TUNISNEWS  
  9 ème année, N° 2918 du 19.05.2008
 
 
  
AISPP: Pour une campagne en faveur               de Taoufik Mizane               CNLT: Nouvelle étape dans la persécution               d’un défenseur – Saisie des biens de maître Ayadi               Kalima: Imed Trabelsi en prisonSihem Bensedrine               AP: Peines de prison ferme pour 18               terroristes présumés               AP: Projet de nouvelle cité sportive à Tunis : l’OM parmi les               investisseurs               AFP: La mosaïque sort des musées en Tunisie               et revient au goût du jour               Omar S’habou: Le Maghreb est-il à l’abri  des émeutes de la faim?               Taoufik BACHROUCH: Démocratie et alternance               Le Temps Lundi: « Il faut trouver un compromis pour               débloquer la situation », déclare Mohamed Trabelsi, membre du               Bureau exécutif de l’UGTT               Reuters: L’AKP, au pouvoir en Turquie, se               prépare à être interdit               Le Figaro: La France parle avec le Hamas
 
 
 
 
 
 Liberté pour tous les prisonniers politiques       Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays              Association Internationale de Soutien aux       Prisonniers politiques       43 Rue Eldjazira, Tunis       e-mail : aispptunisie@yahoo.fr       Tunis, le 18 mai 2008              
POUR UNE CAMPAGNE INTERNATIONALE POUR       EMPECHER LA LIVRAISON DE TAOUFIK MIZANE       ET ENCORE UNE FOIS : « NON A LA TORTURE PAR PROCURATION » !
 
       
             Le délai imparti par les autorités hollandaises pour commencer la       procédure de livraison de l’ex prisonnier politique Taoufik Mizane va       s’achever mardi 20 mai 2008. Les services de l’immigration et de la       nationalité du ministère de la Justice hollandais ont refusé le 11 mai       2006 de lui accorder l’asile politique au prétexte que l’obtention de son       passeport, consécutive à sa sortie de prison, indiquerait qu’il n’était       plus persécuté par les autorités tunisiennes pour ses activités politiques.       La Cour Suprême a confirmé la décision du ministère, prise sur la base       d’informations inexactes, et lui a donné un délai de 28 jours pour quitter       le pays, délai prolongé grâce une campagne qui lui a donné une occasion       dont il est à craindre qu’elle soit insuffisante si toutes les       organisations indépendantes et toutes les consciences libres ne se       mobilisent pas pour le sauver des menaces qui le guettent, et qui sont       évidentes !       Monsieur Taoufik Mizane est un citoyen tunisien né le 27 septembre 1971       dans le gouvernorat de Kebili, qui a demandé l’asile politique aux       autorités hollandaises le 19 avril 2005, et a présenté à l’appui de sa       demande des documents d’identité, et un jugement prononcé contre lui le 12       février 1998 (n°25702) le condamnant à trois ans d’emprisonnement fermes       et cinq ans de contrôle administratif prenant effet à l’issue de sa peine       de prison. Il a également présenté sa carte de sortie de prison qui       précise la raison de sa libération, à savoir une libération conditionnelle       le 6 novembre 1999.       L’association affirme que le contrôle administratif permanent auquel a été       soumis Taoufik Mizane, les convocations par la police politique, sa       privation d’emploi, son interdiction de poursuivre des études, tout cela       l’a poussé à quitter le pays avec des faux documents; et elle considère       que la protection est un droit inaliénable et qui ne se négocie pas.       L’association réitère son appel aux autorités hollandaises de ne pas       livrer Taoufik Mizane à la police politique tunisienne, citant les       dispositions de l’article 3 de la convention contre la torture et autres       traitements inhumains et dégradants qui interdisent le renvoi d‘une       personne « s’il y a des motifs sérieux de croire qu’elle risque d’être       soumise à la torture », ce que confirment les rapports de toutes les       organisations, les associations de droits de l’homme indépendantes.       L’association joint sa voix à toutes celles qui exigent l’interdiction du       renvoi de l’ex prisonnier politique Taoufik Mizane, et fait endosser aux       autorités hollandaises l’entière responsabilité, de ce qui pourrait lui       arriver si elles s’obstinaient à le livrer, et les considéreraient comme       complices de la torture !       Pour l’association       Le comité directeur (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de       la version en arabe, LT)
  CONSEIL NATIONAL POUR LES     LIBERTES EN TUNISIE CNLT  
 Tunis le 19 mai 2008       
Nouvelle étape       dans la persécution d’un défenseur       Saisie des biens de maître Ayadi
 
 Le CNLT est vivement préoccupé par la multiplication       des actes de persécution qui ciblent ces derniers temps, l’un de ses       membres dirigeants, maître Abderraouf Ayadi, usant cette fois-ci de l’arme       de l’étranglement économique.       En effet, le 14 mai courant une saisie arrêt sur ses biens et ses comptes       bancaires (privé et professionnel) a été exécutée, sans qu’aucune       notification préalable ne lui ait été signifiée, comme l’exige la       procédure. Il s’agit d’une exécution d’une décision de taxation d’office       émise par la direction des impôts en janvier 2008 pour un montant de       33.580 Dinars tunisiens (28,1210 USD) et contre laquelle il avait fait       appel.       Cette taxation d’office avait démarré en août 2006, immédiatement après la       notification de la procédure d’expulsion de son ancien cabinet, suite à un       jugement inique prononcé le 8 août 2006 par  le tribunal de première       instance de Tunis, violant plusieurs règles de droit (1). Cette procédure       d’expulsion a été engagée depuis février 2006 à l’instigation du ministère       de la Justice. Il faut rappeler que le cabinet de maître Ayadi se situait       à la rue Bab Bnet à Tunis, en face du Palais de justice ; et il est       fréquemment arrivé que des missions d’observation étrangères se réunissent       dans son cabinet avant d’aller au tribunal pour prendre connaissance des       dossiers.        Les inspecteurs des impôts avaient procédé à ce redressement sur «       instructions », alors même que maître Ayadi s’acquittait régulièrement de       ses redevances fiscales. Ils avaient basé ce « redressement politique »,       sur une évaluation fantaisiste des dépenses de son ancien cabinet (ils       avaient surévalué les loyers alors qu’ils disposaient des quittances       réelles) et refusé de prendre en considération le fait qu’il partageait le       cabinet avec maître Abbou, lui faisant ainsi assumer toutes les charges.       Ils avaient considéré que ces dépenses représentent 30% de ses recettes et       donc estimé ses ressources à hauteur des 70% restant en y ajoutant les       pénalités de retard correspondant à ces montants  « non déclarés ». Les       avocats de maître Ayadi ont évidemment fait appel de cette décision,       faisant valoir notamment, une jurisprudence qui considère cette manière       d’évaluer les ressources des avocats comme abusive et non légale.        Background       Maître Abderaouf Ayadi est avocat à la cour de cassation de Tunis ;       spécialiste en droit des affaires depuis 1987. Engagé de longue date dans       la défense des droits humains, il a été président de l’Association des       jeunes avocats (92-94), membre de la section de Tunis du Conseil de       l’Ordre des Avocats (1997-2000), puis membre du bureau national du Conseil       de l’Ordre des Avocats (2001- 2004). Egalement membre dirigeant de       plusieurs sections de la LTDH (depuis 1990), il s’est engagé au CNLT dès       sa fondation en 1998. En 2002, il a été élu Secrétaire Général et continue       à assurer jusqu’à nos jours le conseil juridique et l’observation des       procès pour le compte du CNLT. Il représente également le CNLT dans des       missions de plaidoyer auprès des institutions internationales et notamment       l’ONU ; il  a assisté, à ce titre, à l’UPR du Conseil des Droits de       l’homme à Genève le 8 avril dernier et a eu, en marge, des réunions de       travails avec plusieurs représentants des procédures spéciales des        Nations unies. Dernièrement, il a fait l’objet d’attaques directes du       ministre de la Justice dans les journaux tunisiens et au Comité des droits       de l’homme qui s’est tenu à l’ONU le 17 Mars 2008.        Maitre Ayadi a rédigé des plaintes pour « tortures » dont a été saisi le       Comité contre la torture de l’ONU (CAT) et a participé à l’élaboration       d’un film sur la torture réalisé par le CNLT en novembre 2007.       A cause de son engagement pour les droits humains, l’étau n’a cessé de se       resserrer autour de lui et notamment depuis 2000 où il a commencé à subir       un harcèlement policier continu. De nombreuses ONG – dont l’Observatoire (FIDH-OMCT),       Front Line et la CIJ –  ont alerté à plusieurs reprises sur son cas et       notamment sur cette forme d’étranglement économique auquel il a été soumis,       dû à la présence  permanente d’une faction de la police politique qui       harcèle ses clients.        Une persécution systématique       Filatures, surveillance policière, écoutes téléphoniques sont son lot       quotidien au point qu’il a le sentiment de n’avoir plus aucune intimité.       Des agents en civils font le guet devant sa maison. Ils notent les numéros       d’immatriculation des voitures des visiteurs, pour les intimider et ainsi       l’isoler de son environnement social et familial.        Ainsi le 5 mai courant, son domicile a été encerclé par trois voitures de       la police politique, ses enfants et ses voisins ont été interrogés par ces       policiers et copieusement insultés dans un langage ordurier, créant ainsi       un climat de terreur dans tout le quartier. Son téléphone mobile a été       coupé afin qu’il ne soit pas en mesure d’alerter ses amis. Des membres du       CNLT, venus sur les lieux, ont pu constater cette surveillance policière       étroite.        Plusieurs de ses clients réguliers ont été incités à retirer leurs       affaires, après avoir été convoqués au ministère de l’Intérieur et       interrogés durant de longues heures. Certains ont même subi des       interrogatoires musclés afin qu’ils le dessaisissent de leurs affaires.       Ainsi, dans le courant du mois de janvier 2006, la police politique a       interpellé dans les locaux de la sûreté de l’Etat un de ses clients, M       Belaaj et l’a interrogé sur les motivations qui l’ont poussé à le choisir       comme avocat ! Ce client a immédiatement retiré tous les dossiers où le       représente maître Ayadi. Tout dernièrement, le 29 janvier 2008, l’une de       ses clientes a eu le courage de témoigner de l’agression qu’elle a subie       devant son cabinet,  de la part de la police politique dans le but de       dessaisir maître Ayadi de son affaire et a porté plainte par écrit auprès       du Conseil de l’ordre des avocats. Maître Ayadi a, quant à lui, déposé       plusieurs plaintes en justice pour entraves à son activité d’avocat, qui       n’ont jamais eu d’effet.        En janvier 2005, il a reçu des menaces de mort s’il continuait à défendre       les dossiers sensibles. Et sa voiture ainsi que celle de sa femme ont été       sabotées à plusieurs reprises, lui faisant courir un danger réel.        Le 14 avril 2007, Raouf Ayadi a été violemment frappé à coups de pied par       un officier de police du commissariat de Bâb Bnet alors qu’il s’apprêtait       à défendre un groupe de jeunes, accusés de terrorisme, devant la porte de       la 4ème chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis. Des       officiers de police l’ont empêché d’entrer dans la salle où il devait       défendre ses clients. A sa grande surprise, Le 12 juillet 2007, il apprend       qu’il est accusé d’avoir agressé le policier qui l’avait frappé ! Les       poursuites judiciaires ont été lancées à son encontre après qu’il ait       déposé une plainte pour agression physique datant du 14 avril 2007. Les       charges contre lui sont toujours pendantes.        Au début du mois de juillet 2007, une campagne de diffamation a été lancée       par des membres des Services Spéciaux du Ministère de l’Intérieur contre       sa femme (vidéo pornographique).         Un déni d’accès à la justice       Maitre Ayadi a déposé de nombreuses plaintes pour agression et entraves à       l’exercice de sa profession ; aucune d’elle n’a eu de suites ; en voici       quelques exemples.       En décembre 2007, il saisit le ministre de l’Intérieur par une lettre       co-signée par les deux  avocats qui partagent le cabinet (Maîtres Ayachi       et Abbou) d’une plainte sur la présence  permanente d’une équipe de la       police politique devant leur bureau et le harcèlement de leurs clients.       Une lettre restée sans suites.        Le 1er novembre 2007. Les officiers de police ont empêché Abderraouf Ayadi       de rendre visite à l’avocat Mohamed  Ennouri, qui était en grève de la       faim et l’ont agressé en le trainant par terre le long de la rue de       Marseille. Il a également porté plainte ; sans suites !        Le 7 juillet 2007, maître Ayadi s’est rendu au commissariat de police de       la rue Charles de Gaulle, pour porter plainte contre un des agents de la       police politique qu’il a vu déposer une enveloppe contenant le DVD       pornographique dans sa boite aux lettres. Un supérieur a interdit à l’un       des officiers de police de prendre sa déposition.       ·         Le 18 novembre 2004 il a porté plainte contre le Ministère de       l’intérieur et le Ministère de la justice pour obstruction à l’exercice de       sa profession effectuée par des agents de la police présidentielle contre       un huissier de justice qu’il avait chargé de transmettre un avis de       plainte contre Dr Gueddiche, médecin et conseiller du Président, et dont       les documents avaient été confisqués. Toujours sans suites.       Le CNLT        qui considère ce genre d’agissements comme indignes d’un Etat de droit,       rappelle à l’Etat tunisien ses engagements internationaux en matière de       droits humains et particulièrement la déclaration sur les défenseurs de       l’ONU adoptée en 1998  qui stipule notamment que « L’État prend toutes les       mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent       toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute       violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure,       pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime       des droits visés dans la présente Déclaration. » (art 12.2).       ·         Appelle à la suspension de cette taxation d’office, comme étant       une mesure punitive, qui cible son statut de défenseur de droits humains       et vise à tarir ses ressources et affamer sa famille.       ·         Exige la cessation de toutes les mesures policières visant à       harceler maître Ayadi et qu’il soit donné suites aux plaintes en justice       qu’il a déposées.        Pour le Conseil,       La Porte-parole       Sihem Bensedrine
Imed Trabelsi en         prisonSihem Bensedrine
 19 mai 2008         Un mandat d’arrêt aurait été émis aujourd’hui 19 mai par le doyen des         juges d’instruction contre Imed Trabelsi, le neveu de Leila Ben Ali,         après l’avoir interrogé sur le chef d’accusation de « complicité de vol         en bande organisée »; et ce dernier aurait été écroué le même jour.                   Ce rebondissement vient suite à l’exécution d’une commission rogatoire         internationale délivrée en janvier 2008 par le juge d’instruction du         tribunal d’Ajaccio, Jean-Bastien Risson, contre Imed et Moez Trabelsi         dans une affaire liée à un trafic de bateaux de luxe entre la France et         la Tunisie. Par ailleurs Le juge d’instruction, Risson et le procureur         de la République d’Ajaccio Thorel, sont actuellement à Tunis dans le         cadre de l’enquête sur cette affaire et auraient assisté aux auditions         des inculpés.
         
  
 (Source : « Kalima           » (Mensuel électronique censuré en Tunisie), N° 63 – Mai 2008)
 
  
 
  
  “Le Maghrébin”       Organe officiel bimensuel en ligne        de l’AMD
  www.hebdo.maghreb-amd.org  Edition du lundi 19 mai 2008         
  Sommaire   Editorial       Le Maghreb est-il à l’abri des émeutes de la faim?       Par Omar S’habou       Maghreb       Les implications tendues de l’Union Pour La Méditerranée       Par Yousef Lahlali       Tunisie       Ca continue…       par Fatima Kabba       Maroc       Mounir Majidi, vice roi       par Samira Ben Allou       Mauritanie       La Chute du premier ministre       Par Afainou Malek       Su       Informations confidentielles       A savoir       Des brèves  qui  renvoient l’image du monde d’aujourd’hui       Lu  les pauvres vont mourir       par Lester Brown       Histoire       Zainab Tanfzawit, grande figure maghrébine
 
  
       
       
 
Voici le numéro 106 d’ELKHADRA
       .    
 
       
             *******************************       –  LA LETTRE DE L’AISPP         – GAZA OU…غزوة أم درمان””!        – LA GUERRE COLONIALE COMME ANALYSEUR DE L’ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL        – LE TEMPS        – ZINE BEN Torquemada        -Pile et Face        – LA LETTRE DE K.TRAOULI        – BEN ALI FAUSSAIRE        – CPR..M.MARZOUKI, communiqué        – Anatomie d’un conflit irrésolu par nature        – LA SOLUTION NATIONALE.       – What was not mentioned in Nasrallah’s press conference:        – Des juifs résistent au sionisme        – DROITS DE L’HOMME .       – Ils ont osé et… .se sont effondrés        – Crise libanaise et intoxication médiatique        – RSF, proxénète de l’information        – LA GRAND’MESSE JUDEO-CHRETIENNE CONTRE LE MONDE MUSULMAN        – Promesses et trahisons        – Le Vatican, les Etats Unis et L’ONU, un nouveau complot trinitaire !  
       
 
Peines de prison ferme pour 18       terroristes présumés
 
             AP | 19.05.2008 | 20:14       La quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis       a condamné lundi cinq prévenus à trois ans de prison ferme pour avoir       projeté de créer une “cellule terroriste” en Tunisie, a-t-on appris auprès       de l’un de leurs avocats, Me Samir Ben Amor.       Cinq autres ont écopé d’un an d’emprisonnement pour n’avoir pas informé       les autorités de cette entreprise à caractère terroriste.       Selon l’avocat, les accusés ont nié les faits qui leur étaient reprochés       lors de leur interrogatoire.       La défense a plaidé pour le non-lieu, en mettant en avant des vices de       procédure et en se basant sur l’absence de preuves étayant les accusations.       Lors d’un autre procès, la deuxième chambre criminelle près le même       tribunal a condamné un autre groupe, composé de huit jeunes salafistes, à       des peines allant de 2 à 5 ans de prison ferme.       Deux d’entre eux ont écopé de cinq ans de réclusion et quatre de trois ans       pour “appartenance à une organisation terroriste”, “appel à la commission       de crimes terroristes” et pour avoir “fourni des informations à des       personnes ayant des liens avec des projets terroristes”. Les deux autres       ont été condamnés à deux ans de prison ferme pour n’avoir pas alerté les       autorités des “entreprises criminelles qui se tramaient”.       Tous ces salafistes étaient jugés en vertu de la loi anti-terroriste       adoptée en Tunisie en décembre 2003 et dénoncée par l’opposition et       plusieurs associations qui la considèrent “anti-constitutionnelle”.       Selon, Me Ben Amor, spécialiste des affaires terroristes, un “important       groupe” de 19 personnes arrêtées après un séjour en Algérie, doit       comparaître le 27 mai devant la cour d’appel de Tunis. AP
 
Projet de nouvelle cité sportive         à Tunis : l’OM parmi les investisseurs
 
       ASSOCIATED PRESS        TUNIS – Un projet “gigantesque” pour la construction d’une nouvelle cité       sportive à Tunis a été lancé vendredi par le groupe émirati Abukhater,       pour un investissement de cinq milliards de dollars impliquant plusieurs       partenaires occidentaux, dont le groupe Siemens et l’Olympique de       Marseille.        Sur une superficie de 257 hectares, cette “grande machine à faire du       sport” sera réalisée en deux étapes, a précisé devant la presse le       président du groupe Abdulrahmane Abukhater. La première aura une durée de       deux ans et demi, la deuxième se fera sur cinq ans.              L’ambition de ses promoteurs est de bâtir un “pôle sportif d’excellence”,       avec des infrastructures de haut niveau, des stades pouvant accueillir des       compétitions internationales, des centres de formation et des services       médicaux de pointe.              Outre les sportifs d’élite, la future “Tunis Sports City” vise, selon ses       concepteurs, à assurer la formation des jeunes dans une multitude de       disciplines, allant du football, à la natation, à l’athlétisme, en passant       par le hockey et le golf.              Le directeur général de l’Olympique de Marseille, Antoine Veyrat, a dit       “la très grande fierté” du club phocéen d’être associé à un tel projet, en       tant que conseil sur la partie football. L’OM sera impliqué dans la       conception et l’organisation de l’académie de football prévue dans la       future cité sportive.    
  
  
     
La mosaïque sort des       musées en Tunisie et revient au goût du jour
 TUNIS (AFP) – 19/05/2008 09h49               Longtemps confiné dans les musées qui regorgent de trésors, l’art de la       mosaïque a été remis au goût du jour en Tunisie par une nouvelle       génération d’artisans qui font des abacules de pierre un produit de       décoration très prisé à l’exportation.       L’engouement pour cet art multimillénaire et la créativité de mosaïstes       tunisiens étaient célébrés récemment par un festival international à El       Jem, ancienne ville romaine dans le centre-est tunisien.       Des milliers de répliques anciennes figurant des scènes de chasse ou des       épisodes de la guerre des Dieux grecs contre les géants ont côtoyé des       créations modernes et objets utilitaires aux couleurs chatoyantes.       “Nous essayons d’adapter la mosaïque aux nouvelles tendances d’ornement et       répondre à une demande accrue de décorateurs”, déclare à l’AFP Nacer       Bouslah, un des pionniers.       En marbre, pierre ou émaux, la mosaïque a reconquis les intérieurs, les       jardins et les lieux de travail, non seulement sur les sols et les murs,       mais aussi sur les accessoires, meubles, luminaires et équipements       sanitaires.       Des tesselles aux couleurs de l’arc en ciel ont investit les villas de       luxe, hôtels et palaces qui ont été construits ces dernières années, note       un architecte.       Ainsi, des bureaux en bois revêtus de milliers d’abacules multicolores,       des baignoires renvoyant l’image de Vénus en bas-reliefs, des appliques       murales et coffres étaient présentés aux spécialistes méditerranéens au       festival d’El Jem, qui s’est achevé fin avril.       Répandue durant l’antiquité dans le pourtour méditerranéen, la mosaïque       fut introduite en Tunisie au IIè siècle sous l’impulsion d’une école de       maîtres alexandrins avant de subir l’influence de Rome suite à la prise de       Carthage par les Romains.       Selon l’archéologue Hédi Slim, ce type de décorations a été délaissé après       la conquête islamique à la fin du VIIe siècle, en raison de l’interdiction       de la représentation de l’homme en islam.       Mais, de l’avis des historiens de l’art, la Tunisie détient encore la plus       prestigieuse des collections romaines du monde, avec près de 30.000 pièces       dans ses musées, dont le plus fameux, celui du Bardo.       “Ulysse et les sirènes” sur lequel le héros grec est ensorcelé par le       chant des créatures mythiques et “la toilette de Vénus”, déesse de la       beauté dans son bain, en sont les plus célèbres.       La mosaïque a recommencé à revivre à la fin du XXe siècle, suscitant un       regain d’intérêt mondial pour la conservation des oeuvres anciennes, à       travers un appui de la Banque mondiale et une assistance technique de la       Fondation Getty (USA, Californie).       Le tourisme a contribué à faire revivre la pratique de cet art ancien.       “Des artisans installés sur le parcours touristique des souks de la Médina       de Tunis avaient commencé par reproduire maladroitement des mosaïques au       grand bonheur des touristes”, se souvient M. Bouslah.       Plus tard, des artisans formés aux écoles des beaux arts ont introduit de       nouvelles techniques de coupe et de pose de la pierre. Des choix de       finition étudiés et un désir d’expression authentique ont vu le jour.       “Il faut aimer la pierre et être dans l’air du temps”, résume Riadh       Bouassida, dont l’atelier attenant à l’Ecole des Arts et Métiers fait       recette.       Les thèmes mythologiques et la reproduction des tableaux romains ont fait       place à la création d’oeuvres très prisées, abstraites ou à vocation       utilitaire.       Environ 700 artisans et 50 ateliers de fabrication sont répertoriés par       l’Office de l’artisanat en Tunisie, qui encourage les ventes en devises       fortes à l’étranger.       Son directeur, Afif Jerad se réjouit d’un bon carnet de commandes avec des       “dizaines de milliers” de pièces achetées en 2007 depuis les Etats-Unis,       le Canada ou l’Europe (Allemagne, France, Italie).              © 2008 AFP
 Editorial 
Le Maghreb est-il à l’abri  des         émeutes de la faim?
   
         
 Omar S’habou
         
        Laissons parler les faits. Le cours des céréales sur le marché mondial         est indexé sur le prix du pétrole et ce depuis que les Etats-Unis ont         décidé de doubler les surfaces déjà très importantes qu’ils consacrent         aux biocarburants. C’est ainsi. Peut-on imaginer que le  prix du pétrole         va se stabiliser alors que les besoins des deux ogres planétaires  – la         Chine et l’Inde en l’occurrence –  sont exponentiels  et que les         spéculateurs se font leurs délices de l’inadéquation actuelle et          perdurante entre  demande et offre? Peut-on imaginer, de ce fait, le         cours des céréales  se stabiliser de son coté et  retrouver une  juste         adéquation entre une offre qui se raréfie en raison de la conversion         d’immenses champs céréaliers en  fournisseurs  de biocarburant, en         raison d’une cynique spéculation boursière planétaire  et en raison  de         la demande d’une population  mondiale qui a l’intention d’atteindre les          neufs milliards dans les prochaines décennies?                   L’équation est évidente : les émeutes de la faim qui se sont – phénomène         inédit et donc historique- simultanément déclarées  dans plusieurs pays         à travers la planète ne vont  ni s’arrêter, ni se ralentir. Les émeutes         vont – c’est mathématique-  s’aggraver et s’étendre. Pour une raison          simple : le péril de la faim  n’est pas fragmentaire et parcellaire ; il         est universel et transversal. Même un pays comme la France  n’en est         actuellement épargné qu’en raison des restos du cœur et des services de         la fondation de l’Abbé Pierre « Emmaüs » qui distribuent  près de 100         millions de repas  non plus seulement aux chômeurs mais à une nouvelle         catégorie sociale  désignée  sous  l’oxymore de « travailleurs pauvres         »; en d’autres termes des travailleurs  dont le salaire ne leur permet         plus  de boucler  leur fin de mois et les  fait se rabattre sur ces         secours publics . N’auraient-ils pas eu cette issue qu’ils se seraient         eux aussi joints aux cohortes des émeutiers de la faim du Sénégal et de         l’Egypte.                   La responsabilité de l’occident, en tant que  système de pensée et         système de production  dans ce catastrophique  dérèglement  planétaire         est  incontestable et lourde.  N’est ce pas l’Europe qui a longtemps         encouragé le développement des hydrocarbures avant de s’éveiller, tout         récemment et face  à la menace de la faim,  à  ses méfaits ? N’est ce         pas l’Europe qui a maintenu une politique protectionniste qui  a         déstabilisé depuis longtemps les agricultures du tiers monde et a          freiné la réduction de sa  pauvreté ?  Ne sont ce pas la Banque Mondiale         et le Fonds Monétaire qui ont pendant des décennies expliqué aux pays          émergents que l’agriculture  n’avait plus d’avenir, ce qui a conduit ces         même pays à favoriser les cultures d’exportation pour se procurer des         devises ?           Le résultat n’en est-il pas que ces pays exportent leurs produits mais         importent leur  alimentation et à un prix  qui  est loin d’être         favorable à leur balance des payements, ce qui accentue et leurs dettes         et leur dépendance et leur  misère structurelle ? Il faut souligner          dans cet ordre d’idées  que la crise actuelle n’est  pas  une crise de         production, mais une crise de pauvreté. La production mondiale reste         autosuffisante  et peut  même suffire à un milliard supplémentaire         d’êtres humains. Mais les mécanismes régulateurs de l’offre et de la         demande ont été tellement pervertis par  le culte du profit,  par le         protectionnisme unidirectionnel de l’occident et par les criminelles           spéculations boursières – elles sont à elles seules  la cause de près de         30% du renchérissement des produits alimentaires – que  ceux qui sont         menacés de faim, ne seront plus que les pauvres. Les riches s’en         sortiront toujours.          Toutefois les causes de ce  tsunami silencieux et irréversible de la         faim qui menace la planète ne sont pas exclusivement exogènes.  Prenons         l’exemple du Maghreb justement. Ses pays ne sont ils pas, jusqu’à preuve         du contraire,  tributaire de la production mondiale de céréales pour         combler leur déficit nationaux en la matière alors mêmes que,         potentiellement, ils peuvent être autosuffisants et au-delà ! Est-ce         l’occident, qui n’a pas par ailleurs ménagé des aides considérables dans         ce sens,  qui les a empêchés   de convertir leurs potentialités en         réalités ?    Qu’on me permette ici de  parler de la Tunisie que je         connais par la force des choses mieux que  les autres pays maghrébins.          Avant d’être déposé, Bourguiba a doté la Tunisie de 20 barrages. Ils         constituaient à ses yeux une des priorités stratégiques sur lesquelles         il avait construit sa vision de l’avenir de son pays. Toutes les         potentialités de barrages ont été épuisées  sous son régime. Une de ses         obsessions – et ses discours en témoignent – était  que son peuple         renouât  avec sa vocation millénaire de grenier et d’immuniser à jamais         les tunisiens contre la dépendance alimentaire. Vingt  ans après son         départ, la Tunisie est toujours importatrice de 50% de ses besoins         céréaliers.  Pis : et c’est sans doute un précédent gravissime  autant         qu’humiliant,  ce 7 avril 2008, des familles tunisiennes  au nombre de         deux cents personnes se sont volontairement refugiées en Algérie dont         ils étaient séparées de la frontière de quelques centaines de mètres;          avec casseroles et guenilles, pour  quémander de la nourriture !  Ils         avaient   eux aussi comme les haïtiens, les maliens et les égyptiens         faim. Alors que dans le bassin minier de la ville de Gafsa, chef lieu         d’une  wilaya ( préfecture) des manifestations en bonne et due forme         rassemblant la majorité des habitants ont porté à la revendication  un         nouveau thème   inédit dans la contestation  populaire tunisienne : la         misère! Un journal d’un parti d’opposition mais qui a toujours soutenu         Monsieur Ben Ali n’a pas  hésité  à traduire, à sa manière, l’inquiétude         diffuse qui parcourt actuellement  l’élite tunisienne  quant à une         contagion qu’ils pressentent   mécanique des émeutes de la faim sur leur         pays en titrant : «  Pour que les émeutes de la faim ne nous atteignent         pas! ». Et voici le ministre de l’économie d’annoncer très         officiellement que le gouvernement tunisien n’a plus de choix autre que         de réduire la compensation de certains aliments de base et de revoir les         critères de la production du pain.  Euphémisme pour    qualifier         autrement une inévitable et imminente hausse des prix  dont le taux  a         atteint  déjà pour l’année en cours près de   7% ! Il faut reconnaitre à         Mr Ben  Ali, à ce propos, de ne pas avoir caché les terribles heures qui         attendent le  consommateur tunisien. Il a parlé dan son discours  du 20         mars 2008 « d’extrêmement difficiles conditions qui attendent les         tunisiens et qui appellent  à une conscientisation profonde des         nouvelles  exigences qui vont conditionner la consommation ». Bien. Mais          va t-il lui-même se soumettre à ces pénibles exigences ?          Des amis  marocains, mauritaniens et algériens me disent  que pour les         mêmes raisons structurelles, leur pays n’en sont  pas à l’abri. Si la         Tunisie  dont la pyramide sociale  est la plus harmonieuse en raison de         la prédominance de la classe moyenne et en raison d’une sage politique         de la planification familiale qui a, dès l’indépendance, circonscrit le         taux de croissance économique  à un niveau toujours  supérieur  à celui         du croît démographique en est arrivé là,  a fortiori dans les autres         pays. Même l’Algérie dont la rente pétrolière devient phénoménale en         raison du renchérissement du prix à la vente du baril de pétrole ne         pourra pas indéfiniment  suivre avec succès  cette infernale spirale,         puisque, de toutes façons,  les  prix des céréales sont indexés sur         celui du pétrole et  ce qu’une main prend, l’autre  est  obligée de le         céder.          Suis-je un oiseau de mauvais augure? Je ne le pense pas. Ce sont des         faits dont l’articulation organique conduit à cette lugubre augure. La         responsabilité?  Elle est d’origine exogène  comme  souligné plus haut         certes mais endogène aussi. Elle est la où les responsabilités des         destins nationaux est assumée. Peut-on faire porter la responsabilité de         cette faim programmée sur les affamés? Ou sur ceux qui se soucient         d’abord de leur propre sécurité alimentaire et celle des leurs?  Tant         que les régimes sont d’archétypales ploutocraties, ni la puissance         productrice du marché, ni les mécanismes  et leviers d’interventions         conçus pour distribuer équitablement   cette production, ne sont et ne         seront de quelque efficacité que ce soit pour prémunir  notre  région           de l’hydre de la faim!  Tant que des régimes politiques  qui  ont la         sacrée mission de partager équitablement entre  toutes les catégories         socioprofessionnelles composant leur nation   aussi bien les richesses         que les tragédies  du sort ne sont  pas en charge de notre destinée, le         pire est vraiment à craindre.         Nous y sommes  même peut être déjà…      
         
 (Source: “Le         Maghrébin”  Organe bihebdomadaire  en ligne de l’Alliance Maghrébine         pour la Démocratie le 19 mai 2008)         Lien: www.hebdo.maghreb-amd.org
 
 
  Démocratie et alternance
  
  Il est   des mots qui n’inspirent plus confiance, non pas dans l’absolu, mais dans le   contexte qui est le nôtre depuis une vingtaine d’années. J’entends les mots de   liberté et de démocratie. Ils en sont arrivés à raisonner comme un son   évanescent. Que se passe-t-il donc de si irrémédiable, dans notre rapport   clair et loyal aux droits de l’homme, et il convient d’ajouter au citoyen ?   C’est d’une culture de pouvoir dont il s’agit, biaisée pour les besoins de la   cause. Lorsqu’on se convainc de la mission de sauver le pays de lui-même en le   livrant à une coterie qui a administré la preuve peu ou prou de son incurie,   la question de l’alternance se pose d’elle-même, plus que jamais, au nom de   l’impérieuse nécessite de la circulation des élites.
  
 Si la   démocratie est vertueuse, convenons que l’alternance ne l’est pas moins,   forcément, par les temps qui courent. Une démocratie au sein de laquelle la   majorité même composite fait fi de la minorité, même plurielle, pêche par   défaut de modernité. La question de la justesse de la représentation nationale   s’y pose en effet plus que jamais. 
  
 Face à   une démocratie déclamatoire qui use et abuse de la langue de bois, celle dont   le caractère policier n’est plus à démontrer à croire les doléances y   relatives, et dont le maintien est nuisible au regard des intérêts bien   compris du pays, convient-il de continuer à rester encore et toujours de   marbre. L’alternance constitue assurément la seule mesure de salut public de   nature à sortir la société de la crise dans laquelle elle s’enfonce. Tous les   clignotants ne sont-ils pas au rouge ? Il suffit de descendre au raz de la   société laborieuse pour en prendre la juste mesure. Le tunisien a pris la   mauvaise habitude de voter même à ses dépens.
  
 Mais   voilà que l’alternance reste encore et toujours étrangère à la démocratie,   version tunisienne, et selon l’esprit de nos élites dirigeantes, depuis   l’Indépendance. Sinon elle se serait produite naturellement, sinon par la   force du temps. Elle consiste, chez ceux qui en apprécient les mérites, en une   permutation de deux forces politiques, l’une au pouvoir et l’autre dans   l’opposition, en vertu du verdict loyal des urnes, obtenu au moyen du suffrage   universel direct, sans changement de régime et en tant que substitut non   violent de la révolution et de ses troubles. En lieu et place de quoi se   soucie-t-on du côté de chez nous ? De la continuité du système politique   existant, malgré ses carences, et de ses institutions, nonobstant leurs   déficiences, au nom d’une quête de stabilité de pure forme, mais nullement de   celle si salutaire du renouvellement alterné des élites gouvernementales. Ce   sont précisément les équipes gagnantes qu’il convient de changer, à partir du   moment où elles ont donné le meilleure d’elles mêmes, en pure hypothèses, et   que leur capacité à gouverner est en perte de vitesse. Ne faut-il pas laisser   à d’autres la latitude de se rendre utiles pour la patrie ? Il y a quelque   chose de beylical encore dans la conception que certains se font du pouvoir. A   considérer le nucléon de l’organisation politique, on se rend compte que d’une   part le proton de la milice turque d’antan a été remplacé par le parti unique   dont la partie influente du pouvoir tire les ficelles, et de l’autre que le   neutron incarné par la milice des Zwawa a cédé la place à des partis   satellites de seconde zone dont on se sert comme paravent et auxquels on   laisse des strapontins : comme si le pays leur appartient corps et âmes et   qu’un droit de tutelle leur est conféré. Compte tenu de ce fond atavique, on   gère le pays avec une culture patrimoniale que nous croyions disparue avec la   proclamation de la République. La chose publique appartient indéfiniment aux   ceux qui se saisissent du pouvoir, et les autres doivent en être   systématiquement exclus, quelle qu’en fût la valeur. N’est-ce pas de   l’ostracisme ? On s’est habitué à ne pas pouvoir changer d’équipe dirigeante à   l’occasion de chaque consultation, même en période de crise, lorsque la   situation appelle des solutions alternées, comme c’est aujourd’hui le cas. Le   système politique en place a atteint ses limites, à force d’avoir été   verrouillé sans espoir de régénération. Son blocage requiert son   renouvellement. La soumission veule, au détriment de la dignité humaine et   au-delà du tolérable, au nom de considérations sécuritaires oiseuses, appelle   un sursaut de dignité. Plus que jamais le changement s’impose somme une   évidence. Reste à en trouver la formule, en dehors du système de métayage,   celui du quint.
  
 Avec le   critère de l’alternance rien de plus simple pour savoir si un pays est   démocratique ou s’il ne l’est pas. Cela suppose que le régime en vigueur admet   l’existence d’une opposition effective qui de minoritaire peut constituer son   tour venu la majorité. Sinon un régime qui ferme le jeu politique n’est   absolument pas démocratique, ni au plan de la forme, ni à celui du fond. Le   problème est que l’on en arrive à justifier au nom du principe démocratique   l’épouvantail sécuritaire, deux entités antinomiques. Alors même que je me   sens menacé dans mon être plus par le pouvoir qui m’exclue que par autre   chose. Le pouvoir démocratique suppose la garantie qu’il ne violera pas les   moindres libertés fondamentales de la personne humaine. Là où les droits de la   politique l’emportent sur ceux des droits de l’homme, la démocratie finit par   dire le contraire d’elle-même. Le régime présidentiel est d’essence   antidémocratique, car il est sans contre pouvoirs réels. Le contre pouvoir est   une autre manière de conduire un pouvoir sain et viable. On a reproché à   Bourguiba le pouvoir à vie. Ne s’y achemine-t-on pas allègrement ? 
  
 Le   paysage de la vie politique présente assurément un multipartisme caricatural   de fait qui se prêterait quand même, s’il était conduit à bon terme, au   dualisme de la vie politique et à sa bipolarisation. D’un côté un parti   dominant flanqué de partis satellites qui représentent l’opposition docile qui   fait le beau, tout en n’étant pas tout à fait des partis de gouvernement à   part entière, puisqu’ils ne font pas et ne défont pas les majorités, et de   l’autre des partis inorganiques qui prétendent constituer l’opposition   officielle et qui se présentent comme candidats légitimes à l’alternative,   tout en étant privés de leur liberté de mouvement. Le système des partis en   vigueur et les us électoraux qui le caractérisent interdisent la dévolution   loyale du pouvoir à l’opposition. En jouant les prolongations, indéfiniment,   par des coups d’Etat à répétitions, la domination prolongée du parti   hégémonique, ou de ce qu’il en reste, a encore de beaux jours devant elle.   Mais ne vendons pas la peau de l’ours…Fatalité de l’histoire, il est né pour   durer ; mais faut-il rappeler que toute chose est mortelle. Les chances de   l’opposition à l’emporter dans les élections et à relayer la majorité au   pouvoir sont minces pour le moment, puisque l’accès à l’arbitrage loyal du   peuple lui est en fin de compte injustement interdit et que la règle du jeu   politique est faussée. Pourtant la situation intérieure n’est pas des plus   brillantes : chômage endémique en progression, inflation à répétitions,   paupérisation des classes laborieuses, système de santé contesté, situation de   l’enseignement et de la recherche critique, alourdissement de la fiscalité,   importance des dettes douteuses… Les clignotants se multiplient, sans qu’un   espace de libertés ait été aménagé pour en débattre librement. Sommes-nous   condamnés à vivre les auspices d’une république « dattière » dont les   vers enveloppent le noyau, faute d’une recomposition conséquente de notre   paysage politique ? C’est tout le défi qui attend l’opposition tunisienne et   les hommes de bonne volonté de tous bords. Cependant son tendon d’Achille est   que, traquée, assiégée, montrée du doigt, épinglée, stigmatisée à volonté,   elle n’arrive pas à réussir ses implantations de masse, autant dans la   capitale qu’à l’intérieur du pays. Une simple conférence peut être interprétée   comme une forme de coup d’Etat virtuel. Alors on la perturbe, en empêchant les   auditeurs de venir prêter l’oreille, rien que cela est hautement coupable.   Pourtant une démocratie pleine et entière peut encore jouer contre les sombres   desseins de la mondialisation et de ses suppôts.
  
 La   démocratie qui nous est servie, dans l’état actuel des choses, est une   démocratie restreinte, rabougrie, voire illusoire, qui ne favorise pas notre   intégration pleine et entière à la société moderne, sauf par la bande et à   coup de discours creux qui ne convainquent plus personne. La pensée unique   agit toujours en nous, à contre courant de la modernité vraie. Laquelle   suppose non seulement l’emprunt à la modernité, ce qui est encore aujourd’hui   partiellement le cas, mais surtout notre participation corrélative au   développement commun de cette modernité, ce qui fait amplement défaut. Ce   qu’il nous faut c’est une démocratie étendue qui libère les initiatives et les   forces vives au service d’une grande ambition par laquelle nous deviendrons   des créateurs à part entière. Est-ce un rêve ? Oui je le crains, à vue d’oeil.   Nous agissons comme si nous étions modernes ; alors qu’il suffit de décaper le   vernis qui nous enveloppe pour nous rendre compte de l’étendue de notre   prétention, bientôt mortelle. Le basculement du quantitatif au qualitatif   constitue désormais un enjeu démocratique. Ce sera le chantier le plus   important à venir et le plus difficile à réussir. La démocratie en trompe   l’œil, celle qui nous est parcimonieusement servie, est confrontée à une crise   de fin de cycle, en attendant que le cycle du renouveau s’amorce. Il est temps   qu’elle se ressaisisse, et en reprenant son souffle, serve de levier pour des   lendemains qui chantent, espérons le. L’alternance en est le préalable.  
  
  Mais   sans une véritable polarisation de la vie politique, rien ne se fera, alors   que la société est largement polarisée. La vertu de l’alternance est de faire   coïncider organisation sociale et agencement politique conformément aux   impératifs d’une conjoncture donnée et selon des aspirations communes. Dans un   système politique clientéliste, la dépendance au pouvoir est d’autant plus   grande que la société civile est ceinturée, à la traîne, plongée dans les   limbes du doute résigné. Le jour où l’on parlera des droits de l’homme en   prenant soin d’y ajouter ceux du citoyen, on aura fait un pas décisif sur la   voie l’alternance.
  
 La   démocratie de droite est celle qui se met au service de l’ordre oppressif.
 La   démocratie de gauche est celle qui libère les citoyens des chaînes qui   l’enserrent. 
 Le   combat que mènent nos frères de Redeyef est de facture libératrice, dans la   mesure où il s’inscrit dans la perspective d’une quête d’un ordre juste qui   nous manque cruellement, à un moment où les frustrations s’exacerbent. A bon   entendeur salut. Quiconque entre dans l’histoire par la petite porte doit se   faire un point d’honneur de ne pas en sortir sur la pointe des pieds, et en   boitant de surcroît tant qu’à faire.
  
  
                                Taoufik BACHROUCH