Rapport succinct sur les arrestations dâĂ©tudiants
 « Maghreb Confidentiel », N° 901 du 12 novembre 2009
 TUNISIE
Un poste Ă plein temps pour Nesrine
Le tycoon Sakher El Materi diversifie encore son empire mĂ©diatique. DĂ©jĂ propriĂ©taire de la radio islamique Zitouna et acquĂ©reur en mars dernier de Dar Assabah (qui Ă©dite les titres Le Temps, Assabah, etc), il vient de crĂ©er une nouvelle entitĂ©. Eglantine Presse, dotĂ©e d’un capital de 50 000 âŹ, aura pour objet les “activitĂ©s de presse, d’impression, d’Ă©dition, de diffusion, de publicitĂ© et de tĂ©lĂ©communication”. Il en a confiĂ© la direction Ă son Ă©pouse, la jeune Nesrine (nĂ©e en 1986), fille du prĂ©sident Ben Ali, qui entre ainsi pour la premiĂšre fois en son “prĂ©nom propre” dans le monde des affaires. De fait, Nesrine est le nom arabe de la fleur d’Ă©glantine. Galant ! Nesrine sera dĂ»ment briefĂ©e par le cogĂ©rant de la structure : Mustapha Jaber, nommĂ© en avril DG de Dar Assabah, directeur de publication d’Assabah et du Temps et directeur des hebdomadaires Al OusbouĂŻ et Sabah El KhaĂŻr. Eglantine Presse est domiciliĂ©e au 1, rue Abdallah-Ibn-Zoubeir, dans le quartier de la Goulette : le bĂątiment abrite dĂ©jĂ la sociĂ©tĂ© Cruise Tours de Sakher, qui gĂšre des terminaux pour bateaux de croisiĂšres, Ă un jet de pierre de lĂ .
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Tunis/Paris
Bertrand Delanoë
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Bertrand DelanoĂ« a Ă©tĂ© rĂ©pudiĂ© par la Tunisie ! Le natif de Bizerte avait signĂ©, le 3 novembre, un prudent communiquĂ© appelant au “respect strict des droits de l’homme en Tunisie“. Carthage a sommĂ© les cinq villes tunisiennes membres de l’Association des maires francophones, prĂ©sidĂ©e par DelanoĂ«, de se retirer. Le ton est plus cordial Ă Nice, la ville de Christian Estrosi. SaĂŻda Agrebi, prĂ©sidente de l’Organisation tunisienne des mĂšres y animait le 31 octobre, un meeting pour fĂȘter la réélection de Ben Ali.
L’avocat français de Ben Brik ira en Tunisie pour le procĂšs du journaliste
Ben Ali salue “la noble position” de Kadhafi rejetant “toute forme d’ingĂ©rence”
JusquÂŽoĂč la France tolerera-t-elle le roitelet de Tunis
Tunisie
Les Affaires Ă©trangĂšres belges sacrifient la langue de bois au profit des droits de lâhomme !
BAUDOUIN LOOS
Tout arrive. VoilĂ que, sous la nouvelle Ăšre dâYvers Leterme, les Affaires Ă©trangĂšres belges se lancent dans une opĂ©ration « sus Ă la langue de bois » dont le rĂ©gime tunisien du prĂ©sident Ben Ali fait les frais !
Les faits. Une sĂ©natrice PS, Caroline DĂ©sir, avait adressĂ© au ministre des Affaires Ă©trangĂšres une demande dâexplications Ă propos des Ă©lections en Tunisie qui ont eu lieu le 25 octobre dernier. Le texte signĂ© par lâĂ©lue Ă©tait clair et sans ambages, qui Ă©voquait les atteintes aux droits de lâhomme (dont cette phrase : « la quasi absence de visibilitĂ© laissĂ©e Ă lâopposition lors de la pĂ©riode Ă©lectorale, ni la maniĂšre dont lâopposition a Ă©tĂ© empĂȘchĂ©e de faire son travail »).
La rĂ©ponse du ministre Leterme, lue par son collĂšgue Etienne Schouppe jeudi au SĂ©nat, vaut son pesant dâor en matiĂšre de franchise bien peu diplomatique. Quâon en juge…
AprĂšs avoir rappelĂ© les points estimĂ©s positifs de la Tunisie (condition de la femme, lutte contre lâimmigration clandestine et lutte contre le terrorisme, etc.), le texte souligne que « la Tunisie accuse un retard certain en matiĂšre de libertĂ©s politiques ». Jusque-lĂ , tout va bien. Mais il continue : « Bien quâelle se targue de placer les valeurs dĂ©mocratiques au plus haut et dâavoir ratifiĂ© la grande majoritĂ© des conventions dĂ©fendant les droits humains, force est de constater quâil existe un fossĂ© rĂ©el entre les pĂ©titions de principe et la pratique ».
Mais le « pire » est Ă venir. « Le dĂ©roulement des Ă©lections a une nouvelle fois mis en lumiĂšre certains manquements dĂ©mocratiques dans le systĂšme politique tunisien, comme me lâa rapportĂ© notre ambassade Ă Tunis : omniprĂ©sence du PrĂ©sident Ben Ali et de son parti, le RCD, musellement de lâopposition, accentuation de la rĂ©pression des voix indĂ©pendantes, allĂ©geance des institutions supposĂ©es garantir le caractĂšre neutre des Ă©lections. Notre ambassade ne sâest pas contentĂ©e uniquement dâun travail dâanalyse : nos diplomates ont, entre autres, entretenu des contacts avec tous les acteurs de lâopposition, autant vassale que rĂ©elle; ils ont soutenu par leur prĂ©sence des actions de reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile et de dĂ©fenseurs des droits de lâhomme. AprĂšs les Ă©lections, notre ambassade Ă Tunis a activement participĂ© Ă une initiative europĂ©enne faisant Ă©tat des diffĂ©rents manquements dĂ©mocratiques constatĂ©s pendant la pĂ©riode. Nos diplomates ont Ă©galement rendu visite Ă Radhia Nasraoui, avocate dĂ©fendant les droits de lâhomme, victime de la pression policiĂšre pendant ces Ă©lections, et ils suivent actuellement de prĂšs le cas des personnes malmenĂ©es par le pouvoir Ă cause de leurs prises de position pendant la mĂȘme pĂ©riode. Notre souci du respect des droits de lâhomme et des libertĂ©s fondamentales dĂ©passe le cadre des Ă©lections qui furent, il est vrai, un condensĂ© de mauvaises pratiques. »
Disons-le crĂ»ment : ce texte est un Ă©tonnant modĂšle de parler vrai, qui met au rancart la langue de bois et mĂȘme la realpolitik au bĂ©nĂ©fice dâune cause, les droits de lâhomme, qui honore notre diplomatie.
(Source : « Le Soir » (Quotidien â Bruxelles), le 13 novembre 2009)
Journalistes en Tunisie: Détresse sans frontiÚres
Dernier SOS dâun journaliste en dĂ©tresse
Omar Khayyam
Tunis – ( TNA ) – Câest inouĂŻ, câest inĂ©dit, câest du jamais vu ! Câest la premiĂšre fois que ça arrive en Tunisie: un journaliste demande la protection de.. lâarmĂ©e ! Bien que ce journaliste prĂ©fĂšre garder lâanonymat pour lâinstant, la lettre recommandĂ©e quâil a envoyĂ©e au chef dâĂ©tat-major gĂ©nĂ©ral des armĂ©es était non seulement signĂ©e mais aussi accompagnĂ©e des copies conformes de sa carte dâidentitĂ© nationale et de sa carte de presse.
  Le journaliste, persĂ©cutĂ© depuis des annĂ©es, a Ă©crit au chef des armĂ©es: ” Mon GĂ©nĂ©ral, vous savez pertinemment que si un citoyen est agressĂ©, il demande immĂ©diatement secours Ă la police. Mais si câest la police elle-mĂȘme qui agresse le citoyen, alors Ă qui doit-il adresser son SOS ?
Mon GĂ©nĂ©ral, jâai Ă©tĂ© tabassĂ© et insultĂ© plusieurs fois par des policiers en civil. Des voyous des Services SpĂ©ciaux terrorisent en permanence mes enfants et ma femme. Ma maison est encerclĂ©e 24 heures sur 24 heures par des agents de la police politique. Je ne reçois plus de visiteurs car ces policiers en civil insultent et menacent tous ceux qui se rendent chez moi.
Mon GĂ©nĂ©ral, je demande la protection de notre armĂ©e nationale. Nos vaillants soldats ont dĂ©jĂ protĂ©gĂ© lâannĂ©e derniĂšre les citoyens de Redeyef des violences et des pillages policiers. Tout ce que je vous demande est une patrouille militaire qui protĂšge ma maison et qui mâaccompagne dans mes dĂ©placements professionnels. Câest Ă vous de dĂ©cider du nombre de soldats de cette patrouille. MĂȘme un seul soldat armĂ© me suffit pour retrouver le sentiment de sĂ©curitĂ© que jâai perdu depuis des annĂ©es. Mon GĂ©nĂ©ral, vous ĂȘtes mon dernier secours.”
Le journaliste, qui a reçu un rĂ©cĂ©pissĂ© postal prouvant que sa missive avait Ă©tĂ© bien dĂ©livrĂ©e au vaguemestre de lâarmĂ©e, est optimiste mais il avoue quâil a peur des consĂ©quences de son acte. ” Si lâarmĂ©e accepte de me protĂ©ger, il y aura certainement des centaines – peut-ĂȘtre mĂȘme des milliers – de Tunisiens persĂ©cutĂ©s qui solliciteront la protection de lâarmĂ©e. Mais si lâarmĂ©e se met a protĂ©ger les citoyens de la police, restera-t-il encore assez de soldats pour protĂ©ger les frontiĂšres de notre pays? “
Communiqué Urgent-Urgent-Urgent Abdelkarim Harouni en Etat de SiÚge
Hend Harouni TĂ©l (dom.) : 216.71971180 Cellulaire : 216.93439770 (Traduit de lâarabe par Hend Harouni le 12 Novembre, 2009)
Au nom dâAllah Le ClĂ©ment , Le MisĂ©ricordieux et PriĂšre et  Paix soient  sur notre ProphĂšte Loyal et SincĂšre Mohamed Pas de mise Ă terme au «siĂšge Ă vie » par la police politique et la surveillance Ă©troite infligĂ©e Ă mon frĂšre Abdelkarim et Ă notre famille et sa privation de ses droits civils fondamentaux.
Tunisie, le 10 Novembre 2009-23 Dhul Kiâda 1430
Mettez-fin .- laissez-le habiter une maison sans Ćuvrer Ă le faire chasser et donnez-lui le droit Ă l’intĂ©gritĂ© physique et morale, et arrĂȘter de tourner sa  vie  en un enfer Ă nâimporte quâel endroit : sa maison, son lieu de travail ou notre domicile familial; laissez-le  travailler et gagner un revenu « halal » lui et sa famille. En effet, Allah nous a tous crĂ©e avec une seule ombre et non pas avec plusieurs silhouettes qui nous poursuivent, accordez Ă Â mon frĂšre Abdelkarim Harouni  tous ses droits et lever le siĂšge exercĂ© par la police politique et protĂ©gez son droit en tant que citoyen Tunisien, voire distinguĂ© par ses capacitĂ©s  et  compĂ©tences scientifiques et morales.
Mise à jour : En dépit de nos  multiples communiqués, la surveillance policiÚre se poursuit  toujours en face de : la maison de mon frÚre Abdelkarim louée à El-Menzah V et son lieu de travail aux « Berges du Lac » et notre maison au Kram-Ouest à cÎté de la foire Internationale du Kram comme au niveau de tous ses mouvements .
Depuis hier, la surveillance de mon frĂšre Abdelkarim par la police ne s’arrĂȘte pas. Aujourdâhui, Mardi 10 Novembre 2009 tĂŽt le matin dĂšs que mon frĂšre Abdelkarim est sortit de notre maison pour se rendre Ă son travail, une voiture civile noire de la police politique civile â marque «Volkswagen Polo» immatriculĂ©e sous le No. 634 TU 130 conduite par un responsable portant lâuniforme de  la police  se trouvait en face de notre maison lâa directement poursuivi , et se joint Ă elle une autre  voiture civile blanche du District de la police civile de Carthage avec 2 agents civils marque «CITROEN ZX» No. 7535 TU 70 , celle-ci apparait frĂ©quemment.
 Au moment oĂč mon  frĂšre d’Abdelkarim a pris le bus numĂ©ro “28” pour se rendre au lieu de son travail, les 2 agents civils quittent leur voiture et montent avec lui dans le mĂȘme bus et la voiture civile noire conduite par le responsable en uniforme a suivi ce bus  jusqu’Ă lâarrivĂ©e de Abdelkarim Ă son travail, soit la surveillance  étroite  par la police politique. Les deux autres voitures civiles qui relĂšvent du district de la police des « Berges du Lac » sont arrivĂ©es pour demeurer  en face de son lieu de travail : « Ford grise » No. 2960 TU 56 et «CitroĂ«n C 15 blanche» sous systĂšme  T.N. * Ces 2  voitures nâont pas quittĂ© le lieu  jusquâĂ mon Ă©criture du prĂ©sent communiqué : 12h 30â ? !. Toutes ces voitures appartiennent Ă des districts de la police que ce soit au travail, au lieu de rĂ©sidence ou au domicile  de sa famille et ainsi de suite … en fait mon frĂšre  Abdelkarim  ne se dĂ©place pas dans des dĂ©lĂ©gations de la RĂ©publique mais il est assiĂ©gĂ© dans des districts de police. Qui peut vivre une vie aussi amĂšre comme celle vĂ©cue par mon frĂšre Abdelkarim ? Vivre avec dignitĂ© est le droit Ă nous tous et personnellement mois  je crois fermement en Allah Le Tout-Puissant et je dis : “Allah nous suffit; Il est notre Meilleur Garant et quel Excellent MaĂźtre! Et quel Excellent Soutien!
P.S. : Additif : Les 2 voitures en question y sont restĂ©es jusquâĂ 17 heures, heure Ă laquelle Abdelkarim a terminĂ© sa journĂ©e de travail cependant, il a Ă©tĂ© strictement poursuivi par une autre voiture blanche sous la police du District de Carthage « Peugeot-Partner» No. 339 TU 137 jusquâĂ son retour Ă notre domicile au Kram-Ouest oĂč elle sâest garĂ©e./.
Fadhel JaĂŻbi: je refuse de mourir mon pĂšreâŠ
Jamel Heni
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Ce papier fut refusĂ© par une excellente rĂ©daction de la place, une amie fĂ©ministe sâesclaffa Ă lâunique intention de mĂ©diter le «dogme » théùtral : Fadhel JaĂŻbi ; mĂȘme ma femme me fit la gueule en sanglotant : le nouveau théùtre, tu vas tout de mĂȘme pas trouver Ă redire !!! HonnĂȘtement, je ne reproche rien Ă mes amis. Le syndrome de lâartiste justifiĂ©, du contestataire incontestĂ© sâexplique et pas seulement par la publicitĂ© rĂ©dactionnelle dâune presse « instinctivement » et exclusivement Ă©logieuse. Voici mon hypothĂšse.
Fadhel JaĂŻbi plaide de nouveau « lumiĂšre» et sâaffirme ĂȘtre une « exception » dans lâhistoire de la Tunisie sur Hannibal TV. Ce sont ses mots, sans la moindre paraphrase ! Une fois Ă lâoccasion de Hadha Ana, du temps de Alaa Chabbi[1]. Une deuxiĂšme fois en commentaire Ă son « refuge » (aime-t-il Ă rĂ©pĂ©ter) Ă la salle le Mondial, qui accueillera pour une durĂ©e de 09 mois Familia Production.
« Que le ministĂšre mette Ă notre disposition le Mondial, est bon Ă prendre, commente-t-il. Nous ne cracherons pas dans la soupe. Mais jâose encore croire que les autoritĂ©s culturelles ont le devoir de soutenir des artistes de notre cranâŠOui nous sommes les titans de la place théùtraleâŠParadoxalement nous ne sommes pas toujours Ă la tĂ©lĂ©âŠLe mĂ©rite vous en revient (hannibal tv)âŠNon, nous nâavons pas arrĂȘtĂ© la contestation. Et comment ?! Un artiste libre nâarrĂȘte pas de contester⊠».
La petite personne de lâexcellent rĂ©alisateur et fiertĂ© nationale, ne nous occupe pas ici. Nous ne traiterons pas non plus de sa production théùtrale. Sa prose suffisante nous impose, cependant, une rĂ©flexion. Pas seulement psychologique de lâordre du « comment peut-on parler de soi ainsi ?!! ». Non, pas seulement.
Par-delĂ , une partie de notre sociologie y est jetĂ©e, un affect collectif qui investit de toutes les compĂ©tences terrestres, de toutes les qualitĂ©s rĂ©volutionnaires nos artistes les plus brillants !!! Comme si nous en avions peur. Peur de sâattirer leurs foudres contestataires Ă tous crins, une divination a contrario, divination plus clĂ©ricale que soufie (tant elle sâapplique physiquement Ă un homme ici-bas, Ă un artiste, Ă un concitoyen!!!)âŠ.Cela tient aussi Ă la sociologie de nos artistes eux-mĂȘmes qui sâen tirent Ă bon compte en sâaffublant de compĂ©tences sociales (politiques, syndicales, voire scientifiques !) bien au-delĂ de leurs compĂ©tences techniques avĂ©rĂ©es et gĂ©nĂ©ralement apprĂ©ciĂ©es !!!
Sous dâautres cieux, cette folie des grandeurs, parce que câen est une, aurait au moins Ă©tĂ© commentĂ©e, discutĂ©e, retournĂ©e dans tous les sens, excusĂ©e Ă la fin peut-ĂȘtre mais jamais tue, passĂ©e sous silence, comme cela est arrivĂ© et arrivera probablement encore chez nous !
Nous nâavons pas dâhypothĂšse franche sur notre part de responsabilitĂ© dans cette cruelle absence de critique vis-Ă -vis des intellectuels!! Lâintuition dâune structure tribalo-confrĂ©rique nous sĂ©duit Ă ce sujet, mais passonsâŠ
Nous avançons toutefois lâhypothĂšse chĂšre au sociologue français Pierre Bourdieu en ce qui concerne la sociologie de lâintellectuel, en lâoccurrence et par glissement conscient lâintellectuel tunisien. Le choix de Bourdieu, sâen trouve doublement indiquĂ© par le mĂ©pris que nos intellectuels opposent Ă toute opinion compatriote dâune part et en vertu dâune « docilitĂ© » dĂ©libĂ©rĂ©e au syndrome du colonisĂ© dont souffrent beaucoup dâentre eux dâautre part !!!!
Le mĂ©pris, oui câen est bien un, que nos artistes tunisiens manifestent Ă lâĂ©gard de la presse nationale et des contributions de certains de nos chercheurs, me rappellent la figure du contestataire incontestĂ©, par simple disqualification de toute instance critique et par absolution de tout compte Ă rendre de leur contestation originelle, dĂ©finitive et invariablement supĂ©rieure!!!
Figure du contestataire incontesté
Fadhel JaĂŻbi, homme de théùtre, mais aussi patron dâune maison de production, revendique le beurre de son statut : le devoir logistique et financier de lâEtat Ă lâĂ©gard des titans de la culture ! Il nâen revendique pas moins la figure du contestataire absolu « lâartiste est par dĂ©finition contestataire » affirme-t-il⊠Le Pouvoir lui accorde des subventions, une « dĂ©-censure » de son Ćuvre Khamsoun). Le pouvoir met Ă sa disposition une salle de théùtre (ce quâil ne fait pas aux autres et ce que Fadhel JaĂŻbi justifie par lâunique excellence et prĂ©cellence de sa production !!). Le pouvoir lui pardonne tout et le traite bien au regard de ce qui pourrait arriver Ă dâautres contestataires⊠!!!
Pourquoi. Eh bien, nous supposons que lâexĂ©cutif ne trouve aucune subversion rĂ©elle dans lâĆuvre jaĂŻbienne : son théùtre reprend les fondements explicites (dĂ©sormais classiques) de la modernitĂ© : libertĂ©, rĂ©publique, primautĂ© du droit, figure de lâindividu souverain, rationalisme, sociĂ©tĂ© civile, Ă©galitĂ©, mixitĂ©, Ă©mancipation fĂ©minine, corps libre, libertĂ© de conscience, un homme une voix, dĂ©mocratie, justice socialeâŠ.Il nây a rien de moins que lâidĂ©ologie officielle dans sa phase discursive ou simplement dĂ©claratoire. MĂȘme la brillantissme khamsoun (au sens spectaculaire) ne remet pas en cause cela. Elle montre lâĂ©cart entre la lĂ©gislation et lâexĂ©cutif, elle le montre comme cela se fait chez Tawfik Jbali dans « klem ellil », voire dans certains bravissimes sketchs de NahdiâŠElle le montre crĂ»ment mais prise dans sa globalitĂ©, lâĆuvre (brillantissime on y insiste) ne dĂ©montre rien, ni les limites morales et politiques de ce fossĂ© (entre les textes de loi et le rĂ©el) ni son bien-fondĂ© historique.
Nous ne pouvons nous empĂȘcher ici de souligner la conception « actualiste »[2] de lâhistoire tunisienne comme produit fini, une conception, qui traverse khamsoun de bout en bout. OĂč le processus dâĂ©volution ne montre que son stade final : sans nĆuds factuels ou symboliques, sans antĂ©cĂ©dents ni paternitĂ©. OĂč les gauchos nâĂ©voluent pas du perspectivisme au parlementarisme (comme cela leur est rĂ©ellement arrivĂ© avec tajdid[3]) et oĂč lâislamisme ressemble Ă une boĂźte de conserve sans date de mise au marchĂ© ni pĂ©remption. Lâhistoire de khamsoun se dĂ©ploie dâemblĂ©e sur deux blocs idĂ©ologiques figĂ©s, comme deux rocs, sans la gĂ©nĂ©alogie et sans les fissures des eaux, en un mot sans lâĂ©volution des idĂ©es dans le temps !! ( remarquons au passage que le courant nationaliste est purement et simplement exclu de la fable !)âŠ
Cependant, nos Khamsoun ne sont rien dâautre que le cumul des ichroun, thalathoun, arbaoun avant de devenir une cinquantaine dâannĂ©eâŠAvant de se rĂ©sumer, le texte Ă©tait une histoire sans les vicissitudes de laquelle rien ne transparaĂźt du dilemme dĂ©finitif, rien ne se sâimpose au spectateur de lâinsoutenable « match » final de doctrines aussi barbue lâune que lâautre (la dĂ©testable rĂ©gression islamiste et le stalinisme qui nâa pas le courage de dire son nom, le vrai) !!!
Or la premiĂšre des attentes de plusieurs ne fut rien dâautre que cela : comment en est-on arrivĂ© lĂ . Comment et pourquoi !!!
Alors, alors ?! Alors, rien !!! Khamsoun montre, elle ne fait pas autre chose : de lâembrigadement islamiste Ă la torture en garde Ă vue. Or, montrer nâest toujours pas contester, montrer câest bien montrer et ça nâest dĂ©montrer quoi que ce soit. Montrer est voyeur et cathartique. Ăa permet de se jouer et de la victime et du bourreau Ă la fois, dâĂȘtre sur deux chaises, lâun et lâautre, omnipotent, sans engagement et sans inclination. Sans pour ni contre. Le pied absolu, une conscience intemporelle, les dĂ©lices dâune existence exempte de jugement Ă subir ou Ă tenir. Une position dâange, sous prĂ©texte dâobjectivitĂ©. Lors mĂȘme que contester câest bien contester une partie ou lâautre ou les deux Ă la fois, mais câest contester pour de bon en se salissant les mains, en disant ce que lâon pense, sinon avec ses tripes, du moins comme hypothĂšse subtile et au minimum Ă©quiprobable avec dâautres!
DâoĂč ça vient alors lâillusion contestataire dans cette savoureuse monstration dĂ©sengagĂ©e !! De quel engagement nous parle Si Fadhel, en lâabsence assumĂ©e (dans toutes leurs interviews, et lâauteur et le rĂ©alisateur insistent sur la neutralitĂ© de khamsoun) du moindre engagement. Nous ne disons pas quâil faille contester ou que lâexercice artistique soit un acte de contestation, ce « surmoi » rĂ©aliste, cette obligation dâengagement, ça nâest surtout pas notre idĂ©e, loin sâen faut. Ce sont les idĂ©es de JaĂŻbi, confrontĂ©es Ă elles-mĂȘmes. Câest sa thĂ©orie de lâintellectuel, câest aussi ce quâil dit depuis toujours de sa pratique théùtrale « un artiste libre nâarrĂȘte jamais de contester » et pas seulement en dehors de son théùtre dans une dĂ©marche citoyenne, mais aussi et surtout sur les planches conçues par notre homme de théùtre comme une tribune : « La contestation est inhĂ©rente Ă lâacte artistique de la mĂȘme façon que lâacte artistique est indissociable Ă lâacte de citoyennetĂ©, et nous sommes citoyens avant dâĂȘtre artistes. Contester câest remettre en question un corps saint et en sursis de maladie, câest aussi relever des anomalies. Un corps social, câest pareil; une citĂ©, un pays, des Institutions, des lois, âŠtout cela doit ĂȘtre passĂ© au crible tous les joursâŠContester, nâest pas dĂ©truire, câest interroger !
Nous sommes conscients et fiers de la responsabilitĂ© qui est la nĂŽtre. Il nâest pas donnĂ© Ă tout le monde de monter sur une tribune et de sâadresser Ă son prochain. Le théùtre est un art extrĂȘmement redoutable parce quâil implique une prise de parole et une audience et on ne peut pas se permettre de prendre une parole sans en mesurer les consĂ©quences »[4].
Tout est dit, nous nâinventons rien. Tout JaĂŻbi est lĂ . Mais face Ă khamsoun, contester ne nous a pas sautĂ© aux yeux, ni ne sâimposait comme intuition, encore moins comme aboutissement. A la dĂ©charge des auteurs, le rĂ©cit fut neutre, et pour tout dire nous lâaimons plutĂŽt ainsi! Sans contestes et sans contestation.
LâincontestĂ© contestaire
Pourquoi alors parler de contestation Ă tout bout de champ, Ă lâoccasion de tout et de rien, en « contestologue » !!! Peut-ĂȘtre sâagit-il de mĂ©canique, de rite linguistique, Ă dĂ©faut de contestation rĂ©elle.
Oui câest probablement un rite bobo, un simple « tic » dâintellos ?!. Un argument de classe. Une « idĂ©ologie professionnelle » afin de justifier sa posture Ă cheval : Ă la fois Ă lâintĂ©rieur et Ă lâextĂ©rieur du systĂšme !!!Oui câest plutĂŽt ce que lâon pense. Câest littĂ©ralement notre hypothĂšse (je dis bien hypothĂšse) La voici livrĂ©e par Bourdieu[5] : « Contre lâillusion dâun « intellectuel sans attaches ni racines » je rappelle que les intellectuels sont, en tant que dĂ©tenteurs du capital culturel, une fraction (dominĂ©e) de la classe dominante. Et que nombre de leur prises de position en matiĂšre de politique par exemple, tiennent Ă lâambiguĂŻtĂ© de leur position de dominĂ©s parmi les dominants. Je rappelle aussi que lâappartenance au champ intellectuel implique des intĂ©rĂȘts spĂ©cifiquesâŠLa critique des intellectuels, si critique il y a, est lâenvers dâune exigence, dâune attente. Il me semble que câest Ă condition quâil connaisse et domine ce qui le dĂ©termine, que lâintellectuel peut remplir la fonction libĂ©ratrice quâil sâattribue, souvent de maniĂšre purement usurpĂ©e. Les intellectuels que scandalise lâintention mĂȘme de classer cet inclassable montrent par lĂ mĂȘme combien ils sont Ă©loignĂ©s de la conscience de leur vĂ©ritĂ© et de la libertĂ© quâelle pourrait leur procurer. Le privilĂšge du sociologue (ici de lâintellectuel) est de se savoir classĂ© et de savoir Ă peu prĂ©s oĂč il se situe dans le classement !!! ».
Bourdieu redonne Ă la multitude son droit moderne de tenir la libertĂ© dâexpression des deux bouts. De remettre lâintellectuel dans le jeu des classements et le soumettre Ă la rĂ©futation de la structure sociale et au classement politique. Sur le plan esthĂ©tique il permet de complĂ©ter un cycle tronquĂ© : celui de la contestation Ă sens unique. ContestĂ©e et contestable, la figure contestataire usurpĂ©e par pure mauvaise foi narcissique, redevient ainsi libertĂ© Ă double sens, libertĂ© tout court. Et lâart et sa rĂ©ception en sortent revigorĂ©s !!!
Enfin sur un plan plus psychologique : la rĂ©affectation par Bourdieu de lâintellectuel dans sa structure sociale, laisse entrevoir une nouvelle hypothĂšse. On la reformulera ainsi : la figure du contestataire incontestĂ© est littĂ©ralement une scandaleuse pirouette du moi. AprĂšs avoir tuĂ© le pĂšre, notre artiste refuse de subir le mĂȘme sort par le fils !!! Depuis des annĂ©es, lâunique contestataire tolĂ©rĂ©, sâarrange bien pour ne pas ĂȘtre contestĂ©. Il se maintient comme intellectuel pur, comme progressiste absolu, en renvoyant perpĂ©tuellement toute critique soit Ă lâignorance de son auteur soit Ă sa conscience de classe rĂ©actionnaire, sous prĂ©texte dâavoir créé dĂ©finitivement le nouveau théùtre (une rĂ©pĂ©tition Ă©ternelle et incontestĂ©e du théùtre nouveau « absorbant toutes les nouvelles expĂ©riences qui lui succĂšderont ». Câest ainsi que Si Fadhel, nâen finit pas de tuer le pĂšre et le fils en mĂȘme temps. Et bien je refuse de mourir papa !!!!
Jamel HENI
âââââââââââââââââââââââââââ
[1] Lâanimateur qui officie actuellement sur canal 7 a invitĂ© Fadhel JaĂŻbi et sâest montrĂ© trĂšs complaisant Ă notre humble avis envers lâartiste.
[2] Sans Ă©voquer les diffĂ©rentes Ă©tapes de lâĂ©volution dâun phĂ©nomĂšne, donnant lâimpression quâil est donnĂ© dâemblĂ©e, sans racines ni attaches
[3] Héritier du parti communiste tunisien
[4] Entretien accordé au journal Le Temps, le 19 octobre 2009
[5] Entretien avec François Hincker, La nouvelle critique, n°111/112, février-mars 1978.
(Source : « Calir », le blog de Jamel Heni, le 6 novembre 2009)
Lien : http://jamelheni.unblog.fr/2009/11/06/fadhel-jaibi-je-refuse-de-mourir-mon-pere/
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Mondial-2010 – Ambiance Ă©lectrique au Caire avant le match Egypte-AlgĂ©rie
AFP, le 13 novembre 2009 Ă 15h14 Par InĂšs BEL AĂŻBA  LE CAIRE, 13 nov 2009 (AFP) Le match dĂ©cisif entre l’Egypte et l’AlgĂ©rie pour la qualification au Mondial-2010 de football aura bien lieu samedi au Caire malgrĂ© les incidents ayant visĂ© les joueurs algĂ©riens, a annoncĂ© vendredi la Fifa. Le match “est prĂ©vu le samedi 14 novembre 2009 Ă 19h30 locales (17H30 GMT) au stade international du Caire”, indique dans un communiquĂ© la Fifa, une maniĂšre d’indiquer que la rencontre Ă©tait maintenue. L’instance mondiale du footbal a Ă©galement demandĂ© Ă la FĂ©dĂ©ration Ă©gyptienne de prendre “toutes les mesures de sĂ©curitĂ©” afin que la rencontre ait lieu. La tension Ă©tait montĂ©e d’un cran jeudi soir entre les deux camps, qu’oppose une vieille rivalitĂ©, aprĂšs le caillassage du bus de la sĂ©lection algĂ©rienne peu aprĂšs son arrivĂ©e au Caire. Un reprĂ©sentant de la Fifa prĂ©sent au Caire a confirmĂ© vendredi Ă l’AFP que trois joueurs algĂ©riens avaient Ă©tĂ© blessĂ©s. Il a Ă©galement signalĂ© que les prĂ©sidents Ă©gyptien Hosni Moubarak et algĂ©rien Abdelaziz Bouteflika s’Ă©taient entretenus de la situation. “Nous avons constatĂ© que trois joueurs avaient Ă©tĂ© blessĂ©s: Kaled Lemmouchia au cuir chevelu, Rafik Halliche au-dessus de l’oeil, Ă l’arcade sourciliĂšre, et Rafik SaĂŻfi au bras. L’entraĂźneur des gardiens a Ă©tĂ© commotionnĂ©”, a dĂ©taillĂ© Walter Gagg, chargĂ© de rĂ©diger le rapport officiel sur les incidents. “Les joueurs (…) Ă©taient terrorisĂ©s”, a ajoutĂ© M. Gagg, qui a constatĂ© que le bus de l’Ă©quipe algĂ©rienne Ă©tait “en trĂšs mauvais Ă©tat, avec des vitres cassĂ©es, sur le plancher des bris de verre et des taches de sang”. “On ne peut pas parler de blessĂ©s superficiels”, a-t-il encore estimĂ©. “Avec les points du suture, il faut voir si ces (trois) joueurs peuvent jouer de la tĂȘte. Le mĂ©decin de l’Ă©quipe nationale doit encore se prononcer”. “La FĂ©dĂ©ration algĂ©rienne nous a demandĂ© qu’Ă chaque dĂ©placement de son Ă©quipe, il y ait une dĂ©lĂ©gation de la Fifa, ce que nous lui avons accordĂ©, a prĂ©cisĂ© M. Gagg. Signe de la mĂ©fiance ambiante, les journaux Ă©gyptiens ont accusĂ© les AlgĂ©riens d’avoir mis l’attaque en scĂšne. “Certains joueurs (algĂ©riens) ont commencĂ© Ă dĂ©truire les vitres du vĂ©hicule en prĂ©tendant avoir Ă©tĂ© la cible de jets de pierres”, a affirmĂ© Al-Ahram (gouvernemental). Al-Chourouq (indĂ©pendant) a parlĂ© d’une “crise montĂ©e de toutes piĂšces”. A Alger, le quotidien El-Watan a qualifiĂ© l’incident “de guet-apens”, tout en ajoutant que, “malgrĂ© l’hostilitĂ© Ă©gyptienne”, “les Verts ne cĂšderont pas”. Plusieurs milliers de policiers anti-Ă©meutes seront dĂ©ployĂ©s aux abords du stade et des policiers en civil parmi le public, a affirmĂ© Ă l’AFP un responsable des services de sĂ©curitĂ©. Quelque 70.000 spectateurs sont attendus, dont 2.000 supporteurs algĂ©riens. L’AlgĂ©rie n’a plus participĂ© Ă un Mondial depuis 1986, l’Egypte depuis 1990. La rivalitĂ© souvent houleuse entre ces deux pays phares du football africain et arabe n’est pas nouvelle. En 1989, un autre match de qualification avait dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en Ă©meutes. Ces derniĂšres semaines, les supporteurs se sont invectivĂ©s par mĂ©dias interposĂ©s et sur internet, au point que les autoritĂ©s des deux pays ont multipliĂ© les appels au calme. Jeudi soir, le “roi du raĂŻ”, l’AlgĂ©rien Cheb Khaled, et la star de la chanson Ă©gyptienne Mohammed Mounir se sont produits devant des dizaines de milliers de personnes prĂšs du Caire lors d’un concert symbolique. La tĂąche s’annonce trĂšs difficile pour les Egyptiens, qui doivent gagner par trois buts d’Ă©cart pour se qualifier. S’ils l’emportent par deux buts d’Ă©cart, un match d’appui aura lieu mercredi au Soudan. L’AlgĂ©rie sera qualifiĂ©e en cas de succĂšs, de nul ou de dĂ©faite par un but d’Ă©cart. Â
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