Reuters: Tunisia’s revolution short on economic know-how
Réfugiés de Libye: le PM tunisien appelle à la solidarité internationale
Tunisie: les deux tiers du camp de Choucha ont été brûlés ou pillés (HCR)
AFP: Tunisie: le Premier ministre ouvre la porte à un report des élections
Association des Tunisiens en France: Communiquéà propos des élections en Tunisie.
ANALYSIS-Tunisia’s revolution short on economic know-how
Tunisie: un tribunal ordonne la censure de tous les sites pornographiques
Réfugiés de Libye: le PM tunisien appelle à la solidarité internationale
La G8 met à l’honneur le printemps arabe et l’Afrique démocratique
Tunisie: les deux tiers du camp de Choucha ont été brûlés ou pillés (HCR)
Immigration: « pas de tension sur le sujet » entre Paris et Tunis (Sarkozy)
Tunisie: le Premier ministre ouvre la porte à un report des élections
L’AKP donné largement gagnant pour les législatives du 12 juin
Communiquéà propos des élections en Tunisie.
Le G8 s’engage à aider la démocratie dans le monde arabe
Les pays du G8 se sont engagés vendredi à octroyer des dizaines de milliards de dollars aux pays du monde arabe, Egypte et Tunisie en tête, qui choisiront la voie de la démocratie et des réformes économiques.
Réunis pendant deux jours à Deauville, sur la côte normande, ils ont réclamé le départ du colonel Mouammar Kadhafi en Libye, demandé au président yéménite Ali Abdallah Saleh de s’effacer et condamné les violences du gouvernement syrien contre son peuple.
« Les changements historiques actuellement à l’oeuvre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient peuvent ouvrir la voie à des transformations comparables à celles survenues en Europe centrale et orientale après la chute du Mur de Berlin« , écrivent-ils dans leur déclaration finale.
Pour entretenir l’espoir du « printemps arabe« , ils promettent, dans le cadre d’un nouveau « partenariat de Deauville« , de fournir une aide à long terme à tous ceux qui suivraient les exemples de l’Egypte et de la Tunisie, où des manifestations sont venues à bout de régimes autoritaires.
Hôte du sommet, Nicolas Sarkozy a fait état de promesses d’aides de 40 milliards de dollars au Caire et à Tunis pour les deux années à venir.
Environ la moitié proviendrait de banques de développement multilatéral comme la Banque européenne d’investissement et le reste prendrait la forme d’aides bilatérales des pays du G8 – la France s’engageant à hauteur d’un milliard d’euros – et des riches pays pétroliers du Golfe.
La Tunisie a déjà fait savoir qu’elle avait besoin de 25 milliards de dollars sur cinq ans alors que l’Egypte a réclamé de 10 à 12 milliards pour tenir jusqu’à la mi-2012, les deux pays devant faire face à une chute de leurs revenus touristiques depuis les troubles de l’hiver dernier.
Dans un rapport remis au G8, le Fonds monétaire international a chiffré à 160 milliards de dollars les besoins de financements des pays non exportateurs de pétrole du Proche-Orient et d’Afrique du Nord pour les prochaines années.
Le FMI a indiqué qu’il était en mesure de débloquer de l’ordre de 35 milliards pour stabiliser ces économies mais que le reste devrait être apporté par la communauté internationale.
La Banque mondiale a pour sa part annoncé cette semaine une nouvelle enveloppe de six milliards pour la Tunisie et l’Egypte.
S’agissant de la Libye, les pays du G8, Russie comprise, ont insisté dans leur communiqué pour que « les responsables d’attaques contre les civils rendent des comptes« .
« M. Kadhafi et le gouvernement libyen ont failli à leur responsabilité de protéger la population libyenne et ont perdu toute légitimité. Il n’a aucun avenir dans une Libye démocratique et libre. Il doit partir« , ajoutent-ils.
S’exprimant à l’issue d’un entretien bilatéral avec Nicolas Sarkozy, le président américain Barack Obama a fait part de leur volonté commune que l’intervention de l’Otan en Libye se poursuive jusqu’au règlement de la crise.
« Nous sommes déterminés à finir ce travail« , a-t-il dit.
La Russie a offert ses services pour négocier une solution avec le régime de Mouammar Kadhafi sans succès apparent, Londres annonçant qu’il avait décidé, comme l’a déjà fait la France, d’engager des hélicoptères de combat dans le ciel libyen.
S’agissant de la Syrie, le G8 s’est déclaré « consterné » par la mort d' »un si grand nombre de manifestants pacifiques » tués par les forces de sécurité et demande à Damas de cesser « immédiatement » l’usage de la force contre son peuple.
Mais le communiqué final ne mentionne pas la menace, présente dans une version antérieure du texte, d’une saisie du Conseil de sécurité de l’Onu si la Syrie n’obtempère pas.
La Russie, qui entretient de longue date des relations étroites avec la Syrie, a critiqué à plusieurs reprises l’intensité des opérations militaires contre la Libye, déclarant qu’elles outrepassaient le mandat donné par l’Onu.
Le blocage du processus de paix israélo-palestinien a été longuement évoqué lors du dîner des chefs d’Etat et de gouvernement jeudi soir, plusieurs participants saluant comme « important » le récent discours de Barack Obama, rapportent des sources diplomatiques européennes.
Le communiqué final mentionne spécifiquement ce discours mais s’abstient de toute référence à un futur Etat palestinien dans les frontières de 1967 comme l’avait évoqué le président américain le 19 mai, provoquant la colère d’Israël, et ce à la demande expresse du Canada, a-t-on ajouté.
Source : « L’express » Le 27-05-2011
« En Tunisie, le processus révolutionnaire est encourageant »
Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb et professeur à la Sorbonne, vient de publier, en mai, « Maghreb, les origines de la révolution démocratique » (éd. Pluriel). A l’occasion du sommet du G8 à Deauville, qui se penche sur desmesures d’aides aux révolutions arabes, il revient sur la situation en Tunisie, le pays d’où est partie la vague de contestation dans le monde arabo-musulman
Jérôme Chatin
Où en est la Tunisie, quatre mois après la fuite de Ben Ali, en janvier ?
D’un point de vue politique et social, on peut dire que les choses ne se sont pas trop mal passées. Les perspectives politiques sont créées avec les élections pour l’assemblée constituante qui semblent être maintenues pour le 24 juillet, après bien des hésitations. La population est finalement assez contente de l’évolution du pays, en dépit de la persistance des problèmes économiques. Il existe maintenant une perspective de liberté et de changement politique durable. Quant au gouvernement de transition, même si on lui reproche d’être un peu trop francophone, il est composé de gens compétents qui gèrent les affaires de façon efficace.
Mais il demeure des nuages sombres. D’une part, les fidèles de l’ancien régime sont toujours à la manœuvre pour saper le processus de transition. D’autre part, le colonel Kadhafi tente de porter la guerre en Tunisie. L’afflux de dizaines de milliers de réfugiés dans le pays est une lourde charge pour la Tunisie. Le bilan est donc mitigé mais le processus révolutionnaire se poursuit de façon encourageante.
Le pays est-il prêt pour des élections, prévues le 24 juillet ?
Evidemment non, mais il ne faut pas oublier que la Tunisie sort de plusieurs décennies de régime autoritaire, de parti pratiquement unique. La classe politique n’existait pas, il n’y avait pas de relève, pas d’opposition organisée et celle qui était en exil avait vieilli. Il y a aujourd’hui des intellectuels, des militants des droits de l’homme, des gens de bonne volonté, des jeunes aussi qui se sont illustrés pendant la révolution, mais tout cela ne fait pas une classe politique, au sens où nous l’entendons habituellement.
Je crois qu’il faut organiser des élections le plus rapidement possible pour asseoir sur le vote un régime légitime. Mais il s’agira encore d’un régime provisoire car cette assemblée devra rédiger une constitution et suivront ensuite d’autres élections, législatives et peut-être présidentielles. Le pays ne sera jamais prêt, mais il ne sera pas plus prêt en juillet qu’en octobre après le ramadan. Il y aura forcément des imperfections, mais il est important d’avoir un gouvernement légitimement élu. Pour la perfection, on attendra…
L’appareil de l’ancien dictateur Ben Ali a-t-il été éradiqué ?
Il est forcément toujours là puisque le parti de Ben Ali c’était, sur le papier, deux millions de membres, mais en réalité quelques centaines de milliers de notables et de fonctionnaires. Au ministère de l’intérieur, le gros des troupes est toujours présent. Des chefs ont été limogés et des sanctions sont tombées contre ceux qui étaient impliqués dans la répression pendant la révolution. Mais le gros de l’appareil est toujours en place. Or, c’est une police et une justice qui n’ont pas de culture démocratique. Il y a aussi des groupes qui misent sur la déstabilisation car ils ont beaucoup à perdre avec le changement du régime.
Comme pendant la révolution, il y a eu, fin avril et début mai, des incendies dans des prisons qui ont libéré des centaines de prisonniers pour qu’ils organisent le chaos dans le pays. Il y a évidemment des clans qui jouent la politique du pire. D’autant que les liens entre Kadhafi et l’ancienne garde présidentielle de Ben Ali, qui s’est réfugiée en Libye, sont toujours actifs. La semaine dernière, un commando libyen avec des charges explosives a été arrêté dans le nord de la Tunisie. C’est pour cela que la chute du régime du colonel Kadhafi serait un énorme soulagement pour la Tunisie.
Cela dit, les Tunisiens doivent conserver leur appareil d’Etat car il n’y en a pas d’autre. Il ne faut surtout pas faire comme en Irak où la plupart des fonctionnaires ont été renvoyés par les Américains après l’invasion de 2003, ce qui a attisé la guerre civile. Il faut donc garder cet appareil, tout en l’encadrant. Mais cela va être un processus long et difficile. C’est ce qui s’est passé après la mort de Franco, en Espagne, en 1975. Les forces de police et de justice autoritaires sont restées en place. En Tunisie aussi, elles seront, petit à petit, épaulées et remplacées et surtout dirigées par des générations qui seront plus attachées aux droits de l’homme.
Source : « L’express » Le 27-05-2011
Tunisie – Instance indépendante des élections : «Nous restons dans une logique de consensus et non pas de bras de fer», déclare Kamel Jendoubi
«Je suis indépendant!», lance d’emblée Kamel Jendoubi, président de l’Instance Indépendante des Elections, lors de la conférence de presse du 26 mai 2011. Une indépendance qu’il réclame fortement, après l’annonce de la décision finale de l’instance de la date des élections, soit le 16 octobre 2011. «Nous ne sommes pas habitués à cette indépendance. Aujourd’hui, nous avons eu une rencontre avec les partis politiques. Jusqu’à maintenant, les organismes publics sont restés très attachés à l’Etat. Ce qui fait que cette rencontre c’est une première en son genre», défend-il.
Cette rencontre avait pour but de présenter à tous les partis politiques l’agenda électoral et expliquer les raisons du maintien de la date du 16 octobre 2011. Une rencontre qui s’est plutôt bien passée, affirme M. Jendoubi, avant d’insister sur le fait que les partis politiques ont le droit d’exprimer leurs avis, tant que ceci ne touche pas la crédibilité et la neutralité de l’instance. «N’attendez pas de nous un commentaire sur une position politique ou gouvernementale. Nous nous attachons à notre indépendance et notre neutralité», lance-t-il.
Neutralité?
Le président de l’Instance ajoute que l’instance n’est pas dans une logique de bras de fer avec le gouvernement et les partis politiques. Le gouvernement a annoncé auparavant son attachement à la date du 24 juillet 2011 ainsi que certains partis politiques. «Nous sommes plutôt dans une logique de consensus. Ce n’est pas une question de date mais de processus électoral. Les élections de l’Assemblée Constituante ne pourront pas se réaliser dans la date initialement prévue», explique-t-il.
De son côté, Boubaker Bethabet, secrétaire général de l’instance, précisera que la première date a été décidée avec l’objectif de réaliser une élection présidentielle prématurée. Après s’être mis d’accord sur des élections d’une Assemblée Constituante, elle n’est plus valable, selon lui, puisque le processus est plus compliqué et l’agenda est largement différent. «Cet agenda a été publiquement annoncé et nous n’allons pas y renoncer», affirme M. Bethabet.
Des risques…
A croire l’instance indépendante des élections, le maintien de la date du 24 juillet 2011 pose des risques sur la faisabilité et le bon déroulement des élections. Les candidatures doivent lui parvenir, au plus tard le 2 juin 2011 –45 jours avant les élections-, selon les délais prescrits par la loi électorale, ce qui est impossible actuellement, selon le président de l’instance. «Nous ne pouvons pas maintenir cette date parce qu’elle ne garantit pas les procédures de la loi électorale. Celles-ci stipulent des délais qu’on ne peut pas changer. Dans ce cas, l’inscription se déroulera alors que l’instance ne s’est pas encore mise en place et ça ne fait que quatre jours qu’elle existe».
Selon l’agenda présenté, la mise en place de l’instance prendra environ 14 jours. Il faudra, par la suite, créer des bureaux régionaux (20 jours), recruter les observateurs (7 jours), fixer les procédures d’inscription (7 jours), les programmes de formation (7 jours), identifier les bureaux de vote (21 jours) et les bureaux d’inscription (21 jours). On annonce, ainsi, que 21 mille personnes seront recrutées pour les 5 mille centres de vote et 4.500 personnes pour les 1.500 bureaux d’inscription. D’un autre côté, l’inscription des votants prendra 30 jours, les litiges (25 jours), la présentation de la liste des candidats (14 jours), la campagne électorale (21 jours), etc.
Inscription volontaire…
Concernant les procédures d’inscription aux élections, M. Jendoubi indique qu’il y aura recours à l’inscription volontaire. Un choix imposé par des lacunes au niveau de la base des données de l’électorat. On estime que 13% des adresses sont erronées ou manquantes, 400 mille ont une ancienne carte d’identité, les adresses des Tunisiens à l’étranger (on compte 1,1 million) ne sont pas identifiés. «Il y a un risque de négliger environ 2 à 3 millions si on recourt à l’inscription automatique», explique M. Jendoubi.
Concernant le financement des travaux de l’instance, il a annoncé que le gouvernement a mobilisé 10 MDT comme avance sur le budget. La Banque centrale de Tunisie vient d’ouvrir un compte pour l’instance. Son président indique aussi que le financement des listes électorales est son apanage. Chaque liste sera appelée à ouvrir un compte en son nom. L’instance s’approprie le droit d’éliminer une liste même après l’annonce des résultats si elle n’a pas respecté les règles de financement.
En réponse à une question sur la garantie de la transparence des élections et la confiance en le travail de l’instance, M. Bethabet a affirmé qu’il n’y a pas de garantie concrète. «Les seules garanties sont la bonne foi et la confiance dans les institutions», lance-t-il. En attendant, le débat sur la date des élections ne s’est pas encore apaisé. La réponse du gouvernement reste prévisible avec l’attachement de l’instance indépendante des élections à la date du 16 octobre 2011.
Source: ”wmc” Le 27-05-2011
La Tunisie décrète le blocage des sites Web pornographiques
Un tribunal tunisien a ordonné à l’Agence tunisienne d’Internet (ATI) de procéder au blocage de tous les sites pornographiques, filtrés sous le régime Ben Ali, mais librement accessibles depuis janvier.
Cette décision de justice fait suite à une plainte déposée il y a une semaine par trois avocats, qui affirment que ces sites présentent un danger pour les plus jeunes et sont contraires aux valeurs musulmanes. D’après le site tunisien Business News, sept sites pornographiques ont fait leur apparition ces derniers mois dans la liste des 100 sites les plus consultés dans le pays.
Si l’interdiction est maintenue, il s’agirait du deuxième cas de censure sur Internet depuis la chute du régime de Ben Ali, le 14 janvier. Début mai, plusieurs sites avaient été bloqués par l’ATI sur ordre d’un tribunal militaire, pour des raisons encore peu claires.
L’ancien activiste et blogueurSlim Amamou, devenu ministre de la jeunesse du gouvernement intérimaire en janvier, aannoncé sa démission cette semaine. Figure de proue de la lutte contre la censure, M. Amamou faisait partie des fondateurs du Parti pirate tunisien et a estimé qu’il serait « plus utile en dehors du gouvernement ».
Source: ”Le Monde.fr” Le 27-05-2011
Tunisie : Rendez-moi mon porno !
Par Adam Jerbi,
A ma grande surprise, j’ai appris hier 26/05/2011 que suite à une plainte déposée la semaine dernière par trois avocats, le tribunal de première instance à demandé à l’Agence Tunisienne d’Internet de fermer les sites à caractère pornographique. J’ai été non seulement surpris, mais aussi déçu. J’ai eu encore une fois ce nœud au ventre qui me dit que malheureusement, le combat pour la liberté en Tunisie n’est pas fini. Une dictature est en train de remplacer une autre sous le couvert de décisions de tribunaux.
Au-delà des questions d’ordre moral, je me demande par quel droit est ce que l’Etat peut décider pour moi – qui suis majeur et vacciné – des sites internet que je ne devrais pas consulter. Je pourrai comprendre qu’une personne ou organisation puisse porter plainte contre une autre personne ou organisation. Mais dans ce cas, une plainte a été déposée contre toute une catégorie de sites internet, sans nommer des sites en particulier. Je rappelle qu’un site internet n’est qu’une vitrine d’une organisation ou d’une entreprise. Je ne comprends donc pas qu’une plainte ait été déposée contre toute une catégorie de sites web, sans nommer les organisations qui sont derrière ses sites web. Ceci revient à porter plainte contre toutes les vitrines de chaussures en Tunisie par exemple sans nommer les propriétaires ou gérants des boutiques…puis décider de cacher ces vitrines par des rideaux sans même entrer en contact avec les propriétaires ou gérants de ces boutiques. Dans ce cas, je dirais que si les propriétaires ou gérants de ces boutiques n’ont pas été inquiété, c’est qu’ils n’ont pas enfreint la loi. Je m’étonne donc qu’un tribunal de justice, indépendant, puisse donner droit aux plaignants. Si des organisations derrière des sites à caractère pornographiques sont entrain d’enfreindre une loi tunisienne, c’est contre elles qu’il aurait fallu porter plainte. Ces organisations propriétaires de ces sites auront les moyens techniques de fermer l’accès de leurs sites aux internautes en Tunisie. Qu’un tribunal indépendant décide de la fermeture de tous les sites à caractère pornographiques m’inquiète énormément et me dit que quelque chose ne tourne pas rond dans la justice tunisienne post révolution. Est-ce que l’accusé –sites internet à caractère pornographique – a eu droit à un avocat ?
Beaucoup de questions se posent. Qui est le client ces trois avocats ? Est-ce que ces avocats se sont plaints en leur propre nom ? Est-ce qu’ils se sont crus gardiens de la morale ? Est-ce que cette décision sert des intérêts politiques ?
J’appelle mes concitoyens à la plus grande vigilance. Ceci est tout bonnement le retour en force de la censure. Ma liberté d’expression est en jeu.
Cette décision crée un précédent dangereux. Cette décision de justice peut ouvrir la voie à d’autres décisions. Quelques semaines auparavant, le ‘filtrage’ des pages facebook avait déjà commencé. Des pages FB plutôt subversifs ont été bloquées. Aujourd’hui, un autre pas a été franchi et je m’inquiète pour ma Tunisie.
Source: “Nawaat” Le 27-05-2011
Tunisie: l’impatience des habitants de Kasserine
Par Jean Paul Guilloteau
Cette ville de l’intérieur a payé un lourd tribut à la chute de Ben Ali. Cinq mois après la révolution, le scepticisme l’emporte. Les habitants attendent toujours des nouvelles autorités qu’elles leur fournissent des emplois. Ils exigent aussi que justice soit faite.
C’est une cité poussiéreuse entourée de collines arides, à quatre heures de route de Tunis et à mille lieues des stations balnéaires de la côte méditerranéenne. Kasserine, 100 000 habitants, est l’envers du décor du « miracle tunisien » si longtemps vanté par les thuriféraires du régime de Ben Ali. L’unique usine, une fabrique de pâte à papier, a été construite au tout début de l’indépendance, il y a un demi-siècle. En cinq ans, depuis 2005, elle a fermé six de ses sept unités de production.
Principale activité de la ville: la contrebande avec l’Algérie, dont la frontière n’est qu’à 70 kilomètres. On y échange des paquets de macaronis et des conserves de tomates made in Tunisia contre des bidons d’essence, des cigarettes, des pneus ou des tiges de fer destinées à la construction. Il ne passe plus guère de trains sur la voie ferrée qui sépare les immeubles déglingués du centre-ville du quartier populaire d’Ezzouhour.
Dans le faubourg délaissé, les égouts sont à ciel ouvert et seule la rue principale est goudronnée. Sur une petite place, un monument aux morts tout neuf: il a été érigé en hommage aux« martyrs » de la révolution. Entièrement financé par les habitants, il porte les noms de 19 jeunes gens tués par balle par les forces de l’ordre pendant le soulèvement de janvier.
« Ce sont ceux de Kasserine qui ont creusé la tombe de Ben Ali », affirme avec fierté Abdelwahab Homri, un professeur de mathématiques, militant syndical et membre du collectif local de sauvegarde de la révolution. Car la ville est celle qui a payé le plus lourd tribut à la chute de l’ancien régime. Celle aussi où tout s’est joué, les 8, 9 et 10 janvier, trois journées particulièrement meurtrières qui ont fait plus de 20 morts et 200 blessés, dont plusieurs dizaines par balle.
Président de la commission chargée d’enquêter sur les « violations et abus » commis pendant les événements, Taoufik Bouderbala dévoilait, le 12 avril dernier à Tunis, ses premières conclusions. L’ancien régime, révélait-il, avait « ordonné le bombardement du quartier d’Ezzouhour, afin de faire plier la région et de mettre à genoux ses habitants »; les armes à feu étaient utilisées « avec l’intention de tuer » par des « tireurs d’élite appartenant à des brigades de l’ordre public ». Certains d’entre eux, encagoulés, étaient postés sur les toits. A Kasserine, tout le monde les appelle les kanassa (snipers). Et certains disent que parmi eux, il y avait une femme…
La vie de Wael Karafi a basculé en quelques instants le 10 janvier. Agé de 20 ans, titulaire depuis peu d’un CAP en électromécanique, il suivait avec beaucoup d’autres le cortège funèbre d’un camarade abattu l’avant-veille par les forces de l’ordre. Dans un premier temps, la police a tenté de leur barrer le passage en utilisant des gaz lacrymogènes. Puis ont éclaté des tirs. Il a eu le genou explosé. En quelques jours, la gangrène s’est installée, et les chirurgiens n’ont pas eu d’autre choix que de l’amputer. Aujourd’hui, le jeune homme apprend à marcher avec des béquilles.
L’Etat tunisien lui a versé l’équivalent de 1500 euros pour solde de tout compte, comme à tous ceux qui ont été blessés par balle, et un collectif d’associations locales a convaincu le gouverneur (préfet) de lui offrir un poste de standardiste dans un établissement public. Il sera payé au Smic, l’équivalent de 125 euros par mois. « Trop peu », juge-t-il.
Afaf Idoudi, 20 ans tout juste elle aussi, a été touchée à la cuisse deux minutes après Wael, au cours des mêmes obsèques. Une mauvaise fracture du fémur l’a immobilisée pendant trois mois. La jeune fille recommence depuis peu à marcher, avec une canne. Mais elle n’est pas sûre de pouvoir reprendre ses études – elle préparait un CAP d’électricité – et s’inquiète pour son avenir. Elle voudrait que le gouverneur lui trouve, à elle aussi, un poste de standardiste.
Le chômage des jeunes est ici un terrible fléau. Les deux frères d’Afaf font partie de ceux, nombreux, qui ont préféré quitter la ville et la Tunisie. Le premier a vécu quatre ans dans le sud de la France sans papiers avant d’obtenir, l’an dernier, un permis de séjour. Le second l’a rejoint en avril en passant, comme des milliers d’autres, par l’île de Lampedusa.
« Du temps de Ben Ali, les frontières étaient très contrôlées. Il fallait passer par la Libye, c’était très cher. Après la révolution, tout s’est ouvert, c’est devenu beaucoup plus facile », explique Mohamed. A 30 ans, lui hésite à franchir le pas. Parce qu’il ne trouvait rien avec sa licence d’anglais, il s’est reconverti dans l’informatique et tient une boutique Internet dans le centre de Kasserine. Il touche 250 dinars (125 euros) par mois. Il montre le CV qu’il a préparé pour le gouvernorat: il a entendu dire qu’une usine de composants électroniques allait s’installer dans la ville et il tient à se mettre sur les rangs.
« Il y a eu beaucoup de promesses, des ministres sont venus, ils ont parlé d’une zone industrielle, d’usines… Mais jusqu’ici nous n’avons rien vu de concret », déplore de son côté Issam. A 28 ans, titulaire d’une maîtrise de tourisme, il est sans emploi depuis 2007. « On fait quoi, avec juste la liberté? Sans travail, il n’y a pas de dignité! » renchérit Adel. Lui a un master en logistique, il a effectué l’an dernier un stage à Dubai où il songe à repartir, malgré son attachement à sa ville. En attendant, il milite au sein d’une toute nouvelle association qui tente d’aider les jeunes à postuler pour un job ou une subvention. Il se méfie des partis qui ont « mis le grappin » sur la révolution.
Issam et Adel passent le plus clair de leurs journées à tuer le temps dans un café de la ville. Ils ne sont pas les seuls. Qu’ils soient « populaires » – entendez avec une terrasse et une clientèle exclusivement masculine – ou « mixtes » – un peu plus branchés et fréquentés également par quelques jeunes femmes – les cafés de Kasserine sont le refuge préféré des chômeurs. L’expresso y coûte 300 millimes (15 centimes d’euros), le « direct » (café-crème) à peine plus cher. Et les cigarettes de contrebande se vendent à l’unité, au coin de la rue.
On me demande de résoudre des problèmes qui se sont accumulés depuis vingt-trois ans », soupire Sliman Amor ben-Haj, le gouverneur de Kasserine. Ses deux prédécesseurs – celui qui officiait avant la chute du dictateur et celui désigné par le premier gouvernement provisoire – ont été « dégagés » par les révolutionnaires. Lui vient de l’armée, ce qui est un atout dans la Tunisie postrévolutionnaire. Cet ancien de l’Ecole navale reçoit une cinquantaine de personnes par jour. Depuis quelques semaines, il est en mesure d’offrir aux jeunes diplômés sans emploi une subvention d’une centaine d’euros par mois pendant un an, « afin de les aider à financer leurs démarches ».
Ce programme, baptisé Amal (Espoir), est l’une des mesures phares du gouvernement. A l’origine, les jeunes devaient aussi recevoir une formation, mais les autorités se sont vite rendu compte qu’elles n’en auraient pas les moyens. A Kasserine, plus de 7000 jeunes ont déjà vu leur dossier accepté. « Ils veulent juste nous faire patienter », commente, sans illusions, l’un des bénéficiaires. Le gouverneur ne dit pas autre chose. Grâce à un autre programme, il a pu également offrir 3000 emplois de journaliers à des chômeurs non qualifiés pour des travaux d’intérêt général. De quoi les occuper pendant quelques mois. « On ouvre des chantiers dont on n’a pas vraiment besoin dans le seul but de faire travailler les gens », reconnaît l’officier.
Chaque matin, ils sont près de 200 à se masser devant l’entrée du gouvernorat dans l’espoir d’obtenir une aide. « Le développement régional a toujours été conçu en Tunisie comme une politique d’assistance aux populations des régions déshéritées », souligne, à Tunis, le ministre du Développement régional, Abderrazak Zouari. Cet économiste souhaite profiter de son passage à la tête de ce nouveau ministère pour amorcer la réflexion sur le sujet. En attendant, la loi de finances rectificative, qui sera promulguée au début de juin, devrait lui permettre de réaffecter aux gouvernorats abandonnés de l’intérieur une partie des crédits destinés à l’origine aux régions côtières.
« Lorsque le dictateur est parti, nous avons eu le sentiment d’être arrivés au sommet de la montagne. Nous étions enthousiastes. Mais, en regardant au loin, de ce sommet, nous avons vu une chaîne immense et nous avons compris que nous aurions beaucoup d’autres montagnes à gravir », confie Me Ahmed Misarki, un avocat au barreau de Kasserine.
Depuis le début de l’année, près d’une vingtaine d’associations ont été créées dans la ville, dont une douzaine s’efforcent d’agir ensemble au sein d’un réseau commun. La plupart d’entre elles ont pour objectifs affichés la citoyenneté, la démocratie et le développement, durable ou équitable. Elles organisent des débats et des séminaires. Elles s’efforcent aussi d’aider les victimes de la révolution à faire valoir leurs droits. Tout récemment, elles ont obtenu du gouverneur qu’il leur accorde une priorité à l’embauche lorsque l’usine de pâte à papier procédera à des recrutements. Les victimes exigent aussi que justice soit faite.
L’un des magistrats instructeurs a décidé de s’impliquer dans ce combat. En poste depuis quinze ans à Kasserine, ce petit juge qui préfère garder l’anonymat a entendu, en deux mois, un millier de témoins. Il a mis en examen une vingtaine de responsables des forces de l’ordre, à Kasserine et à Tunis. Y compris l’ex-président Ben Ali et son ancien ministre de l’Intérieur Abdallah Kallel, sous les verrous depuis le 11 mars. « Pour les snipers, dit-il, c’est plus compliqué, car ils étaient masqués. J’ai demandé au ministère de l’Intérieur de me fournir la liste exacte des unités de la police qui ont été envoyées à Kasserine. Mais cela traîne à Tunis… »
Or les lenteurs de l’enquête sont difficiles à vivre lorsque les plaies sont encore béantes. Dans sa maison d’Ezzouhour, la mère de Mohamed Nasri crie vengeance. « Je veux, dit-elle, voir mort celui qui a tué mon fils. » Le portrait de Mohamed trône sur le mur du salon familial. Le jeune homme avait 22 ans, il venait d’être embauché à l’usine. Après le travail, dans l’après-midi du 10 janvier, il est allé manifester avec Sami, son frère aîné, ouvrier comme lui. Le certificat de décès signé par le chef du service de médecine légale de l’hôpital de Kasserine précise qu’il est mort d’une « blessure abdominale grave causée par un projectile d’arme à feu ».
La famille a reçu un chèque de 20 000 dinars (10 000 euros). Mais cela n’empêche pas le père de Mohamed, un retraité de 65 ans, de déplorer le « manque de reconnaissance ». La municipalité avait promis de changer le nom de leur rue pour lui donner celui de leur fils. Ils attendent toujours. La mère se dit « prête à payer la plaque », afin que le nom de Mohamed « reste gravé dans les mémoires ».
Source : « L’express » Le 27-05-2011
Lien : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/tunisie-l-impatience-des-habitants-de-kasserine_996388.html
Egypte et Tunisie, laboratoires du plan économique néocolonial d’Obama
Le président Obama, dans son discours sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, annonce un grand plan économique de « soutien à la démocratie ». Les premiers pays où il sera réalisé sont l’Egypte et la Tunisie. A la demande de Washington, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international présenteront au sommet G-8 du 26-27 mai en France, un plan pour « stabiliser et moderniser les économies égyptienne et tunisienne ».
Les Etats-Unis, ajoute Obama, ne veulent pas qu’une Egypte démocratique soit alourdie par la dette du passé : ils prennent donc à leur charge 1 milliard de dollars de la dette extérieure égyptienne. Mais ne dit pas que, si l’Egypte s’est endettée pour plus de 30 milliards de dollars bien qu’étant un gros exportateur de pétrole et de gaz naturel et même de produits finis, cela est dû au fait que son économie est dominée par les multinationales étasuniennes et européennes à qui Moubarak avait largement ouvert les portes.
Une telle domination se renforcera puisque la quote-part de la dette égyptienne prise en charge par Washington permettra aux multinationales étasuniennes d’obtenir des parts d’entreprises et de concessions pétrolifères pour une valeur d’un milliard de dollars, sans débourser le moindre sou. Toujours pour « renforcer la croissance et l’entreprenariat » en Egypte, les USA garantiront aussi un prêt d’1 milliard de dollars, resserrant ainsi encore plus le nœud coulant de la dette. Et Washington poursuit les mêmes buts en Tunisie.
En même temps, annonce Obama, les Etats-Unis sont en train de créer des « fonds d’entreprise à investir en Egypte et Tunisie, sur le modèle de ceux qui ont soutenu la transition en Europe orientale », c’est-à-dire son assujettissement aux puissances occidentales. C’est une initiative bipartisane promue par le sénateur démocrate John Kerry et par le républicain John McCain. L’objectif de ces investissements en Egypte et Tunisie est de « promouvoir le secteur privé et de joint-venture avec des entreprises étasuniennes » et « la création d’une classe moyenne ».
Les USA visent aussi la conquête des petites et moyennes entreprises : en Egypte elles sont 160mille, auxquelles s’ajoutent 2,4 millions de micro-entreprises. Le but de ces investissements est révélé par le règlement du Fonds d’entreprise USA-Egypte : il sera gouverné par un conseil directorial de 4 citoyens privés étasuniens et 3 Egyptiens et ces derniers aussi seront « nommés par le président des Etats-Unis ».
Les régimes de Moubarak et Ben Ali étant écroulés, Washington tente de cette façon de créer une nouvelle base sociale qui garantisse ses intérêts en Egypte et Tunisie. Ces deux pays seront le laboratoire où l’on mettra au point le plan, qui prévoit l’allocation de 2 milliards de dollars pour « soutenir les investissements privés dans toute la région » et lancer une « initiative globale de partenariat de commerce et d’investissements au Moyen-Orient et en Afrique ». A ce plan, ajoute Obama, participe aussi la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), qui se prépare à « fournir à la transition démocratique et à la modernisation économique au Moyen-Orient et en Afrique le même soutien donné pour l’Europe orientale ».
Obama annonce enfin que « nous aiderons les nouveaux gouvernements démocratiques à récupérer les biens volés ». Claire est ici la référence aussi aux fonds souverains libyens – plus de 150 milliards de dollars- « congelés » surtout par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Quand ils seront « décongelés », il seront transformés en « fonds d’entreprise » pour s’approprier l’économie libyenne.
Source : « Egalite et reconciliation » Le 27-05-2011
La difficile transition tunisienne
Par Michel LEpinay
Avenue Habib-Bourguiba, les rouleaux de barbelé interdisent le passage à hauteur du ministère de l’Intérieur. Quelques blindés impressionnent le passant sous l’œil d’une poignée de militaires et policiers aux aguets. Même chose devant l’ambassade de France dont l’entrée principale est aussi protégée. L’avenue Bourguiba reste le haut lieu de la contestation démocratique. « Il est rare d’avoir une journée sans manifestation, précise Akram Hkiri, un jeune homme d’une trentaine d’années, intarissable sur sa révolution. Tout le monde a quelque chose à réclamer, du travail, des augmentations de salaires, chacun veut tirer un bénéfice immédiat de la révolution… » Sur l’avenue de France, à deux pas de l’ambassade, les trottoirs ont été envahis par les marchands ambulants. Les contrefaçons de marques prestigieuses y côtoient les objets importés clandestinement d’on ne sait où, Algérie ou Libye le plus souvent, paraît-il. C’est aussi un acquis de la révolution : du temps de Ben Ali, ces marchands n’avaient pas droit de cité sur l’avenue prestigieuse. Question d’image plus que de morale : le régime de Ben Ali n’a jamais vraiment pourchassé les revendeurs de produits de contrebande. On prête même à l’entourage de l’ex-président une forte implication dans tous les commerces plus ou moins illégaux. C’est d’ailleurs Imed Trabelsi, un neveu de Leila, la femme du président Ben Ali, qui avait la haute main sur la contrebande d’alcool dans le pays. Mais c’est de l’histoire ancienne. Les membres du clan Trabelsi sont maintenant en fuite, ou en prison, à l’instar d’Imed. Les Tunisiens sont débarrassés, et heureux de l’être enfin, mais ne sont pas pour autant au bout de leurs peines. On pourrait même dire que les difficultés, les nouvelles, celles que la révolution a fait naître, ne font que commencer. Pour Mongi Gharbi, par exemple, qui nous reçoit à deux pas de l’avenue Bourguiba, dans son bureau défraîchi du quatrième étage de l’immeuble de « La Presse de Tunisie ». C’était le quotidien du pouvoir. Et Mongi Gharbi en était l’un des rédacteurs en chef, mis au placard depuis quelques années, « pas assez en phase avec la direction désignée par le gouvernement » dit-il aujourd’hui. Sa vie a changé à la fin du mois de janvier, peu après le départ de Ben Ali, lorsqu’après avoir « dégagé » la direction précédente, les journalistes l’ont choisi comme rédacteur en chef principal. Depuis, il essaye de transformer l’ex-journal du pouvoir en nouveau quotidien de la démocratie. Mais comment s’y prendre ? Pour commencer, Mongi Gharbi fait son autocritique, ou plutôt celle de sa rédaction. « C’est vrai, nous avons travaillé des années à la fois dans la peur et l’autocensure, justifiant et valorisant l’action du gouvernement… Nous n’avions pas le choix, nous savions qui nous payait. » « Mais nous avions le sentiment d’aider au progrès économique de notre pays, à l’effort d’éducation de tous, incontestables sous Ben Ali… Et nous n’étions pas vraiment au courant, pour les détournements et la corruption », se justifie-t-il. Piètre excuse, pensera-t-on, pour un journaliste. Mais au lendemain de la révolution, les Tunisiens ont assez à faire pour ne pas s’éterniser sur les petites lâchetés commises ou admises par les uns ou les autres, durant les 23 années de benalisme. Aujourd’hui, ils veulent aller de l’avant, et le défi de Mongi Gharbi, c’est de transformer un journal de propagande en quotidien d’informations indépendant et pluraliste, en évitant d’en faire un brûlot revanchard. Le défi de son patron, le nouveau directeur du journal, Hmida Ben Romdane, journaliste lui aussi, nommé dans l’agitation consécutive au départ de Ben Ali, c’est de redresser une entreprise qui perd de l’argent. Pour cela, il a essayé de transformer l’édition quotidienne en langue arabe en un hebdomadaire, pour économiser, sans licencier personne. Mais lorsqu’il est venu présenter son plan, les journalistes lui ont lancé le désormais célèbre : « Dégage ! » « Depuis qu’il a été dégagé, il y a trois semaines, explique le rédacteur en chef, il n’ose plus venir au journal, il a peur pour sécurité. » Les journalistes de « La Presse » sont aujourd’hui comme la plupart des Tunisiens, enthousiastes, mais impatients. Et l’impatience, compréhensible, pourrait s’avérer un poison pour cette révolution. On avait rarement vu, paraît-il, la médina de la cité balnéaire de Mahdia, aussi déserte. « Depuis ce matin, nous sommes une dizaine à ne pas avoir mis un seul dinar dans la caisse », explique un marchand de souvenirs, désabusé. « La révolution c’est bien beau, mais si cela continue encore comme cela, nous serons tous ruinés. Du temps de Ben Ali, il y avait des touristes en permanence, et on gagnait notre vie. Au fond, nous, les petits commerçants, on s’en fiche de savoir s’il était corrompu, ce qu’on veut c’est du travail. De toute façon, la démocratie, c’est pas pour les arabes ! » Les mots sont amers, excessifs, minoritaires, mais ils reflètent pour partie le malaise ambiant. Et l’impatience ! La révolution a eu lieu, l’enthousiasme est toujours là, mais la démocratie est encore en devenir, et les fins de mois sont encore plus difficiles. Des dizaines d’hôtels sont au bord de la faillite, les agences de voyage ont suspendu leur activité, parfois licencié leurs salariés. Le tourisme, un moteur pour l’économie tunisienne, est en panne. Et les choses pourraient ne pas s’améliorer tout de suite. Il y a d’abord l’échéance du 24 juillet, l’élection de l’assemblée constituante, étape cruciale du processus démocratique tunisien. D’ici là, les carnets de réservations des agences risquent de rester désespérément vides. Et depuis quelques jours, s’ajoute aux incertitudes politiques la menace islamiste, qui pourrait freiner encore le tourisme. Mercredi dernier, près de Rouhia, dans le centre du pays, un accrochage a opposé un commando d’Al-Qaïda aux forces de sécurité. Bilan : deux militaires et deux terroristes tués. C’était le deuxième incident de ce type en un mois. Du coup, à la nuit tombée, dans la banlieue de Tunis, les automobilistes verrouillent leurs portières. Le terrorisme est une nouvelle menace sur le processus démocratique. Tous les partis politiques, qui ont senti venir le danger, condamnent unanimement les violences en appelant à l’unité nationale. En commençant par les islamistes du parti Ennahda, qui, à deux mois des élections, rejettent toute violence et multiplient les déclarations rassurantes et les professions de foi dans la démocratie. Car la question préoccupe tous les acteurs de la révolution : le parti islamiste peut-il dévier la marche vers une démocratie laïque, pour imposer un système théocratique ? « Le risque existe, reconnaît Mongi Gharbi, qu’ils remportent les élections, mais je ne crois pas qu’ils tentent d’imposer un système religieux, ils sont plus proches des Turcs de l’AKP, que des Iraniens. » En tout cas, dans ce pays, où même les non-pratiquants revendiquent l’héritage culturel musulman, où l’on dit parfois se méfier autant de « l’intégrisme laïque » que de l’extrémisme musulman, Ennahda devrait jouer un rôle important dans la transition démocratique. Parmi les 70 partis présentant des candidats, le leur est le seul qui soit en ordre de marche. A peine sortis de la clandestinité avec la chute de Ben Ali, ils ont ouvert des bureaux dans la plupart des villes. Ils conduisent leurs militants de meeting en meeting en autocar ; ils ont déjà relancé leur journal, interdit sous Ben Ali, sans aucune ressource publicitaire, mais font en revanche de la publicité sur Facebook… Et c’est encore leur mouvement qui organise des convois d’aide humanitaire pour les régions les plus pauvres du pays… Qui paye ? Sans avoir de preuves, on parle ici des islamistes turcs que le leader du mouvement, Rached Ghannouchi, prend volontiers en exemple, mais aussi de Kadhafi qui avait tenté il y a quelques années d’obtenir de Ben Ali la libération de certains de leurs militants, et même… des Etats-Unis. Car c’est la constante, quand on ne sait pas d’où vient le danger, ici comme dans la plupart des pays arabes, on regarde en direction de Washington. Source : « Paris-Normandie » Le 27-05-2011
Tunisie – Mohamed Ben Moncef Trabelsi demande 150.000 euros au Conseil de l’UE
Suite à la décision du Conseil de l’Union européenne du 4 février 2011, relative au gel des avoirs de 48 membres du clan Ben Ali, Mohamed Trabelsi, Ines Lejri, Moncef Trabelsi, Selima Trabelsi et Tarek Trabelsi ont déposé plainte contre le Conseil de l’Union, selon le Journal officiel des communications et informations de l’UE, numéro C 152, du 21 mai 2011. Mohamed Trabelsi demande au Conseil de l’Union européenne de lui verser la somme de 150.000 euros au titre des dommages-intérêts pour le préjudice subi, ainsi que de prendre en charge 25.000 euros au titre des dépenses. Il veut, également, que l’Etat au versement de frais irrépétibles dont le montant sera fixé par le tribunal. Représenté par maître Metzker, dans ce recours introduit le 30 mars 2011, les plaignants veulent que leurs noms soient supprimés de la liste établie par le Conseil. Ils veulent également un droit de réponse ainsi que protéger Tarek Trabelsi vu son handicap. Ils demandent au Conseil de l’Union européenne de réexaminer son texte et de respecter le principe de la présomption d’innocence. Rappelons qu’au mois de février 2011, Mohamed Ben Moncef Trabelsi, a déposé plainte pour menaces de mort auprès du procureur de la République de Paris. Il est en France, depuis le 10 janvier, avec sa femme et ses trois enfants, pour des soins d’un de leurs enfants, handicapé suivi à l’hôpital Necker à Paris.
Source: ”Business News” Le 27-05-2011
Un point de vue hardi sur la prostitution
Plusieurs voix féministes se sont élevées dernièrement, un peu partout dans le monde, pour demander l’abolition pure et simple de la prostitution. Cette pratique sociale et ancestrale est considérée par certaines de nos concitoyennes comme un système d’esclavage moderne où la femme subit toute sorte d’outrances orchestrées par des hommes sans scrupules. Vu sous cet angle là, qui assimile la prostitution à des scènes de films pornographiques, celle-ci devient synonyme de soumission totale, mais qu’en est-il dans la vraie vie?
Le désir instinctif de cohabitation temporaire Certaines activistes sont allées jusqu’à demander à ce que les patients qui fréquentent ces belles de nuit soient tout aussi verbalisés. Elles oublient au passage que, parfois, les clients sont plutôt des femmes, car le besoin de cohabiter farouchement pendant une demi-heure n’est pas limité aux hommes qui admettent en toute circonstance avoir besoin de ce désir sexuel. Ce n’est pas le cas de la gente féminine qui a du mal à avouer la nécessité de chercher le plaisir charnel. Même chez les couples légalement mariés, c’est toujours le mari qui, en général, procède en premier avec les préliminaires. Chez la femme, il y a toujours réticence à aborder le sujet et il existe toujours la crainte de se voir repoussée et peut être traitée d’obsédée sexuelle. Ce désir instinctif de cohabitation temporaire est passé par tous les âges et ce n’est pas aujourd’hui, à l’ère du numérique et des sites de rencontres, qu’il va disparaître. Grâce à l’internet et aux portables, les rencontres sont devenues plus fréquentes et les agences de call-girl prolifèrent un peu partout dans le monde. L’on peut se demander si ce sont les Tics qui favorisent ce genre de rencontres ou bien ce sont les envies et les fantasmes les plus imaginaires qui poussent les hommes parfois mariés et casés à fréquenter les professionnelles du sexe. Beaucoup de sociologues se sont penchés sur les raisons qui poussent des hommes mariés à fréquenter surtout les filles de joie avec tous les désagréments qui s’ensuivent. Parmi ces désagréments – c’est un euphémisme – figure en première position le sida qui a causé la perte de plusieurs milliers de foyers.
Ni courtoisie hypocrite ni pudeur mensongère Il est vrai que l’homme est, dit-on, polygame par nature, une seule femme au lit ne suffit pas à certains maniaques du sexe. D’ailleurs le fantasme le plus répandu chez les hommes, c’est de pouvoir orchestrer des situations à trois. Pareillement chez l’épouse fidèle, dont le rêve le plus absolu – mais le plus inavouable aussi – est de se taper son mari en présence de son cousin ou de son meilleur ami. Ces scénarios sont certes plausibles mais ils sont en réalité difficiles à concrétiser tellement nous vivons avec les préjugés. Ce sont ces mêmes fantasmes qui poussent des hommes mariés à chercher du réconfort auprès des professionnelles du sexe qui disposent d’un atout considérable, celui d’être toujours disponibles. Elles ont aussi d’autres aspects qui les rendent plus attractives: elles n’affichent jamais aucune courtoisie hypocrite ou de pudeur mensongère. Elles sont vulgaires – quoique pas toujours – mais ses légèretés de comportement et de langage les rendent (presque) plus sympathiques. Leur franc-parler leur donne aussi plus d’attraits et assure un sentiment de convivialité que les hommes cherchent et ne trouvent pas – ou pas toujours – auprès de leurs fidèles épouses ou maitresses attitrées. Ces bonnes femmes qu’on traite de tous les noms donnent souvent l’impression d’être dominées, soumises et maltraitées, alors qu’en fait, c’est le contraire qui est vécu à chaque instant de leur rencontre. Inutile de leur demander plus qu’elles ne sont disposées à donner. Il est hors de question qu’elles acceptent de s’adonner à des gâteries du genre qu’on voit dans les films pornographiques. Seule la position du missionnaire figure sur leur menu et il leur arrive de fumer pendant l’acte sexuel. En fin de compte ce sont leurs clients qui sont possédés et dépossédés de leurs sous et doivent obéir aux exigences de ces charmantes créatures parfois manipulatrices.
Qui a parlé d’esclavage moderne? Celles qui parlent d’esclavage moderne peuvent se rassurer: dans le milieu de la prostitution, ce sont les hommes qui jouent la plupart du temps le rôle de la victime. Ils laissent leur argent et leur dignité et ils doivent en plus se contenter du peu qu’ils reçoivent en contrepartie. Depuis que le monde existe, les hommes ont toujours cherché la compagnie des professionnelles du sexe et ce n’est pas aujourd’hui que la donne va changer. Ce n’est pas parce que des femmes intellectuelles s’insurgent que tous les hommes vont porter la soutane. Dieu a créé la femme belle à son image et c’est pour cette raison que les hommes, grands prédateurs devant l’Eternel, ne cessent de la pourchasser. Dans ce domaine, la théorie de Hegel selon laquelle le maître est, en réalité, l’esclave de son esclave, trouve une parfaire illustration.
Source : « Kapitalis » Le 27-05-2011
Entretien – Férid Boughedir, cinéaste
Tous ensemble pour un même ideal
Fidèle au festival du film de Cannes, notre cinéaste national Férid Boughedir, s’y rend chaque année depuis qu’il était critique, puis en tant que cinéaste notamment avec son film « Halfaouine », et aussi comme membre de jury. Cette année, il a animé l’hommage posthume consacré au père du cinéma tunisien Tahar Chariaâ et la réunion avec le CNC dans le but d’étudier les perspectives de développement d’une coopération franco-tunisienne dans le domaine du cinéma. Dans cet entretien, il nous fait le point.
Le Temps : L’hommage que vous avez organisé à Cannes était-ce votre idée ?
-Il s’agit d’une idée commune entre Mohamed Chalouf, un des fils spirituel de Tahar Cheriaâ, et moi. C’est grâce à Tahar Cheriaâ que j’ai compris très tôt que le cinéma était plus qu’un divertissement et qu’un film pouvait être d’une richesse exceptionnelle. C’est donc lui qui m’a fait aimer le cinéma et m’a donné l’envie de devenir réalisateur. Je suis passé par les ciné-clubs qu’il a développés. Il a poussé Omar Khlifi à réaliser son premier film « L’aube ». Il a encouragé le cinéma amateur en équipant les clubs en caméras, pellicules et permis aux films le développement gratuit. Il est d’abord le père du cinéma tunisien.
Après, quand il a créé les JCC, il a fait en sorte que la compétition officielle soit ouverte à deux régions dont faisait partie la Tunisie : le monde arabe et l’Afrique. Comme il venait des ciné-clubs, il défendait le cinéma en tant qu’art et était contre le cinéma commercial. C’est lui qui a donné leur chance aux films de Youssef Chahine et Tawfik Salah en les diffusant en Tunisie alors qu’ils étaient interdits en Egypte. J’ai déjà organisé un hommage à Cheriaâ de son vivant dans le cadre des JCC 2010. J’ai espéré que Ouagadougou organiserait un hommage à ce père du cinéma africain, qu’il a défendu lorsqu’il était directeur à l’Agence de la francophonie.
C’est d’ailleurs avec le concours de cette Agence que nous avons organisé l’hommage à Cannes. J’ai pris en main la conception de la brochure, de la table ronde et invité les cinéastes qui l’ont connu comme Tawfik Salah, Souleiman Cissé et ont voulu apporter leurs témoignages. Nous avons projeté le film sur Tahar Cheriaâ réalisé par Mohamed Chalouf. La Chambre syndicale des producteurs de films tunisiens nous a aidés en cela. Pour ma part, j’étais chargé de l’animation du débat auquel j’ai donné une note d’espoir qu’aurait aimé Tahar Cheriaâ. Durant 40 ans, Cheriaâ et Sembene Ousmane ont porté notre espoir d’un cinéma africain indépendant du nord. J’ai essayé de faire revivre cet esprit.
Serge Toubiana, originaire de Sousse, actuellement président de la cinémathèque française a manifesté son envie d’organiser un hommage à la cinémathèque française en programmant les films qu’il a soutenu comme par exemple : « El moutamaridoun » (Les rebelles) de Tawfik Salah. L’hommage a été émouvant grâce à l’enthousiasme de l’assistance. C’est l’esprit de solidarité sud-sud qui a régné. C’est une véritable renaissance. J’ai même pleuré en imaginant que Tahar Cheriaâ était avec nous.
*Trois générations ont été célébrées cette année à Cannes, c’est exceptionnel. Est-ce l’effet de la révolution qui a aidé à cette réconciliation entre les cinéastes?
-Ce qui est magnifique cette année à Cannes, c’est qu’il y a trois générations de cinéastes. La génération de Tahar Cheriaâ est celle des fondateurs, des pionniers. L’autre génération est celles des années 85, celle de l’âge d’or du cinéma tunisien où certains sujets considérés tabous étaient traités dans les films. Cette génération était présente en la personne de Nouri Bouzid qui a été décoré de la plus haute distinction française : la légion d’honneur remise par Frédéric Mitterrand qui a senti que la France était coupable de n’avoir pas vite compris la révolution tunisienne. Pour se racheter, il a fait un très beau geste.
Cette année, le pays invité est l’Egypte. Nous, on était un peu frustré car nous étions les premiers à commencer la révolution. Frédéric Mitterrand a voulu rattraper le coup en faisant participer les Tunisiens à l’ouverture de Cannes avec la montée des marches. Il y avait toutes les générations : Bouzid, Zran, Amine Chiboub, Bahri Ben Yahmed etc. Bien sûr, Mourad Ben Cheikh est au centre avec son film qui est programmé dans le cadre d’une séance spéciale.
Certains ont fait une guerre artificielle entre vieille et jeune générations alors qu’il est seulement question de financement. Comment tous ensemble, nous allons construire un cinéma grâce à la vieille génération de Tahar Cheriaâ. La réconciliation est possible pour les jeunes. Ensemble, nous travaillerons pour un même idéal : que le cinéma serve à exprimer la Tunisie sous toutes ses facettes : politique, sociale et culturelle.
*En quoi la réunion avec le Centre national du cinéma français est-elle porteuse d’un nouveau projet pour le développement du cinéma tunisien ?
-Le Maroc a réussi très vite avec une seule loi sur les recettes de la télévision à multiplier par cinq sa production. Le Maroc a un CNC et nous, non. La différence est que le CNC peut faire ce que le ministère de la Culture ne peut pas faire. Ce dernier encadre le cinéma, accorde des subventions plafonnées. Un CNC a l’indépendance financière c’est-à-dire qu’il peut faire deux tâches : la première, prélever des recettes et la deuxième : répartir ces recettes aux secteurs qui en ont besoin : salles, films, multiplexes etc. Or cela on peut le faire car le service cinéma d’une administration ministérielle n’a pas le droit de toucher de l’argent même si une loi existe.
Par exemple en France, la culture et la communication sont réunies en un seul ministère, ce qui permet de prélever les recettes de la télévision qui seront versées non pas aux chaines de télévision mais à des producteurs privés français qui feront avec l’argent des téléfilms qu’ils proposeront aux télévisions. C’est ce genre de système qu’on essaie de construire dans notre pays
*ce serait donc une copie du système français ?
-Non pas tout à fait. Mais un CNC ne peut exister s’il n’y a pas de mécanisme de financement et de loi sinon, il restera une coquille vide. Ce système permettra d’accroitre la production de films et de téléfilms qui sera diffusée à longueur d’année et non plus seulement au mois de ramadan. Par conséquent, la réunion du CNC qui a eu lieu à Cannes vise essentiellement l’expertise. Nous avons suggéré l’envoi en Tunisie d’experts juridiques, fiscaux et financiers avant la fin du mois de juin prochain pour préparer des textes que nous allons soumettre au premier ministère. Nous allons également consulter les belges qui ont le système de taxe Sheltter qui leur ramène beaucoup d’argent. Ils exonèrent d’impôt les grandes sociétés industrielles qui veulent investir dans le cinéma. Nous allons nous concerter aussi à ce sujet avec les Marocains.
Source: “ Le Temps” Le 27-05-2011
Le système de torture identifié et reconnu, ce qui reste à faire…
• M. Scheinin soumettra son rapport complet portant sur sa visite en Tunisie, au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en 2012 • Pour la première fois, des agents ont confirmé la conversion des bureaux au ministère de l’Intérieur en salles d’interrogatoires et de torture Suite à la visite, en Tunisie, de M. Martin Scheinin, le rapporteur spécial des Nations unies pour la promotion et la protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, le Haut commissariat de l’Organisation des Nations unies aux droits de l’Homme a organisé, hier, une conférence de presse afin de faire la lumière sur les conclusions et les informations de M. Scheinin. Il s’agit en effet de la deuxième visite en Tunisie de M. Scheinin après celle effectuée en janvier 2010 et qui n’a pas eu, alors, la transparence requise pour de pareilles missions. En effet, M. Scheinin a indiqué que lors de sa première visite en Tunisie, il n’a pu déceler les atrocités commises. «Toutefois, et malgré la répention des informations, certains responsables ont réussi à me transmettre le message des abus commis en secret. Déjà, j’avais senti un air de changement dans leur attitude et c’était courageux de leur part», se souvient le rapporteur des Nations unies. Aujourd’hui, la dictature a chuté et le temps est au dévoilement inconditionné des abus et des crimes contre l’humanité en vue de «nettoyer» la machine politique, d’apporter les réparations impératives aux victimes et de punir les malfaiteurs. La récente visite de M. Scheinin a pour finalité d’assister le gouvernement provisoire dans la mise en œuvre des réformes engagées, fondées en outre sur les recommandations du rapport déposé par cet expert en janvier 2010 et plus précisément celles qui portent sur la révision de la loi antiterrorisme en date de 2003 ainsi que les réformes sur l’éradication des formes de torture, de détentions arbitraires ou secrètes sous le prétexte de la lutte antiterrorisme. Cette mission avait également pour objectif de recenser les domaines d’intervention nécessitant des réformes. Le rapporteur souligne le besoin, pour la Tunisie, d’apporter des réformes urgentes en matière de lutte contre le terrorisme, et ce, conformément au droit international des droits de l’Homme et de mettre en place des mesures de lutte contre l’impunité et les crimes commis au nom de la lutte contre le terrorisme. L’orateur avance quelques conclusions dans l’attente du parachèvement de son rapport et de son dépôt auprès du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en 2012. Entretiens «ouverts et constructifs» Lors de sa visite en Tunisie, M. Scheinin s’est entretenu avec bon nombre de hauts responsables du gouvernement provisoire, à savoir le ministre de la Justice, le ministre de l’Intérieur, le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, le procureur général pour l’administration de la justice, le président de la Commission d’établissement des faits sur les abus en matière de droits de l’Homme, le porte-parole du Conseil de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, ainsi que des représentants de la société civile et des avocats; des entretiens qualifiés par le rapporteur des Nations unies «d’ouverts et constructifs». M. Scheinin indique que, lors de sa première visite, il a constaté que notre pays incarnait le tiraillement de la société entre une réalité oppressante et une dictature pénible à vivre, d’une part, et l’aspiration à la liberté et au respect des droits de l’Homme, d’autre part. Aujourd’hui, le rapporteur international salue la mise en veilleuse de la loi de 2003 pour la lutte contre le terrorisme; cette loi a été mise en place sous l’ancien régime pour opprimer les mouvements politiques et non pour protéger le peuple contre cette menace. D’autant plus que la mesure prise par le gouvernement provisoire et qui consiste en une loi d’amnistie pour tous les détenus ou condamnés au titre de cette loi traduit une nette position de l’Etat pour remédier à ce texte. «A la prison de Mornaguia, cependant, on m’a dit que des juges ordonnaient parfois la mise en détention de prévenus au titre de la loi de 2003», indique l’orateur. Et d’ajouter que dans ce centre de détention ainsi que celui de Bouchoucha, il a pu interroger les détenus en privé, dont trois étrangers. Il recommande, ainsi, la mise en place de textes de loi permettant la lutte contre le terrorisme, la protection du peuple et la garantie des droits de l’Homme, conformément aux conventions et protocoles internationaux. «La menace terroriste est bien réelle tant en Tunisie que dans la région de l’Afrique du Nord. Certes, il ne s’agit pas d’une menace imminente. Mais ce qui est clair, c’est que la Tunisie sert pour des activités trans-frontalières et pour la création de réseaux terroristes. Il n’y a pas lieu de craindre des attaques massives; toutefois, il convient de mettre en place une législation servant la sécurité du peuple. On ne peut désamorcer la menace terroriste qu’à l’aide de mesures bien ciblées et respectueuses de la loi», indique l’orateur. Il salue, également, la ratification, par la Tunisie, de la Convention internationale contre les disparitions forcées, les protocoles facultatifs à la Convention contre la torture, du pacte sur les droits civils et politiques ainsi que le statut de Rome quant à la création de la Cour pénale internationale. Poursuivre les enquêtes, rétablir la confiance entre le peuple et les forces de l’ordre Ayant déjà signifié sa préoccupation quant à l’appareil sécuritaire dans le premier rapport déposé en janvier 2010, M. Scheinin affiche son soulagement quant à l’abolition de la direction pour la sécurité de l’Etat; une institution qu’il juge comme étant le principal responsable des actes de torture. Le rapporteur montre également du doigt l’impunité des tortionnaires et la mise en secret des actes et missions inhumaines dont ils étaient chargés. Il appelle, désormais, à l’accès du public à l’information sur les pouvoirs des organes de sécurité pour une transparence infaillible, à même de faciliter les comptes rendus et la pénalisation des actes criminels. Le rapporteur se félicite, également, de l’abolition de la «police politique» ou plus exactement des organes de sécurité relevant du ministère de l’Intérieur chargés d’agresser les militants. M. Scheinin insiste sur l’indispensable poursuite des enquêtes ainsi que sur la mise en place et l’application de mesures dans ce sens dans l’optique de parvenir à faire table rase du passé noir et tourner la page pour un avenir meilleur. Il souligne, ainsi, que les mesures entamées pour établir la responsabilité concernant les agressions commises contre les manifestants en janvier 2011 traduisent une évolution positive. D’autant plus que l’arrestation de 60 agents de sécurité, la poursuite de sept cadres supérieurs et la contrainte à la retraite de quelque 42 agents constituent une première étape franchie dans ce sens. Toutefois, il réfute la présence de certains anciens responsables du ministère de l’Intérieur dont certains d’entre eux ont même accédé à des postes promotionels. «Ces responsables étaient, logiquement, au courant de ce qui se passait entre les murs du ministère. Il n’est pas acceptable qu’ils continuent à exercer comme si de rien n’était», fait-il remarquer. Mais beaucoup de travail reste à faire afin de rétablir la confiance entre le peuple et les forces de sécurité. M. Scheinin apprécie la confirmation de l’existence de lieux de torture au sein du ministère de l’Intérieur. «Des agents du ministère de l’Intérieur ont accepté de me montrer les installations de mise en secret. Néanmoins, certains agents continuent de nier que des bureaux du ministère de l’Intérieur aient servi de salles d’interrogatoires et de torture», précise l’orateur. Le rapporteur des Nations unies fait part de sa déception quant au non-accès effectif, pour le détenu, à un avocat de son choix dès l’arrestation.
Source: “La Presse” Le 27-05-2011
Lien: http://www.lapresse.tn/27052011/30088/le-systeme-de-torture-identifie-et-reconnu-ce-qui-reste-a-faire….html
Nations Seek to Make Tunisia Model for Democracy in Region
Protesters here surprised the world in January with their revolution, sparking the « Arab Spring » movement across the Middle East.
Now Tunisians are seeking help from world leaders who hope the country can serve as a model for democratic transitions in the region.
Facing sharp drops in tourism and foreign investment, amid rising crime and unemployment, leaders from Tunisia and Egypt are set to meet with heads of government at the Group of Eight summit in France on Friday to seek billions of dollars in aid for their economies.
G-8 leaders are set to promise their support, worried that without help the two nations risk sending the message across the Arab world that revolutions produce more instability than improvement in people’s lives.
More than four months after its successful revolution, this nation of 10 million people sandwiched between Algeria and Libya represents both the gains and risks of the Arab Spring.
« We never intended to export this revolution, » said Jalloul Ayed, Tunisia’s interim finance minister. « But whether we like it or not, there’s a big magnifier on the country and everybody is looking at what we’re doing. »
In Nasr, a suburb of Tunis, Mounir Mastouri installed shelving one recent afternoon at his new clothing store, La Boutique, which opens in June. A former cab driver, Mr. Mastouri said the uprising that toppled the country’s old autocratic regime had already made life easier and his business prospects brighter.
When he tried to get government licenses for his shop before the revolution, « everybody asked for a bribe, » said Mr. Mastouri, 49 years old. « Now it doesn’t happen anymore. »
But across the street, shop owner Mohamed Guesmi, 27 years old, said conditions on the ground have worsened since the overthrow of former President Zine al-Abidine Ben Ali in January. Frequent robberies and carjackings on the streets keep customers at home, he said. Traffic at his women’s clothing store, Sofkipeu, is down 80%. « Everybody who has money is hiding it, » he said.
Mr. Guesmi graduated college a year ago and started the store when other work options came up empty. Now he’s wondering if he’ll need to shut his struggling shop. « I don’t know what’s going to happen next, » he said.
Tunisia’s economy is expected to stall this year after a long stretch of healthy growth of around 4% a year. Overall unemployment is expected to approach 15%, while joblessness for college graduates—already between 20% and 30%—rises further.
Unrest about approaching elections prompted police to impose overnight curfews in Tunis this month to control street violence. Election officials have even suggested postponing the July 24 race—to select leaders to write a new constitution—due to problems getting systems in place.
Meanwhile, the Libyan revolt has sent some 50,000 refugees across the border into Tunisia and scared tourists away from its Mediterranean beaches.
Still, the U.S. and international organizations see Tunisia as one of the best hopes of showing how authoritarian regimes can transition to democracies. The World Bank this week already said it would give Tunisia $1.5 billion to help it stabilize the economy and overhaul its governance.
Tunisia, though it lacks the oil resources of many neighbors, opened up its economy to foreign investment in recent decades more than many of its neighbors. It invested heavily in universities, producing a well-educated middle class—and many educated young Tunisians whose lack of opportunity ultimately sparked the revolution. Women in Tunisia gained more rights than many in the Muslim world.
But Mr. Ben Ali also thwarted development. Companies avoided growing large enough to draw the attention of the president’s family, which routinely demanded payoffs. Media operated under strict state control.
« When you look at the history of revolutions, they’re often not the poorest countries, » World Bank President Robert Zoellick said in an interview during a recent trip to Tunisia. « They’re countries that begin a modernization process, but it’s incomplete. You start to get people who feel the injustice. You start to get people who feel they want to have a better life—and the system hasn’t created enough opportunities for them to advance. »
At a meeting with Mr. Zoellick this month at Tunis hotel, Tunisian civil groups listed the troubles facing their nation: weak political parties that are new to democracy, high rural poverty, inadequate financing for businesses and difficulty communicating with leaders in the new government.
« Tunisia has had a much more modern society than others, » Mr. Zoellick said later. « But it clearly had weaknesses in the lack of transparency, accountability and social involvement. »
The World Bank and other international institutions are planning to pump billions of dollars into Tunisia over the next two years. Days after the president’s ouster in mid-January, officials at the African Development Bank — which is based in Tunis— assembled a spreadsheet of the problems Tunisia would need to fix to build a new democracy.
Governments usually try to whittle down measures that threaten their hold on power. Instead, the interim Tunisian government jumped on board and asked for help, said Jacob Kolster, who oversees Tunisia for the bank. « I have never engaged with a government that is so willing and eager to actually do the right thing. »
« The response here was, ‘Can we do it in time? Can we do it fast enough? »‘
Throughout Tunisia, businesses and young workers say they sense new opportunities, despite the immediate troubles they’re facing.
« After the revolution, people woke up with new hope, » said Abdelaziz Darghouth, who runs a 12-year-old company that makes household linens and upholstery. « You realize there’s a chance to succeed. When you think there’s no chance, you don’t try. »
On a recent afternoon at Tunisia’s employment ministry, Khaoula Farhati, 25, said she had submitted an application for a nursing job in early March. The ministry had told her it was still sifting through applications from 2001.
By May, the ministry had already made its way to filling requests submitted in 2004. « It’s a big difference—three years of files in two months, » Ms. Farhati said. « The revolution is giving us some results. »
The Tunisian government, while trying to stabilize security around the nation, is focusing on programs to create jobs and draw new investment. It is providing grants to young, educated Tunisians to help them find work. A centerpiece of its pitch to the G-8 is a $25 billion plan to attract foreign aid, loans and private investments to help fund new infrastructure and help businesses expand.
Mr. Ayed, the interim finance minister, said if its reforms succeed, Tunisia’s economy can grow at 7% a year, far better than its recent performance. But he said it could take time to get a program in place as the world watches for progress.
« The biggest challenge that we have is to manage expectations, » Mr. Ayed said.
Source: “The Wall Street Journal” Le 27-05-2011
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