le regard des autres en raison de leur pauvreté.
D’autres sollicitent Allah avant d’aller affronter les gens et leur dire « donnez moi à manger j’ai faim », et les cas similaires sont nombreux.
Chers frères, cette crise qui a longtemps duré a engendré des conséquences et des situations néfastes.
Nos frères qui sont restés en prison parfois plus de quatorze ans se sont retrouvés dans des situations alarmantes :
Certains ont atteint la cinquantaine et sont toujours célibataires, ajouté à cela de nombreuses maladies de l’estomac, du rein, le phénomène d’impuissance sexuelle, le cancer entraînant la mort dans de nombreux cas.
Le pire c’est que la majorité de ces frères sont privés de cartes de soins et certains d’entres eux sont au chômage ou en invalidité.
La situation de leurs enfants est parfois plus alarmante. De nombreux sont ceux qui présentent des maladies psychologiques du fait du stress permanent entraînant des perturbations graves, et comme vous le savez, ces cas nécessitent de l’attention, de la prévention et une prise en charge permanente qui est coûteuse.
Tout cela n’est qu’un aperçu de la réalité, une goutte dans un océan.
Chers frères, la lecture de cette lettre ne doit pas vous laisser indifférents, nous sommes persuadés qu’après sa lecture votre cœur sera touché.
Notre espoir en Dieu est grand ainsi qu’en votre générosité devant pareil cas de dénuement et de pauvreté.
Nous ne souhaitions à personne de vivre cette situation. Nous prions Dieu pour qu’Il vous protège et vous donne la paix.
Nous n’avons pas voulu vous importuner avec nos souffrances mais si nous faisons appel à vous après Dieu, c’est que la situation a atteint un seuil critique.
Nous demandons à toute âme charitable de nous aider afin que nos frères puissent retrouver et garder leur dignité.
Grâce à votre aide généreuse et votre main tendue, vous pouvez empêcher le désespoir de s’emparer de vos frères qui n’ont pour tort que d’avoir souhaiter vivre dans leur pays en harmonie avec leur religion.
Nous gardons espoir en Dieu qui, inchallah, nous unira sur la voie de la foi et l’amour de Dieu.
Le prophète psl dit : « celui qui soulage le fardeau d’un croyant, Dieu le soulagera d’un fardeau le jour du jugement dernier »
Qu’Allah vous vienne en aide et vous protège !
Wassalem alaikom wa rahmatoullah wa barakatouhou.
(*) Cette lettre est parvenue récemment de la Tunisie à l’Association « TAKAFUL » pour le secours et la solidarité, et nous la transmettons à l’opinion publique pour l’alerter sur l’inquiétante situation matérielle, sociale et psychologique d’un grand nombre de tunisiens victimes de la politique répressive du régime durant les deux dernières décennies.
Vu l’ampleur du drame et le nombre important des victimes qui sont dans le besoin et la précarité ; l’Association TAKAFUL fait appel à votre générosité pour nous aider à secourir vos frères et les aider à sauvegarder leur dignité.
« Et toute dépense que vous faites dans le bien, Il la remplace, et c’est Lui le meilleur des donateurs » (34 Saba /verset 39.)
« Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (ses faveurs).Et c’est à lui que vous retournerez » (la vache, verset 245)
Vous pouvez faire parvenir vos dons:
* directement en donnant vos dons à des gens de confiance en contact avec l’association TAKAFUL (enregistrée en France)
* en envoyant vos dons à cette adresse :
TAKAFUL 16, cité vert – 94370 Sucy en Brie.
France
Tél: 06 09 17 22 88 / 06 80 85 92 98
e-mail :contact@hotmail.fr
* par virement bancaire à l’adresse suivante :
la Banque Postale. / France
Etablissement guichet n° compte clé RIP
30041 00001 5173100R020 42
Identifiant International de Compte IBAN
FR54 3004 1000 0151 7310 0R02 042
Alors que le 7 novembre prochain la Tunisie achèvera sa 20ème année sous le régime dictatorial du Président Zinédine Ben Ali, l’association RéSo- Réformistes et Solidaires- et le collectif associatif Euro-Maghreb vous convient à une réunion publique sur le thème :
Ben Ali : 20 ans ça suffit !
Le mercredi 7 novembre 2007 à 18h30
A l’Université Jussieu (salle : Espace Jussieu), 75005 Paris
Métros Jussieu et Cardinal Lemoine
Avec la participation de :
Mme Hélène Flautre, Députée Européenne, Présidente de la Commission des Droits de l’Homme du Parlement Européen.
Mme Luiza Toscane, militante pour les droits de l’homme en Tunisie et du droit d’asile en France, et auteur du livre Terre d’écueils, le droit d’asile BEN ALIéné.
Maître Radhia Nasraoui, avocate au bareau de Tunis, Présidente de l’ ALTT- Association de Lutte contre la Torture en Tunisie (sous réserve).
RSVP avant le 2 novembre 2007 par mail à l’adresse : international@re-so.net
Pour toute information : www.re-so.net et www.euro-maghreb.eu
INVITATION Le Parti Démocrate Progressiste a l’honneur de vous inviter à assister à la cérémonie d’ouverture de son conseil national qui aura lieu
Dimanche 4 novembre à 10 h à l’Hôtel « Diplomate »
Tunisie : le procès d’un ex-détenu à Guantanamo reporté au 14 novembre
Associated Press, le 31 octobre 2007 à 14h01
TUNIS (AP) — Le tribunal militaire de Tunis a reporté mercredi au 14 novembre le procès d’un Tunisien récemment rapatrié de la prison américaine de Guantanamo, Abdallah Ben Amor Hajji, accusé
d’appartenance au « Front islamique tunisien », un groupe inconnu auquel il nie avoir appartenu ni à une quelconque autre organisation terroriste.
Le renvoi a été décidé sur requête des avocats de la défense, Mes Abderraouf Ayadi et Samir Ben Amor, qui ont demandé un délai pour prendre connaissance du dossier et préparer leurs plaidoiries.
Abdallah Hajj doit être rejugé après avoir fait opposition, dès son retour à Tunis, à un jugement par contumace prononcé en 1995, le condamnant à 10 ans d’emprisonnement.
Le tribunal a en revanche rejeté une demande de libération provisoire de l’accusé qui, selon ses avocats « a enduré cinq ans de souffrances dans la prison de Guantanamo Bay sans avoir commis
aucun crime et sans qu’aucun chef d’inculpation n’ait été retenu contre lui ».
L’audience de mercredi, qui a duré quelque 20 minutes, s’est déroulée en présence d’une diplomate américaine, Trina Saha, chargée des affaires politiques à l’ambassade des Etats-Unis à
Tunis, de deux représentants de l’organisation humanitaire britannique « Reprieve » et de plusieurs journalistes de la presse internationale.
En revanche, l’épouse de l’accusé, Khadija, sa soeur Radhia et ses filles Aïcha et Asma ont été soumises à une fouille avant d’entrer dans la salle d’audience, ce qui les a empêché d’y assister. « C’est
frustrant, cela fait cinq ans que je n’ai pas vu mon père », a protesté Asma, 18 ans.
Abdallah Hajji, âgé de 51 ans, a été rapatrié en juin dernier en même temps qu’un autre ressortissant tunisien, Lotfi Lagha. Il avait été arrêté avec son beau-fils Hédi Hammami, qui se trouve lui
encore en détention à Guantanamo, en avril 2002 à Lahore (Pakistan) où il tenait un commerce de textiles depuis 1990, selon son épouse Khadija. Cette dernière a été rapatriée en Tunisie avec ses huit enfants.
L’arrestation d’Abdallah Hajji avait eu lieu dans les mois qui ont suivi les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Les services de sécurité pakistanais l’ont remis aux forces américaines qui l’ont envoyé sur la base de Bagram (Afghanistan) avant de le transférer à Guantanamo à la fin de l’été 2002.
Associated Press
INVITATION
Le Parti Démocrate Progressiste a l’honneur de vous inviter à assister à la cérémonie d’ouverture de son conseil national qui aura lieu
Dimanche 4 novembre à 10 h à l’Hôtel « Diplomate »
SUNRISE TO BE COMING
SOON
THANKS TO GOD’S WILL
WHEN SPECIFIC PEOPLE PAY THE EXTREMELY HIGH PRICE FOR HAVING STRUGGLED FOR FREEDOM; THAT IS THEIR EXISTANCE TO DEFEND THE MOST EXPENSIVE HUMAN VALUE IN LIFE ; THAT IS FREEDOM,
HERE COMES A VERY HONORABLE EXAMPLE,
THAT OF ABDELKARIM HAROUNI FROM TUNISIA
Abdelkarim Harouni, detained in civil mornaguia prison under n° 2795, the strong tunisian political prisoner and prisoner of opinion, known for his hard struggle for freedom in general and basically that of expression and human dignity; by now for a period of 25 years.He is a journalist, ex secretary general of theTunisian General Union of Students’ named U.G.T.E. high engineer in civil engineering, Enahdha party leader.
Abdelkarim is born on 17th of december 1960, twin to our sister, unmarried and his father is 75 year old, has two brothers .
Abdelkarim was arrested
on wednesday 30th of october 1991
and our Dear mother Saida died,
on wednesday 16th of august 2006
today is tuesday 30th of october 2007
…
WE CALL FOR THE IMMEDIATE RELEASE OF OUR DEAR BROTHER ABDELKARIM FROM PRISON AS HIS GENUINE PLACE IS OUTSIDE PRISON.
Abdelkarim’s sister, Hend Harouni
Kram-Ouest
Tunisia
Tel. : 216-71.971.180
Tunisie:
Grèves de la faim: efficaces mais dangereuses
Féthi Djebali
(Syfia – Tunisie) Une responsable politique et un journaliste sont en grève de la faim à Tunis depuis près d’un mois. Cette forme de contestation rythme désormais la vie politique tunisienne. Elle est devenue, ces dernières années, pour les journalistes, les opposants et les militants le meilleur moyen de se faire entendre du pouvoir.
Dans un appartement de 80 m² aux murs couverts de communiqués, Maya Jribi, 48 ans, et Néjib Chabbi, 63 ans, visages émaciés, regards éteints, observent une grève de la faim illimitée depuis le 20 septembre, à Tunis. Maya Jribi, secrétaire générale du Parti démocrate progressiste (centre gauche), et son compagnon de route, Néjib Chabbi, dirigeant du journal Al-Mawkef (organe de ce parti), veulent ainsi « empêcher le pouvoir de venir à bout du dernier carré de liberté d’expression dans le pays ». Maya en est à sa première grève ; son compagnon, lui, en a déjà mené une de 30 jours lors du Sommet mondial de l’information, à Tunis, en 2005.
En quelques années, la grève de la faim est devenue en Tunisie un phénomène politique. À mesure que les moyens d’expression comme les appels au dialogue, les communiqués, les sit-in… se sont avérés inefficaces, elle s’est imposée comme seule arme capable de faire pression sur le pouvoir, pour faire annuler une décision politique, dénoncer les entorses aux droits de l’Homme, revendiquer plus de liberté. « Nous recourons à cette technique de contestation quand tous les espaces de dialogue avec le pouvoir se ferment. C’est tout ce qui nous reste », explique Lotfi Hajji, président du Syndicat des journalistes tunisiens (interdit) et « ex-30 jours » de grève de la faim. Mouhamed Ennouri, 33 jours de jeûne, considère que « c’est l’arme des non-violents« .
Le scénario est souvent le même. Après une vingtaine de jours, le gréviste perd peu à peu conscience et un médecin peut alors prendre la décision d’interrompre le jeûne, en le mettant sous perfusion. Les décès sont rares. Toutefois, en 2005, Zouhair Yahyaoui, un cyberjournaliste, est mort des suites de ses grèves successives et, selon l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (non reconnue), que dirige l’avocate Radhia Nasraoui « plusieurs grévistes de la faim sont morts, ces dernières années, dans les prisons« .
Les médias, déterminants
Pour être souvent pratiquée, la méthode n’a pas perdu en efficacité. En 2000, le journaliste Taoufik ben Brik avait obtenu son passeport au bout de 42 jours : une première et un record. Radhia Nasraoui, elle-même ex-gréviste de la faim (38 jours), a obtenu la libération de son mari, dirigeant d’un parti politique non reconnu. Slim Boukhdhir, journaliste, a dû aussi en passer par-là afin que cessent les harcèlements dont il était victime. « C’est une expérience très difficile mais je n’avais pas le choix », reconnaît-il. Aujourd’hui, il ne compte plus les séquelles physiques de son jeûne. « On en sort toujours avec quelque chose qui ne marche pas », regrette-t-il.
Les revendications sont tantôt précises, tantôt très larges, voire d’ordre moral : restaurer la liberté d’expression, améliorer les conditions de détention… En 2005, huit personnalités de la société civile ont observé une grève d’une trentaine de jours pour réclamer ce qu’ils ont appelé le « SMIG démocratique ». Il arrive que le pouvoir desserre l’étau, alors qu’il fait la sourde oreille à d’autres méthodes.
Les médias sont déterminants pour une issue positive : ils « jouent un rôle primordial lors d’une grève de la faim », affirme Radhia Nasraoui. Le premier objectif est d’attirer leur attention. Ces informations en atteignant les investisseurs étrangers risquent de compromettre les rapports du pouvoir avec ses principaux partenaires, essentiellement l’Union européenne et les bailleurs de fonds internationaux, sensibles aux questions de droits de l’Homme. Les médias publics tunisiens ne les relaient pas tandis que la presse d’opposition s’en saisit pour doper ses ventes.
De plus en plus démocratiques
« Même s’il n’obtient pas satisfaction, l’essentiel est que l’action du gréviste attire l’attention de l’opinion publique et des médias sur sa cause », précise Lotfi Hajji. Cela explique pourquoi les autorités tentent d’empêcher les journalistes d’accéder aux locaux où se trouvent les grévistes. Nombre de grèves de la faim passent inaperçues et, dans ce cas, leurs auteurs n’arrivent pas à avoir gain de cause.
Pour douloureuses qu’elles soient, les grèves de la faim n’en rythment pas moins la vie politique tunisienne. Les composantes de la société civile, divisées par des querelles idéologiques, oublient alors leurs dissensions et s’empressent d’apporter leur soutien aux grévistes. Longtemps apanage de la classe intellectuelle, la grève de la faim se démocratise, notamment pour la défense des droits sociaux. « Les gens du peuple s’initient aussi à cette arme », commente Radhia Nasraoui. En 2006, les ouvriers de Fantasia, une entreprise de textile en faillite, ont observé une grève de la faim collective après la fermeture de celle-ci. Un ancien employé tunisien de l’ambassade suisse à Tunis observe des grèves à répétition depuis 6 mois pour dénoncer son licenciement qu’il juge abusif.
(Source :l’agence de presse SYFIA (France), le 26 octobre 2007)
Tunisie : histoire d’un gâchis
Taïeb MOALLA – 31 octobre 2007
Le 7 novembre 1987, Ben Ali devenait le deuxième président de la République en succédant au « père de la nation », le très malade Habib Bourguiba. À l’époque, le pays tanguait dangereusement entre les clans obsédés par la succession du vieux raïs et un mouvement islamiste conquérant. L’énigmatique et peu connu Ben Ali, issu de l’obscur milieu du renseignement, réussissait alors un véritable tour de force en déposant son prédécesseur sans effusion de sang et en respectant les formes légales.
« L’époque que nous vivons ne peut plus souffrir ni présidence à vie ni succession automatique à la tête de l’État desquelles le peuple se trouve exclu. Notre peuple est digne d’une vie politique évoluée et institutionnalisée, fondée réellement sur le multipartisme et la pluralité des organisations de masse », annonce à la radio Ben Ali dans son premier discours-programme.
La presse mondiale salue rapidement « la révolution du jasmin ». Difficile d’accuser les faiseurs d’opinion occidentaux d’excès de zèle lorsqu’on sait que les plus farouches opposants au système de l’État/Parti ont quasi unanimement applaudi l’avènement du nouveau pouvoir à Carthage.
Cela dit, les promesses de démocratisation de la vie publique, une croissance continue du PIB, un taux de natalité contrôlé et un statut envié des femmes ne sont pas une garantie absolue de succès. La personnification à outrance du pouvoir et la répression de toute voix discordante sont (re)devenues le lot quotidiens des Tunisiens.
Après une embellie démocratique de deux ans (1987-1989), ayant vu s’épanouir une presse relativement libre, le régime de Ben Ali s’est montré sous son vrai visage en emprisonnant les islamistes dans des procès dénoncés par les organisations de défense des libertés à l’extérieur et à l’intérieur du pays. Au milieu des années 1990, le pouvoir tunisien s’attaquait à ce qui restait de la gauche politique. Après avoir mis les syndicats et la presse au pas, le pouvoir glissait petit à petit vers le despotisme. Même la limite légale de trois mandats présidentiels finissait par sauter à la suite d’un référendum, organisé en 2002, modifiant la Constitution.
« En Tunisie, la dictature policière a pris en otage le pays et mis en coupe réglée son économie développant de nouvelles pratiques mafieuses qui s’accommodent mal d’une bonne gouvernance et d’une presse libre. Les chances de la Tunisie d’évoluer vers un processus démocratique ont ainsi été usurpées », soutient Sihem Bensedrine, rédactrice en chef du magazine en ligne Kalima (censuré en Tunisie) et porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (non reconnu).
La campagne pour 2009 a déjà commencé
Depuis 1987, le président et son parti récoltent régulièrement plus de 90 % des suffrages lors des différentes échéances électorales. Fort d’un contrôle étroit de la société, Ben Ali peut théoriquement continuer à gouverner jusqu’en 2014. La campagne électorale présidentielle de 2009 a d’ailleurs déjà été lancée par les éternels laudateurs qui appellent le président sortant à se représenter à la tête du pays.
Aujourd’hui, le paysage médiatique tunisien est un des plus arriérés du monde arabe et musulman. La plupart des journaux, tant publics que privés, chantent les louanges du bien aimé président et de son parti. La télévision et la radio publiques abreuvent leur auditoire de litanies à la gloire d’un chef qui reçoit, explique, ordonne, dispose, insiste et donne des instructions à longueur de journée.
Côté politique, les partis de l’opposition réelle – nous excluons de notre analyse « l’opposition cosmétique » qui sert essentiellement de faire-valoir démocratique au régime – sont sous étroite surveillance. Leurs membres sont soumis à un contrôle étroit et à une répression constante. Les organisations indépendantes, comme la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, vivent des sagas politico-judiciaires et sont régulièrement menacées de disparition. L’Université et le principal syndicat du pays, berceaux de la contestation dans les années 1970 et 1980, sont plus au moins rentrés dans le rang. Tout comme la justice totalement inféodée au pouvoir exécutif.
Une des rares armes dont disposent les opposants au régime demeure la grève de la faim. Deux dirigeants du Parti démocratique progressiste (légal), Maya Jribi et Néjib Chebbi, ont cessé de se nourrir entre le 20 septembre et le 20 octobre, mettant ainsi leur vie en danger. Ils accusaient l’exécutif d’utiliser le pouvoir judiciaire, qui a ordonné l’expulsion du parti de son local, pour régler ses comptes avec l’opposition.
Ce moyen de lutte individuel, quoique courageux, cache difficilement l’abîme qui existe entre une large partie de la population, peu désireuse d’affronter les risques réels liés à l’engagement politique, et le discours des dissidents. Tant que les revendications de démocratisation de l’espace public ne seront portées que par une infime minorité, l’avenir paraît brumeux. Les quelques mesures de décrispation, que plusieurs anticipent à l’occasion du 20e anniversaire du « Changement », seront un leurre puisqu’elles proviendront d’un régime à la légitimité fort écornée.
Le modèle tunisien, tant vanté par les politiciens occidentaux comme un rempart contre l’islamisme, n’est qu’une vaste fumisterie. En créant un vide politique et culturel autour de lui, le pouvoir ne peut que jouer le jeu de tous les extrémismes. La récente et galopante ré-islamisation de la société tunisienne, naguère une des plus laïques du monde musulman, en est une des illustrations. Ce repli identitaire est un danger qui guette les acquis de la Tunisie moderne.
Tunisie
Le système Ben Ali
Lagarde Dominique
Le 7 novembre 1987, celui qui était alors Premier ministre renversait le président Bourguiba. Décryptage, vingt ans plus tard, d’une dictature soft, où l’Etat policier va de pair avec l’Etat social pour garantir la survie du régime.
De notre envoyée spéciale
L’aube pointe à peine lorsque sept médecins, un peu surpris d’être là, sont discrètement introduits dans les locaux du ministère de l’Intérieur. Le certificat médical a été préparé par les conjurés, ils n’ont plus qu’à le signer. Déclaré « inapte à exercer les fonctions inhérentes à sa charge », Habib Bourguiba peut être déposé dans les formes constitutionnelles. Et le général Zine el-Abidine Ben Ali, Premier ministre depuis cinq semaines, proclamé chef de l’Etat. Juste à temps pour le premier bulletin de Radio Tunis, qui ouvre comme d’habitude, ce 7 novembre 1987, son antenne à 6 heures du matin. Après une fin de règne empoisonnée, les déclarations du nouveau président soulèvent un vent d’espoir. Il promet l’Etat de droit, la démocratie, la liberté de la presse, celle des associations… Des mesures suivent, très vite : libération des prisonniers politiques, retour des opposants en exil, réglementation de la garde à vue, interdiction de la torture, suppression de la présidence à vie…
C’était il y a vingt ans. Aujourd’hui, 10 millions de Tunisiens vivent sous haute surveillance dans un pays quadrillé par près d’un millier de cellules du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ex-parti unique, quelque 200 comités de quartier qui sont autant d’annexes locales du ministère de l’Intérieur, et 110 000 policiers. Le pays ne compte plus qu’une douzaine d’associations réellement indépendantes, constamment sous pression. Des plumitifs flagorneurs vantent chaque jour, dans les colonnes d’une presse aux ordres, la « hauteur d’esprit », la « clairvoyance » et la vision, « prospective » ou « avant-gardiste », c’est selon, mais toujours « profonde », d’un président omniscient et omniprésent dont le mandat est indéfiniment renouvelable depuis la réforme constitutionnelle de 2002.
Ce 22 octobre 2007, Maya Jribi reçoit L’Express dans sa villa de Radès, au sud de Tunis. Elle a les gestes lents d’une convalescente, et des cernes sous les yeux. « Je suis une tortue ! » plaisante-t-elle. Deux jours plus tôt, cette femme de 47 ans, secrétaire générale du Parti démocratique progressiste (PDP), un parti d’opposition officiellement reconnu, a mis un terme à une grève de la faim de cinq semaines. Elle et Nejib Chebbi, le fondateur de cette petite formation de centre gauche, n’avaient trouvé que ce moyen désespéré pour s’opposer à la résiliation du bail du local qui abrite depuis les années 1980 le parti et son journal, en plein centre de Tunis. Du 20 septembre au 20 octobre, ils n’ont bu qu’un peu d’eau sucrée. Jusqu’à ce qu’ils obtiennent gain de cause, les autorités préférant sans doute ne pas gâcher la fête. Officiellement, bien sûr, il s’agissait d’un « litige immobilier ».
Si la Tunisie est un Etat policier, elle n’est pourtant pas que cela. Le « système Ben Ali » est infiniment plus complexe. Jamais, au cours des vingt dernières années, le taux de croissance du pays n’a été inférieur à 5 % – ce devrait être 6 % cette année. Les services publics fonctionnent, les rues sont propres, l’école est obligatoire et gratuite. Des dispositifs sociaux de lutte contre la pauvreté ou des prêts aidés favorisent l’équipement des ménages. Avec un objectif : permettre à tous d’accéder à un certain confort, et à la classe moyenne, de loin la plus nombreuse, d’entrer de plain-pied dans la société de consommation. Près de 80 % des Tunisiens sont propriétaires de leur logement, presque tous sont raccordés aux réseaux d’électricité (99 %) et d’eau potable (84 %)… « Consomme et tais-toi ! » titrait L’Express il y a dix ans. Dans un ouvrage remarquable (1), l’universitaire Béatrice Hibou démontrait l’an dernier que les pratiques de répression et la politique économique et sociale du régime sont en réalité indissociables. Et qu’elles visent, ensemble, à assurer la stabilité et l’ordre dans un pays qui a sécrété une « véritable culture politique du danger », islamiste principalement. D’où ce qu’elle appelle un « pacte de sécurité », assujettissement consenti par le plus grand nombre à un Etat protecteur et dispensateur de bien-être.
« Il existe une corrélation entre pauvreté et terrorisme »
De fait, l’Etat tunisien cocoone ses citoyens. Lesquels sont en permanence incités à penser qu’ils doivent leur bonheur à la « sollicitude », comme disent les journaux, du chef de l’Etat. Logement social, voiture « populaire », ordinateur « familial » : l’Etat subventionne les crédits nécessaires à l’acquisition de tout ce que peut souhaiter une famille « moyenne ». L’appartement d’abord, de préférence un F 4, afin que les enfants aient leur chambre. Puis la petite cylindrée. Enfin, l’ordinateur. Au nord de Tunis, les nouvelles cités n’en finissent pas de pousser. Elles se ressemblent toutes un peu, avec leurs immeubles blancs, leurs larges avenues, leurs cafés déco. Ces derniers ne servent pas d’alcool : les classes émergentes, en Tunisie comme ailleurs dans le monde arabe, sont beaucoup plus respectueuses des préceptes de l’islam que ne l’étaient les élites occidentalisées des lendemains de l’indépendance.
La lutte contre la pauvreté passe, elle, par le Fonds de solidarité nationale, plus connu par son numéro de compte, le 26-26. Créée en 1992, cette super-cagnotte sociale, alimentée surtout par les contributions des entreprises, fortement incitées à verser régulièrement leur obole, est gérée par la présidence elle-même. Pour les bénéficiaires, pas de doute, c’est Ben Ali qui vient à leur secours. Or ils sont nombreux. Depuis sa création, le 26-26 a aidé 1,2 million de Tunisiens, soit 12 % de la population. Il a déboursé 490 millions d’euros, essentiellement pour éradiquer l’habitat précaire – c’est chose faite depuis 2005 – et apporter aux habitants des régions rurales les moins accessibles eau, électricité, routes, écoles ou dispensaires. Depuis deux ans, l’accent est mis sur la réhabilitation des quartiers populaires en zone périurbaine. « Nous sommes convaincus qu’il existe une corrélation entre la pauvreté et le terrorisme. Et qu’il faut par conséquent travailler en amont, sur le terreau » explique Omar Ben Mahmoud, patron du 26-26.
Reste à savoir si cette politique pourra être poursuivie sans risques pendant longtemps. L’endettement est tel aujourd’hui que, selon plusieurs sources, le pays commence à manquer sérieusement de liquidités. Pour l’heure, il est indéniable que le système fonctionne, même si le taux de chômage des jeunes diplômés, en forte hausse, constitue un nouveau défi difficile à relever. « Les sociétés arabes ne se sont pratiquement jamais révoltées contre le despotisme, sauf lorsque le despote était sanguinaire, commente un intellectuel. Notre culture arabo-islamique est celle du zaïm, du chef éclairé et juste. Elle repose sur l’idée d’un donnant-donnant. Le chef est là pour satisfaire les besoins du peuple, qui le laisse diriger comme il l’entend. Chacun y trouve son compte. » Mais pourquoi diable ce zaïm-là éprouve-t-il le besoin d’émailler ses discours de constantes références à la démocratie et au pluralisme ? Pourquoi ses thuriféraires se croient-ils obligés d’affirmer, sans rire, que la Tunisie « vénère les droits de l’homme » ? « Un cinéma destiné à l’Occident », comme l’affirme le même intellectuel ? L’explication est peut-être ailleurs. « Habib Bourguiba avait une légitimité historique, analyse un universitaire. Ce qui fonde la légitimité de Ben Ali, c’est son discours du 7 novembre 1987. Or ce discours promettait la démocratie. Il est donc essentiel pour le président d’affirmer qu’il n’a pas trahi ses engagements et qu’il est toujours sur ce créneau-là. Depuis vingt ans, il vit avec une idéologie qui n’est pas la sienne, mais dont il a fait le mythe fondateur du régime. »
Lorsqu’il accède au pouvoir, le nouveau chef de l’Etat semble prêt à satisfaire toutes les revendications des démocrates et des défenseurs des droits de l’homme. « Tout ce qu’on réclamait, il était pour ! » se souvient l’un d’eux. Beaucoup d’intellectuels sont sur un petit nuage… Mais l’état de grâce sera de courte durée. Les élections législatives de 1989 marquent une première évolution. Ben Ali parle de démocratie « consensuelle », son Premier ministre propose des listes uniques… que refuse l’opposition. Les islamistes n’ont pas le droit de créer leur parti, contrairement à ce qu’ils espéraient. Ils durcissent leur opposition au régime. Celui-ci prend peur. En 1990 et 1991, la police procède aux premières rafles, en particulier sur les campus. Le drame algérien sert de repoussoir. Les défenseurs des droits de l’homme, qui dénoncent la torture et les détentions arbitraires, sont à leur tour dans le collimateur. « Nous étions entrés dans une spirale répressive », confesse un ancien ministre. Pourtant, pour la plupart des protagonistes de l’époque, c’est de 1992 que date le vrai tournant de l’ère Ben Ali. Cette année-là consacre la victoire des apparatchiks marqués par la culture du parti unique sur les conseillers de l’ouverture. Ces derniers sont plusieurs à jeter l’éponge, notamment Mohamed Karboul, qui avait, au tout début, géré les relations avec l’opposition, et surtout Kamel el-Taïef, l’ami fidèle qui fut dans l’ombre le principal instigateur de la politique d’ouverture du régime à des personnalités de la société civile. C’est en 1992 aussi que le président épouse en secondes noces Leïla Trabelsi, héritant du même coup d’une dizaine de beaux-frères et belles-soeurs particulièrement encombrants.
La famille de Ben Ali n’est pas un tabou… sur le Net
Deux ans plus tard, en 1994, Ben Ali est réélu avec… 99,91 % des suffrages ! Sur le plan économique, en revanche, à partir du milieu des années 1990, la Tunisie joue la carte de l’ouverture. Encouragée par l’Union européenne et le Fonds monétaire international, cette libéralisation permet d’attirer des investissements créateurs d’emploi. Mais elle va aussi servir de tremplin aux ambitions de la famille présidentielle recomposée. Celle-ci s’empare peu à peu de larges pans de l’économie, notamment grâce aux privatisations. Un temps, les époux des filles nées du premier mariage du président – les Chiboub, Mabrouk, Zarrouk – tiennent le haut du pavé. Très vite, les Trabelsi – les frères de l’actuelle première dame – vont leur damer le pion. C’est un sujet tabou… dont tout le monde parle. Depuis le début de l’été, la « corbeille de mariage » du « nouveau gendre », Sakher el-Materi (l’époux de la première fille de Leïla), alimente toutes les conversations, dans les salons et sur Internet : des intérêts dans la banque, la concession d’une grosse société automobile européenne, des quais destinés à accueillir des bateaux de croisière dans le port de la Goulette… La « famille », comme disent les Tunisiens, est devenue le principal centre d’intérêt de la blogosphère tunisienne. De jeunes internautes y échangent info et intox. Les milieux d’affaires, tunisiens ou étrangers, sont, eux, convaincus d’une chose : il est impossible d’entreprendre en Tunisie sans s’entendre avec les Trabelsi et « passer à la caisse ». En échange, bien sûr, les beaux-frères jouent les parrains et fournissent les passe-droits nécessaires… « Nous sommes dans une économie kleptocratique », affirme un universitaire français, spécialiste du Maghreb. Ces pratiques existent certes ailleurs. Mais, dans un pays où les écarts sociaux ont longtemps été assez faibles, où la corruption était marginale, cela choque. Sans menacer le régime, la cupidité de l’entourage présidentiel n’en constitue pas moins son talon d’Achille.
(Source : « L’Express » (Magazine hebdomadaire – France), le 1er novembre 2007)
Un homme d’ordre
Lagarde Dominique
Le deuxième président de la Tunisie indépendante est né à Hammam-Sousse, en 1936, dans une famille paysanne. Gros bûcheur, Zine el-Abidine Ben Ali fait partie, en 1956 (l’année de l’indépendance), d’un groupe d’une vingtaine de jeunes gens sélectionnés pour aller suivre une formation de quelques mois à l’Ecole spéciale interarmes de Saint-Cyr, complétée par un stage à l’école d’artillerie de Châlons- sur-Marne. Il poursuit ses études l’année suivante aux Etats-Unis, où il est admis à l’Ecole supérieure de renseignement et de sécurité. Une formation qui lui permet, dès 1958, d’accéder au poste de directeur de la sécurité militaire. Renseignement et maintien de l’ordre vont constituer l’essentiel de sa carrière – il passe plusieurs années à la tête de la sécurité nationale – à l’exception de deux exils forcés, l’un au Maroc comme attaché militaire, en 1974, et l’autre, en 1980, comme ambassadeur à Varsovie. Rappelé en Tunisie après la « révolte du pain » de 1984, il est nommé deux ans plus tard ministre de l’Intérieur, poste qu’il conserve lorsqu’il devient Premier ministre, en 1987.
(Source : « L’Express » (Magazine hebdomadaire – France), le 1er novembre 2007)
Le premier pays africain, la Tunisie, pointe à la 32e place,
Les Etats-Unis sont l’économie la plus compétitive, selon le FEM
REUTERS, le 31 octobre 2007 à 16h01
Par Laura MacInnis
GENÈVE, 31 octobre (Reuters) – Les Etats-Unis jouissent de l’économie la plus compétitive au monde grâce à des universités réputées et une forte capacité d’innovation, juge le Forum
économique mondial (FEM).
Dans l’édition 2007 de son classement des économies les plus compétitives, publiée mercredi, le FEM place la Suisse en deuxième position et la France au dix-huitième rang. Deux pays
nordiques, le Danemark et la Suède, devancent l’Allemagne dans le « Top 5 », suivis de la Finlande en sixième position. Par sa seule taille, le marché américain présente « le
potentiel de production et d’innovation le plus élevé au monde », explique l’institut, au sein duquel se déroule chaque année le Forum de Davos.
Cette première place ne doit pas faire oublier les problèmes structurels de l’économie américaine, en particulier les déficits budgétaire et commercial, ainsi que l’érosion du dollar sur le marché des changes, souligne le FEM.
En outre, le rapport pointe du doigt les relations entretenues par les membres du gouvernement américain avec le secteur privé et pose la question du favoritisme dans les
politique publiques.
« Ce sont des domaines dans lesquels les autorités doivent être vigilantes si elles veulent maintenir l’avantage compétitif dans le futur », conclut-il. La Chine et l’Inde, les deux plus grands marchés asiatiques, se classent respectivement 34e et 48e, largement devancés par le Japon et Singapour placés en septième et huitième place.Dans chaque région, le FEM distingue les pays les plus
compétitifs, comme Israël au Moyen-Orient (classé 17e) et leChili (26e) en Amérique du Sud.
Le premier pays africain, la Tunisie, pointe à la 32e place,
tandis que le Tchad ferme le classement en 131e position, la reprise de la croissance économique au sud du Sahara « ne se traduisant pas encore par une compétitivité améliorée », commente
l’institut.
Le FEM précise qu’il a modifié son mode de calcul pour cette dernière édition et révisé son classement 2006 en fonction de ces nouveaux critères.
Classement du FEM des 50 économies les plus compétitives:
PAYS 2007 2006 2006
(recalculé) (précédent)
Etats-Unis 1 1 6
Suisse 2 4 1
Danemark 3 3 4
Suède 4 9 3
Allemagne 5 7 8
Finlande 6 6 2
Singapour 7 8 5
Japon 8 5 7
Royaume-Uni 9 2 10
Pays-Bas 10 11 9
Corée du Sud 11 23 24
Hong-Kong 12 10 11
Canada 13 12 16
Taiwan 14 13 13
Autriche 15 18 17
Norvège 16 17 12
Israël 17 14 15
France 18 15 18
Australie 19 16 19
Belgique 20 24 20
Malaisie 21 19 26
Irlande 22 22 21
Islande 23 20 14
Nouvelle-Zélande 24 21 23
Luxembourg 25 25 22
Chili 26 27 27
Estonie 27 26 25
Thaïlande 28 28 35
Espagne 29 29 28
Koweit 30 30 44
Quatar 31 32 38
Tunisie 32 33 30
République tchèq. 33 31 29
Chine 34 35 54
Arabie Saoudite 35 n/d n/d
Porto Rico 36 n/d n/d
E.A.U. 37 34 32
Lituanie 38 39 40
Slovénie 39 40 33
Portugal 40 43 34
Slovaquie 41 37 37
Oman 42 n/d n/d
Bahrein 43 48 49
Afrique du Sud 44 36 45
Lettonie 45 44 36
Italie 46 47 42
Hongrie 47 38 41
Inde 48 42 43
Jordanie 49 46 52
Barbades 50 41 31
REUTERS
Enquête du juge espagnol Garzon sur un possible « génocide » au Sahara occidental
AFP, le 30 octobre 2007 à 23h31
MADRID, 30 oct 2007 (AFP) – Le juge espagnol Baltasar Garzon a accepté mardi d’ouvrir une enquête pour déterminer si le Maroc est responsable d’un génocide et d’actes de tortures entre 1976 et 1987 au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975.
Le juge de l’Audience nationale, principale instance pénale espagnole, a ordonné ces poursuites pour un « crime présumé de génocide et de tortures » de la part de responsables marocains dans
« une action complexe et systématiquement organisée contre des personnes sahraouies », selon des sources judiciaires. Baltasar Garzon a jugé recevable une plainte dont il avait été
saisi en septembre 2006 déposée par des associations de défense des droits de l’homme et des familles de victimes faisant état de la disparition de plus de 500 Sahraouis à partir de 1975. A cette date, le territoire espagnol était passé sous souveraineté marocaine. La justice espagnole enquêtera sur les responsabilités de 13 suspects sur un total de 32, dont certains sont décédés notamment
l’ex-ministre Driss Basri, mort en août à Paris après avoir été pendant 20 ans le ministre de l’Intérieur de feu le roi du Maroc Hassan II.
La majorité des personnes visées par l’enquête sont accusées de détentions illégales, d’enlèvements, de tortures et de disparitions et il s’agit de hauts gradés des forces de sécurité (armée et
police) marocaines, notamment le chef de la gendarmerie royale Hosni Benslimane.
Le général Benslimane est déjà visé par l’un des cinq mandats internationaux émis le 22 octobre par un juge français qui instruit le dossier de la disparition à Paris en 1965 de l’opposant marocain
Medhi Ben Barka. M. Garzon a demandé au Maroc de lui faire savoir si la plainte concernant les disparitions de Sahraouis faisaient déjà l’objet d’investigations ou de poursuites dans le pays maghrébin.
AFP
AFP, le 31 octobre 2007 à 11h06
Les Emirats renoncent à l’expulsion de milliers d’ouvriers asiatiques
Par Taïeb MAHJOUB
DUBAI, 31 oct 2007 (AFP) – Le gouvernement des Emirats arabes unis a renoncé à expulser quelque 4.000 ouvriers asiatiques ayant participé à une grève qui avait donné lieu à des actes de vandalisme samedi à Dubaï et se contentera de traduire en justice les auteurs de violences.
« La police garantit le retour à leur travail des ouvriers qui ont participé à la grève sans être impliqués dans des actes d’agression, après leur engagement à ne plus agir de cette manière
pour défendre leurs revendications », a déclaré le chef de la police de Dubaï, le général Dhahi Khalfane, cité par le quotidien Emarat Al-Youm.
En revanche, a-t-il ajouté, « les ouvriers qui ne veulent pas reprendre le travail seront expulsés, car la demande à l’origine de leur grève est contraire à la loi ».
Les grévistes réclamaient en particulier des augmentations de salaires, jugées illégales car non prévues dans leurs contrats de travail.
Le permis de séjour aux Emirats d’un étranger expire automatiquement à la fin de son contrat de travail. Samedi, plus de 4.000 ouvriers du bâtiment avaient bloqué la principale artère menant à la zone franche de Jebel Ali (sud-ouest de Dubaï) avant de jeter des pierres contre des voitures, dont 18 au moins avaient été sérieusement endommagées. Les forces anti-émeutes étaient intervenues avec des canons à eau pour disperser les manifestants, qui s’en étaient aussi pris à des voitures des forces de l’ordre.
Environ 700.000 ouvriers étrangers, selon les estimations, travaillent aux Emirats arabes unis dans le bâtiment, la plupart étant originaires d’Asie du sud, principalement d’Inde, du Pakistan
et du Bangladesh. De nombreux participants à la grève de samedi étaient apparemment indiens.
Dans des propos publiés par Emarat Al-Youm, le sous-secrétaire d’Etat au Travail, Houmaïd ben Dimas, avait annoncé mardi la décision d’expulser « les 4.000 travailleurs qui se sont mis en grève
et ont commis des actes de vandalisme ». Le ton était au contraire à l’apaisement mercredi. « Des centaines d’ouvriers (grévistes) sont revenus sur leur lieu de travail (mardi) et les autres vont les rejoindre » mercredi, a ainsi affirmé M. Ben Dimas au quotidien Al-Ittihad, organe officiel de l’émirat d’Abou Dhabi.
« Le ministère du Travail a proposé aux ouvriers de choisir entre le respect de leur contrat de travail, y compris les clauses sur les salaires, et la reprise du travail, ou bien la poursuite de la grève
et, dans ce cas, l’abrogation de leur contrat », a-t-il ajouté. Les grévistes qui ont repris le travail « se sont engagés par écrit à respecter leur contrat de travail et le salaire convenu »,
a-t-il précisé.
Malgré des appels répétés, l’AFP n’a pas pu obtenir de la police ou du ministère du Travail une confirmation officielle des propos du général Khalfane et de M. Ben Dimas. Le chef de la police de Dubaï a déclaré à Emarat Al-Youm que des poursuites judiciaires seraient engagées contre les auteurs des troubles.
« Les ouvriers qui ont endommagé des biens publics seront déférés devant la justice », a-t-il déclaré, sans en préciser le nombre. De tels mouvements sociaux sont rares aux Emirats, où, comme
dans les autres monarchies pétrolières du Golfe, le droit de grève et de manifester sont interdits. L’ambassadeur d’Inde aux Emirats, Talmiz Ahmed, a déclaré au quotidien Gulf News que l’affaire avait été « résolue à l’amiable » et que seuls ceux reconnus coupables d’avoir détruit des biens seraient poursuivis en justice.
AFP
Edito du Monde
Le salaire du président
Les responsables politiques français et leurs électeurs sortent lentement de vieilles habitudes qui associent à l’exercice d’une charge publique divers avantages matériels non codifiés. Il a fallu l’intervention de la justice, le plus souvent sur plainte de citoyens, pour que les maires ou les présidents de conseil général qui n’en avaient pas conscience comprennent qu’ils ne peuvent pas disposer à leur guise de locaux appartenant à la collectivité ou de personnels municipaux ou départementaux. La Mairie de Paris a dû renoncer, par exemple, sous le mandat de Jean Tiberi, à son usage des appartements du patrimoine privé de la Ville, attribués à des élus, des hauts fonctionnaires ou des amis pour des loyers défiant toute concurrence. Au pays du cumul des mandats, cette pratique a été partiellement moralisée par la limitation du cumul des indemnités à une fois et demie la rémunération d’un parlementaire.
L’une des anomalies les plus choquantes du système français était le fonctionnement de la présidence de la République, dont les ressources étaient en grande partie occultes et échappaient à tout contrôle. Député socialiste de l’Aisne, René Dosière s’est fait une spécialité de harceler le gouvernement, à commencer par celui de Lionel Jospin en 2001, de questions sur les ressources de l’Elysée et sur leur emploi. Pour des raisons tenant notamment à la fiction selon laquelle le président de la République ne gouverne pas, le « Château » employait les collaborateurs que lui prêtaient les administrations ou les armées. Certains conseillers étaient même payés par des entreprises publiques.
Nicolas Sarkozy a chargé la directrice de son cabinet, Emmanuelle Mignon, de mettre fin à cette anomalie en demandant au gouvernement d’inscrire dans le projet de loi de finances le budget réel de la présidence. Celle-ci prendra désormais en charge la rémunération des quelque mille personnes qui y travaillent. Le principe est bon, même si l’on peut s’interroger, par ailleurs, sur l’importance des effectifs de l’Elysée. M. Sarkozy a voulu aussi que le traitement du chef de l’Etat soit aligné sur celui du premier ministre, auquel il était inférieur de plus de la moitié. M. Dosière s’est réjoui, mardi 30 octobre, à l’Assemblée nationale, que les appointements du chef de l’Etat soient fixés par la loi, et non plus par lui-même. Leur montant se justifie, à condition que le président acquitte désormais les frais personnels pour lesquels ses prédécesseurs n’avaient rien à débourser.
Tout effort de transparence, dans ces matières, est louable, à condition que sa sincérité soit contrôlée. Soumettre le budget de l’Elysée à la surveillance de la Cour des comptes, comme le propose le comité Balladur sur la réforme des institutions, mettrait à l’abri du soupçon une réforme bienvenue.
(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 1er novembre 2007)