19 octobre 2011

TUNISNEWS
11 ème année, N°4129 du 19.10.2011
archives : www.tunisnews.net

 


Le Nouvel Observateur: TUNISIE. « La Constitution sera le socle d’un véritable Etat de droit »

Marianne: Tunisie: de la révolution à la constitution

Le Monde.fr: En meeting à Montreuil, Rached Ghannouchi s’est offert un plébiscite

Rue89: Tunisie : Ennahdha, une stratégie centriste gagnante mais fragile

L’humanite: La menace salafiste enfle en Tunisie

Le Parisien: Tunisie: à Sidi Bouzid, les symboles ont fait long feu

WMC: Tunisie – Médias: Campagne contre Nessma TV… Ce combat est inutile!

Slate Afrique: Pourquoi les islamistes tunisiens sont si populaires

Espace Manager: Tunisie: Je suis content, j’ai peur, mais je reste optimiste

Le Nouvel Observateur: Elections en Tunisie : pourquoi nous voterons moderniste

Le Nouvel Observateur: Nuages sur le « Printemps arabe »

Slim Dali: Liberté, égalité, sécularité pour la Tunisie

 

Ali Nasfi Hamadi: Impressive performance by the CPR leader in Kebili


Ennahdha Party is holding a press conference. Details are below:

 
Date: Wednesday 19 October 2011
Time: 10 a.m.
Address: Ariana Branch Office, Rue de la Municipalite, next to the Ariana Town Hall
For more details, please call: +216. 55774838

TUNISIE. « La Constitution sera le socle d’un véritable Etat de droit »

Pouvez-vous nous expliquer comment se passe le scrutin?

– Les Tunisiens de l’étranger votent en France les 20, 21 et 22 octobre, contrairement à ceux de Tunisie qui votent le 23. Il est très important de le souligner car nous risquons beaucoup d’abstention par non connaissance de la date de vote.

L’élection est faite selon un scrutin à un tour, à la proportionnelle, au plus fort reste, ce qui va donner une élection très ouverte.

Cinq points sont à souligner dans la loi électorale:

. Nous avons un scrutin de liste.

. Les candidats peuvent être bi-nationaux, ce qui est mon cas et qui avait été écarté dans un premier temps.

. C’est la première fois dans l’histoire de la Tunisie que les Tunisiens de l’étranger vont participer à la vie politique tunisienne. Jusqu’à présent nous n’avions le droit de voter qu’à la présidentielle ce que nous ne faisions pas. J’ai bientôt 60 ans et c’est la première fois que je vais voter en Tunisie. Et c’est la première fois qu’on nous ouvre des circonscriptions à l’étranger parce que nous représentons plus de 10% de la population tunisienne dans le monde (plus 1,1 million sur 11 millions d’habitants), et la majorité est en France (600.000). Nous avons donc deux circonscriptions en France (France-Nord 1 et France-Sud 2) avec 5 sièges chacune.

. La loi impose en outre la parité avec soit une femme, soit un homme en tête de liste.

. Enfin, la loi a permis que des listes se constituent en dehors des partis. Ce qui a provoqué d’ailleurs un vrai désordre… il y aurait 1.600 listes en Tunisie.

Justement, pourquoi créer une liste indépendante alors qu’il y a déjà tellement de partis en lice ?

– L’indépendance n’est pas la neutralité. C’est la pression amicale de tous ceux qui m’ont suivi dans les meetings, les débats, depuis le 14 janvier, jeunes et moins jeunes, qui m’ont approché pour me convaincre que je me présente.

Je suis une ancienne militante, je ne débarque pas, alors qu’il y a beaucoup de listes que j’appelle « post-14 janvier » et qui sont totalement sans expérience. Tous les gens de la Kasbah ont créé des partis qui ne pèsent pas grand-chose. Ce sont des poussins qui se cherchent encore. Il y a dix partis de nationalistes arabes, 15 partis de marxistes-léninistes… et le problème, c’est que là c’est une constituante pas une législative : une échéance qui n’est pas forcément pour les partis politiques. On n’est pas là dans la conquête du pouvoir ! Si cela avait été le temps de la conquête politique je ne me serais pas présentée, ou en tout cas pas de façon indépendante.

Il y a en France 48 listes dont 15 de partis. Sur les 33 indépendantes, on compte une quinzaine qui seraient des listes du RCD et d’autres très proches de Ennahda [le parti islamiste: ndlr].

Sur quoi repose votre légitimité ?

– Je suis une ancienne syndicaliste, je suis une militante et je représente quelque chose auprès des citoyens.

Je me suis présentée parce qu’on m’a poussée. Ma liste est très diverse avec notamment un ancien secrétaire général du syndicat étudiant UGET qui était la première opposition au pouvoir depuis Bourguiba. Et je suis la tête de liste issue du mouvement du 26 juillet 1978, qui est la base de la révolution. Cette révolution ne s’est pas faite en quelques semaines, elle est l’issue de longues années de bataille, de répression.

Et j’ai beaucoup de divergences avec les partis politiques qui sont présents aujourd’hui en France et qui, pour certains, sont en train de s’orienter vers une alliance avec Ennahda.

Les partis ont abandonné la révolution. On a proposé aux partis de gauche de tenir une liste unique et ils ont tous refusé, d’Ettakatol au Poct. Comme si c’était aujourd’hui qu’il fallait se compter ! On n’est pas dans une législative, on est dans une Constituante ! Nous allons rédiger les statuts de l’Etat. C’est un enjeu essentiel auquel je dois participer. Ma posture d’opposante au régime de longue date et mon expérience de professeur de droit constitutionnel me donne encore plus de légitimité. Je ne suis pas un parti politique, je n’ai pas un projet pour conquérir le pouvoir, je suis une candidate pour l’élaboration de la Constitution, pour la mise en place d’un Etat de droit dans lequel tous les organes de l’Etat seraient soumis à la règle de droit et pas l’inverse. Un Etat de droit qui s’opposerait aux pratiques usagées sous Ben Ali et sa bande.

L’Etat de droit ne peut être que synonyme de garantie des droits et libertés, il ne peut pas être séparé de l’idée moderne de démocratie, de lutte contre les discriminations, dans une République laïque et démocratique.

Comment se passe la campagne électorale ?

– C’est très dur. A part pour les partis politiques anciens qui avaient des moyens et une certaine reconnaissance, mais sinon c’est dur pour tout le monde.

Au début, nous avions peur car personne ne s’inscrivait sur les listes électorales. Finalement, ils permettent à tous de voter. Mais les organisateurs ont agi à la hâte. Ils n’ont pas mesuré l’intérêt et la gravité du moment, ils n’ont pas mesuré non plus qu’ils s’adressent à des personnes qui n’ont jamais voté et cela risque d’avoir de graves conséquences sur l’issu du scrutin. L’électeur qui pense que la chose politique se passe au-dessus de lui, lui, n’ira pas voter. On a du mal à expliquer à cet électorat souvent populaire que la souveraineté leur appartient. Et c’est la majorité silencieuse…

Chez les électeurs, on sent de l’hésitation, de la crainte et de l’enthousiasme, tout est mélanger. La classe adulte de la population est beaucoup plus consciente du danger et plus mobilisée. Dans un quartier de Paris, en campagne, des Tunisiens me disaient « inscrivez la Tunisie dans la démocratie, dans le pluralisme, dans la modernité », « garantissez la place de la femme », d’autres nous demandent aussi quelle est notre position sur l’Islam.

Craignez-vous que Ennahda fasse un score écrasant ?

– Nous rencontrons énormément de gens qui affirment vouloir voter pour le parti islamiste. Parce que c’est simple. Ca rassure le citoyen qui se dit : « Au moins, je sais pour qui je vote ». Ennahda joue beaucoup sur le fait qu’ils ont été réprimés, ce qui est vrai, mais rien ne garantit dans leur dépliant qu’ils fassent quoi que ce soit pour la démocratie.

Nous, nous le disons dans la profession de foi de notre liste « Tous ensemble pour la Tunisie », nous voulons nous battre pour l’égalité dans son sens le plus profond, égalité sociale qui se décline en premier lieu par l’égalité homme-femme, et par l’égalité devant la justice, devant l’embauche, pour l’octroi de logement, dans la pratique saine et transparente de la pratique du pouvoir. Mais pour assurer tout ceci il faut une séparation des pouvoirs grâce à la mise en place de mécanismes de contrôles mutuels entre les pouvoirs et l’assurance d’un pouvoir judiciaire indépendant et non lié à une caste ou une famille.

Il faut inscrire dans la Constitution les libertés fondamentales qui sont liées aux valeurs républicaines c’est-à-dire la liberté de conscience, la liberté de penser, la liberté d’aller et venir, la liberté d’association et de manifestation car l’égalité des droits sera notre boussole et la Constitution le socle qui devra garantir le passage à un véritable état de droit. L’unique référence doit être la loi fondamentale et non les coutumes liées aux appartenances familiales, régionales, sociales ou religieuses. Sinon, on ne pourra pas parler de démocratie.

 

Interview de Najet Mizouni candidate à la Constituante tunisienne, tête de liste de « Tous ensemble pour la Tunisie » (France – 1 Nord) par Céline Lussato – Le Nouvel Observateur

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 18-10-2011

Lien : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111017.OBS2653/attendre-9h30-tunisie-la-constitution-sera-le-socle-d-un-veritable-etat-de-droit.html


Tunisie: de la révolution à la constitution


A moins d’une semaine des premières élections démocratiques de son histoire, la tension monte en Tunisie entre les islamistes et les laïques. Si certains observateurs n’excluent pas une instrumentalisation des fondamentalistes par les pétromonarchies, les acteurs du printemps arabe rappellent que ces élections à la Constituante sont d’abord la poursuite de la révolution démocratique.

A chaque jour sa manifestation. Après la diffusion du film Persepolis sur Nessma TV, près de 300 salafistes s’étaient regroupés pour attaquer le siège de la chaîne. Le 11 octobre, le président de la chaîne privée tunisienne, Nebil karoui, présentait ses « excuses » pour une séquence du film où Dieu est représenté, ce que proscrit l’islam.
Après l’occupation des rues par les barbus, les laïcs n’ont pas tardé à riposter.

Une contre-manifestation réunissant entre 3.000 et 5.000 manifestants a descendu le boulevard Mohamed V, une des principales artères de la capitale, en entonnant à plusieurs reprises l’hymne national ou criant « Ataqni » (Lâchez moi les baskets).
L’appel avait été lancé depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux : « Ceux qui défendent la liberté d’expression et l’Etat laïc : rendez-vous dimanche à 13 heures à la Place Pasteur de Tunis. Message reçu ».
Les journaux tunisiens consacrent tous leur couverture à l’élection, le tractage s’intensifie, la tension monte, aucun leader de parti n‘a pourtant cru bon de se mêler à la manifestation. « Mais où sont-ils passés, ces leaders si attachés aux valeurs de la laïcité et de la modernité ? » se demande le site tunisien Kapitalis. Seul le Pôle démocratique s’est insurgé dès le début contre les violences visant Nessma TV, les autres préférant ménager les éléments conservateurs de l’électorat.
 

Plus de 1600 listes et 10000 candidats

Si les 217 élus de l’Assemblée nationale constituante auront pour principal mandat la rédaction d’une nouvelle constitution tunisienne, ils devront aussi mettre en place un nouvel exécutif et légiférer pendant la période transitoire avant de nouvelles élections politiques. Et à travers la Constituante, c’est aussi un peu du statut du prochain régime qui se joue. Laïc, religieux, civil ?
Quasiment interdit sous Ben Ali, le militantisme islamiste relève autant de l’adhésion au discours ultra-moralisateur du parti que de l’expression d’une liberté politique après des dizaines d’années de répression.
Crédité d’un bon score – entre 20 et 30% selon les sondages-, l’adhésion populaire que recueille le parti islamiste Ennahdha reste en grande partie mystérieuse. Le parti ne pourra pour autant pas obtenir la majorité. Le mode de scrutin choisi et la multitude des acteurs -plus de 1.600 listes et 10.000 candidats- favorisent la dispersion des suffrages et la multiplication des débats au delà de la question de la nouvelle constitution.
Certains partis parviennent néanmoins à se démarquer notamment le Parti Démocratique Progressiste (nationaliste, radical de gauche), dont le leader affirme vouloir s’inspirer du modèle de la révolution espagnole contre le Général franco.
Pour Ahmed Ibrahim, le secrétaire-général du mouvement Ettajdid, le « renouveau de la gauche tunisienne », les organisations laïques doivent unir leurs forces pour créer un contre-poids au parti islamiste Ennahda, donné comme favori pour l’élection du 23 octobre.
« Aujourd’hui en Tunisie, il y a une mouvance moderniste qui cherche à renforcer les libertés et les valeurs progressistes », déclare-t-il dans une interview à Reuters. « Il y a une seconde mouvance qui souhaite utiliser les sentiments religieux du peuple et qui tente d’imposer un certain contrôle et un mode de vie bien spécifique ».
 

Une instrumentalisation des fondamentalistes par les pétromonarchies

Chercheur à l’Institut français du Proche Orient de Beyrouth, Vincent Geisser estime pour sa part que« le processus de transition politique en cours en Tunisie a révélé de très nombreux clivages politiques mais aussi sociétaux concernant le rapport aux mœurs et aux valeurs. Toutefois, l’on commettrait une erreur d’interprétation, si l’on réduisait ces clivages à une opposition frontale entre islamistes et non islamistes car la société tunisienne est beaucoup plus complexe que cela. A l’heure actuelle, il n’existe pas en Tunisie une partie de la société qui serait « laïque » et l’autre qui serait « islamique » ou « islamiste ». Le pays n’est pas divisé en deux camps idéologiques. De ce point de vue, la Tunisie n’a jamais connu une laïcité d’État comparable à l’expérience kémaliste en Turquie ». Le chercheur n’exclut d’ailleurs pas une instrumentalisation des éléments les plus radicaux par les pétromonarchies « qui redoutent par-dessus tout la démocratisation de la Tunisie qui pourrait constituer un extraordinaire modèle de liberté pour l’ensemble du monde arabe ». Face au risque de noyautage politique, ceux qui sont descendus dans la rue, n’oublient pas, tel le blogueur Azyz Amamy, de rappeler que ces élections constituantes sont d’abord et avant tout le produit d’une révolution démocratique : « Je refuse d’avoir perdu une bonne partie de ma vie en vain. Je refuse que l’on rate ces élections. Je refuse de comprendre ceux qui étaient à mes côtés dans la rue à demander la Constituante, et qui appellent maintenant à son boycott, par « révolutionnisme » ou par « gauchisme enfantin ». Ces élections sont la mission la plus révolutionnaire. Vous savez pourquoi??? Parce que de la Constituante commencera à jaillir notre nouvelle Tunisie. Mais, camarades, amis, frères ou même aliens si vous le voulez, ça ne va pas finir aux élections. Nos martyrs sont morts à cause de l’ancien système, ne les laissons pas tomber, abolissons le système. N’avons-nous pas dit « le peuple veut l’abolition du système » ? C’est par la Constituante qu’on réussira à le faire tomber ». Ce n’est qu’un début…
 

 
Mardi 18 Octobre 2011
Régis Soubrouillard – Marianne
 
(Source :http://www.marianne2.fr le 18 octobre 2011)

 

En meeting à Montreuil, Rached Ghannouchi s’est offert un plébiscite


 

Par Benjamin Barthe

Il est venu, il a discouru, il a convaincu. Rached Ghannouchi, le chef du mouvement islamiste tunisien Ennahda, a volé la vedette à tous ses compatriotes et concurrents, réunis en meeting commun, samedi 15 octobre, dans une vaste salle de spectacle de Montreuil, en banlieue parisienne. L’événement, orchestré par une coalition d’associations de Tunisiens de France, avait pour objectif de sensibiliser cette communauté riche d’environ 500 000 membres aux enjeux de l’élection à l’assemblée constituante du 23 octobre, le premier scrutin libre de l’histoire de la Tunisie. Mais cette réunion d’information multipartite, qui a fait salle comble, a rapidement tourné au plébiscite pour le mouvement islamiste, confirmant par là même son statut de favori de la consultation.

Avec un discours rassurant et rassembleur, Rached Ghannouchi s’est offert une véritable ovation, loin des applaudissements polis recueillis par ses rivaux. « En France, on dépassera peut être 50 % des voix, s’aventurait un jeune militant d’Ennahda, qui par souci de discipline, refusait de fournir son nom. Les gens nous connaissent depuis longtemps, alors que la plupart des autres partis n’ont commencé à militer qu’après la chute de Ben Ali, le 14 janvier. En mai, un sondage nous plaçait déjà largement en tête des intentions de vote. Notre seul ennemi, c’est l’abstention ».

Sur les 217 sièges de la Constituante, dix sont réservés aux Tunisiens de France, dont le vote doit s’échelonner sur trois jours, du 20 au 22 octobre.Outre Ennahda, trois autres listes étaient représentées samedi à Montreuil, sur les quarante-huit qui se disputent les suffrages des électeurs installés dans l’Hexagone : les socialistes d’Ettakatol ; le Parti démocratique progressiste (PDP), classé au centre gauche ; et le Congrès pour la république, un mouvement centriste. Dopés par la venue de leur leader, le seul à avoir fait le déplacement à Montreuil, les militants d’Ennahda avaient débarqué en masse. L’espace qui leur était réservé, décoré de bannières, de ballons et recouverts de tee-shirts, de casquettes et d’autocollants à l’effigie de leur mouvement, tranchaient nettement sur les stands des autres partis, où seule une poignée de tracts était disponible.

« L’ENNEMI DE MON ENNEMI EST MON AMI »

A l’écart de la tribune, un membre du comité d’organisation du meeting s’inclinait devant la capacité de mobilisation des islamistes : « Ils sont très présents sur le terrain. La salle est clairement en leur faveur. Les gens du PDP sont furax de sefairedamer le pion. »Saïf Eddin Trabelsi, de l’associationUNI*T, très active dans l’animation du débat électoral, reconnaissait, lui, l’aura dont Ennahda est nimbé. « Ils ont été les victimes du régime Ben Ali pendant vingt ans, et c’est pour cela que les Tunisiens les aiment. Pour les cinq prochaines années, le vote obéira au principe qui veut que ‘l’ennemi de mon ennemi est mon ami’. Rien de plus. Le vote ne sera ni politique, ni rationnel. Il sera émotionnel ».

Quand M. Ghannouchi est monté à la tribune, en dernière position, le silence s’est fait rapidement dans la salle, alors que jusque là, les orateurs devaient composer avec un brouhaha permanent. Applaudi à de multiples reprises, il a tenu des propos consensuels, assurant que son parti ne chercherait pas à restreindre les droits acquis par les femmes sous l’ère Ben Ali.« Dans nos listes, il y a des femmes sans voile, qui ne sont même pas pratiquantes », a-t-il déclaré. Il est également revenu sur l’affaire Nessma TV – la chaîne qui a diffusé lefilm Persepolis, de l’Iranienne Marjane Satrapi, où le prophète est représenté, ce qui a déclenché l’ire de certains islamistes – reprochant à cette télévision d’avoir provoqué le peuple. « On compte sur vous pour voter, pour revenir en Tunisie,monter des projets etfaireavancer votre pays », a lancé en conclusion Rached Ghannouchi.

OPÉRATION SÉDUCTION

Dans l’assistance,Boubakeur Ghrib, un ingénieur informatique d’une trentaine d’années, se disait séduit.« Ce qui me fait le plus peur, ce n’est pas qu’Ennahda gagne, assurait-il.Ce mouvement fait partie de notre histoire et de notre identité. Ce qui m’inquiète, c’est la réaction des pays occidentaux dans une telle situation. On a vu avec le Hamas ce dont ils sont capables. Le dénigrement est déjà en marche avec tous ces médias qui présentent Ennahda comme un monstre sur le point d’instaurer un régime taliban ». A la sortie de la salle, Asma Hichri, une jeune assistante de puériculture, très élégante en jupe et collants noirs, n’avait pas grand-chose à reprocher au discours de Rached Ghannouchi. Elle se voulait néanmoins prudente face à l’opération séduction des islamistes. « C’est évident que Ghannouchi n’allait pastenir un discours islamiste pur et dur à quelques jours du scrutin, dit-elle. Il n’est pas bête. A-t-il des intentions cachées ? Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que les islamistes disposent d’une base populaire très large. A nous de nousengager pour leurfaire contrepoids. »

Source: ”Le Monde.fr” Le 17-10-2011

Lien:http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/10/17/en-meeting-a-montreuil-rached-ghannouchi-s-est-offert-un-plebiscite_1589254_3212.html#ens_id%3d1585247

 


Tunisie : Ennahdha, une stratégie centriste gagnante mais fragile

Thierry Brésillon
Journaliste
Publié le 18/10/2011 à 05h05

Ennahdha, donné favori des sondages pour l’élection à la Constituante de dimanche, ne ménage aucun effort pour conjurer l’image de parti extrémiste, intolérant, violent que le régime de Ben Ali a dressé comme épouvantail pour justifier une répression impitoyable et sceller son alliance stratégique avec les pays occidentaux.

« En 1989, nous avions déjà opté pour la voie politique et le respect de la démocratie », explique Salah Sakouhi, candidat « indépendant » à Jendouba quand au début de la présidence de l’ancien dictateur, la formation islamiste, non autorisée, bénéficiait d’une relative tolérance. Le succès électoral des islamistes avait alors provoqué une reprise de la répression.

« Notre processus d’intégration dans la vie politique a été interrompu. Mais malgré cela, notre ligne n’a pas varié depuis », assure ce militant dont l’existence, pendant vingt ans, a oscillé de la prison aux salles d’attente des commissariats où il devait pointer cinq fois par jour.

Autorisé depuis le 1er mars, Ennahdha s’est rapidement installé en position dominante sur une scène politique tunisienne éclatée. Il n’est pas seulement au centre de l’attention, il cultive un positionnement de parti centriste et modéré qui pourrait en faire le pivot incontournable de toutes les majorités au sein de la Constituante.

Profession de foi démocratique

Son programme (dont unrésumé en français est disponible sur Internet), s’ouvre sur une véritable profession de foi démocratique :

« Le régime républicain [est le] meilleur garant de la démocratie, de la répartition équitable des richesses, du droit à la dignité humaine, du respect des principes des droits de l’homme et du droit de la femme à l’égalité, à l’éducation, au travail et à la participation à la vie publique ».

Plus qu’une méthode pour accéder au pouvoir, le choix de la démocratie et le respect du pluralisme comme une donnée permanente des sociétés, sont donc assumés comme un ensemble de valeurs.

L’islam n’est évidemment pas évacué du programme, mais il y est évoqué comme « référentiel fondamental, modéré en interaction avec l’expérience humaine ». En d’autres termes, Ennahdha n’appelle pas à l’application littérale du droit islamique.

Revenir à la religion authentique

Le discours d’un candidat, Zied Doualatli, numéro deux de la liste Ennahdha dans la circonscription de Tunis 2, lors d’un meeting le 7 octobre, permet de mieux saisir comment les islamistes tunisiens conçoivent aujourd’hui l’intégration de la religion dans la sphère politique :

« La dictature était liée à l’absence de moralité et au non respect de la religion. Nous allons revenir à la religion authentique, à des comportements bienveillants. Nous voulons que le pouvoir soit exercé par des gens qui connaissent Dieu et agissent pour le bien du peuple. C’est cela que la laïcité n’a pas su garantir. Séparer la religion du pouvoir, c’est cela qui a rendu possible que des gens corrompus arrivent au pouvoir. »

N’exclure personne de l’identité tunisienne

Ennahdha réactive un vieux débat sur la relation entre modernité, identité et religion, structurant dans le débat politique tunisienne depuis près d’un siècle. Rached Ghannouchi a d’ailleurs plusieurs fois rendu hommage à Salah Ben Youssef, opposant à Habib Bourguiba, notamment le jour de son retour en Tunisie.

Salah Ben Youssef n’était pas un islamiste, mais son opposition, et celle de ceux que l’on a désignés ensuite comme les yousséfistes, reposait sur le refus de la voie moderniste de Bourguiba et sur la préservation de l’identité arabo-islamique de la Tunisie. L’assassinat de Salah Ben Youssef le 23 août 1961, sur ordre de Bourguiba, commence d’ailleurs à ressortir de l’oubli.

Mais il est périlleux de remettre en question l’héritage bourguibien. Ajmi Ourimi, membre de la commission culturelle au sein du bureau politique d’Ennahdha, annonce une critique sans rupture :

« Habib Bourguiba a voulu écarter l’islam et la tradition de l’identité tunisienne. Mais il a poussé la Tunisie vers le déchirement plus que vers la réconciliation. C’est essentiellement à cela que veut remédier le mouvement islamiste. Nous ne voulons pas tout recommencer à zéro, mais réintégrer l’islam dans l’équation, n’exclure personne, comme c’était le cas sous Bourguiba et sous Ben Ali. »

Consensus centriste

L’objectif pour Ennahdha est d’éviter de faire la question identitaire une question clivante, qui le placerait en minorité si les partis qui se revendiquent de l’héritage moderniste de Bourguiba parviennent à s’allier.

Ajmi Ourimi expose en ces termes le cœur du positionnement politique du parti islamiste :

« La question de l’identité n’est plus un objet de surenchère. Les premières semaines, certains ont voulu créer un clivage dans la révolution, opposer les laïcs et les religieux. Mais notre problème ce n’est pas voilée ou pas voilée, c’est la cohabitation. Le problème n’est pas l’islamisation ou la désislamisation de la société, c’est la démocratisation.

Il y a un vaste courant qui rassemble tous les mouvements centristes autour du consensus de l’idée arabo-musulmane de la Tunisie. Les islamistes, les démocrates, le centre gauche… et tout le monde est d’accord pour exclure ce sujet du champ des problèmes. Seuls les extrêmes, les salafistes et les laïcistes, veulent faire de la surenchère sur cette question ».

Le débat autour de l’égalité hommes/femmes dans l’héritage, ou la polémique autour de la diffusion de « Persepolis » ont montré que les position identitaires et traditionalistes étaient partagées au-delà des rangs du parti islamiste. Ennahdha n’ayant plus alors qu’à se démarquer des partisans d’une remise en question du Code de statut personnel, ou des manifestations les plus violentes contre NessmaTV.

Le respect des libertés publiques

Mais s’il est gagnant à court terme et permet d’envisager des alliances à droite et à gauche, voire à l’extrême gauche, dans la future Constituante, ce positionnement médian n’est pas exempt de fragilités.

Tout d’abord, Ennahdha sait qu’il sera surveillé de près sur le respect des libertés publiques. Notamment la liberté d’expression et la liberté de croyance. S’il envisage de diversifier ses liens économiques avec les pays émergents et ses voisins arabes et africains, le parti islamiste ne remet pas en question l’approfondissement du partenariat économique avec l’Union européenne (pas si regardante que ça sur les droits de l’Homme à l’époque de Ben Ali, il est vrai) et affiche une relation normalisée avec les Etats-Unis.

Mais si le rôle de la religion dans la culture, la vie sociale, dans les références juridiques et politiques, en d’autres termes si le modèle de société devient un sujet clivant, si à la base, les exactions des militants contre les non-religieux prenaient de l’ampleur, le parti pourrait se retrouver alors en minorité. D’où l’intérêt crucial, au passage, qu’aura le seuil de majorité auquel les dispositions constitutionnelles seront adoptées. Une question à surveiller dès les premiers jours de la Constituante.

Les risques de la sécularisation

L’autre danger pour Ennahdha vient de sa droite. En acceptant de s’intégrer dans le jeu démocratique et dans des mécanismes classiques d’exercice du pouvoir, en reconnaissant que la souveraineté appartient au peuple et que la légitimité procède l’élection, le parti a franchi une étape décisive dans la sécularisation.

 

Militante salafiste lors de la manifestation contre la diffusion de « Persepolis », à Tunis, le 14 octobre. (Thierry Brésillon)

Un péché capital aux yeux des radicaux, salafistes ou du parti Tahrir (non reconnu), pour qui la démocratie est impie et dont l’horizon reste la restauration du califat, qui ont appelé leurs militants à boycotter les élections. Les tentatives de conciliation, les rencontres au sommet, les prêches de cheikh saoudiens pour appeler à soutenir Ennahdha n’y ont rien fait.

Si au niveau des cadres, la démarcation semble claire entre le parti et ces mouvances radicales, la base elle, est beaucoup exposée à l’influence salafistes et au travail de recrutement du parti Tahrir, (une sorte de Ligue communiste révolutionnaire version islamique : internationaliste, groupusculaire et radicale).

Non seulement les militants islamistes sont sensibilisés depuis années par les prédications d’imams salafistes des pays du Golfe diffusées par les chaînes satellites, mais désormais, les salafistes contrôlent de nombreuses mosquées en Tunisie (on avance le chiffre de 400). Cettewahhabisation de l’islam tunisien constitue sur un plan doctrinal, culturel et politique la plus grande menace pour Ennahdha. Et accessoirement pour la Tunisie.

Donner trop de gages à cette base radicale interdirait tout positionnement centriste. Se couper de cette base, expose le Ennahdha à de graves tensions internes, voire à l’éclatement.

Répondre à l’attente sociale

Sur un plan pratique, tous les acteurs politiques savent que l’attente des Tunisiens est d’abord sociale. Lorsque Zied Doualatli, dans son discours, cite un hadith (une parole attribuée au Prophète) :

« Il faut payer l’ouvrier avant que la sueur ait séché de son front, et le pays équitablement ».

Lorsqu’il poursuit :

« Comment une femme qui travaille du matin au soir peut être payée seulement 80 dinars [40 euros, ndlr] par mois ? Nous allons garantir les droits des pauvres, des ouvriers. Quand on donne on reçoit. Ce ne sera plus comme autrefois, quand on travaillait sans rien recevoir. »

C’est là qu’il recueille les applaudissements les plus enthousiastes.

Intégrer une classe surnuméraire

Dans l’histoire européenne, le Parti communiste offre l’exemple d’un travail politique qui, à partir d’une idéologie radicale de rupture avec le système, a finalement contribué à intégrer dans le système politique et économique, la nouvelle classe sociale des ouvriers, née de la révolution industrielle.

Le défi, pour les islamistes, est un peu le même : la révolution tunisienne a été déclenchée par une catégorie sociale surnuméraire, une génération plus ou moins diplômée, incapable de trouver sa place dans l’économie intégrée. C’est d’elle qu’émane l’attente la plus forte. Elle a prouvé sa capacité de mobilisation politique.

Si ses attentes devaient être déçues, l’exutoire de la migration étant fermé, le clientélisme et le registre affectif de l’islam ne suffiront pas longtemps à contenir son impatience. Elle pourrait, dans un avenir plus ou moins proche, à nouveau faire vaciller le système politique tunisien et déborder l’ensemble des acteurs. Ennahdha, comme les autres.

 

(Source: “Rue 89” le 18 octobre 2011)

Lien: http://blogs.rue89.com/tunisie-libre/2011/10/18/tunisie-ennahdha-une-strategie-centriste-gagnante-mais-fragile-225466

 

La menace salafiste enfle en Tunisie

Par Hassane Zerrouky

Le calme est revenu à Tunis après les violentes manifestations islamistes de vendredi contre la télévision privée Nessma TV. Samedi soir, les rues de la capitale ont été envahies par des milliers de supporters de l’Espérance de Tunis, qui s’est qualifiée pour la finale de la Champion League africaine de football en battant Al Hilal du Soudan. À l’instar du régime des talibans, qui avait interdit toute forme d’activité sportive, les salafistes djihadistes considèrent le sport comme une bidaa (innovation étrangère à leur pratique de l’islam). C’est pour dénoncer cet extrémisme et défendre la liberté d’expression que, dimanche, plusieurs milliers de personnes, dont la moitié de femmes, ont défilé à Tunis.

Mais le climat reste tendu : les excuses du patron de Nessma TV après la diffusion du film Persépolis, qui a suscité la tentative d’attaque des locaux de la télévision, n’ont pas suffi à calmer les islamistes. Il a réclamé une protection policière pour le personnel de sa chaîne menacé de mort par les salafistes, dont les violences font suite à une série d’agressions contre des intellectuels, des cinéastes et des artistes. En mars, à Ras Jdir, à la frontière tuniso-libyenne, la réalisatrice Salma Baccar et son équipe, venues témoigner leur solidarité avec les réfugiés libyens, ont été contraintes de quitter les lieux ; le 9 avril, le cinéaste Nouri Bouzid a été agressé en pleine rue ; en juin, les salafistes avaient saccagé le cinéma où devait être projeté Ni Allah ni maître, de la réalisatrice Nadia Al Fani… À une dizaine de jours du scrutin, ces attaques, condamnées par plusieurs partis de gauche, font craindre le pire.

Source : « L’humanite » Le 18-10-2011

Lien : http://www.humanite.fr/monde/la-menace-salafiste-enfle-en-tunisie-481731

 


Tunisie: à Sidi Bouzid, les symboles ont fait long feu


Sidi Bouzid, symbole de la révolution tunisienne ? Ils n’en tirent même plus de fierté. Dans les rues de la ville où tout a commencé, des groupes de jeunes traînent leur ennui et leur colère. Beaucoup n’iront pas voter dimanche. Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant de fruits et légumes à Sidi Bouzid, s’immole par le feu. Son geste désespéré déclenche des manifestations qui gagneront peu à peu la capitale et aboutiront à la fuite de Ben Ali le 14 janvier

Bassem, Mohamed, Omar, Khalil sont tous « chômeurs, évidemment ». Ils ont entre 20 et 30 ans, ont participé au soulèvement de Sidi Bouzid, ville de 80.000 habitants du centre ouest du pays, devenue le symbole de la colère et de la frustration des régions de l’intérieur oubliées du « miracle économique » tunisien. Mais neuf mois après, les symboles ont fait long feu. « On a toujours été mal vus, de toute façon. Les livres d’histoire parleront de la Révolution du 14 janvier à Tunis, pas de celle du 17 décembre à Sidi Bouzid », dit en haussant les épaules Youssef Trabelsi, propriétaire d’une salle de sport. Nombre de jeunes estiment que la révolution n’a rien changé pour eux, et ont regardé d’un oeil distrait la campagne électorale en vue des élections « historiques » de dimanche. Sidi Bouzid a été le point de passage obligé de tous les responsables des grands partis. Ennahda, le mouvement islamiste favori du scrutin, a même lancé sa campagne dans cette ville. Sans convaincre. « Avant, il n’y en avait qu’un seul qui mentait, Ben Ali. Maintenant ils sont 100! », s’amuse Bassem, alors que 65 listes se présentent dans la circonscription de Sidi Bouzid. « C’est toujours les mêmes méthodes. Les partis quels qu’ils soient distribuent 10 dinars (5 euros) par ci, 20 dinars par là, pour qu’on aille à leurs meetings ou qu’on distribue leurs tracts », s’indigne Samir, un fonctionnaire de 50 ans. « C’est vrai, mais au moins ça fait de l’argent de poche », reconnaît Omar Haj Laoui, un jeune homme de 20 ans qui, pour 5 dinars et un sandwich, est monté dans un car fin septembre pour assister au meeting à Tunis de l’UPL, un parti fondé au début de l’été par un richissime homme d’affaires à la réputation sulfureuse, Slim Riahi. « Il y avait de l’ambiance, au moins », sourit-il. Sidi Bouzid, la déprime. « Ici, il n’y a rien à faire. La piscine, c’est 4 dinars pour une heure, à peine le temps de faire un plongeon. Il ne te reste que l’ennui, la bagarre ou l’alcool », ajoute Omar. Selon le syndicaliste et enseignant Slimane Rouissi, « 40 à 50% des jeunes de la ville ne veulent pas voter ».« La crise de confiance entre le peuple et les politiques, la profusion des partis en lice pour le scrutin, l’impression que rien n’a changé », énumère-t-il. « Et puis, nous, cette révolution, on l’a faite parce qu’on est des chômeurs et parce qu’on veut du travail, pas pour une nouvelle constitution », lance un autre jeune sans emploi, Mohamed Mohamed Amine Ziri. Sur les murs de la « wilaya » (préfecture) de Sidi Bouzid, devant laquelle s’est immolé Bouazizi, des demandes d’emploi s’affichent sur des bouts de papiers à moitié décollés. Dans son bureau au premier étage, Mustapha Wadder, premier délégué du gouvernorat, appelle ses assistants, fouille ses dossiers pour retrouver les chiffres. Le haut fonctionnaire ne veut pas laisser dire que rien n’a été fait pour Sidi Bouzid. Un plan d’investissement 2011 a été lancé pour le gouvernorat (412.000 habitants) et les fonds ont été débloqués. 47 millions de dinars (environ 23,5 millions d’euros) pour développer l’infrastructure et les routes de cette région essentiellement agricole. 66 millions de dinars (environ 33 millions d’euros) pour des programmes d’aide à l’artisanat, de soutien à des PME. 19 millions de dinars pour le secteur de la santé. « Des choses sont faites, mais les gens n’en voient pas encore les effets, et ici, les mentalités sont dures », soupire M. Wadder. En poste à Sidi Bouzid depuis le 1er juin, le haut fonctionnaire arrivé de Sfax (sur le littoral) sourit. « Sincèrement, oui, c’est difficile de travailler ici. C’est une région qui a beaucoup donné et rien reçu. Le vrai point de départ, ce sera après le 23 octobre.Alors on pourra juger sur pièces ».

Source: ”Le Parisien.fr” Le 18-10-2011

Lien: http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/tunisie-a-sidi-bouzid-les-symboles-ont-fait-long-feu-18-10-2011-1658971.php

 


Tunisie – Médias: Campagne contre Nessma TV… Ce combat est inutile!


·Il n’appartient à personne d’imposer aux Tunisiens un modèle de société confectionné à sa mesure et selon son goût! Surtout que tous ces modèles proposés sont importés d’ailleurs et ne répondent point à la culture du pays!

Comme vous le savez donc, des manifestations ont eu lieu vendredi 14 octobre dans certaines régions du pays, et principalement devant le ministère de l’Intérieur, alors que le domicile du directeur de la chaîne Nessma TV a été saccagé et vandalisé, le tout faisant écho à la manifestation organisée dimanche 9 octobre par desSalafistes devant les locaux de ladite chaîne en raison de la diffusion par cette dernière du film franco-iranien ‘‘Persepolis’’.

Que faut-il en déduire? Qui blâmer? Qui a tort et qui a raison? Mais surtout, est-ce logique et évident tout ce qui s’est passé? … Ainsi posées, ces questions ne sauraient être tranchées de manière rationnelle, car la Vérité absolue n’existe pas. Tout, en fin de compte, n’est que relatif et subjectif. Ce qui paraît être LA vérité à vos yeux, ne pourrait l’être forcément aux miens. Mais maintenant que l’actualité nous impose, en quelque sorte, de réfléchir sur la question centrale, il faudrait, à notre avis, appréhender les choses –toujours!– dans leur carré géopolitique, social et culturel.

Ce carré que beaucoup ont tendance à oublier, c’est la Tunisie. Disons-le tout de suite et sans ambages: la Tunisie n’appartient pas en exclusivité aux Nahdhaouis, ni aux Salafistes en exclusivité, ni aux artistes en exclusivité, ni aux intellectuels en exclusivité, ni aux nouveaux champions de la modernité et de la laïcité en exclusivité. La Tunisie appartient à ses onze millions d’habitants. Nous sommes tous des Tunisiens et la Tunisie est à nous tous. Tous! Il n’y a pas un seul Tunisien qui ait le droit –ou puisse céder à la prétention et la tentation– de changer le ‘‘fond et la forme’’ du pays. Que plus personne, donc, ne nous dicte sa volonté, ses idées, ses désirs, ses goûts, ses principes et sa propre vision des choses!

Rappelons aussi (il paraît que c’est nécessaire de le rappeler tout le temps, puisque beaucoup l’oublient… tout le temps) que, de 670, date de la 3ème expédition arabe sur la Tunisie menée par un certain Oqba Ibn Néfiê, à ce jour, la Tunisie est un pays musulman. Quiconque s’imagine être capable de fouler sous ses pieds 14 siècles d’Histoire arabe et islamique, se crève l’œil tout seul –et mérite amplement tout ce qui en résulte. D’aucun droit on ne peut brocarder et profaner la religion des autres impunément. C’est contre nature. C’est contre l’humanité. C’est indécent. Et, surtout, cela n’a rien à voir avec ‘‘le progrès’’, ‘‘la modernité’’, ‘‘la liberté’’ et toute velléité de –soi-disant– révolutionner les esprits. C’est tout simplement impoli et inadmissible.

Petite parenthèse: ce qui vient de se passer chez nous n’est pas un cas propre aux pays musulmans; la sortie, en 2004, de ‘‘La passion du Christ’’ de Mel Gibson a aussi soulevé un tollé partout en Occident. Seule différence: l’Eglise chrétienne n’a pas jugé utile d’intervenir dans toutes les polémiques qui s’en sont suivies. Ni il n’y a eu de violence. Nous y reviendrons plus bas.

La question centrale est évidemment: la religion. En face, une question non moins importante: la liberté. C’est au nom de cette liberté que, dans un premier temps, le religieux s’est attaqué au culturel, puis est arrivé le tour du culturel de s’attaquer au religieux. Ce combat, s’il doit continuer à occuper le devant de la scène publique, est parfaitement inutile. Il n’appartient à personne d’imposer aux Tunisiens un modèle de société confectionné à sa mesure et selon son goût! Surtout que tous ces modèles proposés sont importés d’ailleurs et ne répondent point à la culture du pays.

Le hijeb et la burqa, tout comme la barbe, sont des produits d’importation, probablement d’origine saoudite, afghane ou iranienne. D’ailleurs, la manifestation organisée il y a une dizaine de jours devant le Centre sportif d’El Menzah VI par plus de deux cents femmes en «malya» et «sefsari» était tombée à point nommé pour rappeler à la femme tunisienne que s’il y a lieu de se conformer à quelque habit identitaire et culturel, ce serait plutôt cet habit-là, non le hijeb et la burqa qui ne puisent leur origine nulle part en Tunisie. Mais s’ils ont fait leur apparition dans notre pays, c’est tout simplement parce qu’ils renferment et véhiculent tout un esprit –calqué sur l’Autre– tendant à imposer une forme d’islam obscurantiste et rétrograde.

De la même manière, l’irrespect –voire la profanation– de la religion musulmane, devenu manifeste dans certains kitsch cinématographiques tunisiens, renferme tout un esprit provocateur et belliqueux tendant à imposer à la société tunisienne un modèle bâtard, sans le moindre repère ou référentiel aucun. Il n’est même pas importé puisque l’Occident respecte ses religions. C’est tout simplement une tentative ‘‘auto-humiliante’’ et sotte de dire à l’Occident et à l’Europe qu’on est devenu plus occidentalisé et plus européanisé qu’eux. A trop vouloir plaire aux Autres, on a marché sur le sacré des Tunisiens.

C’est un combat inutile duquel personne ne sortira grandi; tout au plus, on s’en sortira avec des dégâts matériels –et bientôt humains!

En moins de trois mois, donc, deux incidents graves à Tunis, et tous deux liés à la religion. Le premier a eu lieu suite au film de Nadia Fani, ‘‘Ni Allah ni maître’’, le second a été nourri par ce ‘‘Persepolis’’ tout bête tout stupide. Dans une vidéo retransmise en son temps par la toile Facebook, on voit Nadia Fani s’écrier: «Je suis athée, je ne crois pas en Dieu, c’est ma liberté et personne n’a le droit de s’immiscer dans ma liberté!». Effectivement, tout individu est libre d’être ce qu’il veut être. Néanmoins, l’erreur monumentale serait de tenter de faire étalage, en public, de ses convictions intimes. Celui qui propose une œuvre au public (à supposer que ce soit vraiment une œuvre digne de ce nom…) cesse d’en être le maître. L’œuvre devient publique, et à ce titre elle s’expose –si c’est le cas– à tous les risques possibles. (Mais c’est la salle AfricArt qui a payé les pots cassés, tout comme le domicile du directeur de Nessma TV).

Comme vous l’avez constaté, depuis plusieurs mois le thème qui revient tout le temps sur la table des discussions est la laïcité.Laquelle stipule la non-ingérence du religieux dans le politique, et vice-versa. Bien. Mais il se trouve que tous les intellectuels tunisiens (y compris –forcément!– les artistes qui sont aussi des intellectuels puisqu’ils produisent de l’intellect, ou quelque chose qui y ressemble…) se disent pour un Etat tunisien laïc. Or!… Or comment est-ce que cet intellectuel –l’artiste– qui se dit pour la laïcité ne respecte pas lui-même la laïcité?!… De quel droit est-ce que cet artiste laïc se permet-il de ridiculiser la religion des autres?! … De quel droit?!… A quoi rime cette laïcité qui permet à ses chantres de s’ingérer dans les affaires religieuses des autres et au point de marcher dessus?! Au nom de quoi? De la liberté?… Alors, voilà: la liberté des uns a provoqué la liberté des autres. A la légèreté des uns a répondu la violence des autres.

·Il n’appartient à personne d’imposer aux Tunisiens un modèle de société confectionné à sa mesure et selon son goût! Surtout que tous ces modèles proposés sont importés d’ailleurs et ne répondent point à la culture du pays!

Comme vous le savez donc, des manifestations ont eu lieu vendredi 14 octobre dans certaines régions du pays, et principalement devant le ministère de l’Intérieur, alors que le domicile du directeur de la chaîne Nessma TV a été saccagé et vandalisé, le tout faisant écho à la manifestation organisée dimanche 9 octobre par desSalafistes devant les locaux de ladite chaîne en raison de la diffusion par cette dernière du film franco-iranien ‘‘Persepolis’’.

Que faut-il en déduire? Qui blâmer? Qui a tort et qui a raison? Mais surtout, est-ce logique et évident tout ce qui s’est passé? … Ainsi posées, ces questions ne sauraient être tranchées de manière rationnelle, car la Vérité absolue n’existe pas. Tout, en fin de compte, n’est que relatif et subjectif. Ce qui paraît être LA vérité à vos yeux, ne pourrait l’être forcément aux miens. Mais maintenant que l’actualité nous impose, en quelque sorte, de réfléchir sur la question centrale, il faudrait, à notre avis, appréhender les choses –toujours!– dans leur carré géopolitique, social et culturel.

Ce carré que beaucoup ont tendance à oublier, c’est la Tunisie. Disons-le tout de suite et sans ambages: la Tunisie n’appartient pas en exclusivité aux Nahdhaouis, ni aux Salafistes en exclusivité, ni aux artistes en exclusivité, ni aux intellectuels en exclusivité, ni aux nouveaux champions de la modernité et de la laïcité en exclusivité. La Tunisie appartient à ses onze millions d’habitants. Nous sommes tous des Tunisiens et la Tunisie est à nous tous. Tous! Il n’y a pas un seul Tunisien qui ait le droit –ou puisse céder à la prétention et la tentation– de changer le ‘‘fond et la forme’’ du pays. Que plus personne, donc, ne nous dicte sa volonté, ses idées, ses désirs, ses goûts, ses principes et sa propre vision des choses!

Rappelons aussi (il paraît que c’est nécessaire de le rappeler tout le temps, puisque beaucoup l’oublient… tout le temps) que, de 670, date de la 3ème expédition arabe sur la Tunisie menée par un certain Oqba Ibn Néfiê, à ce jour, la Tunisie est un pays musulman. Quiconque s’imagine être capable de fouler sous ses pieds 14 siècles d’Histoire arabe et islamique, se crève l’œil tout seul –et mérite amplement tout ce qui en résulte. D’aucun droit on ne peut brocarder et profaner la religion des autres impunément. C’est contre nature. C’est contre l’humanité. C’est indécent. Et, surtout, cela n’a rien à voir avec ‘‘le progrès’’, ‘‘la modernité’’, ‘‘la liberté’’ et toute velléité de –soi-disant– révolutionner les esprits. C’est tout simplement impoli et inadmissible.

Petite parenthèse: ce qui vient de se passer chez nous n’est pas un cas propre aux pays musulmans; la sortie, en 2004, de ‘‘La passion du Christ’’ de Mel Gibson a aussi soulevé un tollé partout en Occident. Seule différence: l’Eglise chrétienne n’a pas jugé utile d’intervenir dans toutes les polémiques qui s’en sont suivies. Ni il n’y a eu de violence. Nous y reviendrons plus bas.

La question centrale est évidemment: la religion. En face, une question non moins importante: la liberté. C’est au nom de cette liberté que, dans un premier temps, le religieux s’est attaqué au culturel, puis est arrivé le tour du culturel de s’attaquer au religieux. Ce combat, s’il doit continuer à occuper le devant de la scène publique, est parfaitement inutile. Il n’appartient à personne d’imposer aux Tunisiens un modèle de société confectionné à sa mesure et selon son goût! Surtout que tous ces modèles proposés sont importés d’ailleurs et ne répondent point à la culture du pays.

Le hijeb et la burqa, tout comme la barbe, sont des produits d’importation, probablement d’origine saoudite, afghane ou iranienne. D’ailleurs, la manifestation organisée il y a une dizaine de jours devant le Centre sportif d’El Menzah VI par plus de deux cents femmes en «malya» et «sefsari» était tombée à point nommé pour rappeler à la femme tunisienne que s’il y a lieu de se conformer à quelque habit identitaire et culturel, ce serait plutôt cet habit-là, non le hijeb et la burqa qui ne puisent leur origine nulle part en Tunisie. Mais s’ils ont fait leur apparition dans notre pays, c’est tout simplement parce qu’ils renferment et véhiculent tout un esprit –calqué sur l’Autre– tendant à imposer une forme d’islam obscurantiste et rétrograde.

De la même manière, l’irrespect –voire la profanation– de la religion musulmane, devenu manifeste dans certains kitsch cinématographiques tunisiens, renferme tout un esprit provocateur et belliqueux tendant à imposer à la société tunisienne un modèle bâtard, sans le moindre repère ou référentiel aucun. Il n’est même pas importé puisque l’Occident respecte ses religions. C’est tout simplement une tentative ‘‘auto-humiliante’’ et sotte de dire à l’Occident et à l’Europe qu’on est devenu plus occidentalisé et plus européanisé qu’eux. A trop vouloir plaire aux Autres, on a marché sur le sacré des Tunisiens.

C’est un combat inutile duquel personne ne sortira grandi; tout au plus, on s’en sortira avec des dégâts matériels –et bientôt humains!

En moins de trois mois, donc, deux incidents graves à Tunis, et tous deux liés à la religion. Le premier a eu lieu suite au film de Nadia Fani, ‘‘Ni Allah ni maître’’, le second a été nourri par ce ‘‘Persepolis’’ tout bête tout stupide. Dans une vidéo retransmise en son temps par la toile Facebook, on voit Nadia Fani s’écrier: «Je suis athée, je ne crois pas en Dieu, c’est ma liberté et personne n’a le droit de s’immiscer dans ma liberté!». Effectivement, tout individu est libre d’être ce qu’il veut être. Néanmoins, l’erreur monumentale serait de tenter de faire étalage, en public, de ses convictions intimes. Celui qui propose une œuvre au public (à supposer que ce soit vraiment une œuvre digne de ce nom…) cesse d’en être le maître. L’œuvre devient publique, et à ce titre elle s’expose –si c’est le cas– à tous les risques possibles. (Mais c’est la salle AfricArt qui a payé les pots cassés, tout comme le domicile du directeur de Nessma TV).

Comme vous l’avez constaté, depuis plusieurs mois le thème qui revient tout le temps sur la table des discussions est la laïcité.Laquelle stipule la non-ingérence du religieux dans le politique, et vice-versa. Bien. Mais il se trouve que tous les intellectuels tunisiens (y compris –forcément!– les artistes qui sont aussi des intellectuels puisqu’ils produisent de l’intellect, ou quelque chose qui y ressemble…) se disent pour un Etat tunisien laïc. Or!… Or comment est-ce que cet intellectuel –l’artiste– qui se dit pour la laïcité ne respecte pas lui-même la laïcité?!… De quel droit est-ce que cet artiste laïc se permet-il de ridiculiser la religion des autres?! … De quel droit?!… A quoi rime cette laïcité qui permet à ses chantres de s’ingérer dans les affaires religieuses des autres et au point de marcher dessus?! Au nom de quoi? De la liberté?… Alors, voilà: la liberté des uns a provoqué la liberté des autres. A la légèreté des uns a répondu la violence des autres.

Source: ”WMC” Le 18-10-2011

Lien. http://www.webmanagercenter.com/management/article-111630-tunisie-medias-campagne-contre-nessma-tv%85-ce-combat-est-inutile


Pourquoi les islamistes tunisiens sont si populaires


A la veille des élections pour l’Assemblée constituante du 23 octobre,le site d’informations tunisien Kapitalis essaie de comprendre les ressorts de la popularité du parti Ennahdha (la renaissance), le principal parti islamique tunisien. Au ban de la Tunisie de Ben Ali, les islamistes réapparaissent organisés et jouissent d’une audience remarquable, après tant d’années d’absence dans le paysage politique. Kapitalis rappelle que l’islam et encore moins l’islamisme n’étaient acceptés par le pouvoir tunisien de l’époque.

«Exister librement en tant que militant islamiste politique était quasiment impossible sous Ben Ali.»

En parler pouvait également s’avérer dangereux. Alors comment comprendre qu’un parti absent de la rue tunisienne et de la vie politique puisse être aussi populaire?

«Une partie de la réponse est ailleurs que dans les programmes économiques et est à rechercher du côté des « valeurs ».»

«Moins de voleurs et plus de valeurs», tel est le voeu émis par un Tunisien au journaliste de Kapitalis.

Les candidats du parti Ennahdha ont privilégié ce terrain des valeurs, qui capte les attentes de la population tunisienne, dont la majorité a toujours connu le mirage économique.

La perdition des valeurs citoyennes serait un thème chère à de nombreux Tunisiens. Cette renaissance des valeurs citoyennes marque la rupture avec le système Ben Ali, où la corruption et la mafia étaient la règle. Tout s’achetait. Tout était négociable, le corps d’une jeune fille comme la plume d’un écrivain! Ce sont les cadres de l’ère Ben Ali et tout l’appareil politique qui sont épinglés dans cette lecture de la société tunisienne. «Ils ne servaient pas l’Etat et le peuple mais se servaient de l’Etat pour s’enrichir contre le peuple.»

Sauf que les mauvais comportements observés aux plus hautes fonctions de l’Etat se sont progressivement répandus dans toute la société tunisienne.

«C’était les premiers à se comporter comme des voyous. Un dicton énonce que « l’exemple vient d’en haut » et leur exemple était malsain».

Cette analyse de la société tunisienne met la reconquête des valeurs au centre de la prochaine échéance électorale. Le parti Ennahdha l’a bien compris.

Source : « Slate Afrique » Le 18-10-2011

Lien : http://www.slateafrique.com/55571/ennahdha-voleurs-valeurs-tunisie-elections-popularite

 


Tunisie: Je suis content, j’ai peur, mais je reste optimiste


Par Abid Abdelfatteh

Chirurgien cardio-vasculaire

Je suis content de voir la Tunisie débarrassée à jamais de la dictature de Ben Ali et des agissements de quelques personnes qui ont cru que la

Tunisie leur appartenait et se sont permis, de ce fait, d’instaurer la gabegie avec le vol, la drogue, l’opportunisme et les comportements sans foi ni loi.

 

Je suis content de voir que c’est la jeunesse tunisienne qui a réalisé l’essentiel de cet acquis, prouvant que les tunisiens finissent par refuser de façon spontanée et efficace d’être malmenés.

Je suis content de voir que cet acquis a été concrétisé en fin de compte en Tunisie avec le minimum de dégâts économiques, matériels et sociaux contrairement à ce qui est en train de se passer dans d’autres pays sous d’autres cieux et avec d’autres régimes.

 

Je suis content de réaliser qu’en Tunisie, il y a beaucoup de gens éduqués et de grande valeur intellectuelle et morale, et que les compétences dans tous les domaines ne manquent guère.

Je suis content de voir la Tunisie sur le point d’organiser les premières élections démocratiques, honnêtes et libres de son histoire ancienne et récente.

 

Mais j’ai peur…

 

J’ai peur de voir parmi les tunisiens beaucoup de fondamentalistes, extrémistes, qui s’appuient sur une idéologie religieuse pour chercher le pouvoir, refuser tout langage démocrate, imposer leur propres croyances par la force et le double langage et pour semer la terreur au sein de la population. Ces personnes se permettent des comportements qui empiètent largement sur les croyances et la liberté d’autrui, risquant ainsi de faire échouer le projet de société pour l’installation dans le pays d’un régime libéral et démocrate.

J’ai peur de voir le nombre élevé d’opportunistes tunisiens formés et grandis dans l’ancien régime mafieux de Ben Ali et imprégnés de ses méthodes malhonnêtes et immorales. Ces opportunistes essayent de se replacer dans la scène politique par des voies détournées espérant réacquérir le pouvoir et risquant de faire replonger la Tunisie de nouveau dans l’immoralité et la saleté.

 

Je reste néanmoins optimiste…

 

Je reste optimiste car l’histoire a montré que le peuple tunisien est fondamentalement responsable et pacifiste.

Je reste optimiste car la femme tunisienne a acquis des droits dont elle est fière et jalouse et qu’elle refuse de céder à l’intimidation et à l’obscurantisme.

 

Je reste optimiste car très nombreux sont les tunisiens qui, tout en étant musulmans et pratiquants, différentient entre la vrai religion musulmane pleine de valeurs morales et l’extrémisme religieux dangereux et néfaste créé par des esprits sclérosés pour des intérêts personnels.

Je reste optimiste car très nombreux sont les tunisiens qui ont l’esprit ouvert, qui croient en la démocratie et qui sont prêts à lutter par des moyens pacifiques contre le comportement obscurantiste et rétrograde des extrémistes.

 

Que toutes ces personnes, hommes et femmes, imprégnés d’esprit démocrate et libéral, se mobilisent pour œuvrer à faire réussir l’expérience tunisienne et pour barrer le chemin à tous les extrémistes dangereux et les opportunistes malhonnêtes.

 

Il est crucial d’offrir toutes les chances à la Tunisie de rentrer dans une aire nouvelle où le tunisien trouve bon vivre, basé sur le travail, la moralité, la dignité, le civisme, la liberté et le respect d’autrui. Il y va de l’avenir de la Tunisie en généralet de celui de nos enfants en particulier.

Source : « Espace Manager » le 18-10-2011

Lien : http://www.espacemanager.com/chroniques/tunisie-je-suis-content-jai-peur-mais-je-reste-optimiste.html

 


 

Elections en Tunisie : pourquoi nous voterons moderniste


 

 

LE PLUS. Dimanche 23 octobre – mais dès le 20, 21 et 22 pour les ressortissants vivants à l’étranger – les Tunisiens voteront pour élire leur Assemblée constituante (qu’est-ce que c’est ? cliquez ici). Hakim Bécheur, médecin et coordonnateur de la campagne du pôle démocratique et moderniste-France Nord, explique pourquoi il a choisi ce camp.

Dans quelques jours, la Tunisie vivra les premières élections libres de son histoire. Nous Tunisiens et Tunisiennes vivant des deux côtés de la Méditerranée, conscients de l’importance de l’enjeu, exhortons tous nos compatriotes où qu’ils se trouvent à exercer leur devoir électoral pour faire valoir leurs droits à une vie meilleure.

Nous souhaitons, pour notre part, en hommes et femmes libres et responsables, apporter notre soutien sans faille à tous les candidates et candidats des listes du pôle démocratique et moderniste (PDM-El Qotb), et en particulier à celles de France Nord et France Sud, dont nous avons pu mesurer et apprécier l’enthousiasme et la sincérité de l’engagement.

 

En effet, le Pôle qui regroupe plusieurs partis politiques progressistes, ainsi que des collectifs citoyens et des personnalités indépendantes, a su mettre de côté les considérations personnelles ou partisanes pour servir l’intérêt de notre pays. Et ce dans le seul but de voir renaître une Tunisie ancrée dans un passé plusieurs fois millénaire, héritière du réformisme moderniste des penseurs, des dirigeants et des acteurs politiques Tunisiens du XIXe et du XXe siècle, ouverte sur l’extérieur tout en refusant toute relation de dépendance, démocratique et pleinement insérée dans la modernité politique.

Les principes constitutionnels qui seront défendus par les députés du PDM reposent sur l’instauration d’un régime républicain fondé sur la souveraineté populaire et la séparation des pouvoirs. Tous les droits et toutes les libertés seront garantis aux citoyens et aux citoyennes, en particulier les libertés de conscience et d’opinion, ce qui implique la séparation des sphères politique et religieuse. Dans la Tunisie démocratique, aucune idéologie à base religieuse ne pourra se prévaloir d’une légitimité supérieure aux lois de la république.

Il n’est pas non plus de démocratie sans égalité. C’est pourquoi la nouvelle constitution devra inscrire explicitement l’égalité totale des sexes au nombre de ses principes et créer les outils pour la faire appliquer. Plus largement, elle interdira tout type de discrimination fondée sur la couleur de peau, la religion ou tout autre type d’appartenance.

Sur le plan économique et social, il faudra se doter des moyens de mettre fin aux déséquilibres qui minent la cohésion du pays et maintiennent une partie de la population dans la pauvreté et le sous-emploi. L’Etat devra retrouver son rôle, non seulement de régulateur, mais d’initiateur d’une politique économique fondée sur la recherche du bien commun. De nouvelles orientations de développement socialement équitables et écologiquement durables devront être mises en œuvre.

Les candidats du PDM se présentent confiants devant les électeurs, sûrs que l’immense majorité des Tunisiens et des Tunisiennes veut se prémunir contre tout retour possible d’une forme ou une autre de dictature, et souhaite jouir pleinement de tous les droits politiques et sociaux dignes d’une véritable société de citoyens. C’est cette Tunisie là qu’ils contribueront à édifier à partir du 24 octobre.

Premiers signataires : Ali Bécheur (Romancier), Tahar Bekri (Poète), Fethi Ben Slama (Essayiste), Sophie Bessis (Journaliste et Historienne), Paul Boccara (Economiste et Historien), Skander Guetari (Compositeur), Monia Hlioui (Universitaire), Slim Jouini (Médecin), Bechir M’sallem (Militant Associatif), Latifa Sandid (Militante Associative), Hédi Sraieb (Economiste), Mourad Zeghidi (Journaliste) et Hakim Bécheur (Médecin, coordonnateur de la campagne PDM-France Nord).

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 18-10-2011

Lien : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/205469;elections-en-tunisie-pourquoi-nous-voterons-moderniste.html

 


 

Nuages sur le « Printemps arabe »


 

Par Jean Daniel

Attention ! S’il est accompagné de violences, le « printemps arabe » risque de cesser de mériter son nom. Croisons les doigts en attendant le déroulement et les résultats des élections de dimanche prochain en Tunisie. Mais pensons à l’Egypte, à la Libye, et surtout à la Syrie.

Il est vrai que nous avons l’habitude d’associer les révolutions à toutes les formes de violence sans que cela compromette nécessairement les objectifs des révolutionnaires et leurs chances de transformer la société. Il est vrai que le philosophe Emmanuel Kant, choqué par la terreur qui a suivi la Révolution française, avait déclaré que « 1793 ne pouvait pas effacer 1789 ». Il est vrai enfin que pendant des décennies, sur tous les continents, on a été surtout attentif aux rapports de force et aux capacités de violence de tous les mouvements qui cherchaient à renverser l’ordre établi.

Ce temps n’est plus. Simplement parce que, depuis les sombres barbaries du XXème siècle, la violence a fini par se dévorer elle-même et l’on s’est mis à admirer les révolutions aux mains nues et à respecter de plus en plus des héros comme Gandhi, Vaclav Havel, Martin Luther King et Nelson Mandela. Ce qui ne veut pas dire que la non-violence ne soit pas une arme redoutable qui peut exposer ses pratiquants à de sanglantes répressions.

Mais enfin, c’est un fait que l’on a salué en Tunisie une révolution déclenchée non par un attentat–suicide mais par l’immolation d’un jeune étudiant. L’exploit des masses tunisiennes et égyptiennes, suscitant la solidarité des armées avec le peuple dans les deux pays, a enflammé d’admiration et d’enthousiasme les opinions publiques de tous les continents.

Le doute est venu avec la Libye et avec la nécessité pour les révolutionnaires, qui n’étaient au départ que des « rebelles », de prendre les armes et de faire appel à leurs alliés pour éviter un massacre. Observons tout de même que, durant toute la durée de cette intervention militaire réussie, on a été obsédé par l’idée que la violence juste était tout de même une violence capable de provoquer des injustices.

Ce qui se passe avec les islamistes violents en Tunisie et bien plus encore avec l’armée en Egypte ne doit donc pas être jugé sur la tragédie des victimes mais sur l’exemplarité jusque-ici rayonnante de leurs mouvements révolutionnaires. On objectera qu’il n’est pas possible de tirer une leçon unique d’évènements qui ont lieu dans des pays entièrement différents, même s’ils ont en commun une langue, une religion et parfois une histoire. C’est l’évidence.

On sait que « la Tunisie est un pays de classes moyennes fortement alphabétisées, qui a préconisé l’émancipation des femmes et où les valeurs de l’Occident méditerranéen n’ont pas cessé d’être présentes ». Mais c’est aussi un pays dont les dirigeants se sont servis du combat contre les islamistes pour imposer un despotisme insolent, indécent et totalement corrompu. Les jeunes gens qui se sont rebellés grâce à « Facebook » et « Twitter », avaient un idéal libérateur et ne se sont nullement encombrés de tout ce qui a fait le ciment des sociétés arabo-musulmanes domestiquées par des tyrans. C’est ce combat qui est aujourd’hui mis en question gravement au nom de la fameuse « sensibilité musulmane ».

On oublie souvent que parmi les opprimés il y avait de nombreux islamistes qui ont profité du combat des jeunes rebelles, les ont rejoints et s’efforcent d’imposer les solides structures de leur parti en affirmant qu’ils se sont convertis à la démocratie. C’est ce qu’a fait Rachid Ghannouchi avec son mouvement « Al Nahda », aussitôt désavoué cependant par la formation des salafistes. Celle-ci, très minoritaire, très intégriste et prête à toutes les violences, vient de se manifester en protestant avec brutalité contre la projection du film d’animation iranien « Persépolis » de Marjane Satrapi, jugé blasphématoire et portant atteinte au caractère sacré des prescriptions coraniques. Il faut toutefois être très prudent dans la manière de juger les salafistes tant que l’on ne connaîtra pas le score des uns et des autres aux élections du 23 octobre pour l’Assemblée Constituante.

Pour l’Egypte, tout est plus grave. Dans cet immense pays, dont le prestige historique est incomparable et qui reste malgré tout l’une des puissance-phare du monde arabo-musulman, le regain des violences a une toute autre signification. Rappelons tout de même que ce qui s’est passé sur cette fameuse place Tahrir, au printemps dernier a inspiré le lyrisme des artistes, l’imagination des jeunes gens et les hymnes les plus débridés à la liberté. Les pages consacrées à ces journées et à ces nuits par des romanciers de renom comme Juan Goytisolo, et qui ont été publiées dans le monde arabe comme dans le monde hispanique, demeureront dans les mémoires.

Pour la première fois, a-t-on écrit, des millions de coptes s’étaient sentis chez eux dans le pays où ils avaient d’ailleurs précédé les Arabes. Ils ont tellement cru assister aux débuts d’une ère nouvelle que, dès qu’il y a eu un attentat mineur attribué à des extrémistes irresponsables contre l’une de leurs églises, ils n’ont pas hésité à se constituer en cortège dimanche dernier pour protester.

Et c’est là que le pire est arrivé, lorsque les forces de sécurité ont littéralement mitraillé une marche pacifique tandis que des jeunes fanatiques, partisans semble-t-il de l’ancien régime, traquaient dans les rues tous les coptes qu’ils pouvaient rencontrer. Là, nous sommes en pleine régression, en pleine guerre de religion, en pleine explosion de fanatisme musulman.

Dans la longue histoire de la coopération des musulmans et des coptes en Egypte, il y a eu bien des pages sombres et qui ont provoqué l’exil de nombreux chrétiens, mais elles n’avaient pas eu lieu au moment où les Egyptiens déclaraient instaurer un régime d’égalité totale avec leurs protégés coptes.

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 18-10-2011

Lien :http://tempsreel.nouvelobs.com/jean-daniel/20111017.OBS2644/nuages-sur-le-printemps-arabe-par-jean-daniel.html


Liberté, égalité, sécularité pour la Tunisie


La perception imaginaire de Dieu par une petite fille, héroïne d’un dessin animé, a provoqué un sentiment d’offuscation, dont l’intensité est assez surprenante. Cela pourrait être presque comique si la diffusion par la chaîne de télévision Nessma, du film d’animationPersepolis, n’avait pas engendré une vague de violence par des salafistes. Ceux-ci considèrent la représentation de Dieu – proscrite dans l’Islam – comme blasphématoire, même si elle émane de l’imagination d’un personnage de dessin animé, mais surtout et c’est ce qui en fait ce qu’ils sont, qu’elle justifie les actions punitives envers les auteurs et les diffuseurs. C’est sous l’emprise de cette logique idéologique archaïque, que des islamistes ont exprimé l’affectation de leur fragile susceptibilité en tentant d’attaquer les locaux de la chaîne Nessma à Tunis. Et puis, comme cela était vraisemblablement insuffisant, les « sensibles barbus » ont « visité » le logement de Nabil Karoui, PDG de la chaîne, avec la même ardeur, duquel son épouse et ses enfants ont pu s’échapper in extrémis. Face à ces comportements belliqueux de toute part, Nabil Karoui a succombé à la peur en présentant ses excuses pour avoir porté atteinte au « sacré ». Le spectre de la censure montre le bout de son nez…

Autre incident, même réaction violente. Suite au refus de l’inscription d’une étudiante portant le niqab, interdit au sein des universités, le doyen de la faculté de lettres de Sousse a été molesté et menacé d’être égorgé. Dans ce brouhaha, le parti d’obédience islamiste, Enahdha, a fait preuve une fois de plus de son ambiguïté, en condamnant timidement ces actes de violence. Toutefois, des formations politiques se qualifiant de progressistes, à l’instar du PDP de Nejib Chebbi, ont condamné tant les assaillants que la chaîne Nessma.

 

La tentation perverse de la division du peuple Tunisien

 

En cette période pré-électorale, Dieu a été invité dans les débats de campagne, ce qui ne permet pas d’évoquer les questions fondamentales des missions de la Constituante. Pire, les questions identitaires et intrinsèquement liées à la religion, occupent une place proéminente dans le débat et provoquent des clivages binaires au sein la société tunisienne, entre religieux et laïcs. Ce manichéisme sociétal que voudraient imposer les intégristes n’a pas de sens, tant la nuance et le paradoxe sont deux des caractéristiques de la société tunisienne, mais s’avère très dangereux. D’ailleurs le concept de la laïcité est-il applicable en Tunisie ? Le terme laïcité est en réalité un binôme entre laïcité et clerc, et l’esprit qui en découle fait suite aux douloureux rapports de la France avec l’Eglise au cours de son Histoire singulière. Ce particularisme français, peut difficilement se concevoir en Tunisie, qui a également un Histoire singulière. Aussi, le fervent débat autour de la question de la suppression de l’article premier de la Constitution de 1959, illustre bien toute la nuance qu’impose une certaine réalité historique et sociale en Tunisie. Ainsi, le futur texte fondamental de la Deuxième République doit-il faire référence à l’appartenance de la Tunisie à la religion musulmane ? La Loi ne doit-elle pas se préoccuper du Droit et non faire preuve de sentimentalisme ? Une question qui est peut-être déjà tranchée car de nombreux acteurs de la vie politique et de la société civile ont affirmé leur attachement à cet article, même pour les plus progressistes d’entre eux. Donc, quel clivage les intégristes veulent-ils engendrer ? Certainement entre Républicain et partisans de la charia.

 

République contre Charia

 

La Nation tunisienne, pour être pérenne, prospère et juste envers les citoyens qui la composent, devra être soutenue par les valeurs de la République, et aucunement par les textes religieux, dont les interprétations multiples et complexes peuvent mener à l’arbitraire et à des dérives, dans le cadre de l’exercice du pouvoir. Ce qui pose problème ce n’est pas la religion, mais bien ce qu’on lui fait dire. L’islamologue Mohamed Talbi, affirme quant à lui qu’on ne peut gouverner par la religion. Tout gouvernement par la religion asservit la religion au despotisme (…), la compromet dans l’exercice hasardeux du pouvoir, la dénature de son essence, qui est d’être une relation personnelle à Allah tournée vers le Salut. Voilà pourquoi, la sécularisation de l’Etat tunisien, devra être une étape vers l’édification d’un Etat moderne, capable de garantir une égalité réelle entre les gouvernants et les gouvernés.

 

Parce que la dictature fait le lit des extrémismes, et que les extrémismes légitiment le retour à la dictature, une République démocratique reste le seul rempart contre les obscurantismes. Dictature policière et intégrisme religieux sont les deux faces d’une même pièce. Après avoir été asservi pendant 23 ans de dictature, créant inégalités et frustrations, il n’est plus question de céder une once de liberté, un lambeau de souveraineté, à quelques excités que ce soit, fussent-ils animés par une mission divine. Les valeurs qui doivent animer le peuple Tunisien pour construire un avenir collectif sont, à mon avis, celles de liberté, d’égalité et de sécularité.

 

Slim DALI

El Mouwaten

 


Impressive performance by the CPR leader in Kebili

I have been in Kebili, my home town, for 10 weeks. Usually I come home from my country of Adoption, England, in May for my annual holidays, but this time round I have deliberately timed my return to coincide with the elections of the Constituent Assembly. I am looking forward to voting for the first time in my life in my country that I left in 1974 for a career in the media in England. Since my arrival I have had the chance to attend meetings of various political parties. It is a dream come true: all meetings without exceptions are going smoothly, with party activists defending their programs forcefully, and audiences behaving in a very civilized manner. There was no police presence and yet no trouble whatsoever at all the meetings I attended.
I must say that the most impressive of these political public meetings, in my view, took place yesterday 18 October, in El Biaz Square, Kebili. It was organized by the Congress for the Republic (CPR) which is led by Dr Moncef Marzouki. Tunisnews readers obviously know the political struggle of Dr Marzouki against the despotic regimes of both Bourguiba and Ben Ali, and the ordeal he went through for years at the hands of the Bourguiba and Ben Ali police. They are also perhaps familiar with his direct, blunt and frank style which is held against him by certain commentators.
Several hundred supporters gathered yesterday to hear Dr Marzouki in El Biaz Square, and the meeting went without a hitch. It was a pleasure to watch the civil behaviour of one’s compatriots, a genuine sign of a democratic society in the offing. Dr Marzouki dwelt on themes dear to him, including the fear and hope inspired by the approaching elections of a Constituent Assembly, the need for a constitution that responds to the aspirations of the grassroots of the people, the police, the Arab Maghreb Union, and the administrative division of the country.
Answering a remark by a member of the audience about the need to reform relations between the public – the young in particular – and the police, a body known for their highhandedness, their enmity, brutality and animosity toward the public, Dr Marzouki agreed to the necessity to train the police to respect and protect people instead of serving and protecting the regime in place. He recalled an anecdote that confirms that the hostility of the police toward the people dates back to Bourguiba who in fact was at the origin of the dictatorship in Tunisia: The veteran politician Habib Boulares reportedly once suggested to Bourguiba to train the Tunisian police to behave like the English police who do not carry arms and are known for their friendly approach to community policing. Bourguiba reportedly angrily answered with words to the effect that the Tunisians are rogue people and the only language they understand is that of the stick.
Dr Marzouki expressed fear of a worst case scenario if the forthcoming elections result in a mosaic-type Constituent Assembly with a plethora of parties and independent lists represented. Which means an assembly resembling that of Iraq following the US invasion: it took months in Iraq to form a government whose work is still beset by Byzantine debates and endless argumentation and bloody violence. This, he said, could lead to unforeseen problems, which we do not want, and even to another uprising fed by frustration, God forbid.
Speaking about the need to reform the administrative division of the country, Dr Marzouki suggested that governorates, sub-governorates and the post of oumda should be abolished, and the country divided into provinces. Each province, he proposed, should have its own budget to finance specific local projects and development efforts. Many members of the audience who grow palm trees which constitute their sole sources of revenue appreciated this idea.
Dr Marzouki concluded his address on an optimistic note, underlining the positive atmosphere of the meeting, and strongly urging people to go and vote on 23 October to make their voices heard and influence the shape of events to come.
Ali Nasfi Hamadi

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