13 octobre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3065 du 13.10.2008

 archives :www.tunisnews.net  

 


L’ACAT-France s’inquiète vivement pour Abdellatif Bouhjila dont l’état de santé est préoccupant AFP: Tunisie: entrée en production d’un gisement de gaz, un deuxième en mars Fatma BOUAMAIED KSILA: Soutien au journaliste et homme de conviction  M. Fahem BOUKADOUS

Khaled: SCHWARTZI, cinq ans après son départ, Alfajrnews: Abdelkarim Harouni from prison to human rights struggle Le Temps Lundi: Interview de Me Sahbi Bouderbala, 2ème vice-Secrétaire Général  – La démocratie consensuelle au sein du MDS AfricanManager: Tunisie : La non-application des règles de concurrence et le glissement du Dinar mettent l’investissement en danger et clochardisent l’entreprise*.  Le Temps Lundi: La radio ose le débat : le succès audience AFP: Royaume-Uni: nationaliser les banques, une « révolution » au goût amer René Naba: Géo-économie mondiale : un basculement stratégique


Le site provisoire de KALIMA: www.kalimatunisie.blogspot.com

 


L’ACAT-France s’inquiète vivement pour Abdellatif Bouhjila dont l’état de santé est préoccupant.

 

Sorti de prison en novembre 2007, il est, depuis cette date, demandeur d’examens médicaux. Sa santé a été très éprouvée par un long séjour en prison et de nombreuses grèves de la faim. Il souffre de problèmes cardiaques, rénaux et de douleurs aux jambes. Depuis un an, il n’a jamais pu avoir accès aux soins nécessaires à son état de santé. Il n’a pas non plus pu obtenir un passeport qui lui permettrait d’obtenir des soins à l’étranger.   Pour protester contre cette situation, Monsieur Bouhjila a entamé une grève de la faim le 2 octobre 2008. A ce jour, il n’a toujours pas obtenu de réponse de la part des autorités, et il est très affaibli.


Le Mouvement Ettajdid

vous invite à un Débat

« la Tunisie face à la crise financière internationale »

Avec M. Abdelmoumen SOUAYAH, Consultant en Finance internationale, ancien Vice-Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie et ancien PDG de la STB et de la BEST Bank Animé par Mahmoud BEN ROMDHANE Professeur en Sciences économiques Jeudi 16 Octobre 2008 Au 7, avenue de la Liberté. Tunis


Tunisie: entrée en production d’un gisement de gaz, un deuxième en mars

TUNIS – Un gisement de gaz détenu par le groupe Petrofac (45%) et l’Etat tunisien (55%) est entré en production au large des îles Kerkennah (300 km sud-est de Tunis), a-t-on appris lundi de source officielle. Le champ dit « Chergui » est devenu opérationnel en août avec un débit initial moyen de 450.000 mètres cubes de gaz et devrait atteindre selon les prévisions du groupe une capacité de 20 millions de mètres cubes par jour. Sa production est destinée à la société publique d’électricité et du gaz (Steg) pour un coût total d’investissement estimé à 100 millions de dollars environ, selon Petrofac. L’exploitation de ce gisement a entraîné notamment des compensations aux marins pêcheurs de Kerkennah, la pêche constituant une ressource vitale pour les habitants de l’archipel (15.000 habitants) dans le sud-est tunisien. Un deuxième gisement de gaz situé au large du golfe de Hammamet, doit entrer en production en mars prochain. Ce champ dit « Hasdrubal » détenu à parts égales par l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap) et British Gas est en chantier depuis octobre 2007. Son exploitation a nécessité un investissement de 1,6 milliard de dinars (1,2 milliard USD) dont le tiers devait être consacré à la construction d’une station de traitement. La production de gaz naturel en Tunisie a atteint 2 millions de mètres cube en 2007, en recul de plus de 4% par rapport à 2006, l’essentiel provenant de Miskar exploité par British Gas, le plus important d’une dizaine de champs en activité dans ce pays. La Tunisie perçoit des redevances pour l’équivalent de 1,1 million de mètres cubes au titre du passage du gaz algérien par le gazoduc transcontinental vers l’Italie, et a achète à l’Algérie 874 millions de mètres cubes en 2007. Ce pays cherche à développer sa production de gaz pour satisfaire une demande intérieure en hausse estimée à 3,8 millions de mètres cubes en 2007. PETROFAC (©AFP / 13 octobre 2008 18h55)


 

Soutien au journaliste et homme de conviction

M. Fahem BOUKADOUS

 

 

Dans la Tunisie de Ben Ali, choisir le droit à la différence et user de son droit à la libre expression est un délit grave qui doit vous coûter cher et vous exposer aux pires des répressions et ce, tout le long de votre vie. Le journaliste Fahem BOUKADOUS en sait beaucoup.

 

Fahem BOUKADOUS, 38 ans, marié, sans enfant, est un ancien prisonnier politique qui a connu les prisons tunisiennes avec leurs lots quotidiens de souffrance et de torture physique et morale. Actuellement, et depuis le 05 juillet 2008, il est activement recherché par la police politique pour le rôle clé qu’il a joué dans la couverture et le suivi médiatiques exceptionnels qu’il a garanti de par son statut de correspondant de la chaîne télévisée tunisienne « Al-Hiwar Ettounsi » (Dialogue Tunisien), l’unique chaîne indépendant du pays.

 

Le 13 septembre dernier, le juge d’instruction près le Tribunal de première instance de Gafsa, l’a officiellement inculpé d’« appartenance à une association de malfaiteurs » et de « diffusion de publications susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ». Le 24 septembre la Chambre d’accusation près la Cour d’Appel de Gafsa a confirmé ces accusations.

 

Ancien prisonnier politique,  Fahem BOUKADOUS a été arrêté une première fois le 21 février 1999, à la suite d’une vague d’interpellations qui a touché des étudiants et des personnes accusées d’appartenance au Parti Communiste Ouvrier de Tunisie, organisation non reconnue. Il a été inculpé avec le porte-parole du parti, M. Hamma Hammami, son avocate, Maître Radia Nasraoui et 19 autres  pour : Appartenance à un groupe terroriste,  tenue de réunions non autorisée, incitation à la rébellion, diffusion d’informations mensongères en vue de troubler l’ordre public, diffamation envers les autorités et distribution de tracts…..

 

Lors de cette arrestation, Fahem a subi différentes formes de torture : coups de poings, supplice de la « derbouka » (coups assénés sur le crâne avec la paume des mains et qui ne laissent pas de traces), durant de longues séances. Alors qu’il souffre d’asthme chronique, on l’a étouffé en lui mettant la tête dans uns sac nauséabond, au point qu’il a fallu le transporter d’urgence à l’hôpital….Le 14 juillet 1999, il a été condamné  à trois ans et demi de prison ferme lors d’un procès mascarade, suivi par tout le mouvement national et international des droits humains. Les différents observateurs présents ont souligné d’une manière éclatante le vide juridique du dossier d‘accusation, les graves manquements au respect de la procédure, les atteintes graves, répétées et caractérisées aux droits des accusés en particulier ceux garantissant la liberté d’opinion, d’association et d’expression.

 

Et maintenant, le pouvoir politique tunisien se prépare à mettre en oeuvre une parodie de procès pour 38 des animateurs les plus engagés dans le mouvement de protestation sociale du bassin minier de Gafsa, où la plupart d’entre eux sont en état d’arrestation, dont Ms Adnène Hajji, Taïeb Ben Othmane, Béchir Abid…. Leurs droits individuels les plus élémentaires sont bafoués au moyen de la torture, de la falsification des déclarations et  du prolongement illicite de la détention préventive.

 

Les motifs d’inculpation de Fahem et de ses camarades  confirment la volonté  du pouvoir tunisien  de mettre tout en oeuvre pour  faire taire à jamais les revendications légitimes de toute une région à la justice sociale et au développement durable, et ainsi entraver l’exercice élémentaire des droits et des libertés publics, volonté  manifestée par l’arrestation et la  condamnation de plusieurs dizaines de jeunes tunisiens du mouvement social qui a secoué la région minière de la Tunisie. 

 

Fahem risque de nouveau la prison et son inculpation augure mal le sort qui lui sera réservé ainsi quà ses camarades, elle donne l’exemple d’une justice  qui a démissionné de sa fonction de garante des droits et s’est soumise “ aux ordres ” du pouvoir exécutif.

 

Fahem et ses camarades attendent un geste de solidarité de  la part des hommes et des femmes libres de France pour dénoncer cet arbitraire qui s’abat depuis près de 21 ans sur toute le Tunisie et cette volonté systématique de paralyser l’exercice des droits, d’isoler et d’intimider les opposants et les défenseurs des droits humains.

 

Respect à M. BOUKADOUS, que j’ai eu l’honneur lors de sa première incarcération à présider son comité national de soutien, ainsi qu’à ces hommes valeureux pour leur courage et leur détermination à proclamer la vérité, toute la vérité et à lutter avec tant d’opiniâtreté pour, malgré tout, être présents en dépit des risques et des menaces.

 

 

Paris, le : 13/10/2008

Fatma BOUAMAIED KSILA 

 

 


 

SCHWARTZI, cinq ans après son départ,

 

LEON-LE-JUSTE,  LA NOUVELLE HARKA ET NOUS

 

Léon Schwartzenberg (né le2 décembre 1923 à Paris, mort le 14 octobre 2003 à Villejuif) nous a quittés il y a cinq ans jour pour jour. Une énorme perte pour la France, pour sa communauté juive, pour le peuple martyr de Palestine  et pour la Tunisie militante. Ancien ministre à la fougue légendaire, grand procureur contre le cancer, il s’est éteint épuisé par cette abomination qu’il a passé sa vie à combattre.

Les Palestiniens n’oublieront jamais qu’il avait dit la vérité sur leur sort de peuple maudit, promis à une disparition programmée.

Les Tunisiens se souviendront de ses prises de position, de sa compassion, de sa présence physique et de sa sollicitude pour leur lutte contre la tortiocratie implacable instauré par le général de renseignement Zine Ben Ali depuis bientôt 21 ans.

C’est en effet lui qui écrivait, souvent de sa main, des lettres de protestation aux gouvernants de Tunis, répondant ainsi aux sollicitations que nous lui adressions et, à tout seigneur tout honneur, nous en faisait systématiquement parvenir copie.

Il avait à cœur d’intervenir sans compter, à chaque fois que nécessaire ; et Dieu sait que cela n’était pas rare.

Tous les Tunisiens doués du sens de l’honneur ne manqueront pas de rendre un hommage appuyé au Professeur qui avait accepté sans hésitation de faire partie du Groupe de Travail sur la Tunisie. C’était ma dernière rencontre avec lui au siège du MRAP lors de la conférence de presse que j’avais personnellement organisée et  filmé, au nom du GTT, en soutien à Jean-François POIRIER, alors expulsé de Tunisie pour avoir mis le nez dans les émeutes scolaires qui étaient en cours dans le sud.

Cet anniversaire est d’autant plus triste que la cause tunisienne se trouve dans une cruelle impasse.

Du fait de l’absence d’un minimum vital d’unité et d’un degré zéro de consensus sur un leadership, les forces qui combattent l’infamie installée à Tunis donnent l’impression désespérante de ne pas avoir d’horizon. Bien des amis de notre cause nous ont quittés ou ont pris leurs distances avec nous des suites de cette attitude aussi incompréhensible que suicidaire.

Nombre de nos compatriotes militants à l’intérieur et en exil ont été frappés du syndrome de la chute dans le vide, très caractéristique des longues répressions et du désespoir. Certains se sont éclipsés en silence, alors que d’autres ont été pris par un irrationnel désir de ramper…

Certains sont même allés jusqu’à éprouver du respect pour leur bourreau et persécuteur. Ils ont dégénéré comme les anciens militants chiliens retournés sous la torture. Il en est sorti une petite et minable harka dont les membres ne cessent  de s’agiter pour se convaincre eux-mêmes qu’ils n’ont  pas perdu l’eau de leur visage.

C’est en leur nom qu’il nous faut, en tant que société civile tunisienne, présenter  nos excuses les plus attristées à Vincent Geysser, à Gilles Perrault, à Robert Ménard, à François Gèze et à tous les esprits libres de France et d’ailleurs qui nous ont fait confiance et qui ont pu voir en nos élites une  digne alternative pour le peuple tunisien.

Ces amis auront certainement du mal à comprendre dans un premier temps, tellement les victimes étaient improbables. Mais il suffit de leur expliquer le syndrome Mezri Haddad pour qu’ils saisissent notre situation dans ce qu’elle a de plus dramatique et de plus absurde.

Il est primordial que ce travail soit mené à bien avant la mascarade électorale de 2009. Nos partenaires et amis doivent être édifiés sur la capacité des Tunisiens à sortir de l’ornière et à reprendre leur dur cheminement vers la liberté.

Si nous y parvenons, nous pourront envisager sereinement d’exiger de l’Occident qu’il traite la Tunisie à égalité avec le Zimbabwe. Ben Ali devrait par conséquent prouver que les élections étaient loyales et sincères sans quoi il ne serait pas reconnu par la « communauté internationale. » Son pouvoir serait délégitimé.

Une opposition tunisienne revigorée sur la base d’un SMIG démocratique pourra alors exiger l’organisation de nouvelles élections propres, avec des garanties internationales…  La présence de Jimmy Carter et d’autres observateurs aguerris au jeu de la démocratie élective sera une condition essentielle à l’organisation de telles élections.

Léon Schwartzenberg eût très certainement aimé vivre avec les Tunisiens un rêve pareil…

C’est peut-être ce rêve-là que les retournés n’ont pas osé. C’est probablement ce qui les a tués…

Khaled 


Abdelkarim Harouni from prison to human rights struggle

(Translation from Arabic by Hend Harouni)

 
Alfajrnews  interviews Abdelkarim Harouni the human rights struggler and former political prisoner Interlocutor : Habib Laamari, Director Abdelkarim Harouni is one of the great students’ unionists for whom the Tunisian University and the official media itself witnessed for his moderation and civility, known by the students during the eighties, as eloquent orator and experienced intellectual and skillful unionist,  believes but in negotiation and peaceful means to defend the students’ rights and freedoms. His criticism of the regime used to be characterized by the simple Tunisian dialect and sarcastic humor; a democratic and civilized way moving feelings, awakening consciences and shaping smile on the lips of the angry. In brief, Abdelkarim Harouni was and will remain as a superior name and an indelible memory reference of the thousands of Tunisians who attended the Tunisian University during an entire decade time. After suffering from imprisonment and what he lived from the afflictions of the siege and in solitary confinement for many years, he came out of a narrow wall prison to a wider one under siege by watchmen from all sides briefly because he entered prison, great as symbol and value and left prison, greater as a symbol and value too, a man equal to 1000 while some 1000 men are worthless one, determined to continue the struggle for human rights so that Tunisia be free and respectful and so much proud of her sons and stood with them. Alfajrnews : We wish you Happy Eid  and send you  our best wishes for every year to be fine as well as all your family and friends. Abdelkarim Harouni: Every year and Alfajrnews (The dawn) is fine, free and struggling as we have always known him for. Blessed Eid to everyone in Tunisia and in the Arab and Muslim countries in besieged Gaza and in occupied Iraq and we request ALLAH to bless us in Tunisia by the release of all the political prisoners and the return of expatriates, the right of citizenship for the released and the recuperation of civil and political rights for all Tunisian men and women. Alfajrnews: On Eid day and you are under siege and in semi- house arrest, how should you shortly describe the situation to us? Abdelkarim Harouni: Briefly, I was moved from narrow prison to semi-house arrest and the two are an attempt to both break my will and isolate me from people and prevent me from continuing the struggle to live free in a free people, in a free country, in a free nation and in a free world. However, my family’s house is surrounded day and night by agents of the political police in two cars and a motorcycle which provoked my family members and disturbed the neighbors and preoccupied people also the police follows me wherever I go even to the mosque to pray and to the cemetery to visit my mother may ALLAH rest her soul as well and prevent some visitors from entering at home. It also happened on Sept. 20th with Mr. Mohamed Nouri, president of the organization of   Freedom and Equity and Mr. Hamza Hamza and Mr. Mohammed Gueloui, members of the Executive Office. On Sept. 28th by night, around eleven p.m. a large number of political police agents entered the café to prevent Mr. Hamza Hamza, from sitting with me and forced us to go out and disperse in addition to preventing me from continuing to enter the organization’s office located at 33 Mokhtar Attia street-Tunis. Even on Eid al-Fitr the siege continued and expanded to include Mr. Mohamed Nouri and Mr. Hamza Hamza’s homes and the office of the organization to prevent any meeting between members of the Executive Office even if for greetings and preventing them from receiving their friends and terrorizing relatives not to return back to visit them any longer, nor further to invite them in their homes. In this day the siege continues to be focused on me and on my family’s house by two cars and a motorcycle. Another shape of this siege is also the breaking of the telephone at home for more than a month and still with delaying in returning back the line and controlling telephone calls with hindering internet to prevent inside correspondences and international ones and through making pressure on me by arbitrary detention to try to stop me from making declarations to the media, especially T.V. channels and internet space as it happened to me following a declaration I made to Alhiwar-london T.V. channel in the program of  “Hukuk Anas” (People’s Rights) on the harassments faced by the organization. This unjust siege did not prevent me from celebrating the Eid feast especially that it is my first one at home after seventeen ones I spent in prison and reinforced my conviction that the path to freedom and rights recuperation in Tunisia is long and arduous and increased my confidence that I am with ALLAH’s help in the right direction. Also, I am proud of my family’s support and the wide internal and external solidarity with me. Thank you to all who defended me and Freedom and Equity organization as well as the human rights activists and politicians and media unionists for defense of freedom and human rights in Tunisia. This siege reminded me of a position I lived after I came out of prison in November 1988, after the fall of Bourguiba  and  that I will never forget, when a brigade of political police came to our house in la Marsa to inform me that I would be submitted to police control 24/24 hours, so my mother Saïda may ALLAH rest her soul replied to their words by saying :” instead of going to find the killer of Abu Jihad, you come to search my son?! « And today after twenty years I find myself again under siege day and night in our house at the Kram, not far from my mother’s tomb. Alfajrnews: Is there a way out of this situation of human rights and political crisis that the country lives in? Abdelkarim Harouni: For example, in prison I discovered a Tunisian popular proverb summarizing what the country reached at that time as conditions of despotism and corruption, saying: « agree, or be hypocrite , or get out of the country, » and after one year of imprisonment I wonder to what extent this proverb applies to Tunisia today? And I did not agree and was not hypocrite and did not get out of the country, I find myself between two options the sweetest one is the bitterest: silence or return to prison and this is in itself an indicator of the degree of the political isolation and rights regression in the country despite the approach of what some consider as elections and preach the Tunisian people a long time ago what would precede it including steps towards detente and which did not come up to now, but on the contrary, the situation has deteriorated in the country at the political, human rights and social and moral levels despite the official propaganda. And which confirms that is what happened in this summer as arrests and trials in Gafsa and in Bizerte and hunger strikes for the released and harassment of lawyers and disciplinary boards of unionists and the siege of the student movement and of freedom of union activities in general with the continued successive incarceration of  Enahdha Movement (The Renaissance) strugglers for the eighteenth year and deprivation of thousands of refugees from the right to return and crushing of thousands of released as well as their families and using the law as pretext of combating terrorism law and the practice of torture and organizing formal and unfair trials to draw religious youth to prisons and the continued closure of mosques and harassment of worshipers and assault on woman’s freedom of dressing, to the extent of threat to her right for security, education, employment and the exclusion of opposition parties and use of the constitution to deprive the competitors from the right for the election and the people from the right choice. Despite the common need for dialogue for the country to get out of this situation and face the serious economic, social and cultural challenges but the authority is still refusing the serious dialogue and betting on the security means in governance and in dealing with society issues too. In front of this dilemma, I do not soon see a way out of the crisis of the country and I do not see a solution but in the struggle with courage, sincerity ,patience ,wisdom and solidarity to achieve necessary demands and of priority especially the general legislative amnesty for justice to the oppressed and rights restoration to their owners and the purification of the general atmosphere in the country and also to ensure freedom of expression and also that of organization and provide conditions for free and fair elections after 70 years since the Tunisian women and Tunisian men went in April 1938 on demonstrations in the streets of the capital despite the occupation to demand the election of a Tunisian Parliament. Alfajrnews: Is this siege covering all the strugglers or is it particularly for you? Abdelkarim Harouni: an extensive siege incurring to make the free voices silent in all human rights, political, media, cultural and union areas fields and more tense on human rights activists for their vital role in defending freedoms and human rights and confrontation of violations and abuses from any origin , especially those committed  by The organs of the authority with a focus on the siege on Freedom and Equity, independent human rights organization and its Executive Office members and tightening the siege particularly on me since being elected as Secretary-General of this organization on September 8th, 2008, bringing an end to be similar to house arrest. Alfajrnews: Do you have a message that you want to say through this short interview? Abdelkarim Harouni: I’m not afraid for myself from the siege or the prison as far as I am afraid for my country under the « rule of instructions » far from the law and institutions fear and hunger spreading among its people this country who is rich with energies in all fields and eligible to be at the forefront of countries as it has been proved in various stages of its history. Despite all the injustices that I have been subject to and still since I was arrested for the first time in the summer of 1981 I am not rancorous because rancor makes one blind towards righteousness, but I will not give up my right to live free, in a free people and in a free country, whatever it may cost me because freedom is a bounty from ALLAH to man and the basis for prosperity and the requirement for stability and prosperity and the key to all what is good. So, the struggle for freedom and the recovery of the rights is a legitimate and national duty that I will never quitclaim, despite the intensity of the siege so no right can be lost having a claimer for it. Also as I contributed with the free people of this country from the Islamists and the others to prove inadequate security solution, I will with ALLAH’s help for the success of the political solution in dealing with the country issues. Tunisia, on 3rd of October 2008-3 Shawal, 1429 Alfajrnews team presents the greatest expressions of thanks and appreciations to the human rights struggler Abdelkarim Harouni.Translated on 11th of October 2008-11 Shawal, 1429-  

Interview de Me Sahbi Bouderbala, 2ème vice-Secrétaire Général

La démocratie consensuelle au sein du MDS

 
Interview réalisée par Néjib SASSI  Après le 8ème congrès du Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS) qui s’est tenu les 12, 13 et 14 août dernier et la répartition des tâches au sein du bureau politique élaborée à la mi-septembre, la « controverse » soulevée par certains congressiste qui se sont élevés contre le processus consensuel qui a marqué le choix des membres du conseil national et ceux du bureau politique s’est apparemment calmée et le parti a retrouvé sa cohésion et son train de vie quotidien et va entamer les préparatifs des prochaines échéances électorales. Notre invité Me Sahbi Bouderbala, 2ème vice secrétaire général du parti nous parle du déroulement des travaux du congrès, du consensus qui a prévalu, de la situation du MDS en tant que parti de l’opposition et d’autres questions. Interview. Le Temps : Tous les responsables du parti n’ont cessé de répéter que le 8ème congrès sera électoral puis ils ont changé d’avis, du moins la plupart d’entre eux et ont choisi le consensus pour le choix des membres du conseil national et ceux du bureau politique. Quelles sont les causes de ce changement ? Me Sahbi Bouderbala : On croyait que la réconciliation allait aboutir à éliminer tous les problèmes et les frictions dûs à la scission qui existait depuis 1995 et qui s’est accentuée lors du congrès de 2001. Mais le processus de réconciliation notamment au niveau régional et local n’a pas abouti. De même au sein du bureau politique certaines frictions entre les membres n’ont pas disparu. Pour ces raisons on a estimé qu’un congrès électoral aurait un impact négatif quant à la survie même du parti. D’autant plus que lors des primaires locales et régionales il n’y a pas eu de véritables élections. Les congressistes n’ont pas été choisis comme le prévoyait les statuts du MDS ce qui s’est donc répercuté sur le déroulement des travaux du congrès. A commencer par le Conseil national dont les membres ont été choisis par consensus. Ces derniers ont par la suite approuvé ou du moins la majorité d’entre eux, la composition du bureau politique. • Mais au premier jour du congrès tout le monde parlait d’élections et des listes ont même circulé -Au premier jour on devait élire le président du congrès. Mais la majorité des congressistes a accepté la proposition du bureau politique sortant qui consistait à ce que l’ex-secrétaire général du parti Mohamed Moâda préside les travaux du congrès. Donc il n’y a pas eu d’élections et le reste a suivi et c’est tout à fait normal. Car on ne peut pas élire les membres du bureau politique par des membres du conseil national qui n’ont pas été élus mais choisis par consensus. Il faut finaliser le processus consensuel et c’est logique. • Mais il y a ceux qui n’ont pas approuvé ce processus ? -Dans chaque parti, lors de tous les congrès il y a eu toujours des « contents » et des « mécontents ». Certains congressistes ont été contre le consensus. Mais la majorité a approuvé. • Ils disent que ce n’est pas démocratique – La démocratie n’est pas un objectif en soi. La démocratie consensuelle approuvée par la majorité est une forme saine de démocratie. Quand on a constaté la tension qui régnait au congrès on s’est concerté nous les quatre Mohamed Moâda et Ismaïl Boulehya les deux parmi les fondateurs du MDS Taïeb Mohsni et moi-même les deux plus anciens membres qui ont fait toujours partie du bureau politique du parti depuis l’époque d’Ahmed Mestiri. On connaît les rouages du Mouvement et on a senti la menace qui pesait sur sa cohésion et son unité et on a choisi selon les critères objectifs basés sur la compétence, le militantisme et le bagage politique, la composition du bureau politique. • Mais vous avez restreint cette composition de 25 à seulement 15 membres ce qui a lésé certains membres sortants ? -C’est par souci d’efficacité. D’ailleurs cette efficacité va se concrétiser par la création des commissions spécialisées selon les compétences et présidées par les membres du bureau politique. Elles doivent présenter des rapports mensuels au bureau politique. Lequel les soumettra au conseil national. En plus ce dernier doit créer en son sein des commissions qui touchent à tous les domaines de la vie politique selon le nouveau statut du parti qui a été approuvé par le congrès. • Dans la nouvelle composition du bureau politique trois postes ont été crées celui de coordinateur général confié à Moâda et deux autres de 1er vice secrétaire général occupé par Mohsni et de 2ème vice secrétaire général confié à vous-même. Quelles sont les prérogatives de ces postes ? -Du moment que le nombre des membres du bureau politique a été réduit le congrès a estimé qu’un coordinateur général avec mission de coordonner tout le travail du parti en collaboration avec le secrétaire général éviterait beaucoup de problèmes, qui ont été à l’origine de désaccords survenus ces dernières années, notamment, entre les responsables à l’échelle régionale et nationale. En ce qui concerne les postes de vice secrétaires généraux, l’expérience a montré qu’en cas d’absence du secrétaire général et comme la nature a horreur du vide, le congrès a décidé à l’unanimité la création de deux postes de 1er et 2ème vice secrétaire général pour pallier à la défection du secrétaire général qu’elle soit momentanée ou permanente. • Comment jugez-vous aujourd’hui la situation du parti ? -On doit mettre de l’ordre dans la maison. On doit repenser les structures régionales et locales. Ceux qui n’ont pas été concernés par le consensus doivent trouver une place au sein de ces structures et préparer les échéances électorales de 2009 et de 2010. A cet effet, le bureau politique doit organiser dès que possible des nouvelles élections des structures régionales et locales afin que les militants soient fin prêts pour ces échéances électorales. • Comptez-vous nouer des alliances à l’occasion des prochaines législatives et municipales ? -Pour les législatives le problème de listes communes ne se pose pas sauf si une nouvelle loi électorale favoriserait d’éventuelles alliances. Par contre pour les Municipales nous avions noué des alliances par le passé la question serait peut être envisagée. • Parlez de la position du MDS en tant que parti de l’opposition. -Il se trouve dans une situation « inconfortable ». Ceux qui sont en dehors des partis jugent le MDS en tant qu’allié du pouvoir et qu’il a toutes les facilités pour exercer sa mission. Or, dans la réalité, ce n’est pas vrai. Le RCD nous laisse pas assez de manœuvres pour qu’on exerce notre activité de manière normale. D’ailleurs cela  est perceptible surtout au niveau régional et local. Donc ceux qui disent que nous sommes proches du pouvoir sont loin d’analyser la situation objectivement. Mais il ne faut pas oublier aussi que le MDS avec d’autres partis de l’opposition et le RCD ont signé en 1988 le Pacte National et que nous sommes liés aux principes qui y sont inscrits et nous les appliquons. Je dis à ceux qui nous taxent de proches du pouvoir d’aller consulter de près le Pacte National. • Mais ne doit-il pas être réactualisé ? – Le processus démocratique est un processus très lent qui demande une volonté politique réelle et une ambition populaire qui feront avancer la démocratie, la liberté et les Droits de l’Homme… Interview réalisée par Néjib SASSI  (Source: « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 13 octobre 2008)  

Tunisie : La non-application des règles de concurrence et le glissement du Dinar mettent l’investissement en danger et clochardisent l’entreprise*.

 

par : AM.   Des entreprises qui ne produisent plus de l’emploi dès la 3ème année de leur entrée en production, des entreprises qui ne semblent pas être soutenues par le système bancaire, des entreprises dont les deux-tiers se plaignent de pratiques non concurrentielles, de contrefaçons, qui ne sont pas soutenues par l’acheteur public qui en oublie ainsi son devoir de contribution au développement économique du pays en mettant en second lieu le paiement de ses fournisseurs publics. Tel est l’image que dessine un document empreint de beaucoup de sincérité et d’objectivité, distribué à l’occasion de la dernière consultation sur l’emploi et qui essayait de retracer les causes de l’incapacité de l’entreprise à créer aussi d’emploi qu’on lui en demande.  Au cours du Xème plan, indique le rapport, «les entreprises du secteur privé affiliées à la CNSS n’ont créé, en moyenne, que 20 mille emplois par an. De plus la création d’emploi a été surtout le fait des entreprises nouvellement constituées, les entreprises existantes créent très peu d’emplois additionnels. L’analyse des données de la CNSS montre que l’entreprise tunisienne ne crée de l’emploi qu’au cours de ses trois premières années d’existence, et elle commence à en perdre à partir de la 6ème année. Le potentiel emploi de l’entreprise semble être déterminé par l’investissement initial et de sa vitesse d’expansion faible ou éphémère. Le potentiel productif existant n’est pas, de ce fait, mis à contribution de manière efficace pour la création d’emploi additionnel. Plusieurs facteurs contribuent à cet état de fait: le climat des affaires et la difficulté d’accès à un financement adapté au fonctionnement sont souvent cités comme les causes principales de la non-expansion des entreprises aussi bien en termes de volume d’activité que de territoire d’influence. La non-application des règles de la concurrence n’incite pas à investir. Selon les entreprises, la fréquence des pratiques anticoncurrentielles sur le marché national n’incite pas à suivre le sentier de l’expansion économique. On rencontre ces pratiques à plusieurs niveaux. D’abord à la mise à la consommation, les règles de surveillance du marché qui ne sont appliquées qu’au secteur organisé, ensuite et bien que l’entrée sur le marché des métiers et de l’artisanat soit soumise à une preuve de qualification professionnelle, les consommateurs manquent de visibilité à cause de l’absence d’un système de labellisation des entreprises de services. Ce manque de visibilité ne favorise pas l’emploi qualifié et l’amélioration des services rendus. Le client (entreprise ou individu) est souvent dans l’incapacité de distinguer a priori l’entreprise capable de réaliser ce qui est demandé selon les règles de l’art et aux meilleures conditions économiques. Il s’ensuit une élimination progressive des entreprises structurées, un alignement par le bas en termes de service rendu, un gaspillage de ressources (mauvaise exécution, reprise de travaux, etc.) et surtout une clochardisation des entreprises, tous ces facteurs étant défavorables à l’emploi qualifié. Ce manque de visibilité est lui-même aggravé par le manque d’exigence du consommateur tunisien. La fiscalité a bénéficié ces dernières années d’un effort notoire de modernisation, mais elle reste néanmoins complexe et surtout sujette à interprétation dans son application. Une enquête de l’IEQ (8) auprès des entreprises révèle que près des 2/3 des entreprises qui s’adressent au marché intérieur ressentent les effets des pratiques anticoncurrentielles telles que contrefaçon, évasion fiscale, évitement de la contribution à la sécurité sociale, réseaux de distribution informels, accords implicites, discrimination entre clients et ventes liées. Le phénomène s’est amplifié entre 2005 et 2006 dans tous les secteurs. Le glissement du DT et le recouvrement. En dépit d’avancées notables ces dernières années, les problèmes de financement restent la principale barrière à la croissance des entreprises. Le fonds de roulement provenant des ressources propres de l’entreprise tunisienne où du marché financier ne sont pas suffisantes pour soutenir un niveau d’activité en relation avec son potentiel productif ou ses marchés. « Si l’investissement est encouragé, le fonctionnement ne l’est pas». On peut citer, pour notre part, à profusion le cas d’entreprises «tuées» par le refus du banquier de leur accorder le crédit de fonctionnement nécessaire à leur expansion et parfois seulement à la continuité de leur activité. On peut tout aussi bien citer à profusion le cas de nombre d’entreprises non créées et restées en projet, par le refus du banquier de prendre le risque qui est pourtant son métier après des déconvenues connues sur un secteur ou un autre. Le rapport de la Consultation va plus loin et indique que «on cite souvent comme causes du découragement du fonctionnement, la sous-capitalisation des entreprises et le déséquilibre du schéma de financement de l’investissement initial. Mais, on oublie l’effet du glissement continu du dinar qui a appauvri toutes les entreprises industrielles tunisiennes qui importent leur matière première et surtout les délais et les difficultés du recouvrement auprès d’une clientèle privée voire publique, se trouvant elle-même en difficulté. L’accès aux financements de fonctionnement, les aléas et les délais de cet accès ainsi que son coût figurent parmi les préoccupations les plus importantes des chefs d’entreprise. Il constitue le principal frein à l’emploi dans les entreprises existantes». (*) Cet article est extrait du rapport, présenté à l’occasion de la Consultation nationale sur l’emploi le 7 octobre 2008, et intitulé «Compétitivité et Croissance: Le défi de l’emploi aux multiples dimensions ». Nous avons préféré le publier in-extenso (Source : « AfricanManager.com » (Portail économique – Tunis), le 13 octobre 2008) Lien : http://www.africanmanager.com/articles/118928.html

Monde du travail : Ce qui doit changer…

 
Instruit par Mourad SELLAMI Du côté du patronat : « La redéfinition du travail aiderait beaucoup à réaliser les objectifs de la croissance » Du côté de l’administration : « La Tunisie a ratifié les plus importantes conventions internationales concernant la législation du travail » Du côté des salariés : «  La stabilité du travailleur est un pilier de la pérennité de l’entreprise » Les représentants des salariés et du patronat sont parfaitement conscients des enjeux de ce 7ème Round des négociations sociales et les deux partenaires sociaux ne paraissent pas pressés d’en finir après plus de huit mois de débat et des centaines de réunions à tous les niveaux  de la commission supérieure aux commissions sectorielles. Il est clair que chaque partie a préparé comme il se doit les dossiers de ses commissions sectorielles respectives et a même affecté des conseillers spécialisés pour celles qu’elle soupçonne influençable pour les orienter dans les négociations dans un esprit de défense des intérêts du groupe qu’il représente avec la rigueur nécessaire tout en respectant les droits du vis-à-vis. Les deux parties ont fait preuve jusqu’à ce jour d’un esprit de corps exemplaire et d’une discipline salutaire au point que le prolongement des négociations n’a pas donné lieu aux habituelles échauffourées accompagnant les rounds précédents des négociations sociales, notamment, lors de leurs phases avancées, lorsque la situation paraissait bloquée et chaque partie faisait alors pression avec les atouts qu’elle avait en sa possession. Lors de ce round, point de débrayages dans les secteurs où les négociations piétinent ! Les incidents survenus, ça et là, sont ponctuels et n’ont aucun rapport avec le rythme lent des négociations sociales. Lesquelles négociations se déroulent en l’absence de toute tension ou de surchauffe des esprits. Après six rounds de négociations sociales triennales, l’Union Générale Tunisienne du Travail « UGTT » et l’Union Tunisienne d’Industrie, de Commerce et d’Artisanat « UTICA » paraissent acquérir de la maturité dans l’art de négocier et disposent désormais de structures disciplinées assumant parfaitement leur rôle et comprenant les enjeux de l’étape actuelle. Les enjeux de l’étape actuelle Six rounds de négociations sociales et deux décennies de partenariat entre le syndicat des salariés et celui des patrons sous l’égide de l’administration ont abouti au développement de nouvelles législations dans chaque secteur en fonction de ses spécificités. Lesquelles législations font toutes parties du Code du travail et affirment appliquer « selon leur propre lecture » les conventions internationales signées par le gouvernement tunisien en matière de législation du travail. Ces modifications ont donc fait que les cinquante conventions sectorielles organisant les relations de travail dans le secteur privé ne contiennent pas les mêmes prédispositions réglementaires et appliquent différemment le même Code du Travail.  La preuve, des secteurs comme les banques et les assurances, la pétrochimie et la presse disposent d’une réglementation de travail qui offre à leurs employés davantage d’acquis que ce ,qui a été annoncé par l’accord du 28 août de la Commission centrale des négociations sociales qui a pourtant mis des mois pour être paraphé. Du coup, les négociations dans ces secteurs n’ont pas piétiné au niveau de l’incorporation des dispositions de l’accord susmentionné dans la nouvelle formulation des conventions sectorielles mais plutôt sur les moyens pour ne pas en tenir compte afin d’améliorer davantage la relation de travail dans ces secteurs. Donc, le 7ème round des négociations sociales a pratiquement posé la problématique de l’unification des réglementations dans le monde du travail du secteur privé mais le passage d’un univers multiforme où la réglementation du travail et les acquis sociaux diffèrent d’un secteur à un autre à un univers régi par les mêmes dispositions ne constitue pas une mission facile à réaliser. Ce n’est pas du tout facile d’unifier tous les secteurs sous le même parapluie réglementaire et l’application de l’accord du 28 août a montré clairement les difficultés rencontrées par ladite unification. Les attentes de chaque partie D’ailleurs, les représentants du patronat et ceux des salariés connaissent pertinemment les attentes de leurs vis-à-vis et essaient d’en tenir compte lors des négociations. Le patronat sait que l’UGTT souffre d’un faible taux de syndicalisation dans le secteur privé corporatiste en raison des risques encourus par les salariés syndicalistes pour leur avenir professionnel. L’UTICA est consciente que la nouvelle réglementation sur la protection du responsable syndical va permettre d’améliorer progressivement le taux de syndicalisation des salariés dans ce secteur. Or, vu de l’angle du patronat, cette protection du responsable syndical salarié peut entraîner un relâchement dans la discipline du travail du moment que l’appartenance à une organisation équivaut dans la mentalité de plusieurs salariés à une indifférence par rapport à la discipline du travail et à un sentiment d’être au dessus des lois. Cette mentalité suscite des craintes chez le patronat et c’est la raison pour laquelle il veut disposer d’une emprise sur l’embauche. C’est par souci de préservation de la productivité de l’entreprise, somme toute, légitime même si elle est évaluée à partir de l’angle du syndicat des salariés qui veut toutefois instaurer des normes transparentes pour éviter les dépassements contre les syndicalistes. Sur un autre plan, les syndicats des salariés savent que le patronat réagit en fonction des impératifs du marché qui le fait vivre et que ce marché connaît des hauts et des bas. L’UGTT est consciente que le patronat est soucieux de modeler le temps du travail en fonction des impératifs du marché sans subir des retombées financières sensibles (heures supplémentaires, heures de nuit, etc.) pour conserver la compétitivité de ses produits sur le marché international. A cet effet, le patronat souhaite réglementer autrement le temps du travail en y introduisant l’annualisation dans quelques secteurs et principalement le textile. Et ce n’est pas par hasard que ladite annualisation a été mentionnée dans l’accord du 28 août dernier. Donc, le 7ème round des négociations sociales a été à l’origine d’un véritable débat qui a été régulièrement reporté durant les autres rounds à propos des souhaits des syndicats des salariés d’instaurer une activité syndicale libre et protégée et ceux des patrons de conserver la productivité du travail et d’annualiser le temps du travail. Toute la problématique, c’est de dégager une synergie entre les vœux des uns et des autres. Que doit-on changer pour que les partenaires sociaux améliorent conjointement l’aspect général du monde du travail tout en permettant la croissance économique et la prospérité sociale ? Du côté du patronat : « La redéfinition du travail aiderait beaucoup à réaliser les objectifs de la croissance » Les représentants du patronat veulent que tous les intervenants dans le monde du travail sachent que l’employeur est le premier à être satisfait lorsque ses employés sont satisfaits car ils vont se concentrer sur la production : « L’employeur veille à instaurer un climat social serein dans l’entreprise qui est le gagne-pain de toute sa famille formée par le personnel et les actionnaires. Mais comme toute famille a des engagements à respecter pour préserver ses équilibres financiers et sociaux, l’entreprise aussi répond aux mêmes critères et les salariés sont responsables au même titre que leur patron de la réalisation des objectifs escomptés. Ils sont appelés à s’associer pleinement à l’action de leur entreprise. Or, tel n’est pas l’esprit qui règne de nos jours. On remarque que plusieurs salariés croient que leurs patrons les paient moins que ce qu’ils méritent et ils traînent à la tâche avec ce qui suit comme ralentissement de la courbe de production.» Un autre patron poursuit : « Ce qui me fait le plus mal, c’est que les salariés dénotent d’une vivacité hors pair alors qu’ils sont stagiaires. Il suffit de les titulariser pour que leur courbe de productivité chute d’une manière vertigineuse. Faudrait-il les laisser éternellement stagiaires pour garantir leur productivité ? Sûrement pas. Encore faut-il redéfinir le travail pour que les salariés aient conscience de leur rôle qui n’est point négligeable dans le circuit de production. Les employés sont appelés à comprendre les spécificités de la situation internationale et l’impact de leurs salaires sur le prix de revient d’un article comparativement à un Chinois ou à un Philippin et nous juger en conséquence. Nous vivons dans une impasse et nous devons collaborer pour réussir le pari de la croissance économique et du progrès social » Un troisième patron aborde la question des syndicats : « Les patrons souhaitent avoir un vis-à-vis fort et efficace pour réaliser une entente solide qui tire l’économie nationale vers l’avant. Or, certains syndicalistes ne font pas honneur à l’UGTT en délaissant leur travail pour la simple raison qu’ils ont été élus au syndicat. C’est une pratique qui est appelée à disparaître. Les syndicalistes, tout comme les patrons des entreprises, doivent donner l’exemple. Il s’agit de leur gagne-pain et ce n’est pas du tout admissible de lésiner sur les moyens pour le faire carburer à plein régime » Concernant les législations du travail, un expert de l’UTICA affirme : « l’objectif de tous nos programmes, c’est un meilleur emplacement pour les produits tunisiens sur le marché national et international. Or ceci passe par plusieurs étapes et, entre autres, la qualité de l’article, son coût, son temps d’exécution pour qu’il soit compétitif sur le marché. Les modifications que nous cherchons à introduire visent à améliorer la compétitivité du produit tunisien grâce à l’annualisation du temps de travail. Nous n’avons rien contre les responsables syndicaux pourvu qu’ils respectent leur travail et contribuent à la bonne marche de l’entreprise » Un autre patron a lancé un cri de détresse : « Nous tenons à avertir nos concitoyens que la Chine et les produits chinois nous font plus mal sur notre marché parallèle local que sur le marché international. A l’étranger, les produits tunisiens sont compétitifs à qualité égale surtout qu’on fait jouer la proximité et le savoir-faire de nos professionnels. Mais, sur le marché local, il y a essentiellement de la camelote et les consommateurs s’y adressent pour son coût bas. Il est nécessaire de lutter contre ce fléau pour sauver notre industrie et notre commerce » Du côté de l’administration : « La Tunisie a ratifié les plus importantes conventions internationales concernant la législation du travail » La législation de travail en Tunisie est conçue de façon à ce que l’administration soit le repère et le dernier recours en matière de normes dans la relation entre l’employeur et l’employé. Un tel choix a été dicté par des impératifs d’équilibre entre les droits des uns et des autres selon des normes internationales de travail universellement reconnues. Les deux partenaires sociaux veulent introduire, chacun à sa manière, des modifications à cette législation : Le patronat trouve qu’elle est rigide du moment qu’elle comporte plusieurs obligations telles que la couverture sociale, le respect d’un horaire de travail et une grille pour la paie. Plusieurs employeurs trouvent que ces conditions constituent un frein pour la création d’entreprises en affirmant qu’un employé revient 30 % plus cher que sa paie réglementaire. Ils expliquent les réserves des Investissements Directs Etrangers à venir s’implanter en Tunisie par cette législation la trouvant beaucoup plus rigide que les autres pays émergents comme le Maroc et l’Egypte. Les employeurs considèrent que le pourcentage des charges inhérentes aux ressources humaines est très élevé et empêche nos produits d’être compétitifs. Les syndicats  des salariés estiment de leur côté que cette législation est souple en énumérant les nombreuses situations de travail au noir en dépit de toutes les réglementations. Ils citent également les cas de sous-traitance du travail opéré par le patronat pour éviter les charges patronales comme dans les sociétés de services qui sont des sociétés écrans instituées pour instaurer la souplesse de l’emploi. Les syndicalistes veulent modifier ces législations pour qu’elles soient conformes aux conventions internationales signées par la Tunisie. Donc, cette législation peut être assimilée à un compromis car personne n’est satisfait. Toutefois, il est utile de rappeler que la Tunisie a ratifié les plus importantes conventions internationales concernant la législation du travail. Du côté des salariés : «  La stabilité du travailleur est un pilier de la pérennité de l’entreprise » Les représentants des salariés trouvent que ces derniers sont lésés dans tous les cas de figure. Selon eux, ils sont les moteurs de la production pourtant ils sont les derniers à être primés. Les représentants de l’UGTT répètent ironiquement ces derniers temps que : « les résultats de l’économie tunisienne dépendent des négociations sociales triennales. Ils sont mauvais l’année des négociations entre les partenaires sociaux et s’améliorent durant les deux années charnières. Eh bien ! Donnez-nous notre part de bénéfices des années charnières ! ». Un autre syndicaliste réplique : « Le patronat semble avoir peur de l’organisation syndicale. Pourtant, elle constitue un facteur de stabilité pour l’entreprise pourvu que les salariés puissent travailler sereinement et ne pressentent aucun souci concernant la stabilité de leur emploi. La stabilité du travailleur est le pilier de la pérennité de l’entreprise » Dans ce même ordre d’idées, un sociologue travaillant pour l’UGTT précise : « Pour évaluer l’état d’une entreprise à vendre, les éventuels acquéreurs sont appelés à regarder les visages des salariés. S’ils sont gais et épanouis, l’entreprise marche bien. Car un employé ne peut pas être d’un fort potentiel s’il vit sous la pression ». Du côté de la direction syndicale, on affirme que : « Tant mieux que le dossier des parties réglementaires dans la législation du travail a été entamé. Ce volet mérite d’être étudié depuis des années car la Tunisie dispose d’une législation avant-gardiste en matière de droit de travail. Seulement cet esprit progressiste n’est pas traduit dans tous les textes des conventions sectorielles. Seuls les secteurs disposant d’une équipe bien étoffée en matière de maîtrise de la législation de travail, ont pu tirer leur épingle du jeu et obtenir des articles leur allouant des droits tels que stipulés dans les conventions internationales. Les autres ont attendu ce round de négociations pour aborder cette question. D’ailleurs, ce n’est pas normal qu’après que la Tunisie ait signé la Convention internationale N°135 sur la protection du responsable syndical, certains secteurs rechignent encore à intégrer cette question dans les textes de la convention collective et il a fallu l’intervention de la commission supérieure des négociations en juillet et de la commission centrale des négociations, fin août, pour parvenir à un accord sur la manière de formuler cette question. Nous réaffirmons que l’UGTT est une organisation qui travaille pour le progrès économique et social de la Tunisie et que les salariés ont toujours été l’épine dorsale de la croissance économique, il ne faut pas donc les léser à l’heure de la répartition des bénéfices. Dans tous les cas de figure, on ne demande que le respect des réglementations ». En matière de législations de travail, un expert du Centre des études et des recherches relevant de l’UGTT affirme : « l’objectif fondamental de l’UGTT, c’est la stabilité de l’emploi. Cette stabilité peut se traduire de plusieurs manières : D’abord, le respect des réglementations lors de l’embauche, pendant la période travaillée et à la fin du service rendu. Ensuite, informer les ouvriers sur la situation économique de leur entreprise pour les motiver et les faire sentir qu’ils en font partie. Ne pas les oublier lors de la répartition des bénéfices. Si ces trois conditions sont remplies, l’entreprise ne peut être que bénéficiaire, le climat social serein et l’emploi stable. Donc, pourquoi chercher des tracasseries inutiles ? » (Source: « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 13 octobre 2008)

La radio ose le débat : le succès audience

 
On en dit encore « tabou » alors que le sujet est des plus importants et des plus actuels : la sexualité dans le couple. A l’origine de tous les conflits, une cause récurrente de divorce, un objet inconnu pour d’autres, la sexualité d’un couple nécessite plus d’une émission télé ou un dossier journal  pour en parler. Encore repoussé par les conservateurs, le débat s’imposait et il fallait le poser. Qui s’en est  chargé ? Mosaïque a osé, les animatrices ont assuré. Un succès côté audience comme en a attesté le nombre de visiteurs sur le site de la radio le jour de la diffusion de l’émission « forum », présentée par Wissal et Amina.  La   radio privée qui n’est pas à sa première tentative d’approche de sujets perçus comme « tabous » par la majorité, a fait  un travail remarquable dans un paysage  télévisuel où on trouve les deux extrêmes : du social qui tombe dans le sentimentalisme avec un trop plein de témoignages et de mise en scènes misérabilistes ou  d’un autre coté des essais trop « politiquement correct » de traiter le sujet sans fâcher personne. Lors de ce numéro de « forum », les interventions des auditeurs étaient osées, sans gêne ni langue de bois, commentées par un  sexologue et un écrivain juriste. Les gens appelaient pour protester contre le simple fait d’aborder des sujets aussi privés,  d’autres étaient pour une vulgarisation  du problème de la compatibilité sexuelle entre les couples. C’était étrange et nouveau d’entendre des auditeurs parler aisément des fantasmes, du plaisir et du désir. Le sexologue analysait avec des termes scientifiques assez crus  le mécanisme de cette relation complexe et le pourquoi des malaises. Le forum ce jour là a fait des vagues. Sur le site de la radio, plus de 350 commentaires qui reflètent des avis contraires mais très intéressés par le thème. Sur les ondes, le débat était passionnant et en tant qu’auditeur, on ne pouvait qu’apprécier la liberté de ton et la richesse du propos. L’émission a déjà fait sensation avec des sujets qui ne laissent pas indifférent, le débat était autour des femmes battues ou encore les relations sexuelles avant le mariage. Mais cette nouvelle saison, l’émission est plus travaillée, plus soignée et plus  Les deux animatrices avec un langage soigné, une maitrise du sujet et un bon sens de la médiation, se démarquent des deux anciens animateurs ( zohair et leyla) qui eux, par le verbe et le style et le choix des intervenants ont collé à l’émission un côté populiste parfois proche des querelles de chauffards que des débats posés. Les animateurs avaient des défauts flagrants qui ne passaient pas dans une émission où il fallait savoir parler et exprimer clairement les idées : manque de vocabulaire qui les poussaient à se répéter et des lacunes de grammaire et de prononciation aussi bien dans la langue française que dans la langue arabe. Dans son nouveau look, l’émission cette année a bien démarré avec un contenu et une présentation meilleurs. Mosaïque qui a tendance à trop jouer sur la carte audience « de masse » quitte à laisser tomber la qualité, se distingue par ce forum  qui va au fond des choses sans ratures. Hager ALMI (Source: « Le Temps Lundi » (Hebdomadaire – Tunis), le 13 octobre 2008)  
 
 


Royaume-Uni: nationaliser les banques, une « révolution » au goût amer

ِAFP, le 13 octobre 2008 à16h33
Par Pierre PRATABUY LONDRES, 13 oct 2008 (AFP) – « Révolution à la City », « le jour le plus extraordinaire dans l’histoire des banques », « la fin du Big Bang de Thatcher »: de l’avis général, une page de l’économie britannique s’est tournée lundi, suscitant soulagement, inquiétude ou amertume.  
La nationalisation de Northern Rock, première victime de la crise du crédit au Royaume-Uni, avait provoqué une levée de boucliers en février: le leader conservateur David Cameron, par exemple, qualifiant l’opération de « désastre pour le contribuable, le gouvernement et le pays ».

Mais face à l’urgence de la situation, l’entrée de l’Etat au capital de trois grandes banques (HBOS, Lloyds TSB et Royal Bank of Scotland) a été, cette fois, unanimement accueillie comme une « nécessité », d’autant qu’elle s’accompagnait d’un rebond de la Bourse.

A commencer par les premiers intéressés: « Qu’est-ce qu’il vaut mieux ? Laisser une banque s’écrouler ou utiliser l’argent du contribuable ? », a déclaré à l’AFP Angela Knight, directrice générale de l’Association des banquiers britanniques (BBA).

Pour autant, s’est-elle empressée d’ajouter, le plan de sauvetage détaillé lundi « ne concerne que trois banques » et « le gouvernement a clairement indiqué qu’il s’agissait d’une situation temporaire et non permanente ».

La porte-parole de l’industrie bancaire n’est pas la seule à trouver la potion un peu amère, la nationalisation des banques étant vue comme une entorse au credo libéral de Margaret Thatcher, célébré en 1986 par la déréglementation des marchés financiers et repris à son compte par le New Labour de Tony Blair.

« Je ne vois qu’une bonne chose dans le fait que les gouvernements entrent au capital des banques: personne ne pensait que les nationalisations puissent revenir au goût du jour et on n’en parlait plus dans nos universités. Désormais, on peut se faire de l’argent en donnant des cours sur le sujet! », ironise Howard Wheeldon, analyste du courtier BGC Partners.

Selon lui, « il y a peu de doute que ce que nous voyons aujourd’hui change la face de l’industrie bancaire pour de bon ». Paul Niven, du gestionnaire de fonds F&C, s’attend à une régulation accrue des marchés et des pratiques, tant en termes de gouvernance que de prêts et de rémunérations.

« Cela va certainement altérer la confiance que l’on faisait aux marchés pour fonctionner de façon autonome, sans régulation officielle », avance Charles Goodheart, professeur à la London School of Economics.

« Cela va changer aussi la structure de la finance et mettre un terme à la flambée des profits et des bonus dans la City », poursuit-il.

« Il a toujours été admis que l’Etat détenait le pouvoir ultime et, pour cela, avait accès à l’argent du contribuable, à la différence des autres composantes du système. Or, quand vous avez une grosse crise, vous avez besoin d’un engagement fort de l’Etat ».

« Mais y voir la fin du capitalisme et d’une approche modérément libérale de l’économie, non », conclut-il.

Les représentants de la gauche du Parti travailliste et des syndicats prétendent le contraire.

« Thatcher a enterré l’économie keynésienne et la crise actuelle montre combien elle avait tort. L’intervention de l’Etat est non seulement nécessaire dans la finance mais à une échelle plus large, pour protéger les emplois et l’économie de la récession », a estimé Derek Simpson, secrétaire général du syndicat Unite.

Ironisant sur la situation, des chroniqueurs politiques ont ressorti le manifeste du Labour publié pour les élections de 1983, année qui vit Gordon Brown et Tony Blair entrer pour la première fois à la Chambre des Communes.

Jugé suicidaire à l’époque, le texte proposait d’exercer, à travers la Banque d’Angleterre (indépendante depuis 1997, ndlr), un contrôle plus étroit des prêts accordés par les banques, au besoin en les nationalisant.

 


 

Géo-économie mondiale : un basculement stratégique

 
par René Naba (*) -Le message subliminal des pays occidentaux au reste du Monde : Oui aux capitaux exotiques, non à l’immigration basanée  – Les avatars militaires des Etats-Unis et la faillite du néo-capitalisme de l’ère post-soviétique signent la fin de cinq siècles de domination absolue de l’Occident sur le reste du monde Sur fond d’un paysage sinistré de l’économie occidentale, marqué par de faillites retentissantes de grands établissements de renom tant aux Etats-Unis qu’en Europe, un basculement stratégique s’est opéré en 2008 au niveau de la « géo-économie » mondiale avec la recomposition de la carte bancaire américaine, l’entrée spectaculaire des fonds souverains arabes ou asiatiques dans le capital de grandes sociétés américaines ou européennes et l’affirmation de plus en plus marquée des grands pays du Sud, les pétromonarchies du Golfe et le groupe Bric (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme acteurs majeurs de la scène mondiale au point que se pose la question de la pérennité de l’hégémonie planétaire des Etats-Unis et de la viabilité des structures internationales tant financières que politiques mises en place dans la foulée de la Deuxième Guerre Mondiale (1939-1945), notamment le Conseil de sécurité de l’ONU, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, ainsi que le G7, le regroupement des sept pays les plus industrialisés de la planète crée après la première crise du pétrole (1973). L’Inde, via le groupe Mittal, en s’emparant du premier groupe sidérurgique européen (Sacelor-Arcelor), la Chine, en devenant actionnaire du plus gros fonds d’investissement américain, Blackstone, à hauteur de dix pour cent sans droit de vote, pour une valeur de trois milliards de dollars, parallèlement à la mainmise de la Bourse de Dubaï et de Qatar Investment Autority (QIA) sur la moitié de London Stock Exchange et la prise de participation en 2006 de la banque publique russe VTB de 5% du capital du consortium aéronautique franco-allemand EADS, ont démontré leur vitalité et leur ambition de redéfinir les contours de la nouvelle économie mondiale en voie de constitution. I- La recomposition de la carte bancaire américaine Ce bouleversement a conduit les dirigeants de la finance internationale sinon à pactiser avec leurs rivaux potentiels, à tout le moins à modérer leurs prétentions du fait de la conjonction de quatre facteurs cumulatifs.  l’affaiblissement de l’économie américaine du fait des coûts de la guerre d’Irak et d’Afghanistan, estimé par le prix Nobel américain de l’économie Joseph Stiglitz à près de trois mille milliards de dollars (1),  la gestion spéculative des prêts immobiliers américains et la cascade des pertes connexes qui s’en est ensuivie de l’ordre de 945 milliards de dollars selon un rapport du FMI (2) dont vingt milliards de dollars pour les banques françaises (Crédit agricole, Société générale, Dexia (6,5 milliards d’euro ainsi que les filiales de la CNCE (caisse nationale des caisses d’epargne) Natexis-Nexity (6 milliards d’euros)  le pactole constitué par les états pétroliers du fait du renchérissement du prix du brut, estimé fin 2007, à 3.355 milliards de dollars,  le matelas aménagé par les banques centrales étrangères en bons de trésor américain, de l’ordre de 2.500 milliards de dollars. Dans ce contexte économique chahuté, les capitaux étrangers ont ainsi opéré une percée remarquée dans un système bancaire américain en pleine recomposition, n’épargnant pas même certains des fleurons de Wall Street. Si JP Morgan a réussi à tirer son épingle du jeu, il n’en est pas de même de trois autres grandes banques d’investissement, Merryl Lynch et Lehman Brothers et Morgan Stanley. Confirmant son rôle de prédateur de la finance, JP Morgan s’est ainsi hissé au premier rang des banques américaines, s’emparant coup sur coup en 2008 de la banque Bear Stearns et de Washington Mutual Bank, la plus importante caisse d’épargne du pays, devenant ainsi la plus grosse banque américaine avec des dépôts de l’ordre par 900 milliards de dollars, dont 188 milliards repris à Washington Mutual. Mais les trois autres grandes banques d’investissement de Wall Street, -Merryl Lynch et Lehman Brothers et Morgan Stanley-, ont fait les frais de cette gestion hasardeuse de prêts immobiliers aléatoires, de même que le plus grand groupe d’assurance américain AIG, repêché de justesse avant naufrage par le gouvernement américain. Lehman Brothers, à la suite d’une dépréciation de près de 25 milliards de dollars de ses actifs, a été conduite à se placer sous la protection du chapitre 11 de la législation financière américaine qui aménage la protection des entreprises en faillite, alors que Morgan Stanley, pour échapper à un sort funeste, faisait alliance avec Mitsubishi UJF, cédant 20 pour cent de ses parts au géant asiatique pour neuf milliards de dollars. Merryl Lynch a été, elle, rachetée purement et simplement par la Bank of America. Troisième banque d’investissement du pays et sans doute l’une des plus touchée par la crise financière avec près de 40 milliards de dollars de dépréciations depuis le début de la crise, Merryl Lynch avait dû solliciter l’aide du Koweït et de la Corée du sud pour 6,5 milliards de dollars d’actions préférentielles, leur cédant 25% de participation. Elle a même dû céder 8 milliards d’actifs complémenaires après des pertes abyssales au deuxième trimestre 2008 (de l’ordre de 4,89 milliards de dollars). Déjà plombée par 9,75 milliards de dépréciations supplémentaires, elle a été contrainte de céder une nouvelle fois des actifs dont sa part dans Bloomberg et dans Financial Data Services, avant d’être rachetée par Bank of America. Pour sa part, Citigroup, qui était jusqu’à la crise la première banque des Etats-Unis, a dû solliciter le concours des Fonds Souverains du Koweït et de Singapour pour combler les pertes de l’ordre de 14,5 milliards de dollars résultant d’investissements malheureux dans des produits liés aux crédits « subprimes ». Le Prince saoudien Walid Ben Talal, déjà actionnaire de l’établissement, et la famille dirigeante d’Abou Dhabi avec une prise de participation au capital de l’ordre de 7,5 milliards, ont participé à cette opération de renflouage. Au total, la banque a été alimentée à hauteur de 22 milliards de fonds originaires d’Asie et du Moyen-Orient, en 2008. Toutefois, cette jonglerie financière va coûter cher à Citigroup qui va devoir payer 1,7 milliards de dollars par an pour rémunérer les différents investisseurs ayant participé à ses deux recapitalisations d’urgence. La première recapitalisation de 7,5 milliards de dollars, annoncée en novembre 2007, était rémunérée à 11%, soit 825 millions de dollars par an. La seconde, de 12,5 milliards de dollars, à 9 %, soit 875 millions de dollars par an. Dans le cas de la deuxième opération, les obligations sont non cessibles pendant les sept premières années. Si aucun des investisseurs ne les convertit en actions pendant cette période, elles auront donc coûté plus de 6,1 milliards de dollars à Citigroup. De son côté, Wells Fargo a absorbé le 3 octobre sa concurrente Wachovia pour un montant de 15,1 milliards de dollars (10,86 milliards d’euros). Wachovia, 4eme banque des Etats-Unis, était affligée de 42 milliards de ses dettes. Indice d’une aggravation de la crise qui a déjà jeté à la rue près de 700.000 foyers américains, les banques américaines manifestent désormais des réticences à se lancer dans des opérations de sauvetage faute de garanties financières de l’Etat lequel ne souhaite plus s’impliquer davantage, après le financement de la faillite de treize établissements depuis le début de la crise. La bourrasque n’a pas épargné non plus l’Europe où deux banques anglaises ont été nationalisées, Northern Rock et Bradford et Bingley, un fonds britannique spécialisé dans l’immobilier, de même qu’une banque belgo néerlandaise Fortis, première banque belge, seconde banque néerlandaise, premier employeur privé en Belgique. Fortis avait racheté il y a un an tout juste, la banque ABN, pour la somme de 24 milliards d’euros, lors que la France et la Belgique s’employaient à renflouer à hauteur de 6,5 milliards d’euros DEXIA, la banque de financement des collectivités locales, et que NATEXIS, filiale de la Caisse d’Epargne Française, était place sous observation. Le plus étonnant est que cet apport massif d’argent provenant de pays situés dans la sphère suspectée de connivence avec l’Islam radical tranche avec le tollé suscité à l’occasion de l’acquisition par Dubaï Port Authority (DPA) de la compagnie des ferries britanniques P/O. La société de Dubaï se proposait de racheter pour 6,8 milliards de dollars les activités portuaires du britannique P&O, qui avait compétence pour gérer une dizaine de ports américains, notamment des terminaux portuaires de marchandise, du pétrole et de passagers aux Etats-Unis (Nouvelle-Orléans, Miami, New York). Elle s’est heurtée au veto américain au nom d’impératifs de sécurité liés à la guerre contre le terrorisme, alors que Doubaï est un allié fidèle de longue date des Etats-Unis. Un sort identique avait d’ailleurs été réservé à la tentative faite en juin 2005 par une société chinoise cotée en bourse CNOOC, mais contrôlée à 70 % par l’État chinois, d’acquérir pour 18,5 milliards de dollars, la compagnie pétrolière américaine UNOCAL, surenchérissant de plus de 1,5 milliards de dollars sur l’américain Chevron Texaco. Les parlementaires américains s’ y opposèrent aussi au motif qu’une telle opération compromettrait la sécurité de l’approvisionnement en énergie des Etats-Unis de la part d’un pays concurrent, se réclamant de surcroît de l’idéologie marxiste. En un an le climat psychologique des affaires a radicalement changé sur le plan international lorsque l’on songe à l’ironie mordante qui a accompagné le raid de l’indien Mittal sur Arcelor ou le veto opposé par l’administration américaine à l’acquisition de l’Emirat de Doubaï d’installations portuaires aux Etats-Unis. Tout le monde jongle désormais avec aisance avec les sigles des Fonds souverains, alors qu’il y a peu le prénom de l’investisseur indien Lackhmi Mittal était régulièrement écorché par les commentateurs les plus avisés qui lui prêtaient les plus noirs desseins. Toutefois, comme un signe de la persistance d’une certaine morgue impériale, les investissements arabes ou asiatiques ne s’accompagnent pas des droits inhérents à la qualité d’actionnaire, notamment la participation au pouvoir décisionnel. Ainsi la Chine dans la foulée de son investissement dans le Fonds américain Blackstone s’est engagée, par écrit, à ne pas disposer d’un droit de vote malgré une mise de trois milliards de dollars. Un engagement, inique, au regard des canons de l’orthodoxie libérale, inconcevable pour tout investissement occidental dans une entreprise du tiers monde. La raison de ce changement se résume par cette simple équation : la dépendance énergétique des pays développés est désormais plus manifeste que dans le passé et se heurte aux besoins croissants en la matière des pays émergents d’Asie, une concurrence qui explique et éclaire d’un jour nouveau les guerres d’Afghanistan (2001) et d’Irak (2003) ainsi que le tout dernier conflit du Caucase entre la Géorgie et la Russie, en Août 2008. Si la Russie tend à l’autosuffisance, la dépendance énergétique des pays occidentaux est flagrante. Produisant 25 pour cent du pétrole, ils en consomment 45 pour cent, alors que les réserves d’hydrocarbures sont concentrées en Asie (65 pour cent pour le pétrole et 45 pour cent pour le gaz). Le Moyen orient détient les deux tiers des réserves de pétrole et un tiers de celles du gaz, dont la Russie détient un autre tiers. Dans cette configuration, la part des compagnies étrangères atteint 91,5 en Guinée équatoriale, 80,9 en Argentine, 75,8 en Indonésie, 73 pour cent en Angola, mais zéro pour cent en Arabie saoudite et au Koweït. (3). II-Les objectifs de la Chine La Chine s’accommode toutefois -mais pour combien de temps ?- des clauses restrictives de sauvegarde car elle paraît davantage soucieuse de rechercher, non un gain immédiat, mais un objectif à long terme :  Une diversification des investissements en vue d’amplifier profit et productivité dans la gestion des réserves. La prise de participation de la Chine dans Blackstone, premier investissement chinois d’ampleur dans une entreprise américaine d’envergure, va en effet provoquer un changement radical dans la gestion des réserves de change. Son objectif est de diversifier ses habituels placements en bons du Trésor américains, dont la Chine est le deuxième créancier après le Japon. Des investissements sûrs mais à rentabilité limitée alors que les fonds offrent des rendements plus élevés, même s’ils sont plus risqués, via des rachats d’entreprises. Bras armé financier de la Chine, la Société d’investissement d’Etat (SIE) va devoir gérer 200 milliards de dollars, soit un sixième des 1200 milliards accumulés par la Chine grâce à ses excédents. Blackstone qui possède des actifs de trente milliards de dollars est son premier investissement. Pékin a décidé de s’inspirer des expériences réussies à l’étranger par la holding financière de Singapour, Temasek, qui sert de modèle à la SIE, avec pour ambition d’amplifier les profits et la productivité dans la gestion de réserves.  Une revalorisation progressive et mécanique du Yuan, sans procéder à une réévaluation formelle de la monnaie nationale chinoise. Au delà de l’aspect spectaculaire de l’investissement chinois dans Blackstone, les sorties de capitaux permettront ainsi une appréciation mécanique progressive du yuan sans procéder à une réévaluation directe de la monnaie chinoise, tant il est vrai qu’une réévaluation n’est pas dans l’intérêt de la Chine car elle pourrait mettre à mal sa compétitivité prix et donc hypothéquer en partie la croissance basée sur les exportations.  Enfin, dernier et non le moindre des objectifs, l’acquisition d’une expertise financière haut de gamme au contact des gestionnaires occidentaux. La participation de la Chine à de fonds occidentaux lui permettra d’accéder à la gestion sophistiquée en matière d’instruments financiers. Créer des partenariats avec des investisseurs financiers étrangers équivaut à un transfert de technologies dans l’industrie que la Chine a promu pour son développement économique. La Chine, grande exportatrice de produits manufacturés qui jouit d’un yuan sous-évalué disposait en 2007 de 1.330 milliards de dollars résultant de ses excédents commerciaux, un stock en hausse de 41,6% sur un an. Outre la firme américaine Blackstone, la Chine, via China Investment Corp (CIC), a doté Chinalco de 120 milliards de dollars pour rafler Rio Tinto, deuxième groupe minier mondial, tandis que le Government of Singapore Investment Corp. (GIC), l’un des deux fonds souverains de Singapour, réduisait, en 2007, de 25% ses achats d’obligations d’Etat américaines pour les diriger vers les banques privées d’Amérique. A ces considérations économiques, s’ajoute un facteur politique de premier plan : la concurrence entre la Chine et l’Europe en Afrique a conduit onze pays africains producteurs de matières premières à remettre à plat les contrats qui les lient aux compagnies exploitantes depuis les années 1990. Tel est le cas du Liberia (contrat du fer avec Mittal), de la Tanzanie (Aluminium), de la Zambie et de l’Afrique du sud (platine et diamant) notamment. Emboîtant le pas aux producteurs du pétrole, les Etats africains entendent mettre à profit l’envolée des prix des matières premières pour procéder à des ajustements de prix davantage conformes aux lois du marché. Dans ce combat spectaculaire sur « la vérité des prix », le plus en pointe se trouve être Joseph Kabila, Président de la République Démocratique du Congo, un pays jadis en faillite sous le règne de Joseph Désiré Mobutu, le protégé des Américains et des Français, aujourd’hui un nouvel eldorado. Dans un geste d’une audace inouïe, Kabila a remis en cause pas moins de soixante et un (61) contrats miniers. Cette nouvelle donne placerait la Chine en meilleure posture dans la bataille pour le contrôle des sources d’énergie et expliquerait sa discrétion dans sa percée capitalistique, en faisant un facteur majeur de recomposition de la géo-économie mondiale (4). III- Les Fonds Souverains ou Sovereign Wealth Fund Les Fonds souverains se caractérisent par le fait que les capitaux sont détenus par les Etats. Leur objectif est de préparer l’après pétrole et de faire fructifier les excédents budgétaires à partir de prises de participations dans des entreprises du monde entier. Les financiers occidentaux en tirent argument que de telles structures nourrissent des interrogations quant à une éventuelle tentative d’exercer une influence politique dans des entreprises et structures étrangères. Mais la réciproque n’est pas vraie. les Etats-Unis à l’origine des guerres préventives du XXI me siècle, se préoccupent rarement des craintes ou des réticences que leur prise de participation dans les entreprises des pays émergents, et, d’une manière générale, leur comportement unilatéraliste, suscitent dans le tiers-monde. Pourtant ces fonds ne sont pas inconnus des spécialistes de la finance et leur existence est ancienne. Le premier a été crée, en 1956, par un administrateur colonial britannique depuis les îles Kiribati, au sud d’Hawaï. Soucieux de préparer l’après phosphate dont le pays était riche, celui-ci créa une taxe sur les exportations d’engrais afin de servir des revenus futurs lorsque la ressource serait épuisée. Sage précaution : le fonds des Kiribati gère aujourd’hui un demi milliard de dollars, près de neuf fois le PIB local. Les diamants du Botswana alimentent le Fonds Pula, à hauteur de 6,8 milliards de dollars et le cuivre du Chili abonde pour l’essentiel le fonds ESSF, pour quelque 10 milliards. Le premier choc pétrolier de 1973 va donner l’impulsion à la constitution des premiers fonds souverains dans les pétromonarchies du Golfe en vue de recycler les « pétrodollars ». La zone asiatique (Chine, Inde, Japon, Corée du sud, Hong-Kong, Singapour, Bruneï) s’y lancera à son tour dans les années 2000 avec la montée en puissance des « économies émergentes ». Une quarantaine de Fonds opèrent de nos jours dans le Monde, notamment le fonds koweitien, un pionnier dans le monde arabe (1953), le Temasek Holdings (Sinagpour) et le Abu Dhabi Investment Authority (1990), l’Iran Oil Stabilisation Fund et le Qatar Investment Authority (5) . IV- Les acquisitions prestigieuses Ces fonds souverains viennent à la rescousse d’une industrie bancaire déstabilisée par la crise des subprimes, ces crédits immobiliers à risque américains qui ont déjà coûté 80 milliards de dollars aux banques (54,3 milliards d’euros). Ces fonds géraient en 2007 un pactole estimé à 3.355 milliards de dollars avec une projection de l’ordre de 12.000-15.000 milliards dollars, leur surface financière à l’horizon 2015. S’ils devancent largement les Hedge Funds (2.000 milliards), ils se situent loin derrière les assureurs (15.200 milliards), les fonds d’investissement (21.700 milliards) et les fonds de pension (22.600 milliards de dollars). Qu’ils soient de Dubaï, du Qatar, de Chine ou de Singapour, les “Fonds souverains” ont profité de la crise financière pour réaliser de spectaculaires prises de participation dans des structures aussi diverses que la célèbre firme de construction automobile italienne Ferrari, dont le Fonds d’Abou Dhabi en détient 5 pour cent du capital, le distributeur britannique Sainsbury, ou encore, la chaîne française de parfumerie « Marionnaud » ses 1300 boutiques de parfums et de cosmétiques, racheté par As Watson, propriété du milliardaire chinois Li Ka-Shing pour 900 millions d’euros. Même une vénérable institution telle que la bourse de Londres n’échappe pas non plus à leur appétit : C’est ainsi que la Bourse de Doubaï et la Qatar Investment Autority (QIA) ont conjointement acquis la moitié de London Stock Exchange, la bourse de Londres. La QIA, qui contrôle la Bourse de Dubaï, créée en 2000, gère déjà 40 milliards de dollars d’actifs. Son ambition est de mettre sur pied une bourse de dimension internationale et à forte croissance hors de Doubaï, plaque tournante du commerce régionale qui ne dispose toutefois pas de ressources pétrolières. En réplique, la bourse de New York (NYSE/Euronext) a pris, en juin 2008, 25 pour cent de la bourse de Doha New York (NYSE/Euronext) pour une valeur de 160 millions d’euro en vue de la gestion pendant cinq ans d’un portefeuille de titres dont la cotation représente 1 milliard 400 millions d’euros. Le Qatar conservera 75% du capital ainsi que 8 des 11 sièges du conseil d’administration de la bourse de Doha. A- Aux Etats-Unis : Deux fleurons du parc immobilier new yorkais sont, d’ores et déjà, tombés dans l‘escarcelle de ces fonds :  Le General Motors Building, construit en 1968 et qui abrite l’Apple Store de la Cinquième Avenue, a été vendu, en juin 2008, pour 2,8 milliards de dollars à un fonds américain, Boston Properties, allié à des investisseurs de Doubaï, du Koweït et du Qatar. Le vendeur, le magnat new-yorkais de l’immobilier Harry Macklowe, s’était retrouvé lourdement endetté après avoir acquis en 2007 sept immeubles pour 7 milliards de dollars en empruntant la quasi-totalité de la somme, à un moment où le marché était encore florissant. La crise immobilière a encore alourdi sa dette  Le Chrysler Building, fleuron de l’architecture Art Déco, construit entre 1928 et 1930, et qui fut brièvement la tour la plus haute du monde, avant d’être détrôné par l’Empire State Building, a été racheté à hauteur de 75% par un fonds souverain d’Abou Dhabi pour 800 millions de dollars (514 millions d’euros), selon la presse américaine. B- En Europe, l’Agence d’investissement du gouvernement de Singapour (GIC) va investir 11 milliards de francs suisses (6,6 milliards d’euros) dans UBS, pour l’aider à surmonter à une crise financière susceptible de lui valoir, en 2007, les premières pertes de son histoire, C- En France : BNP Paribas passe pour compter parmi ses actionnaires ultra minoritaires des fonds saoudiens, koweïtiens et des Emirats arabes unis, et la firme pétrolière Total envisage pour se diversifier vers le nucléaire d’ouvrir son capital aux pétromonarchies du Golfe tandis que, de son côté, Qatari Diar (un fonds d’investissement possédé à 100 % par Qatar Investment Authority, le fonds souverain du Qatar) est engagé dans des négociations exclusive avec Cegelec (ancienne filiale d’Alcatel), pour le rachat de ce poids lourd spécialisé dans les services liés à l’énergie, à l’électricité et la rénovation des caténaires ferroviaires au Maroc. Qatari Diar est très présent sur le plan international, au Maroc, en Egypte et dans tout le Moyen-Orient, mais aussi en Grande-Bretagne, dans l’immobilier, comme dans le quartier de Canary Wharf à Londres (6). Dans l’hôtellerie haut de gamme, le seul palace parisien détenu par des Français est « Le Fouquet’s » du groupe Barrière situé au coin des Champs Elysées et de l’Avenue George V, où Nicolas Sarkozy a passé sa célèbre « nuit du Fouquet’s », offrant sa première réception suivant son élection présidentielle à ses amis de la haute finance, y passant sa première nuit de Président de la République en compagnie de son épouse d’alors Cécilia Siganer. Tout le reste est aux mains de capitaux étrangers.  Le Ritz, joyau de l’hôtellerie de luxe française, est la propriété de Mohamad al-Fayed, le papa de Dodi, l’ami de la princesse Diana avec laquelle il a trouvé la mort dans un accident de la circulation à Paris. M. Al-Fayed est le beau-frère de Adnane Kashooggi, important marchand d’armes saoudien impliqué dans le scandale de l’Irangate, la vente prohibée d’armes américaines à l’Iran sous l’administration Reagan dans les années 1980.  Le George V est la propriété du prince saoudien Walid ben Talal qui y a investi pour sa rénovation 200 millions de dollars. La gestion de l’établissement a été confiée au groupe canadien « Four Seasons ». Al Walid est également actionnaire à hauteur de 5 pour cent d’une autre chaîne hôtelière canadienne « Fairmont ». C’est par le biais de cette société qu’il a racheté en 2007 le Savoy de Londres.  Le Plaza Athénée et le Meurice sont gérés par le groupe anglais Dorchester Group, propriété de l’agence d’investissement de Brunei.  Le Vendôme est la propriété du joaillier libanais Robert Mouawad, fournisseur de la famille royale saoudienne.  Propriétaire du « Carlton Tower » à Londres. le groupe Jumeirah international, propriété de la famille régnante de Dubaï al-Maktoum s’est porté acquéreur de « l’Intercontinental de Paris » pour une valeur de 300 millions de dollars. En compétition sur cette affaire avec le prince saoudien, la transaction a été depuis lors suspendue. Le groupe Jumeirah pourrait visait en compensation le Crillon, le célèbre hôtel de la place de la concorde, et le prince al-Walid se consoler avec le Martinez de Cannes. V- Le nouveau recyclage des pétrodollars La hausse du baril de 25 dollars en 2002 à 135 dollars en juin 2008 a généré un gigantesque transfert d’argent des pays consommateurs vers les pays producteurs, de l’ordre de 1 000 milliards de dollars passés ainsi des consommateurs d’énergie (Japon, Europe, Etats-Unis) vers l’Arabie saoudite, la Russie, les Emirats, l’Angola, l’Algérie, le Venezuela. Lors du premier boom pétrolier, peu de pays, en dehors de la Norvège, avaient mis à profit cette manne pétrolière pour impulser leur décollage. Puissant facteur de corruption des élites, le premier choc pétrolier de 1973 a transformé précocement les pétromonarchies en état rentier, développant jusqu’à la caricature une boulimie consumériste d’acquisition ostentatoire de produits au luxe tapageur, constituant un terreau à l’islamisme. Durant le dernier quart du XX me siècle, les pays arabes ont investi près de 1.500 milliards de dollars pour des achats massifs d’équipements militaires sans pouvoir se doter ni de la capacité spatiale, ni de la capacité nucléaire, ni de la capacité de projection militaire, trois éléments qui conditionnent la puissance militaire. Générateurs de juteuses de rétro commissions, les contrats d’armement ont paru parfois sans rapport avec les besoins réels des pays concernés ou de leur capacité technologique. C’est ainsi que l’aviation saoudienne a longtemps été tenue par les pilotes pakistanais et la protection de l’espace aérien libyen confié aux techniciens nord-coréens et Syriens. Pis, à deux reprises, l’arsenal de deux pays arabes a été complètement détruit par leurs propres fournisseurs, celui de la Libye par la France lors de la guerre du Tchad (1984-1987), celui de l’Irak, par la coalition occidentale en 1990, consécutif à l’invasion du Koweït par l’Irakien Saddam Hussein. Si l’extravagance est réduite mais non bannie, les premiers placements de la période 2007 2008 paraissent davantage judicieux. Ainsi le roi Abdallah d’Arabie saoudite a décidé de créer un million d’emplois en construisant six villes économiques pour y attirer des industries diversifiées (7). King Abdullah City, sur la mer Rouge, au nord de Djeddah, devait être achevée fin 2008, avec un port et toutes les infrastructures y afférentes pour attirer 2 500 entreprises et leurs cadres. Le coût de ce projet est estimé à près de 400 milliards de dollars. Au vu de la précédente expérience, le premier boom pétrolier où la dilapidation et la gabegie étaient de pratique courante, le nouveau pactole pétrolier paraît mieux géré. Le souci de préserver les ressources des générations futures est plus présent, mais le handicap majeur dont pâtit le Monde arabe est son absence de seuil critique du fait de sa balkanisation et sa mise sous tutelle américaine, deux éléments qui obèrent son développement par des projets à dimension régionale. VI- La « sharia compliance » ou la rivalité entre la City et Wall Street La concurrence est vive entre les grandes places financières internationales en vue d’absorber les surplus des recettes pétrolières notamment entre la City de Londres et Wall Street (New York), notamment les pétrodollars en provenance des pétromonarchies estimés à 1.500 milliards de dollars en 2007. Prenant de vitesse leurs rivaux, les Anglais ont lancé des émissions d’obligations d’Etat « Sharia compliance », conforme à la législation islamique qui prohibe le prêt à intérêt. Le nouvel ordre international tant célébré depuis l’effondrement du bloc communiste, c’est à dire depuis l’effondrement du monde bipolaire au début des années 1990, reposait sur le « consensus de Washington », une notion inventée en 1989 par l’économiste John Williamson visant à substituer aux régulations keynésiennes en vigueur depuis le krach boursier de 1929, les six nouveaux paramètres de la Mondialisation, à savoir : rigueur monétaire, rigueur budgétaire, libre-échange, privatisations, déréglementation et relance par l’investissement privé. De gré ou de force, sous l’égide du Fonds Monétaire International (FMI), des politiques d’« ajustements structurels » ont été imposées à bon nombre de pays en développement en vue de leur adaptation aux nouvelles règles du jeu, ainsi qu’à l’Union Européenne, via le « Consensus de Bruxelles ». La version élitiste européenne du « consensus de Washington » est en fait un « consensus de Washington » aggravé, car il en reprend toutes les dispositions néolibérales, mais les met en œuvre dans toute leur radicalité avec l’acharnement à systématiser les privatisations ou la politique agricole commune malgré les pénuries, ainsi que l’imposition d’un « critère de convergence » de la zone euro en matière de déficits publics, fixant la limite à 3% du PIB en ce qui concerne le déficit annuel et de 60% du PIB pour le déficit cumulé. Mais pour louables que soient les intentions de ce théoricien américain, cette politique ultra-libérale de transparence n’a pas pour autant prévenu les faillites frauduleuses retentissantes (Enron pour les Etats-Unis et Vivendi pour la France), les délits d’initiés (scandale de la firme aéronautique franco-allemande EADS) ou encore les évaporations de recettes, comme ce fut le cas avec la firme pétrolière américaine Halliburton pour ses marchés avec l’Irak ou la crise des subprimes, dont la dernière illustration aura été, au mépris du principe de la libre entreprise, la mise sous contrôle fédéral, l’été 2008, de trois banques de refinancement du crédit immobilier, la première en juillet, la banque californienne Indymac, les deux autres, Fannie Mae et Freddie Mac, en septembre. L’un des premiers prêteurs hypothécaires américains, Indymac a essuyé des pertes de l’ordre de 98 pour cent de ses actifs estimés à 32 milliards de dollars, signant par là la plus grosse faillite depuis 24 ans dans le secteur bancaire américain. Fannie et Freddie, rouage essentiel de l’industrie du logement aux Etats-Unis, possèdent ou garantissent près de la moitié des 12.000 milliards de dollars de crédits immobiliers résidentiels en cours aux Etats-Unis. Le « consensus de Washington » a surtout sécrété, en contrepoint, un système planétaire articulé autour de la criminalité transnationale. Les commentateurs occidentaux se sont longtemps montrés discrets sur ce sujet, plus prompts à dénoncer le péril islamiste ou le péril jaune, après avoir tant dénoncé le péril rouge. Selon le Fonds Monétaire International, cité par le journal Le Monde en date du 23 Mai 2006, de 700 à 1.750 milliards d’euros circuleraient ainsi entre les banques, les paradis fiscaux et places financières, malgré le durcissement des législations et l’accroissement des contrôles. C’est dire l’importance des montants en jeu et partant des enjeux eux mêmes. Paradis fiscaux, zones offshore, flux monétaires, capitaux errants et budgets aberrants… Ces termes innocents évoquent au premier abord une douceur de vivre dans une société marquée par l’abondance financière, la flexibilité économique et l’évasion fiscale. C’est en fait la face hideuse de la mondialisation, nouveau dogme de la libre entreprise, avec son cortège de chômage, d’exclusion, de corruption, en un mot tous les ingrédients qui gangrènent la vie politique, sapent les fondements des puissances grandes et petites et font planer le risque de perversion des grandes et vieilles démocraties. Sur les 57 paradis fiscaux ou pays à NEO aberrants recensés à travers le monde, 38 enclaves présentent cette singulière caractéristique de ne pas disposer, ou de ne pas rendre disponible, de données chiffrées sur leurs dépôts bancaires étrangers. Parmi ces enclaves, citons Aruba, ancienne dépendance néerlandaise des Caraïbes jusqu’en 1996 et l’île malaisienne de Labuan dans le Pacifique qui abrite tout de même 21 banques et onze « trust companies ». Généralement situés à proximité des zones du narcotrafic mondial, les pays NEO sont ainsi appelés car ils disposent dans leur balance de paiement d’une rubrique NEO ((Net Errors and omissions) qui permet par un artifice comptable, en prétextant les erreurs statistiques résultant des désordres administratifs, de dissimuler le grave dysfonctionnement de leur commerce Mais s’il est sain de dénoncer les périls extérieurs, il serait tout aussi salubre de dénoncer aussi ses propres périls intérieurs : Trafic de drogue, trafic d’armes, prostitution, jeux clandestins, racket constituent les principales sources de capitaux illicites et ces divers trafics, parfois tolérés sinon encouragés par les états, génèrent annuellement mille cinq cent milliards de dollars (1.500 milliards), soit le budget des 20 pays de la Ligue arabe. Ce que manque souvent de faire les états occidentaux uniquement obnubilés pour le moment par le « terrorisme islamique ». Le plus cocasse dans cette affaire est que les fonds souverains, bien que musulmans en ce qui concerne ceux des pétro-monarchies, n’ont pas hésité à voler au secours de grands établissements américains en difficulté lors de la crise des subprimes, sans que les bénéficiaires des prêts aient manifesté la moindre réticence à leur égard. VII- La contradiction majeure du capitalisme occidental : de l’Ultralibéralisme, au patriotisme économique, au protectionnisme financier, à l’interventionnisme étatique. L’engouement pour les Fonds Souverains a été aussi soudain qu’étonnant. Le phénomène ne saurait s’expliquer par leur nouveauté puisque ces investisseurs institutionnels existent depuis trente ans, mais par la nécessité de provisionner de prestigieux établissements en difficulté du fait d’une gestion hasardeuse. Toutefois l’admission des Fonds s’est faite comme à contre cœur, -contre mauvaise fortune bon cœur-, conséquence de l’évolution des rapports de force au sein des grands opérateurs financiers, notamment l’affaiblissement des Etats-Unis dont le pouvoir est désormais relatif dans la gestion des affaires du Monde et non plus absolu comme ce fut le cas durant la décennie 1990-2000, une période où ils régnaient en « Maîtres du Monde » du nouvel ordre international consécutif à l’effondrement du bloc soviétique. Spectaculaire mais non triomphale, l’entrée des Fonds Souverains au sein du cénacle de la finance internationale ne se fait pas par la grande porte, mais par la porte cochère, sous les fourches caudines des grands maîtres des affaires. Les conditions imposées à la Chine pour son entrée dans le capital de Blackstone, l’éviction de l’Emirat de Doubaï dans la gestion des ports américains, le discret montage réalisé par la France pour disposer d’une minorité de blocage au sein des Chantiers de l’Atlantique en témoignent (8). Curieusement ces préventions et restrictions ne s’appliquent pas aux fonds de la sphère occidentale. Ainsi le conglomérat norvégien GPFG dispose d’une gamme de 4000 sociétés pour ses interventions sur le marché financier mondial, sans la moindre contrainte autre que les lois du marché et de la libre concurrence. Le comportement frileux tant des Américains que des Européens a révélé, par contrecoup, l’inanité des grands principes que les Occidentaux ont forgés pour assurer leur domination économique mondiale. Le principe de la liberté du commerce et de l’industrie, le principe de la Liberté de navigation, à l’origine de l’expansion occidentale, sont désormais brandis par les pays du Sud pour conquérir les marchés des grands pays industrialisés, lesquels sont condamnés à livrer, à coups d’arguments protectionnistes (la protection de l’emploi, la stabilité du tissu social), un combat d’arrière-garde pour contenir cette poussée. Ni les Européens ni les Américains n’avaient ce genre de préoccupations lorsqu’il s’agissait par la colonisation (forme primitive de délocalisation), de conquérir physiquement les marchés extérieurs pour en faire des marchés captifs, en contraignant les populations autochtones à adopter le mode de vie et les habitudes de consommation des pays occidentaux. Pour rappel : La guerre de l’opium menée par les Anglais contre la Chine au XIX me siècle, pour l’obliger à s’ouvrir aux produits anglais, avait été précisément menée à l’époque au nom du principe de la liberté et du commerce, avec son habillage moral « le fardeau de l’homme blanc » porteur de la civilisation face à la barbarie des peuples basanés. Le basculement stratégique de la géo-économie mondiale s’est répercuté sur le plan diplomatique avec, pour la première fois dans les annales diplomatiques internationales, un sommet sino-africain à Pékin, en janvier 2007, et, un autre sommet Inde-Afrique dépassant le clivage traditionnel entre pays anglophones (Commonwealth) et francophones (Organisation de la francophonie), concrétisant la percée majeure effectuée tant sur le plan diplomatique qu’économique par la Chine et l’Inde dans l’ancienne chasse gardée des anciennes puissances coloniales européennes. Ce basculement s’est accompagné sur le plan médiatique, par la rupture du monopole du récit médiatique détenu par les occidentaux depuis l’invention de la communication moderne. Pour la première fois dans l’histoire, le monopole du récit médiatique longtemps la propriété exclusive des pays occidentaux est battu en brèche par les pays du sud. La chaîne transfrontalière arabe Al-Jazira, leader incontesté de l’information dans la sphère arabo-musulmane, a accentué sa suprématie avec le lancement en novembre 2006 d’une chaîne anglophone dans l’espace anglo-saxon, en vue de se placer à l’égal des grandes chaînes occidentales. Il en ressort de ce double constat que le monopole de la décision stratégique, récupéré depuis l’effondrement du bloc soviétique par le noyau atlantiste -la fameuse communauté internationale constituée essentiellement des Etats-Unis, de l’Union européenne et leurs alliés anglo-saxons Canada et Australie-, pourrait céder la place, dans un avenir prévisible, à un nouveau multilatéralisme ou encore à un « monde apolaire » Des voix, de plus en plus nombreuses, s’élèvent pour aménager une meilleure représentativité des divers continents dans les forums internationaux, notamment le Conseil de sécurité de l’ONU où l’Alliance atlantique est représentée par trois sièges avec Droit de veto (Etats-Unis, France, Royaume Uni) , alors que l’Asie, qui représente la moitié de la population de la planète et trois puissances nucléaires (Chine, Inde, Pakistan), n’est représentée que par un seul siège et que le monde musulman, gros détenteurs de capitaux pétroliers, et l’Afrique, gros détenteurs de réserves de matières premières, de même que l’Amérique latine n’ont pas voix au chapitre VIII- Le message subliminal des pays occidentaux au reste du Monde : Oui aux capitaux exotiques, non à l’immigration basanée Ce changement s’est aussi accompagné, paradoxalement, de la multiplication des mesures restrictives à caractère protectionniste au sein des pays occidentaux en contradiction avec la philosophie de la Mondialisation. Il en est ainsi de l’édification d’un mur de séparation à la Frontière entre le Mexique et les Etats-Unis et du dispositif présenté par la France pour tarir l’immigration au sein de l’Union européenne (plan Hortefeux) et de la controverse à propos de la « sharia compliance ». Tout se passe comme si le message subliminal des pays occidentaux au reste du monde se résumait en cette formule : Oui aux capitaux exotiques, non à l’immigration basanée. La Finance islamique est estimée à 750 milliards de dollars (473 milliards d’euros) et atteindrait mille milliards de dollars en 2010, selon les estimations de la Kuwait Finance House, la plus grande banque d’investissement dans les pays du Golfe (9). Le Center for Security Policy, organisme réputé de lobby international, a lancé une intense campagne visant à dissuader les institutions internationales de recourir à la législation islamique pour la gestion de ces fonds, pointant du doigt leur origine géographique, en clair la sphère musulmane. Le CSP avait mené une victorieuse campagne en faveur de Boeing contre Airbus dans le contrat visant à la fourniture à l’armée de l’air américaine des 179 avions ravitailleurs de nouvelle génération, un marché de 35 milliards de dollars. Faisant droit aux revendications de Boeing soutenu par le Center For Security Policy, la Cour des comptes des Etats-Unis (GOP) a ainsi appuyé le 18 juin 2008 le recours de Boeing contre la désignation de Northrop Grumman et son partenaire européen EADS. La charge du Center for Security policy, qui amalgame sans doute volontairement, Finance islamique et Islam radical, constitue-t-elle un combat d’arrière-garde ou, au contraire, augure-t-elle d’une nouvelle croisade contre un nouvel axe du mal, financier celui là ? Certains commentateurs n’hésitent pas à comparer cette nouvelle bataille à la guerre froide culturelle menée par la CIA contre l’idéologie communiste à l’époque de la rivalité soviéto-américaine (1945-1990), et, en procédant à un amalgame entre Finance islamique et Islam radical, à récupérer les sommes faramineuses des fonds souverains tout en les gérant à l’américaine pour préserver un modèle économique et sociétal ainsi qu’un savoir-faire financier conforme au schéma américain. Le Center for Security Policy fait partie de la kyrielle d’organisations gravitant autour de l’AIPACC, la principale formation du lobby juif aux Etats-Unis. Proche du Likoud, droite israélienne, il participe d’une trilogie qui a propulsé la thématique du péril islamique dans le discours officiel politique et médiatique américain comme substitut au « péril rouge » à la suite de l’effondrement du bloc communiste. Les deux autres formations sont le WINEP (Washington Institute For Near Policy) et le JINSA (Jewish Intitute For National Security). Vingt deux membres de ses formations font partie des cercles dirigeants de l’administration Buh jr : Richard Cheney, vice-président, John Bolton, ancien ambassadeur à l’ONU, et Douglas Feith, ancien sous secrétaire à la défense, pour JINSA, Paul Wolfowitz, Président de la Banque Mondiale, Richard Perle, ancien sous secrétaire à la défense pour WINEP, l’influente organisation présidée par Martin Indyk, américano-australien, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël (10). Relayant leurs thèses, l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger a préconisé la constitution d’un cartel des pays industrialisés face aux pays producteurs de pétrole afin de juguler la hausse des prix du brut… comme si le G7 n’avait pas la maîtrise des principaux rouages de l’économie mondiale. Jugée malvenue au moment où la faillite bancaire américaine avait atteint un seuil excédant la totalité de la dette publique des cinquante pays d’Afrique, la déclaration Kissinger, rapportée par le Herald Tribune le 20 septembre dernier, a suscité un véritable tollé au sein des pays du tiers monde particulièrement agacés par le rôle prescripteur que s’arrogent les Etats-Unis dans leur prétention à régenter le Monde et à le sinistrer du fait de la cupidité de leurs opérateurs financiers et l’égotisme de leurs politologues. Survenant dans la foulée de la mise en route du processus de neutralisation à distance de la balistique iranienne avec la signature du pacte de déploiement de missiles intercepteurs en Pologne, en Tchéquie et en Israël à la faveur du conflit de Géorgie, en Août 2008, la déclaration Kissinger a placé le Golfe arabo-persique sous vive tension et les alliés américains de la zone sur la défensive. Les pétromonarchies qui ont volé au secours de l’économie américaine dans un premier temps, ont depuis lors reconsidéré leur position percevant l’appel à la constitution d’un cartel anti-OPEP comme une forme de chantage déguisé, privilégiant désormais, en une sorte de réplique oblique, les placements sur les marchés asiatiques. Le coût réel de la crise immobilière 2007-2008 dans toutes ses segmentations (banque, assurance et immobilier, industrie) et connexions géographiques (Europe, Asie, Amérique) est estimé à mille cinq cent milliards de dollars (1.500) que l’administration néo conservatrice américaine s’est appliquée à juguler à la fin du mandat de George Bush afin que le désastre économique de son hyper libéralisme ne grève un bilan militaire affligeant, faisant de George Bush le pire président des Etats-Unis de l’histoire contemporaine. Nullement découragé par une première rebuffade qui augure mal de sa place dans l’histoire, George Bush Jr s’est en effet employé à injecter, début octobre, à un mois de la fin de son mandat, 700 milliards de dollars (500 milliards d’euros), pour le rachat des titres problématiques, un plan qui s’ajoute au renflouement des entreprises défaillantes, précédemment décidés (200 milliards de dollars pour les géants du prêt immobilier Fannie Mae et Freddie Mac et 85 milliards pour le colosse de l’assurance AIG). Près de mille milliards de dollars devront au total sortir de la poche du contribuable américain pour éponger les mauvaises dettes des institutions financière dans ce qui apparaît comme étant la plus grosse intervention gouvernementale depuis la Grande Dépression des années 1930. Le sauvetage des établissements de crédit, au mépris des règles de l’orthodoxie libérale, justifiée certes par l’état de l’économie américaine, constitue une trahison de la doctrine Bush, à proprement parler un reniement qui retentit comme un camouflet. Mais la plus grande crise économique de l’époque contemporaine a confirmé, par là même, l’hypocrisie du dogme de la libre entreprise, qui se révèle être, en fin de compte, un principe sélectif et élitiste de l’interventionnisme de l’état visant exclusivement à « privatiser les gains et à socialiser les pertes », c’est-à-dire à faire supporter les pertes des spéculateurs capitalistes par la collectivité nationale des contribuables. Il n’est pas indifférent de noter à ce propos le comportement contradictoire de Nicolas Sarkozy, un boulimique de la réglementation à tout crin qui se révèle être d’une étonnante pudeur face à la pratique des « parachutes dorés », préférant confier au MEDEF, le soin de réglementer la pratique de « super bonus » que la corporation du patronat français s’octroie à elle même. Au lecteur de prolonger sa réflexion sur ce point par de salutaires méditations sur les fondements moraux du corpus doctrinal des principes universels qui gouvernent le monde sous le leadership occidental depuis des siècles. Quoiqu’il en soit, le constat est irréfutable : l’injection massive des capitaux de renflouage en provenance des états concurrents et non amis des économies occidentales (Chine, Inde et Japon pour l’Asie ainsi que la Russie et le Moyen-orient) aura marqué « peut être le début de la fin de l’empire américain », selon le constat dressé par Nouriel Roubini, professeur d’économie à l’Université de New York (11) et, à défaut d’une « guerre décisive », c’est-à-dire une guerre qui modifierait radicalement la donne à l’exemple de la défaite napoléonienne de Waterloo (1815) ou de la vitrification nucléaire de Hiroshima et Nagasaki (Japon, Août 1945), selon la définition de l’inventeur de ce concept, le théoricien de la stratégie moderne, Carl Von Clausewitz, les avatars militaires des Etats-Unis en Afghanistan et en Irak et la faillite du néo-capitalisme de l’ère post-soviétique signent, en toute hypothèse, la fin de cinq siècles de domination absolue de l’Occident sur le reste de la planète. (*) René Naba, Ancien responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen orient, chargé de l’information. Il est l’auteur des ouvrages suivants : « La Libye, la révolution comme alibi » Editions du Cygne septembre 2008 « Liban : chroniques d’un pays en sursis » Editions du Cygne janvier 2008 , « Aux origines de la tragédie arabe » – Editions Bachari 2006. « Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français »- Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre » (Harmattan 2000). « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998). Références : 1- Selon le Pentagone, 527 milliards de dollars ont été alloués, de septembre 2001 à fin décembre 2007, à la « guerre contre le terrorisme », dont 406 milliards à la guerre en Irak. D’après un rapport du Bureau du budget du Congrès publié en octobre 2007, auquel se réfère le journal Le Monde en date du 18 juin, le Congrès a déjà autorisé. 602 milliards de dollars de dépenses pour les opérations militaires en Irak et en Afghanistan, dont 70 % pour l’Irak seul. Le budget américain consacré à la défense représente environ 4,2 % du PIB (cf Le journal le Monde en date du 18 juin 2008) 2-cf« Non aux scénarios catastrophes » in Le Monde du 21 Mars 2008 par Eric le Boucher et Le Monde du 8 avril 2008. 3-Rapport sur l’investissement dans le Monde 2007 de la Conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), cf supplément Le Monde Economie, dossier matières premières 16 septembre 2008 4- cf « La République Démocratique du Congo tente d’empêcher le pillage de ses ressources : Manœuvres spéculatives dans un Katanga en pleine reconstruction », Colette Braeckmann in « Le Monde diplomatique » juillet 2008 ainsi que l’étude de Raf Custers, chercheur à l’International Peace Information Service (IPIS) d’Anvers-Belgique, « l’Afrique révise ses contrats miniers » paru dans le même périodique français à la même date. 5- Les principaux fonds d’investissements souverains, selon le classement établi par la Deutsche Bank en septembre 2007 1 – EMIRATS ARABES UNIS : Abu Dhabi Investment Authority (ADIA), 875 milliards de dollars (594 milliards de dollars d’euros), créé en 1976. 2 – SINGAPOUR : Government of Singapore Investment Corporation (GIC), 330 milliards de dollars, a été créé en 1981. 3 – NORVÈGE : Government Pension Fund Global (GPFG), 322 milliards de dollars, créé en 1990. 4 – ARABIE SAOUDITE:divers fonds, pour 300 milliards de dollars. 5 – KOWEIT : Kuwait Investment Authority (KIA), 250 milliards de dollars, créé en 1953. 6 – CHINE : China Investment Company Ltd (CIC), 200 milliards de dollars, créé en 2007. Autres fonds souverains, (capitaux sous mandat en milliards de dollars) Russie (141), Qatar (50), Australie (49), Algérie (43) Etats-Unis (40), Brunei (30), Corée du Sud (20), Kazakhstan (19), Malaisie (18), Venezuela (16) … pour un montant total de 2.123 milliards de dollars 6) cf Libération 16 juin 2008 « Le français Cegelec pourrait tomber dans le giron du Qatar » par CATHERINE MAUSSION : Cegelec compte 26 000 salariés, présents dans une trentaine de pays, et affiche 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires, soit juste un petit milliard de moins que la médiatique Alcatel, son ancienne maison mère. Née en 1913 et baptisée de son patronyme actuel en 1989, acquise par Alcatel puis par Alsthom (1998), il sera cédé en 2001, à deux fonds : CDC Entreprises, filiale de la Caisse des dépôts et le britannique Charterhouse. Le montant de la transaction Qatar-Cegelec tourne autour de 1,6 milliards de dollars. 7)- cf le Monde 14 juin 2006 : Le nouveau recyclage des pétrodollars par Eric le Boucher 8)-Le gouvernement français a décidé d’acheter 9% du capital des chantiers Aker Yards de Saint-Nazaire, plus connus sous leur nom d’origine des Chantiers de l’Atlantique, dans le but de constituer « une minorité de blocage », en commun avec Alsthom qui possède lui, 25% de Aker Yards France. L’objectif est double : éviter une délocalisation de l’unique joyau dans la construction navale française et empêcher que le groupe coréen, STX, qui contrôle 40% de la maison mère norvégienne Aker Yards, ne vienne dépecer les chantiers français et délocaliser la charge de travail vers l’Asie. L’opération a été annoncée par un communiqué de l’Elysée sans aviser la direction d’Aker Yards en Norvège. Comme si traiter avec un actionnaire qui n’a que 40% du capital dispensait de négocier avec le patron opérationnel. Cf à ce propos « la participation de l’Etat Sarkozy, chef de chantier…naval Par Hervé Nathan, rédacteur en chef de Marianne 2 -16 juin 2008. 9- « Le Halal en quête d’une norme industrielle », par Carla Power, Cf Courrier International N°925 du 24 au 31 juillet 2008 10- « Des avocats influents pour la cause d’Israël », par Joel Beinin, politologue américain, cf le supplément bimestriel du Monde diplomatique « Manière de Voir » N° 101 « Demain l’Amérique » –Octobre Novembre 2008 11-« Nouriel Roubini, l’économiste qui a prévu la crise » de Stephen Mihn (New York Times) repris dans Le Courrier International N° 933- 14-24septembre 2008 (Source: le blog de René Naba (renenaba.blog.fr), le 6 octobre 2008)

 

 

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