AFP: Le procès du président déchu Ben Ali commencera le 20 juin
AFP: Tunisie: critiques contre un procès de Ben Ali sans Ben Ali
AFP: Tunisie: Ben Ali risque la peine capitale
AFP: Tunisie: Ben Ali passible de 5 à 20 ans de prison dans un premier procès
AFP:Une dizaine d’obus libyens en Tunisie
Gnet: Interdiction des sites X, l’ATI dit respecter la décision du tribunal
Le Monde: Les investisseurs reprennent position dans la nouvelle Tunisie
Kapitalis: Tunisie. Selon Sigma Ennahdha fait la course en tête
Le Monde: Boualem Sansal, romancier algérien : « A Mohamed Bouazizi »
AFP: Algérie: le CNT libyen prédit un rapide renforcement des liens avec Alger
Reuters: Erdogan promet le dialogue sur la nouvelle Constitution turque
Le procès du président déchu Ben Ali commencera le 20 juin
Ben Ali jugé par contumace à partir du 20 juin en Tunisie
Tunisie: critiques contre un procès de Ben Ali sans Ben Ali
Tunisie: Ben Ali risque la peine capitale
Tunisie: Ben Ali passible de 5 à 20 ans de prison dans un premier procès
INTERVIEW-Tunisia expects investment to surge in 2012
* FDI down 25 percent in first quarter of this year
* Confidence being restored, FIPA says
By Tim Cocks and Tarek Amara
TUNIS, June 13 (Reuters) – Tunisia’s political upheaval will cut foreign investment by a fifth this year to $1.45 billion, but 2012 is likely to see a 75 percent rebound if stability can be maintained, the foreign investment agency said on Monday.
Noureddine Zekri, director of the Foreign Investment Promotion Agency (FIPA), said as well as new investments, existing projects in technology that were held up will be rolled out.
As the dust settles on the people power revolution that ousted the North African country’s autocratic former president Zine al-Abidine Ben Ali in January, Zekri said he expects next year will beat 2010 for investment.
« Before the revolution, we projected 3 billion dinars ($2.18 billion) for this year, then we’ve had to revise it down to 2 billion, » FIPA Director General told Reuters in an interview.
« But I think that in 2012 there will be a big jump. »
Foreign direct investment (FDI) fell 25 percent in the first four months of this year, against that period last year, he said, but he forecast it would surge to 3.5 billion dinars next year.
Both the new projects and existing commitments that were coming on stream had big potential for the creation of jobs, especially skilled jobs, he added.
High unemployment, particularly amongst graduates, was a major reason for the protests that brought down Ben Ali.
« The message is we are still open for business, » Zekri said. « We can’t hide that the revolution had a price … but the state never stopped working. Human resources are there, salaries are competitive. And now the image of Tunisia is improving. »
A roughly 100 million dinar ($74 million) project with U.S. fund Fidelity Investments to set up a technology and outsourcing centre would be rolled out over the next 4-5 years, generating more than 3,000 skilled jobs in software development, he said.
Last week, Canadian technology group Orbit decided to invest in a textiles factory focused on industrial fabrics that will create 1,000 jobs, Zekri said.
A manufacturing project by Aerolia, a subsidiary of EADS <EAD.PA>, to create a low cost factory for airplane parts in Tunis, whose operation was briefly interrupted by January’s upheaval, was back on track.
Tunisia’s revolution has yet to revolutionize its economy. Strikes and violence hurt output, and investors fret that the messy transition to democracy may not bring sound economic leadership straight away.
The World Bank forecasts 1.5 percent growth this year.
Tourists, which contribute 6.5 percent of GDP, fell in numbers by more than half. « We lost the high season booking, » Zekri said, although he said foreign investment was unaffected.
An election now scheduled for Oct. 23 will aim to rewrite the constitution and restore investors’ confidence in stability.
But Zekri said the number of inquiries received suggested investors were less worried about Tunisian political risk.
« The events had the results that 45 companies with foreign equity shut down. But there are 3,200 here, » he said. « Even in this difficult period, investment came to Tunisia. »
Investors in the Gulf were planning leisure and real estate projects, including Sama Dubai, a subsidiary of Dubai Holding Company, and Gulf Finance House, he added.
He said investment policy would be targeted towards projects that would enable skills and technology transfer, and also bring jobs to deprived regions in the interior. « What matters to us is the jobs. I don’t care if you invest just $1, for us, it is the jobs that count. »
Une dizaine d’obus libyens en Tunisie
AFP
14/06/2011 | Mise à jour : 17:08
Une dizaine d’obus et de roquettes sont tombés aujp en territoire tunisien lors d’affrontements continus entre troupes loyales au colonel Mouammar Kadhafi et insurgés près du poste-frontalier de Dehiba (sud), ont indiqué des témoins à l’AFP.
« J’ai compté dix obus tombés mardi (…) dont certains au nord de la cité Oued Erouth, un quartier à l’ouest de Dehiba », à 1,5 km de la frontière, a indiqué à l’AFP Mourad, un résident. « Nous avons eu une nuit blanche, le tirs ont été très nourris côté libyen mais c’est seulement aujourd’hui (mardi) que les obus ont commencé à tomber », a ajouté ce témoin contacté par téléphone depuis Tunis.
Un responsable du Croissant-Rouge a confirmé la chute d’un premier obus à 07H30 locales (06H30 GMT). Les tirs se sont poursuivis jusqu’à 13H00 locales, heure à laquelle Nasser Ben Abdallah a quitté Dehiba. Mourad a décrit une présence massive de l’armée tunisienne qui a renforcé ses effectifs à la frontière et fait évacuer lundi soir le passage frontalier de Wazzen (à 4 km de Dehiba). Des avions militaires (F5) et des hélicoptères survolent régulièrement les secteurs frontaliers. Le témoin et le responsable du Croissant rouge n’ont pas fait état de victimes ou de de dégâts côté tunisien.
« Les violents combats (nldr: entre les troupes pro-Kadhafi et les insurgés) se rapprochent de plus en plus, nous empêchent de dormir, de mener une vie normale, un obus peut nous tomber sur la tête à chaque instant », a poursuivi ce témoin, un fonctionnaire parlant sous couvert d’anonymat. Cependant, les postes de police et de la Garde nationale tunisiens à Dehiba, interrogés par l’AFP, ont tous deux démenti que des chutes d’obus, ni la nuit dernière, ni aujourd’hui.
Le Pouvoir personnel de Ben Ali et son emprise sur les institutions de l’Etat et ce, grâce à l’hégémonie du RCD sur toute la vie politique, sociale et idéologique a parachevé la confiscation
des centres névralgiques de l’Etat.
Toutes les adaptations introduites dans le but de consolider la position politique de la minorité privilégiée a permis la transformation de l’Etat National en un Etat de domination exclusive de cette minorité qui s’est donnée tous les moyens pour s’approprier le pays et venir à bout de la résistance des forces progressistes, politique et syndicale, qui n’ont jamais admis cette confiscation de l’Etat National, conquête de la lutte de tout le peuple tunisien.
L’union des masses populaires et des syndicats régionaux de l’UGTT, dont les potentialités politiques que recèle la situation actuelle fait la force du changement structural de notre pays, ne doit pas transiger sur les responsabilités réelles de Ben Ali et de son Pouvoir dans les crimes et les bains de sang qui continuent à frapper le peuple : Ils doivent rendre compte de leurs
crimes et atrocités.
Le Parti Tunisien du Travail rappelle que les forces populaires, qui rejettent toute tutelle, d’où qu’elle vienne, sont aptes à aller elles-mêmes au Pouvoir, pour construire la société libre, juste, démocratique et fraternelle, à laquelle ont rêvé tous les martyrs de la lutte nationale et sociale, et à laquelle continue à rêver tout le peuple tunisien.
Tunis, le 11 janvier 2011
Interdiction des sites X, l’ATI dit respecter la décision du tribunal
L’Agence Tunisienne d’Internet (ATI) exprime dans un communiqué son profond respect quant à la décision du juge de la Cour d’appel de refuser sa demande concernant la suspension du jugement en référé du tribunal de première instance de Tunis. Cette décision en date du 13 juin 2011 vient après 5 mois de la date du dernier discours du Président déchu ordonnant l’ouverture de tous les sites web en Tunisie.
Les équipes techniques de l’ATI entament aujourd’hui un plan pour mettre en œuvre les équipements de filtrage selon une approche graduelle permettant de maîtriser les aspects liés à la qualité de service, ajoute le communiqué.
A ce titre, il est important de rappeler qu’après la révolution historique du 14 janvier 2011, les équipements de filtrage de l’ATI n’ont pas été mis à jour et maintenus à l’instar des années précédentes ce qui engendrerait éventuellement des perturbations au niveau le la fluidité du trafic Internet en Tunisie.
En attendant le jugement de la cour d’appel dont la première séance est prévue le 4 juillet 2011, l’ATI réitère sa détermination à agir, en tant que Point d’Echange Internet, d’une manière transparente et neutre vis à vis de tous les sites à filtrer par le biais de ses équipements.
Le tribunal de première instance a émis le 26 mai dernier un jugement en référé obligeant l’Agence tunisienne d’Internet (ATI) de censurer l’ensemble de sites pornographiques en Tunisie, et la presse d’exécuter ce jugement sous 24 heures, et ce suite à une plainte déposée la semaine dernière par trois avocats.
Maîtres Ahmed Hassana, Monoôm Turki et Imed Saydia avaient plaidé dans cette affaire lors d’une audience tenue le 23 mai, fondant leur plaidoyer sur des bases morales, scientifiques et légales, et montrant les effets négatifs de ces sites sur les plans psychologique, physiologique, social et éducatif des personnes. « Ces sites s’opposent aux valeurs de la société arabo-musulmane », ont-ils fait valoir.
Tunisie, le retour de la censure?
La mobilisation grandit autour du cas de Samir Feriani, officier de police arrêté le 29 mai 2011. Le policier, rappelle Afrik.com, avait dénoncé dans une lettre au ministre de l’Intérieur Habib Essid les agissements de l’Agence de renseignements de Tunisie et du ministère de l’Intérieur durant les manifestations du début d’année qui ont mené à la chute du président Ben Ali, reprochant à certains d’avoir laissé tuer des protestataires sans être inquiétés. Il avait également critiqué la corruption au sein du ministère de l’Intérieur et la destruction de dossiers sensibles de la période Ben Ali.
Une manifestation de soutien a été organisée dimanche 12 juin avenue Bourguiba, à Tunis, par l’association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT) et l’ONG Human Rights Watch (HRW). Selon Cibletrade, elle a réuni la famille de l’officier ainsi que des internautes ayant répondu à l’appel lancé, entre autres, sur Facebook.
Mardi 14 juin,Anonymous leur emboîte le pas. Dans une vidéo postée sur le site Tunisie Numérique, cette communauté d’activistes spécialisés dans l’attaque de sites Web lance un avertissement au gouvernement provisire. Rappelant que le peuple tunisien, et particulièrement les familles des personnes torturées, «ont le droit à la vérité sur le régime de Ben Ali», Anonymous prévient que si le gouvernement ne change pas de position, «de plus en plus d’associations et de groupes vont rallier l’appel de Human Rights Watch».
Source : « Slate Afrique » Le 14-06-2011
Les investisseurs reprennent position dans la nouvelle Tunisie
Il avait tenté de s’implanter en 2005, mais était tombé dans les griffes du clan Ben Ali. L’épisode s’était conclu par une spoliation de ses sociétés et une interdiction d’entrée sur le territoire. Pas étonnant, dès lors, que Lotfi Bel Hadj, patron du fonds luxembourgeois Greenrock Funds, soit l’un des premiers à retourner en Tunisie. Avec un projet ambitieux. Cet entrepreneur franco-tunisien de 46 ans, acteur important de la compensation carbone, est en train d’y créer un fonds d’investissement éthique et solidaire.
« Ce fonds privé à capitaux ouverts, basé en Tunisie, aura vocation à s’allier avec un fonds public pour créer des entreprises leaders dans chacun des secteurs économiques et ancrées dans différentes régions de Tunisie », explique Mohammed Hadfi, responsable du projet Insaf Fund (équité, en arabe). Ce consultant de 35 ans voit dans ces partenariats public-privé un bon moyen de diversifier le tissu économique tunisien, en spécialisant des bassins d’emplois régionaux amenés à devenir des pôles d’excellence. Côté privé, plusieurs dizaines de millions d’euros sont prévus pour le capital de départ de ce fonds. Lequel a déjà enregistré plusieurs projets de financement, comme le groupe de presse WinPress Group, emblématique de l’engagement affiché de M. Bel Hadj et visant à rompre avec le passé et « les affres du bénalisme ».
« Le développement économique de la Tunisie ne se fera que sur de nouvelles bases : pas sur des principes FMistes, pseudo-démocratiques et ultralibéraux », affirme M. Bel Hadj. M. Hadfi, son associé, de renchérir : « Les Tunisiens en ont assez de l’approche paternaliste et veulent prendre leur destin en main. » L’enjeu est de taille. « La Tunisie va être le premier pays arabe démocratique. Son évolution aura valeur d’exemple. On ne doit pas et on ne peut pas échouer », conclut Lotfi Bel Hadj.
Après une diminution de 25 % sur les quatre premiers mois de 2011, les investissements directs ont désormais le vent en poupe. Chez les Français, deux tendances s’observent. « Il y a ceux qui sont déjà en Tunisie, qui ont pleinement confiance et continuent à faire des extensions. Et ceux qui ont des projets d’investissement mais qui attendent les élections », analyse un conseiller de l’ambassade de France en Tunisie.
Fixées au 23 octobre, les élections pour la Constituante devraient restaurer la confiance des investisseurs. Noureddine Zekri, directeur général de l’Agence tunisienne de promotion des investissements étrangers (FIPA), note « une grande sympathie pour la révolution ».« Les financiers croient en un meilleur environnement d’affaires, plus transparent, avec plus de liberté d’investir », avance-t-il. Ce qui se traduit par un niveau record de missions de prospection et la participation de 350 sociétés étrangères sur les 1 000 déjà inscrites au Tunisia Investment Forum, les 16 et 17 juin, à Carthage. Parmi elles, on note de nouveaux venus russes, américains et asiatiques.
« Aux avantages historiques du marché tunisien s’ajoutent, selon M. Zekri, de nouveaux atouts d’investissements, notamment pour les secteurs à forte valeur ajoutée comme l’aéronautique, s’appuyant sur une main-d’oeuvre locale hautement qualifiée. »
Philippe Santet ne voit aucune raison d’attendre. Associé fondateur de Sud Sofas, il travaille déjà au lancement pour septembre de son unité de production de canapés. « C’est un pays qui joint compétitivité de ses coûts et proximité, explique-t-il, avec un atout majeur d’ouverture à terme sur les marchés arabes et africains. »
Source:”Le Monde.fr” Le 14-06-2011
Lina Ben Mhenni, blogueuse de la révolution tunisienne
Elle est l’une des égéries de la révolution-éclair tunisienne… par Net interposé. Lina Ben Mhenni, 27 ans, a appelé au soulèvement sur son blog et témoigné des événements en ligne.
La révolution tunisienne en direct sur internet
C’est un petit bout de femme aux yeux noirs, habillée simplement mais soignée comme le sont les Orientales, sourcils parfaitement épilés et cheveux lissés. Elle a l’air un peu effrayée d’être là, devant ces journalistes venus l’entendre.
Lina Ben Mhenni est pourtant une des égéries de la révolution-éclair tunisienne qui a conduit à la chute de Ben Ali, le 14 janvier d’une année 2011 riche de promesses pour les pays arabes. Une révolutionnaire d’un genre nouveau, qui a mené son combat sur le web. Sur son blog, A Tunisian Girl, elle a sans relâche appelé au soulèvement et témoigné en ligne.
Grâce à des cyberactivistes comme cette jeune femme de 27 ans, le monde a pu suivre la révolution en direct. Le bruit et la fureur de son blog sont parvenus aux oreilles d’Indigène, l’heureux éditeur duIndignez-vous ! de Stéphane Hessel. Lina Ben Mhenni y signe un petit livre dans la même veine, qui va lui valoir les honneurs des journaux et des plateaux télé français, mais aussi allemands.
« Passer du monde virtuel au monde réel ! »
En Tunisie, Lina n’a pas attendu le printemps arabe pour être connue des Internautes… ni pour être l’objet des attentions de la police. Elle a commencé à bloguer en 2007, sous le pseudo de Nightclubbeuse. Pas tant pour raconter ses folles nuits en boîte, bien qu’elle s’y rende fréquemment à l’époque. « Je voulais parler de problèmes sociaux, mais en Tunisie c’était impossible. J’ai pensé que ça détournerait l’attention. J’aimais observer les gens et je voyais que certains dépensaient beaucoup d’argent, alors que d’autres n’avaient rien. »
Elle se lance sur Facebook, y rencontre des défenseurs des droits de l’homme, des membres des partis d’opposition. En 2008, elle s’insurge aux côtés des travailleurs du bassin minier. Puis elle soutient des étudiants privés d’études à cause de leurs activités politiques.
Avec d’autres Internautes, elle lance des manifestations contre la censure, elle qui l’a subie. « C’était la première fois que l’on arrivait à convaincre des gens de passer du monde virtuel au monde réel ! »
« Je suis timide, Internet m’a beaucoup aidée »
Lina se dit programmée pour être activiste. « Mon père, employé du ministère des Transports, militant de gauche sous Bourguiba, a passé six ans en prison et a été torturé. Ma mère, enseignante d’arabe, faisait partie de l’Union des étudiants. Et mon frère a été un des fondateurs de la section tunisienne d’Amnesty International ! »
Chez elle, on ne regarde pas les séries mexicaines ou égyptiennes idiotes à la télé. On lit, on parle politique et géopolitique. Toute jeune, elle noircit des bouts de papier, écrit un journal intime dans lequel elle parle aussi des travers de la société. Avec le web, elle trouve le moyen idéal de s’exprimer. « Je suis timide. J’ai du mal à parler en public. Internet m’a beaucoup aidée. »
Sur son blog, elle écrit tour à tour en français, en anglais, en arabe. « Cela varie selon mes humeurs. Et pendant la Révolution c’était l’anglais, pour toucher plus de monde. » La page Facebook A Tunisian Girl compte 22 000 abonnés.
La jeune femme descend aussi dans l’arène, défiant sa santé fragile, elle qui a dû se faire greffer un rein. « Un cyberactiviste doit aller sur le terrain, sentir ce que vivent les autres. On dit que la Révolution tunisienne est celle du Net, mais si elle n’était que ça, elle n’aurait jamais abouti ! »
« Les blogueurs ont fait le travail des journalistes ! »
Elle goûte au reportage, adore prendre des photos, même s’il faut faire face aux balles ou aux bombes lacrymogènes. Ce qui lui vaut l’inimitié des journalistes de son pays. « Les blogueurs ont fait leur travail, ils étaient absents ! »
Elle a pris des photos de personnes tuées par la police, lors des manifestations de Sidi Bouzid par exemple, ville dans laquelle un jeune marchand ambulant s’est immolé par le feu. À envoyé des informations aux chaînes étrangères, dont TF1 et France 24.Aujourd’hui, ça ne l’intéresse plus. « Tout le monde peut prendre des photos dans la rue ! »
« Tu ferais mieux de rester libre… »
Elle préfère être efficace autrement, en donnant des conférences par exemple, et elle continue à bloguer. Elle est déçue des suites de la Révolution, mais n’intégrera pas pour autant un parti politique. Trop indépendante…
Professeur d’anglais à l’université de Tunis, Lina compte reprendre son doctorat de linguistique. Il lui faudra tout recommencer à zéro. En 2010, lors d’un cambriolage qu’elle attribue à la police, on lui a volé ses ordinateurs et son travail.
Peut-être, quand elle aura le temps, aura-t-elle à nouveau un petit ami, elle qui est sortie avec des étudiants et des journalistes activistes. Mais lorsqu’elle parle mariage à ses parents ceux-ci lui disent : « Tu ferais mieux de rester libre… »
Source: ”Ouest France” Le 14-06-2011
Sondage : les Tunisiens méfiants mais optimistes
Selon le baromètre Sigma, si 59,7% des Tunisiens ne savent pas en quel homme politique avoir confiance, 76,4% ont confiance en l’avenir du pays.
Si les Tunisiens restent un peu perdus ou méfiants face à leur nouveau panorama politique, ils sont très confiants dans l’avenir du pays, selon le dernier baromètre Sigma réalisé du 8 au 10 juin, alors que la date des élections de l’assemblée constituante a été officiellement reportée du 24 juillet au 23 octobre.
76,4% des Tunisiens interrogés se considèrent optimistes quant au sort de la Tunisie et ils sont 73,3% à penser que la Tunisie va vers le progrès contre 19,7% qui la voient aller vers le chaos.
Parmi les cinq propositions présentées aux interviewés portant sur la source potentielle de leur peur pour l’avenir de la Tunisie, ils sont 29,5% à redouter le chaos politique, 29,3% une crise économique durable, 15% le terrorisme, 11,9% le retour de la dictature et 10,4% les conflits tribaux.
Ils sont d’ailleurs 87,3% à avoir l’intention d’aller voter aux prochaines élections, avec un taux d’abstention en stagnation par rapport au mois de mai. Mais le taux d’indécis, très élevé déjà en mai (36%) a encore augmenté au mois de juin, passant à 41,2%. Le nouveau paysage politique tunisien semble encore flou pour la population. Il faut en effet souligner que de 11 partis politiques autorisé sous « l’ère Ben Ali« , la Tunisie est passée à 58 partis actifs selon l’institut.
Ennahda en tête
C’est le parti islamiste Ennahdha, clairement identifié par la population, qui arrive en tête des intentions de vote avec 16,9%, en hausse de 1,9 point par rapport à mai (notamment dans le Sud et Centre Ouest), suivi du PDP (Parti démocrate progressiste) avec 9,5% (notamment dans Nord Est et le Centre Est). L’Ettakatol de Mustapha Ben Jaafar obtient 3,5% (notamment dans le Grand Tunis) ; Al Watan 3,1% ; le CPR 3,0% ; le POCT 1,5% ; Ettajdid 1,0% Afek Tounes 0,9%, l’Initiative 0,4%…
Surtout, 59,7% des Tunisiens font peu ou pas confiance aux hommes politiques (36,2% ne font confiance à personne, 23,5% ne savent pas à qui faire confiance). Le plus populaire du moment reste le Premier ministre Béji Caïd Essebsi (22%), suivi de Rached Ghannouchi (Ennahdha – 8,7%), suivi de Ahmed Néjib Chebbi (PDP – 5,7%), Moncef Marzouki (Congrès pour la République – 3,6%), puis Mustapha Ben Jaafar (2,3%), Abdelfattah Mourou (1,9%), Ahmed Brahim (1,7%), Foued Mebazaa (1,2%), Hamma Hammami (1,1%), Farhat Rajhi (0,9%).
Enquête réalisée par téléphone du 8 au 10 juin 2011, auprès d’un échantillon de 1014 individus de 18 ans et plus choisis selon la méthode des quotas selon les données de l’INS les plus récentes (2010). L’erreur d’échantillonnage maximale est de l’ordre de +ou-3%.
Source : « Le Nouvel Observateur » Le 14-06-2011
Tunisie. Selon Sigma Ennahdha fait la course en tête
Ce sondage, présenté comme un «baromètre de la vie politique en Tunisie», a été présenté, samedi 11 juin, à la conférence organisée par l’association Nou-R (Nouvelle République) à l’hôtel Diplomat à Tunis. Nous présentons ici ses principaux résultats avec toutes les réserves requises, tout en invitant nos lecteurs à ne pas leur donner plus de crédit qu’ils n’en ont réellement, en attendant que les cabinets de sondage tunisiens nous apportent la preuve indéniable de la justesse et de la rigueur des méthodes utilisées. Par ailleurs, et en l’absence d’un cadre réglementaire régissant cette profession ou d’audit des méthodes utilisées par nos cabinets réalisant ces sondages, nous continuerons à marquer nos distances vis-à-vis de leurs résultats. Le dernier sondage de Sigma a porté sur le climat politique en Tunisie ainsi que sur les intentions de vote des Tunisiens pour l’assemblée constituante du 23 octobre. Il en ressort, entre autres résultats annoncés, que: – seulement 47% des Tunisiens ont suivi le dernier discours de Béji Caïd Essebsi et 75% l’ont trouvé convainquant; – 52,5% considèrent que la date des élections du 23 octobre est convenable; – 76,4% se disent optimistes quant à l’avenir de la Tunisie; – 73,3% pensent que la Tunisie va vers le progrès, contre 19,7% qui la voient aller vers le chaos. S’agissant des sources potentielles de peur pour l’avenir de leur pays, les Tunisiens ont indiqué: – le chaos politique (29,5%); – une crise économique durable (29,5%); – le terrorisme (15%); – le retour de la dictature (11,9%); – les conflits tribaux (10,4%). Questionnés sur les mesures prioritaires qu’un gouvernement élu devrait entreprendre, les Tunisiens ont cité, dans l’ordre de priorité: – assurer la sécurité dans les rues ; – diminuer le chômage et créer des emplois stables; – assurer l’existence de structures de santé de proximité; – mettre fin à la corruption ; – améliorer le niveau de la formation dans les écoles, les lycées et les universités. S’agissant des personnalités politiques auxquelles ils font plus confiance, les Tunisiens ont cité, dans l’ordre: – aucune (36,2%); – sans réponse (23,5%); – Béji Caïd Essebsi (22%); – Rached Ghannouchi (8,7%); – Ahmed Néjib Chebbi (5,7%); – Moncef Marzouki (3,6%); – Mustapha Ben Jaâfar (2,3%); – Abdelfattah Mourou (1,9%); – Ahmed Brahim (1,7%); – Foued Mebazaa (1,2%); – Hamma Hammami (1,1%); – Farhat Rajhi (0,9%). Concernant les intentions de vote, Sigma présent les résultats suivants: – les abstentionnistes potentiels (12,7%), dont 20,7% dans le centre-ouest et 17,9% dans le sud ; – Ennahdha (16,9%), surtout dans le sud et centre-ouest; – Pdp (9,5%), notamment dans nord-est et le centre-est); – Ettakatol 3,5% (notamment dans le Grand Tunis); – Al Watan (3,1%); – Cpr (3,0%); – Poct (1,5%); – Ettajdid (1,0%); – Afek Tounes (0,9%); – L’Initiative (0,4%)…
Source : « Kapitalis » Le 14-06-2011
Boualem Sansal, romancier algérien : « A Mohamed Bouazizi »
Romancier, né en 1949 à Alger. Ingénieur de formation, cet ancien haut fonctionnaire du ministère de l’industrie, limogé en 2008, vit dans les environs d’Alger. Dernier roman paru : Le Village de l’Allemand (éd. Gallimard, 2008).
« Cher frère,
Je t’écris ces quelques lignes pour te faire savoir que nous allons plutôt bien mais ça dépend des jours, parfois le vent tourne, il pleut du plomb, la vie nous échappe par tous les pores. A vrai dire, je ne sais trop où on en est, quand on est dans la guerre jusqu’au cou, c’est à la fin qu’on voit s’il faut faire la fête ou porter le deuil. Et là, vient la question cruciale : faut-il suivre ou précéder les autres ; les conséquences ne sont pas les mêmes, une victoire peut tourner court et il est des défaites qui sont le début de vraies grandes victoires. A ce jeu de la mort surprise, il y a le temps d’avant et il y a le temps d’après, mais il y a un seul instant, extraordinairement fugace, pour se décider.
Regarde ces pauvres Yéménites qui se sont réjouis du départ en civière de leur misérable Saleh. Ils se sont dit : il est mort, nous allons enfin vivre. Mais le monstre est revenu à la vie, fou de colère, il sera sans pitié. Les Occidentaux hésitent à le lâcher. Pas de relève à l’horizon, il n’y a que des caciques à l’affût, des djihadistes en embuscade et des tribus armées jusqu’aux dents, on ne fait pas une démocratie avec ça.
Pareil ailleurs, les gens ne savent sur quel pied danser, Kadhafi désespère l’humanité, il refuse de mourir, Boutef désespère Dieu, il refuse de faire sa dernière prière, et que dire de l’Assad, il désespère la Mort, il tue plus vite qu’elle. Qu’il est long le « printemps arabe » et que les jours sont incertains !
Je ne dis rien sur la Tunisie, cher Mohamed, tu es le dernier que je voudrais vexer. Mais tu le sais, les caciques dans ton pays sont comme ça, increvables, malins comme des singes, doucereux comme des assureurs, ils te promettent d’une main ce qu’ils sont en train de t’enlever de l’autre. Ils le tiennent des Phéniciens qui étaient si rusés et si âpres qu’on se demande comment ils ont disparu, si vraiment ils ont disparu.
Bourguiba le grand Suffète n’était que sourires et belles manières, il déshabillait les gens par enchantement. Ce qu’il leur donnait n’était en vérité que choses leur appartenant en propre. Que la femme ait ses droits, quoi de plus naturel. C’est ce qu’il a réussi à faire, donner à la Tunisienne ce qu’elle tenait de Dieu et d’elle-même, la beauté, l’intelligence et la liberté. En Tunisie, on dit « Bourguiba nous a donné… », c’est une erreur, de ces erreurs qui mènent aux dictatures. Si quelqu’un te donne, un autre peut te le reprendre. Le Bourguiba a gardé le pouvoir trente années, autant que le Moubarak et le Saleh, et c’est un Ben Ali, sa créature, qui lui a succédé.
Il est temps d’ouvrir les yeux, il n’y a de liberté que celle qu’on se donne soi-même. Si le successeur de Ben Ali promet la liberté et la démocratie, il faut le chasser, c’est un dictateur. Les Tunisiens ont mieux à faire, n’est-ce pas, que de lui expliquer qu’ils se les sont données eux-mêmes, la liberté et la démocratie, et qu’ils attendent de lui une gestion saine du budget de l’Etat, le reste ne le concerne pas. Donc, pas de discours, pas de religion, pas de trémolos, des actes, point ! Et gare aux notables, ce sont des voleurs de révolutions.
Les autres bandits de la confrérie, les Bouteflika, les Moubarak, les Ben Ali, les Assad et consorts, avaient bien tenté d’imiter Bourguiba, mais n’est pas Bourguiba qui veut, ils revinrent vite à leur vraie nature : le meurtre, la torture, le vol.
Jésus a dit quelque chose comme ça : Celui qui fait le vin n’est pas celui qui le boit. Toi, Mohamed, noble et courageux rejeton de Sidi Bouzid, tu as délivré l’étincelle, ta tâche est terminée, il nous revient de finir le travail. Et, croix de bois, croix de fer, nous le ferons, nos enfants vivront dans la paix que nous leur préparons.
Mais voyons le fond. Celui qui ne sait où aller, peut-il trouver le chemin ? Chasser le dictateur, est-ce la fin ? De ta place, bienheureux Mohamed, tout près de Dieu, tu le sais, les chemins ne mènent pas tous à Rome, chasser le tyran ne donne pas la liberté. Les prisonniers aiment quitter une prison pour une autre, histoire de changer d’air et de gagner un petit quelque chose au passage. Et là, tu vois, j’ai peur pour nos révolutionnaires, ils manquent de perspective. En Algérie, en 1988-1989, nous avons chassé le dictateur Chadli, qui n’était pas le pire des bandits, et qu’avons-nous fait après, nous nous sommes jetés dans les bras des islamistes, nous nous sommes adonnés à corps perdus au trabendo, cette petite contrebande cancérigène, et, petits ruisseaux faisant les grandes rivières, nous avons fabriqué des trafiquants planétaires. Est-ce tout ? Que non, que non, nous avons abandonné nos enfants, ils sont allés nourrir les poissons en mer ou se sont perdus dans les cloaques de l’émigration clandestine, sur une promesse de vie stérile et courte. Et tout fiers, nous nous sommes acoquinés à un Bouteflika, le pire des bandits sur terre.
Cher Mohamed, si tu pouvais revenir, dis-leur que tu ne t’es pas immolé pour ça, tu voulais que la dictature et ses ombres, toutes ses ombres, le clanisme et le népotisme comme des camisoles de force, le racisme d’Etat et l’antisémitisme comme seul regard sur le monde, l’islamisme ou l’exil comme seules espérances, que toutes ces choses mortifères disparaissent de notre chemin et cèdent la place à la vie propre, tranquille, chaleureuse, amicale.
Cher Mohamed, cher héros, il n’est pas donné à la même personne d’allumer le feu et de cuire la soupe, mais il est juste que tous y trempent leur pain. Il nous faut nous libérer de nos maux mais aussi soigner les mesquins, les détraqués, les imams fous, les trafiquants. Sinon, on remplacera une élite ignare et corrompue par une élite jargonneuse tout aussi profiteuse, vivant pour l’essentiel en Occident où la démocratie locale les accepte mal, car telle est la démocratie, elle ne reconnaît que les siens, ceux qui se sont battus pour elle. J’ai l’impression que les choses se passent ainsi dans ce monde arabe qui tente de se réveiller de plusieurs siècles de rêvasseries et de despotisme, mais c’est vrai que dans le fracas et la fumée des répressions, on distingue mal le vrai du faux. L’urgent est impérieux, il empêche de voir loin.
C’est cela que je voulais te dire, cher Mohamed. Si tu pouvais te manifester pour nous éclairer, ce serait bien. Là-haut, vous savez l’avenir du monde. »
Source: “Le Monde.fr” Le 14-06-2011