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TUNISTUNISNEWS NEWS 10ème année, N°3927 du 22.02.2011


La Fondation Temimi pour la RechercheScientifique et l’Information : MANIFEST.

La Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique et l’Information : Communiqué

Alain Badiou: Tunisie, Egypte: quand un vent d’est balaie l’arrogance de l’Occident


 La Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique etl’Information


 

MANIFEST

We, the intellectualsgathered in La Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique etl’Information on wednesday 19January 2011, and, believing in the necessity of supporting the popularrevolution and protect its requests and its historical gains, and after we tookrecord of the setting out of a transitional government, we demand acting inorder to fulfill the minimum conditions so as to establish a National RescueGovernment based on all civil society constituents without any exclusion; thatis to say:

1- The publication of an official resolutiondissociating the government and the democratic constitutional party RCD alongwith all political parties.

2- The publication of an official resolutionfreezing the funds of the democratic constitutional party and its owningsand submitting this case to the Investigation and Accounting Committee.

3- The removal from the National RescueGovernment of the ministers who clearly took part in the corruption and therepression in the era of Ben Ali.

4- The entrustment of the interior ministry to anational independent personality because this ministry is central for thestability of the interior security in an urgent way and in orderto counter the opponents to this revolution inside and outside the country.

5- The entrustment of the ministry of defence toa national independent personality due to the strategic role this ministryplays in the protection of the country.

6- The entrustment of the remaining sovereignministries to national independent and impartial personalities so as to be ableto found a National Rescue Government on solid basis.

 

Adresse :Immeuble Al-Imtiaz-Centre Urbain Nord-1003 Tunis

Tél. (00216) 71231444 / (00216) 71 751 164        fax : (00216) 71 236 677

E. Mail : fondationtemimi@gnet.tn /fondationtemimi@yahoo.fr

Internet://www.temimi.refer.org(en français)


 La Fondation Temimi pour la RechercheScientifique et l’Information


Communiqué

 

Nous, intellectuels réunis le 19 janvier 2011 au sein dela Fondation Temimi pour la Recherche Scientifique et l’Information, croyant àla nécessité de soutenir la révolution populaire, de protéger ses aspirationset ses acquis historiques, et après avoir pris acte de la formation d’ungouvernement de transition, demandons que soient appliquées certainesconditions pour la mise en place un gouvernement de sauvetage nationale regroupant les différentes composantes de la sociétécivile, sans exclusion. Ces conditions sont les suivantes :

1 la promulgation d’un arrêté officiel séparant l’Etat duRassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) et de tout parti politique.

2 la promulgation d’un arrêté officiel gelant tous lesfonds et biens du RCD et renvoyant son dossier devant une commission d’enquête.

3 la mise à l’écart, au sein de ce gouvernement desauvetage national, des ministres qui ont clairement participé à la corruptionet à la répression sous l’ancien régime.

4 l’attribution du ministère de l’Intérieur à unepersonnalité indépendante car il s’agit d’un ministère central pour rétablir defaçon urgente la sécurité intérieure et faire face aux adversaires de larévolution, à l’intérieur et à l’extérieur.

5 l’attribution du ministère de la Défense à unepersonnalité indépendante pour le rôle stratégique joué par ce ministère dansla défense de la patrie.

6 l’attribution des autres ministères clés à despersonnalités indépendantes et intègres afin que ce gouvernement de sauvetagenational soit bâti sur de bonnes bases.


Tunisie, Egypte : quand un vent d’est balaie l’arrogance del’Occident


Les révoltes qui secouent lemonde arabe ont davantage à nous apprendre qu’il n’y parait. Le vent d’est l’emporte sur le vent d’ouest. Jusqu’à quand l’Occident désœuvré etcrépusculaire, la « communauté internationale » de ceux qui se croient encore lesmaîtres du monde, continueront-ils à donner des leçons debonne gestion et de bonne conduite à la terre entière ? N’est-il pas risible de voir quelquesintellectuels de service, soldats en déroute du capitalo-parlementarisme quinous tient lieu de paradis mité, faire don de leur personne auxmagnifiques peuples tunisiens et égyptiens, afin d’apprendre à cespeuples sauvages le b.a.ba de la « démocratie » ? Quelleaffligeante persistance de l’arrogance coloniale !Dans la situation de misère politique qui est la nôtre depuis trois décennies, n’est-il pasévident que c’est nous qui avons tout à apprendre des soulèvementpopulaires du moment ? Ne devons-nous pas de toute urgence étudier de trèsprès tout ce qui, là-bas, a rendu possible le renversement parl’action collective de gouvernements oligarchiques, corrompus, et en outre– et peut-êtresurtout – en situation de vassalitéhumiliante par rapport aux Etats occcidentaux ? Oui, nous devons être les écoliers de cesmouvements, et non leurs stupides professeurs. Car ilsrendent vie, dans le génie propre de leurs inventions, à quelques principes de lapolitique dont on cherche depuis bien longtemps à nous convaincre qu’ilssont désuets. Et tout particulièrement à ce principe que Marat necessait de rappeler : quand il s’agit de liberté, d’égalité,d’émancipation, nous devons tout aux émeutes populaires. On a raison de se révolter. De même qu’à la politique, nos Etats et ceux qui s’en prévalent (partis, syndicats etintellectuels serviles) préfèrent la gestion, de même à la révolte, ilspréfèrent la revendication, et à toute rupture la »transition ordonnée ». Ce que les peuples égyptiens ettunisiens nous rappellent, c’est que la seule action qui soit à la mesure d’un sentiment partagéd’occupation scandaleuse du pouvoir d’Etat est le levée enmasse. Et que dans ce cas, le seul mot d’ordre qui puisse fédérer lescomposantes disparates de la foule est :« toi qui est là, va-t’en. » L’importance exceptionnelle de la révolte, dans ce cas, sapuissance critique, est que le mot d’ordre répété par des millions de gensdonne la mesure de ce que sera, indubitable, irreversible, lapremière victoire : la fuite de l’homme ainsi désigné. Etquoi qu’il se passe ensuite, ce triomphe, illégal par nature, de l’actionpopulaire, aura été pour toujours victorieux. Or, qu’une révolte contre lepouvoir d’Etat puisse être absolument victorieuse est un enseignement de portée universelle. Cette victoire indique toujoursl’horizon sur lequel se détache toute action collective soustraite àl’autorité de la loi, celui que Marx a nommé « le dépérissement del’Etat ». A savoir qu’un jour, librement associés dans ledéploiement de la puissance créatrice qui estla leur, les peuples pourront se passer de la funèbre coercition étatique. C’est bien pour cela, pour cette idée ultime, que dans le monde entier une révoltejetant à bas une autorité installée déclenche un enthousiasme sans bornes. Une étincelle peut mettre le feuà la plaine. Tout commence par le suicide par le feu d’un homme réduit au chômage, àqui on veut interdire le misérable commerce qui lui permet desurvivre, et qu’une femme-flic gifle pour lui faire comprendre ce quidans ce bas monde est réel. Ce geste s’élargit en quelques jours,quelques semaines, jusqu’à des millions de gens qui crient leur joiesur une place lointaine et au départ en catastrophe de puissantspotentats. D’où vient cette expansion fabuleuse? La propagation d’une épidémie de liberté ? Non. Commele dit poétiquement Jean-Marie Gleize, « un mouvement révolutionnaire ne se répand pas par contamination. Mais par résonance. Quelque chose qui se constitue icirésonne avec l’onde de choc émise par quelque chose qui s’est constituélà-bas ». Cette résonance, nommons-là « événement ». L’événement est la brusque création, non d’une nouvelle réalité, mais d’unemyriade de nouvelles possibilités. Aucune d’entre elles n’est la répétition de ce qui est déjà connu. C’est pourquoi il estobscurantiste de dire « ce mouvement réclame la démocratie » (sous-entendu, celle dont nousjouissons en Occident), ou « ce mouvement réclame une améliorationsociale » (sous-entendu, la prospérité moyenne du petit-bourgeois de cheznous). Parti de presque rien, résonant partout, le soulèvement populaire crée pour le monde entier des possibilités inconnues. Le mot »démocratie » n’est pratiquement pas prononcé en Egypte. On y parle de « nouvelleEgypte », de « vrai peuple égyptien », d’assembléeconstituante, de changement absolu d’existence, de possibilités inouïes etantérieurement inconnues. Il s’agit dela nouvelle plaine qui viendra là où n’est plus celle à laquelle l’étincelle du soulèvement afinalement mis le feu. Elle se tient, cette plaine à venir, entre ladéclaration d’un renversement des forces etcelle d’une prise en main de tâches neuves. Entre ce qu’a dit un jeune tunisien : « Nous,fils d’ouvriers et de paysans, sommes plus forts que lescriminels »  ; et ce qu’a dit un jeune égyptien : « A partir d’aujourd’hui, 25janvier, je prends en main les affaires de mon pays. » Le peuple, le peuple seul, estle créateur de l’histoire universelle. Il est très étonnant que dans notre Occident, lesgouvernements et les média considèrent que les révoltés d’une place duCaire soient « le peuple égyptien ». Comment cela? Le peuple, le seul peuple raisonnable et légal, pour ces gens, n’est-il pas d’ordinaire réduit,soit à la majorité d’un sondage, soit à celle d’une élection ? Comment se fait-il que soudain, des centaines de milliers derévoltés soient représentatifs d’un peuple de quatre-vingtmillions de gens ? C’est une leçon à ne pas oublier, que nous n’oublierons pas. Passé un certain seuil de détermination,d’obstination et de courage, le peuple peut en effet concentrer son existencesur une place, une avenue, quelques usines, une université… C’est quele monde entier sera témoin de cecourage, et surtout des stupéfiantes créations qui l’accompagnent. Ces créationsvaudront preuve qu’un peuple se tient là. Comme l’a dit fortement un manifestant égyptien :« avant je regardais la télévision, maintenant c’est latélévision qui me regarde. » RÉSOUDRE DES PROBLÈMES SANS L’AIDE DE L’ETAT Dans la foulée d’un événement, le peuple secompose de ceux qui savent résoudre les problèmes que l’événement leur pose.Ainsi de l’occupation d’une place :nourriture, couchage, garde, banderoles, prières, combats défensifs, de telle sorte que lelieu où tout se passe, le lieu qui fait symbole, soit gardé à sonpeuple, à tout prix. Problèmes qui, à échelle de centaines de milliersde gens venus de partout, paraissent insolubles, et d’autant plusque, sur cette place, l’Etat a disparu. Résoudre sansl’aide de l’Etat des problèmes insolubles, c’est cela, le destin d’un événement. Etc’est ce qui fait qu’un peuple, soudain, et pour un tempsindéterminé, existe, là où il a décidé de se rassembler. Sans mouvement communiste, pasde communisme. Le soulèvementpopulaire dont nous parlons estmanifestement sans parti, sans organisation hégémonique, sans dirigeant reconnu. Il sera toujours temps de mesurer si cette caractéristique est une force ou unefaiblesse. C’est en tout cas ce qui fait qu’il a, sous une forme très pure, sansdoute la plus pure depuis la Commune de Paris, tous les traitsde ce qu’il faut appeler un communisme de mouvement. »Communisme » veut dire ici : création en commun du destin collectif. Ce « commun » a deux traits particuliers. D’abord, il est générique,représentant, en un lieu, de l’humanité toute entière. Dans ce lieu, il y atoutes les sortes de gens dont un peuple se compose, toute parole estentendue, toute proposition examinée, toute difficulté traitéepour ce qu’elle est. Ensuite, il surmonte toutes les grandescontradictions dont l’Etat prétend que lui seul peut les gérer sans jamaisles dépasser : entre intellectuels et manuels, entre hommes et femmes,entre pauvres et riches, entre musulmans et coptes, entre gens dela province et gens de la capitale… Des milliers de possibilités neuves, concernantces contradictions, surgissent à tout instant, auxquelles l’Etat –tout Etat – est entièrement aveugle. On voit des jeune femmesmédecin venues de province soigner les blessés dormir au milieu d’uncercle de farouches jeunes hommes, et ellessont plus tranquilles qu’elles ne le furent jamais, elles savent que nul ne touchera un boutde leurs cheveux. On voit aussi bien une organisation d’ingénieurs s’adresseraux jeunes banlieusards pour les supplier de tenir la place,de protéger le mouvement par leur énergie au combat. On voitencore un rang de chrétiens faire le guet, debouts, pour veiller surles musulmans courbés dans leur prière. On voit les commerçantsnourrir les chômeurs et les pauvres. On voit chacun parler à sesvoisins inconnus. On lit mille pancartes où la vie de chacun se mêle sanshiatus à la grande Histoire de tous. L’ensemble de ces situations, deces inventions, constituent le communisme de mouvement. Voici deuxsiècles que le problème politique unique est celui-ci : comment établir dans la durée les inventions du communisme de mouvement ? Etl’unique énoncé réactionnaire demeure :« cela est impossible, voire nuisible. Confions-nous à l’Etat ». Gloire aux peuples tunisiens et égyptiens qui nous rappellent au vrai et unique devoir politique : face à l’Etat, la fidélité organisée au communisme de mouvement. Nous ne voulons pas la guerre,mais nous n’en avons pas peur. On a partout parlé du calme pacifique desmanifestations gigantesques, et on a lié ce calme à l’idéal de démocratie électivequ’on prêtait au mouvement. Constatons cependant qu’il y a eu desmorts par centaines, et qu’il y en a encore chaque jour. Dans bien descas, ces morts ont été des combattants et des martyrs del’initiative, puis de la protection du mouvement lui-même. Les lieuxpolitiques et symboliques du soulèvement ont dû être gardés au prix decombats féroces contre les miliciens et les polices des régimes menacés.Et là, qui a payé de sa personne, sinon les jeunes issus despopulations les plus pauvres ? Que les « classes moyennes », dont notreinespérée Michèle Alliot-Marie a dit que l’aboutissement démocratique de laséquence en cours dépendait d’elles et d’elles seules, sesouviennent qu’au moment crucial, la durée du soulèvement n’a été garantieque par l’engagement sans restriction de détachements populaires. Laviolence défensive est inévitable. Elle se poursuit du reste, dans desconditions difficiles, en Tunisie, après qu’on ait renvoyé à leur misèreles jeunes activistes provinciaux. Peut-on sérieusement penser que ces innombrablesinitiatives et ces sacrifices cruels n’ont pour but fondamental quede conduire les gens à « choisir » entre Souleiman et El Baradei,comme chez nous on se résigne piteusement à arbitrer entre MM. Sarkozyet Strauss-Kahn ? Telle serait l’unique leçon de ce splendide épisode ? Non, mille fois non ! Lespeuples tunisiens et égyptiens nous disent : se soulever, construire le lieu public ducommunisme de mouvement, le défendre par tous les moyens en y inventant lesétapes successives de l’action, tel est le réel de la politiquepopulaire d’émancipation. Il n’y a certes pas que les Etats des pays arabes quisoient anti-populaires et, sur le fond, élections ou pas,illégitimes. Quel qu’en soit le devenir, les soulèvements tunisiens et égyptiens ont une signification universelle. Ilsprescrivent des possibilités neuves dont la valeur est internationale. Alain Badiou Source : Lemonde.fr http://www.michelcollon.info/Tunisie-Egypte-quand-un-vent-d-est.html

 

 

 

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