15 octobre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3067 du 15.10.2008

 archives : www.tunisnews.net  

 


Committee to Protect Journalists: TUNISIA: Independent news site destroyed Luiza Toscane: Tunisie : vingt ans de luttes des prisonniers politiques (1ère partie) Luiza Toscane: Elargir le soutien ! – Abdellatif Bouhjila en grève de la faim Luiza Toscane: Un passeport pour la liberté ! – Intervenir pour Rachida Fareh
La Princesse Enchantée: Quand Kadhfi propose aux Materi de renverser Ben Ali AFRIQUES en LUTTE: Solidarité avec les resistances sociales au Maghreb AP: “La Marseillaise” sifflée: condamnations unanimes de la classe politique; Escalettes convoqué à l’Elysée AFP: Son hymne sifflé à un match contre la Tunisie, la France s’indigne
AFP: Marseillaise sifflée: éviter les amalgames (ambassadeur de Tunisie) Lemonde.fr: “Marseillaise” sifflée : les matches seront arrêtés
Les Afriques: Traiter avec les talibans, l’idée fait son chemin…


Le site provisoire de KALIMA: www.kalimatunisie.blogspot.com

 


Committee to Protect Journalists

330 Seventh Avenue, New York , NY 10001 USA      Phone: (212) 465‑1004     Fax: (212) 465‑9568     Web:www.cpj.org    ;E-Mail: media@cpj.org

Contact:  Mariwan Hama-Saeed

Telephone:  (212) 465-1004 ext 104

E-mail:mariwan@cpj.org

TUNISIA: Independent news site destroyed

New York, October 14, 2008—Kalima, an independent Tunisian online news site, was hacked into and shut down on October 8, according to the Web site’s staff.

Lotfi Hidouri, an editor at Kalima who lives in Tunis , told CPJ that the Web site was blocked and its entire contents, including an eight-year archive, were destroyed. Kalima, which is published in Arabic and French, has been banned in Tunisia since it was launched in 2000, and authorities denied permission to launch a print edition in March 2008. The site is hosted in France .

“The only ones who benefit from this attack are the authorities,” Hidouri told CPJ. He said he believes the site was attacked by the government—that it may have attracted too much attention for their liking since it only started updating daily in July, as opposed to once a week or every other week previously. Tunisnews¸ another independent news site, has been blocked inside Tunisia since its launch in 2000.

Kalima’s staff plans to relaunch its site.

“We condemn the attack on Kalima, which was one of the few independent voices available to Tunisians,” said CPJ Deputy Director Robert Mahoney,” CPJ Deputy Director Robert Mahoney said. “We call on the authorities to stop blocking this and other critical news Web sites.”

A CPJ mission to Tunisia in September 2008 found that authorities in Tunisia control the registration of print media and licensing of broadcasters, and refuse permission to critical outlets. Critical online news sites, such as those belonging to international human and media rights groups, as well as the popular video-sharing site YouTube, are blocked by the government, CPJ’s investigation found.

Tunisia , the Arab world’s leading jailer of journalists since 2001, frequently brings charges ostensibly unrelated to journalism as way to pressure outspoken reporters while deflecting international criticism, CPJ research shows. On July 21, Internet journalist Slim Boukhdhir, who had been held for eight months after writing articles critical of President Zine El Abidine Ben Ali and the first family, was freed. Boukhdhir had been found guilty on what were widely seen as fabricated charges of insulting a public employee, violating “public decency,” and refusing to hand over identification to police.

The Committee to Protect Journalists is a New York-based, non profit, non-partisan organization dedicated to defending press freedom around the world. WWW.CPJ.ORG

 


TUNISIE : VINGT ANS DE LUTTES DES PRISONNIERS POLITIQUES (1ère PARTIE)

La dictature de Ben Ali et de son parti a contribué à faire des prisonniers d’opinion une question politique centrale. Retour sur la cristallisation d’une revendication, l’amnistie générale, indissociable du combat contre la dictature. Officiellement, il n’y a pas de prisonniers politiques en Tunisie. La dictature serine imperturbablement depuis vingt ans qu’il n’existe que des prisonniers de droit commun. Effectivement, tous les prisonniers politiques tunisiens ont été condamnés pour des faits passibles des dispositions du code pénal (amendé en 1993 pour y redéfinir le « terrorisme » et incriminer les faits commis à l’étranger), du Code des plaidoiries et sanctions militaires (puisqu’il reste en Tunisie une juridiction d’exception, le tribunal militaire) et enfin de la loi antiterroriste promulguée en 2003. Des Tunisiens par dizaines de milliers ont été jetés en prison pour leurs idées ou leurs appartenances, réelles ou supposées, ou pour avoir simplement prêté main forte aux précédents, car le châtiment est dans ce pays collectif. Répression tous azimuts Les années 1990 ont vu l’emprisonnement de milliers de militants du mouvement islamiste En Nahdha et des militants du syndicat estudiantin l’Union Générale Tunisienne des Étudiants (UGTE), proche du premier, au terme de procès de masse ayant débouché sur des peines d’emprisonnement à la perpétuité. Vint le tour de la gauche, essentiellement les étudiants de l’Union Générale des Étudiants de Tunisie (UGET) et les militants du Parti Communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT) ainsi que quelques membres de l’Organisation des Communistes Révolutionnaires (OCR). La répression s’était étendue à des membres du Mouvement des Démocrates Socialistes, représenté au Parlement, de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme (légale), ou des minuscules Hezbollah ou El Ansar, etc. Les années 2000 virent l’émergence d’une nouvelle génération aux intentions inconnues, car non organisée au plan national. Aussi le pouvoir fit arrêter préventivement des milliers de jeunes pour “terrorisme” et les jeta en prison, accusés d’avoir voulu rejoindre la résistance irakienne et/ou d’avoir des idées salafistes, renvoya en prison quelques membres de Nahdha, du PCOT. Et pêle-mêle, furent jetés en prison des membres du Parti de la Libération Islamique, du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés-FTDL (légal) ou du Parti Démocratique Progressiste (PDP) dont le dirigeant a décidé de se présenter à la présidentielle de 2009 et aussi : un journaliste, un avocat, des internautes, des militants des droits de l’homme de la LTDH ou de l’Association Internationale de Soutien aux prisonniers politiques (AISPP), des rappeurs, un humoriste ou un Nassérien, etc. D’autres furent incarcérés pour des appartenances transnationales : combat dans l’armée bosniaque, appartenance au Front Islamique Tunisien, Ahl As Sunna wa Djamaa, Eddawa wat tabligh, Soldats d’Assad Ibn Fourat ou Feth El Islam… En 2008 vint le tour des chômeurs diplômés et des syndicalistes de l’Union Générale Tunisienne de Travail (UGTT) qui avaient soutenu les revendications des précédents, et des manifestants du bassin minier de Gafsa. Quant aux soufis, ils devraient connaître leur sort prochainement ! Torture à tous les étages Le parcours du prisonnier politique est fait de torture systématique lors de sa garde à vue (intégrant souvent les sévices sexuels et les viols) laquelle garde à vue est en réalité une détention au secret qui prend fin avec la signature d’un procès verbal qu’il n’aura pas lu. Il est écroué dans des conditions inhumaines : pas de lit, pas de lumière, de douche, de soins, interception de son courrier, privation de livres, de visites, mauvais traitements allant des insultes à la torture ou au viol, mises à l’isolement pouvant durer des années, transferts incessants de prison en prison dont le point commun est d’être éloignées du domicile familial. Quand des fratries sont emprisonnées, les frères ne sont évidemment pas dans la même prison. Les membres de la famille sont à leur tour réprimés, harcelés, privés d’emploi ou de droits élémentaires, gardés à vue dans des commissariats les jours fériés, quand ils ne sont pas à leur tour arrêtés et torturés, etc. Les procès sont entachés d’irrégularités flagrantes et de violations de procédure, les droits de la défense sont bafoués. Deux principes sont souvent violés : la non rétroactivité des lois et l’autorité de la chose jugée. Les morts et les personnes irresponsables pénalement sont déférés, voire condamnés. La règle de la publicité du procès est bafouée. Les plaintes pour torture, crime puni par le code pénal, sont classées systématiquement. Les conséquences : les prisonniers politiques sont atteints de pathologies multiples non soignées, y compris mentales. Aux décès sous la torture s’ajoutent les décès en prison, ou quelques temps après la sortie de prison, Un prisonnier en fin de vie est « chassé » de prison pour ne pas alourdir les statistiques et prié de décéder chez lui. Double peine des prisonniers politiques Un ex-prisonnier ne recouvre pas ses droits : il est soumis à un régime d’apartheid et vit dans une prison à ciel ouvert : privation de carte d’identité, de passeport. Impossibilité de suivre des études, interdits professionnel, privation de carte de soins. Régime de « contrôle administratif » pendant des années supposant des pointages réguliers, des assignations à résidence et des descentes de police à domicile, quand ce n’est pas l’éloignement, le bannissement à des centaines de kilomètres du domicile. Des pressions sont exercées sur l’entourage pour empêcher mariages, fiançailles et autres fêtes privées. Surveillance du courrier, d’Internet, du téléphone, souvent coupés. Toute volonté d’escapade hors de l’espace autorisé se traduira par un retour à la case prison pour « infraction au contrôle administratif ». Toute sa famille, déjà persécutée pendant son emprisonnement, continue de vivre à son tour cet apartheid de fait. On comprendra dès lors la fuite et l’exil de milliers d’ex prisonniers politiques et de leurs familles sous des cieux plus démocratiques. Tous ces prisonniers sont, à l’exception de quelques femmes arrêtées dans le cadre des procès visant le parti de la Nahdha et le POCT dans les années quatre vingt dix, des hommes jeunes. Seules deux femmes (sur 2000 hommes environ) sont actuellement en prison pour raisons politiques, reflétant la place des femmes dans la vie politique mais aussi les modalités d’une répression spécifique aux femmes. Ils sont Tunisiens, à l’exception d’Algériens membres de Nahdha, ou bi-nationaux, fruits de l’exil des Tunisiens ou de leurs engagements : Canadiens, Français, Allemand, Portugais, Bosniaque… Ils sont jeunes : la génération arrêtée en vertu de la loi antiterroriste compte des lycéens (y compris des mineurs), des chômeurs, des salariés précaires, et des étudiants. Luiza Toscane. (A suivre dans le prochain numéro : la deuxième partie « Les combats des prisonniers politiques »)


Elargir le soutien !

Abdellatif Bouhjila en grève de la faim.

 Sorti de prison en novembre 2007, Abdellatif Bouhjila a commencé le 2 octobre 2008 une grève de la faim illimitée à son domicile pour protester contre le refus de soin qui lui est opposé de fait, puisque les rendez-vous obtenus à l’hôpital sont systématiquement reportés et que le passeport qui lui permettrait de se soigner à l’étranger lui a été refusé également.Or Abdellatif Bouhjila souffre de plusieurs pathologies, notamment cardiaques, que son séjour en prison et les nombreuses grèves de la faim qu’il a menées pour faire respecter ses droits élémentaires n’ont guère contribué à améliorer. C’est un homme handicapé qui est sorti de prison et qui, au terme d’une année, ne peut songer à reprendre une activité professionnelle tant il éprouve de difficultés à se déplacer.

Au terme d’une année d’attentes et d’espoirs déçus, il est à nouveau rentré en lutte et a reçu le soutien d’associations tunisiennes et de personnalités qui ont constitué un comité de soutien, autour notamment de Sihem Ben Sédrine, Omar Mestiri, Radhia Nasraoui, Ali Ben Salem, Abderraouf Ayadi, et Mustapha Bouhjila, le frère de Abdellatif, qui vit aux Etats-Unis où il multiplie les démarches de soutien…

En France, il a d’ores et déjà reçu le soutien de l’ACAT-France, et plus spécifiquement d’Annette le Gouadec, de l’ACAT de Miramas (13), qui a écrit en ces termes le 3 octobre au directeur du CHU de la Rabta : “Monsieur le Directeur de l’Hôpital Malgré mes courriers des 13 juillet,4,22 août et 6 septembre 2008 restés sans réponse de votre part à ce jour, je me vois dans l’obligation de vous informer que Monsieur Abdellatif BOUHJILA, vient d’entamer une grève de la faim depuis hier. L’hôpital se doit d’assurer la santé de tous les citoyens et à plus forte raison de ses citoyens qui ont été torturés. La Vie d’un être humain est un bien précieux pour l’humanité et en particulier pour les médecins qui ont vocation de soigner, soulager les maux des malades, guérir lorsque cela est possible… Je vous demanderai donc de faire assurer le plus vite possible Tous les examens médicaux nécessaires à la santé de Monsieur Abdellatif BOUHJILA […]”

 

En date du 10 octobre, Abdellatif Bouhjila faisait un bilan de sa première semaine de grève de la faim :”je n’ai reçu aucune réponse ou confirmation concernant le recouvrement des charges médicales. Je suis en grande fatigue et je souffre bien des douleurs cardiaques malgré que je suis en train de prendre des médicaments [..]Durant cette semaine ce qui m’a soulagé est le soutien de plusieurs personnes qui n’ont cessé de me contacter et de me visiter […]Je tiens à remercier toutes ces personnes […]’aimerais recevoir plus de soutien [..]”. Cette solidarité s’impose d’autant plus que tant du côté de l’hôpital que du passeport, il n’a au douxième jour de sa grève reçu aucune réponse.

Pour témoigner de votre solidarité :

L’adresse où l’on peut lui rendre visite : Rue Ahmed Tlili, Impasse Sétif n°20 bis, Mégrine Chaker

Le numéro de téléphone pour le contacter : 00 216 79 416 197 ou 00 216 23 048 533

Luiza Toscane


 

Un passeport pour la liberté ! Intervenir pour Rachida Fareh

 
L’acharnement contre la famille de l’ex prisonnier politique Belgacem Hammami ne connaît pas de répit. Ce dernier, qui a été condamné à douze années et un mois d’emprisonnement, a passé huit ans et un mois en prison, dont cinq longues années dans une cellule de cinq mètres sur cinq avec 26 codétenus à la prison de Mehdia. A sa libération, assortie toutefois d’une peine de contrôle administratif de cinq ans, il a été contraint d’émarger une fois par jour, sans compter les deux “visites” quotidiennes de la police à son domicile. Monsieur Hammami a dû quitter la Tunisie pour échapper à ce cauchemar et il est aujourd’hui réfugié en Suisse où il vit avec trois de ses six enfants. Son épouse, Madame Rachida Fareh, a vu la répression se déployer sur elle et les enfants restés en Tunisie. Elle a déposé une première demande de passeport en 2005 : refus ! Et l’année suivante, en février 2006, elle a réitéré sa demande : absence de réponse jusqu’à aujourd’hui. Otage entre les mains de la police à son domicile de la région d’Aousja ( Bizerte), elle doit subir le harcèlement de la police qui n’hésite pas à fracturer les portes pour entrer chez elle et ses enfants. Ces derniers subissent également les représailles du régime : privation de passeport pour l’un des enfants, refus de l’Université de Tunis d’inscrire l’aîné en troisième cycle, etc… Monsieur et madame Hammami sollicitent l’intervention de tous les militants et organisations de droits de l’homme pour le droit de madame Rachida Fareh à un passeport et à rejoindre son mari et pour le droit de leurs enfants à une vie sereine, or le harcèlement policier a déjà eu des répercussions désastreuses sur leur santé. Luiza Toscane


Quand Kadhfi propose aux Materi de renverser Ben Ali

Au début du mois d’août 2008, le colonel Kadhafi a effectué une « visite de fraternité et de travail » en Tunisie, pour reprendre le jargon ampoulé de la diplomatie de Carthage. Au grand dam de la France, le chef de l’Etat libyen en a profité pour vomir sur l’Union pour la Méditerranée (UPM) alors même que le général-président Ben Ali, militait en sous-main pour que le siège de l’UPM soit implanté à Tunis. Lors de son séjour au pays du jasmin, Mouammar Kadhafi a été l’invité d’honneur d’une soirée organisée à la villa Feuillatte par Sakher el Materi, alias « Monsieur Gendre », dont Bakchich relate régulièrement les frasques. Rejeton de Moncef el Materi jadis impliqué dans le putsch contre le président Bourguiba, condamné à mort puis gracié et libéré après avoir passé seize ans à l’ombre, Sakher a épousé Nesrine, la fille de Leila Trabelsi et de son président Ben Ali de mari. Les invités de cette mémorable soirée où Kadhafi a distribué quelques diamants et de ravissants pendentifs décorés d’un mini portrait de lui qui clignote ont notamment pu se délecter des belles danses orientales que la mère de Sakher el Materi a offert au chef de l’Etat libyen. Papa-Moncef Materi a, lui, eu droit à un aparté avec « le Guide de la grande révolution de la Grande Jamahiriya ». Et n’a pas dû être déçu puisque Kadhafi lui a glissé en substance, faisant référence à sa précédente tentative de putsch contre Bourguiba : « tu as survécu à un échec. Moi, je te propose un vrai coup d’Etat et te suggère d’instaurer une “monarchie” en Tunisie ». Avec Sakher à sa tête, cela va de soi. Sacré Kadhafi, on ne s’en lassera jamais ! La Princesse Enchantée (Source : « Bakchich » (Satirique – France), le15 octobre 2008)


SOLIDARITE AVEC LES RESISTANCES SOCIALES AU MAGHREB

 
C’est bien une perception nouvelle des résistances sociales maghrébines qui se fait sentir aujourd’hui. Au-delà de la contestation légitime de la très sarkozyste Union pour la Méditerranée (UPM), on voit émerger une solidarité avec ces luttes humaines, sociales et économiques. Le contre sommet et l’initiative de la CNT et le meeting « Pour une Méditerranée des luttes», qui se sont tenus cet été en sont des éléments probants. Organisation politiques à la gauche du PS, syndicats, associations de défense des Droits de l’Homme, syndicats étudiants, tous les acteurs majeurs de la solidarité se sont rencontrés pour analyser, agir et avancer ensemble: c’est le rejet sans conditions des politiques néo colonialistes et ultralibérales qui gangrènent cette région du monde. Pour la première fois, les révoltes en cours en Algérie, en Tunisie et au Maroc témoignent d’une réelle convergence: les mêmes causes (chômage, corruption, népotisme) produisent les mêmes effets a Oran, Gafsa ou Sidi Ifni. Le mouvement de colère est porté par les jeunes, diplômés, chômeurs, actifs, étudiants, syndicalistes en rupture avec la ligne officielle de l’UGTT, femmes, et se trouve agressé par des gouvernements autoritaires, répressifs et policiers, soutenus par les impérialismes occidentaux. Cette prise de conscience globale se fait malgré l’hypocrisie, qui confine à la désinformation, des média, qui, quand ils veulent bien les évoquer, dénaturent et minimisent les faits pour ne pas ternir l’image d’un paradis pour touristes. Un nouvel espace politique se définit a l’échelle de cette région; les formes de ce processus anticapitaliste, internationaliste et solidement ancré à gauche sont en train de se préciser. Et c’est le rôle des travailleurs et des révolutionnaires de soutenir ce combat pour les droits humains et la démocratie. De fait, la question de l’immigration, entachée d’alliances euro-maghrébines toxiques, se pose de façon accrue. Car les enjeux sécuritaires, sous le fallacieux prétexte de contrer le terrorisme, entraînent la maîtrise violente des flux migratoires, et interdisent la libre circulation des populations, surtout les plus pauvres. L’élan de solidarité unitaire mobilise autour des revendications justes, et concrétise la construction d’un front unique de résistance à la répression. Le sort monstrueusement inique réservé aux opposants est cruellement symptomatique de cette lutte pour la dignité. J’en veux pour exemple Ess’gaier Belkhiri, immigré tunisien résidant à Nantes, incarcéré puis libéré au bout d’un mois grâce a la solidarité internationale. Et aussi Zakia Difaoui, militante des droits de l’Homme condamnée en appel a 4 mois 1/2 de prison ferme par les autorités tunisiennes. Dernière tentative en date d’intimidation, preuve de l’inquiétude des pouvoirs dictatoriaux, l’inculpation éhontée, pour financement d’association de malfaiteurs, de Mouhieddine Cherbib, président de la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives (FTCR), vivant en France. Il est simplement intolérable que ces régimes policiers menacent les soutiens, criminalisent leur action et tentent sans vergogne de réduire la contestation au silence, à la torture et à la mort. C’est à nous qu’il revient d’exiger la garantie des libertés essentielles et le respect des droits sociaux et humains. A Paris et Nantes, des groupes de travail unitaires sur ces questions ont vu le jour. C’est pourquoi, plus que jamais, il est temps de renforcer l’unité, d’encourager les initiatives communes et de multiplier les campagnes de solidarité, pour ne pas laisser la peur et la résignation détruire cet espoir naissant. Gisèle F.  (Source: “AFRIQUES en LUTTE”  Blog du groupe de travail “Afriques” de laLigue Communiste Révolutionnaire (LCR) ) Lien: http://afriquesenlutte.blogspot.com/2008/10/solidarite-avec-les-resistances.html


Son hymne sifflé à un match contre la Tunisie, la France s’indigne

 
AFP Mercredi 15 octobre, 16h13 Le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy a qualifié l’incident de “scandaleux”. Reçue à ce sujet par le président de la République, la ministre des Sports Roselyne Bachelot a averti que “tout match où notre hymne national sera sifflé sera immédiatement arrêté” et “tous les matches amicaux avec le pays concerné seront suspendus” pendant un délai qui restera à fixer. La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a pour sa part demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire s’appuyant sur les images des caméras professionnelles implantées dans le stade. Les interpellations qui en découleront seront suivies d’interdictions administratives de stade, a-t-elle affirmé. “Ceux qui veulent siffler un hymne national doivent être privés du match auquel ils sont venus assister”, a estimé de son côté le Premier ministre François Fillon, regrettant que la Fédération française de football (FFF), dont le président a été convoqué par Nicolas Sarkozy, n’ait pas annulé la rencontre. Des sifflets ont accompagné l’hymne national avant le coup d’envoi du match amical France-Tunisie, comme cela avait été le cas lors des rencontres amicales France-Algérie (octobre 2001) et France-Maroc (novembre 2007). Le secrétaire d’Etat aux Sports, Bernard Laporte, a suggéré que l’équipe de France de football ne joue plus désormais contre les équipes du Maghreb au Stade de France à Saint-Denis, situé en banlieue parisienne dans une zone défavorisée où vivent de nombreux immigrés. M. Laporte considère que les rencontres sportives entre France et pays du Maghreb doivent continuer, “mais il faut les jouer chez eux, ou alors en province”. Cet incident, survenu dans le principal stade parisien, a relancé le débat sur l’intégration des immigrés, trois ans après les émeutes qui avaient fait rage dans les banlieues françaises. Le président du parti d’extrême droite Front national (FN), Jean-Marie Le Pen, y a vu l’échec de l'”utopie” d’une intégration des immigrés, et le reflet d’un “racisme anti-français”. “Ces Français qui sifflent l’hymne national prouvent qu’ils ne sont que des Français de papier, et que l’intégration de masses étrangères à notre culture est un échec parce que c’est une utopie”, a-t-il affirmé. A l’opposé, la secrétaire nationale du Parti communiste français (PCF) Marie-Georges Buffet a estimé que les sifflets lors du match étaient l’expression de gens en “souffrance” qui “ne se sentent pas bien chez nous”. “Il y a peut-être à se pencher sur pourquoi ces hommes et ces femmes, et notamment tous ces jeunes (…), éprouvent le besoin de siffler la Marseillaise”, a déclaré Mme Buffet. “Cette provocation, après d’autres incidents similaires, sont des révélateurs alarmants d’une déchirure entre une partie de la population française issue de l’immigration maghrébine et la société française”, a jugé une association antiraciste, le Mouvement pour le rassemblement et l’amitié entre les peuples (Mrap). Lui-même d’origine tunisienne, le secrétaire national du Parti socialiste (PS) Razzy Hammadi a pour sa part estimé que “même si (…) les Français d’origine maghrébine sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier (…), il n’en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n’est pas à humilier en sifflant son hymne”. AFP  

“La Marseillaise” sifflée: condamnations unanimes de la classe politique; Escalettes convoqué à l’Elysée

 
AP Mercredi 15 octobre, 12h17 Au lendemain des sifflets qui ont couvert “La Marseillaise” lors du match amical France-Tunisie au Stade de France, la classe politique dénonçait unanimement mercredi ces incidents, qui se répètent une nouvelle fois à Saint-Denis. Nicolas Sarkozy a décidé de convoquer à l’Elysée Jean-Pierre Escalettes, le président de la Fédération française de football (FFF).l’article Alors que l’hymne national était interprété par la chanteuse d’origine tunisienne Lââm, avant le coup d’envoi du match, de nombreux sifflets ont été lancés depuis les tribunes. La rencontre entre MM. Sarkozy et Escalettes aura lieu à l’Elysée à 13h, en présence en présence de la ministre des Sports Roselyne Bachelot et du secrétaire d’Etat aux Sports Bernard Laporte, qui a qualifié de “scandaleux” les incidents. M. Laporte a proposé sur RMC de “délocaliser ces matches qui sentent un peu la poudre”, citant notamment ceux pouvant opposer les Bleus à des équipes du Maghreb, ou encore le Portugal. Il a notamment suggéré que ces matches ne se déroulent plus au Stade de France, mais en province ou sur le sol de l’adversaire. Un peu plus tôt, François Fillon a déclaré qu’il aurait souhaité que le match soit annulé après les sifflets. “Il faut interrompre les matchs quand les hymnes nationaux quels qu’ils soient sont sifflés. C’est un manque de considération, de respect pour toute une nation. On ne peut pas laisser passer un incident comme celui-là sans chercher des solutions”, a estimé le Premier ministre sur RTL. “Ceux qui veulent siffler un hymne national doivent être privés du match auquel ils sont venus assister”. “C’est insultant pour la France, pour les joueurs de l’équipe de France. Ce n’est pas tolérable”, a-t-il ajouté. Le vice-président de la FFF Noël Le Graet lui a répondu en estimant que “c’est toujours une erreur de ne pas jouer”, trouvant par ailleurs “désolant” sur RTL les sifflets entendus pendant l’hymne. De son côté, le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale Brice Hortefeux a qualifié cet événement d'”acte stupide et commis par des imbéciles”. “Cela gâche la joie du sport et cela pose aussi la question très forte de l’enseignement des valeurs de la République”, a-t-il estimé sur RFI, se rangent à l’avis du Premier ministre: “Face à de telles attitudes, la meilleure réaction aurait été sans doute de suspendre le match”. A gauche, le député socialiste Arnaud Montebourg s’est dit sur RMC/BFM TV “désolé et choqué” par les faits. “Rien ne peut justifier qu’on puisse siffler ainsi un hymne national qui est censé rassembler tous les enfants de France, y compris ceux issus de l’immigration”, a-t-il déclaré. “Il faudra imaginer maintenant la suspension des matches, parce que cela renvoie une image de la France qui n’est pas celle que nous souhaitons”, a-t-il ajouté, précisant que cette décision devait relever “des autorités du football” et non des joueurs eux-mêmes. Son collègue Julien Dray s’est également déclaré “d’accord” avec M. Fillon, “choqué” surtout par l’absence de réaction des autorités. “L’encadrement, l’équipe de France, les autorités de la Fédération ne prennent pas la mesure de ce qu’il vient de se passer (…) C’est aussi leur responsabilité”, a-t-il estimé sur i>télé. Rappelant le contexte de “passé colonial”, le député de l’Essonne a toutefois jugé que ce n’était “pas un problème de racisme” anti-français, mais de manque de “respect” envers le “pays dans lequel on joue, dans lequel on vit”. Après le match, certains spectateurs se sont plaints d’avoir été traités dans les tribunes de “sales Français”. Mouloud Aounit, secrétaire général du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), a dénoncé ces incidents, parlant de “véritable manque de respect”. Mais il s’est dit opposé sur LCI à l’idée d’annuler un match en pareil cas: “Ce serait la pire des réponses, puisque non seulement on organiserait une punition collective et en même temps il y aurait des incidents ingérables”. M. Aounit estime surtout qu’il “faut réfléchir sur la signification de ces actes, qui sont répétitifs. Il me semble aujourd’hui que si on ne prend pas en compte aussi -sans excuser- le fait que c’est un révélateur d’un malaise et d’une déchirure entre une partie de la population française issue de cette immigration et la communauté nationale, eh bien on n’avancera pas pour autant”. Dans un communiqué, le dirigeant du Front national Jean-Marie Le Pen déclare que “ces scandaleux incidents montrent également que la détermination des autorités sportives à combattre le racisme dans les stades est à sens unique: elle ne s’applique pas au racisme anti-français”. Des incidents similaires avaient déjà provoqué la polémique, “La Marseillaise” ayant été sifflée lors de la rencontre amicale France-Algérie le 6 octobre 2001 au Stade de France. Le 11 mai 2002, l’hymne avait été chahuté dans la même enceinte par les supporters corses lors de la finale de la Coupe de France de football entre Lorient et Bastia. Le président Jacques Chirac avait réagi aussitôt en quittant la tribune. Suite à ces événements, la loi de sécurité intérieure défendue en 2003 par Nicolas Sarkozy a créé un “délit d’outrage” au drapeau et à l’hymne national, passible de six mois de prison et de 7.500 euros d’amende. “La Marseillaise” avait à nouveau été sifflée au Stade de France lors du match amical France-Maroc le 17 novembre 2007. AP

Marseillaise sifflée: éviter les amalgames (ambassadeur de Tunisie)

 
AFP 15.10.08 | 18h20 Les sifflets qui ont accompagné l’hymne national français avant un match amical contre la Tunisie mardi sont “irresponsables” et “gratuits”, a dénoncé mercredi dans un communiqué l’ambassadeur de Tunisie à Paris, en appelant toutefois à “éviter les amalgames”. “Les sifflets qui ont malheureusement accompagné la Marseillaise sont irresponsables, gratuits et doivent être unanimement dénoncés et fermement condamnés, quels qu’en soient les auteurs”, affirme M. Mohamed Raouf Najar. Toutefois, estime-t-il, “il faut éviter les amalgames afin de ne pas donner du grain à moudre aux intolérants de tous bords”, rappelant que le public présent mardi soir au Stade de France “n’était pas exclusivement franco-tunisien” et qu’une partie de ce public a été “digne et exemplaire”. Le secrétaire d’Etat aux Sports, Bernard Laporte, a suggéré que l’équipe de France de football ne joue plus désormais contre les équipes du Maghreb au Stade de France à Saint-Denis M. Najar a aussi rappelé que sur le même terrain, la Marseillaise a été sifflée “au cours d’une finale de coupe de France opposant deux équipes françaises, en présence du président de la République française”, Jacques Chirac. Les sifflets ont suscité l’indignation et renvoyé la France au débat récurrent sur l’intégration des immigrés originaires du Maghreb et très fortement implantée dans le département de la Seine-Saint-Denis où se trouve le Stade de France


“Marseillaise” sifflée : les matches seront arrêtés
 
LEMONDE.FR avec AFP  

 

Tout match avant lequel La Marseillaise serait sifflée sera “immédiatement arrêté”, a affirmé, mercredi 15 octobre, la ministre des sports, Roselyne Bachelot, après une réunion avec le président Nicolas Sarkozy et Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football, à la suite des incidents mardi au Stade de France.

“Les membres du gouvernement quitteront immédiatement l’enceinte sportive où notre hymne national a été sifflé”, a expliqué Roselyne Bachelot. “Quand un match aura donné lieu à de tels sifflets sur notre hymne national, tous les matches amicaux avec le pays concerné seront suspendus pendant un délai qui restera à fixer”, a-t-elle ajouté. La ministre a également demandé au président de la FFF “d’intensifier les actions d’information et d’éducation sportives”.

De son côté, la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, a demandé au préfet de Seine-Saint-Denis, où se situe le Stade de France, de “signaler officiellement les outrages à l’hymne national, constitutifs d’un délit”, au procureur de la République de Bobigny. L’enquête, qui s’appuiera sur les images télévisées, pourra donner lieu à des interdictions administratives de stade. Trois individus ont déjà été appréhendés à l’issue du match “pour des infractions diverses”.

BEN ARFA CONSPUÉ  

La chanteuse française d’origine tunisienne Lââm avait été choisie pour interpréter l’hymne national, afin d’éviter la répétition du scénario des rencontres amicales France-Algérie (octobre 2001) et France-Maroc (novembre 2007). Les sifflets ont commencé avant qu’elle commence à chanter et ont duré tout le long de sa prestation. L’artiste s’était préparée à une telle éventualité. Elle a avoué avoir “eu un peu les boules”, mais s’est dit “fière d’être là”. Juste avant, les noms des joueurs français avaient également été pris pour cible. Le plus conspué fut, lors de son entrée en jeu, Hatem Ben Arfa, né de parents tunisiens et qui a opté pour la sélection française malgré les sollicitations de la Fédération tunisienne.

SOS-Racisme et le MRAP ont “condamné”, mercredi, les sifflets. Pour le MRAP, ces faits “sont des révélateurs alarmants d’une déchirure entre une partie de la population française issue de l’immigration maghrébine et la société française dans son ensemble”.  

Pour le secrétaire national du PS, Razzy Hammadi, “les sifflets sont inacceptables”. “Même si la France a eu pendant des années une politique coloniale en Tunisie, même si les Français d’origine tunisienne, et plus largement les Maghrébins ou les Français d’origine maghrébine sont trop souvent victimes de discrimination et de harcèlement policier, il n’en demeure pas moins que la République, en dépit de ses promesses non tenues, n’est pas à humilier en sifflant son hymne”, a-t-il poursuivi.  

Marie-Georges Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, a estimé que les sifflets étaient l’expression de gens en “souffrance” qui “ne se sentent pas bien chez nous”. Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a vu dans les sifflets un “échec de l’intégration des masses étrangères”. Bernard Laporte a proposé au micro de RMC que les rencontres des Bleus face à des pays maghrébins ne soient plus disputées à Paris.  

“J’étais ému, j’ai applaudi les deux chanteuses exceptionnelles, et le fait qu’on ait un joueur de chaque pays côte à côte à la sortie du tunnel, c’était un grand moment de fraternité, pour le reste, je suis un peu sourd”, a seulement commenté le sélectionneur national, Raymond Domenech.  

(Source: “Lemonde.fr”, le 15 octobre 2008)


Traiter avec les talibans, l’idée fait son chemin…

Traiter avec les talibans, les « barbares obscurantistes », les alliés d’Al-Qaeda ? Sept ans après la chute du régime des talibans et le début d’une guerre asymétrique qui déstabilise le Pakistan, l’idée « hérétique » commence à faire son chemin.

Par Saïd Djaafer, Alger

Le constat est largement partagé : aucune victoire militaire n’est possible contre les partisans du Mollah Omar. Le thème du dialogue est évoqué avec des variantes, du « général-intellectuel » David L. Petraeus qui a pris la direction du CentCom après 19 mois d’Irak au très contesté président afghan Hamid Karzaï, en passant par le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Londres s’est empressé de démentir les propos de son ambassadeur britannique à Kaboul, Sherard Cowper-Coles, parus dans le Canard Enchaîné, qui a déclaré que la mission des Occidentaux en Afghanistan était vouée à l’échec et qu’il fallait rechercher un « dictateur acceptable ». Le journal satirique citait un télégramme de l’ambassade française à Kaboul. Le diplomate britannique dresse un constat sombre: situation sécuritaire dégradée, corruption généralisée, discrédit du gouvernement afghan, la présence de troupes étrangères qui est un problème et non une solution. «Les forces étrangères assurent la survie d’un régime qui, sans elles, s’effondrerait. La coalition complique une sortie de crise qui sera probablement dramatique».

Si peu « british » ?

Trop cru, si peu « british », le diplomate de Sa Majesté ? En tout cas, à peine publié un démenti alambiqué du Foreign Office que le plus haut gradé des militaires britanniques en Afghanistan, le général de brigade Mark Carleton-Smith répétait le propos, sous une forme moins directe. Les Britanniques, explique-t-il, doivent « modérer leurs attentes » sur l’issue du conflit et se préparer à un possible accord avec les talibans. « Nous n’allons pas gagner cette guerre. Il s’agit de réduire le conflit à un niveau gérable d’insurrection qui ne soit pas une menace stratégique et qui puisse être maîtrisée par l’armée afghane ». Pas de victoire militaire « décisive » face à ces irrédentistes talibans dont l’action contre l’Otan déborde sur le Pakistan voisin et rend la situation explosive. Du coup, tout en leur faisant la guerre, on multiplie les signaux en direction des talibans, jusque-là promis à l’éradication.

Le général Petraeus faisait lui-même, il y a quelque mois, un constat implacable. « Toute armée – étrangère – de libération devient tôt ou tard une armée d’occupation ».

C’est tellement dans l’air du temps, que le président afghan, Hamid Karzaï, de plus en plus critiqué par ses protecteurs occidentaux, a pris les devants et a lancé un appel au chef des talibans, le Mollah Omar pour qu’il « revienne en Afghanistan participer à la reconstruction du pays ». Il a également sollicité l’aide de l’Arabie saoudite pour engager des négociations de paix avec la guérilla.

Découpler les talibans d’Al-Qaïda

Les Saoudiens qui connaissent bien le théâtre afghan – pour y avoir été très actifs en compagnie des Américains durant la présence soviétique – considèrent, sans trop le clamer pour ne pas froisser Washington, que les talibans sont « chez eux » et que la présence militaire de l’Otan ne fait qu’enraciner leur alliance avec Al-Qaïda, alors qu’il s’agit de l’en découpler. Et les Occidentaux en confirment la pertinence, à leurs dépens. Les 70 000 soldats occidentaux n’ont pas eu raison d’un mouvement qui s’est restructuré et qui s’est aguerri en mobilisant sur des thèmes islamique et nationalistes contre l’occupation étrangère. Plus de 220 soldats des forces multinationales ont été tués au cours des 9 derniers mois de l’année 2008. Les victimes civiles des bombardements de l’Otan n’ont fait qu’accroître la défiance de la population afghane et de manière quasi-mécanique le soutien aux talibans.

 

Le racolage des talibans, pour les inclure dans le jeu et les séparer d’Al-Qaïda est devenu un objectif politico-militaire raisonnable, leur « éradication » étant impossible. Dans son excellent blog, « Nouvelles d’Orient », Alain Gresh, note qu’après les avoir traités de « barbares », le ministre français des Affaires étrangères, a découvert, après l’appel de Karzaï, des vertus aux talibans. « Ce que dit le président Karzaï, c’est qu’il y a des talibans nationalistes, avec lesquels toutes les familles afghanes ont des contacts, qui doivent se présenter à la négociation – et localement cela a déjà été fait -, et que quelque chose s’arrange entre Afghans. ». Bernard Kouchner a essayé cependant de recadrer les propos du président afghan : « Ce que veut dire le président Karzaï, même s’il en appelle au mollah Omar, c’est que localement, dans les régions, il faut nouer des contacts… ».

Le niet des talibans

Contourner le Mollah Omar ? C’est à l’évidence, l’objectif du général Petraeus, tenté de dupliquer en Afghanistan, les mouvements de la « Sahwa » en Irak, ces milices sunnites constitués sur des bases tribales, qui sont devenus des supplétifs dans la lutte contre Al-Qaïda. Si au plan sécuritaire, des améliorations réelles ont été constatées, la construction est d’une extrême fragilité. Le gouvernement irakien qui ne les accepte que contraint n’entend pas les intégrer dans les services de sécurité pour ne pas renforcer la minorité sunnite. Du coup, personne n’est en mesure d’affirmer que ces milices de la « Sahwa », dont beaucoup de membres activaient dans les réseaux d’Al-Qaïda, ne changeront pas encore de camp. Susciter des défections locales au sein du mouvement des talibans parait plutôt hypothétique. Le général Petraeus faisait lui-même, il y a quelque mois, un constat implacable. « Toute armée – étrangère – de libération devient tôt ou tard une armée d’occupation ». Ce stade est, de l’avis général, atteint depuis longtemps en Afghanistan. Les talibans ont rejeté l’appel à la « réconciliation » de Karzaï. Ils s’en tiennent à l’offre faite, quelques jours plus tôt par le Mollah Omar, aux Occidentaux. « Si vous quittez notre terre, nous pouvons arranger raisonnablement votre départ ».

(Source : « Les Afriques », journal de la finance africaine (Suisse), le 6 octobre 2008)

Lien :http://www.lesafriques.com/actualite/traiter-avec-les-talibans-l-idee-fait-son-chemin.html?Itemid=89?article=10034

 

 

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