Gréve de la faim des Familles des Prisonniers Politiques en Tunisie
En ce deuxième jour de fête de fin du Ramadhan,
De nombreuses familles des prisonniers politiques en Tunisie avec la famille de Maître Abbou, ont entamé aujourd’hui une grève de la faim contre l’injustice et pour la liberté et la dignité de leurs membres emprisonnés, de leurs époux, frères et fils.
Ils ont espéré bénéficier d’un geste des autorités tunisiennes afin de mettre fin à leurs calvaires en cette occasion de L’aïd.
Le gouvernement Tunisien est resté insensible à ces familles et n’a manifesté aucun intérêt à leurs sorts.
De leur propre initiative collective, les familles des prisonniers politiques en Tunisie ont décidé de continuer le combat pour leur libération par cette journée de grève et par un sit-in dans la maison de l’avocat de la liberté Me Abbou.
Ils appellent à la responsabilité collective de toutes celles et tous ceux qui se revendiquent du camp de la liberté des peuples.
De son côté, Maître Abbou incarcéré injustement dans des conditions très difficiles et soumis à l’arbitraire de l’administration pénitentiaire tunisienne, et ce depuis le 1.03.05, vient d’entamer une grève de la faim contre la même injustice et les mauvais traitements en solidarité avec les autres prisonniers politiques en Tunisie.
La famille entière de Me Abbou, sa femme Samia et leurs enfants ainsi que l’ensemble des familles citées ci-dessous, se trouvent actuellement dans le domicile de Me Abbou qui est entièrement encerclé par la police et dont aucun accès n’est possible
Par cette action, les familles des prisonniers politiques en Tunisie avec la famille de Me Abbou
· Exigent la libération immédiate et inconditionnelle de Maître Abbou et tous les prisonniers politique en Tunisie.
· Tiennent les autorités tunisiennes pour responsables de la vie de Maître Abbou et tous les prisonniers politiques en Tunisie.
· Demandent le soutien de toutes les organisations internationales et les associations de se mobiliser pour défendre leur cause et augmenter la pression sur les autorités Tunisiennes pour libérer tous les prisonniers politiques en Tunisie.
· Appellent à la vigilance et souligne leur total soutien à l’action de Me Abbou ainsi qu’à son combat juste et équitable.
Genève, le 24 octobre 2006
Pour la coordination de soutien aux familles de prisonniers politiques en Tunisie
Mounir Dabbour
+41 79 711 20 89
info@tunisieinfo.net
Amis de la liberté et de la démocratie Mobilisons-nous !
Liste des famille et personnalités participantes à l’action :
· Famille Me Abbou
· Famille hachmi makki
· Famille Hatem Zarro
· Famille Zidi Boukadi
· Famille Lotfi Essnousi
· Famille Abderraouf Etouneski
· Famille Mahmoud Ettouneski
· Famille Maher et Ramzi El Kalsi
· Famille Maher Bziouech
· Famille Chedli Mahfoud
Liste des personnalité présente et qui soutiennet cette action
· Om Ziad
· Om Khaled
· Dr Moncef El Marzouki
Liste des famille et personnalités participantes mais qui ont été empécher par la police de rejoindre le domicile de Me Abbou
· Famille Kaled El Arfaoui
· Famille Brahim Edrirdi
· Famille Jalel Kalbousi
· Famille Habib Bjaoui
· Famille Ridha Essidi
· Famille Hammadi Abdel Mlak
· Famille Essahbi Atoug
· Famille Adel Ben Amor
· Famille Hichem Essadi
· Famille Dhafer Zlazi
· Famille Aif El Khanzaoui
· Famille Ali et Brahim El Aouni
· Famille Aymen El Imem
— Dabbour Mounir www.tunisieinfo.net dmounir@gmail.com +41 79 711 20 89
CONSEIL NATIONAL POUR LES LIBERTES EN TUNISIE Tunis le 24 octobre 2006
Poursuites judiciaires contre Moncef Marzouki
Les autorités tunisiennes viennent d’engager de nouvelles poursuites judiciaires contre le Dr Moncef Marzouki, président du Congrès pour la république (CPR) le 17 octobre 2006 auprès du doyen des juges d’instruction (affaire n° 6705/1) pour «incitation de la population à violer les lois du pays» en vertu des articles 42, 44 et 72 du code de la presse. L’instruction a été engagée suite à une interview que Moncef Marzouki a donnée à la chaîne qatarie Aljazeera le 14 octobre courant sur certaines questions au cœur du débat politique tunisien. Les passages incriminés concernent un appel à manifester pacifiquement pour le respect des libertés publiques en Tunisie et un appel à une campagne de désobéissance civile pour l’instauration de la démocratie. Rappelons que cette action judiciaire vient dans un contexte marqué par le harcèlement d’opposants, comme ce fut le cas en septembre dernier pour Hamadi Jebali, dirigeant d’Ennahdha – fallacieusement poursuivi pour «corruption de gardien de prison» – et Ali Larayedh, ancien porte parole d’Ennahdha, convoqué au ministère de l’Intérieur et interrogé toute la journée du 19 octobre puis menacé de retourner en prison. Le CNLT Ø Considère que le Dr Moncef Marzouki est poursuivi pour avoir exprimé une opinion et pour avoir exercé son droit à intervenir dans le débat national en tant que chef d’un parti politique, liberté garantie par les lois du pays ainsi que tous les instruments internationaux. Ø Il s’inquiète de cette criminalisation de toute contestation pacifique des choix officiels. Ø Il demande que cesse cette criminalisation de l’action politique pacifique et exige l’annulation immédiate des poursuites contre le président du CPR, Moncef Marzouki. Pour le conseil La porte parole Sihem Bensedrine
Mon blog sur The BOBs – Best of the Blogs” de la Deutsche Welle
Bonjour, Je suis heureux de vous annoncer que mon blog a été désigné, 2 fois, par le jury du BOBS-Awards 2006, parmi les 10 meilleurs blogs dans les catégories : Prix Reporters sans Frontières Et Meilleur blog Arabe Le concours international de blogs “The BOBs – Best of the Blogs” de la Deutsche Welle entre dans sa phase finale. Plus de 5.500 blogs dans 15 catégories Dix candidats ont été désignés dans chaque catégorie pour concourir en finale. Le 10 novembre, le jury international des BOBs se réunit à Berlin pour désigner ses lauréats. Du 23 octobre au 11 novembre, 150 blogs répartis dans 15 catégories se livrent au vote des internautes. Si vous désirez voter pour mon blog fikra prière de visitez cette page : http://www.thebobs.com/index.php?l=fr&s=1155503109924847OMDFOOVR-NONE Merci — Best regards, Sami Ben Gharbia www.kitab.nl | www.nawaat.org | www.yezzi.org Tél : 0031-630319419 L’Équipe de TUNISNEWS tient à féliciter notre collègue et concitoyen Sami Ben Gharbia pour cette belle réussite et invite tous les lecteurs et abonnés à voter massivement en faveur du blog FIKRA qui mérite bien d’être choisi Meilleur Blog arabe. Faites Vite SVP, le dernier délai est pour le 10 novembre 2006
En plein ramadan, la Tunisie fait la guerre au voile
Islam · A quelques jours de la fin du mois sacré du ramadan, la police tunisienne part en guerre contre les femmes qui portent le voile.
Sid Ahmed Hammouche «Otez ce voile que je ne saurais voir!» Hanane a été interpellée en pleine rue, la semaine dernière, par la police tunisienne. «L’agent de sécurité m’a gentiment invitée à enlever mon hidjab. Il m’a aussi informée que le port du voile est désormais interdit en Tunisie[50].» De fait, le policier n’a fait qu’appliquer un décret de 1981 interdisant le port du hidjab (constituté d’un voile et d’une tunique recouvrant tout le corps) dans les lieux publics. Cette jeune Tunisienne – âgée de 26 ans et qui travaille dans une entreprise privée – affirme avoir été forcée à signer un papier où elle s’engage à ne plus porter la tenue islamique. Hanane a pris la chose avec philosophie. Jointe par téléphone, elle insiste: «Qui ose défier les ordres du président Ben Ali?» Rires et pleurs… Casser l’intégrisme Sans surprise, le président tunisien ne transige pas avec la montée en puissance des intégristes. En plein ramadan, Il a décrété la «tolérance zéro» face aux tenues islamiques. Pour Zine El Abidine Ben Ali, la recrudescence du port du voile en Tunisie[50] est un signe révélateur du retour en puissance des islamistes. Dans un récent discours, il a qualifié le voile «d’inspiration sectaire importée de l’extérieur». Dans la foulée, les ministères ne tolèrent plus les femmes en tchador ou en hijab, ni les hommes avec barbe et «qamis» (tenue blanche longue). Pour Abdelwaheb Abdallah, ministre des Affaires Etrangères, le voile est «un slogan politique affiché par un groupuscule qui se dissimule derrière la religion pour réaliser des desseins politiques». Résultat: la police applique sur le terrain une circulaire interdisant le port du voile dans les établissements publics, éducatifs et universitaires, ainsi que dans tous les espaces publics. Des voiles arrachés A la sortie de la prière du soir, il y a quelques jours, Hafid a vu des policiers en civil arracher des voiles. «Les femmes se débattaient dans leurs tenues avec des policiers accrochés à leurs foulards. A la fin, elles paraissaient comme des poules déplumées.» Cet étudiant en droit, qui a assisté à la scène, reste sceptique quant à l’application rigoriste de la loi par les agents de sécurité. «Je soutiens l’interdiction du voile et des signes religieux, mais pas comme ça», regrette-t-il. Et d’ajouter encore: «Nombreux sont les Tunisiens qui veulent préserver la longue tradition laïque de ce pays, mais pas par la violence. Il faut expliquer à la population pourquoi la loi interdit le port du voile dans les lieux publics. Il faut débattre.» Une forme d’opposition Sa crainte est de voir la répression radicaliser les islamistes. Pour Hafid, le port du voile est certes un choix personnel, mais il est aussi une forme d’opposition au régime de Ben Ali. En combattant le voile, le pouvoir veut écraser les mouvements islamistes. Pour les extrémistes l’application de la loi coranique est plus forte que la législation de Ben Ali. Pour Amel El Zoughaibi, l’action ferme de l’Etat est nécessaire: «Nous sommes bien protégées par rapport aux femmes du monde arabe. Nous avons toujours choisi nos tenues. Aujourd’hui, le voile veut supprimer notre identité de femme.» Cette journaliste souligne qu’un peu partout en Tunisie[50], dans la rue, à l’école, à l’université, des femmes sont drapées dans des tenues islamiques importées d’Arabie Saoudite et des pays du Golfe persique. Enseignante de français, Sabah remarque que le hijab, la ebaya et le djilbab sont des tenues vestimentaires étrangères à la culture du pays. Le rôle de la TV Ces modes d’habillement sont arrivés avec le développement des mouvances islamiques et le déferlement des télévisions saoudiennes par satellite. «Les présentatrices vedettes d’Al-Jazira ont mis le voile. Du coup, des Tunisiennes ont eu un faible pour ce dernier. Cet été, des adolescentes se baignaient à la plage avec des robes longues.» Des situations jugées inquiétantes. Amel El Zoughaibi estime que les Tunisiennes qui adoptent le foulard islamique remettent en cause le code du statut personnel de 1956, qui a fait de la Tunisie[50] un pays avant-gardiste en matière de droits de la femme. Dans un combat perdu d’avance, la ligue tunisienne des droits de l’homme a dénoncé la politique anti-hijab du régime tunisien. Les organisations des droits de l’homme désapprouvent la mesure d’interdiction du voile. Elles souligne que le régime de Ben Ali ne tolère aucune forme d’opposition, la population n’osant pas manifester sa colère. (Source : « La Liberté » (Suisse) du 18 octobre 2006)
Selon RSF, dans le monde d’aujourd’hui la Tunisie ne devance en matière de liberté de la presse, que les pays suivants:
Gambie Yémen Bélarus Libye Syrie Irak Viêt-nam Laos Pakistan Ouzbékistan Népal Ethiopie Arabie saoudite Iran Chine Birmanie Cuba Erythrée Turkménistan Corée du Nord
Quelle honte !!! …. Et quel gâchis !!!….
Liberté de la presse: le classement RSF 2006
Associated Press, le Mardi 24 octobre 2006 PARIS (AP) — Voici le classement mondial de la liberté de la presse 2006 établi par Reporters sans frontières (RSF). Pour établir ce classement, RSF a demandé aux organisations partenaires, à son réseau de 130 correspondants, à des journalistes, des chercheurs, des juristes et des militants des droits de l’Homme de répondre à 50 questions. Plus la note est basse, plus la liberté de la presse est garantie dans un pays. 1 Finlande 0,50 – Irlande 0,50 – Islande 0,50 – Pays-Bas 0,50 5 République tchèque 0,75 6 Estonie 2,00 – Norvège 2,00 8 Slovaquie 2,50 – Suisse 2,50 10 Hongrie 3,00 – Lettonie 3,00 – Portugal 3,00 – Slovénie 3,00 14 Belgique 4,00 – Suède 4,00 16 Autriche 4,50 – Bolivie 4,50 – Canada 4,50 19 Bosnie-Herzégovine 5,00 – Danemark 5,00 – Nouvelle-Zélande 5,00 – Trinidad et Tobago 5,00 23 Allemagne 5,50 – Bénin 5,50 – Jamaïque 5,50 26 Namibie 6,00 27 Lituanie 6,50 – Royaume-Uni 6,50 29 Costa Rica 6,67 30 Chypre 7,50 31 Corée du Sud 7,75 32 Grèce 8,00 – Maurice 8,00 34 Ghana 8,50 35 Australie 9,00 – Bulgarie 9,00 – France 9,00 – Mali 9,00 39 Panama 9,50 40 Italie 9,90 41 Salvador 10,00 – Espagne 10,00 43 Taïwan 10,50 44 Afrique du Sud 11,25 45 Cap-Vert 11,50 – Macédoine 11,50 – Mozambique 11,50 – Serbie-Monténégro 11,50 49 Chili 11,63 50 Israël (territoire israélien) 12,00 51 Japon 12,50 52 République dominicaine 12,75 53 Botswana 13,00 – Croatie 13,00 – Etats-Unis (territoire américain) 13,00 – Tonga 13,00 57 Uruguay 13,75 58 Fidji 14,00 – Hong-Kong 14,00 – Pologne 14,00 – Roumanie 14,00 62 Chypre (partie Nord) 14,50 – Guinée-Bissau 14,50 – Honduras 14,50 – République centrafricaine 14,50 66 Madagascar 15,00 – Togo 15,00 68 Equateur 15,25 69 Nicaragua 15,50 70 Burkina Faso 16,00 – Kosovo 16,00 – Lesotho 16,00 73 Congo 17,00 – Koweït 17,00 75 Brésil 17,17 76 Argentine 17,30 77 Emirats arabes unis 17,50 – Mauritanie 17,50 – Sénégal 17,50 80 Albanie 18,00 – Qatar 18,00 82 Paraguay 18,25 83 Timor-Leste 18,50 84 Liberia 19,00 85 Moldavie 19,17 86 Mongolie 19,25 87 Haïti 19,50 88 Tanzanie 19,82 89 Géorgie 21,00 90 Guatemala 21,25 91 Angola 21,50 92 Malaisie 22,25 93 Comores 22,50 – Zambie 22,50 95 Niger 24,50 – Seychelles 24,50 97 Maroc 24,83 98 Bhoutan 25,00 – Côte d’Ivoire 25,00 – Turquie 25,00 101 Arménie 25,50 – Malawi 25,50 103 Indonésie 26,00 – Sierra Leone 26,00 105 Inde 26,50 – Ukraine 26,50 107 Liban 27,00 108 Cambodge 27,25 109 Guinée 27,50 – Jordanie 27,50 111 Bahreïn 28,00 112 Cameroun 28,25 – Pérou 28,25 114 Gabon 28,50 115 Venezuela 29,00 116 Ouganda 29,83 117 Tadjikistan 30,00 118 Kenya 30,25 119 Etats-Unis (hors territoire américain) 31,50 120 Nigeria 32,23 121 Djibouti 33,00 122 Thaïlande 33,50 123 Kirghizistan 34,00 124 Tchad 35,50 125 Burundi 39,83 126 Algérie 40,00 127 Swaziland 40,50 128 Kazakhstan 41,00 – Rwanda 41,00 130 Afghanistan 44,25 131 Colombie 44,75 132 Mexique 45,83 133 Egypte 46,25 134 Autorité palestinienne 46,75 135 Azerbaïdjan 47,00 – Israël (hors territoire israélien) 47,00 137 Bangladesh 48,00 – Guinée équatoriale 48,00 139 Soudan 48,13 140 Zimbabwe 50,00 141 Sri Lanka 50,75 142 Philippines 51,00 – République démocratique du Congo 51,00 144 Maldives 51,25 – Somalie 51,25 146 Singapour 51,50 147 Russie 52,50
148 Tunisie 53,75
149 Gambie 54,00 – Yémen 54,00 151 Bélarus 57,00 152 Libye 62,50 153 Syrie 63,00 154 Irak 66,83 155 Viêt-nam 67,25 156 Laos 67,50 157 Pakistan 70,33 158 Ouzbékistan 71,00 159 Népal 73,50 160 Ethiopie 75,00 161 Arabie saoudite 76,00 162 Iran 90,88 163 Chine 94,00 164 Birmanie 94,75 165 Cuba 95,00 166 Erythrée 97,50 167 Turkménistan 98,50 168 Corée du Nord 109,00 Associate Press
L’écart entre l’université et le tissu économique est institutionnalisé:
Quel avenir pour la formation universitaire en Tunisie ?
Par : Freeman En naviguant sur le site du Ministère de l’Enseignement Supérieur Tunisien, une des circulaires disponibles en pdf a attiré mon attention (circulaire n°56 du 13 septembre 2006). Il s’agit d’une note rappelant à l’ensemble du corps universitaire qu’il leur est formellement interdit d’exercer d’autres activités professionnelles en dehors de l’enseignement et de la recherche dans le cadre strict de l’université publique. Le texte rappelle également les conditions dans lesquelles les exceptions à cette règle doivent être gérées: 1) Conférences, conseil et autres activités exceptionnelles: l’enseignant doit demander une autorisation écrite de la part de son institution d’affiliation pour avoir le droit de participer à ces activités “au moins 15 jours avant le déroulement de la manifestation”, dit le texte; 2) Enseignements et formations supplémentaires: aucun organisme ne peut accepter une formation donnée par un enseignant universitaire sans que celui-ci n’ait présenté une autorisation écrite de la part du président de l’université. Au cas où ces formations dépassent les 4 heures par semaine, une autorisation est demandée au Ministre en personne; 3) Enseignement dans les institutions universitaires privées: une autorisation est demandée au Ministre de tutelle en personne mais, suivant la ligne hiérarchique (de l’institution, à la présidence de l’université, au ministère). Enfin, le texte –signé par la main du Ministre- rappelle que des représailles administratives (disciplinaires) seraient mises en œuvre contre tout contrevenant à ces règles pour le moins draconiennes. Devant ce texte, j’ai eu beaucoup de mal à me retenir. Alors qu’en Europe, l’objectif est aujourd’hui d’essayer de rapprocher de plus en plus les universités et le monde économique pour combler l’écart flagrant avec les Etats-Unis, notre technocratie universitaire en décide autrement. En effet, on veut bien mettre en place des technopoles dans toutes les régions, on se presse pour adopter la réforme LMD et on fait de beaux discours modernistes mais qui semblent cacher une incompréhension des réformes que nos institutions ne font que copier ! Comment soutenir l’essaimage de projets économiques innovants entre les laboratoires de recherches et les technopoles si les chercheurs ne savent pas ce que c’est que l’entreprise ? Pourquoi adosser des pépinières à des universités et à des centres de recherches si les universitaires et les chercheurs –première cible à pousser vers la création d’entreprise- sont handicapés par des textes interdisant l’initiative privée ? Il faut se rappeler que les instances européennes ont décidé la réforme LMD pour harmoniser et homogénéiser la visibilité des diplômes et des diplômés par rapport au secteur privé dans tous les pays membres. A rappeler également que les universités les plus performantes considèrent les meilleurs chercheurs comme ceux qui lèvent le plus de fonds publics et privés pour soutenir la recherche académique et qui disposent du soutient des entreprises pour financer les programmes de recherches fondamentales et appliquées. Dans un pays comme le nôtre où la plupart des labos manquent de moyens, les financements privés sont une fenêtre ouverte sur de nouvelles possibilités. Mais comment convaincre les dirigeants d’entreprises de financer des activités de recherches sans contreparties ? S’il n’y a aucune possibilité de contrepartie financière, aucun chercheur ne fournira d’effort supplémentaire pour aller au contact du monde économique ! Comment veut-on, en Tunisie, un pays émergent qui fait face à une recrudescence du chômage des diplômés du supérieur, promouvoir l’emploi et l’employabilité, si les enseignants ne peuvent pas établir des liens durables avec le tissu économique ? Comment veut-on faire en sorte que les diplômés soit rapidement opérationnels, si les enseignants ne sont pas “à jour” par rapport aux dernières tendances du marché et que les seules connaissances communiquées aux étudiants sont au niveau de théories, parfois creuses et inapplicable ? D’ailleurs, le Ministère de l’enseignement supérieur a toujours recruté des enseignants sur des critères académiques comme l’expérience antérieure en nombre d’heures d’enseignement, le nombre d’articles publiés, la mention de la thèse, etc. Il n’a jamais été question d’inclure dans le CV d’un “bon” enseignant-chercheur (quelle que soit sa discipline) une expérience significative en entreprise avec des projets, des responsabilités, une visibilité sur le tissu économique, etc. Une erreur énorme –à mon sens- puisque le plus brillant des chercheurs n’est pas toujours capable de donner une idée vraiment fidèle de la réalité à ses étudiants de ce qui les attend un jour à l’issue de leur cursus. La rigidité administrative de la circulaire 56 s’érige en barrière entre la théorie et la pratique, entre la formation et l’application, entre la réflexion et l’exécution. Je l’interprète comme une institutionnalisation de l’écart entre le monde universitaire et le tissu économique. Vous l’avez bien compris, je suis favorable à un texte plus permissif, plus libéral dans son esprit. Et ceci pour plusieurs raisons. D’abord, permettre aux universitaires d’exercer d’autres activités rémunératrices (et non pas une autre profession, proprement dite) que la carrière strictement universitaire permettrait d’alléger les revendications salariales pressentes des syndicats du supérieur. Notons à cet effet que le salaire de l’universitaire tunisien d’aujourd’hui n’a rien avoir –en terme de pouvoir d’achat- avec le salaire d’il y a 10 ans. Aussi, que les besoins pressantes d’enseignants dans le début des années 80 (quand le premier texte restrictif a été promulgué) n’ont rien avoir avec la stratégie de “développement des compétences” de la Tunisie d’aujourd’hui. Comment croire que les mêmes textes continuent à faire autorité dans des contextes économiques et sociaux qui n’ont rien à voir ? Ce n’est pas avec ce type de législation que les enseignants chercheurs vont se sentir concernés par l’avenir de leurs étudiants ! Je l’ai personnellement ressenti en discutant avec des assistants contractuels, permanents, des professeurs confirmés, des doctorants au chômage, etc. La démotivation par rapport aux aspects financiers est sensible et l’enseignement supérieur est devenue une sorte de “planque” qui se féminise et perd graduellement de son prestige. Ensuite, je serais porté à considérer que le fait de faire du conseil aux entreprises, par exemple, est très favorable à la formation. Certes, il faudra mettre en place des mécanismes de vérification de la qualité des cours et de l’assiduité des enseignants-chercheurs concernés, mais leur permettre d’évoluer au sein de structures économiques performantes a une incidence dans la dynamisation des cours, dans l’illustration des exemples théoriques par des cas réels et pour attirer les étudiants et les intéresser, non pas à des concepts flous et flottants, mais à un métier. Qui mieux d’un professionnel peut parler de son métier ? Enfin, ma certitude est que les universitaires les plus performants et les plus brillants n’auront pas besoin de réfléchir deux fois avant de présenter la feuille de démission. Au sens économique, c’est plutôt plus rentable, au sens professionnel, plus flexible et plus valorisant vu la baisse de la côte et du prestige de la carrière universitaire. Il ne restera dans l’université que ceux qui savent uniquement jouer au “perroquets” sur les estrades des mêmes salles de classes à répéter avec insistance les mêmes cours pendant 10 ou 20 ans. Comment les mettre à jours ? Avec quels moyens ? Avec quelles connaissances ? Si le Ministère continuera à embaucher des “presque-docteur” en marketing qui n’ont jamais rien vendu de leur vie ou des chercheurs en biologie qui n’ont aucune idée sur la R&D dans les entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques. Non, les technocraties administratives qui gèrent les facultés, les rectorats et même le ministère ne sont pas suffisamment proches du terrain pour savoir qu’ils sont en train d’étouffer un système universitaire dont ils sont sensés être les garants de sa prospérité et de sa qualité. A terme, les meilleurs profils et les personnes les plus brillantes seront rebutées par l’université tunisienne et l’écart entre formation et entreprises continuera à se creuser dans le temps.
Portrait
Abdelhafidh Chraiet, commissaire pas dupe
Ne l’enfermez pas dans son enfance. Ne lui demandez pas de broder au sujet des murs délabrés du “petit pavillon de merde” dans lequel sa famille s’était installée, à son arrivée en France, au début des années 1980, en provenance de Tunisie. Ne l’interrogez pas sur la responsabilité qui pèserait sur ses épaules, simplement parce qu’il est l’un des deux rescapés de la première classe préparatoire de l’école des commissaires, inaugurée en janvier à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, près de Lyon. Abdelhafidh Chraiet, 24 ans, a la puissance des ambitieux et de l’appétit pour dix. Mais il n’est pas dupe du rôle qu’on veut lui faire jouer, à l’heure de la discrimination positive et des discours vertueux sur la diversité. Début septembre, il a fait sa rentrée au sein de la 58e promotion des élèves commissaires. “Je suis le seul Arabe. Il y a aussi une Noire et une métisse tellement claire qu’elle a l’air espagnole.” L’an passé, la 57e avait une coloration unique, celle des “Français de souche”. “Cela dit, vous connaissez beaucoup de Rachid qui sont inspecteurs des finances ?”, lance-t-il avec défi. La diversité dans la police semble inversement proportionnelle aux grades : les échelons blanchissent en montant. Le ministère de l’intérieur a donc décidé d’aider une quinzaine de jeunes gens issus de milieux défavorisés à préparer le concours de commissaire, un des plus ardus de la fonction publique. Les treize candidats de la première promotion ont essuyé les plâtres. “Je n’ai fait que bosser, quitte à sauter des repas, de 8 heures le matin à tard dans la nuit, se souvient Abdelhafidh. Je carburais à coups de 8-9 cafés et 2-3 comprimés de vitamine C par jour.” Alors que la date des écrits approchait, Jean-François Saillard, commissaire divisionnaire à la retraite chargé de l’encadrement pédagogique, demanda au jeune homme s’il connaissait l’histoire du Chêne et du Roseau, qui plie mais ne rompt pas. “Vous êtes tellement roseau, monsieur Chraiet !” Le policier évoque son étudiant avec émotion. “J’ai vite vu sa volonté peu commune d’apprendre et de réussir, dit-il. Il avait la souplesse du roseau, la volonté de répondre aux attentes du jury, d’adopter les codes culturels, clés de son intégration.” Le 11 juillet, Abdelhafidh s’est couché tard, vers 5 heures du matin, incapable de décrocher de la deuxième saison de la série Desperate Housewifes. Il a été réveillé par un appel téléphonique lui enjoignant de se présenter à une visite médicale. Une façon peu solennelle d’apprendre qu’il était reçu. Sonné, Abdelhafidh est allé annoncer la nouvelle à sa mère, très émue. Sa mère, Safia, est son pilier. D’autant plus essentielle que le père a manqué à tous ses devoirs, devine-t-on à travers ses ellipses. Elle a fait du droit et du journalisme en Tunisie, avant de s’installer en France comme agent consulaire. Après avoir survécu à un grave accident de voiture qui ne l’a pas laissée indemne, elle a consacré sa vie à l’éducation de ses fils, Chiheb – titulaire d’un DESS d’intelligence économique – et Abdelhafidh. Ce dernier vante le courage et la volonté de sa mère. “Elle a le coeur sur la main, dit-il. Mais c’est une main de fer dans un gant de velours.” Safia, elle, loue chez son fils “un charisme extraordinaire, avec un petit côté autoritaire. Il saura commander des hommes”. Le succès des deux garçons n’était pas écrit. A Herblay, dans le Val-d’Oise, Abdelhafidh ne brille guère à l’école, traîne le soir dans les rues, seul ou mal accompagné, fait “quelques conneries”. “Je ne compte pas les milliards d’heures de colle et les insultes aux profs, sourit-il. Mais ne l’écrivez pas, j’aurais l’air de quoi ?” Il rate sa 3e ; on veut l’orienter vers un BEP menuiserie. “C’était ça ou rien. J’ai décidé que ça ne serait rien et j’ai redoublé.” Heureuse inspiration. Au lycée, avant même la terminale, l’adolescent découvre la philosophie, en particulier ” (son) ami Jean-Paul Sartre”. Son intérêt pour les affaires du monde se confirme. Depuis tout petit, il a pris l’habitude de regarder le “20 heures”, de décrypter les publicités avec sa mère, de parcourir les articles du Nouvel Observateur et du Monde. “Intellectuellement, mon fils n’a jamais été défavorisé”, résume Safia. Après le bac, Abdelhafidh passe une licence de droit à l’université de Cergy-Pontoise. Son projet est de devenir avocat, tant qu’à faire au barreau de New York. Il passe une maîtrise de droit à Montpellier, puis un DEA de propriété intellectuelle. Le secteur paraît porteur, mais le souvenir de ses CV refusés en raison de la consonance étrangère de son nom le pousse à assurer ses arrières. Rapidement, l’idée de devenir policier s’ancre en lui. Pendant sa maîtrise, il suit une formation à l’Institut de criminologie. Puis il entend parler de la création d’une classe préparatoire pour le concours de commissaire. Son dossier est retenu. Au même moment, en novembre, un cycle de violences urbaines sans précédent enflamme les banlieues. Abdelhafidh comprend les frustrations de ses copains, les pieds pris dans le béton, mais désespère des “connards” qui harcèlent les policiers et les pompiers. Nicolas Sarkozy lui inspire aussi un sentiment ambivalent. Comment ne pas lui être reconnaissant de l’accent mis sur la discrimination positive, de la création de la classe préparatoire, de sa présence à Saint-Cyr ? Mais certains mots guerriers, comme “racaille”, l’ont heurté. “Ça ne va pas faciliter le dialogue social et le travail des policiers, dit-il avec prudence. Et ce n’est pas parce que les gens trouvent que le mot convient qu’il faut les encourager.” Quand il croise des “amis en galère qui bossent au McDo” à Herblay ou à Argenteuil, le jeune homme leur cache qu’il sera commissaire, histoire de “ne pas se la péter”. Grande gueule pudique dans un grand corps sportif. Officiellement, donc, il fait du droit. Et nourrit une ambition, fort de ses connaissances linguistiques : intégrer un service de renseignement, RG ou DST. En attendant de se fondre dans l’anonymat de l’antiterrorisme, Abdelhafidh Chraiet réclame le “droit à l’indifférence” et ne se fait guère d’illusions sur sa médiatisation ponctuelle. “Rien à voir avec Harry Roselmack au “20 heures” de TF1, sourit-il. Moi, c’est sans doute la dernière fois. Quand le lecteur du Monde lira cet article, il se dira : “Tiens, un Arabe commissaire.” Puis il oubliera mon nom en refermant le journal.” Piotr Smolar ——————————————————————————– Parcours 1981 Naissance à Tunis. 1984 Arrivée en France avec sa mère, employée au consulat de Tunisie. 2000 Bac littéraire, mention assez bien. 2006 Intègre la classe préparatoire de l’Ecole nationale supérieure de la police de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. (Source : « Le Monde » du 24 octobre 2006)
Les pays du Sud, poubelles des consommateurs du Nord ?
Mohamed Larbi Bouguerra Loin d’être le premier du genre, le déversement de déchets toxiques dans les décharges d’Abidjan à la mi-août 2006 vient tragiquement rappeler- avec sa dizaine de décès- que les pays du Sud sont considérés par certains comme des poubelles. Politique inique “ justifiée ” il y a une dizaine d’année en ces termes par Lawrence Summers, alors vice-président de la Banque Mondiale et ancien secrétaire d’Etat au Trésor du Président Bill Clinton : “ Pourquoi ne pas déverser des déchets toxiques dans les pays du Sud puisque, de toute façon, ces gens ne vivront pas assez pour développer un cancer ? ” Politique aveugle aussi car qu’ils soient entreposés en Guinée ou en Côte d’Ivoire, ces produits toxiques finiront par rejoindre l’atmosphère et l’hydrosphère, biens communs de tous les terriens et ils se disperseront d’autant plus vite qu’ils sont mal stockés, comme c’est effectivement le cas au Sud. Le Centre fédéral de recherche suisse a démontré, il y a quelques années déjà, que l’eau de pluie, en Europe, ne répond pas aux normes légales de potabilité car trop chargée en substances chimiques diverses. En effet, dans les pays développés, 70 000 produits chimiques sont d’usage courant dans l’industrie. Ce sont ces substances qui permettent l’utilisation des téléphones portables et leurs gadgets (MP3, iPod et autres baladeurs…), des téléviseurs à écran plat, des climatiseurs, des médicaments, des détergents, des cosmétiques, des peintures, des hydrocarbures et des lubrifiants…bref, tout ce qui fait le confort et le bien-être des populations riches. Mais, toutes ces industries génèrent des déchets. La grande question est alors de se demander comment s’en débarrasser ? Médicaments frelatés, pesticides hors d’âge ou interdits au Nord et déchets dangereux déferlent sur les pays du Sud – avec souvent des complicités locales comme l’a récemment montré le cas d’un pays du Proche Orient pour ce qui est des pesticides : un très haut fonctionnaire du Ministère de l’Agriculture y a été condamné pour avoir permis l’entrée dans son pays de pesticides français considérés comme cancérigènes. La DDT est un bon exemple de ce type de comportement tant il est vrai que l’enfer peut être pavé de bonnes intentions – du moins pour certains naïfs. La journée mondiale du paludisme rappelle chaque année, le 25 avril, que plus de 40% de la population mondiale vit dans des zones où cette maladie est un risque important. La majorité des populations exposées est très pauvre. La maladie est provoquée par un parasite (il en existe 4 espèces différentes) transmis par un moustique du genre anophèle ( 60 espèces différentes). L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’entre 300 à 500 millions de personnes contractent annuellement cette parasitose – voire 660 millions selon la prestigieuse revue Nature (2005, 434 , 214). Cette affection tue annuellement entre un et trois millions d’êtres humains. Près de 90% de ces décès se produisent en Afrique et les victimes sont, à 75%, des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes. Cependant, si un individu survit aux infections répétées de l’enfance, il acquiert une immunité naturelle qui limite la sévérité des crises paludéennes, mais cette protection s’atténue si l’exposition n’est pas continue. Le paludisme est une maladie certes grave et débilitante ; la plupart des gens n’en meurent pas mais deviennent très vulnérables à des affections opportunistes comme la pneumonie. Les femmes enceintes, en particulier, ont une immunité diminuée. Un lourd tribut : Le tribut qu’impose la maladie à l’économie et à la santé des pays impaludés est énorme. En mars 2003, le représentant de l’OMS en Gambie, le Dr James Mwanzi, estimait que le paludisme inflige une chute de quelque 1,3% par an au PNB du continent africain. D’après ses calculs, ce même PNB serait aujourd’hui supérieur de 32% au chiffre de 2002, si la maladie avait été éradiquée en 1960. Quant à la Banque Mondiale, elle chiffrait, en 2003, à 12 milliards de dollars les pertes du PIB du continent imputables à cette parasitose. L’action gouvernementale de prévention et de contrôle du paludisme est affectée de manière significative par des facteurs politiques, économiques et sociétaux. Ainsi, fin janvier 2006, Charity Ngilu, ministre kényan de la santé, rappelait, à Stockholm, que la plupart des pays africains n’ont pratiquement pas d’infrastructures de santé pour une distribution efficace des médicaments et des moustiquaires. En dépit d’années de lutte, la maladie ne cède point parce que d’abord la résistance du parasite aux médicaments augmente et ensuite parce que le moustique vecteur, de son côté, fait preuve d’une insensibilité accrue vis-à-vis d’un grand nombre d’insecticides. Ainsi, l’initiative lancée en 1998 par l’OMS pour diviser par deux le nombre de cas à l’horizon 2010 semble faire long feu. Le DDT, un produit obsolète : Viendrait-il aujourd’hui à l’idée d’un médecin de prescrire à un patient les antibactériens du type sulfamide des années 32-35 au lieu des antibiotiques ? Bien sûr que non ! Pourtant, s’agissant des pesticides, certains ne ménagent aucun effort pour plaider en faveur du vieil insecticide qu’est le DDT (Dichloro-diphényl- trichloroéthane), produit obsolète, en usage depuis le début des années 40 ; et même le Wall Street Journal du 22 août 2006 ne craint point de se joindre au chœur des défenseurs de cette molécule. En mai 2005, à Punta del Este, en Uruguay, la centaine de pays signataires de la Convention sur les polluants organiques persistants (POP) – qui ne s’adresse qu’à une maigre douzaine de substances sur les milliers que compte cette classe de composés chimiques- ont décidé d’autoriser 25 pays en voie de développement à utiliser l’un de ces polluants, le DDT, à l’intérieur des habitations, dans le cadre de la lutte contre l’anophèle et ont décidé d’examiner, en 2008, si “ des alternatives saines, disponibles et localement efficaces au DDT ” ont été développées. Les opposants à son interdiction – tout en reconnaissant ses effets néfastes sur l’environnement et les dégâts provoqués par ses utilisations agricoles1- mettent en avant la modicité de son prix et sa facilité d’épandage. Suspecté de cancérogénicité, le DDT est mis à l’index dans les pays industrialisés depuis une cinquantaine d’années. En France, il est interdit, depuis le 15 octobre 1969, de désinsectiser les étables et les nourritures du bétail avec le DDT car il se retrouvait dans le lait et la viande; de plus, tout usage agricole du DDT est interdit depuis le 19 février 1971. Certains travaux sur l’animal prouvent que le DDT et ses métabolites provoquent des malformations congénitales et portent atteinte au système immunitaire. En 2001, la revue “ Down to Earth ” du Centre pour la Science et la Technologie de Delhi rapportait que le Pr Jean-Pierre Bourguignon, du département de pédiatrie de l’Université de Liège, a montré que cet insecticide agit sur le système hormonal des enfants chez lesquels on observe une puberté précoce, les filles ayant notamment leurs premières règles à l’âge de 10 ans. Cet effet a été observé sur des fillettes originaires des pays du Sud, où le produit est d’usage courant, mais ayant émigré en Belgique. Dans le pays d’origine, cette précocité n’est guère observée car ces enfants sont généralement mal nourries ce qui retarde leur développement. Lier la lutte contre l’anophèle au seul usage des produits chimiques est trop simpliste pour une maladie aussi complexe (le parasite associe, par exemple, un invétébré, le moustique et l’homme pour se développer) et décrite déjà par Hippocrate. De plus, comme le dit le Professeur Paul Ehrlich de l’Université Stanford : “ Les pesticides, aujourd’hui, ne contrôlent plus les nuisibles, ils les créent. Comme l’héroïne, ils promettent le paradis mais conduisent à la dépendance ”. Les pesticides ne sauraient, en effet, tenir lieu de stratégie dans la lutte contre le paludisme mais, soigneusement choisis, intelligemment appliqués, ils pourraient être un de ses éléments. De plus, si le paludisme a disparu d’Italie, de Grèce ou de Corse, cela n’est pas du à l’emploi des pesticides mais plutôt au drainage, aux équipements sanitaires, à la lutte biologique et spécialement à l’élévation du niveau de vie . Ainsi, la maladie qui a disparu de Singapour et de Malaisie dans les années 70, revient en force dans ce dernier pays parce que les Malais n’ont pas les moyens de mettre des moustiquaires aux fenêtres alors que, dans la ville-Etat, la croissance économique permet à la population de se protéger efficacement contre le moustique. Un proverbe sicilien ne dit-il pas : “ Le remède de la malaria est dans la marmite ” ? Face à cette situation, ce qui est capital, c’est la détection précoce et le traitement – impossibles dans de nombreux pays ravagés par les guerres, l’incurie et la corruption- et non l’emploi du DDT qui permet d’une part de dédouaner à bon marché certains décideurs et autorise , d’autre part, certains à exporter un produit dont le stockage dans les pays industrialisés coûte les yeux de la tête2 … Le grand malariologiste anglais Bruce-Chwatt écrit: “ L’histoire de la malaria contient une grande leçon pour l’humanité : nous devons être plus scientifiques dans nos manières de penser et plus pratiques dans nos manières de gouverner. Négliger cette leçon a déjà coûté à beaucoup de pays d’immenses pertes en vies humaines et en prospérité ”. Quant au prix du DDT, il ne paraît modeste qui si l’on n’internalise pas ses coûts économiques, sociaux et environnementaux ou si l’on ne tient pas compte des effets chroniques de sa concentration le long de la chaîne alimentaire3, la perte des insectes entomophages, les atteintes à la faune aquatique, la contamination des eaux, les effets de son comportement pseudo-hormonal et le fardeau de la résistance. David Pimentel, entomologiste à l’Université Cornell à Ithaca dans l’Etat de New York, estime à huit milliards de dollars par an l’impact des pesticides sur les espèces non cibles (homme compris) dans les pays du Sud. Du reste, en Chine où le DDT est couramment employé, des études épidémiologiques sont faites pour évaluer les effets de ces produits sur la santé, au Zimbabwe, les biologistes critiquent le recours au DDT pour lutter contre l’anophèle et au Botswana, on a opté pour les pyréthrinoïdes, une classe d’insecticides moins rémanents. En Afrique du Sud, où il est encore autorisé en agriculture, le lait maternel a une concentration en DDT de 5 à 18 fois supérieure aux normes édictées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et certains travaux montrent que cet insecticide abrège la période de lactation. Questions d’éthique : Il y a enfin un double problème éthique : dangereux ici, inoffensif ailleurs ? Interdit dans les pays industrialisés depuis le début des années 70, le DDT peut-il être encore utilisé au Sud en dépit de ses tares et des graves soupçons qui pèsent sur lui ? Ce serait l’ignominieuse politique du double standard, chère à M. Lawrence Summers, ancien Secrétaire au Trésor américain et ancien vice-président de la Banque Mondiale. Ensuite, on sait depuis longtemps que le DDT, transporté par l’air, fait le tour de la terre en quelques semaines et se retrouve même dans l’alimentation des Inuits, dans la graisse des ours de l’Arctique et se dépose dans les sédiments où il constitue une véritable bombe à retardement. En 2006, les chercheurs canadiens ont montré que le DDT utilisé dans les années 60 et 70 continue de se dégager des sols traités dans l’atmosphère ; l’air accusant alors , au regard des normes nationales, des concentrations excessives en DDT pour la santé humaine et la protection de l’environnement, Peut-on, dans ces conditions, se permettre délibérément d’augmenter la surcharge en DDT de la planète? D’autant que l’on sait depuis le fin des années 70 que le sang de tous les êtres humains contient des traces de cet insecticide tout comme le sang de cordon du reste : il en résulte le petit de l’homme est ainsi contaminé par ce composé avant d’avoir poussé son premier vagissement ! Alors que le paludisme ne se rencontrait jamais à plus de 1000 mètres d’altitude, il frappe aujourd’hui au Kenya et dans la province indonésienne de l’Irian Jaya à plus de 2000 mètres, de plus, du fait du tourisme de masse, les cas de paludisme d’importation augmentent dans les pays industrialisés. Le journal “ Le Monde ” du 08 septembre 2006 annonce qu’on a diagnostiqué le premier cas de paludisme en Corse depuis 1972. Cette situation appelle un effort international pour la mise au point d’un vaccin abordable pour les plus démunis et pour s’attaquer surtout aux racines socio-économiques de la maladie car affirme l’éditorialiste de la revue Nature (02 février 2006, p. 510) : “ S’attaquer à la malaria en Afrique n’est pas au dessus de nos forces. Pour quelques milliards de dollars par an, il doit être possible de sauver des millions de vie et de chasser le spectre de la pauvreté des zones les plus démunies de la terre ”. De leur côté, Jacques Ruffié et Jean-Charles Sournia rappelant qu’il y a peu de temps encore l’Europe souffrait du paludisme écrivent : “ La solidarité de l’homme devant la maladie impose, à ceux qui ont réussi, d’aider ceux qui peinent encore ou reculent devant les efforts dépassant leurs moyens ”. Et notons bien ces chiffres avancés par l’économiste William Easterly : “ Le médicament en mesure de diviser par deux le nombre des décès dus au paludisme ne coûte que 0,12 cents de dollar et la moustiquaire qui pourrait sérieusement limiter le nombre de nouveaux cas revient à 4 dollars pièce ”. Au delà des commémorations et des effets de montre, la communauté internationale devrait garder à l’esprit l’appel généreux de Ruffié et Sournia, œuvrer pour faire disparaître cette maladie d’un autre âge et condamner la politique du double standard s’agissant des pesticides et des déchets toxiques. D’autant que le réchauffement climatique pourrait étendre l’aire d’expansion de l’anophèle à des zones géographiques jusqu’ici préservées ! DDT ou déchets toxiques menacent le genre humain. Pour l’essentiel, ils proviennent de la société de consommation…qui ne compte qu’une minorité de favorisés comparativement aux deux milliards de personnes qui vivent avec un dollar par jour. Or, un monde aussi inégalitaire et aussi injuste est un monde dangereux. La paix du monde est aussi gravement compromise par cette injustice et ce mépris des autres que professent certains, toujours à la recherche de plus de profits. —————————– (*) Ancien professeur à la Faculté des Sciences de Tunis Ancien directeur de recherche associé au CNRS Auteur notamment de “ La pollution invisible ” (PUF, 1993), des “ Batailles de l’eau. Pour un bien commun de l’Humanité ” (Editions de l’Atelier, Paris, 2003) et de “ La consommation assassine ” (ECLM, Paris, 2005) ——————————————————————————– (1) Des chercheurs de l’Université Harvard ont montré, au Guatélama, qu’un kilogramme de DDT utilisé sur les cultures de rente comme le coton, provoque 105 nouveaux cas de malaria du fait de la résistance induite chez le l’anophèle. (2) Le DDT est fabriqué aussi dans les pays du Sud comme l’Inde, l’Indonésie, la Chine… (3) En 1999, les poissons d’eau douce de trois pays africains ont été retirés de la vente dans l’Union Européenne car contaminés par les pesticides. (Source : Extraits publiés sur le blog du journaliste tunisien Mohamed Maali à partir de la revue mensuelle « Attariq Al Jadid », N° 53 – Octobre 2006)
Les musulmans de Londres souffrent de “graves discriminations” (Livingstone)
AFP, le 24 octobre 2006 à 03h18 LONDRES, 24 oct 2006 (AFP) – Les musulmans de Londres, qui représentent un habitant de la capitale britannique sur douze, sont victimes de “graves discriminations et préjugés”, a déclaré mardi Ken Livingstone, le maire de Londres, à l’occasion de la publication d’un rapport, “Muslims in London”. “Un Londonien sur douze est musulman et les communautés musulmanes de Londres, dans toute leur diversité, doivent jouer un rôle essentiel dans la vie de notre ville”, a indiqué M. Livingstone, cité dans un communiqué, relevant que “pourtant, les musulmans de Londres affrontent de graves discriminations et préjugés”. Plus de 40% des musulmans de Londres sont nés au Royaume-Uni. Selon M. Livingstone, les musulmans sont “de manière disproportionnée victimes de crimes liés à la religion, plus que tout autre communauté religieuse”. Ils ont également le plus bas taux d’emploi avec seulement 15% des femmes de plus de 25 ans qui travaillent à plein temps, contre 37% pour la moyenne nationale. Seulement 42% des jeunes musulmans de 16 à 24 ans sont “économiquement actifs” (60% pour la moyenne nationale) et ils ont le plus bas niveau de qualification. Par ailleurs, un tiers des musulmans du Royaume-Uni vivent dans des foyers surpeuplés. A Londres, ils sont 40%. Le rapport, le premier du genre, a été préparé en collaboration avec le Conseil des musulmans de Grande-Bretagne (MCB), la plus importante organisation musulmane du pays. Il tombe “à point nommé” alors que la Grande-Bretagne est en plein débat sur le port du voile et l’intégration de la population musulmane, a relevé M. Livingstone tout en espérant qu’il “permettra d’accroître la compréhension entre les communautés et de combattre une partie de l’ignorance, des préjugés et de l’islamophobie apparus dans certains médias”. C’est un rapport “révolutionnaire” qui rassemble des données de différentes sources et qui identifie les besoins de la communauté, a déclaré Muhammad Abdul Bari, secrétaire général du MCB. Il représente un “modèle” pour les autres grandes villes du pays et d’Europe, a-t-il précisé. AFP
Nicolas Sarkozy justifie, au nom de la sécurité, les mesures contre des bagagistes musulmans de Roissy
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 21.10.06 | 18h35 Il y a 43 personnes à qui nous avons retiré l’habilitation. Il n’y avait là aucun délit de sale gueule. Il y avait des éléments précis qui nous amenaient à leur interdire l’entrée sur la surface d’un aéroport”, a expliqué, samedi 21 octobre, Nicolas Sarkozy, évoquant l’affaire des bagagistes musulmans de Roissy qui se seraient vus retirer leur badge d’accès du fait de leur religion. Le ministre de l’intérieur, qui s’est exprimé sur cette question lors d’un débat, dans le cadre de la 15e édition de la Cité de la Réussite à la Sorbonne, a souligné qu’il était de son “devoir” de veiller à ce que les personnes qui ont accès aux pistes de décollage et d’atterrissage “n’aient ni de près ni de loin de liens avec des organisations radicales”. “Moi, je ne peux pas accepter que des gens qui ont une pratique radicale travaillent sur une plateforme aéroportuaire”, a insisté M. Sarkozy. “Je préfère qu’on ait le risque d’un contentieux devant un tribunal parce qu’on a été trop sévère pour une habilitation plutôt qu’on se retrouve avec un drame parce qu’on n’a pas été assez sévère. Tous les pays au monde font cela.” “Si ces gens pensent, et c’est leur droit, qu’on a été trop loin et qu’ils sont victimes de discrimination, qu’ils fassent valoir leurs droits devant les tribunaux”, a-t-il ajouté. “C’est chose faite”, ont répondu Mes Eric Moutet, avocat de la CFDT qui a porté plainte pour discrimination dans ce dossier, et Daniel Saadat, défenseur de bagagistes, donnant rendez-vous à M. Sarkozy “le 10 novembre, à 14 heures, devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise”. “LE FAIT D’ÊTRE MUSULMAN PRATIQUANT N’EST ABSOLUMENT PAS UN CRITÈRE” “Depuis six ans que je travaille à Roissy, il n’y a jamais eu de problème. En juin, on nous a fermé notre salle de prière et maintenant on me dit que je suis un danger pour l’aéroport”, affirme Mohamed Seddiki, agent d’exploitation français d’origine tunisienne, à qui la préfecture a retiré son badge début octobre. “A part le fait de s’appeller Mohamed”, M. Seddiki n’a “aucune idée” de ce qu’on lui reproche. La décision de retirer leur habilitation a été prise, a expliqué, vendredi, le sous-préfet de Roissy Jacques Lebrot, après une enquête de l’unité centrale de lutte antiterroriste qui a duré plusieurs mois et a conclu que ces personnes présentaient un risque “de vulnérabilité ou de dangerosité” pour la zone. “Le fait d’être musulman pratiquant n’est absolument pas un critère” retenu, a souligné le sous-préfet. “Le risque terroriste est très important en France (…) Pour nous, quelqu’un qui va passer des vacances plusieurs fois au Pakistan, cela nous pose des questions”, a précisé M. Lebrot, selon qui plusieurs bagagistes ont séjourné dans “des camps d’entraînement”. Une réunion intersyndicale doit avoir lieu le 7 novembre avec notamment la CFDT, la CGT et SUD pour évoquer l’opportunité d’organiser une journée d’action fin novembre. (Source : Lemonde.fr, le 21 octobre 2006)