27 mars 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2864 du 27.03.2008

 archives : www.tunisnews.net

 


AISPP:  Procès du 24 mars – Communiqué

C.R.L.D.H. Tunisie: l’Italie poursuit son acharnement contre M. Nassim Saadi Le Monde: A Tunis, M. Ben Ali veut modifier à nouveau la Constitution TUNISIA Watch: Politique et communication : – La campagne de Mr Néjib Chebbi, vue de la blogosphère Jeune Afrique: Présidentielle 2009 : –  les grandes manœuvres Jeune Afrique: Un parti dominant, une opposition éparse Jeune Afrique: Réflexion – Un mariage de raison

Le Temps: Les Iraniens fêtent leur nouvel an « Norouz » à Hammamet – Belle opportunité touristique

Dr. Moncef Marzouki : Peuples sous occupation interne

L’Union Juive Française pour la Paix exige la levée des sanctions contre Bruno Guigue

MRAP: Bruno Guigue : le devoir de dénoncer sanctionné

lmsi: À propos de l’Affaire Bruno Guigue et de la non-affaire Goasguen – Deux poids deux mesures : la suite de la suite de la suite…


Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques

43 rue Eldjazira, tunis

e-mail : aispptunisie@yahoo.fr

Tunis, le 24 mars 2008

* La première chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Hédi Ayari, a examiné aujourd’hui, lundi 24 mars l’affaire n°10600 dans laquelle sont déférés : Khatib Boukhari, né le 30 août 1955, Laïd Jaouadi, né le 14 novembre 1975, Hafedh Samoudi, né le 17 mai 1983, Hassib Chebbi, né le 6 juin 1984, Ramzi Brini, né le 30 janvier 1985, Sami Kediri, né le 2 mars 1976, Abdeljelil Aliaoui, né le 27 juin 1984, Ali Lafi, né le 3 juin 1977, Ghassan Silian, né le 17 juillet 1987, Gamoudi Hamed, né le 16 août 1981, Mokhtar Akouri, né le 23 octobre 1985, Mourad Saadi, né le 15 juillet 1986, Nejmeddine Barkouki, né le 6 mars 1979, Noureddine Elharich, né le 16 décembre 1985, Mohammed Ali Horchani, né le 4 mai 1971, Habib Hafsi, né le 12 janvier 1984, Ramzi Romdhani, né le 18 avril 1977, et Ali Omri, né le 9 février 1983, en vertu de la loi du 10 décembre 2003, de lutte contre le terrorisme. L’acte d’accusation comporte les accusations d’appel à commettre des infractions terroristes et d’adhésion à une organisation en relation avec les infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, ses membres et ses activités, d’adhésion sur le territoire de la République et à l’étranger à une organisation terroriste, ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’entraînements militaires en Tunisie et à l’étranger en vue de commettre des infractions terroristes sur le territoire de la République, d’utilisation du territoire de la République pour recruter et entraîner des personnes en vue de commettre une action terroriste sur le territoire de la République, de fourniture d’armes, d’explosifs, de munitions et autres produits et équipements similaires à une organisation en relation avec les infractions terroristes, de fourniture d’informations pour l’aider à commettre des infractions terroristes, de mise à disposition d’un local de réunion pour les membres d’une organisation en rapport avec les infractions terroristes, d’aide à leur hébergement clandestin et à la couverture de leur fuite, de cotisations et de collecte de fonds destinés à financer des personnes, une organisation et des activités en rapport avec les infractions terroristes. Maîtres Ibada Kéfi, Abdelfattah Mourou, Abderraouf Ayadi, Mokhtar Jallali, Kamel Hamdi, Boubaker Ben Ali, Samir Ben Amor et Ayachi Hammami se sont présentés pour assurer leur défense. La cour a commencé par la lecture de l’acte d’accusation et l’interrogatoire des accusés. Les plaidoiries auront lieu le 4 avril. […]

* La vingt troisième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Chedli Boukhris, a examiné aujourd’hui lundi 24 mars 2008, l’affaire n°10871 dans laquelle sont déférés Hosni Jelassi, Zyed Trabelsi, Oussama Chebbi et Hamza Nouali en vertu de la loi du 10 décembre 2003 «  de lutte contre le terrorisme » et condamnés en première instance à des peines allant de 5 à 14 ans d’emprisonnement […] Maîtres Abdelfattah Mourou, Samir Ben Amor, Mounir Ben Ammar et Slimane Jelassi ont assuré leur défense et le tribunal a décidé à l’issue des délibérations de réduire toutes les peines à deux ans.

Pour la commission de suivi des procès

Le secrétaire général de l’Association

Maître Samir Dilou

(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


C.R.L.D.H. Tunisie

Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie

membre du Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Hmme

21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33.(0)1.43.72.97.34

contact@crldht.org / www.crldht.org

 

L’ITALIE POURSUIT SON ACHARNEMENT CONTRE M. NASSIM SAADI

MALGRE LA CONDAMNATION DONT ELLE A FAIT L’OBJET DEVANT LA COUR EUROPENNE DES DROITS DE L’HOMME LE 28 FEVRIER 2008

 

Monsieur Nassim SAADI, dont le nom se trouve désormais lié à une décision historique rendue le 28 février 2008 par la Grande Chambre de la Cour Européenne des Droits de l’Homme condamnant l’Italie à lui verser 8 000 € en dommage et intérêts tout en rejetant la demande d’expulsion du citoyen tunisien vers son pays d’origine en raison de son exposition évidente à la torture et aux peines ou traitement inhumains et dégradants (art. 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales), continue de subir la vindicte et l’acharnement des autorités italiennes qui refusent obstinément de se conformer à la décision de la plus haute instance judiciaire européenne (le non-respect du Droit n’est manifestement pas l’apanage des Etats totalitaires…)

En effet, au lieu de remettre en liberté l’intéressé comme le veut la règle chaque fois qu’un plaignant obtient gain de cause devant la CEDH contre un membre du Conseil de l’Europe, pour qu’il puisse retrouver sa femme (italienne) et son enfant de 7 ans, dont il a été privé plus de 6 ans pour une prétendue accusation de « terrorisme international » pour laquelle la Cour d’Assises de Milan l’avait acquitté (alors que le Tribunal Militaire de Tunis lui avait infligé par contumace une condamnation à 20 ans d’emprisonnement) ; le Gouvernement italien a transféré NASSIM dans la prison de Benevento, dans le Sud de l’Italie, un jour avant la date de visite de sa femme et de son fils !! Il a même été empêché de téléphoner à sa famille en Tunisie !!

Ses avocats italiens Me Sandro CLEMENTI et Me Barbara MANARA ont formulé un recours contre cette mesure de détention préventive arbitraire. L’audience est prévue pour le 11 avril 2008. Mais M. SAADI, comme nous l’ont assuré les avocats de ce Sisyphe des temps modernes, ne sera sans doute pas autorisé à y assister (ce droit avait été dénié à M. Hammadi BOUYAHIA…)

·         Le CRLDHT dénonce vigoureusement ces pratiques illégales indignes d’un véritable « Etat de droit démocratique » ;

·         Exige des autorités italiennes la remise en liberté de M. SAADI et le respect sans délais de la décision finale et exécutoire rendue par la CEDH ;

·         Assure M. SAADI et sa famille de son entière solidarité ;

·         Invite les autorités tunisiennes à prendre exemple sur la jurisprudence protectrice de la CEDH en matière de lutte contre la torture, pour le respect de la présomption d’innocence, du procès équitable, de l’indépendance de la justice, etc.

·         Appelle urgemment les associations et organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme à se mobiliser pour mettre un terme au calvaire que vit M. SAADI et sa famille depuis de longues années

Pour le CRLDHT

Paris, le 27 mars 2008

 


Chers lecteurs,

Le numéro 55 de Mouwatinoun organe du Forum Démocratique est maintenant disponible chez votre marchand de journaux.

Vous pouvez visualiser la totalité de son contenu à partir de dimanche soir en cliquant sur ce lien : http://www.fdtl.org/IMG/pdf/mouwatinoun_55.pdf

Pour les internautes se connectant depuis la Tunisie, il est fort possible que l’accès à notre site soit bloqué pour les raisons connues par tous. Dans ce cas la seule manière de se procurer notre hebdomadaire est de le demander à votre marchand de journaux. Vous contribuerez ainsi à aider financièrement notre parti qui en a besoin dans ces temps difficiles.

Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)

 


A Tunis, M. Ben Ali veut modifier à nouveau la Constitution

LE MONDE | 27.03.08 | 16h24  •  Mis à jour le 27.03.08 | 16h24 A plus d’un an de l’élection présidentielle en Tunisie, la fièvre saisit l’opposition et la société civile, qui redoutent de se faire voler le scrutin. « Le président Ben Ali veut désigner ses adversaires », résume la présidente d’une petite formation, le Parti démocrate progressiste (PDP), Maya Djibri. L’émoi est réel : le bureau de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) en a débattu, mercredi 26 mars, tout comme, dans une autre enceinte, des opposants et des personnalités indépendantes. A l’origine de la fronde, le discours prononcé il y a quelques jours par le chef de l’Etat, Zine El-Abidine Ben Ali, 72 ans, au pouvoir depuis vingt ans et candidat – non encore déclaré – à un cinquième mandat. Dans son intervention, le président a annoncé que la Constitution allait être amendée, à titre provisoire, pour assouplir les conditions de candidature. « Nous inclurons dans le projet d’amendement, et exceptionnellement pour les prochaines élections de 2009, la faculté pour chaque dirigeant officiel de parti politique de se présenter à la présidence », a indiqué le chef de l’Etat. La loi électorale, qui exige le parrainage de trente députés pour faire acte de candidature, constitue de fait un obstacle insurmontable pour l’opposition, dont la principale formation, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), ne dispose que de 14 sièges au Parlement. En revanche, c’est une formalité pour le parti présidentiel, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui contrôle 80 % des sièges de députés et toutes les villes. Un constat identique lors des deux précédentes élections présidentielles avait déjà conduit le chef de l’Etat à modifier les règles pour ne pas se retrouver seul en lice et essuyer les critiques de la communauté internationale. En 2004, un amendement à la Constitution – également « exceptionnel » – avait ainsi supprimé les parrainages d’élus (députés et maires) et autorisé les partis de l’opposition siégeant au Parlement à présenter un de leurs dirigeants – pas forcément le numéro un. Quoique confronté à trois adversaires, le président sortant l’avait emporté avec plus de 99 % des suffrages.
« DU SUR MESURE »
Pour le scrutin de 2009, le système sera moins souple qu’en 2004 puisque seuls les dirigeants des partis seront autorisés à faire acte de candidature. Sera donc écarté de la compétition Me Nejib Chebby, 64 ans, l’une des figures historiques de l’opposition non islamique. Rendu célèbre par la grève de la faim qu’il a menée en début d’année, l’avocat a été désigné pour porter les couleurs de son parti, le PDP, à la présidentielle de 2009. Les projets du président Ben Ali vont l’en priver. « C’est du sur mesure et une régression », observe le président de la LTDH, Mokhtar Trifi. « Ben Ali ne peut aller contre la volonté des partis, affirme de son côté Me Chebby. Nous allons poursuivre notre action sur le terrain. A la loyale, je peux gagner contre le chef de l’Etat. » Jean-Pierre Tuquoi

(Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 28 mars 2008)


Politique et communication :

La campagne de Mr Néjib Chebbi, vue de la blogosphère

 

Entre réticents, franchement opposés et inconditionnels la candidature de Mr Néjib CHEBBI n’en finit pas de remuer le microcosme politique en Tunisie. Cette entreprise qui contribue essentiellement à répandre l’illusion de l’existence de vraies élections, rend indirectement un service au pouvoir qu’aucun autre moyen n’aurait pu l’accomplir.

 

Sur le fond Mr Néjib Chebbi aura fait à loisir sa parade jusqu’au bout sans être nullement inquiété. Boudé par « les masses » et délaissé par un microcosme « jaloux de son imposture » il aura consacré l’idée d’une opposition égocentrique immature qui se complait dans sa marginalité au grand dam de la dictature.

 

Comme dans ses précédentes menées (affaire des locaux), il sera tiré d’affaire par ceux là même qu’il combat et amener à désister pour permettre au pays d’avoir la première femme candidat à la présidence de la Tunisie grâce à son parti. Pour lui son lot de consolation serait d’être admis au parlement cette fois-ci.

 

En fait on ne pouvait pas trouver meilleur scénario pour animer la cinquième reconduction d’un président à vie.

 

C’est essentiellement sur la forme que la blogsphère a abordé la question, « Déjà qu’une vraie élection, on n’y croit pas trop » comme disait « Nadia from Tunis », dont les extraits de la note de repris plus bas, comme ceux de « Tarek » ne manquent pas d’interpeller par leur pertinence  sur la forme de stratégie de communication adoptée : Politiquement (IN)correct

 

« …Depuis quelques semaines, je reçois régulièrement un mail d’information sur la campagne de Mr Néjib CHEBBI, qui se présentait comme candidat du PDP à l’élection présidentielle de 2009 en Tunisie (visiblement il ne le serait plus maintenant mais quelque soit la personne qui sera en charge, la question reste entière). Je voudrais me pencher dessus le plus objectivement possible.

Tout d’abord, les mails. D’après mes informations, on ne reçoit ces mails que si on est inscrit à une sorte de newsletter. Or à moins d’avoir des crises de somnambulisme aiguës, je suis sure de ne m’être jamais inscrite nulle part, d’abord parce que je n’étais pas au courant de l’affaire (oui je sais je suis complètement déconnectée moi aussi), mais aussi parce que je préfère aller chercher mes informations moi-même si un ou des candidats m’intéressent pour avoir une source d’information plus nuancée et variée.

 

Ceci voudrait dire que quelqu’un m’y aurait inscrite sans me demander mon avis (et je ne suis pas la seule apparemment), ce qui me gêne un petit peu quand même car dans un pays où on ne fait que se plaindre du trop plein de propagande, je comprends qu’on veuille faire du buzz autour d’une candidature, mais pour être crédible, il faudrait peut être attirer les gens vers une proposition plutôt que de les envahir sans crier gare. Mais passons …

 

Sur le principe, la communication sur le net me semble être une excellente initiative, ou disons plutôt qu’il était temps que cela se passe ainsi. Certes tous les tunisiens ne sont pas connectés et plongés dans l’univers Internet, mais une tranche intéressante de la population, jeune en particulier, s’informe essentiellement par cette voie.

 

Maintenant en ce qui concerne le contenu de ces communiqués et autres déclarations. Je constate en passant que, visuellement, on a essayé de pomper le style de Super Mario, ou vois-je double ? Bon je sais il manque un peu de vert, mais quand même …

 

Quant au slogan, même remarque … Super Mario est quand même plus ambitieux puisqu’il promet TOUT alors que le candidat promettait « juste » de faire revivre l’espoir. L’espoir fait vivre quoi!

Le deuxième aspect que je relève concerne la longueur et la consistance de ces messages. J’avoue que je n’ai pas tout lu, et c’est justement cela le problème. N’étant pas la seule à recevoir ces messages, je sais que trouver une newsletter de ce genre dans sa boite email pendant une journée de travail la relègue forcément au status de « à lire après » ou au mieux à celui de « lu en diagonale ». Déjà qu’une vraie élection, on n’y croit pas trop, mais voir un candidat vous tomber dessus pendant que vous êtes à six mètres sous l’eau au boulot, ce n’est pas ce qu’il y a de plus urgent à traiter…

Je constate tout d’abord que les communiqués sur l’évolution de la campagne sont écrits en arabe alors que les déclarations le sont en français. Vise-t-on un public différent à chaque fois?

 

Probablement! Car si les tribulations de ces messieurs sur le sol tunisien intéressent les petites gens, les déclarations (contre le terrorisme ou indignation à propos du projet de réforme constitutionnelle) viseraient un autre lectorat: des cercles en particulier, ou des yeux attentifs en dehors des frontières … »

 

(Source: le blog “TUNISIA Watch” de Mokhtar Yahyaoui, le 26 Mars 2008)

Lien : http://tunisiawatch.rsfblog.org

 

 


Présidentielle 2009 :

 

les grandes manœuvres

 

A plus d’un an et demi de la présidentielle d’octobre 2009, la classe politique tunisienne s’agite déjà. Le 14 février, Nejib Chebbi, 63 ans, fondateur du Parti démocrate progressiste (PDP, opposition radicale), est le premier à annoncer sa candidature. Il devance ainsi les partis d’opposition, plongés dans les préparatifs de leurs congrès, qu’ils doivent tenir dans les prochains mois, soit pour présenter leurs propres candidats, soit pour se prononcer sur celui qu’ils soutiendront. Quant au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir), il est en précampagne depuis novembre 2006. Ses militants exhortent quasi quotidiennement le président Zine el-Abidine Ben Ali, 71 ans, à briguer sa propre succession « pour continuer à conduire la marche de la Tunisie sur la voie de l’essor et de la prospérité ». « Ben Ali, 2009 ! », c’est le slogan scandé par les foules lors des déplacements du chef de l’État, ou reproduit par les journaux à longueur de colonnes, ou encore inscrit sur des affiches ou des banderoles déployées à travers le pays. En février, la précampagne du RCD s’est accélérée avec le démarrage des réunions préparatoires de son congrès, prévu pour juillet 2008, au cours duquel, selon toute vraisemblance, Ben Ali devrait répondre positivement aux exhortations et se porter candidat à un cinquième mandat de cinq ans. Compte tenu du rapport des forces sur l’échiquier politique tunisien et de l’enracinement du RCD, le seul parti de masse du pays, le président devrait être réélu haut la main.

 

Tradition de plébiscite

 

Ce qu’il faut garder à l’esprit pour comprendre les scrutins de 2009, c’est que la Tunisie n’a pas de tradition pluraliste en matière de présidentielle. Depuis l’indépendance (1956), et ce pendant plus de quatre décennies, l’élection revenait à plébisciter un candidat unique. Après quatre mandats successifs, Habib Bourguiba a fini par en faire l’économie en se faisant élire « président à vie » en 1975. Dès son arrivée au pouvoir, en 1987, Ben Ali abolit la présidence à vie. Mais il n’en sera pas moins l’unique candidat aux deux présidentielles suivantes (1989, 1994). À cela une explication simple : le code électoral est verrouillé par le système de parti unique et des conditions de parrainage difficiles à satisfaire pour un candidat indépendant. Il faudra attendre le scrutin de 1999 pour voir des dispositions dérogatoires permettre à un chef de parti de l’opposition représenté à la Chambre des députés et ayant cinq ans d’ancienneté à ce poste de se porter candidat. Les premiers à entrer en compétition avec Ben Ali sont Mohamed Belhaj Amor et Abderrahmane Tlili, qui, et c’est là une spécificité tunisienne, se disent dans l’opposition tout en soutenant la personne du chef de l’État. En 2004, un pas supplémentaire est franchi avec de nouvelles dispositions dérogatoires étendant à tout membre de l’instance exécutive d’un parti représenté à la Chambre des députés la possibilité de briguer la magistrature suprême. Si bien qu’outre les candidatures de Mohamed Bouchiha et Mounir Beji, dirigeants de partis de la mouvance présidentielle, on enregistre celle d’un indépendant, Mohamed Ali Halouani, qui se présente avec le soutien de l’Initiative démocratique (sorte d’union de la gauche) et sous l’étiquette du mouvement Ettajdid. Ben Ali l’emporte avec 99,91 % des voix en 1999 et 99,44 % en 2004. Ses concurrents étant peu connus du grand public et à la tête de partis faiblement implantés, les conditions de l’alternance n’étaient pas encore réunies. Mais, symboliquement, ces candidatures ont contribué à l’instauration progressive du pluralisme.

Ce processus va-t-il se poursuivre lors de la présidentielle de 2009 ? À ce jour, le gouvernement ne s’est pas prononcé sur ses intentions quant aux conditions requises pour se porter candidat. Les procédures visant un amendement de la loi électorale nécessitant trois à quatre mois, il a encore plus d’une année devant lui. Trois choix s’offrent à lui : reconduire les dispositions dérogatoires de 2004, introduire des conditions inédites, ou maintenir les dispositions en vigueur, lesquelles stipulent que pour être validée une candidature doit être soutenue par trente députés ou présidents de conseils municipaux. Théoriquement, cela est possible depuis la législature de 2004. Certes, le parti au pouvoir dispose de la totalité des 182 sièges pourvus au niveau des circonscriptions et de la présidence de tous les conseils municipaux. Mais les six partis d’opposition totalisent 37 sièges de députés qui leur sont réservés par la loi et repartis à la proportionnelle au niveau national. C’est auprès d’eux qu’un éventuel candidat indépendant pourrait obtenir les signatures nécessaires. Le pourrait-il dans les faits ? Difficilement. En Tunisie, la pratique du parrainage n’est pas établie et l’émiettement de l’opposition rend quasiment impossible une candidature d’union entre les partis de la mouvance présidentielle et les autres. À cela s’ajoutent les barrières psychologiques et politiques…

Quelles que soient les conditions requises, la candidature de Chebbi est en tout cas bien mal partie, et ce pour au moins quatre raisons. La première est que, n’ayant aucun élu à la Chambre des députés, il ne peut bénéficier des mesures dérogatoires et, partant, n’est pas à même de se présenter. La deuxième est qu’après avoir cherché à prendre de vitesse les autres partis d’opposition, qualifiant même certains d’entre eux de partis de « décor » ou de « l’allégeance » (au pouvoir), il ne peut plus solliciter leur soutien pour obtenir les parrainages requis. La troisième raison est qu’il demande au pouvoir d’amender le code électoral afin de permettre à « tout Tunisien qui s’estime à la hauteur d’être candidat à la présidence », peut-on lire dans le manifeste de son comité de soutien, proposition aussi séduisante que démagogique, car elle ouvrirait la voie aux candidatures fantaisistes ou non représentatives. « Comment s’y prendra-t-il pour obtenir une telle révision du code électoral, se demande un enseignant en sciences politiques. Va-t-il faire pression, et comment ? » C’est là qu’intervient la quatrième raison, qui a soulevé un tollé au sein de la classe politique. Les conditions dans lesquelles s’est déroulée la conférence de presse de Chebbi pour annoncer sa candidature ont en effet choqué ceux des Tunisiens soucieux de préserver la souveraineté nationale et permis à ses détracteurs de parler d’« agenda étranger ». Al-Mawkif, l’hebdomadaire dont Chebbi est le directeur de la publication, a rapporté la présence à cette conférence de « hauts représentants » des ambassades allemande, française, norvégienne, britannique, américaine, portugaise, belge, et de la délégation de l’Union européenne à Tunis. Relevait-elle d’une simple « activité de routine » pour information, comme nous l’a précisé l’une des ambassades citées ? Ou pouvait-elle être interprétée comme un appel à ­l’étranger, comme le pensent les responsables de plusieurs partis de l’opposition modérée ? « Nous rejetons la stratégie qui vise à mettre sous tutelle étrangère le processus démocratique », a déclaré Mondher Thabet, secrétaire général du Parti social libéral (PSL). Idem pour le Parti de l’unité populaire (PUP), dont le secrétaire général, Mohamed Bouchiha, « rejette la surenchère et l’appel à l’étranger », ou encore pour l’Union démocratique unioniste (UDU).

 

Nejib Chebbi isolé

 

Ce n’est pas tout. Même parmi ses amis politiques, Chebbi ne fait pas l’unanimité. Le mouvement Ettajdid et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), qui peuvent eux aussi nourrir des ambitions présidentielles, lui reprochent de faire cavalier seul. Au sein de l’élite de gauche, il n’a pas rallié grand monde. Une quinzaine de personnes, pour la plupart peu connues, ont rejoint son comité de soutien, dont le porte-parole, Khemais Chammari, ex-député et dissident du Mouvement des démocrates socialistes (MDS), joue auprès de Chebbi le rôle d’un directeur de campagne. Selon nos informations, plusieurs personnalités sollicitées se sont poliment excusées. Quant au Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) et au Congrès pour la République, mouvements d’extrême gauche non autorisés, membres de la coalition dite du 18 octobre, dont le tandem Chebbi-Chammari a été l’un des artisans en 2005, ils ont eux aussi pris leurs distances. À l’intérieur de son propre parti, Chebbi fait face à une contestation grandissante. Quatre de ses dirigeants, Mohamed Goumani, Fethi Touzri, Jilani Abdelli et Habib Bouajila, qui représentent près du tiers de la direction, s’opposent depuis l’été à la radicalisation du PDP et préconisent une approche plus « réaliste et modérée ». Jugeant sa candidature à la candidature prématurée, ils se sont prononcés contre son annonce.

 

Chebbi a donc suscité des remous que beaucoup assimilent à de la provocation gratuite. « Il fait de l’agitation », estime un défenseur des droits de l’homme non engagé dans les disputes politiques. Coutumier du fait, l’ex-leader du PDP a mené, en 2005 et en 2007, deux grèves de la faim qui avaient été largement médiatisées à l’étranger. Une gesticulation contre-productive qui n’aura fait que détourner l’opinion du véritable enjeu : renforcer les partis d’opposition et les rendre plus populaires pour qu’ils puissent faire avancer les réformes politiques et gagner les élections, et non pas attendre que le pouvoir leur offre sur un plateau des sièges de député… ou un fauteuil présidentiel !

 

(Source: « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2461 du 10 au 16 mars 2008)


 

Un parti dominant, une opposition éparse

 

La scène politique tunisienne compte neuf partis légaux, dont sept sont représentés à la Chambre des députés. Elle est dominée par le RCD (au pouvoir). Les huit autres, qui ne comptent chacun que quelques centaines d’adhérents, sont classés parmi les partis d’opposition, dans la mesure où ils ne participent pas au pouvoir. Mais en réalité, cinq d’entre eux (MDS, PUP, UDU, PSL, PVP) soutiennent la politique du président Ben Ali, et font donc partie de la mouvance présidentielle. Les trois autres, nettement opposants, sont Ettajdid, le PDP et le FDTL. Seuls les partis représentés à la Chambre des députés bénéficient de subventions budgétaires, proportionnelles à leur poids électoral, pour leur fonctionnement et pour le financement de leurs publications.

 

Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir). Issu du Néo-Destour, qui a dirigé la lutte pour l’indépendance, le RCD compte 2,5 millions d’adhérents, soit autant que le nombre de ménages en Tunisie. Son atout ou sa faiblesse, selon les points de vue, est qu’il est l’héritier du parti unique : confusion parti-État, quadrillage du pays jusqu’aux administrations et entreprises publiques, rôle de courroie de transmission. Le RCD a pour président Zine el-Abidine Ben Ali et détient 152 des 189 sièges à la Chambre des députés.

 

Mouvement des démocrates socialistes (MDS, mouvance présidentielle). Fondé dans les années 1970 par des personnalités libérales dissidentes du parti unique, le MDS a d’abord fait figure de parti destiné à assurer l’alternance. Mais, depuis 1988, des luttes intestines ont entamé son crédit. Il a soutenu la candidature du président Ben Ali à la présidentielle de 2004. Le MDS publie un hebdomadaire, Al-Mostakbal, occupe 14 sièges à l’Assemblée et a pour secrétaire général Ismaïl Boulahya.

 

Parti de l’unité populaire (PUP, mouvance présidentielle). Fondé dans les années 1970 par des dissidents du parti unique, le PUP publie un hebdomadaire bilingue, L’Unité (Al-Wahda). Son secrétaire général, Mohamed Bouchiha, s’est présenté à l’élection présidentielle de 2004, tout en soutenant le programme du président Ben Ali. Le PUP a 11 députés.

 

Union démocratique unioniste (UDU, mouvance présidentielle). Créée en 1988 par un membre du parti unique pour représenter la sensibilité nationaliste, l’UDU publie Al-Watan, bimensuel en langue arabe, a pour secrétaire général Ahmed Inoubli et occupe 7 sièges à la Chambre des députés.

 

Parti social-libéral (PSL, mouvance présidentielle). Fondé en 1988 pour représenter la sensibilité libérale, le PSL a connu plusieurs luttes intestines. Il a pour secrétaire général Mondher Thabet et occupe 1 siège à l’Assemblée.

 

Parti des Vert pour le progrès (PVP, mouvance présidentielle). Fondé en 2006 par Mongi Khamassi, un transfuge du PSL, pour supplanter sur le plan légal son prédécesseur, le Parti des Verts tunisiens (PVT, non reconnu). Il dispose de 1 siège à la Chambre des députés.

 

Mouvement Ettajdid (Le Renouveau, opposition). L’ex-Parti communiste tunisien a reçu le renfort de plusieurs personnalités indépendantes consécutivement à l’Initiative démocratique qui a permis de présenter un candidat de gauche à l’élection présidentielle de 2004. Ettajdid a pour secrétaire national Ahmed Ibrahim et compte 3 députés.

 

Parti démocrate progressiste (PDP, opposition). Fondé en 1983 et reconnu en 1988, le PSP rassemble d’ex-socialistes baasistes et d’ex-militants d’extrême gauche. Sa secrétaire générale, Mme Maya Jribi, a succédé fin 2006 à Nejib Chebbi, qui demeure membre du bureau politique. Le PDP publie un hebdomadaire en langue arabe, Al-Mawkif, connu pour sa liberté de ton. Le PDP n’a aucun élu à la Chambre des députés.

 

Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, opposition). Créé en 1994 par des démocrates, des syndicalistes et des militants des droits de l’homme, ce mouvement a dû attendre octobre 2002 avant de se voir accorder un statut légal par les autorités. Son secrétaire général et fondateur, Mustapha Ben Jaafar, est l’une des personnalités les plus respectées de l’opposition. Le mouvement n’a aucun élu au Parlement.

 

Les mouvements non reconnus

 

Le PDP et le FDTL mènent une action politique commune au sein du pôle appelé « 18 octobre » avec d’anciens dirigeants du mouvement islamiste Al-Nahdha (islamiste, toléré en 1988-1989, puis interdit) et des représentants de mouvements non reconnus comme le Parti ouvrier communiste tunisien (POCT, de Hamma Hammami), le Parti des Vert tunisiens (PVT, d’Abdelkader Zitouni) et le Congrès pour la République (de Moncef Marzouki, en exil).

 

(Source: « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2461 du 10 au 16 mars 2008)

 


Réflexion

Un mariage de raison

par SAMIR GHARBI

 

L’Union européenne (UE) est aujourd’hui un partenaire économique incontournable de la Tunisie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 70 % des échanges commerciaux du pays s’effectuent avec l’UE, 80 % des échanges de services (notamment le tourisme) aussi. Et 85 % des émigrés tunisiens ont choisi le Vieux Continent comme terre d’accueil (les premières vagues remontent aux années 1960)… Comment en est-on arrivé là ?

 

Dès son indépendance en 1956, la Tunisie a fait le choix de la modernité. Elle a rompu avec les archaïsmes religieux (avancées notables dans le domaine des droits des femmes, du droit foncier et de la justice) et a lié d’emblée son destin économique à l’Europe occidentale, au détriment de l’Orient arabe et du bloc de l’Est.

 

Le pays quitte cependant la zone franc en 1958, adhère à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI) et prend contact, dès 1959, avec la Communauté économique européenne (CEE). Ces premiers pourparlers mettront dix ans à se concrétiser en raison du – très sensible – dossier agricole, la CEE redoutant que les produits tunisiens (huile d’olive, vin, etc.) ne concurrencent ceux du Marché commun. Il faut attendre la tournée européenne du président Habib Bourguiba en juillet 1966 (Bruxelles, Bonn, La Haye, Luxembourg) pour que la Commission européenne accepte officiellement d’engager des négociations.

 

Le premier accord est signé en grande pompe à Tunis le 28 mars 1969 en présence des représentants des six pays de la CEE (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas). « La cérémonie la plus solennelle de l’année », écrit alors Jeune Afrique dans son édition du 14 avril 1969… L’alliance a beau n’être que commerciale (quelques produits triés sur le volet peuvent bénéficier d’un tarif douanier préférentiel et d’un quota), tout le monde s’accorde à dire que la Tunisie (5 millions d’habitants et 1,3 milliard de dollars de PIB) et la CEE (200 millions d’habitants et 400 milliards de dollars de PIB) viennent de célébrer de véritables « fiançailles ». Cette année-là, le commerce extérieur entre les deux partenaires se chiffrait à 300 millions de dollars, soit 55 % des échanges de marchandises de la Tunisie.

 

Au fil des années, les relations se sont développées dans l’intérêt réciproque des deux « fiancés ». À tel point que l’accord initialement prévu sur cinq ans est reconduit en 1975, sous la houlette du commissaire européen Claude Cheysson. Mieux, il est élargi à la coopération technique, financière et sociale. Pour la première fois, la main-d’œuvre tunisienne travaillant dans les pays de la CEE peut bénéficier de prestations familiales et transférer librement ses revenus en Tunisie. Pour Claude Cheysson, cet « accord global » avait, en réalité, pour « objectif final » l’instauration d’une zone de libre-échange (ZLE).

 

Le 17 juillet 1995, un accord de partenariat, le premier du genre entre l’Union européenne (qui a remplacé la CEE en 1992) et un pays de la rive sud de la Méditerranée, est conclu. Aujourd’hui, la ZLE profite à des milliers d’entreprises des deux côtés de la mer. En quarante ans ou presque, de 1969 à 2007, les échanges entre les deux partenaires ont été multipliés par 200 pour atteindre un volume annuel de l’ordre de 20 milliards d’euros.

 

Les dix millions de Tunisiens ont désormais accès à un marché unique – le plus puissant du monde – couvrant 27 pays peuplés de 500 millions d’habitants et pesant 12 000 milliards d’euros de PIB. En 2006, la Tunisie lui a vendu pour 8 milliards d’euros de marchandises, soit près de 800 euros en moyenne par Tunisien, trois fois plus que la moyenne du Maroc, par exemple.

 

Enfin, et c’est Bruxelles qui l’affirme, la Tunisie est parvenue à profiter des programmes d’aide financière (Meda) en captant 15 % des ressources versées par l’UE à la région méditerranéenne alors qu’elle n’en représente que 5 % de la population.

 

(Source: « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2463 du 23 au 29 mars 2008)


Les Iraniens fêtent leur nouvel an « Norouz » à Hammamet –

Belle opportunité touristique

 

* Nouvelair programme 18 vols pour le transport de 1600 touristes iraniens du 18 mars au 3 avril depuis Téhéran jusqu’à Monastir

 

La Tunisie ne cesse de se repositionner sur le marché iranien, un petit marché porteur qui ne cesse de se développer ces dernières années.

 

En effet, les Iraniens ont pris l’habitude de voyager en cette période printanière. La Tunisie offre tous les atouts pour ces touristes perses avides de découverte et dépaysement. Ce petit marché se développe de plus en plus grâce à l’effort réalisé par la compagnie tunisienne Nouvelair qui à l’occasion des fêtes Norouz assure depuis le 18 mars et jusqu’au 3 avril pour la troisième fois consécutive le transport de touristes iraniens de Téhéran vers Monastir.

 

19 vols ont été affrétés par plusieurs TO iraniens pour assurer le transport de 1600 touristes.

 

Ces opérations sont effectuées en A 320 équipés de 177 sièges.

 

La Tunisie qui dispose d’une bonne infrastructure hôtelière et d’un produit touristique diversifié se maintient en tant que nouvelle destination  des touristes  iraniens.

 

Elle devrait continuer sur sa lancée en 2008 et confirmer la reprise de l’an dernier. Le booking est encourageant et on s’attend à une augmentation des entrées des Iraniens en été prochain.

 

L’intérêt accordé par quatre TO iraniens à notre pays stimulera la demande avec aussi plus de visibilité de l’offre auprès des candidats aux voyages et plus d’informations auprès du grand public sur les atouts de la Tunisie en tant que destination balnéaire mais aussi offrant une grande variété de produits de niches.

 

Kamel Bouaouina

 

 

Mortadha Ghodhbani (directeur du TO iranien Giti Rose) :

« Une clientèle qui a une préférence pour les 5 étoiles »

 

Comment jugez-vous l’évolution du marché iranien ?

 

La Tunisie est une nouvelle destination pour les Iraniens qui sont habitués à visiter la Turquie, Dubai et les pays du Golfe..

 

En 2004, nous avons envoyé nos premiers clients à Hammamet. Cette première opération a connu un grand succès et depuis, nous sommes devenus des clients fidèles.  De 400, le nombre des Iraniens est passé à  4000 clients. C’est dire que ce marché petit dans son volume est devenu porteur pour la Tunisie qui offre de grands atouts pour les Iraniens : la sécurité, l’accueil chaleureux, la convivialité et une très bonne infrastructure hôtelière. Il est vrai que l’Iranien se sent chez lui. Il n’est jamais dépaysé.

 

Les perspectives de cette coopération touristique entre les deux pays sont encourageantes notamment à la lumière des bonnes relations qui existent entre les deux pays et surtout à l’amélioration constante de l’accessibilité aérienne entre les villes tunisiennes et iraniennes et là je tiens à remercier son excellence M.Hatem Saiem l’ambassadeur de Tunisie à Téhéran qui est venu en personne à Hammamet pour s’encquérir des conditions de séjour des touristes iraniens et qui en outre nous a facilité  l’octroi de visas pour visiter ce beau pays

 

 

 

*Quelles sont les spécificités de ce marché ?

 

La demande touristique iranienne reste marquée par les facteurs suivants : ,la prédominance du tourisme balnéaire et la concentration de la demande en mars et avril. En effet, les Iraniens voyagent beaucoup à l’occasion du nouvel an de chaque année. Ils optent souvent pour Hammamet et Sousse. C’est un tourisme familial, culturel et de shopping.

 

 

 

Quelles sont les exigences de la clientèle iranienne ?

 

C’est une clientèle qui a une préférence pour les 5 étoiles. La durée de séjour est comprise entre une et deux semaines. Le client iranien est un grand dépensier (1500 dollars en moyenne) Il veut découvrir le pays, ses sites culturels et historiques (4 à 5 excursions par touriste) Il  vient en Tunisie pour passer des moments agréables durant le Norouz avec un espoir d’aborder cet nouvel an avec optimisme. Je pense que ces flux touristiques de Téhéran vers Tunis vont se consolider davantage car la Tunisie est devenue une destination très prisée par le peuple iranien.

 

KB

 

 

Néjib Abid (Méditerranée Travel Agency) :

« Dynamiser le marché iranien par un vol direct Tunis-Téhéran »

 

– Tout d’abord comment se porte le marché iranien ?

 

La Tunisie ne cesse de progresser sur le marché iranien pour atteindre 4000 touristes. Il faut dire qu’elle est sur un cycle de croissance dû à un bon rapport qualité-prix, une bonne infrastructure hôtelière et un accueil personnalisé. Les Iraniens voyagent souvent en famille. Ils veulent être bien entourés et encadrés car ils viennent durant ce nouvel an pour se relaxer, s’oxygéner les poumons et passer d’agréables moments. Ils sont de fait satisfaits de nos produits car nous veillons à chaque détail et c’est ce qui explique leur amour pour la Tunisie. Notre objectif est de les séduire en les invitant à découvrir nos sites touristiques notamment Hammamet, Sousse, Tunis et Kairouan.

 

Est-ce que l’aérien suit ?

 

Les Iraniens sont habitués à voyager avec les compagnies turques et golfiques. Vu l’importance des flux touristiques et l’envie des Iraniens de visiter notre pays, Nouvelair a fait un grand effort en programmant pour la troisième fois consécutive des vols aller-retour Monastir-Téhéran. C’est encourageant pour stimuler la demande et je pense qu’il faut ouvrir une ligne directe Tunis-Téhéran pour dynamiser ce marché très porteur

 

KB

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 27 mars 2008)


L’auto-détermination , Quel sens lui donner de nos jours ? Peuples sous occupation interne

 
Dr. Moncef Marzouki
Un train, dit-on, peut en cacher un autre. Idem pour un concept. Le droit à l’auto détermination a été utilisé pour la première fois par le président Wilson dans ses quatorze points, à la fin de la Première Guerre mondiale. Il n’a cessé depuis de signifier auto détermination par rapport à un occupant étranger. L’Assemblée générale de l’ONU, dans la déclaration 1514 (XV) en date du 14 décembre 1960, affirme dans le préambule être « persuadée que le processus de libération est irrésistible et irréversible et que, pour éviter de graves crises, il faut mettre fin au colonialisme et à toutes les pratiques de ségrégation et de discrimination dont il s’accompagne… » Presque un demi siècle plus tard, elle reste dans le même registre en adoptant en ce mois de septembre 2007, une déclaration symbolique reconnaissant le droit à l’autodétermination aux peuples autochtones. Donc toujours par rapport aux ex- étrangers même s’ils sont devenus eux-mêmes autochtones comme en Australie ou au Canada. Le drame qui s’est joué sous nos à Rangoon il y a trois mois , rappelle à bon escient que le problème a changé de nature , le mal ne venant plus du méchant étranger mais du méchant compatriote. Un vers célèbre du plus grand poète arabe Al Moutanabi le dit bien Pire que le coup de sabre le plus acéré : l’injustice des proches. Les indépendances des années 60 dans les pays du Sud ont souvent signifié un simple changement de maîtres. Les occupants étrangers ont cédé presque partout la place à des occupants locaux qui se sont .montrés parfois infiniment plus cruels. Certes le cas cambodgien est exceptionnel, mais la mise en coupe réglée d’une société par une dictature brutale et corrompue a été et reste le lot de beaucoup de peuples du monde. Sous un tel régime, on trouve les quatre caractéristiques fondamentales de l’occupation étrangère : L’habillage politique, le pillage économique ,la main de fer sécuritaire et le mépris des coolies appelés pour mieux se moquer d’eux des citoyens. En Tunisie, l’occupation interne est visible à l’œil nu. Une police pléthorique, plus nombreuse et mieux équipée que l’armée, parade ostensiblement dans les rues, surveille les plus petits carrefours des campagnes les plus reculées, monte des barrages à l’entrée de toutes les villes, et ce dans une démonstration de force permanente visant à entretenir la peur et la soumission de la population. L’occupant interne peut prendre toutes les formes organisationnelles : familles maffieuses comme dans ce pays , parti idéologique comme au Cambodge ou en Corée du Nord , juntes militaires comme en Algérie ou en Birmanie, minorité conduite à sa perte par des hommes sans scrupules comme en Syrie. Partout le régime fonctionne à la manière d’un virus envahissant une cellule .et s’emparant de la machinerie de l’ADN pour se nourrir, se répliquer, diffuser dans le corps, l’affaiblir et finir par le tuer. La machinerie dont s’empare l’occupant interne est celle de l’Etat. La police n’a plus pour fonction de défendre la société contre le crime organisé, mais de défendre le crime organisé contre la société. La Justice est là pour couvrir d’un voile de légalité les exactions de la police. Les libertés individuelles et collectives, surtout la liberté de parole, sont muselées. Les ‘’élections ‘’, quand elles existent, font partie d’un simulacre de démocratie qui ne trompe personne. Tout cela a pour objectif ultime de concentrer le maximum de pouvoir, le plus Longtemps possible dans les mains des occupants pour s’adonner en toute impunité à leur péché mignon : la prédation. Cette dernière n’est pas seulement économique. Elle est aussi morale et symbolique. On ne s’empare pas seulement de l’essentiel de la richesse mais aussi de tous les honneurs, de toute la dignité qui n’est plus une caractéristique intrinsèque de la personne humaine, mais une faveur concédée aux serviteurs et refusée aux traîtres et autres ennemis. On ne sait pas calculer le coût d’un tel régime. On sait simplement qu’il est prohibitif. Le nombre de prisonniers politiques, celui des torturés et des exilés, la quantité d’argent public volé, ne sont que les symptômes aigus de l’infection. Il y a les effets à long terme qui eux passent inaperçus. Les systèmes bancaires, de santé, de justice et d’éducation sont gérés par un mélange de corruption, d’irresponsabilité, et d’incompétence. Ils finissent, en l’absence de toute évaluation et réformes, par tomber en ruines, avec les effets que l’on imagine sur la population et que l’on imagine moins sur les générations futures. Si l’on ajoute à cela le délabrement moral dû à l’atmosphère de peur, d’impuissance et d’indignité générale, on mesure le degré de souffrance endurée. La société occupée commence d’abord par imploser à travers l’augmentation des inégalités, de la criminalité, du suicide, des divorces, de troubles psychiatriques. Puis un jour elle explose comme par un réflexe de survie. C’est le terrorisme à l’Algérienne ou à la Saoudienne, ou bien l’insurrection civile comme aujourd’hui en Birmanie et demain dans de nombreux autres pays occupés. Tout le long de la rive sud de la Méditerranée, la question n’est pas de savoir si les peuples vont se soulever, mais quand. Les grands Etats occidentaux, obnubilés par le terrorisme, l’immigration et la stabilité régionale et grands soutiens de nos occupants, seraient mieux inspirés, de cesser de prendre les pyromanes pour les pompiers. La dictature est aujourd’hui un danger et un fardeau pour tous. La communauté internationale et notamment l’Occident, doit assumer toute sa responsabilité dans son éradication. J’ai suggéré dans ces mêmes colonnes quelques pistes pour renforcer de l’extérieur le combat des résistants de l’intérieur. La dictature doit devenir un crime contre l’humanité et .l’ONU assimiler l’oppression d’un peuple par des maffieux , des généraux d’armée ou de police secrète ,ou des idéologues psychopathes , au racisme ,à l’anti-sémitisme et au colonialisme. Elle pourrait instaurer un mécanisme international de surveillance des élections, invalider toutes celles qui n’obéissent pas aux critères de la démocratie et mettre au ban de la communauté internationale tous les pouvoirs qui en sont issus. Le Boycott doit être systématique, non contre les peuples qui risquent d’être doublement punis, mais contre des hommes bien identifiés. Un anti-Nobel de la paix qu’on pourrait appeler le prix Hitler pourrait être attribué annuellement au dictateur de l’année (Je nomine tout de suite Ben Ali pour 2009). Tous les tribunaux, notamment dans les pays démocratiques devraient se considérer compétents pour traiter de plaintes des victimes de ces ‘’tortiocraties’’.Mais, une porte de sortie devrait être laissée ouverte en permanence à tous ceux qui accepteraient un passage pacifique à la démocratie en échange de l’impunité. La vie a plus d’importance que la justice et de toutes les façons, ce qui doit primer dans cette dernière est la réparation, non le châtiment. La porte de sortie est nécessaire à des fauves blessés qui se sont enfermés eux-mêmes et ont enfermé la société des quatre côtés, et devenant de ce fait prêts à tout pour défendre leur fourrure. Certes les temps sont durs pour le peuple birman et tous les peuples occupés soumis ou en lutte, mais ils ne le sont pas moins pour leurs tourmenteurs. Il faut qu’ils deviennent encore plus, afin que s’accélère et que s’achève par cette deuxième indépendance qu’est la démocratie, le processus de libération des peuples opprimés.
 
(Source: le site du Dr. Moncef Marzouki le jeudi 27 mars 2008)
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L’Union Juive Française pour la Paix exige la levée des sanctions contre Bruno Guigue

 

Le premier qui dit la vérité…. Parole Interdite, Parole Imposée

 

Bruno Guigue, sous-préfet de Saintes en Charente-Maritime, vient d’être démis de ses fonctions par Madame Alliot-Marie, ministre de l’intérieur. Son crime ? Un texte publié sur Oumma.com où Bruno Guigue s’en prend au lobby pro-israélien en France. Les phrases reprises en boucle qu’on lui reproche sont celles-ci :

 

« À propos de terrorisme, l’Etat d’Israël, qui plus est, peut se targuer d’un palmarès hors compétition.(…) Ses admirateurs occidentaux doivent certainement s’extasier sur les prouesses d’une armée capable de tuer aussi aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi se confondre d’admiration devant les geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer durant le shabbat. »

 

Hélas ce que la ministre Alliot Marie qualifie de « violemment anti-israélien est la vérité nue : l’Etat d’Israël a commis et commet encore tous les jours des crimes de guerre.Depuis le début de la deuxième Intifada, 7000 Palestinien-ne-s, pour la quasi-totalité des civils désarmés ont été tués par les forces d’occupation. Depuis 1967, 650000 Palestinien-ne-s ont connu la prison et souvent la torture. Les assassinats politiques soi-disant ciblés, le blocus d’un million et demi de personnes dans Gaza affamée et privée de médicaments, la destruction du Sud-Liban, les confiscations incessantes de terre, bafouent tous les jours les Droits de l’Homme et le Droit International. S’il n’est sans doute pas le seul, comme le propose à tort B. Guigue dont les snippers tirent sur des petites filles à la sortie des écoles, Israël est par contre le seul Etat qu’ il est aujourd’hui interdit de critiquer en France.

 

Passant aux actes, le gouvernement ne se contente plus d’imposer une parole dictée sur Israël, il l’impose par la force ; et celui qui dit la vérité en tant que citoyen, et non dans l’exercice de sa fonction de sous préfet, monsieur Bruno Guigue se voit limogé. Voilà ce qui s’appelle aujourd’hui une démocratie éclairée. Mais quelques questions se posent alors :

 

Le Président de la République ne devrait-il pas être limogé pour la vision raciste et coloniale de l’Afrique qu’il a présenté au nom du peuple français à l’université de Dakar le 26 juillet 2007 ? …

 

« Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain [.] dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, [ il ] reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. »

 

Monsieur Goasguen député UMP à l’assemblée nationale ne doit–il pas répondre de son ignoble assimilation de tout un peuple résistant à l’occupation à « un peuple sauvage de terroristes épouvantables » (discours prononcé au nom du groupe Amitié France-Israël place de la République à Paris le 11 mars dernier.) Aucun des membres de ce groupe ni de l’UMP n’a émis la moindre critique de ces paroles.

 

Redeker, fonctionnaire de l’Education Nationale, professeur de philosophie au lycée Pierre-Paul-Riquet à Saint-Orens de Gammeville, devait-il être promu chercheur au CNRS pour avoir copieusement insulté tous les musulmans et leur religion dans le Figaro du 19 septembre 2006 ? …

 

« Il n’est pas déplacé de penser que cette interdiction ( le string à Paris –Plage ! ndlr) traduit une islamisation des esprits en France, une soumission plus ou moins consciente aux diktats de l’islam. Ou, à tout le moins, qu’elle résulte de l’insidieuse pression musulmane sur les esprits. Islamisation des esprits : ceux-là même qui s’élevaient contre l’inauguration d’un Parvis Jean-Paul-II à Paris ne s’opposent pas à la construction de mosquées. L’islam tente d’obliger l’Europe à se plier à sa vision de l’homme. »… « Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran. Comme aux temps de la guerre froide, violence et intimidation sont les voies utilisées par une idéologie à vocation hégémonique, l’islam, pour poser sa chape de plomb sur le monde. »…

 

Son devoir de réserve de fonctionnaire pour cet article haineux n’a à aucun moment été mis en cause par le gouvernement.

 

Il y a aujourd’hui des paroles racistes autorisées en France, et des paroles de critique légitime interdites. Si l’on transposait les paroles des trois personnages précités sur le monde juif, le judaïsme ou Israël, il y aurait limogeages, scandales et procès. C’est une véritable guerre civile que cherche à provoquer ce gouvernement en soutenant de façon scandaleusement arbitraire la discrimination sur des bases ethnico religieuses, et en interdisant une critique politique qui pour violente qu’elle soit répond à une réalité encore plus violente, celle de l’oppression quotidienne de millions de civils des territoires occupés palestiniens.

 

La sortie du conflit israélo –palestinien que l’on veut présenter comme très compliquée repose en réalité sur des bases très simples. Respecter le Droit, appliquer toutes les résolutions que les gouvernements israéliens violent impunément depuis des décennies, assurer l’égalité des droits entre les peuples de la région.

 

Le principal obstacle à la paix en Israël-Palestine, c’est l’impunité scandaleuse accordée à Israël. Le principal obstacle à la paix civile en France c’est l’inégalité et la discrimination érigées en nouvelle morale. En voulant bâillonner toute critique, en s’engageant clairement aux côtés du gouvernement israélien, le gouvernement français commet un acte très grave.

 

Sur le plan intérieur, il veut criminaliser toute critique de la part de ses citoyens et montre l’exemple en frappant au plus haut niveau : Les préfets sont sommés de se taire et de remplir leurs quotas de sans papiers expulsés.

 

Sur le plan international, en s’engageant dans un soutien inconditionnel à l’occupant, le gouvernement français tourne le dos à la « paix juste et durable ».

 

L’Union Juive Française pour la Paix exige la levée des sanctions contre Bruno Guigue

 

l’Union Juive Française pour la Paix

 

(Source : « Oumma.com » (France), le 26 mars 2008)

Lien : http://www.oumma.com/L-Union-Juive-Francaise-pour-la,2686

 

 


Bruno Guigue : le devoir de dénoncer sanctionné.

Par le MRAP  

Bruno Guigue, haut fonctionnaire de la République, spécialiste du Moyen Orient, vient d’être limogé de son poste de sous-préfet par sa ministre de tutelle, Madame Michèle Alliot-Marie.

Il lui est reproché d’avoir publié le 13 mars 2008, une analyse intitulée « Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU », en réaction à une tribune d’intellectuels inconditionnels d’Israël visant à déconsidérer l’ONU et à condamner des résolutions du Conseil des Droits de l’Homme, alors même que la « communauté internationale » réunie au sein des Nations Unies assume une responsabilité majeure pour sauver le processus de paix au Proche-Orient.

 

Le MRAP qui jouit, depuis 1974, du statut consultatif auprès du Conseil Economique et Social de l’ONU et participe, à ce titre, aux structures de consultation des ONG, condamne le limogeage de M. Guigue qui suscite sa totale incompréhension. En effet, Bruno Guigue a déjà publié plus d’une quinzaine de tribunes sans qu’une quelconque sanction ne vienne le frapper.

 

Si nombre d’opposants à la politique menée par les gouvernements israéliens successifs ont eu à souffrir de campagnes de dénigrement systématique – dont l’odieux le plus extrême va jusqu’à les accuser d’antisémitisme pour mieux les disqualifier – aujourd’hui avec le limogeage de monsieur Guigue, sous-préfet de la République, mais qui en l’occurrence s’est exprimé en tant que citoyen, c’est la République elle-même qui connaît une dérive regrettable et dangereuse.

 

En mettant en oeuvre, à l’encontre d’un de ses représentants, accusé de ne pas avoir respecté le devoir de réserve, une véritable manœuvre d’intimidation, le pouvoir en place démontre une nouvelle fois que la critique de la politique d’Israël relève d’un tabou qu’il est toujours dangereux de transgresser. Et c’est bien là également la preuve d’un changement profond et inquiétant de la politique française au Moyen-Orient.

 

Si chacun a encore le loisir démocratique dans notre pays de critiquer n’importe quel Etat dans ses politiques, y compris la France, il existerait une exception inadmissible à cette règle concernant le droit de critiquer la politique israélienne.

 

Le MRAP condamne le limogeage de Monsieur Guigue et demande sa réintégration immédiate dans ses fonctions de sous-préfet. Il en va de l’honneur d’un homme de courage et de conviction qui ose dire des vérités qui dérangent. Mais il en va aussi de celui de la République.

Secrétariat de Direction Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples

le MRAP

Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples 43 boulevard Magenta 75010 Paris tél : 01.53.38.99.99 fax : 01.40.40.90.98

 

(Source : « Oumma.com » (France), le 25 mars 2008)

Lien : http://www.oumma.com/Bruno-Guigue-le-devoir-de-denoncer

 


 

À propos de l’Affaire Bruno Guigue et de la non-affaire Goasguen

Deux poids deux mesures : la suite de la suite de la suite…

Par le Collectif Les mots sont importants  

 Nous apprenons, ce dimanche 23 mars, qu’un sous-préfet vient d’être expéditivement limogé pour avoir publié sur le site Oumma.com une tribune considérée par sa hiérarchie comme « violemment anti-israélienne ».

La dépêche qui suit, ainsi que la tribune mise en cause, montrent bien ce que recouvre cette formulation savamment équivoque :

« Paris (Afp). Le sous-préfet de Saintes (Charente-Maritime), Bruno Guigue, a été limogé après avoir publié une tribune « violemment anti-israélienne » sur le site internet Oumma.com, a-t-on appris samedi auprès du ministère de l’Intérieur. Dans une tribune publié le 13 mars, M. Guigue estime notamment qu’Israël est « le seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à la sortie des écoles ». Il ironise également sur les « geôles israéliennes, où grâce à la loi religieuse, on s’interrompt de torturer pendant Shabbat ». La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a « été mise au courant mercredi du contenu de cette tribune et a immédiatement décidé de mettre fin aux fonctions » de M. Guigue, a-t-on indiqué au ministère de l’Intérieur, sans fournir plus de précision. »

On le voit :

– si le propos de Bruno Guigue peut être qualifié de « violent », ce n’est en aucun cas au sens d’un appel à la violence physique contre des personnes, mais au sens d’une critique virulente, ciblant des actes objectivement odieux (bombardements, torture) ;

– si le propos est effectivement « anti-israélien », ce n’est pas le peuple israélien dans sa globalité qui est visé, mais un État, et la politique qu’il mène.

Ce qui vient donc d’être sanctionné – et, pour le coup, violemment sanctionné – n’est donc pas un « dérapage raciste », mais bel et bien une expression politique légitime, que notre Constitution est censée protéger.

Cette atteinte scandaleuse à la liberté d’expression prend tout son relief quand on la rapporte à un autre scandale, advenu quelques jours auparavant, le 11 mars 2008 : les déclarations « anti-palestiniennes » du député UMP Claude Goasguen, sur le parvis de la Place de la République [1] :

« Comment vous dire la honte qui nous parcourt quelquefois, lorsque nous savons qu’à Sdérot, où j’étais la semaine dernière, on subit, quotidiennement, les agressions d’un peuple sauvage, de terroristes épouvantables ! »

Contrairement aux propos « anti-israéliens » de Bruno Guigue, cette diatribe « anti-palestinienne » ne vise pas seulement un ou plusieurs actes précis (comme l’attentat de la Yeshiva Merkaz Harav à Jérusalem), qu’on a parfaitement le droit de dénoncer violemment ; elle vise, au-delà, tout un ensemble de personnes qui ne sont pas partie prenante de ces actes. Elle stigmatise même, explicitement, tout un Peuple : le peuple palestinien – en usant, qui-plus-est, d’un terme très chargé : « sauvage » [2]

En d’autres termes, là où le propos « anti-israélien » de Bruno Guigue relève du droit constitutionnel et inaliénable à la critique d’un État et d’une politique, le propos « anti-palestinien » de Goasguen relève indiscutablement de la provocation à la haine raciale, passible en théorie d’un an de prison, de 45000 euros d’amende et d’un an de privation des droits civiques.

C’est pourtant Bruno Guigue qui a été sanctionné, avec une rapidité (trois jours après que la ministre ait pris connaissance de ses propos) et une rigueur (un pur et simple limogeage, sans autre forme de procès) qu’on aimerait voir s’appliquer face aux propos racistes, en particulier lorsqu’ils sont tenus sur la place publique par des représentants élus du peuple français, des enseignants ou des hommes de loi.

Car telle est bien la situation de Claude Goasguen : député UMP, chargé de conférences à HEC et avocat à la Cour d’appel de Paris, il a tenu des propos indiscutablement racistes (puisque rabaissant tout un peuple au rang de sauvages) en plein Paris, devant une foule rassemblée qui-plus-est Place de la République ! Or, plus de dix jours après les faits, aucune sanction n’est venue : ni limogeage, ni blâme, ni avertissement – ni à l’Assemblée nationale, ni à HEC, ni à la Cour d’Appel de Paris. Pas même une sanction sociale : ni scandale médiatique [3], ni réaction indignée de la classe politique – même l’opposition de gauche n’a pas jugé utile de porter l’affaire sur la place publique. Pas même un communiqué des associations antiracistes : ni SOS Racisme, ni la LICRA, ni le MRAP. Seules des associations de soutien au peuple palestinien, comme le CAPJPO et des médias alternatifs, comme Oumma.com ou le site des Indigenes de la Republique, ont réagi.

Imaginons maintenant la situation inverse :

– Un sous-préfet qui, dans un article, s’en serait pris avec virulence aux attentats palestiniens : se serait-on inquiété de son manquement au devoir de réserve, et l’aurait-on limogé pour cela ?

– Un député, par ailleurs avocat à la Cour d’Appel de Paris, qui aurait publiquement qualifié le peuple israélien de « peuple de sauvages, d’abominables tueurs d’écolières » : les médias, les associations antiracistes, l’opposition de gauche, ses autorités de tutelle, ses amis politiques, même, l’auraient-ils laissé à ce point tranquille ?

On rétorquera sans doute – tel est l’argument du Ministère de l’Intérieur – que Bruno Guigue était, en tant que haut fonctionnaire, tenu au devoir de réserve, auquel Claude Goasguen ne saurait être tenu puisqu’il est un homme politique. Ce paramètre peut effectivement entrer en ligne de compte, mais en prenant bien soin de remarquer aussi

– que Bruno Guigue ne s’est pas prononcé sur la politique de son ministère de tutelle (le Ministère de l’Intérieur) mais sur une question de politique étrangère ;

– qu’il ne l’a pas fait en qualité de sous-préfet, mais en tant qu’intellectuel, auteur de livres et d’articles sur la question évoquée [4].

Il faudrait aussi vérifier si, par le passé, on a déjà été aussi regardant quant aux « manquements au devoir de réserve » de la part de sous-préfets, et le cas échéant, si les autres sous-préfets fautifs ont été sanctionnés aussi durement.

Et il faudrait en tout état de cause souligner une nouvelle manifestation, particulièrement écoeurante, d’un « Deux poids deux mesures » que tout le monde peut observer, mais qu’il est difficile de dénoncer sans se faire accuser de paranoïa ou de complotisme. Car, quand bien même l’article de Bruno Guigue pourrait sans abus de langage être qualifié de manquement au devoir de réserve, et quand bien même le sous-préfet pourrait sans abus de pouvoir être limogé pour ce manquement, il reste que la provocation à la haine raciale est un délit autrement plus grave, et que Claude Goasguen, comme bien d’autres palestinophobes, arabophobes, islamophobes ou négrophobes (Philippe de Villiers, Philipe Val, Sylvie Noachovich, Claude Imbert, Alain Finkielkraut, Oriana Fallacci, Michel Houellebecq, Maurice Dantec…), bénéficie pour ce délit d’une totale impunité.

Il est même invité, comme si de rien n’était, à commenter l’actualité politique, ce dimanche 23 mars sur France 5, à l’émission Ripostes. Tant pis pour les Palestiniens.

Notes

[1] Face à une foule de près d’un millier de personnes, rassemblées en réaction à l’attentat de la Yeshiva Merkaz Harav, à Jérusalem

[2] Joint par le site « Rue 89 » pour s’expliquer, Claude Goasguen se défend d’avoir visé le peuple palestinien, et prétend n’avoir ciblé que les auteurs des attentats. Cette « mise au point » ne tient évidemment pas : le mot peuple n’a jamais désigné des groupes politiques, militaires ou para-militaires organisés ; il désigne toujours une entité bien plus large, regroupant des individus partageant un même sol et/ou une même langue et/ou une même référence religieuse, politique ou nationale et/ou une même conscience d’être un peuple.

[3] La presse a été remarquablement discrète sur l’événement. Saluons malgré tout le site Rue 89, qui a relayé l’information, et contacté Goasguen pour lui demander de s’expliquer.

[4] Bruno Guigue est notamment l’auteur de Proche-Orient : la guerre des mots et Les origines du conflit israélo-arabe, ainsi que de nombreux articles sur le site Oumma.com. C’est ainsi qu’il est présenté dans l’article incriminé par sa hiérarchie. Contrairement, par exemple, à Robert Redeker, qui avait signé sa fameuse tribune islamophobe dans Le Figaro en tant que « professeur de philosophie », en mentionnant même son lycée de rattachement. Ce manquement au devoir de réserve lui avait été reproché dans un premier temps par son ministre de tutelle Gilles de Robien, avant que ce dernier, sous la pression politique et médiatique, ne se rallie au consensus aveuglément pro-Redeker. Cf. « Injures et menaces : pas en notre nom ! ».,

 

www.lmsi.net

le Collectif Les mots sont importants

 

(Source : « Oumma.com » (France), le 26 mars 2008)

Lien : http://www.oumma.com/A-propos-de-l-Affaire-Bruno-Guigue

 

 

 

 

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