LibertĂ© et EquitĂ©:La garde Ă vue de Zyed Fakraoui se poursuitÂ
COMMUNIQUE:Tunisie : FO rencontre l’UGTT Ă Tunis
BusinessNews.com.tn:Les chiens aboient, la caravane passe
FACE Ă LA DIRECTIVE DE LA HONTE, LE MUTISME COUPABLE DES DIRIGEANTS MAGHREBINS !
Oumma.com :LaĂŻcitĂ©s autoritaires en terres dâislam
AFP:Une majoritĂ© de Turcs s’opposent Ă l’interdiction du parti au pouvoir (sondage)
Reuters:Majority of Turks against AK Party closure – poll
Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi
Liberté pour Slim Boukhdhir, la plume libre
Liberté et Equité
Organisation de droits de lâhomme indĂ©pendante
33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis
Tel/fax: 71 340 860
Email : liberte.equite@gmail.com
Tunis, le 30 juin 2008
La garde Ă vue de Zyed Fakraoui se poursuit
Zyed Fakraoui est un ex prisonnier dâopinion qui avait subi des tortures au niveau de son appareil gĂ©nital et avait portĂ© une plainte contre son tortionnaire qui nâa pas encore Ă©tĂ© examinĂ©e. Son nom est citĂ© dans lâintroduction du rapport dâAmnesty International : « Au nom de la SĂ©curitĂ©, des atteintes aux droits de lâhomme en Tunisie »
[âŠ]
Pour le bureau exĂ©cutif de lâorganisation
Le Président
MaĂźtre Mohammed Nouri
traduction dâextraits ni revue ni corrigĂ©e par les auteurs de la version originale, LT)
Tunisie : FO rencontre l’UGTT Ă Tunis
Cette coopĂ©ration est matĂ©rialisĂ©e cette annĂ©e par une action conjointe de dĂ©fense des intĂ©rĂȘts des travailleurs saisonniers tunisiens en France.
A cette occasion, la dĂ©lĂ©gation FO a rencontrĂ© le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et le comitĂ© exĂ©cutif de l’UGTT, ainsi que des structures syndicales locales et d’entreprises. Dans un contexte marquĂ© par la hausse du coĂ»t de la vie et d’importantes difficultĂ©s en matiĂšre d’emploi, notamment des jeunes, la cgt FO a fait part de son soutien Ă l’UGTT engagĂ©e dans d’importantes nĂ©gociations avec les employeurs, dans le privĂ© comme dans le public, portant sur le droit syndical, les salaires et les conditions de travail.
InformĂ©e parallĂšlement de la situation sociale trĂšs tendue dans la rĂ©gion de Gafsa, la cgt FO soutient les dĂ©marches de l’UGTT en faveur de l’Ă©tablissement rapide du dialogue et de la nĂ©gociation, qui ne peuvent reposer que sur le respect des libertĂ©s dĂ©mocratiques et des libertĂ©s syndicales, ce qui demande la libĂ©ration des personnes emprisonnĂ©es, dont les responsables syndicalistes actuellement traduits devant des tribunaux.
Pour FO, le respect de la dĂ©mocratie, des droits de l’Homme et des droits fondamentaux des travailleurs, conformĂ©ment aux conventions de l’OIT et une coopĂ©ration des Etats sur le plan Ă©conomique et social en faveur de la croissance et de la crĂ©ation d’emplois contre le chĂŽmage, la prĂ©caritĂ© et la pauvretĂ© doivent ĂȘtre Ă la base du processus europĂ©en EUROMED et de l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e, dont le 1er sommet devrait se tenir le 13 juillet.
Paris, le 29 juin 2008
Les chiens aboient, la caravane passe
La scĂšne se passe en 2008. Nous sommes dans une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale d’une entreprise cotĂ©e sur la Bourse de Tunis. Sont prĂ©sents des actionnaires. Contrairement Ă Ă©normĂ©ment d’autres, les journalistes et observateurs ne sont pas les bienvenus Ă cette assemblĂ©e. Il fallait forcer pour entrer et l’un des journalistes força. Il a tout simplement achetĂ© une dizaine d’actions ce qui lui permet, lĂ©galement, d’entrer dans cette assemblĂ©e et constater, de visu, ce qui s’y passe. Y a-t-il quelque chose Ă cacher ? ForcĂ©ment, serait-on tentĂ© de dire quand on voit des portes fermĂ©es.
L’assemblĂ©e commence et le PDG entame son discours. Le journaliste boursicoteur s’attendait, comme ses pairs actionnaires, Ă des chiffres et il eut droit, Ă des lamentations. On frisait la paranoĂŻa, mais on a rapidement atteint le ridicule. Le PDG ne se lamentait pas de la flambĂ©e des prix pour justifier ses chiffres calamiteux et ses promesses de rĂ©sultats non tenues. PlutĂŽt que cela, et dĂšs l’entame de l’AG, il s’interrogeait sur ces articles de presse qui le critiquaient. « Ce journaliste a sĂ»rement une dent contre moi », a-t-il dit sur l’un. Quand au second, celui prĂ©sent dans la salle, il eut droit Ă cette remarque : « les chiens aboient, la caravane passe ». Aux yeux de Monsieur le PDG, observateurs et journalistes sont donc devenus des chiens.
Je rappelle, au passage, que comme les caravanes ne courent plus vraiment les rues de Tunis, les chiens ont changĂ© d’activitĂ©. Ils sont essentiellement lĂ pour surveiller les maisons et dissuader les intrus (usage domestique) ou dĂ©masquer les suspects (usage policier). Et quand un chien aboie, il est fort Ă craindre qu’il y a danger et qu’on s’apprĂȘte Ă dĂ©masquer quelqu’un qui veut cacher quelque chose.
C’est un autre PDG d’une autre entreprise. CotĂ©e en bourse elle aussi. Un actionnaire l’interroge sur les rĂ©sultats qu’il juge dĂ©cevants (le terme calamiteux ne sied pas). Le PDG n’apprĂ©cie pas. ForcĂ©ment. Il n’est pas habituĂ© Ă rendre des comptes. S’est-il interrogĂ© si l’actionnaire a une dent contre lui ? Peut-ĂȘtre. Il ne lui dira pas « les chiens aboient, la caravane passe ». Lui, il prĂ©fĂšre passer sans mĂȘme que les chiens n’aboient : « si vous n’ĂȘtes pas satisfait, vendez vos actions », a-t-il dĂ©clarĂ© au beau milieu de l’AG devant des actionnaires mĂ©dusĂ©s.
C’est une autre entreprise. Elle est cotĂ©e en bourse elle aussi. Les critiques la concernant ont fusĂ©, en off, de toutes parts. Des aboiements, dit-on aujourd’hui. C’est qu’il y a beaucoup Ă dire sur cette entreprise. Ailleurs, elle aurait fait la une du 20-Heures. Chez nous, l’affaire est tue, Ă l’exception de quelques articles se comptant sur les doigts de la main.
Les dirigeants de cette entreprise sont polis. Ils ne veulent traiter personne de chien. Il semblerait qu’ils sont amoureux des animaux puisqu’on les voit continuellement jouer aux autruches.
Ils ont trouvĂ© la parade : pas d’assemblĂ©e ! Pas de questions Ă poser ! Pas de compte Ă rendre ! Et ça fait deux ans ou presque que ça dure.
Une derniĂšre pour la route. C’est une entreprise. Celle-ci n’est pas cotĂ©e en bourse et, en thĂ©orie, elle n’a pas de compte Ă rendre. En thĂ©orie seulement, mais la directrice de l’entreprise l’ignore. C’est qu’elle s’est mise sous la loi des entreprises en difficultĂ©, ce qui devrait l’obliger Ă communiquer, un tant soit peu. Un confrĂšre eut vent de l’affaire et l’a publiĂ©e aprĂšs avoir soigneusement rĂ©uni les preuves nĂ©cessaires. Pour lui, il fallait informer le public, et en particulier les fournisseurs de l’entreprise, pour qu’ils ne soient pas dĂ©sabusĂ©s. Cela dĂ©plut Ă la dame. Elle dĂ©pose plainte au Tribunal Tunis. Elle a Ă©tĂ© dĂ©boutĂ©e. Elle dĂ©pose une autre plainte Ă l’Ariana. Pour elle, les chiens n’ont mĂȘme pas Ă aboyer Ă son passage
(Source : « BusinessNews.com.tn », le 29 juin 2008 à 18h57)
Lien : http://www.businessnews.com.tn/home/view_article_Business?=&a=1066811
Voici le numĂ©ro 112 d’ELKHADRA. Bonne lecture
http://elkhadra.over-blog.com elkhadra@hotmail.com
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* Culture & Violence en Méditerranée
  * Lâarme du pauvre
  * LA FAIM
  * L’Ă©loge de l’honneur
  * A.HAROUNI malgré tout.
  * Les misÚres du retour
  * « Tunisie plus »
  * L’agonie du sionisme (
  * Le rĂ©veil de lâIran
  * LaĂŻcitĂ©s autoritaires en terres dâislam
  * Notre homme ben ali
  * A.HAROUNI, L’EXIL INTERIEUR
  * Tunisie: les expulsés plus étrangers ici que là bas
  * Etre captif, lĂ n’est pas la question
  * Noam Chomsky, Ilan Pappé : Quel futur pour Israël et la Palestine ?
  * RENDEZ-VOUS EN TUNISIE
  * The resistance speaks
  * VIVE LA DICTATURE
  * US GO HOME
  * Censure sur Internet:
  * BEN ALI CONTRE LE TUNISIENÂ
  * The case of Antoine Sfeir
Selima Sfar en quarts de finale du double
Au prochain tour, Selima et Ekaterina seront opposĂ©es au duo amĂ©ricano-autrichien composĂ© de Lisa Raymond et de Samantha Stosur. Ce match contre les tĂȘtes de sĂ©rie numĂ©ro 16 aura a priori lieu mercredi ou jeudi.
En atteignant le quart de finale de double dâun Grand Chelem, Selima Sfar rĂ©alise la meilleure performance de sa carriĂšre et sâoffre ainsi, avec un peu dâavance, un beau cadeau dâanniversaire (elle aura 31 ans le 8 juillet).
Félicitations
TaĂŻeb
tmoalla@yahoo.com
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FACE Ă LA DIRECTIVE DE LA HONTE, LE MUTISME COUPABLE DES DIRIGEANTS MAGHREBINS
!Ni l’AlgĂ©rie, ni la Tunisie, ni le Maroc, n’ont exprimĂ© la moindre critique Ă l’Ă©gard de la directive « relative aux normes et procĂ©dures communes applicables dans les Ătats membres au retour des ressortissants de pays tiers en sĂ©jour irrĂ©gulier », dite « directive retour », et qualifiĂ©e Ă trĂšs fort juste titre de directive de la honte, tant elle renie les droits fondamentaux de la personne humaine, en criminalisant les sans-papiers et en gĂ©nĂ©ralisant (Ă l’Ă©chelle europĂ©enne) une vĂ©ritable politique d’internement Ă leur encontre.
Au moment oĂč les dirigeants latino-amĂ©ricains, notamment VĂ©nĂ©zuĂ©lien et PĂ©ruvien, menacent de bloquer les nĂ©gociations Ă©conomiques entre la CAN (CommunautĂ© Andine des Nations) et l’Union EuropĂ©enne, d’exiger rĂ©ciproquement des visas des ressortissants europĂ©ens qui souhaitent se rendre dans leurs pays, et de ne plus livrer de pĂ©trole aux 27 Etats europĂ©ens qui ont votĂ© cette directive infĂąme, les Etats maghrĂ©bins brillent de maniĂšre on ne peut plus pitoyable par leur dĂ©sintĂ©rĂȘt complice quant au sort de leurs compatriotes qui subissent (et subiront encore davantage Ă partir de 2010) les traitements les plus inhumains, en Europe.
Pis encore, ils se font les instruments dociles de « la politique europĂ©enne d’externalisation de l’immigration et de l’asile » et les suppĂŽts de la rĂ©pression barbare et esclavagiste des candidats Ă l’immigration qu’ils soient locaux ou transitaires… Ils signent des « accords commerciaux » avec la France qui ne s’encombre mĂȘme plus de respecter les rĂšgles humanitaires minimums de « rĂ©tention » des sans-papiers (voir le cas du tunisien de 41 ans dĂ©cĂ©dĂ© de maniĂšre suspecte au CRA de Vincennes le 21/06/08)
Cette directive ignominieuse est doublement honteuse : elle l’est en regard tout d’abord de ceux qui l’ont votĂ©e en reniant les fondements mĂȘmes de l’Europe d’aprĂšs-guerre (l’humanisme, la paix, la gĂ©nĂ©rositĂ©, la solidaritĂ©, la dignitĂ©, etc.) ; elle l’est en second lieu en regard du mutisme complice des dirigeants du sud de la mĂ©diterranĂ©e qui s’abstiennent lĂąchement de dĂ©fendre leurs concitoyens contre la discrimination et les traitements inhumains et dĂ©gradants dont ils sont rĂ©guliĂšrement victimes et qui, dĂ©sormais, sont institutionnalisĂ©s Ă l’Ă©chelle europĂ©enne.
Nos associations s’insurgent contre cette dĂ©rive sĂ©curitaire gravissime ;
·        Elles dĂ©noncent vigoureusement la criminalisation des sans-papiers et l’institutionnalisation europĂ©enne de la discrimination dont ils sont victimes ;
·        Elles réaffirment leur attachement aux droits à la libre-circulation et installation des personnes ;
·        Elles dĂ©noncent l’atteinte gravissime aux droits de l’enfant tels que garantis par le Convention de l’ONU de 1989 ;
·        Elles rĂ©itĂšrent, une fois de plus, leur condamnation de la double peine prĂ©vue par la directive de la honte quant à « l’Ă©loignement » assorti systĂ©matiquement de cinq ans d’« interdiction du territoire » ;
·        Elles exigent la ratification sans dĂ©lais par la France et tous les pays membres de l’Union EuropĂ©enne, de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (rĂ©solution 45/158) du 18 dĂ©cembre 1990.
·        Elles somment les dirigeants maghrébins de prendre exemple sur leurs homologues latino-américains, en exprimant leur soutien à leurs concitoyens et en dénonçant la directive de la honte.
A.T.F (Association des Tunisiens en France) – A.M.F (Association des Marocains en France) – S.A.E (SolidaritĂ© AlgĂ©rienne en Europe ) – A.T.M.F (Association des Travailleurs Marocains en France)   -F.T.C.R (FĂ©dĂ©ration des Tunisiens pour une CitoyennetĂ© des deux Rives)
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AFP, le 30 juin 2008 Ă 12h21
AlgĂ©rie: le directeur d’El Watan et une journaliste acquittĂ©s en appel
ALGER, 30 juin 2008 (AFP) – Le directeur et une journaliste du quotidien El Watan (indĂ©pendant, francophone), condamnĂ©s pour “diffamation” en premiĂšre instance sur plainte du prĂ©fet d’Oran, ont Ă©tĂ© acquittĂ©s en appel, a annoncĂ© lundi le journal algĂ©rien.
Omar Belhouchet et Salima Tlemçani avaient Ă©tĂ© condamnĂ©s en premiĂšre instance en 2006 Ă une amende de 50.000 dinars chacun (500 EUR), aprĂšs la publication d’une enquĂȘte sur le trafic de drogue Ă Oran (ouest) que le prĂ©fet d’alors, M. Mostefa Kouadri, avait jugĂ© “diffamatoire”.
L’acquittement des deux journalistes, prononcĂ© samedi aprĂšs-midi, est une “premiĂšre dans les annales juridiques algĂ©riennes”, souligne El Watan. Le procĂšs s’Ă©tait tenu le 7 juin devant la Cour d’appel d’Oran.
“Il a sonnĂ© comme une reconnaissance (par la justice) de l’effort fourni par la journaliste qui a dĂ©voilĂ© les dessous d’un phĂ©nomĂšne aussi grave que le trafic de drogue”, se fĂ©licite El Watan.
Pour l’avocat d’El Watan, Me Khaled Bourayou, “c’est la premiĂšre dĂ©cision de justice (en AlgĂ©rie) qui consacre la lĂ©gitimitĂ© de la presse dans la dĂ©nonciation des flĂ©aux sociaux tels que la drogue et la corruption”.
AFP
LaĂŻcitĂ©s autoritaires en terres dâislam
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La parution dâun livre de Pierre-Jean Luizard est toujours un plaisir, lâannonce dâune lecture Ă©clairante et intelligente. Son dernier ouvrage : LaĂŻcitĂ©s autoritaires en terres dâislam[1] qui vient de paraĂźtre, est â une fois de plus chez cet auteur â un exemple dâempathie pour son objet de recherche, de pertinence dans lâanalyse, de justesse dans le raisonnement.
Lâun des principaux mĂ©rites de ce livre est dâune part de prĂ©ciser dâemblĂ©e lâun de ses objectifs, qui est celui dâĂ©clairer les dĂ©bats confus qui ont lieu chez nous Ă propos de lâactualitĂ© turque : « on ne sait plus qui est quoi, surtout en France » dit-il justement[2], dâautre part de poser dans lâintroduction sa profession de foi Ă laquelle nous souscrivons pleinement : « la laĂŻcitĂ© â ou une certaine forme de laĂŻcitĂ©, mĂȘme non revendiquĂ©e â est un prĂ©alable Ă toute dĂ©mocratisation. »[3]
Pierre-Jean Luizard va Ă partir de lĂ examiner diffĂ©rents modĂšles de laĂŻcisation par le haut, en recherchant comment la laĂŻcitĂ©, qui a Ă©tĂ© en France un facteur de dĂ©mocratisation de la vie politique, nâa pas produit les mĂȘmes effets en terres dâislam ; dĂšs lâabord, en effet, le contexte est diffĂ©rent : la tendance gĂ©nĂ©rale y a Ă©tĂ© lâautoritarisme et « les idĂ©es laĂŻques et laĂŻcisantes ont Ă©tĂ© perçues comme le corollaire de rĂ©gimes dictatoriaux et/ou de la domination occidentale. »[4]. Son Ă©tude porte sur trois grandes zones : la Turquie, lâIran et le Monde arabe, dans lesquelles nous allons devoir faire des choix difficiles, tant toutes ses pages sont pertinentes.
Une premiĂšre caractĂ©ristique commune se dĂ©gage rapidement : sur la longue durĂ©e, en dĂ©pit des ruptures apparentes, câest la continuitĂ© qui prĂ©vaut, Mustafa Kemal, Reza Shah, Nasser ou Bourguiba nâayant fait quâaccĂ©lĂ©rer un mouvement commencĂ© bien avant eux.
En effet, lâEmpire ottoman voit dĂšs le XVI° siĂšcle lâapparition dâune lĂ©gislation sĂ©culiĂšre autonome par rapport Ă la lĂ©gislation charaĂŻque, le contrĂŽle et la rĂ©forme de lâislam par lâEtat[5], la publication dâun Code de la Famille dans les derniĂšres annĂ©es de lâEmpire anticipera les rĂ©formes de Mustafa Kemal[6] ; en Perse, si le droit dâinterprĂ©tation de la charia appartient au souverain qadjar â et pas aux ulĂ©mas – [7] ce sont ces mĂȘmes Qadjars qui vont introduire la justice civile, avant que Reza Shah ne promulgue, en 1935, un Code civil qui sera conservĂ© par la RĂ©publique islamique ; en Egypte, la Maison de Mohamed-Ali ne va pas supprimer les institutions islamiques existantes mais en crĂ©er de parallĂšles[8], annonçant dĂ©jĂ ce que fera Nasser.
Second trait commun, les souverains musulmans sont placĂ©s, au XIX° siĂšcle devant lâalternative suivante : perdre leur souverainetĂ© ou disparaĂźtre Ă terme[9]. Une rĂ©ponse va ĂȘtre trouvĂ©e par un changement ou une suppression de dynastie, lâadoption de lâidĂ©e que la laĂŻcitĂ© est un instrument de la puissance et lâacclimatation du concept dâEtat-nation, que le monde musulman avait dĂ©couvert Ă lâoccasion de lâExpĂ©dition dâEgypte[10].
Dans la construction de cette idĂ©ologie et de ces identitĂ©s nouvelles, des pages Ă©clairantes, auxquelles nous vous renvoyons, sont consacrĂ©es Ă lâutilisation de lâarchĂ©ologie[11] et Ă la substitution dâune mĂšre patrie imaginaire aux patries rĂ©elles[12].
Lâaspect le plus utile de ce livre nâest cependant pas lĂ : il est Ă nos yeux dans lâanalyse de la nature des rĂ©gimes mis alors en place et dans lâĂ©tude parallĂšle de la perception que nous en avons en Europe et particuliĂšrement en France. Il semble quâau vu du seul mot de « laĂŻcitĂ© » la seule lecture de cette Ă©tiquette supplĂ©e Ă tout et quâil ne soit pas nĂ©cessaire â voire inconvenant – dâaller rechercher la rĂ©alitĂ© de la pratique politique des rĂ©gimes qui sâen rĂ©clament. Il faut du courage Ă Pierre-Jean Luizard pour passer outre cette doxa[13].
Quelques exemples. En Turquie, les « six flĂšches dâAtatĂŒrk », intĂ©grĂ©es Ă la constitution de 1937 â rĂ©publicanisme, nationalisme, populisme, Ă©tatisme, laĂŻcitĂ©, rĂ©volutionnarisme, allaient trouver une application concrĂšte dans les destructions massives des campagnes kurdes et la dĂ©portation vers dâautres rĂ©gions de 20.000 dâentre eux[14], la rĂ©pression des Alevis, les villages rayĂ©s de la carte et une rĂ©pression faisant plus de 15.000 morts aprĂšs la rĂ©volte de cheikh SaĂŻd[15], la rĂ©pression impitoyable des confrĂ©ries et des « Nurcu » allaient Ă©mouvoir peu de monde : Pierre-Jean Luizard cite ainsi « Le Temps »[16] en 1938 : LâĂ©pĂ©e au fourreau, le Ghazi, avec une Ă©nergie farouche et parfois une brutalitĂ© nĂ©cessaire[17]sâest attaquĂ© Ă la modernisation de son pays. »
De la mĂȘme maniĂšre, « on nâinsistera jamais assez sur lâampleur et la fĂ©rocitĂ© de la persĂ©cution endurĂ©e par les FrĂšres musulmans sous le rĂ©gime nassĂ©rien » Ă©crit P.-J. Luizard[18], dans ce cas comme dans le prĂ©cĂ©dent, « il a paru normal, ou du moins acceptable, que les âintĂ©gristes musulmansâ, âlâextrĂȘme droiteâ pour reprendre les expressions de Jacques Berque, les âterroristes dâinspiration fasciste et nazieâ comme les grands mĂ©dias français prĂ©sentaient les islamistes, subissent ce quâils ont dĂ» subir. »[19]
Le sort fait aux minoritĂ©s est Ă cet Ă©gard particuliĂšrement Ă©clairant de lâaveuglement de nombreux commentateurs. En Turquie, la laĂŻcitĂ© kĂ©maliste fut Ă lâopposĂ© du pluralisme religieux et politique[20] – et câest lĂ une vraie rupture par rapport Ă lâEmpire ottoman dans lequel les minoritĂ©s non musulmanes bĂ©nĂ©ficiaient dâun statut : dĂšs les nĂ©gociations pour le traitĂ© de Lausanne, la dĂ©lĂ©gation turque, conduite par Ismet InönĂŒ, sâopposa farouchement Ă lâoctroi du statut de minoritĂ© aux groupes musulmans non sunnites[21] ; en 1930, le ministre de la justice, Bozkurt, dĂ©clara : ceux qui ne sont pas de purs Turcs nâont quâun seul droit dans la patrie turque : câest le droit dâĂȘtre le serviteur, câest le droit Ă lâesclavage ! »[22], en 1942, un « impĂŽt sur la fortune », destinĂ© en rĂ©alitĂ© Ă spolier les ArmĂ©niens, les Grecs et les Juifs furent suivis de pogroms[23], les minoritĂ©s chrĂ©tiennes se voient appliquer une lĂ©gislation restrictive[24] âŠ
En Iraq, les shiâĂźtes, majoritaires dans la population mais en situation de minoritĂ© juridique, subirent une lĂ©gislation discriminatoire, furent souvent dĂ©chus de leur nationalitĂ© et fĂ©rocement massacrĂ©s[25]
En Iran, shiâĂźsme et iranitĂ© ont jouĂ© le mĂȘme rĂŽle que sunnisme et turcitĂ© en Turquie : alors que juifs, chrĂ©tiens et zoroastriens (1 % de la population ensemble) comptaient des reprĂ©sentants au Parlement, les sunnites (12 %) nâen avaient aucunâŠ
Iran et Turquie vont voir leurs chemins diverger plus rĂ©cemment : si lâĂ©tatisme ne sera pas remis en cause en Iran avec le changement de rĂ©gime, la Turquie va connaĂźtre ces derniĂšres annĂ©es, outre une transition rĂ©ussie du dirigisme Ă lâĂ©conomie de marchĂ©[26], une Ă©volution progressive vers le pluralisme politique et une dĂ©militarisation de ses institutions. Le chapitre intitulĂ© « La Turquie entre âlaĂŻquesâ et AKP » est un modĂšle dâanalyse intelligente et de dĂ©cryptage de la vie politique turque la plus rĂ©cente dâun pays Ă la croisĂ©e des chemins.
De nombreux autres passages mĂ©riteraient que lâon sây attarde plus longuement : ceux sur le rĂŽle de la Franc-maçonnerie et de lâArmĂ©e dans les pays Ă©tudiĂ©s notamment.
Une critique cependant : rappelant les circonstances de lâabolition du Califat, Pierre-Jean Luizard Ă©crit : « AdbĂŒlmecid sâenfuit, le mĂȘme jour. » Ce raccourci est regrettable : AbdĂŒlmecid ne sâest pas enfui : il a Ă©tĂ© chassĂ© â comme du reste toute la Famille ImpĂ©riale, dont les membres nâont eu que quelques heures pour prendre une valise et quitter la Turquie.
Le Calife Abdulmecid (dont on peut toujours voir la bibliothĂšque au palais de Dolma Bahçe) Ă©tait en train de lire les « Essais » de Montaigne lorsquâil lui fut annoncĂ© Ă 10 heures du soir, le 3 mars 1924, que le gouverneur de Constantinople souhaitait le voir : il lui apportait lâordre de quitter les lieux ; aprĂšs avoir tentĂ© de rĂ©sister, tout opposition Ă©tant vaine, le Calife fut embarquĂ© dans lâOrient Express depuis la gare de Chatalja, hors de la capitale, par crainte de manifestations en sa faveur si lâembarquement se faisait de Constantinople mĂȘme. Nous sommes loin dâune « fuite » mais bien plutĂŽt dâun exil dĂ©crĂ©tĂ© honteusementâŠ
Câest somme toute une critique bien mince pour lâensemble de cet excellent ouvrage.
Quelles conclusions tirer de ces expĂ©riences ? La laĂŻcisation a Ă©tĂ© imposĂ©e en terre dâislam par le haut, de façon autoritaire, sans autre relais que lâarmĂ©e[27], par des rĂ©gimes incapables â sauf en Turquie â de se dĂ©mocratiser et elle a Ă©tĂ© insuffisante, Ă elle seule, Ă enclencher un processus de dĂ©mocratisation.
En outre, et lâEurope lâoublie souvent, les rĂ©gimes qui sâen rĂ©clament ont Ă©tĂ© parallĂšlement les premiers agents de la rĂ©islamisation contemporaine du monde musulman : « lâidentitĂ© religieuse est devenue lâarme privilĂ©giĂ©e de sociĂ©tĂ©s qui nâont pas dâautres moyens pour affirmer leur souverainetĂ© » Ă©crit lâauteur[28] avant de conclure par une question juste et pertinente que nous vous laissons dĂ©couvrir.
Si vous ĂȘtes las du manichĂ©isme et du sens commun de la vulgate mĂ©diatique, lisez Pierre-Jean Luizard : câest un rĂ©gal de clartĂ© et de modestie intellectuelle qui font de lui un modĂšle dâadab â un vĂ©ritable honnĂȘte homme.
[1] Ed. Fayard, 2008-05-08, 285 pp.
[2] Cf. p. 11
[3] Cf. p. 12
[4] Cf. p. 10
[5] Cf. p. 197
[6] Cf. p. 66
[7] Cf. p. 31
[8] Cf. p. 87
[9] Cf. p. 30
[10] Cf. p. 86
[11] Cf. pp. 87 et 95
[12] Cf. p. 92
[13] Comme lâa fait aussi Jean BaubĂ©rot in LâintĂ©grisme rĂ©publicain contre la laĂŻcitĂ©, Ă©d. de lâAube, 2006, 302 pp.
[14] Cf. pp. 129 et 131
[15] Cf. p. 131
[16] Cf. p. 132
[17] Câest nous qui soulignons
[18] Cf. p. 150
[19] Cf. p. 150-151
[20] Cf. p. 192 et 212
[21] Cf. p. 198
[22] Cf. p. 91
[23] Idem. On peut en lire une version romancĂ©e dans le livre de Moris Fahri : Jeunes Turcs, Ă©d. Buchet â Chastel, 2006, 406 pp
[24] Cf. notamment p. 180
[25] Cf. notamment p. 159
[26] Cf. p. 162
[27] Cf. p. 272
[28] Cf. p. 273
(Source : « Oumma.com » (France), le 27 juin 2008)
AFP, le 30 juin 2008 Ă 12h47
Union pour la Méditerranée: position identique de Berlin et Paris (Kouchner)
S’exprimant dans le quotidien Handelsblatt Ă la veille du dĂ©marrage de la prĂ©sidence française, M. Kouchner rappelle que, lors du sommet franco-allemand de Hanovre (nord de l’Allemagne) en mars, le prĂ©sident Nicolas Sarkozy et la chanceliĂšre Angela Merkel avaient rapprochĂ© leurs positions. Le projet français avait suscitĂ© initialement de fortes rĂ©ticences allemandes. “Je voudrais souligner en tous cas qu’aprĂšs l’accord de Hanovre, nos deux pays ont adoptĂ© exactement la mĂȘme position sur l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e. L’Allemagne est un partenaire trĂšs actif aux cĂŽtĂ©s de la France pour ce projet europĂ©en. La signification de
l’Union pour la MĂ©diterranĂ©e pour toute l’Europe est reconnue par nos deux pays”, affirme le chef de la diplomatie française. Le projet promu par la France doit donner un nouvel Ă©lan au processus dit de Barcelone, lancĂ© par l’Union europĂ©enne en 1995, et qui vise Ă Ă©tablir un partenariat avec ses voisins du sud de la MĂ©diterranĂ©e, du Maroc Ă la Turquie. Il doit ĂȘtre lancĂ© lors d’un sommet Ă Paris le 13 juillet, mais se heurte Ă des rĂ©actions critiques ou hostiles de pays du sud de la MĂ©diterranĂ©e comme la Libye.
A Hanovre, Nicolas Sarkozy, soucieux de désamorcer un désaccord
inquiĂ©tant entre Paris et Berlin, avait fait des concessions Ă Angela Merkel. Les Allemands jugeaient inacceptable un projet excluant les EuropĂ©ens non riverains de la MĂ©diterranĂ©e, qui, selon eux, comportait un risque Ă©levĂ© de division pour l’Europe, la seule possibilitĂ© Ă©tant Ă leurs yeux un projet ouvert aux 27 pays de l’UE.
AFP
AFP, le 30 juin 2008 Ă 08h46
Une majoritĂ© de Turcs s’opposent Ă l’interdiction du parti au pouvoir (sondage)
Selon ce sondage réalisé par la société A&G et publié par le journal Milliyet, 53,3% des sondés se disent opposés à une interdiction du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) tandis que 34,3% y sont favorables.
Le sondage d’opinion fait ressortir par ailleurs que l’AKP est toujours le premier parti du pays en dĂ©pit de la procĂ©dure de dissolution Ă laquelle il est confrontĂ©. Selon l’enquĂȘte, 43,4% des sondĂ©s assurent qu’ils voteraient pour l’AKP si des Ă©lections lĂ©gislatives Ă©taient organisĂ©es aujourd’hui, contre 18,1% pour la principale force pro-laĂŻque au Parlement, le Parti rĂ©publicain du peuple (CHP). L’AKP a remportĂ© les derniĂšres lĂ©gislatives de juillet 2007 avec 47% des suffrages et le prochain scrutin est normalement prĂ©vu pour 2011. L’enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e les 14 et 15 juin sur un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de 1.195 personnes.
Outre l’interdiction de l’AKP, le procureur de la cour de cassation, qui a engagĂ© la procĂ©dure en mars, cherche Ă interdire d’activitĂ©s politiques pour cinq ans quelque 71 personnalitĂ©s, dont le prĂ©sident turc Abdullah GĂŒl, un ancien cadre de l’AKP, et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
L’AKP a rejetĂ© ces accusations en dĂ©clarant ĂȘtre la cible d’une procĂ©dure Ă motivation politique et a rĂ©affirmĂ© son engagement en faveur de la laĂŻcitĂ©.
AFP
Une majoritĂ© de Turcs opposĂ©s Ă la dissolution de l’AKP/sondage
Selon cette Ă©tude, 53,3% des personnes interrogĂ©es se prononcent contre l’interdiction du Parti pour la justice et le dĂ©veloppement, dont le sort doit ĂȘtre dĂ©cidĂ© par la Cour constitutionnelle, alors que 37,7% disent s’attendre Ă une grave crise Ă©conomique et sociale si l’AKP venait Ă disparaĂźtre. Le sondage conduit par A&G Research montre par ailleurs que 43,3% de personnes qui ont exprimĂ© un choix soutiendraient Ă
nouveau l’AKP en cas de scrutin, soit un lĂ©ger recul par rapport au score rĂ©alisĂ© lors des Ă©lections gĂ©nĂ©rales l’annĂ©e derniĂšre (47%). Le Parti rĂ©publicain du peuple et le Parti du mouvement nationaliste, principales formations d’opposition, restent loin derriĂšre l’AKP. PrĂšs d’un tiers des personnes interrogĂ©es ne se sont pas prononcĂ©es en faveur d’un parti. La procĂ©dure lancĂ©e devant la Cour constitutionnelle
pourrait entraĂźner la dissolution de l’AKP et l’interdiction de figurer dans un parti pour 71 personnalitĂ©s de cette formation, dont le prĂ©sident turc Abdullah GĂŒl et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.
Les membres du parti pourraient alors crĂ©er une nouvelle formation, et les personnalitĂ©s sanctionnĂ©es conserveraient la possibilitĂ© de briguer des mandats Ă©lectifs en qualitĂ© d’indĂ©pendants si leur candidature Ă©tait acceptĂ©e par le Bureau des Ă©lections. Les premiĂšres auditions devant la Cour constitutionnelle sont prĂ©vues mardi.Le sondage a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© les 14 et 15 juin auprĂšs de 2.403 personnes.
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Majority of Turks against AK Party closure – poll
The party, which faces a closure case in the Constitutional Court, has the support of 43.3 percent after the distribution of uncommitted voters, down from 47 percent in its election win last year.
The poll, conducted by A&G Research with 2,403 respondents on June 14-15, showed that 53.3 percent are against closing the AK Party and 37.7 percent believe economic and political chaos will follow if the party is closed.The poll showed the main opposition parties, Republican People’s Party’s (CHP) and the Nationalist Movement Party (MHP), come far behind the AK Party. Nearly one third of respondents said they were undecided on their choice of party.
The case at the Constitutional Court — which is being closely watched by investors who fear months of political uncertainty — seeks to close down the party and ban 71 political figures, including Prime Minister Tayyip Erdogan and President Abdullah Gul, from party politics for five years. If closed down, AK Party members are expected to form a new party, while banned members could run for office as independents if the High Election Board approves their candidacy. The first hearings in the case begin on Tuesday.
REUTERS
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