20 novembre 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4161 du 20.11.2011


Alternatives citoyennes: Pour que les présidents-docteurs Marzouki et Ben Jaafar n’oublient pas !

AP: Tunisie: la composition du nouveau gouvernement annoncée lundi

20 minutes: TUNIS – Tunisie: les islamistes et la gauche forment le futur trio dirigeant

NouvelObs: Un responsable onusien à Tunis pour discuter de la propagation des armes en Libye

Kapitalis: Les Tunisiens du «Tout est mamnou3» au «tout est 7ram»

Le Post: Tunisie: le systéme reppressif institué par Ben Ali tient toujours le haut du pavé dans le pays

Investrir en Tunisie: Abdessalem Jerad est-il un cas exceptionnel ?

Le Temps: Caïd Essebsi rencontre une délégation d’Ennahdha… Et c’est tout ?

La Presse: Article 1 de la Constitution : une obsession textuelle !


Alternatives citoyennes
Des Tunisiens, ici et ailleurs, pour rebâtir ensemble un avenir
Novembre 2011  

Pour que les présidents-docteurs Marzouki et Ben Jaafar n’oublient pas !


 
Ce samedi 19 novembre, le docteur Moncef Marzouki doit se sentir au septième ciel d’avoir décroché la pleine lune. Que dans la lutte sans merci pour la présidence de la République, il n’ait jamais eu l’intention de « renoncer », cela nous le savions depuis des années. Car habité d’une haute ambition que certains jugeront démesurée et d’autres à sa mesure, le frénétique docteur Marzouki n’avait-il pas déjà à son retour de France – non pas de l’exil qu’il s’y était choisi au début des années 2000 mais de l’accomplissement de ses études en neurologie à la faculté de Strasbourg – escompté, ses valises à peine posées, un poste de ministre de la Santé publique ? N’est-ce pas lui surtout qui, au lendemain du 14 Janvier 2011, se proclama aussitôt candidat à la présidence de la République, ce qui lui valut les quolibets de la Kasbah 1 pour cette impudique prétention à récupérer une révolution que ce résistant sans peur ni reproche ni concession n’avait somme toute pas menée ? Antérieurement, en mars 1994 à la suite du putsch qui l’avait déchu de sa présidence de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), ne s’était-il pas précipité à l’AFP pour déclarer sa candidature au sommet de l’État ? C’est de la blessure narcissique subie alors que date son projet de revanche personnelle, doublée d’une revanche familiale sur une victoire bourguibienne, éjectant au Maroc où il mourut son père ancien yousséfiste : c’est à ce moment-là en effet que s’opère le tournant de son histoire personnelle et s’entreprend le rêve d’un grand destin. Nous sommes alors en mars 1994 : chassé de la tribune de la LTDH par une main qui lui arrache le micro – scène d’une violence symbolique dont nous gardons une cassette VHS filmée par un professeur d’histoire à l’université de Paris VIII – et projeté par son défi au président déchu à la prison civile de Tunis, l’orgueilleux héritier d’une tribu de poètes de Douz inaugure alors une descente aux enfers ; puis par suite des sévices infligés, de la persécution quotidienne une fois libéré, des humiliations de ses confrères et de son exclusion de la faculté de médecine comme de son ostracisme de l’Ordre des médecins, il s’éloigne dans un exil choisi en France. Mais, d’une volonté de fer et d’une autodiscipline spartiate, ce joggeur des bois de Paris est surtout un véritable coureur de fond : Il se construit dans une ascèse une image charismatique de leader sur tous les plateaux de télévision européens, anglo-saxons ou arabes, dans toutes les ambassades et dans les officines qui s’intéressent à l’évolution de la situation politique de la Tunisie, particulièrement en France. Tiré en juillet 1994, des geôles de Ben Ali par le même locataire du quai d’Orsay qu’un coéquipier du docteur Marzouki voue aujourd’hui aux gémonies pour sa maladroite ingérence dans la souveraineté tunisienne, notre francophile d’attachements personnels et professionnels, européen de réseaux des droits de l’homme, pourra-t-il se convertir en dévot de Qatar demain, dans sa bonne coopération avec le mouvement Ennahdha ? C’est à une personnalité brillante, complexe, presque inclassable et parfois incontrôlable que l’Assemblée constituante devrait confier les rênes de la République dans un régime réellement présidentiel où le docteur Moncef Marzouki entend bien détenir de vraies prérogatives et non pas n’être que la potiche d’un régime parlementaire. Pour ne pas rater cette opportunité inespérée, il s’allie (en 2003 ?) au mouvement Ennahdha dont de 1990 à 1994, en tant que président de la LTDH, il défendit les militants embastillés mais dont aujourd’hui il cautionne implicitement la remise en question d’un certain nombre de lois, acquis civilisationnels de la République tunisienne : le discours Nahdhaoui remet en cause en effet les droits de l’enfant, les lois sur l’adoption, l’attribution du patronyme à l’enfant naturel et l’interdiction de châtiment corporel sur les enfants. Or, le docteur Moncef Marzouki, empêché de quitter la Tunisie, n’avait-il pas fait lire par sa toute jeune fille, à la tribune d’une instance onusienne à New-York, son plaidoyer contre la falqua ? Plus sérieusement, n’est-ce pas aussi sous sa présidence de la LTDH que fût envisagée la consécration du Code du statut personnel par son inscription dans la Constitution ? Ces mêmes féministes qui tentèrent cette avancée prirent le risque, à l’arrestation du docteur Moncef Marzouki, de lancer une pétition nationale de femmes contre le système Ben Ali dont elles refusaient « d’être l’alibi ». Traitées de « poignée de Pé… » par le président déchu qui avait la langue bien verte, elles le payèrent individuellement, particulièrement Madame Souhayr Belhassen, aujourd’hui présidente de la FIDH, qui fût « déménagée » de son poste de directrice de Canal Horizon à Tunis. Cette fronde des femmes démocrates, c’est par solidarité avec le docteur Marzouki qu’elles l’ont déclenchée, elles qui poursuivirent une forme de lobbying auprès de groupes de pression jusqu’à sa libération. Avec ce sens de l’honneur qui le caractérise, le docteur Moncef Marzouki saura-t-il être redevable envers ces camarades d’hier qui l’accompagnèrent, envers leurs filles qui ressemblent à ses filles, dans cette gouvernance qui lui échoit aujourd’hui et que son allié Ennahdha préfigurerait comme une sorte de Califat, sinon dans la lettre explicite mais dans un esprit si attentatoire aux droits des femmes ? Un autre bon docteur, Mustapha Ben Jaafar, sait lui aussi que nous sommes témoins de sa trajectoire. Après une dispute de charretiers qui n’honore personne autour du fauteuil présidentiel que le docteur Ben Jaafar ne pourra plus briguer au vu de son âge, cet autre médecin obtient la présidence de l’Assemblée nationale constituante. Tout ça pour ça, se dit-il peut-être, tant furent âpres les marchandages et sonores les claquements de portes. Ce Beldi aux bonnes manières, presque patelin, de formation et de culture françaises, raisonnablement moderniste, à la rhétorique séculière sans être vraiment laïque, assumera-t-il une présidence capitale dans la veine d’un bourguibisme amendé de démocratie par son mentor Ahmed Mestiri, qui fût lui-même l’élaborateur de la première Constitution tunisienne ? Jusqu’où ce chef d’un mouvement de centre gauche, affilié à l’Internationale socialiste, pour qui France 24 semble avoir voté, pourra-t-il faire des concessions au parti majoritaire Ennahdha et lui résister sur l’essentiel, c’est-à-dire le socle de valeurs de la tunisianité ? Cédera-t-il du terrain sur la question des droits des femmes, lui qui participait toujours au premier rang au meeting de ses camarades, ses alliées, ses amies féministes, celles dont il déclara un jour sous les auspices de la LTDH « Mazèl famma rjel fil bled » (il y a encore des hommes dans ce pays) ? Que n’a-t-il osé réclamer, pour sa tête de liste de Zaghouan, madame Bochra Belhadj Hmida, ex-présidente de l’Association des femmes démocrates, le poste de ministre des Droits de la femme, poste qu’elle occuperait plus courageusement que l’actuelle ministre madame Lilia Laabidi, et certainement de manière plus judicieuse que madame Souad Abderrahim ? Sans doute, ne faut-il pas trop pousser le bouchon avec l’Émir Ghannouchi… Nos deux bons présidents-docteurs ont pris un risque car, comme dit le proverbe, « pour souper avec le diable, il faut une longue cuillère ». Espérons qu’il ne leur restera pas que des miettes. En tout cas, ce souk aux ministères devrait prendre fin de toute urgence. Sur les ondes des radios, les auditeurs jettent déjà le discrédit sur ces lamentables enchères : un million de chômeurs piétinent aux portes de l’emploi, un Tunisien sur cinq est dans la Tunisie profonde où le feu a pris, un jeune sur deux « tient le mur ». L’investissement étranger a régressé de 35%, des centaines d’entreprises ont mis la clef sous la porte ; les touristes décommandent leurs réservations, quoi qu’on en dise, et est-on vraiment parvenu à 70% des recettes par rapport à l’an dernier ? Notre balance des paiements accuse un déficit de 5.7% de PIB car nous ne produisons plus et nos rares exportations voient le marché européen se fermer. Les capitaux en circulation se font si rares que la Banque centrale est obligée d’injecter des liquidités sur le marché. L’inflation s’envole, comme en témoigne le panier de la ménagère. Les mouvements sociaux s’amplifient, spontanés ou manipulés. Le réflexe de « chaab yourid » allume encore bien des passions. Depuis le 9 novembre, nous sommes en quelque sorte dans une forme de vacance du pouvoir. Il est temps que ce gouvernement « d’intérêt national », de « salut public », se mette à l’oeuvre. Les présidents-docteurs ont choisi d’y collaborer, ils vont évoluer sur le fil du rasoir en acrobates entre leurs engagements passés et leurs accords actuels. De l’opposition, leurs ami(e)s d’hier les soutiendront dans toutes les avancées démocratiques qu’ils prôneront et les contesteront dans tout ordre moral qu’ils prêcheraient. Plus tard, quand ils se seront sortis de ce traquenard, dans leur terrasse sur le Golfe de Gammarth, ou sur le golf d’El Kantaoui, ils pourront méditer cette sagesse de Montaigne : « si haut que l’on soit assis, on n’est jamais assis que sur son cul ».  
Nadia Omrane
 

Tunisie: la composition du nouveau gouvernement annoncée lundi


 
Publié le 19-11-11 à 12:10 Modifié à 13:40
 
TUNIS (AP) — La composition du nouveau gouvernement tunisien issu des élections d’octobre sera annoncée officiellement lundi prochain, soit la veille de la première réunion de l’Assemblée constituante, a-t-on appris samedi auprès du Congrès pour la République (CPR). Samir Ben Amor, membre du bureau politique du CPR, a confirmé l’accord intervenu sur la répartition des « trois présidences ».
 
Ensemble, le mouvement islamiste Ennahdha, le CPR et Ettakatol disposent de 139 sièges sur les 217 que compte la Constituante. L’homme fort d’Ennahdha, grand vainqueur des élections (89 sièges), Hamadi Jebali est quasiment assuré d’être à la tête du gouvernement. Cet ingénieur de formation a passé plus de 16 ans en prison sous le régime Ben Ali.
 
La présidence de la République a été dévolue au chef du CPR (29 sièges), Moncef Marzouki. Ex-président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, le Dr Marzouki, 66 ans, a été un farouche opposant au régime Ben Ali. Continuellement harcelé et licencié arbitrairement de son poste d’enseignant à la faculté de médecine de Sousse (centre-est), il a été contraint à l’exil près de dix ans en France pour ne retourner en Tunisie qu’à la faveur de la « Révolution du jasmin » qui a fait fuir l’ancien dictateur en Arabie saoudite.
 
Quant à la présidence de l’Assemblée constituante, elle devrait être confiée au chef d’Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés; 21 sièges), le Dr Mustapha Ben Jaâfar. Charismatique, le fondateur du FDTL est une figure respectée de la scène politique et associative. Bien que modéré, il n’a jamais fléchi face à la poigne de l’ancien régime.
 
« C’est un accord de principe qui doit être approuvé par la Constituante », a précisé M. Ben Amor.
 
Il a été conclu après le retour à la table des négociations du FDTL qui y avait suspendu sa participation à la suite des déclarations du No2 d’Ennahdha invoquant l’avènement d’un « sixième califat », un système de gouvernance basée sur la charia (la loi islamique). Face au tollé provoqué par ces propos jugés « inacceptables » par un dirigeant d’Ettakatol, Khalil Zaouia, le Premier ministre pressenti s’était rétracté en avançant que ses propos ont été mal interprétés.
 
Selon le responsable du CPR, les trois partis doivent poursuivre samedi et dimanche sans discontinuer les négociations pour l’attribution de tous les portefeuilles ministériels. Ils auront en face les autres partis de gauche qui étaient en première ligne dans l’opposition au régime déchu, mais dont les résultats électoraux ont été en deçà de leurs ambitions.
 
Refusant d’entrer dans le nouveau gouvernement pour ne pas être des « partis de décor », le Parti démocratique progressiste (PDP) de Néjib Chebbi et Maya Jribi, le Pôle démocratique progressiste (PDP), une coalition formée autour du mouvement Ettajdid (ancien Parti communiste) d’Ahmed Brahim et le Parti communiste ouvrier tunisien (PCOT) de Hammam Hammami, ont choisi de se ranger dans le camp de l’opposition à la coalition tripartite. AP

TUNIS – Tunisie: les islamistes et la gauche forment le futur trio dirigeant


Le parti islamiste Ennahda et les deux partis de gauche CPR et Ettakatol, vainqueurs de la première élection libre en Tunisie, sont tombés d’accord sur le trio qui dirigera le pays pour une période intérimaire, dix mois mois après la chute de l’ex-président Ben Ali.

Les trois partis ont conclu vendredi « un accord de principe » attribuant la présidence de la République à Moncef Marzouki (CPR), celle de l’Assemblée constituante à Mustapha Ben Jaafar (Ettakatol) et la direction du gouvernement à Hamadi Jebali (Ennahda), ont annoncé des sources politiques.

Hamadi Jebali, islamiste du premier cercle d’Ennahda, a passé plus de 15 ans dans les geôles de Ben Ali. Sa candidature au poste de Premier ministre avait été annoncée par Ennahda peu de temps après le scrutin du 23 octobre.

Mustapha Ben Jaafar, 71 ans, est un ancien opposant au régime de Ben Ali à la fois modéré et intransigeant. Il est fondateur d’Ettakatol (Forum), parti de gauche membre de l’internationale socialiste et proche du PS français.

Moncef Marzouki, 66 ans, est également un ancien opposant de Ben Ali. Médecin de formation, âgé de 66 ans, il a vécu pendant 10 ans en exil en France avant de revenir en Tunisie après la Révolution. Son parti se qualifie de gauche nationaliste.

Les trois partis doivent annoncer officiellement ces nominations « d’ici lundi », les discussions se poursuivant ce week end sur la répartition des portefeuilles du gouvernement, selon des sources politiques.

Cet accord tripartite « reste sous réserve de validation par la Constituante souveraine » qui tiendra sa première séance inaugurale mardi prochain, a indiqué à l’AFP Abdelwaheb Matar, avocat représentant du CPR aux discussions politiques. Celles-ci s’étaient engagées entre les trois partis dès le lendemain du scrutin du 23 octobre.

L’accord a été confirmé par un dirigeant d’Ettakatol, qui a cependant précisé que les prérogatives des futurs dirigeants restaient à définir tout comme la répartition des portefeuilles du prochain gouvernement intérimaire.

Les tractations entre les partis ne pourront formellement aboutir qu’après la première convocation de la nouvelle assemblée, qui devra d’abord valider la nomination d’un nouveau président de la République. Ce dernier désignera le Premier ministre, qui devra ensuite soumettre son équipe à l’Assemblée pour approbation.

Les négociations ont achoppé pendant plusieurs jours sur l’attribution du poste de la présidence de la République, revendiqué à la fois par MM. Marzouki et Ben Jaafar.

La presse tunisienne a évoqué « la bataille de Carthage entre Marzouki et Ben Jaafar », tandis que des éditoriaux ou des réactions d’internautes s’indignaient ces derniers jours de « la course aux fauteuils » du pouvoir alors que le pays est en pleine crise et que l’Assemblée ne s’est pas encore réunie.

« Maintenant il y a eu accord, mais l’essentiel reste à définir, en l’occurrence les prérogatives des uns et des autres », a estimé le politologue Salaheddine Jourchi.

Ennahda a remporté 89 sièges, le CPR 29 et Ettakatol 20 sur les 217 que compte l’Assemblée constituante.

Sa principale mission est de rédiger une nouvelle constitution pour le pays et de désigner formellement un exécutif jusqu’aux élections générales, en principe dans un an.

Source : « 20 minutes.fr » Le 19-11-2011

Un responsable onusien à Tunis pour discuter de la propagation des armes en Libye


« Le phénomène » de la propagation des armes parmi les civils et ses conséquences sur le climat sécuritaire en Libye post-révolutionnaire et tout au long des frontières avec les pays voisins, notamment la Tunisie et l’Algérie, a été au centre d’entretiens vendredi à Tunis entre le ministre tunisien de la Défense, Abdelkrim Zbidi, et le directeur exécutif du comité des Nations Unies contre le terrorisme, Mike Smith.

Selon l’agence officielle tunisienne TAP, les discussions ont permis de passer en revue la situation sécuritaire en Afrique du Nord à la lumière de la phase de transition en Libye post-révolutionnaire qui a engendré ce phénomène.

M. Zbidi a fait part à son interlocuteur du souci de l’armée tunisienne de veiller à la sécurité tout au long des frontières tuniso-libyennes afin de déjouer toute tentative d’atteinte à la sûreté de la Tunisie et de déstabilisation de la région, a précisé l’agence.

Après avoir noté que les autorités libyennes accordaient « un intérêt particulier » à cette question en oeuvrant pour la restitution des armes, il a fait état d’une « coordination avec l’Algérie pour assurer la sécurité au niveau des frontières communes ».

De son côté, le responsable onusien a jugé « nécessaire de coordonner les efforts entre les pays voisins (Tunisie, Algérie et Libye notamment) à travers le renforcement de l’échange d’informations pour mettre en place « un système sécuritaire efficient ».

Récemment, l’OTAN s’était dite préoccupée par le sort de l’arsenal que possédait le régime déchu du colonel Mouammar Kadhafi s’agissant notamment des missiles.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 19-11-2011

 

Les Tunisiens du «Tout est mamnou3» au «tout est 7ram»


 

L’année 2011 est bien spéciale pour la Tunisie et les Tunisiens. En effet, en début d’année et après 55 ans de dictature, le peuple tunisien s’est soulevé et a chassé un despote, suscitant un immense espoir tant auprès des Tunisiens qu’auprès des peuples opprimés.

 

Du coup, les Tunisiens ont pu jouir d’une liberté d’expression qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion de connaitre. Nos compatriotes ont pu sortir dans les rues pour exprimer librement leurs émotions qu’il s’agisse de joie et de fierté ou, à l’inverse, de colère et de désapprobation. Ils ont pu également s’exprimer à travers les médias audio-visuels et les journaux.

 

Cet état de grâce a été couronné par des élections libres et démocratiques, qui ont été vécues comme un moment de joie par une bonne majorité de nos concitoyens.

 

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont toujours une fin.

 

Comme chacun le sait, à l’issue de ces élections, un parti d’obédience religieuse a raflé la mise. Les conséquences ne se sont pas faites attendre : avant même la proclamation des résultats définitifs, les responsables du parti gagnant se sont attribués tous les postes clés et se sont lancés dans des déclarations fracassantes. Les interdits commencent à pleuvoir sur nos têtes. Du coup, la société tunisienne vire du «Tout est mamnou3» d’avant le 14 janvier au «tout est 7ram» après le 23 octobre !

 

Les plus optimistes d’entre nous peuvent rétorquer qu’après tout le nouveau gouvernement n’est que provisoire, que la nouvelle situation ne va durer qu’une année.

 

Sauf qu’en examinant la situation de près, on peut se rendre compte que malheureusement nous sommes en train de faire de grands pas en arrière : de nombreux hauts responsables qui étaient les piliers du régime despotique sont toujours présents, ils ont juste changé de casquette pour se ranger du côté du vainqueur, cherchant sans doute à obtenir l’absolution mais également à faire perdurer un système basé sur l’injustice sociale, le népotisme et le clientélisme.

 

Les médias ne sont pas en reste : de nombreux journalistes, qui étaient autrefois des flagorneurs de l’ancien dictateur, se lancent dans des discours dithyrambiques vantant les mérites du programme du nouveau parti au pouvoir.

 

A ce rythme, il y a fort à parier que les nouveaux maîtres sont bien partis pour rester plus longtemps que prévu !

 

Aussi, à mon humble avis, les Tunisiens ont tout intérêt à profiter au maximum de ce qui reste de cette année 2011 avant l’instauration d’une nouvelle dictature théologique (califat) !

 

Ceux et celles qui veulent faire la fête, qu’ils le fassent de suite, car après, cela risque d’être trop tard !

Source : « Kapitalis » Le 19-11-2011

Tunisie: le systéme reppressif institué par Ben Ali tient toujours le haut du pavé dans le pays .


« Depuis dimanche 13 novembre, 9 neuf Wydadis sont enfermés dans une prison tunisienne ou ils subissent les pires sévices que peut tolérer la nature humaine, leur tort ? être marocains et avoir osé aller en Tunisie pour encourager leur équipe face à l’Espérance. C’est un massacre qui s’est déroulé à Radès contre nos compatriotes le samedi 12 et c’est un meurtre qui se déroule en silence depuis dimanche contre nos frères qui ont été tabassés, humiliés, roués de coups puis lavés avant d’être montrés à la télévision comme des terroristes. Ces jeunes marocains ont été obligés d’insulter leur pays, de déchirer leur drapeau, d’insulter leur roi, laissés inanimés dans leur vomi après avoir été passés à tabac. Plusieurs témoignages des personnes présentes, des rescapés comme ces deux qui ont eu droit à la clémence de cette Tunisie Libre dont nous Arabes étions fiers, non sans avoir pris leur ration de botes dans le visage; mais le plus poignant restera celui de ce jeune étudiant tunisien dont le seul tort fut d’avoir eu la mauvaise idée de vouloir filmer la scène pour rapporter cette honte à l’opinion publique. » La mésaventure de ces jeunes Widadis est relaté par un jeune tunisienZakaria Bouguirasur sa page facebook pris à parti lui aussi par les sbires sécuritaires de Ben Ali pour avoir tenté de filmer la scène avec son portable. « Un pas, une porte qui s’ouvre, une respiration, encore un pas. Non ce n’est pas une seule personne, c’est tout un groupe. La cadence s’accélère et mon cœur s’emporte avec. J’entends encore le bruit sourd de mes pulsations qui résonne dans mes oreilles. Mes pupilles se dilatent et mes poils s’hérissent. Je sens la tension qui monte. Mes boyaux se déchirent et ma gorge se resserre. Signes que mon corps est fin prêt à endurer la nouvelle salve. Des cris, des pleurs, des hurlements. Ouf, ce n’est pas pour moi cette fois, c’est pour les marocains. Je me sens coupable d’éprouver une satisfaction à être épargné mais ce n’est pas mon être qui est au commande c’est mon corps. Ca fait déjà 3h que je suis là. 3h qui m’ont paru une éternité. Le temps paraît suspendu pour ne rien me laisser oublier. Chaque pensée, chaque bruit, chaque mouvement, semble figé comme si le destin voulait s’acharner doublement sur moi. Mais je m’étale. Revenons plus en avant… Il est 18h, j’embrasse mon amie, elle met son sac sur le dos, fait la bise aux autres et part sans se retourner comme happée par la porte d’embarcation. De là sort un premier policier avec un gars attaché. Il le roue de coups sur la tête et sans que cela ne suffise il se retourne vers l’officier à la porte d’embarcation et lui dit : « frappes, frappes, c’est un marocain » (plutôt pas frappes mais niklou omou) !! Puis tout un groupe de policiers (une vingtaine à peu près) sortent avec d’autres marocains en sang. Ils bousculent les voyageurs sans faire attention à personne pour laisser le hall supérieur libre pour leur jeu macabre. Les marocains sont en sang, c’était des gamins. Leurs pulls étaient déchirés et certains n’avaient plus de chaussures. Un des marocains tombe par terre pensant peut être diminuer la cadence des coups mais au lieu d’avoir trois policiers sur lui, c’est maintenant une dizaine qui se ruent sur son corps à coup de brodcains sur le dos. Ils le relèvent et le trainent avec les autres en bas des escaliers. L’aéroport est sans dessus dessous, les passagers et leurs familles courent dans tout les sens, affolés par le spectacle. J’entends des femmes crier aux policiers d’arrêter. Moi par contre je suis scotché sur place, je n’arrive plus à bouger. Ma mère se retourne vers moi et me dit : « Il faut que ça cesse, quel pays de merde ». Elle me dit de filmer ça pour que plus jamais ils ne se croient impunis. J’arrache le téléphone d’un ami et je cours descendre filmer le reste de la scène. Le téléphone m’énerve, j’arrive pas à trouver le caméscope. Je cherche, je tâtonne, merde, ils sont presque sortis. Ah, c’est bon, voila la vidéo. Je lève mon bras pour commencer à filmer… Putain c’est pas en train d’enregistrer, je… Quelqu’un m’attrape par derrière, Aïe ! Une gifle. Je suis fait, un policier en uniforme m’a attrapé. Il arrache mon téléphone et me maîtrise. Il appelle ses amis : « Un traitre Un traitre » qu’il dit, « Il veut nous mettre sur Facebook ». Et commence alors une danse macabre entre moi et les policiers. Une danse faite de va-et-viens, de coups et d’évitements. Leur nombre ne cesse d’augmenter. Je crie dans un dernier espoir que je suis innocent, que je n’ai rien fait, qu’ils n’ont pas le droit (mais comme j’étais dupe). Des souvenirs d’enfance me reviennent à ce moment la. Un traumatisme ressurgi. Je me vois à 5 ans en train de fuir une ruche d’abeilles. Mais les abeilles sont de plus en plus nombreuses. Leur bruit est de plus en plus strident. Les piqûres de leur dars me font de plus en plus mal. Je tombe par terre, un policier m’a fait un croche pied. Une 20aine commencent à me chooter. Je revois les visages éclatés et les lèvres déchiquetés de mes amis Amine Rekik et de bachkouta (Walid Ibn Said) à la fac apres les manifestations de mai. Je les revois me dire « Protèges toi le visage ne penses qu’à ça ». Je tire mon blouson comme bouclier et me recroqueville dans ma carapace de fortune. Les coups n’arrêtent pas. J’ai envie de me tortiller de douleur mais je me maîtrise. Je ne leur laisserai pas mon visage ! Je ne leur laisserai pas mon visage !! Je crie, je hurle, j’attends que quelqu’un vienne cesser tout ça. Ils me relèvent, me sortent de l’aéroport. Un agent de sécurité leur dit : « Lui aussi c’est un marocain » . »Non », lui répond celui qui m’agrippe par le cou, « Lui c’est un tunisien, il veut nous mettre sur Facebook ». Et voilà qu’une autre salve de policiers en civils et en uniforme courent vers moi, sommant leurs amis d’attendre. Ils veulent tous y participer. Ils sont 30 autour de moi chacun voulant sa part du gâteau. Un coup de matraque m’atteint à la jambe gauche. Je tombe de douleur et voila que recommence un autre cycle de coups de bottes sur le corps. Cette fois-ci mes mains ne sont pas libres. Ils peuvent m’avoir à la tête ! J’enfonce ma tête contre le sol et j’encaisse sans broncher. Ils finissent par se lasser et me trainent vers le poste. Ils me poussent dans des escaliers. Je monte en prenant attention de ne plus tomber pourtant ma tête tourne, ma vision est trouble et mon équilibre n’est plus. Chaque policier qui passe à coté donne sa contribution. Enfin je suis dans la salle !! Les marocains sont tous là !! Je m’assois sur une table. « Non », s’écrit un policier « Toi, ta place est dans le coin par terre », en me donnant un coup de poing en plein visage. J’obéis (je ne peux faire que ça). Ils sortent et ferment la porte derrière. Je revis !! « Y’a un tunisien ?? », « Il voulait filmer ?? ». La porte s’ouvre. 4 policiers baraqués me regardent et me disent : « C’est toi le tunisien ? » Naïf comme je suis, je leur réponds oui. « Non, toi tu n’es pas tunisien ! Toi tu es un traître ! Toi tu es un israélien ». Ils me relèvent et se liguent contre moi. Un marocains s’écrit « Non laissez le il a rien fait il n’était pas avec nous ». D’un cou de botte à la gueule un des policier le fait taire puis se retourne un sourire à la bouche vers son zémil et lui dit : « Tu vois, quand je te disais qu’ils sont amis ». J’essaye de parer leurs coups, je les bloque avec mes avant bras mais je ne les évite pas. Ma chaire doit encaisser leurs coups plutôt que le mur (les représailles seraient terribles). Ils m’emmènent dans la pièce d’à coté et m’installent sur une chaise. Mon calvaire ne s’arrête pas, voilà qu’un gros bonhomme s’approche sournoisement de moi. Il était trapu, petit de taille, si bien qu’assis il ne me dépassait que d’une tête Il avait la cinquantaine, moustachu et un gros bide de bière. Il me dit tout doucement « N’ais pas peur, je vais rien te faire. Tu es tunisien ?? Tu voulais filmer les policiers ?? » Je baisse ma garde et je hoche la tête. Un coup, deux coups, trois coups. Ma tête raisonne sous les chocs, je ne sens plus mon visage. Un poing percute ma tête au niveau de la bouche, mes lèvres éclatent dans une éclaboussure de sang. « Rabbek, tu veux bruler le pays ?? Les policier sont devenus des moins que rien a cause de votre Facebook et de votre révolution !! Les marocains vont sortir et toi tu croupiras ici pour haute trahison !! Seul Béji Caied Sebsi te sortira de là ». Ce nom pourtant me redonna un souffle, un souffle qui m’a permis d’encaisser les autres coups. C’était pour moi le repère. Ma haine pour cet homme me rappela que j’étais là pour une cause. Que ce n’était pas moi le méchant. Que je n’étais pas le traître qu’ils disaient !! Je suis resté assis là pendant trois heures encaissant les salves de coups les unes après les autres. 6 équipes en tout sont passées sur mon corps pétrifié de douleur. A chaque ouverture de porte je voyais la faucheuse me sourire. A chaque ouverture de porte je m’en voulais d’être né tunisien car la question « C’est lui le tunisien ? » était devenue synonyme de beigne, de raclée. A chaque ouverture de porte j’espérais que le gars qui frappera (car il frappera) n’éprouve rien, que ce soit des coups automatiques et non des coups sadiques. Dans ce commissariat j’ai compris que les plus humains d’entre eux sont ceux qui sont vraiment cruels car les autres ne sont que machines. Que des engins mécaniques, des appareils de torture, des instruments de mort. Voila la dernière équipe qui entre ! L’un d’eux se retourne vers moi et me dit « C’est toi le fils de Madame Bouguira ?? » J’ai compris qu’il était mon sauveur. Il leur dit « Sa mère est médecin. Je la connais. Elle est très inquiète. Elle est diabétique ». Les larmes ruissellent le long de mon visage. Je ne suis plus. Je pense à l’état de mes proches ne sachant ce qu’il m’arrive. Il leur dit que je fais également médecine, que je suis en 5eme année, que je ne suis pas un gars à problèmes, pensant alléger ma sentence. Un de ceux assis à mon chevet se lève alors et me dit : « Tu fais médecine ? » Je lui réponds que oui. Il se mord la lèvre, hésite, se retourne la langue et me donne un coup de poing en plein estomac. « Ceux qui font médecine ne filment pas les policier ! Tu mens ! Toi tu n’es rien, tu es un moins que rien même ! Tu ne peux même pas avoir eu le bac ! » L’autre (le gentil) l’arrête, le pousse en dehors de la salle et leur demande de ne plus me frapper. Il revient après avec une bouteille d’eau et mets un policier à coté de moi pour me protéger. Les coups se sont arrêtés à ce moment là. Mais certaines choses sont peut être pire que les coups. Leurs mots sont parfois plus dures qu’un coup de poing, leurs ricanements plus dégradant qu’une gifle. Je les entends encore me répéter qu’ils m’enlèveront mon pantalon, que je dormirai en jupe, que sous prétexte que je suis blond, je plairai beaucoup au gars de bouchoucha… D’autres choses sont tout aussi pénibles. Savoir qu’on est impuissant quand dans la pièce d’à coté des êtres humains sont en train de se faire torturer, de se faire les jouets de policiers frustrés, qu’on les oblige à dire que Mohamed V est une pédale (oui c’est Mohamed VI le roi mais nos policier sont tellement cultivés qu’ils ignorent cette information). D’ailleurs une scène restera a jamais gravée dans ma mémoire. Alors que j’étais aux toilettes pour me laver le visage, un marocain était en train de vomir. Un policier (le baraqué qui est passé à la télé disant qu’il s’est fait agressé) entre et demande à son collègue « C’est un des marocains ? ». Ayant appris son identité, il court vers lui et saute avec ses deux pieds sur le marocains écrasant sa tête sur la cuvette. Il lui écrasa encore la face à plusieurs reprises avec un pied contre la cuvette jusqu’à le laisser dans son sang, corps inanimé et tête dans les toilettes. Il sort ensuite des toilettes et court vers la chambre des marocains où son entrée ne causa que cris de douleurs et hurlements de paniques. Arriva ensuite le temps de la grande mascarade sous les feux des projecteurs. Ayant appris qu’il se pourrait que des témoins aient filmé la scène à l’aéroport l’équipe de télévision a été dépêchée. Al-Watania a été la première à arriver suivi de prés par Hannibal. Mon choc n’a été que plus grand je ne pouvais croire mes yeux. Ces journalistes n’étaient en fait pas les victimes de Ben Ali ou du Système. Non, ces journalistes sont les complices des bourreaux et des tortionnaires. Ces journalistes demandaient aux flics de nettoyer le sang des marocains, de leur donner des pulls propres pour qu’il n’y ait pas de problème pour les policiers. Ces journalistes ayant su qu’une cargaison de munition a été arrêtée chez un libyen n’ont pas hésité à demander à filmer ces cartouches pour orienter encore plus le téléspectateur… A 22h enfin, mon avocate arrive. Les policiers commencent à sourire. Loin déjà est le temps où ces même policier me ruaient de coups. Loin déjà est le temps où les insultes fusaient. Loin déjà est le temps où j’étais traité tel un objet sans vie. Elle parle deux minutes au big boss On me fait signer un papier (je sais toujours pas ce qu’il y a d’écrit dedans). On me rend le téléphone et je sors !! J’ai certes été libéré à ce moment là, mais suis-je pour autant devenu libre ? » Zakaria Bouguira

Si le gouvernement tunisien a promis à Rabat une enquête, l’ambassadeur tunisien au Maroc lui nie les faits et précise dans le quotidien marocain leLe Matinque « Les autorités tunisiennes affirment, contrairement à ce qui a été communiqué, qu’à l’exception de la blessure, sans gravité, d’un supporteur du Wydad, à la suite de laquelle il a été admis dans un établissement hospitalier qu’il a quitté le même jour après avoir reçu les soins nécessaires, il n’a été noté aucune autre blessure dans les rangs des supporteurs marocains. » Apparemment donc le système sécuritaire (police) tient toujours bon en Tunisie qui compte un effectif de 150.000 pour 11 millions d’habitants alors qu’il est de 143 000 en France et de 50 000 au Maroc.

Le plus grand danger qui guette donc la révolution tunisiénne est en priorité ce systéme reppressif et disproportionné que les autorités doivent demonter au plus vite faut de quoi, le pays sombrerait dans une autre dictature.

Source : « Le Post » Le 19-11-2011

Abdessalem Jerad est-il un cas exceptionnel ?


M. Abdelfattah Amor, président de la CICM (Commission nationale d’investigation sur les affaires de corruption et de malversation) est sorti de son silence et a réagi aux menaces d’Abid Briki, porte-parole de l’UGTT (Union générale tunisienne des travailleurs).

Dans un communiqué rendu public vendredi 18 novembre, M. Abdelfattah Amor précise que la CICM est « indépendante » dans le traitement de tous les dossiers, quelles que soient les personnes ou structures impliquées. Abdessalem Jerad n’est pas un cas exceptionnel ! La CICM a présenté jeudi à la presse un rapport faisant part d’abus et d’actes de malversation où était impliqué Abdessalem Jerad. Deux dossiers, transmis au procureur de la République auprès du tribunal de première instance de Tunis dévoilent les différents cas de corruption de M. Jerad dont notamment l’intervention du président déchu en date du 13 septembre 2010 pour aider l’UGTT dans son procès avec l’ancien DG de la société d’assurances « Al Ittihad ». Dans cette affaire, le tribunal avait décidé le versement d’un dédommagement de l’ordre d’un million de dinars à ce dernier. Autre cas de corruption, Jerad, sa femme et ses deux enfants ont reçu, sur ordre direct et écrit de Ben Ali, 4 terrains à Ain Zaghouan et aux Jardins de Carthage, d’une superficie totale de 3160 m², ce qui est contraire aux procédures ordinaires de l’AFH. Le SG de l’UGTT a, également, présenté une demande à la présidence de la République pour l’octroi d’un crédit de construction auprès de la Banque de l’Habitat, sans couvrir les conditions nécessaires. Après la décision d’interdiction de voyage contre le secrétaire général de la principale organisation syndicale, le feu s’enflamme et les menaces commencent. Cette décision a suscité la colère de M. Briki et quelques uns de ses collègues. Le jour même, le tribunal est revenu sur sa décision et a levé l’interdiction de voyager à l’encontre de M. Jerad.

Source : « Investrir en Tunisie » Le 19-11-2011

Caïd Essebsi rencontre une délégation d’Ennahdha

… Et c’est tout ?


 

Le Premier ministre Béji Caïd Essebsi a reçu, hier, au palais du gouvernement à la Kasbah, une délégation de dirigeants du mouvement Ennahdha. La rencontre a porté sur « la situation générale dans le pays » a déclaré à la presse le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi.

 

« Nous avons discuté les politiques et les mesures qui devraient être adoptées pour réaliser le lien entre le gouvernement provisoire et le prochain gouvernement élu issu de l’Assemblée constituante », a indiqué Ghannouchi qui était accompagné lors de cette rencontre par le secrétaire général du mouvement Hammadi Jebali et son porte-parole Nourredine B’Hiri.

La rencontre a permis « une concertation et un échange de vues et d’informations », a précisé le président d’Ennahdha, exprimant ses remerciements à Caïd Essebsi « pour ses efforts dans la conduite du pays en une étape délicate de son histoire ».

« Caïd Essebsi a établi le lien entre deux étapes en adoptant les mesures et politiques adéquates à la situation du pays qui redonnent espoir, encouragent l’investissement et préparent un climat de coopération et de solidarité nationale », a soutenu le président du mouvement Ennahdha.

La rencontre entre Caïd Essebsi et les dirigeants du mouvement Ennahdha intervient quelques jours avant la première réunion de l’Assemblée constituante élue prévue mardi prochain au Bardo.

Source : « Le Temps » Le 19-11-2011

Article 1 de la Constitution : une obsession textuelle !


Sous le thème «Le religieux et le politique dans un Etat de droit : expériences comparées», s’est tenu les 17 et 18 novembre à Hammamet le 3ème forum international de Réalités sur le bon voisinage religieux en Méditerranée. Il s’agissait d’exposer les expériences de pays où l’islam est la religion dominante (Turquie, Iran et Tunisie) et de pays européens (Pologne, Allemagne, France et Malte) afin d’introduire un débat sur la question suivante : «Quelle place de la religion en Tunisie dans la nouvelle Constitution ?» Ce débat, auquel ont participé des invités de prestige venant des pays susmentionnés, a été marqué par la qualité des interventions, complémentaires tout en étant centrées sur cette question, devenue d’actualité au lendemain même du 14 janvier, et symbole de la quête identitaire de tout un peuple. En effet, la relation entre l’Etat et la religion, dans notre pays, sera bientôt déterminée par les articles de la nouvelle Constitution. Un article en particulier, le premier, propose dans son ancienne version une formule à partir de laquelle les discussions sont entamées. C’est un article de référence. Dès la conférence inaugurale, celle de M. Nejib Chebbi, président du Parti démocratique progressiste, l’article 1 de l’ancienne Constitution a été cité. M. Chebbi, qui siègera à l’Assemblée constituante, a déclaré dans son intervention que cet article ne sera pas modifié. Sollicité pour de plus amples détails, il a expliqué qu’il y a consensus entre tous les partis qui se partagent le pouvoir. Rappelons que l’article premier de la Constitution de 1959 a été rédigé par l’Assemblée constituante de 1956 comme suit: «La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain; sa religion est l’islam, sa langue l’arabe et son régime la république». Sachant que le thème du forum appelle à une réflexion sur la question de savoir quelle forme donner à l’Etat par rapport à la religion, M. Chebbi veut-il dire que l’article 1er sera maintenu dans son intégralité, ou que c’est juste la partie «sa religion est l’islam» qui ne sera pas omise dans la nouvelle formulation ? En tout cas, son avis, qui semble selon ses déclarations être partagé par ses rivaux d’Ennahdha, du CPR, d’Ettakatol et les autres, n’a pas fait l’unanimité lors du colloque. Un deuxième intervenant, M. Ridha Chennoufi, professeur de philosophie à la faculté des Sciences humaines et sociales, pense que c’est «trahir la révolution tunisienne que de ne pas changer l’article 1». Selon lui, il faut l’améliorer. Sa proposition est la suivante: «La Tunisie est un Etat civil, social et démocratique, l’islam est sa religion, l’arabe est sa langue et la république est son régime». Dans ce sens, M. Yadh Ben Achour, président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, a donné une conférence pleine d’optimisme, stipulant qu’un Etat de droit ne peut être qu’un Etat civil et que même Ennahdha, avec qui il dit s’être entretenu personnellement, insiste sur le caractère civil de l’Etat et est disposé à en ajouter la mention à l’article 1er. Ce qui donnerait selon lui : «La Tunisie est un Etat civil, libre et indépendant, sa religion est l’Islam, sa langue l’arabe et son régime la République». Optimiste, M. Ben Achour l’est en dépit du dérapage sur le «sixième califat» commis par M. Hamadi Jebali, secrétaire général d’Ennahdha, qui n’a pas répondu présent au forum de Réalités. Dérapage que certains plus que d’autres considèrent aussi révélateur qu’un lapsus. D’ailleurs, l’amiral Jean Dufourq, directeur de recherche à l’école militaire de Paris, chargé de rédiger la synthèse du colloque, a relevé parmi d’autres points une inquiétude chez les femmes intervenantes. Trois d’entre elles ont proposé des réflexions pertinentes sur le raisonnement à suivre pour arriver à une formulation saine de l’article premier, ou «comment, dans une Constitution où l’Islam est stipulé comme religion de l’Etat, on peut éliminer de fait le risque d’un extrémisme religieux», d’un «virus en latence» ou d’une «Constitution séropositive». Sans donner de réponse toute faite et en posant de nombreuses interrogations, Olfa Youssef, docteur d’Etat en lettres et langue arabe, Héla Ouardi, professeur de littérature et de civilisation françaises à l’Université de Tunis et Ikbal Gharbi, directrice de la radio religieuse Ezzitouna, ont analysé la relation entre l’Etat et la religion, plus précisément l’Etat et l’islam, chacune selon sa spécialité. Il faut «distinguer les aspects politique et identitaire de la citoyenneté», selon Ikbal Gharbi. Il faut «se référer à l’Islam des lumières et travailler encore plus sur l’éthique de l’Islam», selon Olfa Youssef. Au final, et au bout des expériences comparées de ce troisième forum international de Réalités, les participants, tunisiens et étrangers, étaient d’accord sur la nécessité pour la Tunisie de trouver sa propre formule, celle qui correspond à sa personnalité, comme le souligne l’historien Khalifa Chater, quand il qualifie les exemples exposés de cas d’espèce et non de modèles, en ajoutant que la Tunisie ne devrait suivre aucun de ces exemples et qu’elle devrait créer son propre modèle, selon ses propres spécificités. Avis que partage l’amiral Jean Dufourq dans sa synthèse. Selon lui, entre le 14 janvier et le 23 octobre, nous étions dans une mélancolie démocratique: après les élections, nous sommes dans une perplexité démocratique. La raison de ce débat identitaire revient à son avis au fait que pendant la dictature, l’image de la Tunisie s’est embrouillée dans nos esprits…

Source : « La Presse » Le 19-11-2011

Lien : http://www.lapresse.tn/18112011/40578/article-1-de-la-constitution-une-obsession-textuelle.html

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