C.R.L.D.H.Tunisie – ALT. Tunisie: Pour le droit à la vie Liberté et Equité: Obsèques d’Ahmed Bouazizi Liberté et Equité: Interpellations et arrestation à Bizerte La FIJ Salue le Lancement du Nouveau Syndicat Tunisien, alors que le bannissement Internet est levé IFJ Welcomes Launch of Tunisia’s New Union as Internet Ban is Lifted AFP: Tunisie: premier syndicat de journalistes agrée par le gouvernement FTCR: Communiqué Le Temps: Interview de Moncef Chebbi Reuters: Sarkozy défend la “politique de civilisation” à Ryad AFP: La simulation de noyade est une torture, selon le chef du renseignement US
C.R.L.D.H.Tunisie ALT. Tunisie
ALT. Tunisie : Association de Lutte contre la Torture en Tunisie-
Pour le droit à la vie
Parce que la vie humaine est inviolable.
Parce que la peine de mort est un meurtre et ceux qui la décident et l’exécutent sont des meurtriers.
Parce que la sentence de mort est une vengeance déguisée et non un acte de justice.
Le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) et l’Association de Lutte contre la Torture en Tunisie (ALTT) lancent un appel pour la révision du procès de deux Tunisiens, Saber Ragoubi, 24 ans, et Imed Ben Ameur, 34 ans, condamnés à la peine capitale, le dimanche 30/12/2007 par la chambre criminelle près le tribunal de 1ère Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, pour « incitation de la population à s’entretuer » et de « provocation du désordre et du meurtre sur le territoire tunisien dans le cadre d’un projet terroriste »
Ce procès qui a donné lieu également à la condamnation de 8 accusés à la perpétuité et 7 autres à 30 ans de prison ferme pour les mêmes griefs, a été dénoncé à unanimité par les différentes associations nationales de défense des droits humains et considéré comme inique en raison de graves irrégularités et violations de procédures enregistrées depuis la constitution du dossier et tout le long des audiences qui ont débuté le 21 novembre 2007, dont :
- La torture systématique subie par les accusés au Ministère de l’Intérieur et dans les postes de Tunis dont les traces sont encore visibles après douze mois de détention.
- les aveux consignés dans les PV sur lesquels repose l’accusation ont été extorqués sous la torture et aucun des 30 inculpés n’a pu lire ce qu’il a signé. Ces PV ont été établis par des agents de la sûreté de l’Etat agissant comme police judiciaire.
- Falsification des PV de police.
- Les aagressions policières de la brigade d’intervention rapide à l’encontre des accusés au cours de l’audience du 15/12/20047, sous le regard indifférent du juge Mehrez Hammami.
- L’empêchement fait aux avocats de jouer leurs rôles en les privant notamment d’un délai raisonnable pour préparer la défense
- Le rejet de toutes les demandes d’examens médicaux formulées par la défense.
- Le non respect du principe de la publicité du procès.
Face à toutes ces violations des droits de la défense, le CRLDHT et l’ALTT appellent au :
- Réexamen de cette affaire par une cour impartiale respectant les règles d’un procès reconnues par le droit international.
- Ils expriment leur opposition en toute circonstance et en tout lieu à la peine de mort, qui constitue une violation du droit à la vie.
- Ils affirment leur mobilisation contre la peine de mort prononcée contre Saber Ragoubi et Imed Ben Ameur
- Ils appellent leurs partenaires nationaux, régionaux et internationaux ainsi que les différents mécanismes onusiens et européens compétents à se joindre à leur appel pour exiger ensemble le droit à la vie et ce par l’annulation des deux condamnations à mort.
Le CRLDHT L’ALTT
Paris, le : 15/01/2008
Liberté pour Slim Boukhdir, la plume libre Liberté et Equité URGENT : sauvez la vie de l’ex-prisonnier Monji Ayari 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Tunis, le 14 janvier 2008 Obsèques d’Ahmed Bouazizi
Une foule nombreuse de militants politiques et des droits de l’homme ont accompagné vers sa dernière demeure, aujourd’hui lundi 14 janvier 2008, la dépouille du militant politique et dirigeant régional notoire du mouvement En Nahdha, le défunt Ahmed Bouazizi, au cimetière de Mateur. Des délégations de Liberté et Equité, de l’Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques, de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme et des dirigeants et militants du mouvement En Nahdha étaient présents. Ahmed Bouazizi […] est décédé d’un cancer qui s’est propagé l’abdomen alors qu’il était en prison. Il n’a pas été soigné à temps et a été libéré quand il était trop tard. […] Pour le bureau exécutif de l’organisation Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits, ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
1) madame Mounira Haddad, mère du jeune Nejmeddine Hajri, originaire de la région de Bizerte, nous a informés que sont fils, qui étudie à l’Institut de formation professionnelle avait été arrêté hier, vendredi 11 janvier 2008 à onze heures du matin, ainsi que son collègue Mohammed Chbab, qui étudie avec lui dans le même institut et ils n’ont toujours pas été relâchés à l’heure où nous écrivons ces lignes. 2) aujourd’hui samedi 12 janvier 2008, après la prière du matin, on a arrêté Nizar Jmi’i et Mohammed Bahri ; ils ont été conduits au district de la Sûreté de Bizerte où ils ont été longuement interrogés sous la menace des coups et des agressions verbales, de blasphèmes, puis ils ont été libérés à dix heures du matin. Le jeune Nizar Jmi’i avait été arrêté en 2005 et n’avait été remis en liberté qu’en novembre 2007 à la suite d’un jugement le condamnant à une peine d’une durée déjà effectuée. […] Pour le bureau exécutif de l’organisation Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Infos en continu
L’association a appris que des agents en civil dont ont pense qu’il s’agit d’agents de la police politique, ont enlevé deux jeunes : Mohammed Ben Youssef Hamrouni […] et Anis Ben Habib Hamrouni […] dans le district d’Elazib dans le gouvernorat de Bizerte, et les emmenés vers une destination inconnue, dès leur sortie de la mosquée après la prière du matin. Les familles ignorent toujours tout de leur sort depuis le dimanche 6 janvier 2008. L’association […] Pour l’association Le Président Maître Saïda Akrami (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
La FIJ Salue le Lancement du Nouveau Syndicat Tunisien, alors que le bannissement Internet est levé
14/01/2008 Les leaders de la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) ont aujourd’hui salué la « réforme historique » au sein du journalisme tunisien, suite à la création d’une nouvelle union de journalistes et la levée du bannissement de deux ans sur le site web de la FIJ, quelques semaines seulement après que la Fédération ait accusé le gouvernement d’être bloqué dans un tunnel politique de manipulation médiatique.” Les journalistes de Tunisie ont crée un syndicat national pour eux-mêmes durant le week-end, dissolvant dans ce processus l’Association des Journalistes Tunisiens. Le nouveau Syndicat National des Journalistes Tunisiens va mettre l’accent sur l’amélioration des conditions de travail difficiles des journalistes, tout en défendant leurs droits professionnels. “Ce sont deux journées cruciales qui viennent de se dérouler,” a déclaré Aidan White, le Secrétaire Général de la FIJ. “Il s’agit d’une réforme historique. Le journalisme tunisien a l’ occasion d’un nouveau départ dans un pays où les journalistes ont trop longtemps souffert.” Le Président de la FIJ Jim Boumelha était présent au congrès des journalistes et a reçu une ovation après une vigoureuse intervention appelant à la levée du bannissement du site web de la FIJ ainsi qu’au combat contre la menace que représentent les conditions de travail pénibles. La décision de créer un syndicat et lever l’interdiction Internet, annoncées lors du congrès, furent accueillies avec des manifestions de grande émotion parmi les délégués, a déclaré Boumelha. L’accès au site web de la FIJ a été interdit en Tunisie il y a deux ans, à la suite des critiques de la FIJ à l’encontre du gouvernement au Sommet Mondial sur la Société de l’Information, qui s’est tenu à Tunis fin 2005. “C’est un signe que finalement, les attitudes sont en train de changer et d’avancer dans la bonne direction,” a déclaré White. Au mois de novembre, qui a marqué le 20 ème anniversaire de l’arrivée au pouvoir du Président Ben Ali, la FIJ a mis au défi le gouvernement de changer son approche des media et de la liberté d’expression. “Il reste encore un long chemin à parcourir,” a-t-il dit. “D’autres interdictions de sites web restent en place, comme celles des hebdomadaires indépendants Al Maoukif et Mouatinoun, qui doivent également être levées, mais il y a un vrai vent de changement dans l’air.” La FIJ a également dit que les réformes créent de nouvelles opportunités d’encourager un mouvement unifié de journalistes en Tunisie. M. Boumelha a ainsi résumé cette nouvelle vague d’optimisme : “un nouveau leadership a été élu pour un nouveau syndicat qui a en lui-même le pouvoir d’ouvrir une période nouvelle pour le journalisme et de faire face à la précarité qui nie la justice sociale et endommage les media,” a-t-il dit. Pour plus d’informations, merci de contacter le + 32 2 235 2207 La FIJ représente plus de 600 000 journalistes dans 120 pays dans le monde
IFJ Welcomes Launch of Tunisia’s New Union as Internet Ban is Lifted
Leaders of the International Federation of Journalists (IFJ) today welcomed “historic reform” within Tunisian journalism following the creation of a new union of journalists and the lifting of a two-year ban on the IFJ’s web-site, only weeks after the Federation accused the government of being “stuck in a political groove of media manipulation.” Tunisia’s journalists created a national trade union for themselves at the weekend, dissolving in the process the Association of Tunisian Journalists. The new Syndicat National des Journalistes Tunisiens will focus on improving the poor working conditions of journalists as well as defending journalists’ professional rights. “It has been a momentous couple of days,” said Aidan White, IFJ General Secretary. “This is historic reform. Tunisian journalism has an opportunity for a fresh start in a country where journalists have suffered for too long.” The IFJ President Jim Boumelha was present at the journalists’ congress and received a standing ovation after a spirited intervention calling for the ban on the IFJ to be lifted and for action to combat the threat of poor working conditions. The decision to create the syndicate and news the ban had been lifted the ban, which was announced during the Congress, were greeted with emotional scenes among delegates said Boumelha. Access to the IFJ’s web-site was barred in Tunisia two years ago following criticism of the Government by the IFJ at the World Summit on in the Information Society which was held in Tunis at the end of 2005. “This is a sign that at last attitudes may be changing and moving in the right direction,” said White. In November, which marked the 20th anniversary of coming to power of President Ben Ali, the IFJ challenged the government to change its approach to media and free expression. “There is still a long way to go,” he said. “Other web-site bans remain in place, such as those on independent weeklies Al Maoukif and Mouatinoun, and these must be lifted too, but there is a real sense of change on the way.” The IFJ also says that the reforms create a new opportunity to encourage a unified movement of journalists in Tunisia. Boumelha summed up the new mood of optimism, “A new leadership has been elected for a new union which has within it the power to set a fresh course for journalism and to tackle the precarity that denies social justice and damages media,” he said. For more information contact the IFJ at + 32 2 235 2207 The IFJ represents over 600,000 journalists in 120 countries worldwide.
Tunisie: premier syndicat de journalistes agrée par le gouvernement
Le RCD et les partis de l’opposition peuvent-ils relever le défi du réformisme ?Interview de Moncef Chebbi, membre de la Chambre des Conseillers et membre du Bureau politique de l’UDU.
« Décidez-vous ; osez ouvrir le débat, l’élargir et faites vite, car le temps risque de banaliser votre discours »
* Nous sommes face à trois grandes écoles qui gagneraient toutes les trois à réviser leurs démarches. Tant à l’égard du pouvoir que chacune à l’égard des deux autres.
* Un dialogue transversal impliquant les oppositions démocratiques et nationales peut engendrer une réelle dynamique d’échange et d’interaction avec le pouvoir.
* Nous devons achever le combat contre la pauvreté, l’analphabétisme. Nous sommes sur le point de les vaincre, faisons un dernier effort.
*Les actuels dirigeants sont trop préoccupés par la comptabilité des pétro-dollars, ils commencent à peine à s’éveiller à l’utilité, à l’urgence, à la rentabilité des investissements dans le monde arabe.
Interview réalisée par Néjib SASSI
Notre invité, aujourd’hui, est Moncef Chebbi, membre de la Chambre des Conseillers et membre du Bureau politique de l’Union Démocratique Unioniste (UDU).
Jeune il a adhéré à plusieurs partis politiques et a été membre actif de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) à la fin des années 60.
Fin observateur de la scène politique nationale, il nous parle ici du paysage politique actuel, des attentes de l’année 2008 et évoque aussi la situation du monde arabe et les perspectives d’avenir. Interview.
•
Le Temps : Vous avez une longue carrière politique, décrivez-nous le paysage politique actuel ?
–Moncef Chebbi : Sur la scène politique nationale l’évolution est palpable même si elle n’implique pas un renversement du rapport de force entre le parti au pouvoir et les partis de l’opposition.
Si certaines structures du parti RCD ne manifestent pas beaucoup d’enthousiasme à l’égard du message réformiste du Chef de l’Etat et des rythmes qu’il propose pour une ouverture sur « les forces vives démocratiques et nationales » pour une grande cohésion des forces du changement, et une plus grande efficience de l’action politique, elles ne sont, malheureusement, pas les seules à traîner les pieds, d’autres forces habituées aux débats stériles et prisonnières de leurs penchants intellectuelles refusent de saisir les opportunités historiques qui s’offrent à elles et au pays, et demeurent cloîtrées dans un champ de revendication totale et extrême héritée des rêves révolutionnaires et complètement inapte à la moindre interactivité.
Nous sommes face à trois grandes écoles qui gagneraient toutes les trois à réviser leurs démarches. Tant à l’égard du pouvoir que chacune à l’égard des deux autres.
Ceux qui répètent depuis des décennies que le tableau est complètement noir, que rien n’a été fait, que la richesse nationale est accaparée par une classe, que les paramètres des services sociaux sont à la baisse, en quantité et en qualité, ceux-là devraient ouvrir les yeux et tenir compte des données réelles du contexte international au sein duquel nous évoluons avec un baril de pétrole à 100 dollars et une tonne de blé dont le prix à plus que doublé en un an.
S’ils sont ultra-minoritaires à l’échelle nationale c’est à cause de cette vision anachronique dans un pays dont la population bénéficie, même si c’est à des degrés divers, d’un accès de plus en plus important à la consommation et aux services. Leur appréciation concernant les dangers qui guettent la souveraineté nationale est également excessive la spoliation de notre indépendance et de notre pouvoir de décision n’est pas à l’ordre du jour, même si les dangers qui nous entourent peuvent être l’occasion pour les impérialismes mondiaux et régionaux de manifester leur appétits vis-à-vis d’un pays qui monte, qui génère de la richesse, cette école extrême devrait se demander si par certaines démarches, elle n’affaiblit pas la marche nationale et ne crée pas des occasions, et les opportunités, pour ces prédateurs internationaux interventionnistes par essence sous des couverts légalistes et même humanitaires, d’interférer sur nos politiques.
Cette école qui compte dans ses rangs des patriotes, des militants devrait se poser des questions sur son propre étiolement, son affaiblissement, son rachitisme. Cela pourrait la ramener dans un premier temps au débat dans le cercle des autres oppositions, celle qu’elle gratifie du sempiternel chapelet qui cache sa propre faiblesse.
Je voudrais, également, évoquer l’école de ceux qui adoptent face aux réalisations de notre pays et ses politiques des pratiques partisanes, une attitude béate, sans le moindre discernement, ceux qui n’ont pas assez de clairvoyance pour distinguer les zones d’ombre ou qui n’ont pas assez de courage politique pour dire le fond de leur pensée. Ceux-là finissent par nourrir les questions qui se posent sur leur utilité, leur fonction, car, s’ils doivent dire que tout est bien, qu’ils sachent qu’il existe des forces qui peuvent le faire, qui le font mieux qu’elles, et qu’elles ne rendent aucun service au pouvoir à le paraphraser, à le singer, à s’insinuer dans ses tissus et à s’attarder dans ses couloirs. Leur place est ailleurs, dans l’écoute de la revendication nationale pour améliorer encore et toujours le rendement de l’Etat. Cette perspective réformiste n’est intéressante que si nous contribuons tous à en définir les termes, les objectifs, les moyens, les délais, etc… Voilà une tâche nationale à laquelle nous devrions atteler nos forces avec énergie pour contribuer à tirer vers l’avant ce train déjà en marche et non nous contenter du confort des wagons qu’il emmène.
Il me paraît nécessaire de noter l’émergence d’un courant qui se désolidarise de l’école extrême sans adhérer à la démarche de la seconde école. J’ai du respect pour ses principaux acteurs mais je tiens à remarquer qu’on ne construit rien en se démarquant de tout le monde, il faut apprendre à construire ensemble. Or, ce courant émergent semble dire à l’Etat ou plutôt au pouvoir : « les uns sont des extrémistes, les autres sont des larbins et nous sommes les seuls à pouvoir t’apporter quelque chose ». Ce discours est propre aux phases de transitions. Ceux qui le portent aujourd’hui n’en sont pas les auteurs. L’histoire de notre pays pullule de telles attitudes qui, pour être sincères, n’en sont pas moins stériles. Car, si le pouvoir le prenait pour argent comptant, il serait déçu en fin de compte de se trouver face à des individus sans structures, des généraux sans armées, alors que la logique du pouvoir est d’agglomérer de forces dans la perspective de la construction nationale.
Je voudrais dire aux acteurs de ce courant : « décidez-vous, osez ouvrir le débat, l’élargir et faites vite, car le temps risque de banaliser votre discours ».
•
Qu’espérez-vous pour l’année 2008, justement dans ce domaine ?
–Je souhaite que la réforme se poursuive, que ses rythmes s’accélèrent, sans s’emballer, (le temps de la digestion ne peut se réduire), que les débats entamés fin 2007 suivent une courbe ascendante, qu’ils s’élargissent à des forces et à des domaines plus nombreux, à tous ceux et toutes celles qui acceptent la règle démocratique, à tous ceux et toutes celles qui expriment le désir de mettre la main à la pâte, qui respectent l’effort fourni et la symbolique républicaine. Car, ce sont des débats enrichissants et prometteurs que nous voulons et non des joutes oratoires, sans rapport à ce qui a été fait, à ce qui mérite de l’être, des débats politiques guidés par le seul intérêt national cela aiderait à décrisper l’atmosphère et à soutenir l’effort de construction nationale.
C’est dans cet esprit que le dernier Congrès de l’UDU, tenu à Djerba, en mars 2006, a proposé la mise en place d’un Conseil supérieur du dialogue national, un peu pour pallier à l’absence du défunt « Pacte national ».
Je demeure persuadé qu’un dialogue transversal impliquant les oppositions démocratiques et nationales peut engendrer une réelle dynamique d’échange et d’interaction avec le pouvoir. C’est de là que peut naître l’équilibre dont à besoin la scène politique nationale, un équilibre générateur de stabilité et de progrès.
• Quels genres de réformes aideraient à décrisper l’atmosphère comme vous le dites ?
– De nombreux groupes désirent se constituer en partis politiques légaux. 2008 pourrait bien être l’année de leur légalisation pour qu’ils se préparent aux échéances de 2009, du moins ceux parmi eux qui sont susceptibles de respecter sans les modifier les règles démocratiques, ceux, également, dont l’identité politique ne souffre aucune équivoque.
J’espère que 2008 sera aussi l’année qui ouvre une nouvelle ère, après vingt ans de changement et de mise en place des bases d’une économie solide et performante, d’une grande intégration des classes sociales, des régions, des secteurs, il est permis d’espérer que nous entamions une marche résolue vers une meilleure répartition des fruits de la croissance. Nous devons achever le combat contre la pauvreté, l’analphabétisme. Nous sommes sur le point de les vaincre, faisons un dernier effort.
Nous sommes, malheureusement, encore à l’époque de la domination euro-américaine et l’année 2007 n’a pas échappé à la règle de l’interventionnisme américain, partout dans le monde, par les moyens militaires ou par ceux de la pression politique.
Depuis la chute de l’URSS et malgré l’émergence de nouvelles puissances, le monde est toujours sous la menace du pôle occidental, dont la gourmandise n’a pas d’égale. Telle est la marque essentielle des relations internationales. Tout est régi selon les besoins de l’Occident en matières premières, en sources d’énergie, comme si le monde devait se figer sur l’opulence d’un côté, la pénurie de l’autre, le confort d’un côté et la misère de l’autre. Et bien, évidemment, on nous sert de plus en plus fort le discours humanitaire, cette source qui agrémente le pillage des richesses mondiales, qui recouvre le sang et les larmes et prétend panser les blessures de l’humanité.
Dans cette macabre mise en scène, tout le monde a remarqué le jeu en retrait de la puissance anglaise soumise à des impératifs de politique interne et le retour en force de la diplomatie française, rationaliste et agressive médiatique et crâneuse, débarrassée des entraves formelles comme si elle bénéficiait d’un blanc-seing, d’un feu vert américain.
La puissance allemande qui était restée longtemps sur la retenue par rapport aux conflits internationaux, a été forcée de se mêler du marasme oriental. Liban, Afghanistan et peut-être d’autres perspectives qui pourraient coûter de plus en plus cher au contribuable allemand.
La Russie et la Chine continuent de privilégier leurs objectifs de développement et de rattrapage du retard technologique et économique qu’elles ont accumulé par rapport à l’Occident et n’entendent pas se mêler de sitôt aux conflits en cours, leurs seules réactions restent limitées aux situations qui risquent de porter atteinte à leurs marches ou à leurs sources d’approvisionnement. Il serait, donc, irréaliste d’espérer que la Russie ou la Chine s’opposent, en l’état actuel des choses, à l’impérialisme américain, en Afghanistan, en Irak et même au Liban ou, éventuellement, en Iran.
Par contre, la Chine n’acceptera pas facilement l’interventionnisme occidental en Afrique où ses intérêts stratégiques sont de plus en plus évidents.
• Parlez-nous de la situation dans le monde arabe.
–A l’échelle du monde arabe, 2008 pourrait enregistrer comme les années précédentes, un renforcement des résistances à l’impérialisme, en particulier à l’injustice et à la gourmandise de ceux qui prétendent instaurer la paix dans le monde. J’ai parlé de résistance comme c’est le cas en Irak, en Palestine, au Liban et ailleurs, mais j’ai du mal à imaginer que nous puissions enregistrer le moindre progrès dans l’élaboration de politiques nationales, anti-impérialistes et pré-unitaires. J’espère me tromper.
Nos peuples, de l’Atlantique au Golfe persique appellent ce rapprochement entre les Etats arabes, de leurs vœux.
Ils comprennent l’intérêt qu’ils peuvent tirer d’un resserrement des liens, des rangs, de la création d’un marché arabe, du développement des échanges inter-arabes. Malheureusement, les actuels dirigeants sont trop préoccupés par la comptabilité des pétro-dollars, ils commencent à peine à s’éveiller à l’utilité, à l’urgence, à la rentabilité des investissements dans le monde arabe. J’émet le vœu qu’ils viennent en masse, en Tunisie, sinon ailleurs, partout dans le monde arabe, où des travailleurs, des cadres, des ingénieurs compétents, sont en chômage, qu’enfin se marient les moyens financiers énormes et les moyens humains colossaux dont dispose la nation arabe. Il y a peut être une chance historique à saisir. La Tunisie l’a compris, il faudrait que l’élite politique arabe s’attèle à la tâche pour ne pas rater le coche, pour mettre un terme à la balkanisation des forces, des moyens et même des perspectives.
Interview réalisée par Néjib SASSI
(Source : « Le Temps Lundi» (Hebdomadaire – Tunis), le 14 janvier 2008)
La simulation de noyade est une torture, selon le chef du renseignement US
AFP, le 13 janvier 2008 à 17h28
WASHINGTON, 13 jan 2008 (AFP) – Le directeur du renseignement américain, Mike McConnell, estime que la technique d’interrogation par simulation de noyade (“waterboarding”) est une forme de torture et assure qu’elle n’est pas employée par les Etats-Unis, dans une
interview parue dimanche.
“La simulation de noyade serait atroce”, estime M. McConnell dans une interview au magazine The New Yorker.
“Si j’avais de l’eau emplissant mon nez, mon Dieu, je ne peux pas imaginer à quel point ce serait douloureux ! Qu’il s’agisse de torture ou non selon la définition de n’importe qui d’autre, pour moi ce serait de la torture”, affirme-t-il. Interrogé sur sa propre définition de la torture, il répond: “quelque chose qui provoquerait une douleur insupportable”.
M. McConnell défend dans cette interview les méthodes d’interrogation des suspects de la CIA : “Est-ce que nous avons obtenu des renseignements significatifs ? Et comment. Enormément !
Est-ce que cela sauve des vies ? Enormément ! Nous avons obtenu des informations incroyables”. Mais, “nous ne torturons pas”, affirme-t-il.
La CIA a récemment révélé avoir détruit des bandes vidéos d’interrogatoires de suspects de terrorisme en 2005 sur lesquelles des enquêteurs utilisaient des techniques controversées. Ces
méthodes sont réputées musclées et comprendraient la simulation de noyade (ou technique de la “baignoire”).
Le ministre de la Justice Michael Mukasey a annoncé le 2 janvier l’ouverture d’une enquête criminelle sur la destruction de ces enregistrements, menée par le FBI (police fédérale).
L’hebdomadaire Newsweek a annoncé dimanche que la CIA recherchait en interne d’autres enregistrements audio ou vidéo montrant ses méthodes d’interrogatoire des suspects.
Selon des responsables ayant souhaité garder l’anonymat, il s’agit de trouver des enregistrements que l’agence n’aurait pas réalisés elle-même mais qu’elle aurait obtenus auprès d’autres services des services de renseignement ayant interrogé des suspects d’Al-Qaïda.
Dans son interview au New Yorker, Mike McConnell revient sur la publication en décembre dernier d’un rapport de l’ensemble des agences de renseignement américaines, affirmant que l’Iran avait
suspendu son programme nucléaire militaire en 2003.
La publication de ce rapport avait affaibli la position de la Maison Blanche dans sa tentative de former un front international pour imposer des sanctions au régime de Téhéran.
“Si nous ne l’avions pas publié, il y aurait eu des fuites, et l’administration aurait alors été accusée de cacher des informations”, argumente-t-il.
AFP
Sarkozy défend la “politique de civilisation” à Ryad
Reuters, le 14 janvier 2008 à 10h42
RYAD, 14 janvier (Reuters) – Nicolas Sarkozy a défendu lundi en Arabie saoudite sa vision de la “politique de civilisation“ et de la diversité religieuse.
La politique de civilisation “dont le monde a aujourd’hui tant besoin” ne doit pas “chercher à imposer un modèle unique de civilisation”, a déclaré le président français devant le Conseil consultatif saoudien (Majlis ach-Choura), une assemblée de 150 membres nommés par le souverain du royaume wahhabite.
“C’est une politique qui se donne pour but de civiliser la globalisation. C’est une politique qui intègre la dimension intellectuelle, morale, spirituelle. C’est une politique qui cherche à conjurer la menace du choc des civilisations en mettant l’accent sur ce qui réunit les hommes, par-delà ce qui
les oppose”, a-t-il poursuivi.
“C’est une politique de la diversité, c’est une politique qui fait du respect de la diversité des opinions, des cultures, des croyances, des religions un principe universel. Car la diversité ce n’est pas seulement une valeur occidentale. C’est une valeur commune à toute civilisation”, a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy a lui-même dit en ce début d’année vouloir mettre en oeuvre en France une “politique de civilisation“.
“La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui, au sein même de l’Islam comme des autres religions luttent contre le fanatisme et contre le terrorisme”, a-t-il souligné.
“La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui oeuvrent pour un Islam ouvert (…) C’est ce que fait l’Arabie saoudite sous l’impulsion de sa majesté le roi Abdallah.”
“La politique de civilisation, c’est ce que font tous ceux qui s’efforcent de concilier le progrès et la tradition, de faire la synthèse entre l’identité profonde de l’Islam et la moderniser sans choquer la conscience des croyants”, a encore estimé Nicolas Sarkozy.
Il a rendu un vibrant hommage à la politique de réforme et de modernisation menée par le roi Abdallah bin Abdelaziz en
Arabie saoudite, le pays arabe jusqu’ici le plus conservateur et le plus strict sur le plan religieux. Tout ce qui se passe ici, toute la politique de l’Arabie Saoudite, tout ce qu’exprime, tout ce que fait sa majesté le Roi Abdallah, montre une volonté non de rejeter la modernité mais de l’apprivoiser pour la transformer et de la mettre au service d’une certaine idée de l’Homme, d’un projet de civilisation”, a
déclaré le président français.
“IMPORTANCE MONDIALE” DE L’ARABIE SAOUDITE
Certes, a-t-il dit, l’Arabie saoudite ne s’est mise que lentement” en “mouvement” en ce qui concerne la condition des femmes et la liberté d’expression – domaines dans lesquels elle est particulièrement en retard (les femmes n’ont toujours pas le droit de conduire et sont obligées de porter un grand voile noir
pour sortir de chez elles).Mais qui ne serait impressionné par les changements qui se ont produits en quelques années, dans le respect de l’intégrité des lieux saints de l’Islam, qui est une exigence avec laquelle le royaume ne peut pas transiger et qui l’oblige à être pour les croyants du monde entier un modèle de piété et de fidélité à la tradition ?” a poursuivi Nicolas Sarkozy.
“C’est ici que le changement est le plus délicat, le plus difficile sans doute, mais c’est ici aussi (…) que ce changement a la plus grande valeur symbolique et la plus grande portée pour le monde”, a ajouté le président français.
Il a estimé que le “rôle d’équilibre et de modération que joue l’Arabie saoudite” n’avait pas seulement une importance régionale mais également une “importance mondiale“. Il a notamment salué le geste d’une “portée symbolique immense” qu’a constitué à ses yeux la rencontre entre le roi Abdallah et le pape Benoît XVI l’été dernier.
“Votre rôle ne s’inscrit pas dans le court terme, votre rôle s’inscrit dans la longue durée de l’histoire des civilisations“, a-t-il dit à l’adresse des Saoudiens. “Ici en Arabie saoudite se joue le rapport de l’islam avec la modernité.”
Dans ce pays où se trouvent les principaux lieux saints de l’islam, Nicolas Sarkozy a entamé son discours par un long éloge des religions du Livre (judaïsme, christianisme, islam) et de la diversité religieuse, tout en dénonçant les “crimes qui ont été commis au nom de la religion“.
Aujourd’hui, “ce n’est pas le sentiment religieux qui est dangereux, c’est son utilisation à des fins politiques régressives au service d’une nouvelle barbarie”, a-t-il dit en faisant allusion à l’extrémisme islamiste.
REUTERS