15 octobre 2011

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TUNISNEWS
11 ème année, N°4125 du 15.10.2011


Reuters: Heurts entre policiers et manifestants islamistes à Tunis

Belga: Tunis: le domicile du PDG de de la chaîne privée Nessma attaqué

LeMonde.fr: La Tunisie joue sa liberté

Le Echos:Tunisie : les raisons du succès populaire du mouvement islamiste Ennahda

LeMonde.fr: L’affaire Nessma et les maux de la société

Slate Afrique: La Tunisie post-révolutionnaire au bord de la folie?

Jeune Afrique: À nouvelle Tunisie, nouveau modèle économique

Marianne2: Comment votera la Tunisie des oubliés ?

Espace Manager: Tunisie : « Chaque peuple a le gouvernement qu’il mérite » !


Heurts entre policiers et manifestants islamistes à Tunis


publié le 14/10/2011 à 16:38, mis à jour à 16:38
La police tunisienne a tiré des gaz lacrymogènes vendredi pour disperser un rassemblement d’islamistes, dont certains tentaient de marcher en direction des bureaux du Premier ministre dans le centre de Tunis.
Les manifestants, qui scandaient « Allahou Akbar » et réclamaient l’instauration de la charia (loi islamique) en Tunisie, ont répliqué aux gaz lacrymogènes en lançant des pierres sur les forces de police, a constaté Reuters.
Les Tunisiens sont appelés aux urnes le 23 octobre pour élire une Assemblée constituante, scrutin qui risque d’être relégué au second plan par les tensions grandissantes entre les islamistes et le camp laïque.
Il s’agira des premières élections depuis la chute du président Zine Ben Ali en janvier dernier, premier acte du « printemps arabe ».
La manifestation de vendredi, qui a réuni plus de 10.000 personnes, soit la plus importante du camp islamiste à ce jour dans la capitale, avait commencé dans le calme. Lorsque la foule s’est rapprochée de la Casbah, où se trouvent les bureaux du Premier ministre, Beji Caïd Sebsi, certains groupes ont tenté de forcer les barrages de police.
La police anti-émeutes a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour tenter de disperser la foule. Les manifestants ont répliqué en caillassant les policiers et au bout d’une demi-heure, la plus grande partie de la foule s’est dispersée. Il n’est plus resté sur place que quelques centaines de jeunes gens, qui ont continué de bombarder de pierres les policiers.
Des témoins rapportent que d’autres manifestations d’islamistes ont eu lieu en trois autres points de la capitale, rassemblant chacune plusieurs milliers de participants.
Ainsi, un groupe sur le boulevard Mohamed V, au nord du centre, a tenté d’atteindre le siège d’une chaîne de télévision qui a mis en fureur les ultra-religieux parce qu’elle avait diffusé le film d’animation « Persépolis », dans lequel Allah est incarné, ce qui est contraire aux préceptes de l’islam qui interdisent sa représentation.
La semaine dernière, déjà, des heurts s’étaient produits entre des islamistes et les forces de police dans un faubourg de Tunis, à la suite de la diffusion de « Persépolis ».
Tarek Amara, Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser
Par
 
 

Tunis: le domicile du PDG de de la chaîne privée Nessma attaqué


vendredi 14 octobre 2011 à 21h58
(Belga) Le domicile de Nabil Karoui, le PDG de la chaîne privée tunisienne Nessma dont des salafistes ont réclamé la fermeture après la diffusion du film Persepolis, a été attaqué vendredi soir par « un groupe d’une centaine d’hommes », a dénoncé la chaîne dans son journal du soir.
« La chaîne Nessma TV dénonce l’attaque de la maison de son PDG Nabil Karoui (à Tunis) par un groupe d’une centaine d’hommes qui ont jeté des cocktails Molotov », a déclaré la présentatrice du journal, précisant que la famille avait pu être sauvée « in extremis ». Des milliers de personnes, dont des salafistes, ont manifesté vendredi à Tunis pour dénoncer la diffusion la semaine dernière du film franco-iranien Persepolis, dont une séquence représente Dieu sous les traits d’un vieillard barbu, ce que l’islam proscrit. Sofiane Ben Hmida, un des journalistes vedettes de la chaîne, a précisé qu’une vingtaine d’hommes étaient parvenus à entrer dans la maison, où se trouvaient encore la femme et les enfants de M. Karoui. Ce dernier n’était pas chez lui lors de l’attaque, survenue vers 19H00 (18H00 GMT). « La famille a pu sortir par derrière et est en sécurité. les assaillants ont saccagé la maison et ont mis le feu », a-t-il dit. Nessma TV a également dénoncé « l’incitation de quelques imams à commettre des crimes à l’encontre des employés de la chaîne ». (DGO)
Belga
 


La Tunisie joue sa liberté


 

Pendant que la France vit ses dernières heures de primaires citoyennes, la Tunisie retient son souffle, en vue d’une « Constituante » cruciale pour sonavenir. Pour la première fois, des citoyens vontpouvoirchoisir, en toute liberté, ceux qui auront les pleins pouvoirs pour redessiner les institutions etrédigerla première constitution de l’après-Ben Ali.

Jusqu’ici, la Tunisie a fait un sans-faute pour gérerla transition. Grâce à la maturité d’un peuple qui a su s’auto-limiter, au gouvernement provisoire qui a sutenirle gouvernail, et à quelques figures de sagesse exemplaires comme Yadh Ben Achour. Son comité de juristes a faitvoterune loi électorale et a sutenirles deux bouts d’une instance où siège une myriade d’organisations allant des communistes aux islamistes.

Ce parcours de l’après-révolution doit êtresalué. Il est admirable. Les Tunisiens peuventêtrenon seulement fiers de leur révolution mais aussi du chemin parcouru depuis. Ils ont tous les atouts pourréussirl’après. Un petit pays, plutôt éduqué, plutôt sécularisé, et une économie prometteuse, qui ne repose pas sur l’exploitation d’hydrocarbures mais sur l’ouverture : le tourisme. On aimeraitcroireque cela suffira. Mais voilà que se profile le plus difficile. Dans cette démocratie balbutiante, les Tunisiens doiventchoisirles rédacteurs de leuravenirparmi cent listes où surnagent cinq grands partis, dont le parti islamiste Ennahda, sans doute le plus connu. Le délai a été court pour rattraperces écarts de notoriété.

Les premières enquêtes situent les islamistes entre 20 % et 30 %. Mais le danger réside moins dans le score d’Ennahda que dans le manque de lucidité des politiques qui lui font face. A l’exception du tout nouveau parti Doustourna de JawharBen Mbarek(jeune, juriste et laïque), tous semblentavoirrenoncé àmenerune bataille sémantique capitale :éviterque l’islam apparaisse comme la religion de l’Etat tunisien.

Ce sera l’obsession inavouée des élus d’Ennahda, souvent avocats et maîtres dans l’art du double discours. « Démocrates » quand ça les arrange mais à l’affût pourposer, ici ou là, des formulations « théocrates » dans la Constitution. Avant même d’entamerles négociations, ils sont parvenus àassimilerla « laïcité » à une forme d’athéisme, voire à de la colonisation occidentale. Qu’en sera-t-il pendant et après ?

Selon un scénario bien rodé et bien connu, Ennahda se présente déjà comme un « juste milieu » comparé aux excès salafistes qui se déchaînent. Aprèsavoirattaqué des maisons closes et le film de Nadia El Fani, Laïcité Inch’ Allah, les voilà qui s’en prennent à la chaîne de télévision privée Nessma… pour avoirdiffusé le très beau film de Marjane Satrapi,Persepolis, qui raconte la prise depouvoirdes intégristes en Iran et représente Dieu dans une scène. Le directeur de la chaîne, Nebil Karoui, a commencé partenirbon, avant decommettreune volte-face spectaculaire. Allant jusqu’àprésenterses excuses pouravoirporté atteinte au « sacré ». Cette capitulation en rase campagne envoie un signal terrible. L’intimidation paie, et rien ne lui résiste. A moins d’un sursaut, laïque et déterminé, la liberté d’expression – si chèrement acquise – est en sursis en Tunisie.

Source: “Le Monde.fr” Le 14-10-2011

Lien: http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/14/la-tunisie-joue-sa-liberte_1587853_3232.html


Tunisie : les raisons du succès populaire du mouvement islamiste Ennahda


Certes, Ennahda n’a pas que des sympathisants en Tunisie. Mais, qu’on le veuille ou non, il reste que ce parti rencontre un succès populaire indéniable. Et la question qui se pose est pourquoi ? Pourquoi, en effet, ce courant politique, presque rayé des tablettes sous Ben Ali, a t’il connu une renaissance populaire forte et aussi rapide ?

Rares sont les analyses sur les raisons des succès populaires des mouvements islamistes politiques dans les pays arabes. Généralement, la question est traité sous l’angle des conséquences (le plus souvent néfastes) de l’arrivée au pouvoir de ces partis. La Tunisie ne fait pas exception et quant on parle de l’Islam politique tunisien, on entend souvent :

« Les islamistes sont dangereux pour la Tunisie ». « Ils ne vont rien nous amener de bon ». « Ils vont faire fuir le tourisme » « Ils vont faire régresser la Tunisie » ect…..

Certes, Ennahda n’a pas que des sympathisants en Tunisie. Mais, qu’on le veuille ou non, il reste que ce parti rencontre un succès populaire indéniable. Et la question qui se pose est pourquoi ? Pourquoi, en effet, ce courant politique, presque rayé des tablettes sous Ben Ali, a t’il connu une renaissance populaire aussi forte et rapide ? Que représente t’il aux yeux des tunisiens pour qu’ils le plébiscitent? Qu’attendent ils de ce parti ?

Avant de répondre à ses questions, il serait intéressant de revenir un peu en arrière..

LA TENTATIVE D’ERADICATION DE L’ISLAM POLITIQUE

Le système répressif sous Ben Ali était vraiment bien huilé. Une vrai machine à casser de « l’islamiste ».

Durant cette période, être un musulman pratiquant vous exposait obligatoirement à un petit tour par la case commissariat où vous étiez soumis à un interrogatoire « musclé ». Mais si, en plus d’être un musulman pratiquant, vous vous révéliez être un militant politique, alors là vous deveniez irrécupérable pour le système. Il fallait vous supprimer.

Bien sûr, l’élimination physique ne fut pas systématique mais ce qui vous attendait, hélas, était parfois bien pire. Le militant politique islamiste avait droit à un traitement « médical » de choc. Pour le soigner il était systématiquement soumis à la torture physique. Ensuite, pour s’assurer qu’il ne recommence pas à militer politiquement, on l’astreignait lui et sa famille à une véritable torture psychologique (convocations fréquentes au commissariat, humiliation de toute votre famille, obligation faite aux employeurs de licencier les membres de la famille du militant islamiste, ect…)

Exister en tant que militant islamiste politique en liberté sous Ben Ali était quasiment impossible. Par conséquent, puisqu’il n’y avait pas de militantisme politique et que les mosquées étaient très surveillées, les idées politiques d’Ennahda circulaient très peu et on n’entendait jamais parler de ce parti ou de ses idées dans la rue.

La crainte pour évoquer ce type de sujets était tellement forte que même des gradés de la police ne voulaient pas en parler.Je me rappelle d’une discussion avec l’un deux en 2006 qui m’avait marqué. Alors que nous marchions seuls sur une plage tunisienne, je voulus comprendre cette phobie de l’islam politique chez le régime. Quelle ne fut pas frustration quand cette connaissance m’a immédiatement demandé de me taire en me disant « ne parlons pas de ce sujet, et d’ailleurs je te conseille de n’aborder ce sujet avec personne ; Ne fais confiance à personne, même pas à moi ….». J’ai vite changé de sujet mais je n’ai toujours pas compris les raisons de cette forte peur alors qu’il n’y avait personne autour de nous pour écouter la conversation !

Alors la question qui vient immédiatement à l’esprit est comment se fait-il qu’Ennahda, malgré une absence aussi longue sur le terrain politique et dans la rue tunisienne, soit tant populaire ?

Beaucoup vous apporteront une réponse à cette question. Une réponse plus ou moins honnête en fonction de la position qu’ils ont à l’égard de l’islam politique et d’Ennahda en particulier.

Les détracteurs à l’islam politique vous diront qu’Ennahda achète ses partisans (paiement des frais de mariage des sympathisants pauvres, achat de nourriture et de vêtements…), qu’Ennahda est populiste et qu’il surfe sur un retour de l’Islam en Tunisie.

Ceux, moins hostiles, vous diront que les longues vacances forçées des Ennahdistes sur le banc de touche leur ont été bénéfiques pour absorber les règles du jeu démocratique occidental (surtout l’excellent jeu démocratique anglais – une partie des chefs Ennahdistes ayant trouvé exil au Royaume Uni). Et qu’Ennahda a enfin compris que, pour faire de la politique, il fallait proposer non pas un programme pour gagner le paradis mais un programme économique pour gagner des points de croissance, sociétal pour faire évoluer la Tunisie, bref un programme pragmatique et en phase avec la modernité.

Mais sans revenir sur ces deux réponses, il faut bien dire qu’elles sont insuffisantes pour comprendre ce qui se passe. Car, quand on regarde honnêtement la situation, tant les acteurs politiques ennahdistes que leur programme, on voit bien que rien de miraculeux n’est présenté et que ni les cadres d’Ennahda ni leur programme n’ont rien d’exceptionnels. En disant cela, je ne critique nullement Ennahda. Mais l’honnêteté intellectuelle oblige à souligner que si leur programme est plus sérieux que beaucoup d’autres, il est l’équivalent de ce qui est proposé par les deux ou trois grandes formations politiques favorites en Tunisie.

Alors, d’où vient ce fort crédit populaire ? Comment se fait il qu’une proportion importante des tunisiens en age de voter fait plus confiance à ce parti qu’aux autres ?

Ne pas traiter cette question, c’est faire le mauvais diagnostic quant à la montée indéniable de l’islamisme politique dans le monde arabe et par conséquent aussi en Tunisie.

LA RECHERCHE DES VALEURS PAR LE PEUPLE

Une partie de la réponse est ailleurs que dans les programmes économiques et est à rechercher du coté des « valeurs ». Si le tunisien espère bien sûr que son pays va enfin connaître un vrai miracle économique lui permettant d’avoir un quotidien meilleur, il veut aussi revoir le retour de certaines.

Un tunisien m’a d’ailleurs fait rire il y a quelques jours car lorsque je lui ai demandé ce qu’il voulait pour la Tunisie, il m’a dit « moins de voleurs et plus de valeurs ».

Certes le parti islamique tunisien, Ennahda, n’est pas le seul à avoir des valeurs. Plusieurs excellents candidats les incarnent aussi comme Ben Jaaffar ou Marzouki.

Mais Ennahda a construit une grande partie de son programme sur le respect des valeurs et le retour à plus de moralité en Tunisie au travers de la lutte contre la corruption, la promotion de l’égalité entre tous les citoyens, la lutte contre les « voleurs au sein de l’Etat », ect….

Il faut bien comprendre que la grande majorité des tunisiens n’ont jamais touché du doigt le miracle économique tunisien et n’ont connu que le mirage économique et la descente aux enfers de la société tunisienne.

Pendant vingt trois ans, les tunisiens ont perdu leurs repères et leurs valeurs tant traditionnelles que civiles. La confiance n’existe presque plus dans la société tunisienne. Le lien social est rompu. Normal, tout le monde à trompé tout le monde et tout le monde a surveillé tout le monde. Le nombre d’indicateurs « sababas » est énorme.. Inutile ici aussi de rappeler les mensonges quotidiens des journalistes qui désinformaient les citoyens, Les vols qui sont devenus monnaie courante. La prostitution qui a explosé. Les escroqueries, même entre membres d’une même famille, qui sont nombreuses. L’Etat qui enfonçait le citoyen au lieu de l’aider. Le policier, censé protéger, qui était devenu une menace à éviter à tout prix. La corruption qui, à tous les échelons, était la règle. Même l’imam censé donner l’exemple n’était plus une référence.

La seule valeur qui dominait était « soit plus malin que ton prochain et n’hésite pas à l’écraser si tu veux réussir » La Tunisie est devenue une vrai jungle sans foi ni lois.

Certes me direz-vous, tous les pays connaissent un tant soi peu ce type d’évolution. Oui, d’accord mais ceux qui connaissent bien la Tunisie ont vu celle-ci s’enfoncer dans des habitudes exagérément mauvaises.

Dans l’ancien système, Les dirigeants se comportaient comme des mafiosis. Ils ne servaient pas l’Etat et le peuple mais se servait de l’Etat pour s’enrichir contre le peuple. L’exemple qu’ils donnaient était calamiteux. C’étaient les premiers à se comporter comme des voyous. Un dicton énonce que « L’exemple vient d’en haut » et leur exemple était malsain. Le comportement de ces dirigeants s’est peu à peu diffusé à tous les niveaux de la société. Partout la corruption et le vice se sont installées. Tout est devenu achetable. Aussi bien le corps d’une pauvre jeune fille du sud de la Tunisie qui est venue dans le nord faire bonne fortune pour aider sa pauvre famille que le journaliste qui vend sa plume au plus offrant. Les valeurs d’honnêteté ont été piétinées.

Ennahda a tout de suite été perçu comme une « rupture » par rapport au passé. Les tunisiens ont sans doute tout de suite adopté Ennahda parce que ce dernier était l’ennemi du régime de Ben Ali. Mais, surtout, Ennahda dès le début, à tort ou à raison, a représenté aux yeux d’une partie du peuple le retour vers plus de moralité, de droiture et de justice. Vers plus d’exemplarité au sommet de l’Etat. Vers une plus grande exemplarité des dirigeants. Et ce n’est même pas une question de religion, c’est une question de recherche de sens et de valeurs.

Si l’on veut objectivement comprendre la réussite du mouvement islamiste, il faut donc aussi se situer sur ce terrain des valeurs et des règles morales. Occulter cet aspect, c’est faire une erreur fondamentale dans le diagnostic du succès politique du mouvement islamiste.

Source: “Le Echos” Le 14-10-2011

Lien: http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/international/afrique/221138776/tunisie-raisons-succes-populaire-mouvement-islamist


L’affaire Nessma et les maux de la société tunisienne


 

L’affaire Persepolis n’a pas fini de faire parler d’elle en Tunisie. La polémique est toujours vive après la diffusion dans la soirée de vendredi 7 octobre du film iranien Persepolis de Marjane Satrapi, doublé pour la première fois en dialecte tunisien, sur la chaîne de télévision Nessma. Plusieurs personnes auraient été choquées par des passages contenant des représentations du divin (unevidéoles réunit sur Facebook).

La réaction a été violente : deux jours après la diffusion du film, Nessma TV annonce que ses locaux ont été attaqués par 300 salafistes. Une information que certains blogueurs questionnent désormais, à l’instar de Sarah, auteure dublog Un œil sur la planète. Selon elle, les quelques vidéos diffusées sur la Toile accréditent davantage la version du ministère de l’intérieur, selon lequel il n’y aurait eu qu’une cinquantaine de manifestants. Parmi eux, seuls quelques salafistes peuvent être clairement identifiés.

CROISADE NUMÉRIQUE

Il n’empêche que, depuis, la polémique Nessma enflamme la Toile, avivant le débat sur la laïcité qui fait rage depuis la chute du régime Ben Ali. Une véritable croisade numérique a été lancée contre la chaîne par des défenseurs de l’Islam.« Appels au boycott, flots d’insultes et même des menaces physiques… C’est ce qu’on peut voir en ce moment sur le mur des comptes Facebook de plusieurs milliers d’internautes tunisiens, qui se sont érigés contre la chaine privée Nessma TV. Estimant qu’il s’agit d’un acte de provocation et d’un grave affront contre la religion musulmane, les contestataires ont ainsi créé plusieurs pages fans sur le réseau social, sans compter celles déjà existantes avant cet événement », indique le site Tekiano. Au nombre de ces pages, on peut citer :Tous contre la chaîne Nessma,Nessma dégage,Boycott Nessma TV,…

« De quel droit Nessma se permet-elle de passer des scènes avec Dieu incarné alors que c’est strictement interdit en islam, ensuite quel est le message que délivre un tel film passé par une telle chaîne à 15 jours des élections ? Si ce n’est faire encore peur à ceux qui n’en ont pas assez des partis islamiques, si ce n’est faire un lavage de cerveau, en utilisant le modèle iranien et le manque de confiance propre au Tunisien en ces différents partis », fustige Primavera, l’une des détractrices de la chaîne, sur leblog collaboratif Nawaat.

« La chaîne révolutionnaire Nessma, non contente de tous ses accomplissements et de tous ses trophées en terme de provocation, de désinformation et d’atteinte aux bonnes mœurs, s’est intéressée finalement aux croyances-mêmes de ce peuple musulman un peu, beaucoup, passionnément », critique-t-elle. Un zèle mal venu pour une chaîne« qui s’est refaite un visage (ou devrais-je dire une gueule ?) comme tous les autres médias de la honte après le 14 janvier« , note Primavera, mentionnant au passage« ses financements sionistes ».

De par leur virulence, les anti-Nessma ont finalement eu gain de cause. Une enquête du parquet a été ouverte à la suite de plaintes d’avocats et de téléspectateurs au motif qu’elle a altéré la sensibilité du peuple tunisien, suivie des excuses au peuple tunisien de Nabil Karoui, le DG de la chaîne, pour avoir diffusé le film.

LES PRO-NESSMA RÉSISTENT

« Les défenseurs de la liberté d’expression défendent quand même la chaîne et des communiqués des différents partis politiques sont publiés », note la blogueuse Sarah.L’Observatoire politique tunisien, qui a répertorié l’ensemble des déclarations politiques sur l’affaire Nessma TV, note toutefois une certaine prudence des partis, qui se placent davantage sur le terrain de la liberté d’expression que sur celui de la défense de la laïcité.« La plupart des partis à dix jours du scrutin choisissent de répondre à côté sans réellement choisir leur camp car leur communication de campagne est rodée et qu’en changer aujourd’hui reviendrait à prendre de gros risques », dit L’Observatoire.

Sur la Toile, les pro-Nessma ne sont pas moins présents. Si la page officielle de soutien à la chaîne Nessma a été retirée de Facebook, à la suite de son signalement par des milliers de détracteurs, d’autres pages de fans existent, à l’instar deTous unis avec Nessma. Certains s’amusent à publier des photo-montages des différents longs-métrages qui mentionnent Dieu. Et, les collages de l’artiste tuniso-marocain ZED – Zied Ben Cheikh (sa page Facebook/ son site internet) font le tour du web :

e nombreux blogueurs décrient la sensibilité exacerbée des défenseurs de l’Islam.« Voila si t’as cru que ceci est ton dieu… Détrompe toi ce n’est que l’image imaginaire de dieu d’une gamine. C’est pour dire que si on commence à s’amuser à attaquer toutes les perceptions divines dans le monde ça va devenir un peu lourd », raille le blogueur FICO.

D’autres sont plus catégoriques :« Le problème c’est qu’il y a une bonne tranche de la société tunisienne inculte et ignorante qui est dérangée par le message profond du film ! […] Ce qui dérange c’est le fait de dénoncer les forces obscurantistes, ces islamistes de l’an mille […] ! », fustige l’auteur du blog Le républicain.« Personnellement, je suis assez content par les réactions qu’il a engendré ! Ce coup dans la fourmilière va éclaircir les Tunisiens ! […] Les Tunisiens n’auront pas le droit de dire ‘on ne savait pas !’ Maintenant ils connaissent les risques ! », commente encore Le républicain, qui les enjoint à contrer les islamistes en votant le 23 octobre.

LES MAUX D’UNE SOCIÉTÉ PLURIELLE

« Remarquez que dans les deux côtés, on a recours aux mêmes procédés : la dramatisation des faits et la persuasion par la peur du camp adverse… », note Selim, auteur du blog Carpe Diem. Pour lui, la tournure qu’a pris cette affaire est« révélatrice des maux de la Tunisie d’aujourd’hui, une Tunisie qui se cherche, toute convalescente qu’elle est du temps de la dictature ». Une Tunisie en pleine« schizophrénie électorale ». Les haines se cristallisent autour des sujets religieux, révélant « le visage d’une société mal dans sa peau et qui peine encore à s’accepter comme elle est : c’est à dire plurielle. Une société qui a aussi peur pour ses acquis identitaires, dont la définition varie selon les bords : conservatrice et arabo-musulmane pour les uns, progressiste et sécularisée pour d’autres », analyse-t-il.

Pour le blogueur, l’affaire Nessma pourrait porter un message plus optimiste : celui d’une diversité des opinions qui a désormais libre cours à l’ère de la libre expression.« Les Tunisiens, de tous bords, semblent à peine découvrir le vrai visage de leur pays, sans le fard et loin des clichés mauves de la propagande de Ben Ali qui prétendaient que les Tunisiens formaient un bloc monolitique et homogène composé de citoyens tolérants, modérés, ouverts sur l’Occident, attachés à leur tradition et laïques… Les Tunisiens, pour une bonne part, découvrent aujourd’hui leur société sous ses différentes facettes : du religieux radical, au laïque radical, en passant par une large frange composée de conservateurs et de modérés. »

Source: “Le Monde.fr (blog)) Le 14-10-2011

Lien: http://printempsarabe.blog.lemonde.fr/2011/10/13/laffaire-nessma-et-les-maux-de-la-societe-tunisienne/


La Tunisie post-révolutionnaire au bord de la folie?


 

Les effets dévastateurs de la dictature sur la population tunisienne ne se limitent pas aux seuls aspectspolitiqueouéconomique.En 23 ans decensureet d’assujettissement au pouvoir deZine el-Abidine Ben Ali, la santé mentale des Tunisiens a été mise à rude épreuve.

L’Agence Tunis Afrique presse (TAP) rappelle qu’un Tunisien sur deux souffrait en 2005 de troubles mentaux. Cette enquête, menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), révélait que 37% des cas présentaient des problèmes de dépression et d’anxiété.Un constat d’échec politique logiquementpassé sous silencepar l’ancien régime de Ben Ali.

En pleinecrise identitaire, à la veille des premières échéances électorales démocratiques, la résistance psychologique des Tunisiens est, à ce jour, toujours éprouvée.

Le vendredi 14 octobre 2011,la Tunisie célèbre la Journée mondiale de la santé mentalesous le thème: «La santé mentale: l’affaire de tous». Pour la présidente de la Société tunisienne de psychatrie (STP), le docteurRim Ghachem, le choix de l’intitulé n’est pas anodin et recoupe plusieurs problématiques:

«Le Tunisien ne se reconnaît plus. Il cherche à affirmer son identité nationale et arabo-musulmane. Il cherche également ses repères et a besoin d’un nouveau guide en qui il a réellement confiance».

Desremises en questionde fond qui viennent s’ajouter au déséquilibre initial. Par ailleurs, le traumatisme de la révolte engendrerait selon la présidente de la STP, certains comportements excessifs:

«Après plus d’une vingtaine d’années de silence, le Tunisien est passé d’une soumission quasi-totale sous la dictature de l’ancien régime à une insoumission post-révolutionnaire totale comme pour se déculpabiliser de ce silence qui a longtemps perduré», a souligné Rim Ghachem.

A l’échelle mondiale, l’OMS a placé cette manifestation sous le thème:«Investir dans la santé mentale». Un angle économique défendu par le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon:

«Les ressources humaines et financières allouées à la santé mentale sont insuffisantes, surtout dans les pays pauvres. (…) De nombreux pays comptent moins d’un spécialiste de la santé mentale pour un million d’habitants.»

En matière de moyens mis à disposition pour les troubles mentaux, le cas de laTunisieconforte le constat de l’OMS sur l’investissement dans les services de prévention, de promotion et de traitement. Même si sur une population évaluée à dix millions d’habitants le pays compte 212 psychiatres,à l’hôpital Razipar exemple, dans le gouvernorat de Manouba, on constate que depuis le 14 janvier, date de la fuite de Ben Ali et sa famille, les cas psychiatriques ne cessent de semultiplier:

«Sous l’effet de l’anxiété, les personnes les plus fragiles, les schizophrènes et les bipolaires (maniaco-dépressifs), ont fait des décompensations délirantes,explique le docteur Cheour-Ellouze. Certains patients se disent investis d’une mission. La révolution, pour eux, c’est la guerre finale. L’ensorcellement revient souvent, aussi. Sansoublierles délires de grandeur et les angoisses de persécution».

Source: ”Slate Afrique” Le 14-10-2011

Lien: http://www.slateafrique.com/53483/la-tunisie-post-revolutionnaire-au-bord-de-la-folie-sante-mentale


À nouvelle Tunisie, nouveau modèle économique


Par Moncef Guen

Ancien secrétaire général du Conseil ­économique et social tunisien, consultant international.

Le modèle économique tunisien d’avant la révolution du 14 janvier était loin d’assurer un développement rapide, équilibré et soutenu du pays. Quand on compare, sur le long terme, l’évolution économique de la Tunisie avec celle de quelques pays asiatiques comme la Corée du Sud, Taiwan, la Malaisie et Singapour qui, au milieu du siècle dernier, étaient à son niveau, on s’aperçoit du gouffre qui les sépare. D’après les statistiques du Fonds monétaire international (FMI), le produit intérieur brut (PIB) de la Corée du Sud en 2010 était de 1 007 milliards de dollars, celui de Taiwan de 430 milliards, celui de la Malaisie et de Singapour, respectivement de 237 milliards et 223 milliards, contre seulement 44 milliards pour la Tunisie. Singapour a réalisé un taux de croissance de 14,5 % en 2010, alors que celui de la Tunisie n’était que de 3,5 %. Le PIB par tête de Singapour était de 43 117 dollars, soit dix fois plus que celui de la Tunisie. Voilà ce que cinquante ans de dictature ont engendré !

Les raisons de cet énorme retard sont claires : un faible taux d’investissement, l’accent mis sur la sous-traitance et les secteurs à basse valeur ajoutée, le déséquilibre entre la frange côtière et l’hinterland, l’exode rural massif, aggravé par une négligence totale du développement agricole, les écarts de revenus accentués par une politique libérale outrancière, la corruption rampante qui a gangrené le système politico-économique, un enseignement de bas niveau, un chômage croissant, surtout celui des jeunes diplômés…

Un autre modèle économique est possible, capable d’assurer un développement rapide, équilibré et soutenu. Tout d’abord, le taux d’investissement doit grimper à 26 % du PIB dès 2012, 31 % en 2013, 35 % en 2014, 41 % en 2015 et 42 % en 2016. Cela entraînera des taux de croissance s’échelonnant entre plus de 6 % en 2012 et plus de 10 % en 2015 et 2016. Le taux de chômage, estimé à 20 % pour le début de 2012, baisserait de 4 points en moyenne annuelle entre 2012 et 2016, ce qui conduira au plein-emploi au terme de cette période.

Les investissements doivent être orientés en priorité vers les secteurs à haute valeur ajoutée, ce qui aurait le double avantage de fournir des emplois aux jeunes diplômés et d’accroître la valeur de la production et des exportations. En outre, une formation adéquate de la main-d’œuvre permettrait d’assurer un gain de productivité et d’améliorer la compétitivité. Les produits pourraient être écoulés dans le monde entier, surtout en Afrique et en Amérique (avec laquelle un accord commercial doit rapidement être négocié et conclu). Mais une meilleure qualification de la main-d’œuvre nécessite une réforme profonde de l’enseignement pour l’orienter vers les sciences, la technologie et la recherche. Les jeunes Tunisiens devraient être capables d’absorber les nouvelles technologies, puis d’innover à leur tour en créant leurs siennes propres, comme l’ont fait avant eux les Japonais, les Sud-Coréens, les Chinois et les Indiens. Un rôle plus important devrait être accordé à la langue anglaise, langue de la technologie et du commerce international.

Autre poste d’investissement prioritaire : les régions défavorisées, où il faut créer les infra­structures nécessaires au déploiement des activités génératrices d’emploi. À ce titre, il conviendrait de mettre en place des zones franches dans lesquelles les investisseurs jouiraient d’avantages fiscaux et financiers. Le développement rural doit être une priorité dans toutes les régions, ­garantissant au moins cent vingt jours de travail par an à tout demandeur d’emploi en zone rurale.

Il est nécessaire par ailleurs d’opérer une réforme fiscale permettant d’encourager l’épargne, l’investissement et l’exportation. Une telle réforme devra contribuer à favoriser les classes moyennes et s’accompagner d’un programme de transferts conditionnels dans lequel, à l’image du Bolsa Família (programme brésilien de lutte contre la pauvreté), les familles modestes obtiendraient des aides en espèces contre des engagements en matière d’éducation et de santé de leurs enfants.

Enfin, une lutte implacable doit être engagée contre la corruption, dont le coût économique est extrêmement élevé. La justice mérite une attention toute particulière. La protection de l’État de droit par un système judiciaire intègre et indépendant est la condition sine qua non d’un développement rapide, équilibré et soutenu.

Source: “Jeune Afrique” Le 14-10-2011

Lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2647p043.xml0/developpement-tunisie-investissement-tourismea-nouvelle-tunisie-nouveau-modele-economique.html


Tunisie. Le témoin Rached Ghannouchi enfonce l’Atce


 

Rached Ghannouchi a été entendu jeudi par le juge d’instruction de la 12e chambre du tribunal de Première instance de Tunis en tant que témoin dans une affaire impliquant l’Atce.

Selon Samir Dilou, interrogé par Kapitalis, il s’agit des suites d’un ancien procès en diffamation intenté par Rached Ghannouchi à Londres contre le journal ‘‘Al-Arab’’, édité par feu Ahmed Salah Al Houni, un éditeur libyen qui émargeait sur les générosités de l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce).

‘‘Al-Arab’’, qui était réalisé à Tunis et édité à Tunis et Londres, avait, à l’instigation de ses bailleurs de fonds tunisiens, accusé le chef d’Ennahdha de terrorisme, accusation qu’il n’avait pu étayer par des preuves tangibles devant la justice britannique qui, comme on le sait, n’attendait pas ses instructions du Palais de Carthage.

Le tribunal londonien a donc condamné l’éditeur libyen à payer une amende d’environ 2 millions de dinars pour réparation du préjudice causé à M. Ghannouchi.

Mais il y avait anguille sous roche, car il s’est avéré que c’est l’Atce, le commanditaire de l’acte de diffamation, qui a finalement payé le montant de l’amende à l’éditeur d’‘‘Al Arab’’, lequel n’en a d’ailleurs reversé qu’une partie à la victime.

Une source officielle a affirmé à Kapitalis que ces données viennent d’être confirmées par M. Ghannouchi au juge d’instruction.

L’audition du témoin a duré une demi-heure.

«Ce n’est là qu’une seule des nombreuses affaires gagnées par Ghannouchi contre le régime tunisien», a expliqué Me Dilou.

D’autres dossiers liés à la corruption au sein de l’Atce vont donc être ouverts. On entend déjà des dents qui grincent…

Source: “Kapitalis” le 13-10-2011

Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/6317-tunisie-le-temoin-rached-ghannouchi-enfonce-latce.html


Comment votera la Tunisie des oubliés ?


Par Martine Gozlan

Un document passionnant de Nicolas Beau (journaliste à Marianne) et Said Bakhtaoui, consacré à « la Tunisie des Oubliés », est diffusé ce soir sur la chaine parlementaire LCP à 21h.05. A ne pas rater une semaine avant les élections à l’Assemblée Constituante.

Pour qui voteront les Tunisiens des provinces oubliées, celles par qui la révolution est arrivée, du Sidi Bouzid de Mohamed Bouazizi à Kasserine que Ben Ali avait rêvé de bombarder ? On aura ce soir un avant-goût de leurs choix, une semaine avant les premières élections libres du pays, le 23 octobre,en regardant l’enquête réalisée par Nicolas Beau et Said Bakhtaoui sur la chaine parlementaire.

 

Auteur (avec Catherine Graciet) du brûlôt « La régente de Carthage » qui fit trembler le régime de Ben Ali avant l’heure, Nicolas Beau est désormais collaborateur de Marianne. Longtemps interdit de séjour en Tunisie, il eut, au lendemain de la révolution, le bonheur de voir enfin son livre sur les étagères des librairies de l’avenue Bourguiba, notamment chez Selma Jabbès, l’émérite patronne d’ « Al Kitab » qui n’avait jamais eu froid aux yeux. Je me souviens de ce matin de janvier, deux jours après la chute du satrape, quand les badauds se pressaient, si heureux, devant la vitrine où Selma avait disposé des spécimens des livres jusqu’ici interdits. Celui de Nicolas y figurait à la meilleure place. Et pour cause : il y avait disséqué deux ans auparavant toutes les raisons pour lesquelles les Tunisiens, un jour, diraient non à l’arbitraire.

 

Notre confrère est donc revenu cet été dans la Tunisie révolutionnaire. Avec Saïd Bakhtaoui, il est parti à la rencontre des provinces de l’Ouest qui avaient constitué le fer de lance de l’insurrection. Qui pourrait oublier les images terribles des 4, 5 et 6 janvier, à la morgue de Kasserine avec les corps des manifestants troués de balles ? Malgré ces sacrifices, aujourd’hui, la population se sent toujours oubliée. « Cette révolution, on l’a faite pour le pain et on n’a toujours rien ! » martèle un vendeur à la sauvette. A cinq euros par jour, les conquêtes de la révolution semblent terriblement abstraites. Certains déshérités pensent même qu’il faudrait carrément la refaire, cette révolution qui « ne nous a donné ni travail ni argent ». En poussant vers la mer, du côté de la souriante Hammamet, les reporters ont trouvé d’autres oubliés, à une dizaine de kilomètres de la station balnéaire. Ceux-là n’ont même pas l’eau et vivent avec trois euros par jour.

 

Sur ce désastre, nullement imputable à la révolution mais au long désintérêt de la dictature pour les coulisses de l’éden touristique, les islamistes du parti Ennahda jouent-ils sur du velours ? Eux qui n’ont été strictement pour rien dans l’insurrection qui n’a pas clamé un seul « Allah est grand ! » durant toute son extraordinaire saga, eux qui ont si prudemment attendu que le danger s’éloigne pour pointer le bout de leur barbe, vont-ils tirer leurs marrons douteux du beau feu de la liberté ?

 

Dans le document tourné cet été, il est manifeste qu’Ennahda peut capitaliser une partie des souffrances sociales. Ennahda est puissant : le parti a l’argent et les moyens de tenir des meetings bien encadrés. On voit Rached Ghannouchi clamer « l’Islam est notre Constitution ! » et encore « Le voile est l’étendart de l’Islam ! ». Images éloquentes qui illustrent le fameux double discours islamiste : celui, doucereux, réservé aux médias, et l’autre, le vrai, l’abrupt, le brut, pour le peuple. Le peuple, précisément, dans ces meetings,a été amené par bus, avec une efficacité impressionnante. Celle du RCD , naguère ! D’où vient l’argent d’Ennahda ? Si la question n’est pas abordée dans le reportage, on sait que l’argent du parti religieux ( inondé de fric par le Qatar) a été la cause principale de la rupture entre Ennahda et la commission nationale de la réforme politique, présidée par l’éminent juriste Yadh ben Achour. La commission exigeait que toute la transparence soit faite sur le financement des partis. Ennahda n’a pas pu le supporter. Bel exemple d’allergie à la transparence démocratique !

 

Les Tunisiens ne sont pas dupes. Et c’est tout le mérite du document de nous le rappeler en rendant hommage à leur lucidité, à leur simplicité. Toute voilée qu’elle est, Fadela, une jeune femme pauvre, la première diplômée de sa famille( il y a 150 000 diplômés chômeurs) lâche avec mépris : « Je ne voterai jamais pour Ennahda, ils ont un passé trop trouble… »Car la violence islamiste, personne ne l’a oubliée. La peur de remplacer la dictature par un parti ultra-puissant flotte dans le pays. Non, pas dupes, les Tunisiens. Et même, ils rigolent quand Rached Ghannouchi sort, sérieux à n’y pas croire : « nous, on est pour le modèle scandinave ! »

 

Personne n’est dupe : une avocate qui n’a pas hésité à défendre les détenus islamistes contre la répression de Ben Ali, s’engage aujourd’hui à fond pour défendre la cause des droits des femmes. Images toniques du « Café des femmes » à Bizerte, un vrai rendez-vous des audacieuses sur le quai des machos ! Et le film s’achève

 

sur un visage d’homme libre : celui du philosophe Mohammed Talbi, qui a dénoncé inlassablement tous les hold-up pratiqués sur l’islam, autant par l’islam politique que par ceux qui cautionnaient la dictature au nom de la lutte anti-terroriste. Le vieil homme martèle le célèbre verset du Coran, si constamment trahi : « Pas de contrainte en religion… » Et il scande : « Je crois en l’avenir de la liberté de penser ! ».

 

Une vraie lumière, cette conviction d’un sage qui n’hésitait pas, sous Ben Ali, à affronter la police, quand il allait apporter son soutien à ceux que la dictature trainait en justice. Du plus jeune des blogueurs au plus lettré de ses anciens, ce pays reste celui de tous les espoirs.

Source: “Marianne2” Le 14-10-2011

Lien: http://www.marianne2.fr/martinegozlan/Comment-votera-la-Tunisie-des-oublies_a14.html


Message à mes Compatriotes de Tunisie et d’ailleurs


 

Chers Compatriotes, Dimanche 23 octobre 2011, nous prendrons, en Tunisie, le chemin des urnes pour les premières élections démocratiques dans l’Histoire de notre Pays, et ce, pour ouvrir une nouvelle page en désignant nos représentants à l’Assemblée Nationale Constituante, chargée d’écrire la Constitution de la Deuxième République Tunisienne, Texte-Mère de toutes les Lois qui vont gérer la vie de nos enfants et de nos petits-enfantspendant les prochaines décennies.En ce jour, c’est le destin de chaque citoyen et la destinée de la Nation qui seront en jeu. En outre,une fois élue, l’Assemblée Constituante sera l’Unique Instance représentant, réellement et sans aucune ambiguïté, la Volonté Populaire. N’oublions pas que l’Assemblée Constituante fut, et reste, la plus importante Victoire Révolutionnaire de notre Peuple, après la chute du Régime Zinochet et les premières tergiversations du Pouvoir Transitoire, Victoire arrachée grâce à une mobilisation déterminée et persévérante, revendication qui a été soutenue par le Conseil National de la Protection de la Révolution, par tous les Partis Politiques non Collabos, par l’Union Générale Tunisienne du Travail et par toutes les Organisations, réellement Démocratiques, de la Société civile. L’enjeu est donc énorme et chaque vote comptera. Pour barrer la route à tous ceux dont le dessein est de nous spolier de notre Révolution (en la déviant de ses idéaux de Liberté-Dignité-Démocratie-Egalité, slogan crié, jusqu’à leur dernier souffle, par les Martyrs de notre Révolution de Jasmin,et enprécipitantle Pays dans une Dictature brune-verte théocratique sans retour, dont les incidentsvécus dernièrementdonnent un avant-goût), faîtes circuler, tous azimuts, le message suivant : «Votez pour toute Liste, exceptées celles des Islamistes, déclarés ou cachés ». Avec mes Salutations Révolutionnaires, Salah HORCHANI

Source: “Le Post.fr” Le 14-10-2011

Lien: http://www.lepost.fr/article/2011/10/14/2613715_message-a-mes-compatriotes-de-tunisie-et-d-ailleurs.html


Tunisie : « Chaque peuple a le gouvernement qu’il mérite » !


 

Par Emna Zouari

Winston Churchill disait: « Chaque peuple a le gouvernement qu’il mérite » !. Comment se résigner à accepter une telle situation? En tant que jeune femme, pur produit de l’éducation de mes parents, eux mêmes enfants du Bourguibisme, je ne peux accepter une telle descente aux enfers de mes concitoyens, qui, croyant aux belles paroles d’un avenir meilleur, iront voter pour un parti qui nous conduira directement et rapidement vers un obscurantisme dont il sera difficile de sortir. Que pouvons-nous y faire? Sommes-nous censés les regarder et ne pas agir au nom d’une démocratie nouvelle que nous apprenons à mettre en place? Ou devons nous au contraire dénoncer et condamner au risque d’entendre à nouveau des mots tels que ‘répression’ ou ‘dictature’ ? Il m’est insupportable d’imaginer ma belle patrie ressemblé à L’Iran, je ne peux m’y résoudre! De leur côté, ces obscurantistes et leurs acolytes ne cessent de progresser dans les bases profondes de la société: non respect des lois en vigueur, port du voile intégral dans les Universités, création d’une école privée d’enseignement de la Chariaa n’ayant pas obtenu l’autorisation du Ministère de Tutelle et qui se permet de faire de la publicité dans les médias, violences et dégradations des locaux d’une chaîne télévisée, convocation chez le Procureur de la République des traducteurs d’un film récompensé Outre Mer. Est-ce cela leur vision de la Démocratie? Dans ce cas, devons-nous leur appliquer les principes de la Démocratie ou tout simplement les empêcher d’arriver à leurs fins? Cet endoctrinement de la jeunesse n’a pas été rendu possible grâce à feu Mohamed Charfi qui, au vu de la menace islamiste, ne les a pas laissé faire à la fin des années 80. Doit-on se taire aujourd’hui par ‘manque de légitimité’ comme disent certains? Non, car ‘ à défaut d’une légitimité Constitutionnelle, le gouvernement dispose d’une légitimité Fonctionnelle’ pour citer notre Premier Ministre. Rien ne peut justifier de tels actes de violence, pas même notre Livre Sacré qui, loin de prôner l’intolérance, est un message de paix et d’amour. Vous l’aurez compris, ma compréhension de ce Livre est loin de correspondre à l’interprétation étroite de ces pseudos défenseurs de l’Islam. N’en déplaise à certains qui confondent Islam et Intégrisme. Au lieu de montrer au monde entier que cette religion est porteuse d’Espoir, de Liberté et d’Amour, ces derniers préfèrent véhiculer une image Moyenâgeuse de violence, de sang et de barbarie. Mes chers compatriotes, serons-nous assez éclairés pour voir le danger qui se profile à l’horizon et ferons-nous les bons choix? Je le souhaite vivement ….

Source: ”Espace Manager” Le 14-10-2011

Lien: http://www.espacemanager.com/chroniques/tunisie-chaque-peuple-a-le-gouvernement-qu-il-merite.html

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