3 juillet 2011

TUNISNEWS
11 Úme année, N°4058 du 03.07.2011
archives : www.tunisnews.net

 


Nouvel Obs: Tunisie: Ben Ali jugĂ© le 4 juillet pour dĂ©tention d’armes et de drogue

Alter Info: Un intellectuel tunisien lance un appel pour “l’annulation de la Charia”

RFI: Tunisie : rassemblement contre l’extrĂ©misme religieux

Tunise Numerique: Kamel ElTaĂŻef : « Je ne suis pas un homme de l’ombre ! »

France24: Ahmed Nejib Chebbi en campagne pour séduire les Tunisiens de France

Gnet: Tunisie: Comment dans l’avenir, faire du droit Ă  l’eau une rĂ©alitĂ©

Tunisie Numerique: La 1Ăšre rĂ©union du PĂŽle dĂ©mocratique moderniste attaquĂ©e par des islamistes et l’armĂ©e intervient

Le Temps: Meeting d’Al Wifek Al Joumhouri Ă  Nabeul Tendance centriste; valeurs progressistes et dĂ©mocratiques


 

Tunisie: Ben Ali jugĂ© le 4 juillet pour dĂ©tention d’armes et de drogue


Publié le 30-06-11 à 07:35 Modifié à 17:12
Le second procĂšs par contumace de l’ex-prĂ©sident tunisien Zine El Abidine Ben Ali pour dĂ©tention d’armes et de drogue a Ă©tĂ© reportĂ© jeudi au 4 juillet Ă  cause d’une grĂšve des magistrats qui rĂ©clament des changements radicaux au sein du ministĂšre de la Justice.
“Le procĂšs de Zine el Abidine Ben Ali est reportĂ© au 4 juillet”, a dĂ©clarĂ© le juge chargĂ© du dossier, Touhami Hafi, au Palais de justice de Tunis oĂč s’Ă©taient dĂ©jĂ  assemblĂ©s des journalistes, avocats et badauds pour ce procĂšs devant la chambre criminelle du tribunal de premiĂšre instance de Tunis.
La mĂȘme Cour a dĂ©jĂ  condamnĂ© par contumace, le 20 juin, l’ancien homme fort de la Tunisie et son Ă©pouse LeĂŻla Trabelsi Ă  35 ans de prison et 45 millions d’euros pour dĂ©tournement de fonds. La condamnation avait Ă©tĂ© prononcĂ©e Ă  l’issue de quelques heures de dĂ©libĂ©ration seulement.
Les magistrats tunisiens ont entamĂ© mardi trois jours de grĂšve pour obtenir “un changement radical” au sein du ministĂšre de la Justice et le substitut du procureur du tribunal “a refusĂ© de descendre” dans la salle, a indiquĂ© Ă  l’AFP un des avocats commis d’office, Abdelsattar el Massoudi.
Un autre avocat, Hosni Beji, a indiquĂ© Ă  l’AFP qu’il demanderait de toute façon le report de la date du 4 juillet.
“Nous n’avons pas pu Ă©tablir le contact avec notre client qui est, comme vous le savez en Arabie saoudite” depuis sa fuite de Tunisie le 14 janvier devant une rĂ©volte populaire.
“Je vais demander le report. J’aimerais bien que hautes personnalitĂ©s de l’Etat se prĂ©sentent Ă  l’audience pour tĂ©moigner”, a-t-il expliquĂ©.
Le premier procĂšs, d’une durĂ©e de quelques heures, avait Ă©tĂ© jugĂ© expĂ©ditif par des personnalitĂ©s ou organisations peu suspectes de sympathies pour M. Ben Ali.
L’ex-prĂ©sident, qui est sous le coup d’une centaine d’accusations, doit aussi ĂȘtre dĂ©fĂ©rĂ© devant un tribunal militaire.
(Source: “Le Nouvel Observateur” le 3 juillet 2011)
 

Un intellectuel tunisien lance un appel pour “l’annulation de la Charia”


 
L’universitaire et islamologue tunisien Mohamed Talbi a appelĂ© Ă  “l’annulation de la charia” lors d’une confĂ©rence ce week-end Ă  Tunis, dans un contexte de vifs dĂ©bats sur la place de l’islam dans la sociĂ©tĂ© post-Ben Ali.
“Il faut qu’on annule la charia musulmane parce que cette charia stipule qu’il faut tuer celui qui change de religion”, a dĂ©clarĂ© Mohamed Talbi lors d’une confĂ©rence samedi, dont des extraits ont Ă©tĂ© diffusĂ©s sur la radio privĂ©e MosaĂŻque FM.
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M. Talbi, 90 ans, docteur en histoire et ancien doyen de l’universitĂ© de Tunis, est cĂ©lĂšbre pour ses Ă©tudes sur la Tunisie mĂ©diĂ©vale et prĂŽne un islam en phase avec la modernitĂ©.
“Je suis dĂ©terminĂ© Ă  continuer la lutte pour le renouvellement de la pensĂ©e islamique parce que +le Coran est libertĂ©+, il s’accorde parfaitement avec les droits de l’homme”, a lancĂ© l’intellectuel tunisien.
“Je ne considĂšre pas la Charia comme une Ă©manation de Dieu mais c’est une exĂ©gĂšse” de certains penseurs de l’islam, a prĂ©cisĂ© Mohamed Talbi dans une interview au journal Essabah publiĂ© dimanche.
“L’islam est Ă  mes yeux des actes cultuels et un comportement, et non une politique ou un Etat”, a-t-il conclu.
Ces dĂ©clarations interviennent alors que les Tunisiens peinent Ă  s’accorder sur la place de l’islam dans la Tunisie d’aprĂšs Ben Ali.
Le dĂ©bat a Ă©tĂ© ravivĂ© par des attaques de militants salafistes contre un cinĂ©ma de Tunis et des manifestations contre les atteintes aux valeurs de l’islam dans plusieurs villes tunisiennes.
Mohamed Talbi est personnellement visĂ© par les extrĂ©mistes religieux qui lui reprochent d’avoir insultĂ© AĂŻcha, la deuxiĂšme Ă©pouse du prophĂšte Mahomet, lors d’un dĂ©bat mercredi sur les ondes d’une autre radio privĂ©e Shems FM.
L’intellectuel a rĂ©cusĂ© l’interprĂ©tation de ses propos par les islamistes.
En juin, Mohamed Talbi a Ă©tĂ© nommĂ© prĂ©sident du Conseil acadĂ©mique de l’AcadĂ©mie des sciences, des lettres et des arts (Beyt Al- Hikma) pour l’annĂ©e acadĂ©mique 2011.
Dans le communiquĂ© sur sa nomination, le ministĂšre avait prĂ©sentĂ© M. Talbi comme “un intellectuel audacieux et un libre penseur qui n’a cessĂ©, dans ses nombreux ouvrages, de prĂŽner un islam Ă©clairĂ© et en phase avec la modernitĂ©”.
“Ma religion, c’est la libertĂ©”, dernier livre de Mohamed Talbi, a Ă©tĂ© publiĂ© en mai dernier.
 
(Source: “Alter Info” le 3 juillet 2011)

Tunisie : rassemblement contre l’extrĂ©misme religieux


Par RFI
Plusieurs dizaines de personnes ont participĂ© hier samedi Ă  un sit-in dans le centre de Tunis pour mettre en garde contre « l’intĂ©grisme, l’extrĂ©misme et la violence ». Le mouvement avait Ă©tĂ© lancĂ© sur les rĂ©seaux sociaux apres l’attaque d’un cinĂ©ma par des islamistes, et aprĂšs d’autres actions violentes menĂ©es rĂ©cemment par des groupuscules salafistes Ă  travers le pays.
(Source: “Radio France Internationale” le 3 juillet 2011)

La 1Ăšre rĂ©union du PĂŽle dĂ©mocratique moderniste attaquĂ©e par des islamistes et l’armĂ©e intervient


M. Mohamed Kilani, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti Socialiste de Gauche (PSG), a indiquĂ© qu’un groupe d’individus « appartenant au parti de la libĂ©ration islamique et au mouvement Ennahda », a tentĂ©, samedi, de faire Ă©chouer la premiĂšre rĂ©union du PĂŽle dĂ©mocratique moderniste, tenue au théùtre de plein-air Ă  KĂ©libia.

M. Kilani, un des membres du PĂŽle, a dĂ©clarĂ© que « des unitĂ©s de l’armĂ©e et de la sĂ©curitĂ© nationales sont parvenues Ă  empĂȘcher ces individus Ă  accĂ©der au siĂšge de la rĂ©union. Ces derniers ont organisĂ© une marche dĂ©nonçant « les slogans » de libertĂ© et de modernitĂ© levĂ©s dans la rĂ©union du pĂŽle dĂ©mocratique moderniste. »

Il a aussi affirmĂ© ĂȘtre victime de « menaces de la part d’un groupe de salafistes visant Ă  avorter la rĂ©union », prĂ©cisant que ces menaces ont dĂ©passĂ© sa personne pour englober le PĂŽle en gĂ©nĂ©ral ».

Il a considéré « cet acte terroriste comme étant un danger pour les citoyens et les forces politiques qui luttent contre la tyrannie ».

Le PĂŽle dĂ©mocratique moderniste comprend « le Mouvement Ettajdid », « Le Parti socialiste de Gauche », « Al Wifak Al-Joumhouri », « Le Mouvement de la CitoyennetĂ© et de la Justice », « La Voie du Centre », « Le Parti du Travail Patriote DĂ©mocratique », « Le Parti de la RĂ©forme et DĂ©veloppement », « Mouvement des patriotes dĂ©mocrates », « Le Front populaire unioniste » et « le Parti de l’avant-garde arabe dĂ©mocratique ».

Notons que le mouvement Ennahda a niĂ© toute relation avec ces actions, et a prĂ©cisĂ© que ses membres insistent sur le bon dĂ©roulement des diffĂ©rents formes de d’activitĂ©s politique et respectent tous les partis tunisiens.

Source: “Tunisie Numerique” Le 03-07-2011 Lien: http://www.tunisienumerique.com/2011/07/la-1ere-reunion-du-pole-democratique-moderniste-attaquee-par-des-islamistes-et-larmee-intervient/


Ahmed Nejib Chebbi en campagne pour séduire les Tunisiens de France


Ahmed Nejib Chebbi, le dirigeant du Parti dĂ©mocrate progressiste (PDP), est venu Ă  Paris prĂ©senter son programme pour les Ă©lections prĂ©vues en octobre en Tunisie. Objectif : consolider son influence auprĂšs d’un Ă©lectorat dĂ©terminant. Pari risquĂ© pour le Parti dĂ©mocrate progressiste (PDP), Ă  l’occasion de la visite Ă  Paris d’Ahmed Nejib Chebbi, vieux routard de la politique tunisienne et fondateur de cette formation politique qui compte bien trouver sa place dans le cadre de la dĂ©mocratie post-Ben-Ali. En louant ce samedi le Trianon, théùtre cossu du 18e arrondissement de Paris, le PDP a vu grand pour rassembler militants et curieux et faire connaĂźtre son programme politique. L’enjeu : mobiliser le vaste Ă©lectorat des Tunisiens de France (600 000 personnes) pour l’Ă©lection des dĂ©putĂ©s de l’AssemblĂ©e constituante, le 23 octobre prochain, qui doit dĂ©finir les contours de la “DeuxiĂšme RĂ©publique” tunisienne, aprĂšs la fuite en Arabie saoudite de l’ancien prĂ©sident Ben Ali le 14 janvier dernier. Au-delĂ , Chebbi fourbit Ă©galement ses armes pour l’Ă©lection prĂ©sidentielle, oĂč ce dernier ne cache pas qu’il sera candidat. La campagne pour rĂ©colter des voix et des fonds financiers passe donc forcĂ©ment par l’Hexagone. Et trĂšs concrĂštement, 10 siĂšges sur les 215 de l’AssemblĂ©e constituante, sont rĂ©servĂ©s Ă  la diaspora tunisienne en France. 600 000 Ă©lecteurs Ă  la clĂ© Le théùtre est spacieux, assez en tout cas pour que le personnel du PDP s’inquiĂšte du nombre de chaises vides, Ă  l’heure du dĂ©but du meeting. Mais le parterre se remplit peu Ă  peu, et Chebbi est lui-mĂȘme en retard, bloquĂ© dans les bouchons. Au total, un peu plus de 200 personnes finissent par s’installer dans les fauteuils de velours rouge. Surtout “des Tunisiens nĂ©s au pays, remarque un observateur avisĂ©, “l’Ă©lite tunisienne”, commente son voisin, “j’ai vu exactement les mĂȘmes visages Ă  un rassemblement des Ă©tudiants tunisiens des grandes Ă©coles”, complĂšte un troisiĂšme. Beaucoup de jeunes, essentiellement des hommes, sont venus apprĂ©cier la capacitĂ© du PDP Ă  sĂ©duire les Tunisiens de France et Ă  assurer une stabilitĂ© politique aprĂšs la rĂ©volution du 14 janvier. Le discours d’Ahmed Nejib Chebbi commence d’ailleurs par une manƓuvre de sĂ©duction Ă  l’endroit de cet Ă©lectorat qu’il juge crucial : il promet donc que les binationaux pourront jouir des mĂȘmes droits de citoyen et d’Ă©lecteurs que les Tunisiens, contrairement aux rĂšgles qui prĂ©valaient sous le rĂ©gime de Ben Ali. Chebbi a Ă©galement promis la crĂ©ation d’un secrĂ©tariat d’Etat chargĂ© des Tunisiens de l’étranger. Les 600 000 Tunisiens de France ont de longue date appris Ă  se mĂ©fier de l’ambassade de Tunisie Ă  Paris, considĂ©rĂ©e davantage comme un organe de surveillance policiĂšre que comme un lieu de contact privilĂ©giĂ© avec leur pays d’origine. Aujourd’hui, ils sont courtisĂ©s autant pour la manne financiĂšre qu’ils reprĂ©sentent – et Ă  plusieurs reprises, Chebbi a Ă©voquĂ© les 3 milliards de dinars [soit environ 1,5 milliard d’euros, NDLR] que les Tunisiens de l’étranger apportent au pays, insistĂ© sur sa capacitĂ© Ă  donner confiance aux hommes d’affaires et aux chefs d’entreprises, et promis que les Tunisiens qui rentreraient au pays pourraient jouir d’un statut spĂ©cial
-, qu’en raison de leur rĂŽle de prescripteur politique. Parce qu’ils ont une pratique directe de la dĂ©mocratie dans l’Hexagone, leur avis est susceptible d’ĂȘtre suivi avec beaucoup d’attention de l’autre cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e . “On est devenu mĂ©fiant” Ahmed Nejib Chebbi jouit d’une notoriĂ©tĂ© incontestable dans le paysage politique tunisien. Son rĂŽle d’avocat dans des procĂšs pour la libertĂ© d’expression et la libertĂ© de la presse a fait de lui l’une des principales figures du combat pour la dĂ©mocratie Ă  l’Ă©poque du rĂ©gime de Ben Ali. “Quitte mĂȘme Ă  dĂ©fendre des salafistes !”, se fĂ©licite le fondateur du PDP durant son discours. Cela fait prĂšs de 50 ans que Chebbi est impliquĂ© dans la politique en Tunisie. AprĂšs un passage par l’extrĂȘme-gauche, il devient, dans les annĂ©es 1980, chef du Rassemblement socialiste progressiste (RSP), une formation d’opposition reconnue par le rĂ©gime – ce qui lui a valu de vives critiques de la part des militants dĂ©mocrates. Dans les annĂ©es 1990, Chebbi s’est donc attachĂ© Ă  prendre ses distances avec Ben Ali pour, au dĂ©but des annĂ©es 2000, pouvoir crĂ©er le PDP dont le principal objectif a Ă©tĂ© de constituer le pilier d’une alternative politique de centre-gauche. “J’ai lu l’une de ses tribunes dans le journal, il y a quelques annĂ©es, et c’Ă©tait la premiĂšre fois que quelqu’un me parlait d’une alternative Ă  Ben Ali, d’une autre Tunisie possible. Je lui dois mon Ă©veil Ă  la politique”, se souvient Houssem Miladi, 25 ans, jeune militant au PDP depuis un mois. Mais les grands discours sur la sĂ©paration des pouvoirs, “condition de la dĂ©mocratie”, le renforcement du rĂŽle du Parlement, “seul lĂ©gislateur”, des forces de sĂ©curitĂ© “rĂ©conciliĂ©es avec le citoyen”, le lancement de grands chantiers du BTP pour faire reculer le chĂŽmage et booster l’Ă©conomie ne suffisent pas forcĂ©ment Ă  convaincre tous les Tunisiens prĂ©sents au Trianon. “Ce sont de belles promesses, mais on est devenu mĂ©fiants”, explique une Tunisienne de 50 ans, voilĂ©e, qui a souhaitĂ© garder l’anonymat. “Il ne faudrait pas qu’on nous refasse le mĂȘme coup que Ben Ali en 1987, qui avait aussi promis monts et merveilles !” Ce que cette femme reproche surtout Ă  Chebbi : son acharnement contre le parti politique islamiste Ennahda (“Les islamistes veulent faire de la Tunisie un Etat idĂ©ologique, et cela comporte un risque de totalitarisme”, a-t-il dĂ©clarĂ©, ce samedi. Ecouter le sonore ci-dessus). “Ce n’est pas un programme, d’ĂȘtre contre Ennahda ! Je ne suis pas pour les islamistes, mais Ă  force de voir les politiciens les montrer du doigt, je vais finir par les dĂ©fendre”, explique encore cette femme, rencontrĂ©e au Trianon. Plusieurs de ses amies – voilĂ©es ou pas -, Ă©galement prĂ©sentes au meeting, considĂšrent elles aussi que le PDP en fait trop, contre le parti islamiste, considĂ©rĂ© comme l’un des favoris du scrutin d’octobre. “On a du mal Ă  s’y retrouver” Le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, est lui aussi venu en France, fin avril, pour rencontrer la vaste communautĂ© tunisienne de l’Hexagone. Pour ce faire, ce dernier avait visĂ© plus grand encore : Le Bourget, dans le nord de Paris. Ce meeting a attirĂ© des foules. Et pour cause, ce rendez-vous Ă©tait organisĂ© en marge du congrĂšs de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Le fondateur du PDP a donc relevĂ© le pari d’organiser le deuxiĂšme plus grand rassemblement politique des Tunisiens de France depuis le dĂ©but de la campagne. Quand d’autres candidats (Ahmed Brahim, le premier secrĂ©taire de l’ex-parti communiste Ettajdid, et Mustafa Ben Jafaar, le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Forum dĂ©mocratique pour le travail et les libertĂ©s) ont dĂ» se sont contenter de salles associatives plus modestes, le parti de Chebbi a tout de mĂȘme rempli le parterre du Trianon. D’autres chefs de formations politiques doivent encore venir Ă  la rencontre de l’électorat de France. Moncef Marzouki, opposant historique Ă  Ben Ali et chef du CongrĂšs pour la RĂ©publique, est un nom qui revient d’ailleurs souvent dans les conversations, au Trianon. Au-delĂ , une centaine de partis prĂ©senteront des candidats aux Ă©lections du 23 octobre, dont le scrutin est Ă  la proportionnelle. Cette profusion n’est pas sans susciter un sentiment de confusion qui se retrouve dans la plupart des discussions de ce samedi, au Trianon : “On a du mal Ă  s’y retrouver”. Source: “France24” Le 03-07-2011 Lien:http://www.france24.com/fr/20110703-tunisie-operation-seduction-ahmed-nejib-chebbi-tunisiens-paris-pdp-assemblee-constituante-ennahda  


Tunisie: Comment dans l’avenir, faire du droit Ă  l’eau une rĂ©alitĂ©


«En matiĂšre de raccordement Ă  l’eau potable et d’assainissement des eaux, la situation de la Tunisie est excellente. Elle est l’un des pays du sud, les plus avancĂ©s en matiĂšre de raccordement Ă  l’eau. L’OSS cherche Ă  favoriser une coopĂ©ration Sud/Sud, pour transfĂ©rer le savoir-faire de la Tunisie vers les pays subsahariens », dit Chedly Fezzani, SecrĂ©taire exĂ©cutif de l’Observatoire du Sahara et du Shahel ( OSS), Ă  Gnet. MalgrĂ© son climat aride Ă  semi-aride la Tunisie arrive Ă  satisfaire les besoins immĂ©diats en eau potable et ce Ă  prĂšs de 90% de sa population. Mais il ne s’agit lĂ  qu’à une infrastructure adĂ©quate qui gĂšre au mieux les ressources trĂšs modestes en eau, moyennant 29 grands barrages et 9500 puits.

La Tunisie reçoit par an, 36 milliards de mĂštre cube d’eau de pluie. Ses besoins en eau pour les besoins domestiques, agricoles, industriels et touristiques font que la Tunisie est en dĂ©ficit continuel de ressources hydrauliques, parce qu’elle n’exploite que 4 503 millions de mĂštres cube. Il n’en demeure pas moins que la stratĂ©gie en matiĂšre de gestion des ressources en eau permet de rĂ©pondre aux besoins actuels sans recours au rationnement. Mais si la Tunisie aspire Ă  devenir un pays dĂ©veloppĂ©e, ses besoins en eau devraient ĂȘtre de 11,400 milliards de mĂštre cube, ce qui creuse un dĂ©ficit de prĂšs de 7 milliards de mĂštre cube par an. Ceci en cas de scĂ©nario qui nĂ©cessite des besoins en eau semblable Ă  celui d’un citoyen europĂ©en.

MĂȘme en rĂ©visant ses aspirations Ă  la baisse, la Tunisie demeure sĂ©rieusement menacĂ©e de pĂ©nurie d’eau dans les vingt prochaines annĂ©es. Un problĂšme dont souffrent d’ores et dĂ©jĂ  plusieurs pays africains et asiatiques. Dans les pays oĂč la pluviomĂ©trie est faible, seul une politique optimale de collecte et d’assainissement des eaux peut amĂ©liorer les conditions de vie dans les rĂ©gions arides.

L’observatoire du Sahara et du Sahel a organisĂ© avec le PNUD de GenĂšve et le ministĂšre français des Affaires Ă©trangĂšres, un sĂ©minaire le 28 et 29 juin dernier Ă  Tunis, intitulĂ© : « Quels mĂ©canismes et stratĂ©gies Ă  mettre en Ɠuvre pour faire du droit Ă  l’eau une rĂ©alitĂ© ? »

Plusieurs experts Ă©voluant dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, se sont rĂ©unis pour discuter des mĂ©canismes et stratĂ©gies Ă  mettre Ă  l’ouvre pour la rĂ©alisation de la cible 7C, relative Ă  l’accĂšs Ă  l’eau potable et Ă  l’assainissement et relevant des Objectif MillĂ©naires pour le DĂ©veloppement( OMD). A la fin des travaux des recommandations ont Ă©tĂ© formulĂ©es. Elles seront adressĂ©es aux dĂ©cideurs politiques qui se rĂ©uniront, dĂ©but 2012 Ă  Marseille, Ă  l’occasion du Forum mondial de l’eau.

Cristophe Nuttall, Directeur du bureau des partenariats innovants-PNUD GenĂšve explique Ă  Gnet, le but de ce projet : « Il s’agit de rĂ©flĂ©chir comment Ă©tendre au niveau mondial un financement innovant, qui consiste Ă  prĂ©lever 1% de la facture d’eau dans les pays du Nord, pour financer le raccordement en eau potable dans les pays du Sud ». Une pratique qui a dĂ©jĂ  commencĂ© en France, et en Hollande. Le citoyen choisit de se faire prĂ©lever 1% supplĂ©mentaire sur le total de sa facture d’eau, qui financera le raccordement en eau des rĂ©gions sinistrĂ©es du Sud. Cette coopĂ©ration Nord/Sud, pourrait devenir Ă  postĂ©riori une coopĂ©ration Sud/Sud. C’est Ă  dire que dans les pays en voie de dĂ©veloppement, les villes les plus riches financent le raccordement Ă  l’eau potable des villes les moins riches.

Par ailleurs, la sociĂ©tĂ© civile tunisienne s’inquiĂšte de l’avenir hydrique de la Tunisie et s’active pour sensibiliser citoyens et hommes politiques, quant Ă  la nĂ©cessitĂ© de faire figurer la question de la gestion des eaux, dans le texte de la constituante. Un blog et une page Facebook, appellent les lecteurs Ă  apporter leur contribution, en proposant des solutions et des idĂ©es pour la pĂ©rennitĂ© des ressources hydriques.

Source: “Global Net” Le 03-07-2011

Lien:http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisie-comment-dans-l-avenir-faire-du-droit-a-l-eau-une-realite/id-menu-325.html

 


Kamel ElTaĂŻef : « Je ne suis pas un homme de l’ombre ! »


Kamel ElTaĂŻef : Il faut que justice soit rendue, mais sans rancune, ni vengeance, la Tunisie nouvelle a besoin de tous ses enfants

Comment vous sentez-vous depuis le 14 janvier ?

AIHamdou Lellah,Win Konna WinSbahna ! Eh oui ! Et comment ! En2001, j’ai Ă©tĂ© jetĂ© en prison pour avoir (juste) traitĂ© le rĂ©gime de Ben Ali de rĂ©gime mafieux et corrompu. Dix ans aprĂšs, et c’est court dans la vie d’un peuple, j’ai la chance d’assister Ă  la fuite honteuse du tyran et Ă  l’écroulement de son rĂ©gime qu’on croyait indestructible.

Des jeunes qui n’avaient pour toute arme, face Ă  la rĂ©pression impitoyable, que leur courage et leurs idĂ©aux, ont eu raison d’un rĂ©gime des plus tyranniques. Plusieurs d’entre eux sont morts en martyrs.D’autres amis qui ont luttĂ© pour vivre ce jour sont dĂ©cĂ©dĂ©s avant. J’ai une pensĂ©e Ă©mue particuliĂšrement pour Si Mohamed Chorfi. Si Hichem Gribaa, Si Daly Jazi et tant d’autres
 Je suis sĂ»r que lĂ  oĂč ils sont, ils sont en paix et heureux pour la Tunisie.

Beaucoup d’autres, militants infatigables des droits de l’Homme, avec Ă  leur tĂȘte la Ligue et son PrĂ©sident, qui n’ont jamais pliĂ©, de simples militants de partis ou d’associations, hommes et femmes, tous ont connu la torture, la prison ou le bannissement, pour que la Tunisie jouisse aujourd’hui de cette libertĂ© tant rĂȘvĂ©e !

Vous voyez pourquoi je me sens bien !

Pourtant d’aucuns trouvent que les choses ne bougent pas !

Vous savez, on ne bascule pas facilement et automatiquement d’un rĂ©gime totalitaire qui a monopolisĂ© le pouvoir. tous les pouvoirs, exĂ©cutif. lĂ©gislatif et judiciaire, et qui a rĂ©gnĂ© d’une main de fer, muselant toutes les voix et tous les espaces de libertĂ©, Ă  un rĂ©gime dĂ©mocratique.

Vous voulez parler de la sĂ©curitĂ© qui est lente Ă  se rĂ©tablir. Au jugement des symboles de la corruption et de la dictature, Ă  la crĂ©ation d’emplois qui reste insuffisante par rapport aux besoins, bref Ă  la rĂ©alisation des aspirations du peuple, tout ce pourquoi il s’est rĂ©voltĂ©. Vous savez, aprĂšs tant d’annĂ©es de dictature, de brimades et de refoulement, il est normal qu’il y ait une explosion des libertĂ©s, des revendications sociales et Ă©conomiques et une volontĂ© pour que la libertĂ© d’expression soit totale, sans contrainte, parfois Ă  la limite de la diffamation. Mais les mĂ©dias et les journalistes sont en train de s’organiser.de se former pour faire face Ă  ce nouveau contexte, respecter l’information, la transmettre en toute objectivitĂ©, sans parti pris ni autocensure, c’est ce nouvel Ă©quilibre que les mĂ©dias sont en train de rechercher et les choses s’amĂ©liorent Ă  vue d’Ɠil !

Il est tout Ă  fait comprĂ©hensible que la sociĂ©tĂ© civile cherche Ă  s’organiser et Ă  s’exprimer et qu’il y ait prĂšs de cent partis, et plus de 500 nouvelles associations. Rappelez-vous, en Espagne, lors de la transition il y a eu plus de 200 nouveaux partis. Il n’en est restĂ© que 4 ou 5, je crois. C’est ce qui s’est Ă©galement passĂ© dans les pays de l’Est lors de l’écroulement du mur de Berlin en 1989. Je suis convaincu que les choses se dĂ©canteront d’elles-mĂȘmes aprĂšs les Ă©lections, d’ailleurs on commence Ă  voir dĂ©jĂ  des rapprochements et mĂȘme des fusions entre partis.

Je comprends parfaitement, aussi, que des jeunes, diplĂŽmĂ©s du supĂ©rieur aprĂšs avoir passĂ© dix et parfois quinze ans d’études et se retrouvent sans emploi, Ă  la charge de leurs familles, celles qui se sont sacrifiĂ©es pour financer leur scolaritĂ© s’impatientent et manifestent vivement leur lĂ©gitime demande, afin d’attirer l’attention et crier leur dĂ©sespoir. parfois de maniĂšre brutale. Je comprends Ă©galement que des ouvriers, occupant souvent des emplois pĂ©nibles et prĂ©caires, se rĂ©voltent et crient Ă  l’injustice. Il est normal que des rĂ©gions marginalisĂ©es qui ont Ă©tĂ© maintenues Ă  l’écart de la croissance pendant des dĂ©cennies et qui ont payĂ© le prix fort pour cette rĂ©volution exigent que leurs conditions de vie s’amĂ©liorent et changent rapidement.

Cela dit, on ne peut pas dire que les choses ne bougent pas, l’hĂ©ritage est lourd, tant sur le plan social, politique qu’économique. Personne ne dĂ©tient une baguette magique capable d’effacer immĂ©diatement les disparitĂ©s rĂ©gionales, crĂ©er plus de 700 000 emplois, rĂ©aliser des infrastructures de base dans les rĂ©gions dĂ©favorisĂ©es, supprimer la corruption, rĂ©parer les injustices, mettre en place des institutions crĂ©dibles et solides qui assurent la participation du peuple Ă  la dĂ©cision. Tout cela demandera du temps, de l’effort, de la patience et des moyens financiers importants. Mais rien ne se fera sans l’adhĂ©sion et le soutien actif des citoyens. Nous devons reconnaĂźtre qu’en peu de temps, le Gouvernement de transition de M. BĂ©ji CaĂŻd Essebsi a beaucoup fait pour satisfaire une partie de ces revendications. Il y a dĂ©jĂ  des dĂ©buts de rĂ©sultats non nĂ©gligeables: crĂ©ation des trois grandes commissions (pour rĂ©parer les injustices, rĂ©former les institutions politiques et traquer et punir les dĂ©passements et prĂ©varications). Elles se sont attelĂ©es au travail et ont dĂ©jĂ  de premiers rĂ©sultats Ă  prĂ©senter (feuille de route pour l’élection de l’AssemblĂ©e constituante. code Ă©lectoral. des dossiers transmis Ă  la justice 
 ). Des allocations aux chĂŽmeurs diplĂŽmĂ©s ont Ă©tĂ© servies. Des programmes pour lutter contre le chĂŽmage et les inĂ©galitĂ©s rĂ©gionales ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s pour offrir des chances Ă©gales Ă  tous les citoyens
 Je ne dĂ©fends pas le Gouvernement. mais je suis rĂ©aliste. MĂȘme si, moi aussi, mon impatience est grande, comme celle de tous les Tunisiens.

Oui mais cinq mois se sont déjà écoulés depuis la révolution. Comment faire évoluer plus rapidement les choses sur les plans politique. social et économique ?

Je pense qu’il est temps qu’un consensus se dĂ©gage autour de la nĂ©cessitĂ© de passer Ă  une autre Ă©tape dans la lutte contre les aspects nĂ©gatifs relevĂ©s durant ces cinq mois : les atteintes Ă  la libertĂ© d’ autrui, les blocages des voies de circulation et des usines, la destruction des biens d’équipement qui ont coĂ»tĂ© prĂšs de 3 milliards de dinars, les grĂšves sauvages qui ont augmentĂ© de prĂšs de 325% et les revendications excessives qui effraient les investisseurs locaux et Ă©trangers et ont dĂ©jĂ  entraĂźnĂ© la fermeture de plusieurs usines, l’augmentation du nombre de chĂŽmeurs et qui risquent d’entrainer le pays Ă  la faillite.

Je ne veux pas ĂȘtre alarmiste, mais tout le capital sympathie que la rĂ©volution tunisienne a gagnĂ© et accumulĂ© de par le monde risque de s’étioler si nous tous, simples citoyens, partis, organisations syndicales et associations. Ne prenons pas nos responsabilitĂ©s pour Ă©pauler le gouvernement dans son combat contre tous ces aspects nĂ©gatifs que j’appellerai les maladies infantiles de la rĂ©volution. Les agents des forces de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, police, Garde nationale et Douanes, ayant retrouvĂ© la confiance en eux et reconquis celle du peuple, sont en train de dĂ©ployer des efforts miraculeux compte tenu des moyens modestes (surtout aprĂšs les destructions subies) mis Ă  leur disposition et face Ă  l’ampleur de la tĂąche pour assurer notre sĂ©curitĂ©. Ils sont appuyĂ©s par notre vaillante armĂ©e, fonciĂšrement rĂ©publicaine et dont nous devons ĂȘtre fiers car elle reste un cas unique dans tout le monde arabe.

En refusant, d’abord, de rĂ©primer le peuple, puis en s’érigeant en protecteur de sa rĂ©volution et en payant le plus lourd tribut dans la dĂ©fense quotidienne de notre sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et extĂ©rieure, notre armĂ©e nationale, cette institution rĂ©publicaine a mĂ©ritĂ© l’amour, le respect et la reconnaissance du peuple tout entier ! La justice, que beaucoup trouve lente, peut-ĂȘtre Ă  cause des mauvaises habitudes hĂ©ritĂ©es du passĂ©, mais aussi des procĂ©dures incontournables, fait son travail en toute sĂ©rĂ©nitĂ© et abnĂ©gation et dans la garantie des droits des justiciables, Ă©tant donnĂ© l’énormitĂ© de la tĂąche, loin de tout esprit de vengeance et de recherche de sensationnel, retrouvant la confiance et le respect du peuple. La sĂ©curitĂ© doit ĂȘtre rĂ©tablie. C’est une condition nĂ©cessaire Ă  toute vie sociale et prĂ©alable Ă  toute rĂ©forme et investissement (ne dit-on pas que le capital est peureux !). Les forces de sĂ©curitĂ© sont lĂ  pour nous protĂ©ger, sĂ©curiser nos biens dans le respect de la loi, il faut que la rĂ©conciliation entre le citoyen et les forces de sĂ©curitĂ© soit totale. En effet, la justice sans la force est impuissante. Comme il est vrai Ă©galement que la force sans la justice n’est que tyrannie. Sur le plan Ă©conomique, je pense que l’échec du modĂšle de dĂ©veloppement qui a Ă©tĂ© suivi jusque-lĂ  vient du fait qu’il a Ă©tĂ© incapable de procurer un emploi aux diplĂŽmĂ©s que le systĂšme d’enseignement continue Ă  fournir, de crĂ©er les conditions d’un dĂ©veloppement harmonieux et Ă©quitable de toutes les rĂ©gions et de redistribuer les richesses créées entre les diffĂ©rentes classes sociales avec plus de justice. La rĂ©volution a eu lieu pour qu’il y ait plus de justice dans la rĂ©partition des richesses, plus d’équitĂ© dans le dĂ©veloppement rĂ©gional et l’égalitĂ© des chances devant l’emploi.

Sur le plan politique, quel régime a votre préférence : présidentiel ou parlementaire ?

Tout d’abord, quel que soit le systĂšme, ce sont les hommes qui sont chargĂ©s de l’appliquer qui le pervertissent ou, au contraire, l’enrichissent. Aussi, je ne crois pas, ou plus, en l’homme providentiel ! Il faut doter le pays d’institutions fortes et pĂ©rennes, d’une justice indĂ©pendante et au service du citoyen, la mĂȘme pour tous, riches ou pauvres, d’une presse libre et indĂ©pendante et responsable, l’indĂ©pendance de la justice et la libertĂ© d’expression doivent figurer dans la Constitution. Je pense qu’aprĂšs les malheureuses expĂ©riences vĂ©cues, il y a lieu d’équilibrer les pouvoirs entre le parlement et l’exĂ©cutif. Un pouvoir prĂ©sidentiel est une garantie contre l’instabilitĂ© politique Ă©tant donnĂ© la trop grande segmentation des partis. Mais, d’un autre cĂŽtĂ©, un PrĂ©sident concentrant les pouvoirs peut conduire Ă  la dictature. Je pense que le modĂšle semblable au systĂšme portugais peut convenir Ă  la Tunisie post-rĂ©volution.

A vous Ă©couter, on a l‘impression que vous tracez la feuille de route d‘un parti ! Pensez-vous vous y lancer vraiment ? A moins que ce ne soit la feuille de route d‘un gouvernement de l‘ombre ?

Non je ne suis pas dans l’opposition. Je soutiens le Gouvernement de transition de toutes mes forces ! Quant au gouvernement de l’ombre, si vous voulez dire le shadow cabinet du type anglais, plus sĂ©rieusement et franchement, croyez-vous que quelqu’un de la trempe et de l’expĂ©rience de Si El BĂ©ji a besoin de quelqu’un comme moi pour le conseiller. Ce serait plutĂŽt le contraire qui serait logique ! Mais cette affabulation de l’ombre a germĂ© dans certains esprits bien mal inspirĂ©s, pour ne pas dire malintentionnĂ©s, qui ont accĂ©dĂ©, par je ne sais quel miracle, Ă  des charges auxquelles ils n’étaient pas prĂ©parĂ©s. Du coup, n’ayant pas supportĂ© qu’on dĂ©couvre leur incompĂ©tence dans l’exercice de leurs nouvelles responsabilitĂ©s, ils ont eu recours Ă  la thĂ©orie du complot : «l’armĂ©e et le Premier ministre prĂ©parent un mauvais coup », insinuant que les ficelles sont tirĂ©es par des gens de l’ombre
 Tout cela n’est qu’élucubrations et bĂȘtises ! La rĂ©volution ne saurait s’y prĂȘter. Quant Ă  Si El BĂ©ji, ce militant de la libertĂ© m’honore de son amitiĂ©, et cela remonte aux temps lointains et encore plus, lorsque, tous deux, nous Ă©tions dans le collimateur de la police de Ben Ali. C’est moi qui apprends de lui, mais si je peux lui ĂȘtre de la moindre utilitĂ©, je n’hĂ©siterai pas Ă  le faire, d’ici. De mon simple statut de citoyen. C’est mon devoir, il le mĂ©rite bien et la Tunisie aussi. C’est lĂ , en toute sincĂ©ritĂ©, le fond de ma pensĂ©e et la rĂ©alitĂ© de mon attitude : je soutiens le Gouvernement et je suis au service de mon pays.

Et la feuille de route pour un parti ?

Vous savez, toute ma vie durant, je n’ai jamais adhĂ©rĂ© Ă  aucun parti, ni Ă  aucune organisation et aucun mouvement. Je n’ai ni l’intention d’en crĂ©er un ni d’adhĂ©rer Ă  aucun autre. Mon seul parti ne peut ĂȘtre que la Tunisie !

Pourquoi vous intĂ©ressez-vous alors Ă  la chose publique, avec tant d‘engouement pour la politique ?

Depuis mon jeune Ăąge, j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans l’amour de la patrie, je n’ai frĂ©quentĂ© que des gens qui Ă©taient plus ĂągĂ©s que moi et plus politisĂ©s, d’oĂč mon intĂ©rĂȘt, ma passion pour la chose publique ! Je ne suis candidat Ă  rien ! Je ne postule, ni pour moi, ni pour ma famille, Ă  aucun poste, Ă  aucun titre, Ă  aucun privilĂšge.

Je demeure, cependant, toujours disponible pour servir mon pays, rapprocher les points de vue, Ɠuvrer pour la concorde des esprits afin que notre pays avance sans haine, ni vengeance. Je m’y emploie, parce que je suis convaincu qu’on ne construit pas sur la haine. A force d’entretenir les rancunes, elles ne manqueront pas d’exploser, un jour ou l’autre, avec tous les dĂ©sastres contre lesquels on doit se prĂ©munir. Je suis pour que justice soit rendue. Que ceux qui ont les mains tachĂ©es du sang des innocents, que ceux dont la justice Ă©tablira la culpabilitĂ© payent pour leurs crimes. Que les autres qui ont Ă©tĂ© lĂąches ou passifs, face Ă  l’injustice et aux dĂ©passements, soient rĂ©cupĂ©rĂ©s, comme cela s’est passĂ© en Afrique du Sud. La Tunisie a besoin de tous ses enfants, pour bĂątir une nouvelle Ăšre de libertĂ©, de justice, de dignitĂ© et de prospĂ©ritĂ© pour tous.

Quel modÚle de développement ?

«Je ne suis pas un spĂ©cialiste de l’économie, mais l’étude des expĂ©riences rĂ©centes nous indique les erreurs Ă  corriger. En effet, la tentative de dĂ©veloppement et d’exploitation des ressources locales essayĂ©e dans les annĂ©es soixante louable, par ailleurs, parce qu’elle visait Ă  crĂ©er le plus de valeur ajoutĂ©e localement- n’a pas eu l’effet d’entraĂźnement espĂ©rĂ©. L’industrie n’a pas Ă©tĂ© industrialisante, l’essaimage n’a pas eu lieu, l’usine de papier de Kasserine ou celle d’El Fouledh de Menzel Bourguiba, etc. n’ont pas, faute d’infrastructures, entraĂźnĂ© le dĂ©veloppement des rĂ©gions intĂ©rieures oĂč elles ont Ă©tĂ© pourtant implantĂ©es ! L’autre tentative initiĂ©e dans les annĂ©es soixante-dix, prenant le contrepied de l’expĂ©rience prĂ©cĂ©dente, axant le dĂ©veloppement sur la petite et moyenne entreprise et encourageant l’initiative privĂ©e tunisienne et Ă©trangĂšre, n’a pas particuliĂšrement soutenu le dĂ©veloppement rĂ©gional, puisque les implantations, malgrĂ© les encouragements fiscaux et l’octroi des terrains au dinar symbolique, n’ont progressĂ© que de trente kilomĂštres, en cinquante ans (de Tunis Ă  Jbel Oust ou de Sousse Ă  Jammel !) De ces expĂ©riences, il en ressort que l’investisseur, plus que d’encouragements fiscaux, a besoin d’infrastructures efficientes (autoroutes, TIC, voies ferrĂ©es
 ), d’équipements collectifs de qualitĂ©, de bonnes Ă©coles, d’hĂŽpitaux dispensant des soins de bonne qualitĂ©, des Ă©quipements sportifs et culturels


Je suis un social libĂ©ral. Je crois aux forces du marchĂ© pour optimiser les allocations de ressources qui sont de plus en plus rares et chĂšres. Je crois dans l’initiative privĂ©e qu’il faut encourager. Comme il me paraĂźt nĂ©cessaire de cultiver, Ă  travers le systĂšme Ă©ducatif. l’esprit entrepreneurial. Nous devons former des crĂ©ateurs d’emplois et non pas des demandeurs d’emploi. L’Etat doit, cependant, conserver un grand rĂŽle dans la rĂ©gulation de l’économie. Ă  travers une politique fiscale et sociale Ă  mĂȘme d’assurer une rĂ©partition plus Ă©quitable des richesses. Bien sĂ»r, l’Etat conservera Ă©galement toutes les fonctions rĂ©galiennes en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, de santĂ© et d’éducation. Je pense, Ă©galement, que les secteurs stratĂ©giques tels que le transport (ferroviaire, aĂ©rien et maritime), l’énergie et l’eau doivent continuer Ă  relever du secteur public.

L’Etat peut Ă©galement engager, en l’absence d’initiative privĂ©e qu’elle doit susciter par des mesures incitatives appropriĂ©es, la rĂ©alisation de grands projets structurants qui permettent au tissu des PME/PMI de rĂ©duire leur dĂ©pendance vis-Ă -vis de l’importation, d’accroĂźtre la valeur ajoutĂ©e nationale et de «remonter les filiĂšres ».

L’encouragement des PME/PMI est indispensable, Ă  travers des financements adaptĂ©s. Les institutions existantes, BTS, BFPME, les sociĂ©tĂ©s rĂ©gionales de financement, doivent ĂȘtre rĂ©formĂ©es pour rĂ©pondre Ă  ces objectifs de crĂ©ation d’emplois et de dĂ©centralisation. La crĂ©ation d’emplois pĂ©rennes et durables passe nĂ©cessairement par l’investissement qu’il faut attirer, sĂ©curiser et encourager.

L’agriculture est un secteur fondamental dans le dĂ©veloppement Ă©conomique et social du pays. Elle constitue un vecteur important du dĂ©veloppement rĂ©gional. C’est pourquoi elle doit ĂȘtre rĂ©orientĂ©e afin que la valeur ajoutĂ©e se crĂ©e dans la rĂ©gion. Ainsi, les programmes de cultures doivent tenir compte des spĂ©cificitĂ©s des cartes agricoles de façon Ă  crĂ©er une masse critique favorisant l’implantation d’usines de transformation rentables. La superficie des terres cultivables de notre pays est rĂ©duite. Nous n’avons pas de grandes plaines labourables.

Aussi, plutĂŽt que la quantitĂ© nous devons viser l’intensification de la production (meilleure exploitation des pĂ©rimĂštres irriguĂ©s), la qualitĂ© et l’accroissement de la valeur ajoutĂ©e de nos produits (des produits bio trĂšs demandĂ©s Ă  l’exportation, de l’huile et du vin, en crĂ©ant des marques labellisĂ©es, et en encourageant l’exportation en bouteille plutĂŽt qu’en vrac). La petite agriculture qui reprĂ©sente prĂšs des deux tiers des exploitations agricoles ne doit plus rester marginalisĂ©e et traitĂ©e comme un problĂšme social mais aidĂ©e et intĂ©grĂ©e dans le circuit Ă©conomique. Elle peut ĂȘtre trĂšs rentable et contribuer Ă  la rĂ©alisation de l’autosuffisance alimentaire.

Le secteur des services (tourisme, transport, finance
 ) doit Ă©galement ĂȘtre rĂ©orientĂ© pour une plus grande dĂ©centralisation, un tourisme diversifiĂ© et non plus presque exclusivement balnĂ©aire et de masse. La qualitĂ© de la formation et des services offerts est Ă  renforcer totalement. tout comme le tourisme vert, le tourisme archĂ©ologique, etc. Au niveau bancaire et financier, notre retard se creuse vis-Ă -vis de nos concurrents (le Maroc, le Liban
 ).

Une rĂ©forme globale et profonde du systĂšme bancaire et financier est urgente et gagnerait Ă  ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e Ă  travers des partenariats Ă  l’international. Cette rĂ©volution s’est faite contre l’injustice et pour la dignitĂ©. Aussi, la caisse de compensation doit-elle ĂȘtre maintenue, mais doit mieux cibler les populations qui en ont le plus besoin. Le dĂ©veloppement et la croissance doivent ĂȘtre plus Ă©quitablement et durablement partagĂ©s entre tous les citoyens».

Et les relations extérieures ?

«Les dĂ©terminants dans les relations extĂ©rieures sont l’ histoire et la gĂ©ographie, la Tunisie est arabe et sa religion est l’islam. Cela dĂ©termine dĂ©jĂ  sa sphĂšre premiĂšre. La MĂ©diterranĂ©e a toujours Ă©tĂ© un lac de rencontre et non une frontiĂšre naturelle comme les ocĂ©ans. C’est pourquoi la Tunisie de par sa position gĂ©ographique a toujours Ă©tĂ© une terre de rencontre et de fĂ©condation des diffĂ©rentes civilisations : phĂ©nicienne, romaine, byzantine, arabe et ottomane. Elle a Ă©tĂ© un trait d’union entre l’Occident et l’Orient, entre le Nord et le Sud. La Tunisie a toujours eu un rayonnement qui a toujours Ă©tĂ© plus grand que sa superficie ! C’est ce rayonnement qu’il faut rĂ©tablir parce qu’il a Ă©tĂ© absent pendant le rĂ©gime dĂ©chu.

Nous sommes liĂ©s Ă  la CommunautĂ© europĂ©enne par un contrat d’association, prĂšs de 80% de nos exportations et de nos importations se font avec elle. Il y a lieu de prĂ©server et d’amĂ©liorer ce partenariat pour qu’il conduise, pourquoi pas, Ă  la libre circulation des personnes et des biens.

J’ai bon espoir de croire que la rĂ©volution qui s’est Ă©tendue Ă  d’autres pays arabes va conduire Ă  des relations Ă©conomiques et politiques rĂ©elles, au-delĂ  des motions et slogans brandis Ă  l’occasion des divers sommets de la Ligue arabe et que l’UMA se rĂ©veillera de sa lĂ©thargie pour dĂ©passer les Ă  peine 3% d’échange.

Il ne faut surtout pas oublier nos relations sĂ©culaires avec les Etats-Unis d’AmĂ©rique qui remontent Ă  plus de 200 ans et le soutien que ce pays a apportĂ© Ă  l’indĂ©pendance de la Tunisie lors de l’évacuation de Bizerte, mais aussi mĂȘme lors de l’agression contre .Hammam-Chatt (pas de veto contre une motion condamnant IsraĂ«l et c’était une premiĂšre en la matiĂšre) et Ă  prĂ©sent, l’appui moral et matĂ©riel Ă  la rĂ©volution, citĂ©e en exemple dans le monde arabe par le prĂ©sident Obama.

Il faut prĂ©server cette amitiĂ© et la dĂ©velopper. Il en est de mĂȘme avec les autres puissances comme la Chine et la Russie qui nous ont souvent aidĂ©s. La Tunisie doit demeurer, comme elle l’a toujours Ă©tĂ©, tout au long de son histoire, hormis la pĂ©riode de l’ancienne dictature, grande par son rayonnement et par sa contribution Ă  la dĂ©fense de la paix et des causes justes dont, la toute premiĂšre, l’édification d’un Etat palestinien libre sur tous les territoires occupĂ©s avec AI-Qods comme capitale».

Source: “Tunise Numerique” Le 03-07-2011

Lien:http://www.tunisienumerique.com/2011/07/kamel-eltaief-je-ne-suis-pas-un-homme-de-lombre/  


Tunisie. La descente aux enfers de Chedly Hammi (2/2)


Par Ridha Kefi

L’ancien responsable des services de renseignement a eu le malheur de croiser Ben Ali au ministĂšre de l’IntĂ©rieur. N’ayant pas montrĂ© du zĂšle Ă  servir les desseins du futur prĂ©sident. Il en payera chĂšrement le prix

En cette annĂ©e 1990, Ben Ali a fait accuser son ex-secrĂ©taire d’Etat d’avoir trempĂ© dans l’assassinat du leader palestinien Khalil Al-Wazir (dit Abou Jihad), le 16 avril 1988. L’homme est arrĂȘtĂ© le jour mĂȘme de son anniversaire et mis en prison. Les mĂ©dias sont utilisĂ©s pour faire accrĂ©diter l’accusation Ă  travers des articles pour le moins expĂ©ditifs, visiblement soufflĂ©s par les services et, pour cette mĂȘme raison, non signĂ©s. ‘‘RĂ©alitĂ©s’’ mĂšne l’«enquĂȘte» C’est ainsi que ‘‘RĂ©alitĂ©s’’ (n° 215, du 7 septembre 1990), annonce: «Mohamed Ali Ganzoui hĂ©rite des attributions de M. Mohamed Ali Mahjoubi [surnom de Chedly Hammi]». La mise Ă  mort a commencĂ© et la meute est disposĂ©e en ordre de bataille. Quelques semaines plus tard, le mĂȘme magazine (‘‘RĂ©alitĂ©s’’, n° 216, 28 septembre 1990) rapporte du nouveau, puisĂ© Ă  une source limpide. «DĂ©mis de ses fonctions Ă  la suite de la tuerie entre [des factions] palestiniennes qui a eu lieu Ă  El Menzah VI, l’arrestation de M. Chedly Hammi pourrait connaĂźtre des rebondissements suite Ă  son intelligence avec des puissances Ă©trangĂšres.» Pour enfoncer le clou, le magazine ajoute: «Jamais, depuis l’indĂ©pendance, un responsable politique d’un si haut niveau n’a servi comme ‘‘informateur’’ d’un gouvernement Ă©tranger» (sic!). Le journal, pressĂ© de dresser des potences, ajoute des dĂ©tails aussi graves que scabreux sans prendre le soin de les vĂ©rifier: l’accusĂ© aurait fait la connaissance d’une certaine Raoudha alias LeĂŻla. Cette femme possĂšde une maison Ă  la Soukra et un salon de coiffure dans un grand hĂŽtel de la capitale, «qui lui sert probablement de couverture pour s’adonner Ă  la collecte des informations et Ă  leur vente Ă  une puissance Ă©trangĂšre», Ă©crit le journal. «Certains prĂ©tendent qu’elle est en relation avec le Mossad. L’enquĂȘte fournira Ă  ce sujet les informations vraies», souligne le journal. ‘‘RĂ©alitĂ©s’’ ajoute, avec la mĂȘme veine accusatrice, mais toujours dans l’imprĂ©cision caractĂ©ristique de la dĂ©sinformation: «C’est en 1984 que Raoudha a fait la connaissance de Chedly Hammi et c’est Ă  partir de ce moment qu’un trafic d’influence a vu le jour. L’enquĂȘte s’oriente vers une probable filiĂšre israĂ©lienne d’autant plus que des faits troublants ont eu lieu lors de l’assassinat d’Abou Jihad dont la maison Ă©tait situĂ©e Ă  quelques mĂštres de celle de Chedly Hammi. Le soir de l’assassinat du leader palestinien, il n’y avait pas de vĂ©hicule de police qui ne quittait jamais les lieux. On avait donnĂ© l’ordre Ă  ces policiers de participer Ă  une rafle dans le village de Sidi Bou SaĂŻd. Qui avait programmĂ© et donnĂ© l’ordre de cette rafle afin de laisser la maison d’Abou Jihad sans surveillance? D’autres bruits laissent entendre que des besoins d’argent auraient incitĂ© M. Mohamed Ali Mahjoubi Ă  collaborer avec une autre puissance et qu’il aurait un compte bancaire en Europe. Aux derniĂšres nouvelles, Raoudha [alias LeĂŻla LaĂąbidi] aurait avouĂ© ĂȘtre en cheville avec le Mossad, le service secret israĂ©lien, alors que l’interrogatoire de l’ex-secrĂ©taire d’Etat se poursuit» (fin de l’extrait). L’ignoble traĂźtre devenu soudain un irrĂ©prochable patriote Le 5 octobre, le mĂȘme magazine (n°217) fait marche-arriĂšre: «Le dĂ©menti opposĂ© par les autoritĂ©s officielles au sujet de la connivence entre M. Mohamed Larbi Mahjoubi (Chedly Hammi) et les services israĂ©liens de renseignements a attĂ©nuĂ© la tension que cette affaire a suscitĂ© auprĂšs de l’opinion publique», lit-on dans une note non signĂ©. Le journaliste, opportunĂ©ment anonyme, ajoute: «M. Mahjoubi, dont les amis et les collĂšgues louent l’irrĂ©prochable patriotisme – ces prescriptions que nous retenons contre lui ne touchent pas Ă  cet aspect de sa personnalitĂ©, mais ont trait Ă  sa gestion –, est actuellement dĂ©tenu Ă  la prison civile de Tunis». Si ce n’est pas ses liens avec le Mossad, que reproche-t-on donc Ă  Chedly Hammi, devenu soudain un «irrĂ©prochable patriote»? Deux semaines plus tard, le mĂȘme magazine (‘‘RĂ©alitĂ©s’’ n° 217, du 11 octobre 1990) change complĂštement de cap. Citant «une source autorisĂ©e au ministĂšre de l’IntĂ©rieur», il ne se gĂȘne pas de dĂ©mentir «l’existence d’une quelconque ‘‘filiĂšre israĂ©lienne’’ ou implication dans l’assassinat d’Abou Jihad, Ă  la base de l’ouverture de l’enquĂȘte judiciaire relative Ă  l’ex-secrĂ©taire d’Etat Ă  la SĂ»retĂ© nationale, M. Mohamed Ali Mahjoubi». Le magazine ne s’encombre pas d’expliquer d’oĂč (et de qui?) il tient ces informations ultras confidentielles et, surtout, ultra-fausses qu’il avait publiĂ©es une semaine auparavant. Mais passons
 Cette question, ‘‘RĂ©alitĂ©s’’ (n°221, 19 octobre 1990) ne la pose mĂȘme pas en annonçant le procĂšs et la condamnation de Hammi, «jugĂ© le 13 octobre par le Tribunal militaire et condamnĂ© Ă  4 ans de prison», Ă©crit le journaliste, toujours anonyme. Qui ajoute: «L’autre accusĂ©e, la citoyenne libyenne du nom de LeĂŻla, a Ă©tĂ© elle aussi condamnĂ©e Ă  la mĂȘme peine.» Mme Khadija Hammi qui avait intentĂ© un procĂšs contre ‘‘RĂ©alitĂ©s’’, a rĂ©ussi Ă  faire condamner le bimensuel par un tribunal Ă  une amende de 500 dinars. «L’histoire Ă©tait montĂ©e de toutes piĂšces. La prĂ©nommĂ©e Raoudha El Mejri alias LeĂŻla Ă©tait de mĂšre tunisienne et de pĂšre libyen», raconte Khadija. Qui ajoute: «La jeune femme, qui avait eu deux enfants d’un cousin de Kadhafi, Mohamed Kadhef Eddam, Ă©tait un agent des services tunisiens. Elle a rendu de nombreux services Ă  la Tunisie, en aidant notamment Ă  la dĂ©couverte de caches d’armes Ă  l’intĂ©rieur de l’ambassade de Libye en Tunisie. Et c’est Ă  Chedly Hammi, son officier traitant, qu’elle livrait ses informations. Au lieu de la remercier pour les services qu’elle a rendus Ă  la Tunisie, les sbires de Ben Ali l’ont torturĂ©e et condamnĂ©e, ainsi que mon mari Ă  quatre ans de prison.» Le successeur de Hammi, Mohamed Ali Ganzoui, va faire le siĂšge des services français. Il lui faut Ă  tout prix que ces derniers lui fabriquent des preuves de la coopĂ©ration de son prĂ©dĂ©cesseur avec IsraĂ«l. Dans ses fameux carnets, le gĂ©nĂ©ral Philippe Rondot, conseiller spĂ©cial des ministres de la DĂ©fense successifs figurent effectivement Ă  cette Ă©poque des rendez-vous avec Ganzoui. «Je ne peux rien faire pour lui, confiait Rondot Ă  l’un de ses contacts tunisiens. Cette histoire d’espionnage pour les IsraĂ©liens est totalement infondĂ©e.» Deux ans plus tard, Chedly Hammi sort de prison. Ben Ali le fait venir au Palais de Carthage. «Je suis dĂ©solĂ©, lui dit-il, on m’avait induit en erreur.» Il dira exactement la mĂȘme chose au soir du 13 janvier 2011. Cette fois, les carottes Ă©taient cuites. Il s’enfuira le lendemain en Arabie saoudite. Chedly Hammi, dĂ©cĂ©dĂ© un an auparavant, n’a malheureusement pas vĂ©cu assez longtemps pour assister Ă  la chute du dictateur. Source: “Kapitalis” Le 03-07-2011 Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/4669-tunisie-la-descente-aux-enfers-de-chedly-hammi-22-.html  


Meeting d’Al Wifek Al Joumhouri Ă  Nabeul Tendance centriste; valeurs progressistes et dĂ©mocratiques


 

– CrĂ©er 150 mille postes d’emploi sur une pĂ©riode de 18 mois

-Instaurer «Dar Al Idara» sur le modĂšle de guichet unique pour rapprocher l’administration du citoyen

Par Kamel BOUAOUINA

Dans une ambiance festive et conviviale, la section d’Al Wifak El Joumhouri de Nabeul a organisĂ© un meeting en prĂ©sence de ses militants et de ses sympathisants. Hafedh Lousseif coordinateur de Nabeul a affirmĂ© la nature centriste du parti et les valeurs progressistes et dĂ©mocratique que dĂ©fend le parti.

Mustapha Saheb-Ettaba, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti Al Wifek Al Jamhouri devait par la suite prĂ©senter, les grandes lignes du programme de son parti qui est le fruit d’une fusion entre le parti El-Wifak et le parti rĂ©publicain.

Mustapha Saheb Ettaba a mis en exergue la conjoncture dĂ©licate que traverse le pays dans le processus d’instauration de la dĂ©mocratie et de la justice sociale. « Une lourde responsabilitĂ© appartient dĂ©sormais Ă  nous tous : rĂ©ussir cette rĂ©volution qui a enthousiasmĂ© le monde et qui a remis en cause l’ordtre Ă©tabli, dit-il, avant toute chose, ce qui nous fera rĂ©ussir, c’est le sĂ©rieux et le travail. Nous sommes un nouveau parti et sans ces valeurs, rien ne pourra se construire et la libertĂ© acquise se transformera trĂšs vite en gabegie.

Sans ces valeurs, la libertĂ© et la dignitĂ© resteront une illusion. » Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral d’Al Wifek Al Joumhouri a prĂ©cisĂ© que son parti refuse l’instrumentalisation de la religion Ă  des fins politiques. «La religion limite les libertĂ©s et est contraire Ă  l’idĂ©ologie progressiste et moderniste de notre parti qui se veut Ă  caractĂšre civil et qui milite pour la prĂ©servation des objectifs de la rĂ©volution.

Notre parti vise Ă  instaurer une rĂ©publique dĂ©mocratique pluraliste qui fonctionne selon le principe de la sĂ©paration entre la religion et la politique et qui respecte la dignitĂ© des citoyens. La constituante est en danger. C’est pourquoi nous devrons tous nous mobiliser et participer activement Ă  la rĂ©ussite de cette transition dĂ©mocratique. Nous ne devrons pas rester figurants. Notre arme de combat c’est d’aller voter le 23 octobre car selon le dernier sondage 70% des Tunisiens n’ont pas encore adhĂ©rĂ© aux partis. Cette indiffĂ©rence risque de freiner ce processus dĂ©mocratique. C’est pourquoi notre parti appelle chaque Tunisien Ă  bouger et Ă  s’impliquer de prĂšs dans la vie politique du pays. Chacun devra choisir son projet de sociĂ©tĂ© » Zied Chaieb membre du bureau politique a expliquĂ© que le programme d’Al Wifak Al Joumhouri composĂ© de 14 points, est un plan de sauvetage qui s’étale sur 24 mois accorde la prioritĂ© Ă  la sĂ©curitĂ©, Ă  l’emploi, au dĂ©veloppement rĂ©gional et aux revendications sociales, a prĂ©cisĂ© le prĂ©sident du parti lors d’un meeting organisĂ© Ă  Tunis.« Notre programme Ă©conomique permettra de crĂ©er 150 mille postes d’emploi sur une pĂ©riode de 18 mois.

Nous sommes pour une redistribution plus Ă©quitable des richesses. Le droit Ă  l’éducation publique obligatoire et gratuite pour tous les Tunisiens, c’est notre objectif et lĂ  nous appelons Ă  l’élaboration d’un nouveau pacte Ă©ducatif pour un enseignement de qualitĂ© » M Fakhri Belkhiria membre du bureau politique du parti estime qu’il faut aussi garantir l’indĂ©pendance stricte de la justice ainsi que la libertĂ© d’expression des mĂ©dias. « Il faudra mettre en place un pouvoir rĂ©gi

onal avec des parlements dĂ©mocratiquement Ă©lus disposant d’un budget propre et rapprocher l’administration de tous les Tunisiens et particuliĂšrement des ruraux. D’oĂč cette idĂ©e de « Dar Al Idara » sur le modĂšle de guichet unique qui permet aux citoyens, dans un seul lieu, de faire l’essentiel de leurs tĂąches administratives » A propos du pĂŽle dĂ©mocratique moderniste, M Saheb-Ettaba a prĂ©cisĂ© que le pĂŽle qui comprend aujourd’hui plusieurs partis et associations se nourrit de ses convictions et de son attachement aux principes de libertĂ©, d’Ă©galitĂ© et de justice sociales estimant que le lancement dans la bataille Ă©lectorale regroupĂ©s dans une coalition ne peut que consolider notre poids dans le nouveau paysage politique du pays»

Source: “Le Temps” Le 03-07-2011 Lien: http://www.letemps.com.tn/article-57281.html

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