17 novembre 2005

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2006 du 17.11.2005

 archives : www.tunisnews.net


AFP: Sylvan Shalom visite sa ville natale avant de quitter la Tunisie

AFP: Tunis présente ses excuses à la RTBF

AFP: Experts de l’Onu: vives préoccupations sur les droits de l’Homme en Tunisie

AFP: « Sommet citoyen » en marge du SMSI à Tunis

AFP: Le Sommet de l’information se penche sur les innovations technologiques

AFP: Shirin Ebadi demande aux grèvistes de la faim d’arrêter leur jeûne

InfoSud: La grève de la faim sur le point d’être interrompue

AFP: Le secrétaire général de RSF refoulé à l’aéroport de Tunis

AFP: Paris « regrette qu’aucune solution n’ait été trouvée » pour Robert Ménard

AFP: « Instruction judiciaire en Tunisie » contre Robert Ménard (autorités)

AFP: Robert Ménard refoulé de Tunis met en cause Philippe Douste-Blazy

AFP : Grève de la faim de Montréalais solidaires de Tunisiens

AFP: L’agence Tunis Afrique Presse à l’heure de l’internet

AFP: Le Sommet de l’information appelle le monde à la solidarité numérique

Le Canard Enchaîné: Ben Ali irrite enfin ses amis français

GeisseVincent, Hamrouni Chokri: Ben Ali, l’information torturée

Swissinfo: La tension persiste entre Tunis et Berne

Swissinfo: Samuel Schmid en Guillaume Tell de Tunisie

« 24 Heures» (Suisse),: «Vous avez été censuré, Monsieur le président!»

La Liberté » (Suisse),: Samuel Schmid impose son courage au

Sommet mondial de l’information

Le Temps (Suisse): Sans la nommer, la Suisse tance la Tunisie à l’ouverture du SMSI

TSR : Tunisie, le sommet de l’intox

Libération: A Tunis, une grève de la faim contre l’oppression

Libération: Un sommet sous bonne escorte Ouverture hier de la rencontre, conçue comme une opération de propagande par Tunis.

Libération: Moindre mal

Libération: Le sommet organisé par l’ONU en Tunisie s’ouvre dans un pays où règnent injustice et arbitraire. Ben Ali, l’information torturée

Le Figaro: Les chefs d’Etat ont boudé le sommet de Tunis

Le Figaro: Le paradoxe tunisien

Le Soir: Les vrais amis des petits barons de ben ali

Le Soir: « La liberté est, à terme, inéluctable ! »

Le Soir: « Discuter en toute liberté »

Le Soir: Carte blanche Laurent Deutsch Responsable du groupe Amnesty International de Chaumont-Gistoux. De la parole aux actes !

Chokri Hamrouni: Après le communiqué des cinq parlementaires français : Pas de position officielle de l’UMP

Rouge: Soutien aux grévistes de la faim en Tunisie

Meddeb Halim : TUNISIE : SMSI ou le dialogue des sourds

Wed Erreiss: Réflexion sur l’initiative : « La campagne de la dignité  pour le changement démocratique en Tunisie »

 

 

Sylvan Shalom visite sa ville natale avant de quitter la Tunisie

AFP 17.11.05 | 17h26 Le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, s’est rendu jeudi dans sa ville natale de Gabès, dans le sud-est de la Tunisie, a indiqué son porte-parole.Accompagné d’une délégation de cent cinquante personnes, dont sa mère, Mariam, et d’autres membres de sa famille, M. Shalom a visité la maison de son enfance, dans le quartier dit « européen » du centre de Gabès, ville côtière et industrielle à 400 km au sud-est de Tunis.Son cortège a traversé la ville quadrillée par « un imposant service de sécurité », alors que quelques manifestants tentaient de protester contre cette visite, a indiqué un témoin.Une cinquantaine de manifestants ont tenté d’organiser un « sit-in » dans une rue proche, criant des slogans à la gloire de la Palestine avant d’être évacués par la police, a précisé Abdeljabar Reguigui, responsable du Parti démocratique progressiste (PDP).M. Shalom, qui a quitté la Tunisie avec sa famille il y a une quarantaine d’années, était arrivé mardi pour participer à Tunis au Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), organisé par l’Onu, durant lequel il a pressé Tunis d’établir des relations diplomatiques avec Israël.Il s’est entretenu jeudi matin à Tunis avec son homologue Abdelawahab Abdallah, ainsi qu’avec le ministre tunisien du Tourisme, Tijani Haddad, a indiqué le porte-parole israélien, Lior Ben Dor, joint par téléphone.La délégation israélienne a quitté la Tunisie en fin d’après-midi.


Tunis présente ses excuses à la RTBF

 
(…) Le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, a indiqué jeudi devant le parlement que la Tunisie avait « présenté des excuses » pour l’incident dont a été victime  une équipe de la télévision publique belge. Ces excuses ont été formulées par le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Hatem Ben Salem. La RTBF avait indiqué lundi qu’une de ses équipes avait été molestée le même jour à Tunis alors qu’elle préparait un reportage sur la liberté d’_expression en Tunisie en vue du Sommet mondial sur la société de l’information. Mardi, les autorités tunisiennes avaient démenti l’agression. http://news.tf1.fr/news/monde/0,,3263958,00.html

Experts de l’Onu: vives préoccupations sur les droits de l’Homme en Tunisie

AFP, le 16.11.2005 à 21h21                       GENEVE, 16 nov 2005 (AFP) – Trois experts de l’Onu ont fait part  mercredi, de leurs vives préoccupations sur la situation des droits  de l’Homme et la liberté d’_expression en Tunisie alors que s’ouvrait  le même jour à Tunis le Sommet mondial sur la société de  l’information (SMSI).                       Ces experts, dans un rapport à la Commission des Droits de  l’Homme de l’Onu ont pointé du doigt « la détérioration de la  situation de la liberté d’_expression, de réunion et d’association et  de l’indépendance des juges et des avocats en Tunisie. »                       Ils citent « des attaques répétées » contre des organisations de  défense des droits de l’homme et leurs membres y compris des  associations de magistrats, ainsi que contre des journalistes et  certains avocats.                         Ils en appellent au Gouvernement tunisien pour prendre  immédiatement « toutes les mesures nécessaires au respect des  libertés fondamentales ».                       Ces experts indiquent qu’ils lancent cet appel en jugeant que le  sommet est « une occasion de réitérer l’importance de la liberté  d’opinion et d’_expression dans le monde en particulier pour la  promotion et protection des droits de l’Homme. »                        Les militants des droits de l’Homme, les juges, les homme de loi  et les journalistes en Tunisie devraient être en mesure d’exercer  leurs activités dans « dans un climat sûr, libre et constructif »,  estiment-ils.                       Les trois experts sont la Représentante spéciale sur la  situation des défenseurs des droits de l’Homme, Hina Jilani, le  Rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’_expression, Ambeyi  Ligabo, et le Rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des  avocats, Leandro Despouy.                        Le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI),  organisé par l’Onu, s’est ouvert mercredi à Tunis et prendra fin le  18 novembre. Il a l’ambition de faire jouer la solidarité numérique  entre pays riches et pays pauvres.                       Le choix de Tunis pour tenir cette réunion a été critiqué par  des organisations de défense des droits de l’Homme qui dénoncent des  atteintes à la liberté d’_expression, notamment sur l’internet, et  aux libertés publiques.                       Deux suspects ont été arrêtés après une agression vendredi soir  à Tunis contre un reporter du journal Libération venu enquêter sur  la situation des droits de l’homme en Tunisie. 

« Sommet citoyen » en marge du SMSI à Tunis

 

AFP, le 16.11.2005 à 19h25                       TUNIS, 16 nov (AFP) – Environ deux cents personnes, dont le prix  Nobel de la Paix Shirin Ebadi, ont participé mercredi à Tunis à un  « sommet citoyen » en marge du Sommet mondial sur la société de  l’information (SMSI), à l’appel d’ONG internationales et tunisiennes  de défense des droits de l’homme et de la liberté d’_expression.                       Le président de la Fédération internationale des ligues des  droits de l’homme, Sidiki Kaba, a déclaré « ouverte » cette réunion au  siège de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH).                       « Votre mobilisation est une victoire, un signe de détermination  à défendre les libertés partout dans le monde », a-t-il ajouté à  l’adresse des participants rassemblés dans les locaux de la LTDH  baptisés « siège de la résistance citoyenne ».                       Shirin Ebadi a évoqué la grève de la faim observée depuis un  mois par sept opposants tunisiens qui réclament plus de libertés.                       « Ils ont pris le risque de leur vie pour que nous puissions nous  réunir ici », a déclaré Mme Ebadi. « Pour rendre hommage à ces  personnes, je vous invite à vous rendre jeudi à leur chevet »,  a-t-elle proposé sous les acclamations de l’assistance.                       Elle a également appelé à la libération de « tous les prisonniers  politiques », faisant écho à l’une des demandes des grévistes de la  faim.                       Mme Ebadi a représenté la société civile à l’ouverture,  mercredi, du SMSI et a dénoncé notamment la censure sur internet et  la répression des cyberdissidents dans plusieurs pays.                       Le rapporteur spécial de l’Onu pour la protection des droits  d’opinion et d’_expression, Ambeyi Ligabo, a assisté à l’ouverture du  « sommet citoyen », de même que le maire de Genève, Manuel Tornare,  qui a témoigné de « la solidarité » de sa cité « avec tous ceux et  celles qui sont l’objet de harcèlement, de mesures de répression ou  d’emprisonnement ».                       « Nous apportons notre soutien aux personnalités en grève de la  faim », a-t-il dit, condamnant « fermement les actes de violence  exercés, à l’égard des militants des droits de l’homme et des  journalistes ces derniers jours » en Tunisie.                       Yves Steiner, représentant d’Amnesty International, a déploré  qu’un rapport de son organisation sur « les atteintes aux droits  humains » en Tunisie n’ait pu être distribué dans l’enceinte du  SMSI.                       Le président de la LTDH Mokhtar Trifi a souligné que les  autorités tunisiennes avaient tenté, en mettant « tous les  obstacles », d’empêcher la tenue de ce sommet parallèle.                       Les autorités tunisiennes accusent les grévistes de la faim de  monter « une mise en scène » à l’occasion du SMSI et estiment que  leurs revendications « n’ont aucune substance ».                   

Le Sommet de l’information se penche sur les innovations technologiques

par Patrick BAERT                         AFP, le 17.11.2005 à 11h54                        TUNIS, 17 nov (AFP) – Le Sommet mondial sur la société de  l’information (SMSI) s’est penché jeudi à Tunis sur les innovations  technologiques, notamemnt un ordinateur bon marché pour réduire la  fracture numérique, alors que les atteintes à la liberté  d’_expression étaient à nouveau dénoncées.                       Les 170 pays membres, dont une cinquantaine de chefs d’Etat, ont  poursuivi leurs travaux au lendemain de l’inauguration du sommet par  le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et le secrétaire  général de l’Onu, Kofi Annan.                       M. Annan a profité de son passage à Tunis pour lancer devant la  presse un ordinateur à bas prix destiné à équiper les pays en  développement. Ce projet prend la forme d’un prototype portable au  prix coûtant de cent dollars.                       Le projet ambitionne de doter chaque enfant, en particulier ceux  des pays pauvres, d’un ordinateur portable personnel pour faciliter  l’accès à l’éducation et à la communication.                       Le Sommet, qui rassemble des dirigeants politiques mais aussi  des centaines d’entreprises multinationales au Palais des  expositions du Kram, près de Tunis, est aussi dominé par le Fonds de  solidarité numérique, initiative africaine visant à financer des  projets technologiques dans les pays en développement.                       Officiellement lancé cette année, le Fonds a recueilli à ce jour  près de huit millions d’euros, ont annoncé ses initiateurs.                        Mais la tenue du sommet en Tunisie continue à susciter des  critiques envers le respect de la liberté d’_expression dans ce  pays.                       Le secrétaire général de l’organisation française de défense des  journalistes Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard, venu  participer au SMSI, a ainsi annoncé qu’il avait été refoulé par les  autorités tunisiennes.                       M. Ménard, arrivé de Paris à bord d’un vol régulier d’Air  France, a déclaré par téléphone depuis l’avion que des civils  tunisiens étaient montés à bord pour lui demander de ne pas  descendre car il n’était « pas accrédité au SMSI ».                       RSF, dont des représentants participent au SMSI, a critiqué  l’organisation en Tunisie d’un sommet de l’Onu sur l’information,  estimant que ce pays bafoue la liberté de la presse et emprisonne  les cyberdissidents.                       En écho, trois experts indépendants de l’Onu ont fait part de  leurs vives préoccupations sur la situation en Tunisie.                       Dans un rapport à la Commission des droits de l’homme de l’Onu,  ces rapporteurs spéciaux ont pointé du doigt « la détérioration de la  situation de la liberté d’_expression, de réunion et d’association et  de l’indépendance des juges et des avocats en Tunisie. »                       L’avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix 2003, a  demandé de son côté à sept opposants tunisiens en grève de la faim  depuis un mois de cesser leur mouvement.                       « L’objectif de la grève a été largement atteint et le message  est parvenu au monde entier », a déclaré Mme Ebadi en rendant visite  à Tunis à ces opposants, après avoir dénoncé mercredi au Sommet la  censure sur l’internet et la répression des cyberdissidents partout  dans le monde.                       La Chine a en revanche défendu la mise en place d’un mécanisme  permettant de lutter contre les atteintes à la « sécurité de l’Etat »,  une terminologie  fréquemment utilisée dans ce pays à l’encontre des  opposants.                       « Les technologies de l’information et de la communication sont  de plus en plus présentes dans notre vie quotidienne et leur impact  négatif se fait de plus en plus jour », a expliqué le vice-Premier  ministre chinois, Huang Ju.   

Focusing on its mission, U.N. tech summit renews push to bring Internet to poor

By MATT MOORE, Associated Press Writer  Associated Press, le 17.11.2005 à 09h07                       TUNIS, Tunisia (AP) _ A U.N. technology summit was set to get down to business on Thursday as it focused on bringing more communications, including Internet access, to developing countries where the cost has been too high and the technology too low-tech.                       Libyan leader Moammar Gadhafi and Senegalese President H.E. Wade were among the leaders scheduled to address the World Summit on the Information Society, which ends on Friday.                       At the same time, several companies and organizations were unveiling their plans to bring the world closer and, in a sense, narrow the digital divide, by providing laptops that cost just US$100 to portable, satellite-based radios that can pull in international programming from just about anywhere.                       More than 16,000 people from 176 countries are attending the three-day summit.                       Microsoft Corp., the world’s largest maker of software, unveiled a new network of learning centers in Tunisia that will train people to be teachers in technology.                       The effort is part of a joint push with UNESCO to make technology easier to understand and, ultimately, to spread its reach across Africa, Asia and the Middle East.                       «We welcome this project for its scope and potential,» said Koichiro Matsuura, UNESCO’s general director.                       Jean-Phillippe Courtois, president of Microsoft International, told The Associated Press that the year-old project has gained steam and the 200 centers it plans to open in Tunisia will be replicated elsewhere.                       «The InfoYouth Center represents the type of program that effectively addresses education and development issues to date,» he said.                       ___ On the Net: http://www.itu.int/wsis
Associated Press

Shirin Ebadi demande aux grèvistes de la faim d’arrêter leur jeûne

AFP TUNIS – L’avocate iranienne Shirin Ebadi, prix Nobel 2003 de la Paix, a demandé jeudi à Tunis à sept opposants tunisiens en grève de la faim depuis un mois de cesser leur mouvement, a constaté un journaliste de l’AFP. « Nous vous prions de cesser votre grève de la faim », a demandé Mme Ebadi aux sept hommes en grève de la faim depuis le 18 octobre dans le cabinet d’un avocat du centre de la capitale tunisienne. L’avocate iranienne, qui participe depuis mercredi au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), a symboliquement offert des dattes aux grèvistes pour les convaincre de mettre un terme à leur mouvement. « Votre santé est indispensable pour que vous puissiez continuer votre combat pour la liberté », a ajouté le prix Nobel de la Paix. « L’objectif de la grève a été largement atteint et le message est parvenu au monde entier », a-t-elle ajouté. Mme Ebadi s’exprimait au nom des ONG représentant la société civile au SMSI, en présence de dizaines de représentants d’ONG internationales et tunisiennes. « Votre requête sera prise en considération », a assuré l’un des grèvistes, le secrétaire général du Parti démocratique progressiste (PDP, légal), Nejib Chebbi, affirmant que la décision de continuer ou non la grève sera annoncée vendredi « après concertations ». « L’objectif politique que nous avions fixé a été largement atteint », a estimé Me Chebbi, se félicitant d’un « large mouvement de soutien » sur les plans national et international. « Vous avez gagné. Je vous réitère notre demande de cesser votre grève », a déclaré pour sa part le président de la Fédération internationale des droits de l’homme, Sidiki Kaba. La Commission nationale de soutien aux grèvistes regroupant des ONG et des personnalités politiques tunisiennes, dont le président d’honneur de la Ligue tunisisienne des droits de l’Homme, Saâdoun Zmerli, a formulé la même requête. Très acclamée et saluée par des youyous de femmes, parentes de prisonniers et militantes féministes, Mme Ebadi a ensuite quitté le rassemblement sous le regard de policiers en civil en faction autour de l’appartement cabinet de Me Ayachi Hammami, lui-même grèviste. Les grévistes demandent le respect des libertés publiques et des droits de l’homme et réclament la libération de quelque cinq cents « prisonniers d’opinion ». Parmi eux figurent également le porte-parole du Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT, interdit), Hamma Hammami, le président du syndicat des journalistes (non agréé), Lotfi Hajji, et le président de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP, non reconnue), Mohamed Nouri. Les autorités tunisiennes accusent les grévistes de la faim de monter « une mise en scène » à l’occasion du SMSI et estiment que leurs revendications « n’ont aucune substance ».

La grève de la faim sur le point d’être interrompue
Rachid KHECHANA TUNIS, 17.11.05 (InfoSud)
Des personnalités internationales ont insisté auprès des grévistes de la faim tunisiens pour qu’ils interrompent leur mouvement. Des dattes offertes aux grévistes de la faim aux visages pales et aux
yeux creux au bout de trente jours de jeûne. C’était l’avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix qui leur tendait le fruit symbolique en signe de solidarité, « selon les traditions iraniennes », précisait-elle. L’étude exiguë de Me Ayachi Hammami où logent les sept grévistes a été envahie par des dizaines de sympathisants. La délégation comprenait également le président de la Fédération internationale des droits de l’homme Seddiki Kaba, le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes Aidan White, Alexis Krikorian, de la Fédération internationale des Editeurs (Genève) et d’autres responsables de l’IFEX (International Freedom of _Expression Exchange). Le premier président de la Ligue Tunisienne des droits de l’homme (LTDH), le Dr Saadoun Zmerli qui parlait au nom des Tunisiens présents. Les grévistes revendiquent la proclamation d’une amnistie générale, la libéralisation des médias et la légalisation des partis et associations non reconnus. Tout en rendant un hommage à leur action, Mme Ebadi les a exhorté d’y mettre fin : « Vos revendications sont désormais les nôtres », a-t-elle affirmé sous les applaudissements nourris de l’assistance. Et Dr.Zmerli d’enchaîner : « Pour des raisons humaines mais aussi pour vous préserver d’un danger éminent, il faut absolument cesser la grève le plus tôt possible. Dans sa réponse à l’appel, Me Néjib Chebbi secrétaire général du Parti Démocratique Progressiste (PDP), manifestement ému, a affirmé au nom de ses camarades que cette proposition « sera étudié avec beaucoup d’intérêt ». Les sept grévistes se sont réunis cet après-midi avec le huitième, Me Abderraouf Ayadi, (que les médecins ont contraint à s’alimenter au quinzième jour de jeûne), pour fixer une décision jeudi soir. La tendance est nettement à satisfaire le désir des représentants de la société civile internationale. InfoSud/Rachid Khechana

Le secrétaire général de RSF refoulé à l’aéroport de Tunis

Je suis sidéré. J’ai tous les papiers en règle pour entrer dans ce pays, un passeport et un numéro d’accréditation au SMSI, et on me dit que je ne peux pas entrer », a annoncé jeudi le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard, depuis l’avion Paris-Tunis où il a été bloqué, refoulé par les autorités tunisiennes alors qu’il venait participer au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). M. Ménard a raconté qu’après l’atterrissage, vers 11 h 15, l’avion a diffusé par haut-parleur une annonce lui demandant de ne pas quitter son siège. Pendant que les autres passagers débarquaient, « plusieurs Tunisiens en civil » sont venus le voir pour lui indiquer qu’il « ne pouvait pas descendre car il n’était pas accrédité au SMSI », a-t-il indiqué à un représentant français de RSF, Jean-François Julliard, présent à l’aéroport et à des journalistes. Les autorités tunisiennes ont plusieurs fois indiqué que le responsable de l’association de défense des journalistes était « sous le coup d’une instruction judiciaire » en Tunisie et ne pouvait entrer dans le pays que sur la convocation d’un magistrat. « BÊTE NOIRE DU PRÉSIDENT BEN ALI » « Robert Ménard est un peu devenu la bête noire du président Ben Ali. C’est devenu une affaire quasi personnelle, puisqu’il y a des représentants de RSF au SMSI. Ce sont les autorités tunisiennes qui bloquent », a déclaré M. Julliard à des journalistes présents à l’aéroport de Tunis-Carthage. Le déroulement du sommet de Tunis, qui vise à réduire la fracture numérique entre pays riches et pays pauvres, a été critiqué par des organisations comme RSF qui accusent la Tunisie de bafouer la liberté de la presse. La polémique a rebondi après l’agression dont avait été victime vendredi 11 novembre à Tunis un journaliste de Libération, Christophe Boltanski, venu enquêter sur les droits de l’homme. Paris, qui a demandé à Tunis de faire « toute la lumière » sur cette affaire, a haussé le ton mardi : le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a appelé la Tunisie à garantir « la liberté d’information et le libre exercice par les journalistes de leur métier ». Les autorités tunisiennes ont nié toute implication dans cette affaire, comme dans l’agression d’une équipe de la télévision belge RTBF qui a dit avoir été molestée lors d’un reportage sur la liberté d’_expression. AFP  

Paris « regrette qu’aucune solution n’ait été trouvée » pour Robert Ménard

AFP 17.11.05 | 13h35 Le ministère des Affaires étrangères a « regretté » jeudi « qu’aucune solution n’ait pu être trouvée » pour le secrétaire général de l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF), empêché d’entrer en Tunisie.Le porte-parole du Quai d’Orsay, Jean-Baptiste Mattéi, a rappelé que le chef de la diplomatie Philippe Douste-Blazy avait appelé lundi « les autorités tunisiennes à tout mettre en oeuvre afin que la liberté d’information et le libre exercice par les journalistes de leur métier soient garantis ». »Ce message a été transmis aux autorités tunisiennes, à Tunis comme à Paris », a déclaré M. Mattéi à la presse.Interrogé sur le fait que M. Ménard a été refoulé à l’aéroport de Tunis, il a répondu: « nous regrettons que, dans ce cas particulier, aucune solution n’ait pu être trouvée ».Une source officielle tunisienne a indiqué jeudi que le responsable de RSF était « sous le coup d’une instruction judiciaire en cours pour violences et saccages de biens publics tunisiens en France » et avait été « prié ce jour de quitter le territoire tunisien en attendant de recevoir une convocation du magistrat en charge de l’affaire ».M. Ménard, venu participer au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) dans la capitale tunisienne, s’est déclaré « sidéré », et a ajouté qu’il avait « tous les papiers en règle pour entrer dans ce pays ».

« Instruction judiciaire en Tunisie » contre Robert Ménard (autorités)

AFP 17.11.05 | 13h19 Les autorités tunisiennes ont indiqué jeudi que Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation française de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF), avait été empêché d’entrer en Tunisie car il y est « sous le coup d’une instruction judiciaire en cours ». »M. Robert Ménard, sous le coup d’une instruction judicaire en cours pour violences et saccages de biens publics tunisiens en France, a été prié ce jour de quitter le territoire tunisien en attendant de recevoir une convocation du magistrat en charge de l’affaire », a-t-on indiqué de source officielle.Venu participer au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), organisé par l’Onu, M. Ménard a été empêché de débarquer à l’aéroport de Tunis-Carthage dès son arrivée de Paris d’un avion d’Air France, des officiels tunisiens lui ayant signifié qu’il n’était pas accrédité au sommet. Se référant à l’Union internationale des télécommunications (UIT), agence de l’Onu chargée des accréditations au SMSI, les autorités tunisiennes ont indiqué que « les poursuites contre M. Ménard sont visiblement étrangères à sa participation au SMSI ». « Les dispositions de l’accord avec le pays hôte relatives à l’immunité juridictionnelle ne sont pas applicables », a-t-on noté source officielle à Tunis.De même source, on a ajouté que « les Nations Unies avaient décidé en 2003 de suspendre le statut consultatif de l’organisation Reporters sans frontières pour comportement violent ».En décembre 2003, lors de la première phase du SMSI à Genève, « cette organisation (RSF) s’était vu interdire tout accès aux travaux du sommet, les autorités suisses s’étant alors chargées de faire respecter cette interdiction ».S’agissant de l’instruction judiciaire contre M. Ménard, les autorités tunisiennes ont rappelé « les faits, tels qu’ils se sont déroulés ». »Le 28 juin 2001, a-t-on indiqué de source officielle, M. Robert Ménard, accompagné d’un groupe d’individus, s’était introduit par effraction dans les locaux de l’Office national tunisien du tourisme, à Paris. Après avoir défoncé la porte d’entrée, M. Ménard et son groupe ont agressé une employée de l’Office du tourisme, puis se sont livrés à des opérations de saccage des biens mobiliers et des documents de l’office ». »Devant le refus de M. Ménard et ses complices de quitter les lieux, le représentant de l’office avait été amené à saisir le justice française qui a ordonné en référé son expulsion des lieux et sa poursuite pour obstruction par la violence à la liberté de travail dans un établissement public, et destruction volontaire de bien d’autrui », a-t-on ajouté.L’Office du tourisme, « en la personne de son représentant légal, avait aussi introduit une plainte auprès du parquet de Tunis à l’encontre de M. Robert Ménard », a-t-on indiqué. »Les propos indécents tenus en outre hier (mercredi) par M. Ménard à l’égard des Nations Unies, dont il qualifie les fonctionnaires de +faux-culs+ et où il se définit lui-même comme +fou furieux+ sont suffisamment éloquents, et se passent de tout commentaire », ont enfin souligné les autorités tunisiennes.  

Robert Ménard refoulé de Tunis met en cause Philippe Douste-Blazy

AFP, jeudi 17 novembre 2005 TUNIS – Le secrétaire général de l’organisation française de défense des journalistes Reporters sans frontières, Robert Ménard, refoulé jeudi de Tunis, a accusé le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy de tenir « un double langage ». « Il y a un double langage, un à Paris et un à Tunis. Douste-Blazy fait de grandes déclarations à Paris, mais il ne veut pas se fâcher avec les Tunisiens », a déclaré M. Ménard qui s’adressait par téléphone depuis l’avion à des journalistes à l’aéroport de Tunis-Carthage. Il a affirmé que M. Douste-Blazy lui avait déclaré mercredi à Paris « qu’il allait informer l’ambassade de France et quelqu’un de l’ambassade m’attendrait à l’aéroport. » M. Ménard, qui est sous le coup d’une instruction judiciaire en Tunisie, selon les autorités de ce pays, s’est vu interdire jeudi de débarquer de l’avion venant de Paris où il devait retourner par le même vol à midi (11H00 GMT).

Grève de la faim de Montréalais solidaires de Tunisiens

Touzin, Caroline AFP La Presse (Montréal) Monde, jeudi 17 novembre 2005, p. A25 Une quinzaine de Montréalais ont entrepris une grève de la faim de 48 heures, hier matin, pour protester contre la répression des libertés en Tunisie. Ils ont installé un campement devant le consulat de la Tunisie dans la métropole, au moment où le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) s’est ouvert dans ce pays du Maghreb. L’une des grévistes, Imen Derouiche, 39 ans, connaît bien le régime du président tunisien Ben Ali. En 1998, elle a été arrêtée, puis emprisonnée durant un an et demi en Tunisie. Son crime: avoir organisé une manifestation pacifique contre la présence policière à l’Université des sciences économiques et de droit à Tunis. En prison, elle dit avoir été torturée et violée. Mme Derouiche a fini ses études en économie derrière les barreaux. À sa sortie de prison en 2000, elle part pour la France. Aujourd’hui, elle vit à Montréal. Elle refuse de se taire. Même si, à la suite de son arrestation, sa famille a reçu des menaces. Son frère a perdu son emploi et a aussi quitté le pays.  » La Tunisie a faim de libertés « , a-t-elle scandé d’un air défiant, hier, alors qu’un représentant du consulat prenait des photos des grévistes. Plusieurs organismes de défense des droits, dont Amnistie internationale, Reporters sans frontières et la Ligue des droits et libertés, ont uni leurs voix à celle des grévistes. Ils dénoncent l’augmentation ces derniers mois de la répression et de la censure du régime de Ben Ali.  » Quelle aberration de tenir ce sommet à Tunis. La Tunisie est l’un des pays les plus répressifs, où le mot démocratie a été depuis longtemps vidé de son sens et où la liberté sur Internet a été confisquée par une police du cyberespace « , a affirmé le directeur général de la section canadienne francophone d’Amnistie internationale, Michel Frenette, en conférence de presse aux côtés des grévistes. Ces propos font écho à ceux de trois experts de l’ONU qui ont exhorté, hier à Tunis, le gouvernement du pays à prendre immédiatement  » toutes les mesures nécessaires au respect des libertés fondamentales « . Dans un rapport à la Commission des droits de l’homme des Nations unies, ils citent  » des attaques répétées  » contre des organisations de défense des droits de l’homme, y compris des associations de magistrats, ainsi que contre des journalistes et des avocats. Solidarité des grévistes Les grévistes de Montréal sont solidaires des sept leaders tunisiens qui mènent une grève de la faim illimitée depuis le 18 octobre. Ces derniers ont reçu un appui important, hier, du Prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi, représentante de la société civile au SMSI. Elle a également prononcé un discours au  » sommet citoyen « , organisé en marge du sommet officiel.  » Ils ont pris le risque de leur vie pour que nous puissions nous réunir ici « , a-t- elle dit. Pour leur part, les autorités tunisiennes accusent les grévistes de la faim de faire  » une mise en scène « . Elles estiment que leurs revendications  » n’ont aucune substance « . Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, des centaines de patrons d’entreprises informatiques et quelque 20 000 délégués sont réunis jusqu’au 18 novembre à Tunis dans le cadre du SMSI pour discuter de l’administration d’Internet. Ce sommet est organisé par l’ONU.  

L’agence Tunis Afrique Presse à l’heure de l’internet

AFP Infos Mondiales International, jeudi 17 novembre 2005 TUNIS – L’agence tunisienne d’information Tunis Afrique Presse (TAP) a annoncé à l’ocasion du Sommet mondial sur la société de l’information à Tunis le lancement d’un site internet pour « marquer son entrée effective dans le monde de l’information numérique ». Le site www.tap.info.tn est destiné à ses abonnés traditionnels (medias nationaux et institutions publiques) mais aussi à un public plus étendu et plus spécialisé. Le site en trois langues (arabe, français, anglais) comporte un espace vitrine en accès libre grand public présentant les activités de la TAP et offre des services aux médias et entreprises avec outils de recherche. Certains rubriques de ce site où la couleur bleue domine sont encore en construction, mais des liens orientent aussi vers les sites officiels du gouvernement, du Palais présidentiel de Carthage, du patronat et de certains quotidiens. Créée en 1961, la TAP, l’une des agences d’information les plus en vue parmi celles des pays en développement, compte aujourd’hui 220 journalistes et photographes et dispose d’un réseau de correspondants dans tout le pays. Elle utilise « en exclusivité et en relais » les trois agences mondiales (AFP, AP, Reuter) ainsi qu’une quarantaine d’agences arabes et régionales.


 

Le Sommet de l’information appelle le monde à la solidarité numérique

par Patrick BAERT                         AFP, le 16.11.2005 à 20h56                       TUNIS, 16 nov (AFP) – Le Sommet mondial sur la société de  l’information (SMSI), plus grande manifestation jamais organisée par  l’Onu, a démarré mercredi à Tunis avec l’ambition de faire jouer la  solidarité numérique entre pays riches et pays pauvres.                       Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a ouvert le sommet  au Palais des expositions du Kram (banlieue Nord de Tunis), en  présence de plusieurs milliers de représentants de 170 Etats, de la  société civile et du secteur privé.                       « Nous souhaitons que ce sommet soit l’occasion d’un véritable  nouveau départ pour une société de l’information juste, équilibrée  et solidaire », a déclaré M. Ben Ali.                       Le choix de Tunis pour tenir cette réunion a été critiqué par  des organisations de défense des droits de l’homme qui dénoncent des  atteintes à la liberté d’_expression, notamment sur l’internet, et  aux libertés publiques.                       Dès l’ouverture du sommet, l’avocate iranienne Shirin Ebadi,  Prix Nobel de la Paix, a condamné, au nom de la société civile, la  répression des cyberdissidents et demandé à l’Onu de créer un comité  chargé de lutter contre la censure sur le net.                        Le SMSI, entouré d’un considérable dispositif de sécurité, est  la plus importante manifestation jamais organisée par l’Onu, avec  23.000 participants inscrits, selon l’Union internationale des  télécommunications (UIT).                       Aucun grand dirigeant occidental n’est présent à Tunis, le  sommet réunissant une majorité de responsables africains et arabes.                       Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a appelé la  communauté internationale à se mobiliser pour mettre les nouvelles  technologies au service des pays pauvres. Leur bénéfice demeure  « inaccessible pour beaucoup trop de gens », a déploré M. Annan, qui  avait lancé l’idée de connecter tous les villages du monde à  l’internet en 2015.                       « Les obstacles sont, en l’occurrence, de nature politique plus  que financière. Il est possible de réduire le coût des connexions,  des ordinateurs et des téléphones mobiles », a-t-il lancé.                       Mais les pays riches s’opposent au principe d’une contribution  obligatoire. Les présidents sénégalais, Abdoulaye Wade, et nigerian,  Olusegun Obasanjo, ont plaidé pour le Fonds de solidarité numérique  qui a déjà recueilli 8 millions d’euros.                       Le SMSI est aussi marqué par le débat sur le contrôle de  l’internet opposant les Etats-Unis, actuels superviseurs de la  toile, aux autres pays qui souhaitent généralement mettre en place  un cadre international.                       Les participants étaient parvenus mardi à un compromis, au prix  d’un maintien de la main-mise américaine sur le système. Un accord  doit encore être formellement approuvé par le sommet qui s’achève  vendredi.                       En écho aux aux défenseurs de la liberté de la presse dénonçant  le choix de Tunis, M. Annan a estimé que « la société de  l’information est impensable sans liberté ».                       Alors que le président suisse Samuel Schmid a directement appelé  la Tunisie à respecter la liberté d’_expression, sept opposants  tunisiens en grève de la faim depuis près d’un mois ont adressé un  message à M. Annan pour dénoncer la situation des libertés et des  droits de l’homme dans leur pays.                       Environ deux cents militants associatifs ont pu participer dans  le centre de Tunis à un « sommet citoyen » en marge du SMSI après  avoir été empêchés à plusieurs reprises de se réunir au cours des  jours précédents.                       Toujours en marge du sommet, le dirigeant palestinien Mahmoud  Abbas a rencontré le chef de la diplomatie israélienne, Sylvan  Shalom, sa première entrevue avec un haut responsable de l’Etat juif  depuis plusieurs mois.  

 
16-11-2005 http://www.radio-canada.ca/actualite/ L’émission « Le Monde » à partir de la minute 6 (+ les titres du journal)

Un sujet sur la grève de la faim de solidarité organisée à Montréal devant le Consulat tunisien.

__________________ http://jt.france2.fr/13h/

Un sujet sur la Tunisie dans le JT de 13 heures de ce 17 novembre 2005 (à partir de la 22ème minute)


Le sommet organisé par l’ONU en Tunisie s’ouvre dans un pays où règnent injustice et arbitraire. Ben Ali, l’information torturée

Par Vincent GEISSE et Chokri HAMROUNI jeudi 17 novembre 2005
Vincent Geisse politologue et Chokri Hamrouni politologue et responsable de la coordination du Congrès pour la République. a Tunisie est en train de vivre l’un des moments les plus dramatiques de son histoire moderne. Une véritable chape de plomb s’est abattue sur le pays et un sentiment accru de morosité et d’impatience, faisant craindre le pire, se fait de plus en plus ressentir chez une majorité de Tunisiens. Incontestablement, la Tunisie va mal. Elle est devenue le pays où la population s’ennuie le plus tant les visages et les discours sont demeurés inchangés (en atteste le nombre croissant des candidats à l’émigration clandestine). Plus grave encore, la Tunisie est surtout devenue le pays où l’injustice et l’arbitraire font office de loi, où la répression est le seul sort réservé à ceux qui luttent contre le fatalisme et veulent changer les choses pacifiquement. Société civile bâillonnée, partis politiques domestiqués sinon systématiquement harcelés et intimidés, université normalisée, presse muselée, justice asservie et achevant le travail d’une police politique des plus redoutables du monde arabe… Et pendant ce temps, des centaines de prisonniers politiques (500 environ) continuent de croupir injustement dans les prisons du général Ben Ali qui ressemblent de plus en plus à des mouroirs. Bref, la Tunisie de Ben Ali n’est pas cette «terre de sérénité» comme le proclame dans le métro parisien les affiches de l’office du tourisme tunisien et encore moins ce «miracle économique» dont se vante inlassablement la propagande officielle. Le fossé entre le pays réel et le pays imaginaire ne cesse de se creuser. Tiraillée entre la peur de l’inconnu et la crainte de l’arbitraire, la Tunisie panique, se recroqueville sur elle-même et dilapide peu à peu ses acquis. Dans ce contexte, l’organisation de la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), sous l’égide de l’ONU, ressemble à une provocation malsaine et agit comme le révélateur de toutes ces tensions qui font de la Tunisie, selon une métaphore qui circule au pays du jasmin, une «Cocotte-Minute» susceptible d’exploser à tout moment. D’un côté, des opposants indépendants et des militants des droits de l’homme qui croient tenir une chance historique pour mettre à nu la nature répressive du régime tunisien. En atteste la multiplication des initiatives protestataires et des opérations «Vérité» à l’approche du sommet : grève de la faim de huit personnalités du monde politique et associatif, organisation d’un «contre-sommet du SMSI», manifestations sur l’Internet (Yezzi, «ça suffit !») appelant au départ de Ben Ali et lancement de la campagne pour la dignité (Elkarama), inspirée du mouvement civique égyptien Kifaya !, revendiquant un changement démocratique et pacifique…
De l’autre, un régime policier qui refuse de céder la moindre parcelle de liberté, alternant violence (agression des représentants de la société civile tunisienne et du journaliste français Christophe Boltanski, expulsion du président de Reporters sans frontières) et mensonges d’Etat sur des énièmes promesses d’ouverture politique. Un bien piètre dosage pseudo démocratique qui ressemble plutôt à du saupoudrage autocratique. Durant cette période d’indécision dans l’attente d’une providentielle ouverture qui ne viendra jamais, le régime du général Ben Ali veut gagner un «double temps». Un temps pré-SMSI, celui de l’atermoiement et du décor de carton-pâte (qui sera démonté aussitôt le sommet terminé), et un temps post-SMSI, celui de la désillusion et surtout de la répression.
Pour mieux comprendre les origines de ce phénomène de grand écart dont le régime est passé maître, il faut revenir à un certain 7 novembre 1987. Un général policier sorti du ministère de l’Intérieur (la Dakhilia, comme l’appellent ironiquement les Tunisiens), arrivé au pouvoir au bénéfice d’un coup d’Etat qualifié pudiquement de «médical», contraint de faire mieux que son prédécesseur. Il est vrai que porter l’héritage du «Vieux Bourguiba» n’a pas dû être une partie de plaisir pour l’ancien ministre de l’Intérieur, habitué davantage à la discrétion que lui impose l’action sécuritaire. Bourguiba, l’autocrate éclairé, avait mis la barre très haut. Faire mieux que lui, c’est faire ce qu’il n’a pas su réaliser : instaurer durablement la démocratie. En promettant à son peuple la démocratie rêvée, Ben Ali a fait le grand écart entre ses intentions cachées d’autocrate patenté (consolider le système autoritaire) et les nécessités d’une réalité régionale changeante, appuyée par des citoyens rendus exigeants et lucides par la retraite forcée de leur Combattant suprême ! Verrouiller le système en même temps que vendre la démocratie ! Le discours officiel ­ certains diront la propagande ­ se devait de colmater les brèches et travestir la réalité. Pour se faire, Ben Ali a pu compter sur une «presse aux ordres du Président», ces «fonctionnaires de la plume», comme les appellent les Tunisiens, qui n’ont de journalistes que le titre. Une dictature des plus aiguë présentée comme une démocratie modèle ! Il n’y a qu’en Tunisie que ce genre de miracle sémantique peut se produire ! Et il n’y a qu’en France qu’un président de la République peut y apporter aussi vertement sa bénédiction !
Aujourd’hui, le régime de Ben Ali continue à persévérer dans cette voie jusqu’à en devenir une référence internationale en matière d’illusionnisme démocratique : démocrate un jour, plébiscitaire et unanimiste un autre ; «tigre économique» une fois, chantre de la solidarité sociale une autre fois ; héros arabe de la lutte contre le terrorisme islamiste à l’occasion, grand défenseur de l’identité arabo-musulmane lorsque la conjoncture l’exige… En somme, un «Etat caméléon» capable d’épouser toutes les formes, encouragé, d’une part, par le soutien complice des pays occidentaux (la France en tête) prétendant lutter avec acharnement contre la contrefaçon, excepté en politique semble-t-il, et, d’autre part, par la résignation d’un peuple assujetti et apeuré. Depuis la révision de la Constitution en mai 2002, la schizophrénie d’Etat a atteint son paroxysme : utiliser un procédé démocratique (le référendum) pour légitimer de nouvelles lois qui font fi de la démocratie et renforcent le «corset autoritaire» sur la société en institutionnalisant l’impunité du chef de l’Etat (le dictateur peut dormir tranquille !), en restaurant la présidence à vie pourtant abrogée en 1987 et surtout en criminalisant toute expression de l’opposition indépendante assimilée désormais à des actes antipatriotiques (le thème du «parti de l’étranger» bien connu dans les dictatures !). C’est donc ce même «régime caméléon» qui s’est proposé d’accueillir la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information, alors que le régime de Ben Ali est classé par Reporters sans frontières et Human Rights Watch parmi «les plus grands ennemis de la liberté d’expression dans le monde». Un sommet vécu comme une «mauvaise blague» par les Tunisiens excédés du double langage qui les réduit cyniquement à être des figurants dans leur propre histoire. Les défenseurs des libertés sont prévenus. Le professeur néerlandais Cees Hamelink, conseiller personnel du secrétaire général des Nation unies Kofi Annan, démissionnaire pour protester contre la tenue de ce sommet au «pays de Ben Ali», est affirmatif : «Une fois le sommet clôturé, les activistes tunisiens qui sont entrés en contact avec les étrangers seront arrêtés, emprisonnés et torturés.» Les nervis du régime l’ont d’ailleurs bien compris, répétant sur un ton menaçant aux militants des droits de l’homme, organisateurs du contre-sommet : «Le 19 [le lendemain du SMSI, ndlr] sera un autre jour» !!!
Vincent Geisse est coauteur avec Michel Camau du Syndrome autoritaire. Politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali, Presses de Sciences-Po, 2003.


 
La tension persiste entre Tunis et Berne
 
Après Samuel Schmid, le vice-président de la Confédération Moritz Leuenberger a réaffirmé jeudi à Tunis l’importance de la liberté d’_expression. Lors d’une conférence de presse, Moritz Leuenberger a eu droit à une charge féroce de plusieurs journalistes tunisiens. Quant à swissinfo, il n’est plus visible en Tunisie…
 
 
  Il fallait s’y attendre. Après le discours musclé du Président de la Confédération à l’ouverture du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), le ministre suisse de la communication – venu à Tunis pour les deux derniers jours de la conférence onusienne – a subi une salve de questions agressives de la part des médias tunisiens.
 
En substance, la Suisse a été critiquée pour son secret bancaire et pour sa bonne conscience de pays riche.
 
Mais les journalistes ont également reproché aux autorités helvétiques d’avoir embastillé des internautes musulmans, des personnes effectivement poursuivies par la justice genevoise pour avoir utilisé les ordinateurs de l’Université de Genève, afin de diffuser de la propagande extrémiste.
 
A l’issue de la conférence de presse, Moritz Leuenberger a répondu aux questions de swissinfo. Une interview qui ne pourra pas être lue en Tunisie.
 
swissinfo: Il semble se confirmer qu’il n’est plus possible de consulter swissinfo en Tunisie. Or, à tord ou à raison, ce site est considéré comme la voix de la Suisse. Quel est votre réaction?
 
Moritz Leuenberger: Si cela s’avère exact, il s’agit d’une violation de la liberté d’_expression. Ce que je déplore et condamne à la fois.
 
swissinfo: Ces derniers jours, la tension monte entre Berne et Tunis. Comment évaluez-vous cette crise diplomatique et son évolution?
 
M. L.: Le sommet est organisé par l’ONU. Il s’est tenu pour une première phase à Genève et pour la deuxième ici même à Tunis. Et nous avons toujours su que la question des droits de l’homme pouvait devenir un sujet délicat.
 
Mais contrairement à d’autres pays qui ont préféré ne pas envoyer de délégations de haut niveau, la Suisse a décidé d’être bien représentée à Tunis et de s’exprimer en priorité sur les thèmes traités par ce sommet.
 
Car les droits de l’homme ne sont pas l’unique sujet de ce sommet. Actuellement, on ne parle que de la situation des droits de l’homme en Tunisie. Or, nous n’avions pas pour but de venir à Tunis pour exclusivement thématiser cette problématique.
 
Il y a beaucoup d’autres questions que la Suisse a empoignées dans le cadre du SMSI. Nous avons également aidé à organiser cette 2e phase en Tunisie pour que ce sommet soit un succès.
 
Mais si nous abordons la question des contenus véhiculés par l’Internet et la liberté des médias, alors il faut s’exprimer sans détour.
 
swissinfo: Vous ne craignez pas que cette crise autour de la liberté d’_expression en Tunisie ne finissent par porter ombrage au sommet et à son contenu?
 
M.L.: Il ne faut pas abandonner notre profond attachement à la liberté d’_expression pour éviter une crise.
 
Interview swissinfo, Frédéric Burnand et Thomas Stephen à Tunis
 
(Source : www.swissinfo.org, le 17 novembre 2005 à 21h49)
 


 
Tunis. Applaudi à l’ouverture du Sommet de l’info, dans la capitale tunisienne, pour avoir osé critiquer la censure de l’information en Tunisie, le président de la Confédération a été censuré à son tour… par la TV locale!

 «Vous avez été censuré, Monsieur le président!»
Les gouvernements se sont engagés hier à Tunis, à l’ouverture du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), à réduire la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Un compromis a été conclu sur la régulation d’internet. Le sommet a été ouvert par le président tunisien Ben Ali, en présence d’une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont Samuel Schmid. Son discours très critique vis-à-vis des méthodes du régime tunisien a été très applaudi. Le torchon brûle entre Berne et Tunis. Samuel Schmid a été censuré hier matin par la TV tunisienne qui transmettait en direct l’ouverture du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Après l’homme fort tunisien, Ben Ali, et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, le président helvétique avait la parole, la Suisse étant l’hôte de la première phase du SMSI à Genève en 2003. Le président de la Confédération a alors abordé sans détours la répression et la censure en Tunisie: «Disons-le clairement…» Instantanément, le discours suivi par des millions de Tunisiens sur la chaîne locale Canal 7 est interrompu par une speakerine glorifiant Ben Ali. Mais à vingt kilomètres de la capitale, au Palexpo du Kram où se tient le Sommet, le président suisse est suivi avec intérêt: «Il n’est pas acceptable que l’Organisation des Nations Unies compte encore parmi ses membres des Etats qui emprisonnent des citoyens au seul motif qu’ils ont critiqué leur gouvernement ou leurs autorités sur internet ou dans la presse. »   Salve d’applaudissements   Interrompu par une salve d’applaudissements, il reprend: «Pour moi, il va de soi qu’ici, à Tunis, dans ces murs mais aussi à l’extérieur, tout un chacun puisse discuter en toute liberté. C’est l’une des conditions sine qua non de la réussite de cette conférence internationale. » Autre ovation. . . Avec son français «bernois» hésitant mais confiant, le bonhomme capte l’attention internationale. Selon les opposants tunisiens, c’est historique: pour la première fois, quelqu’un a osé critiquer publiquement le régime du général Ben Ali. . . assis à côté de son hôte. Dans les couloirs, des délégués occidentaux se sont déclarés très satisfaits de l’audace suisse. Un député italien a demandé que le discours de Schmid soit affiché au Parlement européen. «Monsieur le président, savez-vous que vos propos ont été censurés sur notre télévision nationale?» lui demande le journaliste indépendant tunisien Rachid Khechana. «Il faut continuer la discussion avec les autorités tunisiennes sur ce thème, répond Schmid. Il s’agit d’un processus et je suis convaincu que des événements comme ce sommet le favorisent. » Autre affront: le président avait reçu mardi soir un accueil glacial à l’aéroport. Seul le chef du protocole l’y attendait. Alors que la Confédération est l’invitée d’honneur du SMSI. Devant les journalistes, Schmid prend les choses avec humour: «J’ai été bien reçu par notre ambassadeur à Tunis. Que voulez-vous de plus? En Suisse, on est pragmatique et pas compliqué!» La colère du régime Ben Ali fait suite à une interview au Matin Dimanche du conseiller fédéral Moritz Leuenberger, chef de la délégation suisse, où il dénonçait les violations des droits de l’homme. En outre, des diplomates suisses, ainsi que des ONG de droits humains, ont régulièrement fait savoir à Tunis qu’organiser un sommet mondial — auquel la société civile est pleinement associée — implique le respect de ses propres citoyens.   La Toile reste en mains américaines   Les autres travaux du SMSI ont été un peu éclipsés par ces péripéties. Mais la principale nouvelle concerne la gouvernance d’internet: les Etats-Unis, sans lâcher du lest — c’est-à-dire leur contrôle de facto sur la gestion du web — ont accepté de poursuivre le dialogue dans un forum international sur cette question. Succès ou décision de décider plus tard? C’est selon.   Tunis / carole vann et Daniel Wermus infosud   (Source : « 24 Heures» (Suisse), le 17.11.2005)

 

Mini-Sommet dissident plébiscité

c. v. et d. w.   Le même après-midi, les dissidents tunisiens conviaient les journalistes internationaux à une conférence de presse dans les locaux de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), en pleine ville. Jusqu’à la dernière minute, la grande interrogation était de savoir si la police quadrillerait une fois de plus le quartier et disperserait la réunion par la force. Mais non.   Des centaines de journalistes, équipes TV, diplomates, militants de tous pays (Tunisiens compris) ont pu assister sans embûches à la réunion. La salle était comble. Même Manuel Tornare était au rendez-vous. Le maire genevois a rappelé que sa ville, comme organisatrice de la première phase du Sommet, était directement concernée par la tournure des événements en Tunisie. Et il a salué «le courage de Samuel Schmid».   Le coup d’éclat de ce dernier tenait la vedette durant cette rencontre médiatique transformée à l’improviste en mini-Sommet dissident. «Les autorités ont prouvé devant le monde entier qu’ils pratiquent la censure. Difficile après ça de dire que nous l’inventons», a déclaré l’Iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, qui était aussi au rendez-vous citoyen.   (Source : « 24 Heures» (Suisse), le 17.11.2005)  


 

BEN ALI IRRITE ENFIN SES AMIS FRANÇAIS

Nicolas Beau

 

« Cette fois, le régime tunisien a dépassé les bornes« , estime un haut fonctionnaire du quai d’Orsay après la violente agression dont a été victime, à Tunis le 11 novembre le journaliste de « Libération » Christophe Boltanski. Et le même diplomate d’affirmer, trois jours plus tard, que le ministère des Affaires étrangères allait rédiger une protestation officielle. Quelle audace !

 

Une certitude, les agressions en pleine rue par des nervis non identifiés contre des militants des droits de l’homme se multiplient ces derniers jours à Tunis où le Sommet mondial de la société de l’information, patronné par l’ONU, doit débuter le 16 novembre.

 

Un véritable « sommet de la désinformation« , comme titrent plusieurs journaux français… Tunis, ripoliné de neuf, est en état de siège : les militants des droits de l’homme en grève de la faim sont accusés de trahir leur pays; le patron de Reporters sans frontières, Robert Ménard, est interdit d’entrée en Tunisie sous prétexte d’une plainte déposée à son encontre, et le patron de la ligue tunisienne des droits de l’homme, tabassé en pleine rue, n’a même plus accès à son courrier électronique.

 

LUTTE DE CLANS

 

En organisant ce sommet surréaliste dans un pays où l’information est cadenassée, le régime tunisien se tire une balle dans le pied. D’autant que le président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, apparaît  » très malade, fatigué et isolé« , selon les confidences d’un ancien ministre. Lors de la « nuit du destin », la plus sacrée du ramadan, le 30 octobre, le chef de l’Etat priait assis, ce que l’islam ne permet que pour les fidèles malades. Durant le mois de jeûne, il n’est apparu qu’en de rares occasions, le regard fixe, sans que la télévision s’attarde comme à l’accoutumée sur sa personne. Fin de règne ? On l’espère…

Le 28 septembre, Ben Ali a d’ailleurs fait adopter à la sauvette une loi pour que l’Etat lui garantisse son traitement en cas de démission. Un article du texte précisait que l’administration prendrait également en charge les dépenses d’eau, de gaz et d’électricité de l’ancien président !

 

 » Il est possible que dans cette relative vacance du pouvoir certains clans jouent la politique du pire« , estime-t-on au quai d’Orsay. Dans ce cas, l’agression contre le journaliste de  » Libération » serait la bavure de trop. Des proches de Leila Trabelsi, la très ambitieuse femme du chef de l’Etat, passent en effet pour des partisans des méthodes expéditives et refusent de répondre aux timides appels à la modération des amis de la Tunisie tels la France ou les Etats-unis. Peu leur importe que Washington souhaite que Ben Ali en fasse autant « dans le domaine des réformes politiques » qu’en matière économique. Mais c’est déjà un peu tard pour sauver ce régime familial.

 

(Source : Le Canard Enchaîné, Mercredi 16 novembre 2005)


 

Samuel Schmid en Guillaume Tell de Tunisie

Carole Vann et Frédéric Burnand à Tunis

 

Le discours du président de la Confédération et sa censure par la télévision publique tunisienne ont frappé les esprits au pays du président Zine Ben Ali. Coïncidence ou non, le régime semble avoir lâché la bride aux ONG tunisiennes indépendantes.

 

Selon les opposants tunisiens, c’est historique: pour la première fois, une personnalité a osé critiquer publiquement le régime du général Ben Ali. Et ceci alors que le président était assis à côté de son hôte lors de l’ouverture du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI).

 

Dans les couloirs du Sommet, des délégués occidentaux se sont également déclarés très satisfaits de l’audace suisse. Un parlementaire italien a même demandé que le discours de Samuel Schmid soit affiché au parlement européen.

 

Sur les Champs Elysée de Tunis

 

Et le soir même dans les cafés qui bordent l’avenue Bourguiba – les Champs Elysée de Tunis – il n’était pas rare d’entendre des Tunisiens commenter l’affaire.

 

Echantillon: «Tu te rends compte. Le président de la Suisse a défendu la liberté en Tunisie. Et Canal 7 a stoppé son discours pour le remplacer par un reportage sur les animaux !»

 

Quant aux médias du monde entier, présents au sommet de Tunis, ils ont également tressé des couronnes au président de la Confédération, tout comme certains journaux en ligne indépendants tunisiens (généralement bloqués par les autorités tunisiennes et donc invisibles sur les écrans d’ordinateurs du pays).

 

L’étau se desserre

 

Coïncidence ou non, les dissidents tunisiens soutenus par les ONG internationales ont enfin pu – le jour du discours – tenir une conférence de presse dans les locaux de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), en pleine ville.

 

Parmi ces ONG figure la plate-forme suisse Communica-ch qui cherchait depuis des jours à organiser un sommet citoyen en marge du SMSI.

 

Des centaines de journalistes, équipes TV, diplomates, militants de tous pays (Tunisiens compris) ont été autorisés à assister sans embûches à la réunion. La salle était comble.

 

Même Manuel Tornare était au rendez-vous. Le maire de Genève a rappelé que sa ville, comme organisatrice de la première phase du Sommet, était directement concernée par la tournure des événements en Tunisie. Et il a salué «le courage de Samuel Schmid».

 

De fait, le coup d’éclat du président de la Confédération a tenu la vedette durant cette rencontre médiatique, transformée à l’improviste en mini sommet dissident.

 

«Les autorités ont prouvé devant le monde entier qu’elles pratiquent la censure. Difficile après ça de dire que nous l’inventons», a déclaré Shirin Ebadi, l’avocate iranienne des droits de l’homme, Prix Nobel de la Paix 2003, qui participait à ce rendez-vous citoyen.

 

Une chose est sure. Les autorités tunisiennes ont – au moins momentanément – lâché la bride aux opposants. En tous cas dans la capitale.

 

Pour preuve, une manifestation d’environ 150 personnes a pu se déployer dans les rues de Tunis et scander «à bas le régime» sans se faire réprimer par la police.

 

swissinfo avec Infosud, Carole Vann et Frédéric Burnand à Tunis

 

(Source : Le site www.swissinfo.org (Suisse), le 17 novembre 2005 à 17h42)

URL: http://www.swissinfo.org/sfr/swissinfo.html?siteSect=107&sid=6247420&cKey=1132251314000


 

Samuel Schmid impose son courage au Sommet mondial de l’information

TUNIS · Le président de la Confédération a été si courageux qu’il a été censuré.
Roger de Diesbach   Hier matin, à l’ouverture du Sommet mondial de l’information (SMSI) à Tunis, Samuel Schmid, président de la Confédération helvétique, et l’Iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix 2003 et représentante de la société civile à ce sommet, ont incontestablement volé la vedette aux autres illustres orateurs. Samuel Schmid a été interrompu à deux reprises par des salves d’applaudissements. Avant lui, le président tunisien Ben Ali et le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan avaient parlé dans le silence.   Critiques planétaire   Pourquoi ce succès du couple Schmid-Ebadi? Parce que tous deux ont fait preuve d’un courage certain, rappelant sèchement qu’un sommet mondial sur l’ouverture d’internet n’était pas dissociable du respect des droits de l’homme et de la liberté d’_expression. La Tunisie n’était pas explicitement montrée du doigt mais c’en était déjà trop. La Télévision tunisienne qui présentait l’ouverture du sommet a brusquement interrompu son émission lorsque Samuel Schmid a commencé à parler des droits de l’homme. La censure est évidente. Mme Ebadi connaîtra le même sort.   Si Kofi Annan avait rappelé que la société d’information ne pouvait pas fonctionner sans la liberté de chacun de chercher, de recevoir et de transmettre de l’information et des idées, Samuel Schmid a été bien plus explicite: «Utilisées à mauvais escient, les technologies de l’information peuvent être préjudiciables à la société en conduisant les Etats à surveiller leurs citoyens sans respecter leur sphère privée ou leurs droits démocratiques.»   Et «Super-Schmid» de poursuivre à l’adresse des 172 pays représentés à Tunis: «Parmi les individus encore interdits d’accès aux moyens d’information, nombreux le sont pour des raisons politiques. Il n’est pas acceptable que l’ONU compte encore parmi ses membres des Etats qui emprisonnent des citoyens au seul motif qu’ils ont critiqué leur gouvernement ou leurs autorités sur internet ou dans la presse (réd: c’est le cas de la Tunisie). Toute société du savoir respecte l’indépendance de ses médias comme elle respecte les droits de l’homme. J’attends donc que les libertés d’_expression et d’information constituent les thèmes centraux de ce débat.» A son arrivée mardi soir, le président suisse avait déjà été reçu par les Tunisiens au plus bas niveau, «aussi mal que le roi du Népal», nous dit-on de source autorisée. Gageons qu’il repartira dans une froideur sibérienne. Le Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a donné l’impression de dire tout haut ce que l’ONU n’avait pas le courage de dire. Elle dénonce ces pays qui manipulent les réunions internationales en y envoyant des ONG qu’ils ont eux-mêmes créées, s’élève contre les pays qui, pour des raisons morales, empêchent l’accès à l’information ou emprisonnent les auteurs de propos critiques, les écrivains, les défenseurs de droits de l’homme. Shirin Ebadi exige enfin la libération de tous les détenus pour délits d’opinion.   Un vrai miracle   Par ailleurs, Mme Ebadi propose que les pays riches achètent moins d’armes, ce qui leur donnerait les moyens de combler le fossé numérique existant entre le Nord et le Sud. Elle propose aussi de créer un comité ONU-ONG pour éviter le filtrage d’internet par des Etats qui sacrifient l’intérêt de leur peuple à leurs ambitions politiques.   Hier soir, la Ligue tunisienne des droits de l’homme donnait conférence de presse devant plus de 200 journalistes venus pour le sommet. Miracle! La police tunisienne n’a pas empêché cette manifestation. La Tunisie changerait-elle d’attitude grâce au SMSI? Mokhtar Trifi, président de la Ligue, estime le fait positif mais refuse de croire au Père Noël. Il a connu tant de revirements. Sujet principal de cette conférence: annoncer que le forum citoyen qui devait se tenir parallèlement au SMSI n’aura pas lieu, interdit par le régime Ben Ali. Ils sont navrés.   Shirin Ebadi, de nombreux orateurs et même le maire de Genève Samuel Tornare sont venus apporter leur soutien à la Ligue, aux grévistes de la faim et à tous les combattants tunisiens pour les droits de l’homme. Ils ont parlé si longtemps que les journalistes n’ont pas eu le temps de poser de questions. Commentaire d’une militante à la sortie: «Il faut les comprendre, ils ont si peu d’occasions de parler de leurs malheurs qu’ils en profitent. Et la conférence de presse où l’on a le droit de poser des questions, ils ne connaissent pas vraiment.»   (Source : « La Liberté » (Suisse), le 17.11.2005)

  SOMMET. Le président Samuel Schmid a appelé au respect de la libre _expression dans son discours inaugural. Trop tard: il n’y aura pas de «conférence alternative», ont regretté les ONG.  

Sans la nommer, la Suisse tance la Tunisie à l’ouverture du SMSI

L’obsession sécuritaire du régime de président Ben Ali lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui s’est officiellement ouvert mercredi matin, frise parfois le ridicule. Parallèlement aux négociations onusiennes proprement dites, qui ont connu un premier cycle de dimanche à mardi soir (lire ci-dessous), une série d’événements sont organisés au Palexpo de Tunis.   La Suisse soutient notamment un atelier consacré aux aveugles et à leur usage du Web. L’un des participants s’est déplacé accompagné de son chien qui lui sert de guide. Les responsables tunisiens ont refusé catégoriquement de laisser l’animal entrer dans l’enceinte du sommet. Les bus officiels lui étaient également refusés. On était à deux doigts de l’incident diplomatique lorsque les organisateurs ont finalement cédé. La brave bête est désormais accréditée. Comme quoi, si le gouvernement tunisien ne respecte pas toujours les droits humains, à force d’insister, il peut respecter celui des chiens. Cette anecdote, entendue auprès d’officiels tunisiens dans les allées du Palexpo, reste un détail dans l’organisation d’une conférence internationale. Elle révèle pourtant à quel point culmine la crispation du régime tunisien.   Le respect des droits de l’homme, voilà l’accent que Samuel Schmid, président de la Confédération et hôte d’honneur de la seconde phase du SMSI (Genève a abrité sa première phase en décembre 2003) avait choisi de donner à son discours d’ouverture. Protocole oblige, Samuel Schmid a parlé après le président tunisien Ben Ali et le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan. «La diversité d’Internet ne reflète pas celle du monde», s’est plaint le premier dans un appel ambigu à «préserver les spécificités culturelles». «L’ONU ne veut pas prendre le contrôle d’Internet», a rappelé le second pour mettre fin aux rumeurs lancées notamment par les Etats-Unis.   «Il est inacceptable que l’ONU compte en ses rangs des Etats qui emprisonnent des individus car ils ont critiqué leur gouvernement sur Internet, a dit le président de la Confédération. J’attends qu’ici, à Tunis, dans ces murs et à l’extérieur, tout un chacun puisse discuter en toute liberté.» Ces évidences, un grand nombre de membres de l’assemblée onusienne peut y souscrire en privé. Les énoncer à la tribune est pourtant un pas que tous ne sont pas prêts à franchir. Samuel Schmid a recueilli autant d’applaudissements que l’Iranienne Shirin Ebadi, qui parlait hier au nom de la société civile, partie prenante du sommet. Celle qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2003 a pris un ton plus dramatique en demandant la libération des prisonniers enfermés suite à l’exercice qu’ils ont fait de la liberté d’_expression.   L’allusion de Samuel Schmid à la situation tunisienne, où les prisonniers d’opinion ne manquent pas, était transparente. Depuis lundi, les ONG spécialisées dans les droits humains attirent l’attention sur leur impossibilité physique d’organiser une «Conférence alternative», rendue nécessaire, selon elles, par la non-accréditation de membres de la société civile tunisienne. Des salles avaient été réservées pour ce rassemblement. Ces réservations ont été annulées et, depuis lundi, toute tentative de se rassembler a fini sous les matraques policières.   L’appel à l’aide lancé mardi à l’Union européenne pour que les diplomates dénichent eux-mêmes un espace où les ONG pourraient s’exprimer librement a été vain. Hier, elles ont annoncé qu’elles n’étaient pas en mesure d’organiser un événement alternatif au SMSI. Pékin et Bahreïn, pas exactement des modèles de démocratie, avaient chacun autorisé la tenue d’un «contre-sommet». Le président Ben Ali a décidé que son sol national n’en connaîtrait pas.   (Source : « Le Temps » (Suisse), le 17.11.2005)  

Washington gagne la guerre de la gouvernance du Net

Un forum non contraignant sera créé en 2006.

David Haeberli   Qui doit diriger Internet? C’était l’une des grandes questions de cette conférence onusienne à Tunis. Une partie de la réponse est tombée mardi soir, à 22h10, après trois jours de négociations: un forum (le «Internet Governance Forum») sera créé en 2006, a décidé l’assemblée générale de l’ONU. Ouvert aux gouvernements, au secteur privé et à la société civile, le forum sera le lieu où pourront être discutés les problèmes du Web: spam, «phishing» et autres formes de piraterie, pornographie enfantine, système d’adressage, etc. Son existence devra être réévaluée dans cinq ans. «C’est le départ de l’internationalisation du Net», a dit un représentant de l’UIT. Mais les Etats-Unis ne perdront rien de leur pouvoir sur le réseau.   Paradoxalement, la création de ce forum est un grand succès de la diplomatie américaine. Il y a six semaines, à Genève, lors de la dernière conférence de préparation du sommet de Tunis, le gouvernement de George Bush s’était pourtant trouvé absolument seul pour combattre son existence. Le reste du monde voulait mettre fin à l’avantage historique que les Américains s’étaient assuré en participant, du point de vue technologique et financier, à l’édification du Net, en créant un corps de type onusien qui chapeauterait la Toile. Dans le viseur de la communauté internationale: le contrat liant l’Icann, société californienne en charge notamment de «l’annuaire des annuaires» qui permet au Net de fonctionner, et le Département du commerce américain qui valide ses décisions. Ce contrat doit prendre fin en septembre 2006 mais l’administration Bush avait clairement dit qu’elle ne céderait en rien la position qu’elle s’est assurée.   Hier, Michael Gallagher, sous-secrétaire au Commerce, s’est réjoui de l’arrivée prochaine du forum. «Nous soutenons entièrement sa création. Le texte reprend exactement ce que nous prônons», a-t-il dit au Temps. Son enthousiasme s’explique par le fait que ce forum n’aura aucune force contraignante. Nulle part les textes officiels ne mentionnent le contrat liant l’Icann et les autorités américaines. Pas un mot non plus sur l’Iana, autre agence opérant dans le même domaine que l’Icann et dont le rôle est d’égale importance. La discussion sur la position dominante des Etats-Unis sur le Net a eu lieu, et cette dernière en ressort intacte.   (Source : « Le Temps » (Suisse), le 17.11.2005)


 

Temps présent (*)

Tunisie, le sommet de l’intox

17 novembre 2005   Peut-on organiser le Sommet mondial sur la société de l’information dans un pays qui censure les médias et Internet ? Une équipe de Temps Présent s’est rendue à Tunis pour filmer une démocratie de façade où le respect de la loi permet de couvrir toutes les violations des droits de l’homme. Reportage sous surveillance.   Du 16 au 18 novembre, Tunis accueille la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), une manifestation parrainée par les Nations Unies visant à réduire la fracture numérique entre pays riches et pays pauvres et permettre à ces derniers d’avoir accès aux technologies de l’information et de la communication, tel l’Internet.   Parler de la société de l’information dans un pays qui musèle la liberté d’_expression et qui est régulièrement dénoncé par la Ligue des droits de l’homme : c’est le paradoxe tunisien. Pour s’en convaincre, une équipe de Temps Présent s’est rendue à deux reprises à Tunis afin de vérifier s’il est possible pour la presse étrangère de remplir son devoir d’information.   Sur place, le maître-mot du régime, c’est la surveillance. Mais pas question de montrer ce dispositif aux étrangers. Les policiers sont en civil et esquivent les questions des journalistes. Officiellement, tout est possible, à condition d’être chaperonné. Pour sa propre sécurité.   Notre équipe a néanmoins pu rencontrer Radia Nasraoui, une avocate qui est une des figures de la lutte pour les droits de l’homme et qui a permis de déjouer quelques filatures pour interviewer des opposants au régime et recueillir les témoignages de victimes de la répression.   Car sous ses atours modernes et prospères, la Tunisie est avant tout le pays du président Ben Ali, un homme affable qui gouverne depuis 18 ans d’une main de fer. La tenue de ce sommet est une fabuleuse publicité pour la Tunisie et doit permettre à Ben Ali de légitimer son modèle : une démocratie de façade.   Un reportage de Jean-Philippe Schaller et Christian Karcher Image : Yves Dubois Son : Benoît Crettenand Montage : Didier Sergent   (*) Temps Présent, le plus ancien magazine d’information de la TSR, traite depuis 1969 de sujets politiques, sociaux, économiques, historiques et de faits de société puisés dans l’actualité au sens large, suisse ou internationale.   Le programme peut être visionné sur le site de la TSR : http://www.tsr.ch   Il est rediffusé sur TV5 le mercredi  23 novembre 2005, à 21h03   Site web ou l’on pourra visionner le magazine: http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=370506


Tunis Moindre mal
SABATIER Patrick Libération EVENEMENT, jeudi 17 novembre 2005, p. 3 Kofi Annan aurait dû commencer par s’appliquer à lui-même le principe qu’il a édicté hier à Tunis : «La société de l’information est impensable sans la liberté.» Il aurait de la sorte évité le ridicule de ce Sommet sur la société de l’information organisé dans un sultanat où les experts de l’ONU eux-mêmes constatent que la liberté d’information est une espèce disparue. La «fracture numérique» entre les pays développés et les autres est bien sûr un vrai problème. Comme la question de la gouvernance du réseau des réseaux est légitime. Par essence et vocation multinational, l’Internet ne pourra rester éternellement sous contrôle d’un seul pays, les Etats-Unis, à travers la tutelle qu’ils exercent sur l’Icann, la société privée qui gère les «noms de domaine», adresses qui permettent la circulation sur les autoroutes de l’information. Il faudra que l’Icann coupe le cordon ombilical qui la lie à Washington. Mais c’est une bonne chose, ou un moindre mal, que l’offensive des régimes autoritaires, qui voudraient que la gouvernance du Net soit confiée à l’ONU, sous couvert de lutte contre la «domination américaine», ait échouée. Le compromis, d’inspiration européenne adopté à Tunis laisse à l’Icann la gestion du réseau. Il ouvre en même temps un forum international de discussions où les questions de régulation (lutte antispams, virus et cybercriminalité) pourront être abordées. Encore faut-il qu’en tête de son ordre du jour, ce forum place la question de la liberté du Net, de la censure et de la répression, en particulier dans les quinze pays, Tunisie en tête, qui embastillent leurs internautes, comme l’établit le rapport de Reporters sans Frontières dont nous publions les conclusions. _(Source : Libération, le 17 novembre 2005, p. 41) 

 


A Tunis, une grève de la faim contre l’oppression

A quelques kilomètres du Sommet mondial sur la société de l’information, huit opposants politiques se sont mis en grève de la faim pour dénoncer l’absence de libertés en Tunisie • Reportage par Christophe ALIX LIBERATION.FR : jeudi 17 novembre 2005 – 15:17 Tunis envoyé spécial Assis sur des chaises, ils sont tous regroupés dans une petite pièce de ce cabinet d’avocats du centre de Tunis. Ils sont huit, les huit grévistes de la faim que viennent visiter de nombreuses personnes, journalistes et représentants de la société civile venus assister à Tunis au Sommet mondial sur la société d’information (SMSI). «Ça défile tout le temps… Plusieurs centaines de personnes par jour, explique couverture sur le dos Ayachi Hammami, avocat et gréviste de la faim qui héberge dans ses locaux cette manifestation et dirige le comité pour la libération de Mohammed Abbou, condamné à trois ans et demi de prison pour avoir critiqué Ben Ali sur le site interdit Tunisnews. Devant des murs couverts de témoignages et de banderoles, les grévistes reçoivent les encouragements de leurs proches et répondent aux interviews. «Le sommet nous a donné une belle tribune, explique l’un d’eux, mais nous avons surtout réussi à tenir dans la durée et à réunir autour de nous toutes les tendances de l’opposition». Suivis par des médecins, très affaiblis pour plusieurs d’entre eux, ces opposants se contentent de boire des infusions avec un peu de sucre. Plusieurs d’entre eux ont du temporairement arrêter leur jeûne en raison d’ennuis de santé. Dans les couloirs, les visiteurs du jour s’informent auprès des journalistes de l’ambiance à l’intérieur du sommet et dénoncent les fermetures des écoles, des universités et de la fonction publique à l’occasion du SMSI. «Le régime avait très peur de manifestations et de rassemblements devant les caméras étrangères, explique une femme. C’est pourquoi il a donné congé aux étudiants, écoliers et fonctionnaires». «C’est une honte d’organiser un sommet sur la société de l’information dans un pays qui censure à ce point internet, explique un autre. En même temps, c’est une belle caisse de résonance pour la cause de la démocratisation de la Tunisie». Dehors l’ambiance est toute différente. Cachés dans des recoins de portes cochères ou éloignés de plusieurs dizaines de mètres, la présence policière, uniquement en civils, est impressionnante. Ils sont plusieurs dizaines probablement. Ils filment, photographient et notent toutes les allées et venues. Débuté il y a trente jours, le mouvement doit recevoir aujourd’hui la visite du prix Nobel de la paix iranienne, Shirin Ebadi, la seule hier avec le président suisse Samuel Schmid à avoir dit tout haut ce que l’Onu n’avait pas eu le courage de dire sur la liberté d’_expression sur l’internet. Représentante de la société civile au SMSI où elle a demandé la création d’un comité de l’Onu pour éviter le filtrage d’internet par des Etats limitant la liberté d’_expression sur le réseau, elle devrait demander aux grévistes de mettre un terme à leur mouvement. http://www.liberation.fr/page.php?Article=339172

Tunis

Un sommet sous bonne escorte Ouverture hier de la rencontre, conçue comme une opération de propagande par Tunis.

Libération EVENEMENT, jeudi 17 novembre 2005, p. 2 AYAD Christophe Le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui s’est ouvert hier à Tunis, aura servi à quelque chose : le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, y a eu deux entretiens dans la même journée avec le chef de la diplomatie israélienne, Sylvan Shalom. Cela faisait des mois qu’Israéliens et Palestiniens ne s’étaient pas rencontrés à ce niveau. Pour le reste, rien à signaler au pays des libertés cybernétiques ­ comme d’autres ont été ceux des «libertés réelles». Le président tunisien Zine al-Abidine Ben Ali a plaidé, dans son discours d’ouverture du sommet, pour une société de l’information «juste, équilibrée et solidaire». Ni «libre», ni «ouverte», ni «démocratique» : ces gros mots n’ont pas troublé les débats des 23 000 participants et de la douzaine de chefs d’Etat présents au sommet, qui se tient au Kram, banlieue de Tunis. Seule l’avocate et prix Nobel de la paix iranienne Shirin Ebadi et le président suisse ont dénoncé la censure et plaidé pour la liberté d’_expression et d’information. Le chef de l’Etat helvétique, Samuel Schmid, n’y est pas allé par quatre chemins : «Pour moi, il va de soi qu’ici à Tunis, dans ces murs mais aussi à l’extérieur, tout un chacun puisse discuter en toute liberté […] Il n’est pas acceptable que l’ONU compte encore parmi ses membres des Etats qui emprisonnent des citoyens au seul motif qu’ils ont critiqué leur gouvernement sur l’Internet ou dans la presse.» La télévision d’Etat tunisienne a interrompu la retransmission de son discours. Les autorités ont tout fait pour le bon déroulement du sommet, conçu comme une opération de prestige et de propagande: écoles et universités fermées, fonctionnaires en congé, circulation réduite, déploiement policier massif, notamment à cause de la présence d’une forte délégation israélienne à Tunis malgré l’absence d’un traité de paix entre les deux pays… Les conférenciers, coincés à 15 km du centre-ville, ne risquent pas de se mélanger avec la population tunisienne. Mais un grain de sable est venu perturber ce bel ordonnancement. Huit, puis six, opposants politiques se sont mis en grève de la faim depuis le 18 octobre pour dénoncer l’absence de libertés en Tunisie, confirmée par un récent rapport de Human Rights Watch et les déclarations de trois rapporteurs spéciaux de l’ONU. Malgré de fortes pressions, le pouvoir n’est pas parvenu à «casser» ce mouvement. Il s’en est pris aux médias étrangers venus en parler. Vendredi soir, l’envoyé spécial de Libération, Christophe Boltanski, a été agressé à Tunis, roué de coups et poignardé par quatre inconnus, vraisemblablement des policiers en civil. Lundi, une équipe de la RTBF a été agressée à son tour par la police, et s’est vu confisquer une cassette. Les autorités nient toute implication et affirment enquêter. Cette série d’incidents a fini par irriter Paris qui a, pour une fois, osé critiquer Tunis. Les deux capitales risquent d’échanger de nouvelles amabilités aujourd’hui à l’occasion de l’arrivée de Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), invités par l’ONU, mais que les autorités tunisiennes ont décrété persona non grata. Elles ont opportunément déterré une plainte contre lui, dont il n’avait jamais eu connaissance et datant de 2002, pour une brève occupation de l’Office de tourisme tunisien à Paris… Pendant ce temps, dans la capitale française, par le biais d’un communiqué publié hier, cinq députés UMP, dont le vice-président de l’Assemblée, Eric Raoult, et Pierre Lellouche, ont pris la défense du président Ben Ali, qui, pour eux, «n’est pas un ennemi de la démocratie». Ils dénoncent la campagne «injuste et inamicale» qui serait menée contre celui-ci par des «adeptes du tout ou rien démocratique». Sans oser évoquer les nombreuses agressions, commises notamment contre notre envoyé spécial.
 
(Source : Libération le 17.11.2005)

Tunis Les quinze bêtes noires du Net

Reporters sans frontières rend publique, aujourd’hui au sommet de Tunis, la liste des pays où la liberté sur la Toile est la plus limitée.

Libération EVENEMENT, jeudi 17 novembre 2005, p. 2 ALIX Christophe Tunis envoyé spécial Reporters sans frontières (RSF) les a surnommés les «trous noirs» de l’Internet. Des branches mortes du réseau, déconnectées du reste de la Toile mondiale non pas en raison d’un mauvais référencement ou de bugs techniques, mais par la seule volonté d’Etats déterminés à bloquer toute liberté d’_expression en ligne. RSF, qui a réalisé un long travail de collecte d’informations auprès de son réseau de correspondants et d’experts en nouvelles technologies, en révélera dans la journée la liste à Tunis, par la voix de son président, Robert Ménard ­ à moins que ce dernier ne soit refoulé ou arrêté à son arrivée à l’aéroport ce matin (lire ci-dessous). Libération s’est procuré le rapport de RSF et publie cette liste en avant-première. Les «ennemis de l’Internet» sont au nombre de quinze: Arabie Saoudite, Bélarus, Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Iran, Libye, Maldives, Népal, Ouzbékistan, Syrie, Tunisie, Turkménistan et Vietnam. Ils sont tous ou presque représentés au sommet de Tunis, exhibant dans leurs stands leurs réussites en matière de nouvelles technologies et/ou de lutte contre la fracture numérique. Premier au hit-parade de la répression : la Chine. Très présente à Tunis et au sein de l’UIT (Union internationale des télécommunications) où elle réclame un transfert de la gestion de l’Internet à l’ONU, c’est une superpuissance du réseau, avec plus de 130 millions d’internautes. Le régime réussit la gageure d’avoir aseptisé son réseau en le purgeant de toute information critique tout en le développant à grande vitesse. «Les Chinois ont créé une police spéciale de l’Internet, explique Julien Pain, de RSF, responsable du rapport. Elle filtre des milliers de sites [dont celui de Libération et le blog de son correspondant à Pékin, ndlr] et bloque des centaines de mots clés. Ce sont ceux qui sont allés le plus loin dans l’automatisation de la censure.» L’Arabie Saoudite revendique avec fierté le blocage de près de 400 000 sites dans son oeuvre «d’assainissement» de la Toile. Signe qui ne trompe pas, selon Julien Pain, plusieurs pays comme la Chine ou la Tunisie, autrefois importateurs de technologies de filtrage essentiellement américaines, se mettent maintenant à en exporter vers Cuba et d’autres pays membres du réseau des «ennemis de l’Internet». Plus grave encore, plusieurs de ces pays ne se contentent pas de priver leurs habitants de l’accès à des milliers de sites : 62 des 70 cyberdissidents emprisonnés dans le monde pour des textes publiés sur l’Internet sont des Chinois. Les autres sont des Tunisiens (comme l’avocat Mohammed Abbou, condamné à trois ans et demi de prison pour avoir critiqué le président Ben Ali sur un site), Libyens ou citoyens des Maldives. L’Iran, dont le chef de la délégation à Tunis affiche fièrement sa place de «douzième pays mondial par le nombre de blogueurs» (700 000 selon les estimations), détient pour sa part le record de blogueurs passés par la case prison: une vingtaine ces douze derniers mois. Pourtant, sur le stand de la République islamique, Davoud Zareian affirme : «On n’interdit que les sites pornographiques.» Avant de reconnaître, gêné, que «certains sites politiques, contraires à la loi, sont également filtrés». Si, d’enjeu secondaire, la cyber-répression devient une priorité et même un marché avec le développement de l’Internet, elle concerne également des pays comme Cuba. «Comparé à la Chine, l’Internet y est très peu développé. Mais le fait d’accéder au Net est un privilège auquel très peu ont droit, et qui nécessite une autorisation expresse du parti.» Sur le stand de Cuba, la question de la liberté d’_expression en ligne laisse plutôt froide Beatriz, représentante de la délégation. «Il n’y a pas de censure à Cuba, à part pour certains sites pornographiques, et encore pas tous. Notre problème avec l’Internet est un problème économique, pas un enjeu de libertés»… A côté des quinze ennemis de l’Internet, RSF publie une liste d’une dizaine de «pays à surveiller». Rien de comparable avec les «trous noirs», mais les Etats-Unis, l’Union européenne ou encore la Corée du Sud sont épinglés pour certaines dérives liberticides, selon RSF, dans leur lutte, souvent «louable» nuance l’ONG, contre le terrorisme, la pédophilie ou la cybercriminalité… www.rsf.com  
(Source : Libération le 17.11.2005)


Les chefs d’Etat ont boudé le sommet de Tunis

Le Figaro Jeudi 17 novembre 2005 Thierry Oberlé EN VISITE sur le stand français du sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), le ministre de l’Industrie François Loos élude les questions sur le sens politique de sa visite à Tunis. «La France transmet toujours par tradition un message fort de défense des droits de l’homme», répond-t-il, plutôt évasif, lorsqu’il est interrogé sur la censure en Tunisie. «Mais c’est aux Tunisiens de s’occuper de la Tunisie», ajoute-t-il. Dans l’emplacement voisin, celui de la Suisse, Samuel Schmid, le président de la confédération helvétique, pays d’accueil de la première phase du SMSI en 2003 tient, quelques minutes plus tard, des propos plus musclés. «Nous aurions pu opter pour la politique de la chaise vide mais ce n’est pas la bonne solution. Des moments comme celui-ci sont favorables pour faire avancer la cause des libertés. Il faut continuer», explique-t-il. Dans son intervention à la tribune onusienne, le chef d’Etat s’est fait le défenseur de la société civile tunisienne en délicatesse avec le régime. Mais les téléspectateurs n’ont pas eu le loisir de l’entendre. La diffusion en direct de la séance inaugurale du SMSI par la télévision nationale a été subitement coupée lorsque le président suisse a expliqué qu’il allait parler «franchement». Sévèrement critiqué pour avoir accepté d’organiser un sommet de l’information dans un pays où la presse est muselée, Kofi Annan avait auparavant estimé que «la société de l’information est impensable sans liberté». «Sans elle» a-t-il précisé «elle ne verra jamais le jour.» Peut être gênés par le choix de Tunis comme capitale de l’information ou tout simplement peu optimistes sur les résultats concrets d’une telle rencontre, les chefs d’Etat ne se bousculent pas dans le parc d’exposition de Carthage. Aucun grand dirigeant occidental n’assiste à la plus importante manifestation jamais organisée par l’ONU, avec 23 000 participants accrédités. Une cinquantaine de présidents avaient été annoncés, mais ils ne sont qu’une vingtaine à avoir effectué le déplacement. La plupart d’entre eux représentent des pays africains ou arabes qui, dans leur majorité, et à l’instar de la Guinée équatoriale, du Togo ou du Soudan, ne brillent guère par leur tropisme démocratique. Les défections n’ont pas découragé le président Zine El Abidine Ben Ali, qui entend faire du rendez-vous une vitrine pour son pays. Ami des arts, il a inauguré un monument aussi futuriste que grandiloquent à la gloire des autoroutes de l’information. Quant à Tunis, ville de carte postale d’ordinaire coquette, elle a atteint un rare niveau de propreté et de quadrillage policier. Des dizaines de policiers en tenue, et en civil, à cheval ou à moto, veillent sur la sécurité des visiteurs. «Ce président gère le sommet comme il gère un commissariat», raille la dissidente Sihem Bensedrine. Exceptionnellement, la Ligue tunisienne des droits de l’homme a toutefois pu tenir une conférence de presse dans le centre de Tunis. L’occasion pour son président Mokhtar Trifi de regretter d’avoir été empêché «par la force et la violence» d’organiser des contre-manifestations. Thierry Oberlé
(Source : Le Figaro le 17.11.2005)  

Le paradoxe tunisien

Le Figaro Jeudi 17 novembre 2005 La chronique d’Alexandre Adler La Tunisie reçoit actuellement en grande pompe un véritable aréopage mondial pour célébrer la nouvelle société des médias et le monde de la communication instantanée. Le monde d’Internet est celui d’une communication peu censurable, qui abolit les distances et facilite l’individualisme. Non seulement la Tunisie n’ignore pas la dynamique qu’une telle poussée technologique comporte, mais, très visiblement, elle a choisi cette circonstance pour proclamer une ouverture et une disponibilité véritables vis-à-vis de ses alliés traditionnels occidentaux – la France et les Etats-Unis en tête -, mais également vis-à-vis des nouvelles puissances émergentes asiatiques, la Chine et l’Inde, ainsi que vis-à-vis d’un Etat d’Israël avec lequel elle avait un peu trop rapidement rompu les relations semi-diplomatiques lors du déclenchement de l’intifada des mosquées, en l’an 2000. Ces trois éléments sont centraux et mériteraient d’être analysés comme tels : volonté d’accepter pleinement la nouvelle logique d’une société d’information ; désir d’ouverture tous azimuts et acceptation sans geignardise de la mondialisation ; volonté, enfin, de retrouver un rôle pacificateur au Moyen-Orient que lui permettent de jouer, tout ensemble, la longue hospitalité accordée dans les années 80 aux dirigeants palestiniens et l’affectueuse familiarité maintenue avec une communauté juive très ancienne, maintenant répartie entre la France et l’Etat d’Israël. Mais ce ne serait pas compter avec les idéologues de la capitulation face à l’islamisme : ils savent, quand ils le veulent et avec une dextérité exemplaire, détourner le regard devant les meurtres et l’oppression la plus nue, pour ensuite se faire les procureurs vétilleux, là aussi quand ils le veulent. Nous connaissons bien leurs ennemis, ce sont nos amis : la démocratie républicaine turque et même les anciens islamistes modérés qui acceptent aujourd’hui de jouer son jeu, la Jordanie tolérante et dynamique du roi Abdallah, le roi du Maroc, et surtout… la Tunisie façonnée par le laïcisme sans hypocrisie de Habib Bourguiba, continué aujourd’hui par Ben Ali. Pour peu qu’un dirigeant iranien fasse mouvement vers l’Occident à l’instar de Rafsandjani, et on le trouvera corrompu. Depuis que le président Bouteflika fait de mieux en mieux ménage avec les islamistes, le voilà crédité par les mêmes d’une authentique bonne volonté… On pourrait imaginer que la résistance des faits aurait peu à peu discrédité les auteurs de pareilles arguties. Il n’en est malheureusement rien. Le mélange de complaisance à l’égard de l’islamisme, de haine de soi et de trouille pure et simple conduit à des condamnations sans appel, et notamment à la condamnation des simples faits. Non certes que la Tunisie soit un modèle achevé de participation démocratique. Car même si des partis et des mouvements d’opposition ont pignon sur rue, ils sont encore loin d’évoluer dans un cadre parfaitement démocratique. Et l’opposition la plus dure et la mieux organisée, celle des islamistes n’a, quant à elle, aucune liberté d’_expression. Mais la démocratie peut aussi se mesurer à d’autres critères. Qui, dans le monde musulman – surtout parmi les femmes et les intellectuels -, préférerait aujourd’hui l’incontestable pluralisme politique iranien, il est vrai tempéré par de petits meurtres régulièrement commis dans la solitude des commissariats de police, au despotisme très relatif d’un Etat tunisien qui reste éclairé ? Aucun pays d’Islam, même la Turquie, beaucoup plus développée économiquement, n’a fait et ne fait autant que la Tunisie une si large place aux responsables féminins, et ce à tous les niveaux de la société. Bourguiba appelait d’ailleurs ses concitoyens à une pratique modérée du ramadan, et buvait lui-même aux alentours de midi un verre de lait en public… Qui comprend que, pour des milliers de couples de touristes égyptiens et souvent maghrébins, la Côte d’Azur tunisienne est à présent le seul lieu de liberté où ils peuvent se dénuder au soleil et se tenir par la main sans s’exposer à la censure vétilleuse des oulémas ? Quant au général Ben Ali, il est, certes, un officier de l’armée tunisienne ; mais sait-on que le budget de la Défense y est l’un des plus faibles du monde arabe, malgré l’existence de voisins qui peuvent être menaçants ? La vérité toute simple, c’est que la Tunisie est largement en tête, non seulement du monde musulman mais de la plus grande partie du tiers-monde en matière de budget dévolu à l’éducation, arc-boutée sur une laïcité sans faille. Des figures issues de la gauche marxiste comme le professeur Cherfi, aujourd’hui passées à une opposition politique nuancée, sont les premières à se réclamer avec orgueil de ces résultats. Enfin, la Tunisie demeure largement à l’abri des puissants courants xénophobes et antisémites qui balayent en ce moment même toute la région. Restent les islamistes qui eurent leur heure de gloire quand le long règne de Bouguiba s’affaissait de jour en jour et que leur chef Rachid Ghannouchi, gloire éternelle du Londonistan, se préparait très calmement à installer ses bureaux dans un Alger converti à l’islamisme, celui-là même que les militaires algériens, non sans risques personnels, réussirent à faire avorter. Alors, répondons simplement à cette question : qui sont nos alliés, qui sont nos ennemis dans cette longue et difficile bataille qui se livre de Casablanca à Jakarta ? La chronique d’Alexandre Adler
 
(Source : Le Figaro le 17.11.2005)

Les vrais amis des petits barons de ben ali

Le Soir TEMPS FORT, jeudi 17 novembre 2005, p. 3 eric deffet L’amitié a bon dos. Et Ben Ali jubile. Le Hainaut fait copain-copain avec le gouvernorat tunisien de Nabeul, ses plages et ses palmiers. Idem pour la province de Liège avec le gouvernorat de Sousse, ses plages et ses palmiers. Sont-ils aveugles, ou sourds, nos élus, pour s’acoquiner avec les barons régionaux du régime tunisien ? La réponse fuse. Un : ces jumelages sont « validés » par la politique belge à l’égard de Tunis. Deux : le lien avec la Tunisie, c’est un souffle de démocratie qui franchit la Méditerranée ; la flamme de l’espoir que l’on entretient envers et contre tout. Tout plutôt que l’ignorance, l’indifférence. Gare : les bons sentiments passent par le filtre du pouvoir, qui les mitonne à sa sauce. La vigilance s’impose. Et le coup de gueule aussi, bien sûr, pour dénoncer… Mais sans rire : que reprocher au Hainaut ? Un Molière joué dans les dunes ? Du matériel médical offert à un hôpital ? Un accord pour favoriser l’enseignement du français en Tunisie ? Hypocrisie. Interdira-t-on aux hommes d’affaires de se remplir les poches dans les faubourgs de Carthage ? Et surtout à ces milliers de touristes de bronzer à Hammamet, gouvernorat de Nabeul, ses plages et ses palmiers ? Les voilà, les vrais copains de Ben Ali et de ses barons.
 
(Source : Le Soir (Belgique) le 17.11.2005)  

« La liberté est, à terme, inéluctable ! »

BAUDOUIN LOOS

ENTRETIEN TUNIS
Le Soir TEMPS FORT, jeudi 17 novembre 2005, p. 3 DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL Georges Adda n’est pas un citoyen tunisien ordinaire. A 90 ans, voilà un vétéran respecté de la lutte nationaliste, militant communiste et syndicaliste, qui continue à « se mouiller » malgré une santé problématique. Rencontre avec un sage, qui se dit lui-même issu d’une famille berbère judaïsée. Pouvez-vous résumer votre carrière ? J’ai commencé la lutte nationaliste à 17 ans, et j’ai connu maintes fois la prison sous le protectorat français. J’ai vu certains de mes codétenus fusillés par la puissance coloniale. J’ai connu les camps de concentration, où j’ai rencontré Habib Bourguiba, qui allait devenir le premier président de la Tunisie moderne. Après l’indépendance, je n’ai jamais été associé au pouvoir. Pouvoir que vous critiquez ? Le peuple est privé des libertés élémentaires. Je continue à me mobiliser, j’ai soutenu plusieurs mouvements, comme la grève de la faim de l’avocate Radhia Nasraoui et je suis actuellement membre du comité de soutien des sept grévistes de la faim qui réclament l’accès aux libertés d’_expression et d’association, ainsi que l’amnistie générale. Ce régime se présente comme le « rempart contre l’islamisme »… C’est un alibi, un habillage. Le meilleur rempart c’est la démocratie, pas la police. Il faut convaincre le peuple qu’il faut vivre en démocratie. Il n’y a même pas besoin d’une révolution, ici. Juste les libertés: liberté d’_expression, liberté d’informer, d’être informé. Ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire : voyez les dictatures d’Amérique latine, qui sont devenues de respectables démocraties. Mais ce régime ne prend pas cette direction, et il est soutenu par l’Occident… Il existe une chape de plomb imposée sur tous les peuples arabes. Et cela surtout en raison de la politique des Etats-Unis. Il faut tout de même savoir que Saddam Hussein était leur outil, il n’y a pas si longtemps. Et Ben Laden, leur créature ! Croit-on que les gènes des Arabes préviennent l’avènement de la démocratie chez eux ? Hélas !, le régime tunisien a embobiné l’Occident. Comment décririez-vous les réussites de la Tunisie? Elles ne sont pas du tout négligeables – on les doit d’ailleurs à Bourguiba : une scolarisation remarquable, une sécurité sociale exemplaire, avec des allocations familiales, la retraite, etc., ce qui fait de la Tunisie le pays en tête des pays en développement. Dommage que certaines choses soient actuellement détricotées, comme le rôle de l’Office des céréales et l’Office des huiles, qui assuraient aux producteurs des prix rémunérateurs ; maintenant, on privilégie les lois du marché, mais parfois ce sont deux ou trois personnes, qui contrôlent l’office, qui décident des prix… Et puis, il y a le statut de la femme, unique dans le monde arabe, statut très avancé – avec la seule exception du secteur de l’héritage. Bourguiba est allé plus loin que ce que les femmes demandaient ! Mais il y a aussi eu, sous Bourguiba, les procès politiques, la torture, les élections truquées, on a tiré sur la foule… Ben Ali apporta l’espoir, en l’évinçant, en 1987… Oui, il a libéré les prisonniers politiques, il a rédigé le « Pacte national »… mais il ne l’a pas respecté : ce pacte supprimait, par exemple, la présidence à vie, mais Ben Ali, à force de changements constitutionnels, a fini par devenir un président à vie. Ce régime a-t-il une idéologie? Oui, celle d’étouffer les libertés. Ce pouvoir a tenté de dépolitiser les Tunisiens. Mais ce mal n’est pas incurable ! Personne ne peut dire quand le déverrouillage se produira, ni comment, mais il est inéluctable. La dynamique des peuples en marche vers la liberté ne peut être arrêtée par personne.  
(Source : Le Soir (Belgique) le 17.11.2005)

 Tunisie Ouverture du sommet mondial sur la société de l’information

« Discuter en toute liberté »

DAVID HAEBERLI Tunis Le Soir MONDE, jeudi 17 novembre 2005, p. 16 De notre envoyé spécial L’obsession sécuritaire du régime de président Ben Ali lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui s’est officiellement ouvert hier, frise parfois le ridicule. Parallèlement aux négociations onusiennes proprement dites qui ont connu un premier cycle de dimanche à mardi soir, une série d’événements sont organisés au Palexpo de Tunis. La Suisse soutient notamment un atelier consacré aux aveugles et à leur usage du Web. L’un des participants s’est déplacé accompagné de son chien qui lui sert de guide. Les responsables tunisiens ont refusé catégoriquement de laisser l’animal entrer dans l’enceinte du Sommet. Les bus officiels lui étaient également refusés. On était à deux doigts de l’incident diplomatique lorsque les organisateurs ont finalement cédé. La pauvre bête est désormais accréditée. Comme quoi, si le gouvernement tunisien ne respecte pas toujours les droits humains, à force d’insister, il peut respecter celui des chiens. Cette anecdote reste un détail dans l’organisation d’une conférence internationale. Elle révèle pourtant à quel point culmine la crispation du régime tunisien. Le respect des droits de l’homme, voilà l’accent que Samuel Schmid, président de la Confédération et hôte d’honneur de la seconde phase du SMSI (Genève a abrité sa première phase en décembre 2003) avait choisi de donner à son discours d’ouverture. Protocole oblige, Samuel Schmid a parlé après le président tunisien (« la diversité d’Internet ne reflète pas celle du monde », s’est-il plaint dans un appel ambigu à « préserver les spécificités culturelles ») et le secrétaire général de l’ONU (« L’ONU ne veut pas prendre le contrôle d’Internet », a rappelé Kofi Annan pour mettre fin aux rumeurs lancées notamment par les Etats-Unis). « Il est inacceptable que l’ONU compte en ses rangs des Etats qui emprisonnent des individus car ils ont critiqué leur gouvernement sur Internet, a dit le Conseiller fédéral. J’attends qu’ici, à Tunis, dans ces murs et à l’extérieur, tout un chacun puisse discuter en toute liberté. » Samuel Schmid a recueilli autant d’applaudissements que Shirin Ebadi, qui parlait hier au nom de la société civile, partie prenante du Sommet. Celle qui a reçu le prix Nobel de la Paix en 2003 a pris un ton plus dramatique en demandant la libération des prisonniers enfermés suite à l’exercice qu’ils ont fait de la liberté d’_expression. Depuis le début de la semaine, les ONG spécialisées dans les droits humains attirent l’attention sur leur impossibilité physique d’organiser une « conférence alternative », rendue nécessaire selon elles par la non-accréditation de membres de la société civile tunisienne. Des salles avaient été bloquées pour ce rassemblement ; ces réservations ont été annulées. L’appel à l’aide lancé mardi à l’Union européenne pour que les diplomates dénichent eux-mêmes un espace où les ONG pourraient s’exprimer librement a été vain. Hier, elles ont annoncé qu’elles n’étaient pas en mesure d’organiser un événement alternatif au SMSI. Pékin et Bahreïn, pas exactement des modèles de démocratie, avaient chacun autorisé la tenue d’un « contre-sommet ». Le président Ben Ali a décidé que son sol national n’en connaîtrait pas.

Carte blanche Laurent Deutsch Responsable du groupe Amnesty International de Chaumont-Gistoux De la parole aux actes !

Le Soir FORUM, jeudi 17 novembre 2005, p. 21 Au coeur de ce mois de novembre, l’opération 11 11 11 fait fleurir sur nos murs cette revendication de bon sens : « De la parole aux actes ». Merci au CNCD de nous rappeler la nécessité de la cohérence entre le comportement et les idées, cet art difficile mis à mal par le recours systématique et presque incontinent aux promesses, notamment dans l’univers politique. Il est pourtant des personnes qui n’ont pas attendu cet appel pour passer de la parole aux actes. Radhia Nasraoui, par exemple. C’est une avocate tunisienne qui a jugé indigne de son pays l’emprisonnement de personnes dont le seul « tort » est d’avoir exprimé pacifiquement des opinions contraires à celles du pouvoir en place. Peu lui importe qu’elle partage ou non, à titre personnel, ces opinions : notre appartenance au genre humain et les droits les plus fondamentaux dont nous sommes dès lors les dépositaires transcendent les divergences de vues. « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai toute ma vie pour que vous puissiez le dire. » Voltaire, déjà, l’avait dit ; Radhia Nasraoui le fait. Elle se bat et se débat contre une « justice » pour laquelle l’indépendance n’est plus qu’un lointain souvenir. Elle dénonce les arrestations arbitraires, les incarcérations pour raisons politiques, les procès inéquitables, les sentences injustes, toutes choses qui, hélas, fleurissent sous le soleil tunisien. Cela lui vaut toutes les intimidations du monde. Son téléphone est sous écoute, son cabinet a été saccagé, on décourage ses clients ordinaires de recourir à ses services, on la frappe (elle a eu le nez fracturé en mars passé), on va jusqu » simuler l’enlèvement d’une de ses filles. Son mari, pendant trois années, s’est réfugié dans la clandestinité pour échapper à la torture toujours pratiquée à quelques dizaines de kilomètres à peine des belles plages de sable fin. Tout cela, cependant, n’arrête pas Radhia Nasraoui. Sa résolution est faite des pierres dont on construit les brise-lames. Son opiniâtreté est saluée de tous les défenseurs des droits humains. Elle est soutenue depuis de nombreuses années par le groupe Amnesty International de Chaumont-Gistoux et par d’autres militants en France, en Autriche, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis. La commune de Chaumont-Gistoux a ouvert la voie des honneurs en l’élevant au titre de citoyenne d’honneur. Mercredi, l’ULB lui remettait les insignes de son doctorat honoris causa, sa plus haute distinction. Cette reconnaissance salue un engagement permanent en faveur des droits humains dans un pays qui les viole allégrement. Les récents événements survenus aux journalistes étrangers sur le sol tunisien ont braqué les projecteurs vers une réalité bien ancienne : la liberté, en Tunisie, n’existe que dans les dictionnaires ou les livres d’histoire. Il faut que cela change. Il faut que la Belgique se mobilise pour la dignité de Tunisiens oppressés. D’importants accords euro-méditerranéens lient l’Union européenne et la Tunisie. Ceux-ci prévoient explicitement que le respect des droits humains fondamentaux en est une condition sine qua non. En fermant les yeux sur l’évidence, nous nous couvrons du ridicule tout à la fois des benêts naïfs et des pleutres les plus couards. Il est grand temps d’exiger ce qui était convenu. Le parti du président Ben Ali (dont, soyons précis, nous ne réclamons pas forcément le départ, mais simplement qu’il respecte les droits fondamentaux des Tunisiens) est membre de l’Internationale socialiste. Des socialistes belges tels que Simone Suskind sont très investis aux côtés des défenseurs tunisiens des droits humains. Une pression clairement plus insistante des présidents francophone et flamand des partis socialiste pourrait aussi s’exercer avec la détermination qu’on leur connaît dans d’autres dossiers. De la parole aux actes !
 
(Source : Le Soir (Belgique) le 17.11.2005)


 

Soutien aux grévistes de la faim en Tunisie

 

Au moment où se tient le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) en Tunisie, la solidarité avec les grévistes de la faim tunisiens s’élargit, grâce à des délégations, notamment syndicales, et à des rassemblements dans plusieurs villes du pays. Au plan international, des initiatives ont notamment été prises en France, en Suisse, en Allemagne, au Maroc et au Canada.
La réponse du régime tunisien ne varie pas : déploiement de milliers de policiers à Tunis ; agression au couteau du journaliste de Libération, Christophe Boltanski ; molestage de l’équipe de la RTBF ; tabassage des prisonniers politiques en grève de la faim ; lignes téléphoniques coupées ; accès impossible aux sites Internet de l’opposition…
La crise se prolonge jusqu’au sein de l’ONU et des États membres : démission du conseiller personnel néerlandais de Kofi Annan, et demande d’explications du Quai d’Orsay sur l’agression du journaliste de Libération. Développer la mobilisation autour des revendications d’amnistie générale, de liberté d’_expression et d’association, tel est l’enjeu de l’heure. Poursuivre la lutte au-delà de la tenue de SMSI, prolonger la grève de la faim par de nouvelles initiatives, ont fait partie des exigences affichées lors de l’initiative parisienne « Cinq heures pour la démocratie en Tunisie », qui a réuni, le 12 novembre, plusieurs centaines de personnes. Des représentants du PS, du PCF, des Verts, de la LCR, du Syndicat de la magistrature et Jacques Gaillot se sont exprimés.
 
Rouge n°2134


Après le communiqué des cinq parlementaires français :
Pas de position officielle de l’UMP
  Chokri Hamrouni a été reçu aujourd’hui en sa qualité de responsable de la Coordination du Congrès Pour la République et Coordinateur du Comité International pour la Libération de Mohamed Abbou (CILMA) par Pascal Drouhaud Directeur des Relations Internationales et des Affaires Européennes de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP) parti de la majorité en France depuis mai 2002.   Trois questions étaient à l’ordre du jour lors de cette réunion :   1-     La détérioration de la situation des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie qui accueille paradoxalement la deuxième phase du Sommet Mondial sur la Société de l’Information. La grève de la faim de huit personnalités du monde politique et associatif et la grève de solidarité de onze personnalités de la société civile tunisienne à Paris ont fait l’objet d’un intérêt particulier lors de cette rencontre.
2-     La position de l’UMP face aux évènements récents a été aussi au centre des débats. Pascal Drouhaud qui, tout en rappelant la position de la France « on ne peut plus claire » par le biais de son Ministre des affaires étrangères M. Philippe Douste-Blazy, a rappelé à Chokri Hamrouni qui protestait énergiquement contre le communiqué de soutien à Ben Ali publié par cinq parlementaires français de l’UMP (un contre communiqué de protestation a été remis au responsable français), qu’il n’avait pas connaissance de ce texte et que seul Nicolas Sarkozy est habilité à rendre public les positions de l’UMP. Il a promis par ailleurs de discuter avec le président de l’UMP sur une éventuelle prise position du Parti de la majorité.
3-     L’affaire Mohamed Abbou a encore une fois été évoquée lors de cette deuxième rencontre avec Pascal Drouhaud. Une lettre a été remise au responsable français ainsi qu’une demande d’intervention adressée à Jacques Chirac, au gouvernement français et au parti de la majorité par Samia Abbou épouse de l’avocat tunisien injustement emprisonné depuis le premier mars dernier.   Paris, le 17 novembre 2005 Chokri Hamrouni, responsable de la Coordination du CPR et CILMA

 

 

TUNISIE : SMSI ou le dialogue des sourds

  Du 16 au 18 novembre, la TUNISIE accueillera le Sommet Mondial de la Société de l’Information, organisé sous l’égide des Nations unies.
La présidence de ce sommet a été confiée par le Président tunisien (en Tunisie tout est décidé par l’homme fort, Ben Ali, même le nombre de victimes d’une catastrophe naturelle) à son ami de longue date, le Général Habib Ammar, co-investigateur du coup d’Etat médical et  ancien ministre de l’intérieur ou plutôt ancien ministre de la répression et de la torture.
Le 7 novembre 1987, jour du coup d’Etat, Ben Ali dresse un communiqué au peuple tunisien (désespéré et soulagé par le départ d’un régime vieillissant) garantissant libertés individuelles sociales et politiques.
Ce discours, évidemment bien préparé à l’avance, a permis au Général de mettre à ses cotés une large partie de la société civile.   En dictateur intelligent, Ben ALI s’est fait construire virtuellement 2 pyramides d’échelles ; au sommet de la première figure son ennemi numéro 1 et au bas de l’échelle le dernier de ses soucis, et dans l’autre une analyse des besoins des tunisiens et des moyens pour faire face efficacement à toute forme de dissidence.
A partir de cette analyse, il a pu, tour à tour, liquider les islamistes (emprisonnement, disparitions, mises en scènes…), paralyser les forces syndicales, absorber les partis politiques, monopoliser les moyens de communication  et robotiser le cerveau des citoyens et donc leurs volontés et réflexes.   Aujourd’hui, on compte en Tunisie environ 253 prisonniers politiques sans compter les dernières arrestations pour des infractions d’intention : des jeunes de moins de 25 ans avaient projeté d’aller en Irak pour la résistance et ils étaient arrêtés (suite à l’utilisation de l’Internet) et condamnés à pourrir en prison.
Mars 2004, Maître Abbou Mohamed avait été kidnappé pour avoir critiquer le régime policier, puis condamné à 3 ans et demi de prison ferme à la suite d’un procès honteux. Maître Abbou a été emprisonné pour un article publié sur un site censuré (depuis sa création) donc inaccessible au simple citoyen tunisien. D’ailleurs, une grande partie de la population n’est pas au courante de ces évènements, à défaut de moyens de communication libres et indépendants.   Aujourd’hui et pour la première fois de l’histoire de la Tunisie indépendante, 8 grandes personnalités politiques (interdites des mass médias de l’audiovisuel et pour certains de l’exercice même de leurs fonctions), Maître Ahmed Néjib Chabbi, Maître Ayachi Hammami, M. Hamma Hammami, Maître Abderraouf Ayachi, le juge Mokhtar Yahyaoui, Maître Mohamed Nouri, le journaliste Lotfi Hajji et Maître Samir Dilou entament depuis le 18 octobre une grève de la faim illimitée pour revendiquer une cause nationale et humanitaire.
Ils ont eu le courage de dire que ça ne peut plus continuer comme avant et cela au détriment de leur finance, de leur santé (la plupart d’entre eux ont des antécédents médicaux) et de leurs vie familiale (l’harcèlement des familles des opposants est le meilleur moyen de pression utilisé par ce régime)
Maître ABBOU qui s’est fait coudre les lèvres en prison est aussi en grève de la faim, ainsi que plusieurs autres prisonniers politiques et militants des droits de l’homme. Aujourd’hui l’ONU cautionne ce régime. L’Union Européen, qui trouve dans ce régime une stabilité politique et une barrière solide à l’immigration clandestine, ne fait pas mieux. Quant à la France, qui demande des explications au sujet du tabassage de M. Christophe Boltanski (journaliste à Libération) par des inconnus à Tunis, n’a rien compris ou plutôt fait semblant ne pas comprendre (heureusement qu’il était français sinon il aurait connu un autre sort)   Du 16 au 18 novembre, durant le SMSI, les atteintes aux droits de l’homme observeront une « trêve », mais passé ce délai le régime de Ben ALI et sa police reprendront leurs activités  habituelles et ainsi la vie des opposants sera à nouveau en danger…surtout celle des prisonniers politiques, des grévistes du 18 octobre et des fervents défenseurs des droits de l’homme tels Mme Radhia Nasraoui, Sihem Bensedrine, Mokhtar Trifi…   Meddeb Halim – Toulouse. halimmeddeb@yahoo.fr


Réflexion sur l’initiative : « La campagne de la dignité  pour le changement démocratique en Tunisie »

 

Je suis étonné de cette initiative et je ne sais pas est-ce que c’est une dégradation ou une progression ?! Et malgré ça, j’aimerais formuler les remarques suivantes :

 

1.           Cette initiative dépasse les partis de l’opposition alors que trois partis politiques de l’opposition en tant que tels ont participé à la grève de la faim. Ceci nous laisser demander si  cette initiative est un investissement politique ou de droits de l’Homme.

 

 

2.           L’initiative semble  vouloir sensibiliser l’opinion publique alors que l’heure actuelle est l’heure d’investissement au niveau politique, l’heure de récolte au niveau concret même s’il faut presser encore, vu qui nous sommes actuellement au top de sensibilisation.

 

3.           L’initiative, si elle n’est pas suivie par une autre politique, elle concrétise un esprit de combattre pour combattre, et droits de l’home pour droit de l’homme.

 

4.           Oui les droits de l’Homme sont très importants pour permettre un changement, mais le changement doit avoir un leader politique.

 

5.           Cette initiative va tuer la politique en Tunisie. L’action du 18 octobre a manifesté la politique par la présence des leaders politiques alors que cette initiative ne touche la politique que comme base de Droits. La politique a besoin d’un corps partisan.

 

6.           Dans l’action du 18 octobre les grévistes représentent des corps existants et les partis sont présent en tant que tels et pas en tant que personnes indépendantes alors que dans cette initiative on trouve des simples personnages même s’ils appartiennent aux parties politiques.

 

7.           Cette initiative représente le modèle Ben Breck, qui appartient au lutte pour les Droits de l’Homme, même si elle représente un pas, raisonnable, rationnel et logique, en avant par rapport à  la CNLT et de l’action du 18 octobre.

 

8.           Cette initiative est un mélange de ce qui est Droits de l’Hommes et ce qui est politique alors que le jeu entre le pouvoir (le gouvernement) et l’opposition politique est toujours un jeu politique, une concurrence sur le pouvoir, qui gouverne et qu’elle attitude adopte-t- il envers ses opposants.

 

9.           Cette initiative éparpille et disperse l’unanimité de la société civile requis par l’action 18 octobre et il faut se demander est-ce que la société civile a besoin d’un nouveau leader ?  et est-ce on n’est pas en face d’un phénomène de « pagaille organisationnelle » ou plutôt  » pagaillement organisationnelle » qui répond à un soif de liberté d’organisation ?

 

10.      Cette initiative est la mort des partis en tant qu’opposition, en tant qu’institutions politiques de la société civile tunisienne.

 

11.      Il faut un acteur politique clair en termes d’opposition politique pour représenter la société civile en Tunisie, et au niveau régional et au niveau mondial.

 

12.      Maintenant il y a un jeu entre les organisations de droits de l’Homme et le pouvoir et pas entre deux joueurs de même ligue. Les organisations de droits de l’Homme en tant qu’organisations et en tant qu’instruments de lutte (le plaindre) même si elles semblent jouer ce gigantesque rôle en Tunisie ne devrait avoir pour rôle que  la garde d’une vie politique saine sans exclusion que ce soit de droit (autorisation) ou de fait (prison, censure, silence..). Les droits de l’Homme ne sont que gradient, entre autre, de « la déontologie politique ». 

 

13.      La participation de tunisnews et tunezine à cette compagne va enterrer la seule, unique et authentique expérience médiatique tunisienne indépendante. Je me demande pourquoi tunisnews adhère à cette compagne alors que ce site joue son rôle professionnel et patriote loin de tout cadre associatif ou partisan. Vous avez pris partie, est-ce que vous aller permettre l’apparition des articles qui sont contre la politique de cette compagne ? je doute même si vous me donner des milliers de garanties et ne me dites pas que l’apparition de ces lignes représente une garantie.

 

 

Je n’attaque pas cette initiative, au contraire je la salue, parce qu’elle représente un ajout à la société civile tunisienne, mais je ne suis pas d’avis, ni d’accord qu’elle puisse guider un changement politique en Tunisie.

 

Je vous appelle maintenant pour re-responsabiliser les parties politiques, spécialement, ceux qui ont participé à la grève de la faim et Ennahda. J’appelle ces partis  pour se présenter en tant que partis politique de l’opposition.

 

Je me demande pourquoi l’Europe a pu inventer un système d’alternance entre 15 et 25 pays, grands pays et petits pays, gouvernements de gauche et de droite, voire une alliance  dans une seule Allemagne unie même, alors que quatre partis tunisiens n’arrivent pas à créer une alternance entre eux. Prenez chacun 3 ou 4 mois de présidence du corps créé et avancez. Vous ne vous reconnaissez pas, comment alors voulez vous qu’ « un dictateur » vous reconnaisse ?! Est-ce que c’est parce que chacun d’entre vous représente « un dictateur » pour l’autre. Arrêtez maintenant ce scandale et assumez votre rôle.

 

Ben Breck, un journaliste, un modèle de lutte, guide silencieusement l’opposition politique et la société civile.

 

Wed Erreiss

wederreiss@yahoo.fr

___________________

J’ai mis dictateur entre 2 « … » parce que je ne suis plus sûr qu’on est en face d’un seul dictateur et pas en face d’une dictature au fond du chaque politicien. 

 


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