28 septembre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3050 du 28.09.2008

 archives : www.tunisnews.net  


Comité pour la protection des journalistes:  Tunisie: l’oppresseur souriant Committee to Protect Journalists: TunisiaThe smiling opressor Open Net initiatve: Tunisian journalist sues government agency for blocking Facebook, claims damage for the use of 404 error message instead of 403 Le Temps: Gouvernement, partis politiques et Organisations nationales face aux indicateurs de développement – Défi vital : réduire le taux de chômage Le Temps: Chant et musique soufis: Engouement remarquable du public


 Comité pour la protection des journalistes:
Grands reportages

Tunisie: l’oppresseur souriant –

 
SFAX, Tunisie23 septembre 2008      Sur la façade blanchie à la chaux de la prison de Sfax, là même où Slim Boukhdhir a purgé une peine d’un an de prison, un grand portrait du président Zine el-Abidine Ben Ali sourit avec assurance. Officiellement, le journaliste âgé de 37 ans a été mis derrière les barreaux pour avoir insulté un agent de police à un point de contrôle dans Sfax, la deuxième plus grande ville de Tunisie. Mais dans la réalité orwellienne de ce pays ensoleillé d’Afrique du Nord, l’incarcération de Boukhdhir a peu à voir avec le manque de respect envers la police et tout à faire avec le fait d’avoir offensé l’homme qui sourit sur la grande photo.

Boukhdhir, ancien reporter au service arts et culture dans la presse progouvernementale, a fait ce que peu de journalistes tunisiens osent faire : critiquer Ben Ali et les membres de sa famille, qui domine la vie politique et économique de ce pays méditerranéen de 10 millions d’habitants. Les articles de Boukhdhir, publiés en tant que journaliste indépendant sur Internet ou dans des publications étrangères, accusent Ben Ali de pratiques népotiques, comme le fait d’acheminer des fonds de l’Etat vers une école privée dirigée par une de ses nièces. Rapidement, Boukhdhir a attiré l’attention des autorités. Licencié, sous la pression du gouvernement, de son travail au journal Akhbar al-Jumhuriyya, il s’est d’abord vu refuser un passeport puis a été agressé une fois par la police secrète dans le centre-ville de Tunis, peu de temps après avoir publié sur Internet un article critiquant les pratiques commerciales du beau-frère de Ben Ali. Sans se laisser intimider, Boukhdhir a continué d’écrire.

Du coup, en novembre 2007, le gouvernement de Ben Ali a décidé de lui envoyer un message plus clair. Alors que le journaliste se rendait de Sfax à Tunis après avoir été informé qu’il pouvait enfin récupérer son passeport, la police a fait arrêter son taxi en dehors de la ville et lui a demandé de sortir de la voiture. Les agents de police l’ont alors accusé de les avoir insultés – ce que le reporter nie vigoureusement – et l’ont emmené à un poste de police où ils l’ont frappé à plusieurs reprises au visage et l’ont accusé d’être un agent des Américains, selon son témoignage au CPJ.

Le gouvernement a affirmé que l’arrestation de Boukhdhir n’avait aucun lien avec le journalisme. Une semaine plus tard, à l’issue d’une parodie de procès, Boukhdhir a été reconnu coupable d’« insulte à agent public » et de refus de délivrance de papiers d’identité à agent de police. Un témoin a dit à la famille de Boukhdhir que la police avait falsifié ses déclarations en vue d’incriminer le journaliste. De son côté, le juge a interdit que les témoins du parquet soient contre-interrogés. La peine d’un an de prison prononcée contre le reporter était non seulement la plus lourde autorisée par la loi mais, selon les avocats de la défense, elle est sans précédent pour une telle infraction.

A l’issue d’une intense campagne internationale menée par des journalistes et des organisations de liberté de la presse, dont le CPJ, les autorités tunisiennes ont relâché Boukhdhir en juillet, faisant valoir son bon comportement. Mais son emprisonnement témoigne des mesures sévères et sophistiquées prises par le gouvernement tunisien pour museler les médias dissidents tout en se protégeant des critiques internationales. « Ils l’ont envoyé en prison pour le terroriser », déclare Mohammed Abbou, avocat des droits de l’homme qui a été lui-même emprisonné en 2005 pour des articles postés sur Internet et critiquant Ben Ali.

Connue à travers le monde pour ses superbes plages et destinations touristiques, la Tunisie fonctionne tranquillement, à l’intérieur, comme un Etat policier. La presse écrite ne critique pas le président et est largement paralysée par l’autocensure. Les quelques voix critiques qui publient sur Internet, dans des publications étrangères ou dans des hebdomadaires d’opposition à faible diffusion, sont régulièrement harcelées et marginalisées par les autorités.

Le code de la presse tunisien prévoit une panoplie de restrictions à la couverture journalistique, dont l’interdiction catégorique d’offenser le Président, de perturber l’ordre public et de publier ce que le gouvernement estime être de « fausses informations ». Une enquête du CPJ permet d’observer que, si ces lois ont été utilisées depuis des années pour poursuivre les journalistes, les autorités préfèrent désormais avoir recours à des tactiques plus subtiles pour surveiller ceux-ci de près. Par exemple, elles contrôlent le dépôt de publication des médias écrits et l’autorisation de diffuser pour les médias audiovisuels, refusant leur permission aux organes critiques. Elles contrôlent aussi la distribution des subventions et de la publicité publiques, usant ainsi de l’arme économique. Les journaux au franc parler peuvent être confisqués par la police. L’accès aux sites d’information électroniques au ton critique, à ceux appartenant à des organisations internationales de défense des droits de l’homme, ou encore au site très populaire de clips vidéos YouTube, est bloqué par le gouvernement.

Les journalistes indépendants, dont certains sont en même temps des militants des droits de l’homme, ont aussi fait l’objet d’harcèlement. Leurs lignes téléphoniques sont coupées, ils reçoivent des menaces anonymes, sont placés sous surveillance policière, se voient refuser le droit de voyager à l’extérieur du pays, quand leurs mouvements à l’intérieur même du territoire ne sont pas restreints. Ceux qui franchissent les limites de la critique jugée acceptable par les autorités sont la cible de mesures plus sévères comme l’emprisonnement ou des agressions violentes. Un cas notoire fut celui, en 2005, de Christophe Boltanski, du quotidien français Libération, aspergé au gaz lacrymogène, battu et poignardé par quatre hommes non identifiés dans un quartier diplomatique hautement surveillé de Tunis. L’agression avait eu lieu quelques jours avant le sommet organisé par l’Onu sur l’Internet et juste après que Boltanski eut écrit un article décrivant les persécutions à l’encontre des militants des droits de l’homme. Dans des circonstances très similaires, le journaliste tunisien Riad Ben Fadhel avait été blessé, en 2000, par des coups de feu tirés depuis une voiture devant sa maison à Carthage, dans un endroit situé à quelques kilomètres du palais présidentiel, une des zones les plus sûres du pays. Quelques jours avant, il avait signé un article dansLe Monde priant Ben Ali de se retirer du pouvoir à la fin de son mandat.

Depuis 2002, la Tunisie et le Maroc ont emprisonné plus de journalistes qu’aucun autre pays du monde arabe. Pour éviter la critique internationale, les autorités tunisiennes ont eu recours à des accusations non liées à l’activité journalistique. De telles charges ne touchent d’ailleurs pas que les journalistes : en février, les autorités ont mis en prison le comédien Hedi Ould Baballah pour des accusations de drogue largement considérées comme forgées de toutes pièces après qu’il a imité Ben Ali dans un sketch satirique peu flatteur. « Il existe de nombreuses pressions invisibles et indirectes », explique, sous condition d’anonymat, un professeur de journalisme tunisien expérimenté. « Il n’y a pas d’ordonnance officielle pour fermer les journaux ou emprisonner les journalistes. Mais on peut se poser la question : où est la presse indépendante ? » observe-t-il.

Sur le plan international, le gouvernement a recours à une stratégie agressive de relations publiques. Selon les témoignages de journalistes recueillis par le CPJ, le régime fournit aux journalistes de la région des voyages tout frais payés pour couvrir des événements officiels tels que la commémoration annuelle du coup d’état de novembre 1987, qui a porté Ben Ali au pouvoir. Le Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme (ANHRI), basé au Caire, a rapporté que des journaux égyptiens étaient payés pour produire des articles félicitant Ben Ali pour ses « réformes démocratiques » et ses « qualités de dirigeant ».

Les autorités contrent énergiquement la critique dans les forums internationaux en y introduisant des trouble-fêtes. En septembre 2007, un groupe d’entre eux a cherché à monopoliser la discussion lors d’une rencontre à l’université Johns Hopkins où était présent la journaliste et militante des droits de l’homme Sihem Bensedrine. Lorsque des critiques sont publiées dans la presse internationale, les porte-parole du gouvernement réagissent promptement. « Depuis l’accession au pouvoir du président Ben Ali en 1987, la Tunisie a mis en place un processus de réformes progressif mais irréversible visant à ancrer la démocratie, renforcer l’état de droit et promouvoir et protéger les droits de l’homme », écrit ainsi Taoufik Chebbi, chargé de la presse à l’ambassade de Tunisie à Washington, dans une lettre adressée au St. Paul Pioneer Press à la suite d’un rapport du CPJ sur les violations de la liberté de la presse. Chebbi ajoute que, grâce à ses réformes, le paysage politique a « changé de façon spectaculaire ».

De tels changements ne comprennent cependant manifestement pas un dialogue direct avec ceux qui critiquent le bilan du gouvernement. Du Premier ministre Mohamed Ghannouchi au ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem, de hauts responsables n’ont donné aucune suite aux nombreuses demandes de rendez-vous faites par le CPJ pour discuter en Tunisie, entre juin et juillet, des violations de la liberté de la presse.

Perçu comme un rempart contre l’activisme islamiste en Afrique du Nord, Ben Ali jouit de liens forts avec les Etats-Unis et l’Europe. Le département d’Etat américain et le président George W. Bush ont parfois réprimandé le gouvernement pour son bilan en matière de droits de l’homme. Mais la Tunisie demeure un partenaire de confiance des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme. La croissance économique du pays, son appui au droit des femmes et sa stabilité politique impressionnent ses soutiens américains. Beaucoup de ces derniers sont des membres du Congrès, notamment ceux siégeant dans le Groupe sur la Tunisie, récemment constitué et chargé de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. Le gouvernement tunisien accueille régulièrement des délégations du Congrès dans la capitale ensoleillée de Tunis. Alors que les membres du Congrès poussent au resserrement des liens entre les Etats-Unis et la Tunisie, ils observent un silence typique sur le triste bilan tunisien en matière de droits de l’homme et de liberté de la presse, tout en permettant à la presse contrôlée par l’Etat d’exploiter à sa guise ces visites à des fins de propagande.

Le dernier exemple en date est la visite, en juillet, de la députée américaine Betty McCollum, une Démocrate du Minnesota, qui a fait l’éloge de la Tunisie comme « une voix de modération et de sagesse dans le monde », déclaration abondamment reprise par la presse progouvernementale. Journalistes et analystes tunisiens expliquent que ce type de soutien politique représente l’aide étrangère la plus prisée par le régime. Dans un article publié sur le site Internet deThe Hill, McCollum a déclaré qu’elle s’était entretenue en privé avec des organisations de droits de l’homme mais que son voyage était centré sur « la coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme ».

Les liens de la Tunisie avec la France, son principal partenaire commercial, sont encore plus profondément ancrés. A l’instar de son prédécesseur Jacques Chirac, le président français Nicolas Sarkozy entretient des relations chaleureuses avec Ben Ali. Lors d’une visite à Tunis, en avril, il a déclaré : “Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans un pays où je suis venu en ami et qui me reçoit en ami, de m’ériger en donneur de leçons.”  Bien que l’Union européenne critique occasionnellement la Tunisie sur la question des droits de l’homme, ses intérêts politiques et économiques prennent le dessus sur les inquiétudes quant à ces violations par le gouvernement.

“Je ne vois pas au nom de quoi je me permettrais, dans un pays où je suis venu en ami et qui me reçoit en ami, de m’ériger en donneur de leçons”, a déclaré Nicolas Sarkozy à Tunis

Aujourd’hui, beaucoup de journalistes tunisiens qualifiés se plaignent de l’état navrant de leur profession. Ils soulignent l’écart entre leur pays et ses voisins algérien et marocain, où une presse critique a pris racine malgré une dure répression gouvernementale. Plusieurs cas étudiés par le CPJ montrent que des journalistes tunisiens en vue ont quitté le pays pour trouver du travail dans des médias internationaux.

« En Algérie, ils avaient l’habitude d’assassiner les journalistes, mais en Tunisie ils ont tué la profession », dit Taoufik Ben Brik, un journaliste indépendant âgé de 48 ans, en référence à la campagne d’assassinats menée par des groupes armés en Algérie dans les années 90. Critique sévère de Ben Ali, Ben Brik écrit désormais pour des organes d’information internationaux.

C’est uniquement au cours des quatre dernières années que Slim Boukhdhir, un ancien habitué de la presse progouvernementale, a commencé à jeter un regard critique sur le gouvernement de Ben Ali. Au moment de son incarcération, il écrivait plusieurs fois par semaine pour des sites Internet officiellement interdits, comme le populaire Tunisnews, et de temps à autre pour l’hebdomadaire d’opposition Al-Mawkif ainsi que le quotidien Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. « Slim symbolise leur crainte », dit Neziha Rejiba, journaliste indépendante de longue date. « De journaliste ordinaire, il est devenu indépendant. Ce qui lui est arrivé est une façon [pour le gouvernement] de donner une leçon aux autres. »

Ben Ali a affiné sa stratégie de « containment » depuis plus deux décennies. La République de Tunisie n’a connu que deux présidents depuis son indépendance acquise aux dépens de la France, en 1956. Habib Bourguiba, héro nationaliste et « président à vie », a dirigé pendant 31 ans la modernisation et le développement du pays. Sous sa gestion autocratique, la Tunisie n’a guère été une démocratie libérale. Mais il a permis une petite dose d’expression politique dans l’opposition et les journaux indépendants. Alors que sa présidence devenait plus chaotique dans ses dernières années au pouvoir, cette marge de manœuvre du débat critique s’est rétrécie et les fermetures de journaux et la censure ont augmenté.

Lorsque Ben Ali, alors Premier ministre, a déposé le président Bourguiba, les Tunisiens ont eu un moment d’optimisme avec la libération des prisonniers politiques et la promesse d’élections. « De 1987 à 1989, la Tunisie a connu une sorte de printemps [politique] », raconte Rachid Kechana, rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’opposition tunisien Al-Mawkif. « Des élections étaient prévues et les gens pensaient faire l’expérience du pluralisme. Mais ce fut la déception. Après cela, l’Etat est devenu plus autoritaire et la presse en a été la première victime. »

Ben Ali a d’abord réprimé l’opposition islamiste, puis toute personne n’étant pas d’accord avec son régime. Journaux indépendants au ton critique ou journaux d’opposition – comme Le Maghreb, Al Badil et l’hebdomadaire islamiste Al-Fajr – ont été purement et simplement fermés ou contraints de le faire sous la pression du gouvernement. Le directeur du journal Al-Rai, par exemple, a été poussé à fermer cet hebdomadaire indépendant après que Rejiba a, dans une rubrique, questionné les qualités politiques de Ben Ali et émis des doutes sur ses intentions démocratiques.

Le gouvernement de Ben Ali a largement réussi à vider de sa sève le journalisme national. La presse écrite généraliste est dominée par des publications progouvernementales fournissant une couverture servile du président, le louant comme l’architecte du changement et un héraut de la liberté. En 2007, un rapport du département d’Etat américain a conclu que même les médias théoriquement privés prenaient des ordres auprès de hauts membres du gouvernement et que « tous les médias sont soumis à une importante pression gouvernementale sur certains sujets ». Les « unes » des journaux montrent tous les jours la photo d’un Ben Ali bienveillant, parfois en train de rencontrer un dignitaire étranger, parfois en simple portrait. Les pages intérieures sont remplies de nouvelles sportives et de société. La critique, occasionnelle, est de nature générale et évite de mentionner une autorité par son nom ou de dire que c’est la faute de la politique gouvernementale. En juin, alors que les Tunisiens de la ville méridionale de Redeyef manifestaient contre le chômage, le népotisme et l’augmentation du coût de la vie, les quotidiens faisaient leur une sur les étudiants en train de passer leur baccalauréat.

Le ministère de l’Intérieur enregistre tous les médias écrits, refusant son autorisation à des titres perçus comme indépendants. Au cours de cette décennie, le gouvernement a mis en place l’Agence nationale des fréquences, chargée de délivrer les autorisations de diffusion aux opérateurs privés. Mais ses critères d’approbation n’ont jamais été rendus publics et le CPJ a constaté que plusieurs candidats indépendants n’ont pas même reçu de réponse de l’agence. Cette agence a autorisé une station de télévision et trois radios. Toutes sont la propriété de milieux d’affaires proches du régime. De surcroît, les autorisations interdisent à ces stations de diffuser toute information politique, à l’exception des dépêches de l’agence de presse gouvernementale.

« Les journalistes sont toujours en train de se demander si les autorités vont accepter ce qu’ils écrivent. Ils ne parlent jamais de ce que les lecteurs veulent. Parfois, une critique apparaît dans la presse quotidienne mais elle n’est pas dirigée vers les principaux décideurs », dit un journaliste chevronné travaillant dans la presse progouvernementale et s’exprimant sous condition d’anonymat, par crainte de représailles.

Cette crainte est bien fondée. Par le biais de l’Agence tunisienne de la communication extérieure (ATCE), le gouvernement répartit les budgets publicité des agences gouvernementales et des compagnies publiques et punit les publications critiques en pratiquant la rétention de publicité, selon les témoignages de journalistes recueillis par le CPJ. Selon les mêmes sources, les annonceurs privés ont l’habitude de suivre le gouvernement quand celui-ci retire sa publicité à un organe. L’ATCE opère de façon opaque. Elle ne divulgue pas les directives suivies pour l’attribution des encarts publicitaires. Oussama Romdhani, directeur général de l’ATCE, n’a pas répondu aux demandes répétées du CPJ.

Malgré ce vieux passif d’entraves à la presse, Ben Ali fait fréquemment de faux appels à la fin de l’autocensure. « Nous avons toujours considéré la liberté d’expression comme un droit de l’homme fondamental », affirme-t-il en mai dans une dépêche de Reuters. « Nous réitérons notre appel à redoubler d’efforts (…) pour diversifier et enrichir les espaces de dialogue dans les différents médias afin de garantir une information nationale enrichie et audacieuse, (…) loin de toutes les formes d’autocensure et de censure externe. »

Raouf Cheikhrouhou, directeur de la société de presse Dar al-Sabah et l’un des rares hauts responsables de l’information progouvernementaux à avoir accepté de recevoir le CPJ, défend ses publications et assure de leur indépendance. Interrogé sur les raisons pour lesquelles ses journaux, dont l’influent quotidien Al-Sabah, qui diffuse à 40 000 exemplaires, ne s’intéressent pas à la corruption au sein de l’Etat et ne critiquent pas des responsables de haut rang, il dit que c’est à cause de la loi. « Ici, en Tunisie, il y a une loi sur la presse et vous ne pouvez pas sortir de la loi », dit-il. « Selon la loi, nous ne pouvons pas offenser le président. La Tunisie n’est pas l’Europe. C’est un pays arabe et musulman. (…) Nous avançons pas à pas et je crois que la presse va dans la bonne direction. »

Lorsque les journaux progouvernementaux se mettent à pratiquer un journalisme agressif, cela consiste souvent à salir les journalistes et militants indépendants. Des journaux comme Echourouk, le plus important quotidien en matière de distribution, et les hebdomadairesAssarih et Al-Hadath, publient régulièrement des attaques personnelles contre des journalistes, les qualifiant de « traîtres » et « d’agents de l’étranger ». Les responsables de la rédaction de ces journaux n’ont pas répondu aux demandes d’entretien du CPJ.

A l’autre extrémité de l’échiquier d’une presse progouvernementale généreusement financée, on trouve de tout petits journaux d’opposition et des publications électroniques faisant face à d’énormes obstacles. Toutes publications confondues, leur diffusion représente environ 30 000 exemplaires par semaine (Echourouk, quotidien progouvernemental, aurait à lui seul une diffusion de 80 000 ex.). Ces journaux sont plus chers et marquent tous des limites à leur couverture politique.

Dans la réalité, seuls deux journaux d’opposition – les hebdomadaires Al-Mawkif, qui appartient au Parti démocratique progressiste, et Mouatinoun, lié au Forum démocratique pour le travail et les libertés – appliquent ce qui peut être qualifié de politique éditoriale agressive constante. Les autres dépendent des subventions de l’Etat pour un montant d’environ 90 000 dinars tunisiens par an (75 000 dollars US), reçoivent de lucratifs encarts publicitaires des agences de l’Etat et des compagnies publiques et sont, en conséquence, politiquement dociles.

Rachid Kechana, le rédacteur en chef affable de Al-Mawkif, a mené une incessante bataille pour publier son hebdomadaire depuis sa reparution dans les kiosques, en 2001, après une suspension de sept ans. Avec l’aide de cinq employés, Kechana remplit les pages de son journal d’articles introuvables dans le reste de la presse : rapports d’organisations de droits de l’homme critiquant le bilan du gouvernement, articles sur des contrats fonciers douteux par des membres du gouvernement, ou sur l’augmentation du prix de l’alimentation. Il fait tout cela avec très peu de moyens. Contrairement aux autres journaux d’opposition, Al-Mawkif ne reçoit pas de subvention de l’Etat (selon la loi, les partis doivent disposer de représentants actifs au parlement et le sien n’en a pas) et est largement boycotté par les annonceurs. Son journal survit par conséquent grâce aux ventes en kiosque et Kechana, qui travaille aussi comme correspondant à Tunis du quotidien Al-Hayat basé à Londres, ne peut pas toucher de salaire.

Pourtant, son journal est passé de 4 à 12 pages, son tirage a décuplé pour atteindre 10 000 exemplaires et il s’est enhardi dans son travail d’information. Son influence grandissante a entraîné une plus grande pression du gouvernement, ce qui a posé de nouvelles difficultés. Dépendant de ses ventes en kiosque, Al-Mawkif peut être paralysé financièrement chaque fois que le gouvernement le décide. « Chaque semaine, nous devons calculer le risque. Quand nous choisissons un titre, nous devons penser à quel point il va contrarier le gouvernement », raconte Kechana.

En mars, la réponse à cette question est venue après que le journal a publié une série d’articles coriaces sur les violations des droits de l’homme, sur un contrat douteux impliquant un homme d’affaires proche de Ben Ali, et sur la téméraire candidature à l’élection présidentielle de l’ancien chef du Parti démocratique progressiste, Nejib Chebbi. Peu après, des exemplaires du journal ont commencé à disparaître des kiosques. Pendant quatre semaines entre mars et avril, les vendeurs ont dit que la police secrète a ramassé les exemplaires par paquets, selon Kechana. Al-Mawkif a aussi découvert de nombreux exemplaires non distribués dans les bureaux de son distributeur, Sotupresse. Les comptes du journal montrent une chute drastique de ses ventes, jusqu’à seulement 744 exemplaires en une semaine. Saleh Nouri, directeur général de Sotupresse, nie l’allégation contre lui, affirmant que sa société opère « librement ». Les autorités tunisiennes n’ont pas souhaité rencontrer le CPJ à ce sujet.

En même temps que les exemplaires du journal étaient retirés de la circulation, Al-Mawkif a été la cible d’une demande de dommages et intérêts d’un montant de 500 000 dinars (415 000 dollars US), déposée par cinq distributeurs d’huile de cuisine. Ces sociétés prétendent que le journal a publié de fausses nouvelles dans un commentaire appelant à ce qu’une enquête soit menée sur les informations selon lesquelles de l’huile de cuisine contaminée était illégalement exportée vers l’Algérie. La plainte a été déposée alors qu’aucune de ces cinq sociétés n’avait été nommée dans l’article et que le commentaire était basé sur le reportage publié dans le quotidien algérien Al-Khabar. Hassan al-Thabeet, avocat représentant ces entreprises, affirme avoir été contacté séparément par celles-ci et qu’elles n’ont pas agi de concert. Il a refusé de faire tout autre commentaire.

Mouatinoun, hebdomadaire critique fondé en 2007 comme la voix du Forum démocratique pour le travail et les libertés, fait face à des obstacles économiques et politiques comparables. Mustafa Ben Jaafar, chef bienveillant de ce parti et aussi directeur du journal, publie Mouatinoun grâce à des employés bénévoles installés dans un appartement de quatre pièces au centre-ville de Tunis. Il vend environ 1000 exemplaires par numéro. Il dit qu’il ne peut obtenir aucune publicité des compagnies publiques et que les vendeurs cachent son journal dans leurs kiosques. Des membres de la sécurité en civil surveillent le bâtiment où se trouve la rédaction. « Ils sont là 24 h/24 », dit Ben Jaafar. « Il s’agit d’une forme d’intimidation à l’encontre de citoyens lambda. »

Aux yeux de ce gouvernement soucieux de son image, il est préférable de marginaliser ces journaux que de les faire fermer. « Le gouvernement a besoin de Al-Mawkif pour montrer au monde qu’il possède des médias ouverts alors qu’en réalité cette ouverture est strictement limitée », dit Lofti Hajji, le correspondant d’Al-Jazeera à Tunis.

Dans une rue qui donne sur la rue Al-Hurriya, on peut repérer le siège de Kalima à la présence d’agents de lasécurité assis 24 h/24 sur des chaises en plastique en face de l’immeuble. Mais police secrète mise à part, Kalima n’est pas un organe d’information comme les autres. Fondé en 2000 par la journaliste/militante Sihem Bensedrine, Kalima publie en arabe et en français des critiques cinglantes de Ben Ali et de sa famille, ainsi que des articles sur la torture et les violations des droits de l’homme. Son bureau, exigu et mal éclairé, sert aussi de siège au Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), une organisation locale de droits de l’homme, ainsi qu’à l’Observatoire de la liberté de presse, de publication et de création (OLPEC).

Cette année, pour la cinquième fois en neuf ans, Bensedrine a demandé la permission de produire une version imprimée de Kalima. Mais les responsables au ministère de l’Intérieur n’ont pas accepté sa requête. Kalima continue d’être diffusé à quelques centaines d’exemplaires polycopiés non autorisés, mais il est essentiellement diffusé sur Internet et par courrier électronique. L’accès de son site Internet est bloqué en Tunisie mais est très lu à l’étranger.

Kalima fait partie d’un nombre croissant de samizdats électroniques qui surgissent hors de portée des censeurs. Son approche agressive de l’information et du commentaire politique en a fait la cible d’un harcèlement intense prenant la forme de menaces, d’intimidation, d’agressions violentes, et d’emprisonnement. Bensedrine et la rédactrice en chef Neziha Rejiba disent que leurs bureaux sont régulièrement cambriolés et qu’elles arrivent le matin pour trouver les ordinateurs allumés et les fichiers imprimés. « Ils veulent nous montrer que nous ne travaillons pas dans un environnement sûr », dit Bensedrine. Tout comme les autres journalistes indépendants, leurs boites de courrier électronique sont noyautées par des programmes malveillants. Un jour, tous les e-mails en attente pour Bensedrine ont disparu après qu’elle a ouvert l’un d’entre eux.

Bensedrine a été emprisonnée pendant six semaines en 2001 après avoir parlé de corruption et de violations des droits de l’homme dans un entretien avec une chaîne de télévision par satellite. Elle a été la cible de nombreuses agressions, comme celle, en 2004, où de présumés agents de la police secrète l’ont frappée au visage et à la poitrine. Dans les journaux progouvernementaux comme Ashourouq, Assarih, et Al-Hadath, elle a été la cible d’attaques personnelles virulentes, étant traitée de prostituée, de « créature du diable » et de « vipère haineuse ». L’un de ceux ayant conduit des attaques, Abdelhamid Riahi de Ashourouq, a plus tard été décoré par le Président pour accomplissements dans le domaine de la culture.

En 2007, Omar Mestiri, militant des droits de l’homme et directeur général de Kalima, a été la cible d’une plainte fallacieuse pour diffamation, déposée par Mohammed Baccar, un avocat étroitement lié aux autorités gouvernementales. L’affaire repose sur un article publié en septembre 2006 dans lequel Mestiri critique la décision du barreau tunisien de revenir sur la radiation de Baccar. Le parquet n’a pas contesté la véracité de cette information mais a exigé que Mestiri dévoile ses sources. Finalement, Baccar a retiré sa plainte. Mais le lendemain même, des pyromanes non identifiés ont mis le feu au bureau d’Ayachi Hammami, l’avocat des droits de l’homme chargé de la défense de Mestiri. Certains types de sujets sont hors de portée, même pour les journalistes tunisiens les plus entreprenants. En janvier et dans les mois suivants, des manifestations violentes contre le chômage, le népotisme et l’augmentation des prix alimentaires ont secoué la ville minière de Redeyef, au Sud du pays. Mais il n’y a eu virtuellement aucune couverture de ces événements. Journalistes et militants disent que les forces gouvernementales ont bouclé la ville et interdit aux non résidents et aux journalistes d’y pénétrer. En juin, les autorités ont détenu pendant deux jours le reporter et militant Hadi al-Ridaoui après qu’il a pris des photos et interviewé dans l’hôpital de la ville voisine de Gafsa des manifestants blessés.

« On peut écrire tout ce qu’on veut sur le sport. Mais sur des questions importantes pour la société, comme les manifestations à Redeyef, la presse ne peut rien faire, à part imprimer ce que veut le gouvernement », dit Hajji, le correspondant d’Al-Jazeera.

La situation dans laquelle se trouve Hajji illustre les sérieuses limites que le gouvernement est prêt à imposer à la presse internationale. L’ATCE contrôle les correspondants étrangers en requérant d’eux qu’ils obtiennent une accréditation gouvernementale et qu’ils aient la permission explicite de couvrir tout événement officiel. Depuis 2004, les autorités ont refusé d’accréditer Hajji, dans le cadre d’une vieille querelle entre le gouvernement tunisien et Al-Jazeera à propos de la couverture des dissidents dans le pays. Hajji n’a pas de bureau et n’est pas autorisé à couvrir l’actualité, bien qu’il continue à envoyer des reportages pour le site Internet d’Al-Jazeera et d’autres articles par e-mail. Selon lui, la police arrive si souvent au lieu de ses rendez-vous et entretiens qu’il est évident qu’elle surveille ses conversations téléphoniques. En mai, alors qu’il se rendait à l’audience concernant la plainte contre Kechana à propos de l’huile de cuisine, la police l’a retardé à un péage jusqu’à ce que l’audience ait été achevée.

Si beaucoup de journalistes indépendants travaillent encore, d’autres perdent espoir. Alors que Ben Ali se prépare pour un cinquième mandat en 2009, les reporters se préparent à de nouvelles mesures de répression visant à s’assurer de la réélection sans heurt du Président pour cinq années supplémentaires. « Il n’y a pas de place pour un projet de presse indépendant aujourd’hui », constate le professeur de journalisme tunisien. Pour du travail de propagande, oui, dit-il. Pour des projets commerciaux, assurément. Et nul doute qu’il y aura toujours beaucoup d’argent de l’Etat pour donner bon teint à l’image internationale de la Tunisie.

Mais le cas de Hajji – comme ceux de Boukhdhir, Bensedrine, Kechana, et d’autres – illustre la détermination du gouvernement à contrôler l’information et à réprimer la libre expression. Tant que la situation ne changera pas, tant que les alliés internationaux de la Tunisie n’élèveront pas la voix pour que cela change, les chances que prennent corps les libertés politiques en Tunisie seront gravement limitées.

Joel Campagna était le responsable du programme du Moyen-Orient et de l’ Afrique du Nord du CPJ.

(Source: le site du Comité pour la protection des journalistes le 23 septembre 2008)

lien: http://www.cpj.org/smiling/version_francaise.html


 
A special report on Tunisia from the Committee to Protect Journalists

The smiling opressor

 
SFAX, Tunisia                                                                         Posted September 23, 2008 A large photo of President Zine El Abidine Ben Ali smiled assuredly from the whitewashed façade of Sfax Prison, where Slim Boukhdhir was serving a one-year jail term. Officially, the 37-year-old journalist was behind bars for insulting a police officer at a checkpoint in Sfax, Tunisia’s second largest city. But in the Orwellian reality of this sunny North African nation, Boukhdhir’s incarceration had little to do with disrespecting police and everything to do with offending the man in the photo. Boukhdhir, a one-time arts and culture writer with the pro-government press, did what few Tunisian journalists dare: He criticized Ben Ali and his family members, who dominate political and economic life in Tunisia, a Mediterranean country of 10 million. Boukhdhir’s freelance pieces, published online and for foreign publications, accused Ben Ali of nepotism such as funneling state money to a private school run by a niece. Boukhdhir quickly attracted the attention of the authorities. He was dismissed from his day job at the newspaper Akhbar al-Jumhuriyya under government pressure, was refused a passport, and on one occasion was assaulted by secret police in downtown Tunis shortly after writing an online piece criticizing the business practices of Ben Ali’s son-in-law. Undeterred, Boukhdhir kept writing. So, in November 2007, the Ben Ali government sent him a stronger message. As the journalist headed from Sfax to Tunis after being told he could at last collect his passport, police stopped his cab outside the city and ordered him out of the car. The officers accused Boukhdhir of insulting them—a charge the writer vigorously denied—and then took him to a police station where they punched him repeatedly in the head and accused him of being an American agent, the journalist told CPJ. The government said Boukhdhir’s arrest had nothing to do with journalism. A week later, after a farcical trial, he was convicted of “insulting a public employee” and refusing to hand over identification to a police officer. A witness told Boukhdhir’s family that police falsified his statements to incriminate the journalist. The judge at Boukhdhir’s trial prohibited the government’s witnesses from being cross-examined. The one-year sentence was not only the maximum allowed by law, it was unheard of for such an offense, defense lawyers said. “They sent him to prison in order to terrorize him,” said human rights lawyer Mohammed Abbou, himself jailed in 2005 for online articles criticizing Ben Ali. Following an intensive international campaign by journalists and press freedom groups, including CPJ, Tunisian authorities released Boukhdhir in July, citing good behavior, but his imprisonment illustrates the harsh and elaborate measures Tunisia’s government uses to stifle media dissent while trying to insulate itself from international criticism. Known across the world for its stunning beaches and tourist locales, Tunisia quietly operates a police state at home. The print press does not criticize the president and is largely paralyzed by self-censorship. The few critical voices who do write on the Internet, for foreign publications, and for low-circulation opposition weeklies are regularly harassed and marginalized by the Tunisian authorities. Tunisia’s press code outlines an array of coverage restrictions—including outright bans on offending the president, disturbing public order, and publishing what the government deems “false news.” While such laws have been used to prosecute journalists over the years, authorities prefer to use more subtle tactics to keep those voices in check, a CPJ investigation found. They control the registration of print media and licensing of broadcasters, refusing permission to critical outlets. They control the distribution of government subsidies and public sector advertising, thus wielding an economic weapon. Outspoken newspapers are subject to confiscation by police. Critical online news sites, those belonging to international rights groups, and the popular video-sharing site YouTube are blocked by the government. Independent journalists, some of whom double as human rights activists, have also been targets of harassment. Their phone lines are cut, they receive anonymous threats, they are placed under police surveillance, they are denied the right to travel outside the country, and even their movements inside the country have been curtailed. Those who exceed the authorities’ acceptable boundaries for criticism are targeted with harsher measures such as imprisonment or violent attack. In one notorious 2005 case, Christophe Boltanski of the French daily Libération was pepper sprayed, beaten, and stabbed by four unidentified men in the highly patrolled diplomatic quarter of Tunis. The attack came just days before a U.N.-sponsored summit on the Internet—and right after Boltanski wrote an article describing persecution of human rights activists. In strikingly similar circumstances, Tunisian journalist Riad Ben Fadhel was wounded in a 2000 drive-by shooting outside his home in Carthage—a spot within miles of the presidential palace, one of the most secure areas in the country. Days before, he had written an article for Le Monde urging Ben Ali to step down after his term expired. Tunisia and Morocco have jailed more journalists than any other nation in the Arab world since 2002. Tunisian authorities have used charges unrelated to journalism as a way to protect themselves from international scrutiny. (Such charges extend beyond journalism. In February, authorities imprisoned comedian Hedi Ould Baballah on what were widely viewed as trumped-up drug charges after he imitated Ben Ali in an unflattering skit.) “There are a lot of invisible, indirect pressures,” said one veteran Tunisian journalism teacher, who spoke only on condition of anonymity. “There are no official orders to close papers down or jail journalists. But you ask yourself, where is the independent press?” Internationally, the government employs an aggressive public relations strategy. The regime provides expense-paid junkets to regional journalists to cover official events such as the annual commemoration of the November 1987 coup that brought Ben Ali to power, journalists told CPJ. The Cairo-based Arab Network for Human Rights Information (ANHRI) reported in 2007 that Egyptian journalists were paid to produce stories praising Ben Ali’s “democratic reforms” and “leadership skills.” Authorities aggressively counter criticism at international forums by recruiting “spoilers.” In September 2007, one such group sought to dominate the discussion at a Johns Hopkins University event featuring journalist and human rights activist Sihem Bensedrine. When criticism is published in international newspapers, government spokespeople respond swiftly. “Since President Ben Ali’s accession to power in 1987, Tunisia has implemented a progressive but irreversible reform process aiming at anchoring democracy, strengthening the rule of law, and promoting and protecting human rights,” wrote Taoufik Chebbi, press counselor to the Tunisian embassy in Washington, in a letter to the St. Paul Pioneer Press that followed a CPJ account of press freedom abuses. Chebbi said reforms have “spectacularly changed” the political landscape. Those changes, however, do not include direct engagement with those critical of the government’s record. Top officials, from Prime Minister Mohamed Ghannouchi to Interior Minister Rafik Belhaj Kacem, ignored numerous requests from CPJ to meet in Tunisia in June and July to discuss press freedom abuses. Seen as a bulwark against Islamist militancy in North Africa, Ben Ali enjoys strong relations with the United States and Europe. The U.S. State Department and President George W. Bush have occasionally taken the government to task for its human rights record, but Tunisia is a trusted partner in the U.S. war on terrorism and has impressed U.S. supporters with its economic growth, support for women’s rights, and political stability. Many of its U.S. supporters are members of Congress, particularly those serving on the recently formed Tunisia Caucus, which is tasked with boosting bilateral relations. The Tunisian government regularly welcomes Congressional delegations to the sunny capital of Tunis. As members of Congress push for closer U.S.-Tunisian ties, they typically remain silent about Tunisia’s poor human rights and press freedom record while allowing Tunisia’s state-controlled press to exploit their visits for propaganda. In the latest example, U.S. Rep. Betty McCollum, a Democrat from Minnesota, praised Tunisia during a July visit as a “voice of moderation and wisdom in the world,” a statement that was trumpeted in the pro-government press. Tunisian journalists and analysts say this type of political support is the foreign assistance the regime wants most. (In a piece published on The Hill Web site, McCollum said she spoke privately with human rights groups but her trip focused “on security cooperation and counterterrorism.”) Tunisia’s ties with France, its leading trade partner, run deeper still. Like predecessor Jacques Chirac, French President Nicolas Sarkozy has warm relations with Ben Ali, declaring during an April visit to Tunis: “In a country where I come as a friend and I am received as a friend, I do not see why I would take it upon myself to give lessons.” Although the European Union occasionally criticizes Tunisia on human rights, its political and economic interests override concerns about the government’s human rights abuses. Today, many of Tunisia’s skilled journalists lament the sorry state of their profession, noting the gap between their country and neighbors such as Algeria and Morocco, where a vocal press has taken hold despite severe government repression. In several cases documented by CPJ, prominent Tunisian journalists have left the country to find work with international news organizations. “They used to assassinate journalists in Algeria, but in Tunisia they murdered the profession,” said Taoufik Ben Brik, a 48-year-old independent journalist, referring to a murderous campaign by armed groups in Algeria in the 1990s. A harsh critic of Ben Ali, Ben Brik now writes for international news outlets. It was only over the last four years that Slim Boukhdhir, once a veteran of the pro-government press, turned a critical eye toward the Ben Ali administration. By the time he was jailed, Boukhdhir was writing several times a week for officially banned Web sites such as the popular Tunisnews, and occasionally for the opposition weekly Al-Mawkif and the London-based daily Al-Quds al-Arabi. “Slim represents what they are afraid of,” said long-time independent journalist Neziha Rejiba. “He went from being an ordinary journalist in Tunisia to an independent one. What happened to him is a way [for the government] to teach others.” Ben Ali has honed this containment strategy over two decades. The modern republic of Tunisia has known only two presidents since its independence from France in 1956. Habib Bourguiba, the nationalist hero and “president for life,” led Tunisia’s modernization and development over the course of 31 years. Under his autocratic hand, the country was hardly a liberal democracy, but he did permit a modest amount of political discourse in opposition and independent newspapers. As Bourguiba’s leadership became more erratic in his final years in power, the leeway for critical debate shrank as closings and censorship of newspapers grew. When then-Prime Minister Ben Ali deposed Bourguiba, Tunisians felt a sense of optimism as political prisoners were freed and elections were promised. “From 1987 to 1989 there was a kind of [political] spring in Tunisia,” said Rachid Kechana, the editor of Tunisia’s opposition weekly newspaper Al-Mawkif. “There were elections coming up and people thought they were experiencing pluralism. But it was a deception. After this, the state became more authoritarian and the press was the first casualty.” Ben Ali cracked down first on Islamist opposition and then on anyone who disagreed with the regime. Critical independent and opposition newspapers such as Le Maghreb, Badil, and the Islamist weekly Al-Fajr were shuttered outright or forced to close under government pressure. The publisher of Al-Rai, for example, closed the independent weekly under pressure after Rejiba wrote a column questioning Ben Ali’s political skills and expressing doubts about his democratic intentions. Ben Ali’s government has largely succeeded in taking the life out of the country’s journalism. The mainstream print press is dominated by pro-government publications that offer fawning coverage of Ben Ali, praising him as an architect of change and a promoter of liberty. A 2007 U.S. State Department report found that even nominally private media take direction from senior government officials and that “all media were subject to significant governmental pressure over subject matter.” Front pages feature a daily photo of a beneficent Ben Ali, sometimes meeting with a foreign dignitary and sometimes simply in portrait. The inside pages are heavy with social news and sports. The occasional criticism is general and avoids mentioning officials by name or faulting government policies. In June, as Tunisians in the southern town of Redeyef were demonstrating against unemployment and the rising cost of living, front page news in the daily press was dominated by Tunisian students who passed their baccalaureate exams. The Interior Ministry registers all print media, denying approval to titles perceived as independent. This decade, the government set up the National Frequencies Agency to license private broadcasters, but its approval criteria have never been disclosed, and several independent applicants have never even gotten a response from the agency, CPJ found. The agency has licensed one television station and three radio broadcasters, but all are owned by business interests close to the regime. Even so, the licenses bar the stations from broadcasting any political news except bulletins from the government news agency. “Always on the minds of journalists is whether the authorities will accept what they write. They never talk about what the readers want. Sometimes there is criticism in the daily press, but it’s not directed at the main decision-makers,” said one senior journalist working for the pro-government press. He spoke on condition he not be identified, citing fear of retribution. The fear is well-grounded. The government, through the Tunisian External Communication Agency (ATCE), distributes advertising from government agencies and publicly owned companies, and punishes outspoken newspapers by withholding advertising, journalists told CPJ. Private advertisers typically follow suit when the government pulls advertising, these journalists said. The ATCE operates opaquely: It doesn’t disclose guidelines on how it doles out ads, and ATCE Director General Oussama Romdhani did not respond to CPJ’s repeated calls seeking comment. Despite this long record of hindering the press, Ben Ali frequently issues disingenuous calls for an end to self-censorship. “We have constantly considered freedom of expression as a fundamental human right,” Reuters quoted Ben Ali as saying in May. “We reiterate our call to redouble efforts … to diversify and enrich spaces of dialogue in the various media to guarantee a developed and audacious national information … away from all forms of self-censorship and external censorship.” Raouf Cheikhrouhou, manager of the Dar al-Sabah media company and one of the few pro-government news executives who agreed to meet with CPJ, defended his publications and said they were independent. Asked why his newspapers, which include the influential 40,000-circulation daily Al-Sabah, do not look into government corruption or criticize high level officials, he blamed the law. “Here in Tunisia there is a press law and you cannot go outside the law,” he said. “Under the law we cannot offend the president. Tunisia is not Europe. It is an Arab, Muslim country. … We are going step by step and I think the press is going the right way.” When pro-government papers do undertake aggressive journalism, it often entails smearing independent reporters and activists. Newspapers such as the leading circulation daily Echourouk, the weekly Assarih, and the weekly Al-Hadath frequently publish baseless personal attacks on journalists, calling them “traitors” and “foreign agents.” Editors from these papers did not respond to CPJ’s calls seeking comment. At the other end of the spectrum from the well-funded pro-government press are tiny opposition papers and online publications that face enormous obstacles. Collectively, their circulation is about 30,000 copies weekly (the pro-government tabloid daily Echourouk reportedly distributes 80,000 alone), they cost more to buy, and they all face limits in their political coverage. In practice, only two opposition newspapers—the weeklies Al-Mawkif, which belongs to the Progressive Democratic Party, and Mouatinoun, affiliated with the Democratic Forum for Labor and Liberties—have what could be considered a consistently aggressive editorial policy. The others depend on government subsidies to the tune of about 90,000 Tunisian dinars (US$75,000) annually, are handed lucrative advertising from government agencies and public-owned companies, and are politically tame as a result. Rachid Kechana, the affable editor of Al-Mawkif, has been waging a constant battle to publish his weekly since it reappeared on newsstands in 2001 following a seven-year hiatus. Kechana, with the help of five staffers, fills his papers’ pages with stories not found in the rest of the press—reports from human rights groups criticizing the government’s record, articles about questionable land deals by government officials, and stories about rising food prices. He has done it all on a shoestring budget. Unlike most other opposition papers, Al-Mawkif doesn’t receive government subsidies (under the law, parties must have active representatives in parliament and his does not), and has been largely blacklisted by advertisers. As a result, the paper survives on its newsstand sales, and Kechana, who doubles as Tunis correspondent for the London-based daily Al-Hayat, is unable to take a salary. Still, the paper has grown from four to 12 pages, its print run has increased tenfold to 10,000 copies, and it has grown bolder in its news coverage. With the paper’s rising influence has come increased government pressure—and that has caused new problems. Dependent on newsstand sales, Al-Mawkif can be crippled financially whenever the government decides to interfere. “Every week, we have to calculate the risk. When we choose a headline, we have to think how much it will antagonize the government,” Kechana said. The paper found out in March, when it ran a series of tough stories on human rights abuses, a questionable deal involving a businessman close to Ben Ali, and the long-shot presidential candidacy of the Progressive Democratic Party’s former head, Nejib Chebbi. Soon after, copies of the newspaper began to disappear from kiosks. Over a four-week period in March and April, vendors reported that secret police scooped up copies in bulk, Kechana said. Al-Mawkif also discovered large numbers of copies undistributed in the offices of its circulation contractor, Sotupresse. Al-Mawkif records show a drastic drop in sales, reaching a low of 744 copies in one week. Sotupresse Director General Saleh Nouri denied suggestions that copies were being withheld, saying his company operates “freely.” Tunisian officials would not meet with CPJ to comment on the case.  At the same time copies were being taken out of circulation, Al-Mawkif found itself the target of a 500,000-dinar (US$415,000) lawsuit brought by five Tunisian cooking oil distributors. The companies claimed the paper published false news in an opinion piece calling for an investigation into news reports that contaminated cooking oil was illegally exported to Algeria. The suit was brought by the companies although they were not named in the article and the commentary was based on a report in the Algerian daily Al-Khabar. Hassan al-Thabeet, the lawyer representing the companies, said they contacted him separately to file the suit and had not acted in concert. He declined other comment. The outspoken weekly Mouatinoun, founded in 2007 as the mouthpiece of the Democratic Forum for Labor and Liberties, faces similar political and economic obstacles. The avuncular party head, Mustafa Ben Jaafar, who is also the paper’s director, publishes with a volunteer staff from a four-room apartment in downtown Tunis, selling about 1,000 copies per issue. He says he can get no advertising from public companies and that newspaper vendors hide his paper in their kiosks. Plainclothes security agents sit outside the apartment building on watch. “They are there 24 hours a day,” Ben Jaafar said. “This is a form of intimidation for ordinary citizens.” For the image-conscious government, marginalizing these papers is preferable to shutting them down. “The government needs Al-Mawkif to show the world that it has an open media—when in reality it is completely restricted,” says Lotfi Hajji, Tunis correspondent for Al-Jazeera. You can spot the offices of Kalima, just off of Al-Hurriya Street, by the security agents planted in plastic chairs opposite the building 24 hours a day. Secret police aside, Kalima is not your average Tunisian news outlet. Founded in 2000 by the journalist-activist Sihem Bensedrine, Kalima publishes biting critiques in Arabic and French of Ben Ali and his family, as well as stories about torture and human rights abuses. Its cramped, poorly lit office also serves as headquarters for the National Council for Liberties in Tunisia (CNLT), a local human rights group, and the press freedom group the Observatory for the Freedom of Press, Publishing, and Creation. This year, for the fifth time in nine years, Bensedrine sought permission to produce a print edition of Kalima, but officials at the Ministry of Interior would not accept her application. Kalima still prints a few hundred unauthorized copies on a photocopy machine, but it mainly publishes on the Internet and by e-mail. The site is blocked in Tunisia, although it is widely read abroad. Kalima is part of a small but growing samizdat electronic media that has emerged beyond the censors’ reach. Its aggressive approach to news and political commentary has made the paper the target of intensive harassment in the form of threats, intimidation, violent attacks, and jail. Bensedrine and Editor-in-Chief Neziha Rejiba say their offices are regularly burglarized; they return to work in the mornings to find computers turned on and files printed out. “They want to show us we are not in a secure environment,” Bensedrine said. As with other independent journalists, their e-mail accounts are infiltrated by malicious programs. Bensedrine’s entire e-mail queue once vanished after she clicked open an e-mail. Bensedrine was imprisoned for six weeks in 2001 after discussing corruption and human rights abuses during a satellite television interview. She has been the target of numerous assaults, such as a 2004 attack in which presumed secret police agents punched her in the face and chest. And Bensedrine has been the target of scathing personal attacks in pro-government newspapers such as Ashourouq, Assarih, and Al-Hadath, which have called her a prostitute, a “creature of the devil,” and a “hateful viper.” One of those leading the attacks, Abdelhamid Riahi of Ashourouq, was later decorated by the president for cultural achievements. Omar Mestiri, a human rights activist and the managing editor of Kalima, was the target of a spurious 2007 defamation lawsuit brought by Mohammed Baccar, a lawyer with close connections to state authorities. The case stemmed from a September 2006 article in which Mestiri criticized the Tunisian Bar Association’s decision to lift Baccar’s disbarment. The prosecution did not challenge the accuracy of the story but insisted that Mestiri reveal his sources. Baccar finally withdrew his complaint, but just a day later unknown arsonists torched the office of Ayachi Hammami, the human rights lawyer who defended Mestiri. Even for enterprising Tunisian journalists, several types of stories are out of reach. Violent protests over unemployment and rising food costs rocked the southern mining town of Redeyef in January and continued in the ensuing months, but virtually no coverage followed. Journalists and activists said government forces had cordoned off the city and barred nonresidents and journalists from entering. In June, authorities detained reporter-activist Hadi al-Ridaoui for two days after he took pictures and interviewed wounded demonstrators at the hospital in nearby Gafsa. “You can write about sports all you want. But issues important to society, like the demonstrations in Redeyef, the press can’t do anything except print what the government wants,” said Al-Jazeera correspondent Hajji. Hajji’s situation reflects the severe limits the government is willing to place on the international press. The ATCE controls foreign reporters by requiring them to obtain government accreditation and then get explicit permission to cover any official event. As part of the Tunisian government’s longstanding feud with Al-Jazeera over its coverage of Tunisian dissidents, authorities have refused to accredit Hajji since 2004. Hajji has no office and is not authorized to cover the news, although he continues to file stories for Al-Jazeera’s Web site and send reports by e-mail. Hajji said police so often arrive at his meetings and interviews, it’s clear they monitor his phone conversations. In May, as Hajji was traveling to proceedings in the cooking-oil lawsuit against Kechana, police delayed him at a toll road until the hearing was over.  While many independent journalists are still working, others are losing hope. With Ben Ali set to run for a fifth term in 2009, they are bracing for a renewed clampdown designed to ensure the president’s smooth re-election to a new five-year term. “There is no place for an independent media project today,” said the Tunisian journalism teacher. Propaganda work, sure, he says. Business projects, absolutely. There will always be plenty of state money to burnish Tunisia’s international image. But Hajji’s case—like those of Boukhdhir, Bensedrine, Kechana, and others—illustrates the government’s determination to control the news and to quash free expression. Until that situation changes, until Tunisia’s international allies speak up for change, the opportunity for political freedom will be severely limited. Joel Campagna served as CPJ’s senior program coordinator for the Middle East and North Africa.


Tunisian journalist sues government agency for blocking Facebook, claims damage for the use of 404 error message instead of 403

Submitted by ONI-MENA on 12 September, 2008 – 07:50.  

Tunisian journalist and blogger Zied El-Hen filed a suit this week in a Tunisian court against the Tunisian Internet Agency for blocking the social networking Web site Facebook, according to a report by Reuters (Arabic). The journalist demands about $5,000 as a compensation for the damages which the blocking caused to him. He said the fact that the Tunisian President himself had to intervene to have the site unblocked last week is an evidence that the blocking was wrong and illegal.

In an interesting technical argument he said that the the agency mislead him by serving the message 404 (Not Found) error message instead of the 403 message (Access Forbidden), which the agency serves to users who attempt to access banned sites. This action of misleading (Not Found vs. Forbidden) caused him material as well as punitive damages, he said.

The 404 message or Not Found error message is a standard response code which means that the user connected to the site, Facebook in this case, but the site, Facebook, could not find what was requested. The 403 (Forbidden) message, however means that the user was able to communicate with the site, Facebook, but the server forbids him/her from accessing the site.

The President of Tunisia Zine Al Abidine Ben Ali ordered the unblocking of the site last week after it was blocked by the country’s ISPs without giving any reason.

ONI will monitor the progress of this unprecedented legal case and report any development

(Source: “Open Net initiatve” le 27 septembre 2008)


 Gouvernement, partis politiques et Organisations nationales face aux indicateurs de développement Défi vital : réduire le taux de chômage
Les indicateurs de développement pour les années 2007 et 2008, les perspectives pour 2009 et les moyens de renforcer le processus de développement conformément aux objectifs fixés dans le cadre du XIème plan de développement (2007-2011) ont été au centre des travaux du conseil supérieur du développement, tenu, hier, à Gammarth, sous la présidence de M. Mohamed Ghannouchi, premier ministre, en présence des membres du gouvernement et avec la participation des représentants des partis politiques et des organisations nationales. Dans son allocation, le Premier ministre a fait remarquer que la prochaine étape exige une plus grande vigilance et la valorisation de toutes les tendances et initiatives positives telles que la tendance des investisseurs étrangers à investir en Tunisie, l’intensification des relations de partenariat et de coopération avec les pays frères et amis.   Les défis de 2009 Après avoir évoqué les réformes entreprises en Tunisie dont la promulgation de la loi sur l’initiative économique, la loi sur les sociétés, le code des droits et procédures fiscaux, la promulgation de la loi cadre sur les concessions, la révision du code de la douane   et la promulgation de la nouvelle loi sur le système de formation professionnelle, M. Mohamed Ghannouchi   a indiqué que ces réformes ont été accompagnées de stratégies sectorielles portant notamment sur l’industrie manufacturière, l’objectif étant d’accélérer le rythme de la mise à niveau de ses unités, encourager l’esprit d’initiative, la création de projets et de sociétés ainsi que l’aménagement de zones industrielles et la promotion du développement régional. Analysant les perspectives du développement pour 2009 et les défis auxquels l’économie nationale sera confrontée, il a cité notamment la promotion de l’emploi et l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen dans un environnement mondial difficile marqué par une concurrence accrue. A cet égard, le premier ministre   a mis l’accent sur la nécessité de poursuivre les efforts de polarisation de l’investissement extérieur et son orientation vers les secteurs et activités à haute valeur ajoutée, de conférer davantage d’efficience à la politique de l’emploi, de consolider les fondements du développement régional, d’affiner les stratégies sectorielles, de maîtriser l’inflation et de préserver les équilibres financiers. Le premier ministre a souligné la volonté de la Tunisie de réaliser tous les objectifs conformément à la traditionnelle corrélation entre l’économique et le social, étant par principe la finalité et l’instrument de l’œuvre de développement.   Des indicateurs en haut, d’autres en bas Il ressort des données présentées à cette occasion, qu’au cours de la période 2007-2008, la part de l’investissement dans le PIB est passée de 23,4% en 2006 à 23,9% en 2007 pour s’établir à 25,1% en 2008, des taux qui ont dépassé les estimations du XI ème plan (2007-2011), et ce, grâce au rythme accéléré de l’investissement privé qui représente 60% du total de l’investissement. S’agissant de   la part des investissements directs étrangers (IDE) dans le PIB, elle a été portée de 3% avant 2007 à 5% au cours de la période 2007-2008. Pour ce qui est de la subvention des produits de consommation, elle est passée de 306 millions de dinars en 2006 à 668 millions de dinars en 2007 et 1048 millions de dinars en 2008. Quant à la subvention directe des hydrocarbures, celle-ci demeure élevée, soit près de 450 millions de dinars en 2007 et devrait atteindre 806 millions de dinars en 2008. Au chapitre de l’emploi, près de 160 mille emplois ont été crées au cours de la période 2007-2008, un nombre en parfaite adéquation avec les objectifs du XIème plan de développement (2007-2011). En Bref, la Tunisie a réalisé un taux de croissance moyen annuel de 5,7% durant la période 2007-2008, un rythme soutenu par une hausse de la consommation de 5,1% par an, une amélioration du rythme des exportations de 7,5% par an et une progression de l’investissement au taux de 7% par an.   De l’avis des partis politiques et des organisations nationales Dans leurs interventions, les secrétaires généraux des partis politiques ont souligné notamment l’importance d’améliorer les pouvoirs d’achat des Tunisiens et d’impulser le rythme de création des emplois. M. Mohamed Bouchiha, secrétaire général du PUP a indiqué qu’il « n’a pas de développement sans la promotion du secteur agricole » appelant dans ce cadre à renforcer la mise en valeur des périmètres agricoles, la protection des richesses halieutiques et la promotion des grandes cultures, se félicitant des dernières mesures   présidentielles annoncées au profit du secteur agricole. Pour sa part, M. Ismail Boulahya, secrétaire général du MDS a recommandé de réviser la politique d’indexation des salaires et le système d’éducation et d’enseignement en Tunisie pour que « l’Université ne crée pas que des chômeurs ». Dans le même ordre d’idées, le premier secrétaire du Mouvement Ettajdid a souligné la nécessité de réévaluer le rendement du système d’éducation et d’enseignement tunisien et d’assurer un partage équitable entre les bénéficiaires des mécanismes de création d’entreprises notamment entre les diplômés des spécialités scientifiques et de lettres qui enregistrent le taux de chômage le plus élevés parmi les diplômés du supérieur. Les représentants des organisations nationales ont appelé à renforcer la vigilance et la veille au cours de la prochaine étape   compte tenu de l’impact sur l’économie tunisienne de la crise des crédits immobiliers aux Etats-Unis et ses séquelles négatives sur les bourses et le système financier mondial et l’abaissement du rythme d’accroissement des échanges mondiaux de marchandises et le ralentissement de la croissance dans l’Union Européenne. Tous les participants ont été unanimes sur la nécessité de renforcer les efforts visant à réduire le taux de chômage notamment celui des diplômés de l’enseignement supérieur, premier défi durant les années à venir et de promouvoir les trois « moteurs de l’économie tunisienne », à savoir les exportations, l’investissement et le pouvoir d’achat du Tunisien. S.E.M (Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunis), le 28 septembre 2008)

Chant et musique soufis: Engouement remarquable du public

 Genre musical pratiqué en Tunisie dans les confréries religieuses, les chants liturgiques occupent une place privilégiée dans la tradition orale. Expression de la joie liée aux fêtes et autres circonstances, la musique liturgique est prisée par les familles tunisiennes et accompagne leurs cérémonies. Les troupes de chant liturgique qui s’activent surtout pendant le mois de Ramadan, mois de la spiritualité et de la piété, ont été programmées en bonne place dans la grille des festivals de la Médina de Tunis dans sa 26 ème session et dans les régions. Les zaouias et somptueux palais de la Médina ont abrité les troupes liturgiques dont la Soulamia à Sidi Kacem Jelizi, à la Zaouia Sidi Mehrez et à la bibliothèque de la ville de Tunis ainsi que la troupe de la Issaouia à la Zaouia Sidi Ben Arous. L’unique festival qui propose un programme spécifique est celui de la musique spirituelle, dirigé par M.Lotfi Meraihi, qui vit  cette année  sa quatrième édition consécutive ( du 16 au 23 septembre 2008). Des chanteurs tunisiens talentueux se sont inspirés dans leurs compositions musicales par les troupes de chants soufis à l’instar de Lotfi Bouchnak qui a présenté une nouvelle création intitulée ”Manarat” à l’occasion de la 3ème session de Mûsîqât (du 6 au 20 septembre 2008), création etoffée à partir de mélodies composées sur des textes a consonance spirituelle. Un gala de musique soufie dirigé par l’artiste Khaled Bouyahia a été organisé le 18 septembre 2008 au festival de la Médina de Sousse avec la participation du Cheikh Ahmed Jelmème et la jeune chanteuse Abir Nasraoui. Les représentations de la Hadhra qui sont populaires, illustrent cette tendance et connaissent pendant le mois de Ramadan, une affluence de la part d’un public varié. Pour Fethi Zghonda, chargé du département de la musique au ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine, la musique soufie constitue ”un patrimoine riche et diversifié “. Ce patrimoine, a t-il dit, s’est formé à travers les âges, depuis l’émergence du mouvement soufi en Ifriqia, à l’époque hafside (12ème-14ème) siècles. En général, a-t-il relevé, Cheikh Sidi Belhassen Echedli est considéré comme l’un des pionniers de la musique soufie aux cotés des cheikhs Abou Mediene Chouaib, Abou Ali Essouni Ennafti et Sidi Bousaïd. Au 13ème siècle, Belhassen Echedli a contribué à la création de la confrérie ”Echadlia”, la plus célèbre au maghreb. Au fil des années, l’on a assisté à une prolifération de confréries créees par des cheikhs ou ”Awliya” dont Sidi Ahmed Ettijani. Et M.Zghonda d’ajouter que chaque confrérie avait son propre rituel. Le rituel se compose essentiellement d’invocations et de chants en langue arabe classique et dialectal. Les poèmes sont écrits par les chefs des confréries, récités et transmis par voie orale aux disciples. Le chant soufi est exécuté par la voix uniquement ou accompagné d’instruments de musique notamment les instruments de percussion. La plupart des confréries soufies sont représentées en Tunisie dont la soulamia, fondée par le chef spirituel le cheikh Abdesslem Lasmar (1475-1573). Au début du 20ème siècle, le nombre de Zawiyas, propres à la soulamiya a atteint six dans la seule ville de Tunis. La tradition musicale de la confrérie soulamiya apparaît ainsi comme une expression authentique du soufisme telle qu’elle a été élaborée par Abdesslem Lasmar. (Source: “Le Temps” (Quotidien – Tunis), le 28 septembre 2008)

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