13 janvier 2012

TUNISNEWS

11 ème année, N°4214 du 13.01.2012


Reporters sans frontières adresse une lettre aux nouvelles autorités tunisiennes

La Croix: En Tunisie, la banque Zitouna veut vivre pour l’économie du pays

Courrier international: La presse subit les dérives autoritaires du nouveau pouvoir

WMC: Marzouki à Kasserine… Non à la rébellion contre les symboles de l’Etat?

Maghreb Emergent: Tunisie – Les appels de Marzouki et de Ghannouchi à la fusion avec la Libye font débat

La Croix: La Tunisie fait la lumière sur son passé

WMC: Tunisie : “Nous pouvons atteindre 14 millions de touristes“, affirme Elyès Fakhfakh

Kapitalis: Tunisie. Un front centriste autour du Pdp pour quoi faire?


A l’occasion du premier anniversaire de la révolution tunisienne, Reporters sans frontières adresse une lettre aux nouvelles autorités tunisiennes dans laquelle l’organisation fait part de ses inquiétudes.


 

Moncef Marzouki, Président de la République

Hamadi Jebali, Premier ministre

Mustafa Ben Jafar, Président de l’Assemblée constituante

Mesdames et Messieurs, membres élus de l’Assemblée constituante

Le 12 janvier 2012, Tunis,

Vous, autorités nouvellement élues par la volonté du peuple, à l’issue du premier scrutin démocratique en Tunisie depuis plus d’un quart de siècle, vous êtes les garants des acquis de la révolution, qui s’est soldée par le départ de Zine el-Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011. Nous croyions fondamentalement que la liberté d’expression et la liberté d’information sont au cœur de l’avenir démocratique de toute nation. Si ces principes sont devenus une réalité dans la Tunisie d’après-Ben Ali, iI est de la responsabilité de chacun de les préserver.

Depuis plusieurs mois, grâce à son bureau dans la capitale, Reporters sans frontières suit les évolutions du champ médiatique tunisien, à Tunis, mais également dans les régions, ainsi que les difficultés liées à son renouvellement, notamment dans le domaine de l’audiovisuel. Il est à souligner que les premières élections libres en Tunisie ont été couvertes par des chaînes de télévision qui existaient du temps de l’ancien président, prédateur de la liberté de la presse. Les dispositions législatives adoptées récemment devraient permettre une ouverture du secteur pour davantage de pluralisme.

Consciente de l’importance de la création de cadres juridiques solides pour les médias, Reporters sans frontières a également suivi les travaux de rédaction des projets de lois et rendu un avis consultatif sur le code de la presse à la sous-commission médias dirigée par Ridha Jenayah et émanant de la Haute Instance pour la réforme, la transition démocratique et la préservation des acquis de la révolution. Des remarques formulées par le comité juridique de l’organisation ont été retenues dans le projet de loi, adopté par le gouvernement de Béji Caïd Essebsi, à la veille des élections pour l’Assemblée constituante.

Si certaines avancées ont été réalisées dans le domaine législatif et avec la création de nouveaux médias, Reporters sans frontières s’inquiète du fait que la pression sur les journalistes et les médias se soit accentuée au cours des derniers mois. Le slogan que Reporters sans frontières avait choisi en octobre dernier pour l’inauguration de notre bureau à Tunis : ‘Libres jusqu’à quand ?’ nous semble particulièrement d’actualité.

Les violences policières qui ont eu lieu le 3 janvier dernier à l’encontre de deux journalistes, ainsi que celles du mois de juillet et de mai 2011 sont extrêmement préoccupantes. Elles ne sont pas sans nous rappeler les méthodes policières et sécuritaires répressives d’une époque que tout un chacun pensait révolue. Le ministère de l’Intérieur doit ouvrir de manière systématique des enquêtes sur les agressions commises par ses agents contre des professionnels de l’information. Leurs conclusions doivent être rendues publiques. Par ailleurs, des sessions de sensibilisation des forces de l’ordre au travail des journalistes (et vice-versa) devraient être organisées en partenariat avec les organisations de défense de la liberté de la presse en Tunisie.

En outre, les récentes nominations à la tête des médias publics, annoncées par le Premier ministre le 7 janvier dernier, en contradiction avec les dispositions prévues par l’article 19 du décret loi n°2011-116 du 2 novembre 2011, constitue une violation flagrante de l’indépendance des médias. Nous attendons que le gouvernement fasse immédiatement marche arrière et annule la nomination des rédacteurs en chef et directeur de l’information. En outre, si le Premier ministère dispose du droit de gérer les nominations administratives, nous regrettons qu’il ne soit pas penché en priorité sur la mise en place de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle, comme l’énonce le décret de novembre dernier. La tentative d’interdiction de la publication, le 10 janvier 2012, d’une enquête de l’hebdomadaire El Oula sur d’éventuels avantages financiers perçus, dans le passé, par le nouveau PDG de l’Etablissement de la télévision tunisienne, sur pression de ce même Adnène Khedr, ne fait que renforcer nos inquiétudes.

De même, si l’Agence tunisienne de communication extérieure (la fameuse ATCE) a officiellement gelé ses activités, elle reste néanmoins une structure destinée à interdire la distribution de certains journaux dans le pays… comme du temps de Zine el-Abidine Ben Ali. Ainsi, récemment deux hebdomadaires français (L’Express et Le Nouvel Observateur) n’ont pu être distribués en Tunisie du fait de la reproduction de représentations du Prophète dans ces deux publications. Les autorités doivent apporter des éclaircissements relatifs à la mise en place, ou non, d’un mécanisme de censure préalable. Pratique qui constituerait un retour à des pratiques tristement célèbres.

Reporters sans frontières tient également à exprimer son inquiétude concernant les risques que la montée de l’extrémisme religieux fait courir sur la liberté de la presse en Tunisie. Des mouvements salafistes ont recours à un certain nombre de techniques d’intimidations pour décourager les journalistes qui veulent traiter de sujets relatifs à la religion, n’hésitant pas à faire pression sur des médias. Le procès intenté contre la chaîne Nessma et son principal actionnaire, en octobre dernier, suite à la diffusion du film Persépolis, ainsi l’agression, le 11 janvier 2012, de Soufiène Ben Hamida, journaliste de la chaîne, qui avait déjà vu sa voiture taguée du mot « mécréant », montrent que les journalistes et les médias tunisiens ont plus que jamais besoin que les autorités se placent en faveur de la liberté d’expression et du droit pour les journalistes à pouvoir faire leur travail sans être inquiétés.

Il est plus que jamais temps que les nouvelles autorités prennent leurs responsabilités face à l’ensemble de ces problèmes. Elles doivent envoyer un signal fort à tous ceux qui bafouent la liberté d’expression et la liberté des journalistes à pouvoir informer en toute indépendance. Au-delà des polémiques, des questions politiques et des convictions religieuses individuelles, la liberté d’expression, en tant que premier acquis de la révolution, doit faire l’objet d’un consensus et être protégée par tous. Elle est l’affaire de tous. Le point d’entrée vers la liberté. Le point de retour vers la dictature.

Reporters sans frontières reste à vos côtés pour faire de ces défis d’aujourd’hui des réalités de demain. Restants à votre disposition pour discuter de manière précise et détaillée des points soulevés dans ce courrier, nous vous prions d’agréer, Mesdames, Messieurs, nos plus sincères salutations démocratiques,

Jean-François Julliard

Secrétariat général de Reporters sans frontières

Source: ”TUNISCOPE” Le 12-01-2012

Lien: http://www.tuniscope.com/index.php/categorie/actualites/tunisie/reporters-520917


En Tunisie, la banque Zitouna veut vivre pour l’économie du pays


 

Par Camille Le TALLEC, à Tunis

Un an après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, une procédure de confiscation des entreprises appartenant à ses proches est en cours.

Les entreprises concernées, qui ont traversé des moments critiques, tentent de redresser la barre.

C’est un homme qui doit à la révolution l’une des missions les plus complexes de sa longue carrière de banquier. Le 21 janvier 2011, Slaheddine Kanoun était nommé administrateur provisoire de la banque Zitouna par la Banque centrale de Tunisie (BCT). Une semaine plus tôt, le président Zine El Abidine Ben Ali avait fui en Arabie saoudite. Parti au Qatar, son gendre, Sakhr El Materi, avait quant à lui abandonné ses responsabilités au sein de ses nombreuses entreprises, notamment la Banque Zitouna, dont il détenait 87 % du capital.

Le mandat d’un an de Slaheddine Kanoun arrive bientôt à échéance. Il pourrait être reconduit, mais ne s’y attend pas : l’État doit récupérer de façon imminente les parts de capital détenues par Sakher El Materi. Car la banque Zitouna fait, depuis mars 2011, l’objet d’une procédure de confiscation. « J’ai rempli ma mission,assure d’ailleurs Slaheddine Kanoun :sauver la banque. »

« Les premiers jours ont été difficiles »,se souvient-il. La nomination d’un administrateur ayant pour effet de suspendre le conseil d’administration, il se retrouve seul maître à bord. Dans les journaux, c’est le grand déballage : les entreprises du « clan » de l’ancien président, accusé d’avoir pillé les richesses du pays, sont nommément désignées. La banque Zitouna« est soudain apparue comme un symbole de l’ancien régime ».

INQUIÉTUDE TOUJOURS PRÉGNANTE

Anticipant sa fermeture, les clients clôturent leurs comptes.« Plus de 25 % des dépôts ont été retirés en un mois »,se souvient-il. Les banques partenaires à l’étranger hésitent à travailler avec Zitouna : une autre banque tunisienne doit se porter caution, moyennant commissions. Une cellule de crise est mise en place pour« reconquérir la confiance ».La centrale d’appels téléphone aux clients pour les rassurer.

L’inquiétude est tout aussi prégnante au sein du personnel. Des salariés souvent jeunes – moyenne d’âge 33 ans –, dont beaucoup avaient abandonné un poste pour rejoindre Zitouna, lors de son ouverture en mai 2010. Slaheddine Kanoun ouvre la porte à l’élection, en février, d’un bureau de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), l’ancien syndicat unique.

« Un crime du temps d’El Materi »,dit Hedi Zabi, son secrétaire général adjoint.« Le syndicat a permis d’améliorer le climat social,assure Slaheddine Kanoun.Les salariés ont fait preuve de responsabilité, car tout blocage aurait pu nous être fatal. »Depuis un an, les grèves et les sit-ins ont causé la fermeture de nombreuses entreprises, participant à la détérioration de la situation économique du pays, qui devrait enregistrer une croissance proche de zéro en 2011.

Hedi Zabi se félicite d’avoir déjà« mené sereinement plusieurs combats ».En mars 2011, un accord a été trouvé pour améliorer les conditions de travail des jeunes actifs en contrat d’initiation à la vie professionnelle, un programme mis en place par l’ancien régime. En juin, 11 intérimaires ont pu être intégrés à l’entreprise. Ils font partie de la cinquantaine d’embauches réalisées depuis un an, qui ont porté le nombre de salariés à 380.

CESSION PAR L’ÉTAT

« Il a fallu plus de temps pour résoudre le problème des inégalités salariales »,dit Hedi Zabi. Un dossier« particulièrement sensible »,qui a« pesé sur le climat social de l’entreprise pendant plusieurs mois ».L’administrateur a dû demander l’accord de la Banque centrale, en raison du coût des régularisations pour l’entreprise. En novembre, 81 personnes ont finalement bénéficié d’augmentations.

Depuis, un autre syndicat a vu le jour. Le bureau de la Confédération générale tunisienne du travail (CGTT), organisation née en 2006 d’une scission de l’UGTT, mais jamais reconnue par le régime de Zine El Abidine Ben Ali, a été élu en novembre dernier. Mais la culture du pluralisme syndical est loin d’être acquise. Si la CGTT prône« l’unité d’action »,l’UGTT refuse de coopérer.

Les débuts de la CGTT sont aussi marqués par ses relations tendues avec l’administrateur provisoire.« Notre bureau demande que des parts du capital reviennent aux salariés,explique Habib Guiza, secrétaire général du syndicat au niveau national.Monsieur Kanoun est furieux. » « Cette revendication est prématurée »,tranche l’administrateur, qui fait valoir qu’« aucune décision officielle n’a été prise quant au devenir des parts confisquées ».

Leur cession par l’État fait pourtant peu de doutes, mais la procédure devrait prendre de longs mois. Pour Slaheddine Kanoun, la voie à suivre doit être dictée par le seul« intérêt de l’entreprise »,à la santé encore fragile malgré la récupération des dépôts perdus et l’ouverture de 7 nouvelles agences en 2011 – contre 25 prévues initialement. À ses yeux,« il serait dommage de priver l’économie tunisienne d’une banque à si grand potentiel ».

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UN ANNIVERSAIRE SOUS TENSION

À deux jours du premier anniversaire, samedi 14 janvier, de la chute de l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali, la troïka au pouvoir – le président de la République Moncef Marzouki, le chef du gouvernement Hamadi Jebali et le président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaâfar – n’avait pas communiqué d’intention de célébrer officiellement l’An un de la révolution.

Il est vrai que samedi dernier, le président et le chef de gouvernement, en déplacement à Thala et Kasserine à l’intérieur du pays pour rendre hommage aux martyrs de la révolution, ont été accueillis aux cris de« Marzouki dégage »et« Jebali dégage »de la part de jeunes s’insurgeant contre « les promesses non tenues » envers les régions déshéritées.

Source: “La Croix” Le 12-01-2012

Lien: http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/En-Tunisie-la-banque-Zitouna-veut-vivre-pour-l-economie-du-pays-_EP_-2012-01-12-757039


La presse subit les dérives autoritaires du nouveau pouvoir


 

Le Premier ministre a annoncé le 7 janvier de nouvelles nominations à la tête des médias publics. Une décision prise sans consultation et qui rappelle les méthodes du régime de Ben Ali, un an après sa chute.

D’abord, un rappel à l’ordre au Premier ministre, Hamadi Jebali, et à sa mouvance [le parti Ennahda, islamiste] et, même, plus loin, à ceux qui lui servent de caution, à la tête de l’Etat et de l’Assemblée constituante [Moncef Marzouki, Congrès pour la République, et Moustapha Ben Jaafar, Ettakatol, deux partis de gauche et laïcs]. Ni les uns, ni les autres n’ont directement contribué à la révolution dans le pays, même si nul ne songerait à nier leur combat passé qui ne leur confère a priori aucun certificat de « bonne conduite démocratique ». Mais avoir reçu des coups de matraque de la police de Ben Ali ne suffit pas à acquérir la qualité de démocrate. Ce sont les actes actuellement appliqués qui permettront d’en juger.

Ce gouvernement jouit d’une légitimité électorale pour un mandat limité pour l’essentiel à la rédaction d’une Constitution et non pour imprimer au pays des modifications durables, ni dans ses orientations politiques, ni sociétales, économiques, diplomatiques, sociales ou culturelles.Les médias sont l’instrument privilégié de la démocratie, un relais utile. Le pouvoir doit s’en rapprocher pour mieux faire valoir ses points de vue, ses arguments sachant que la presse est, par nature, un corps rebelle, car porteur de la sensibilité du citoyen dans sa bonne comme dans sa mauvaise humeur engendrée par la gestion d’une vie quotidienne souvent difficile.

Cette mauvaise humeur est accentuée par les profondes frustrations laissées par l’exercice passé de la politique. De très « mauvaises habitudes » subsistent et il faudra sans doute du temps pour déshabituer le pays ; gouvernants, journalistes et citoyens. Que peut et doit faire le gouvernement ? Travailler avec la presse : parvenir à la convaincre, c’est être sûr de convaincre le citoyen, qui est le votant aux prochaines élections, à moins que l’intention soit de déposséder celui-ci, encore une fois, de son droit de choisir librement ses dirigeants.

Dialogue mais non asservissement par divers biais comme par la désignation de vassaux zélés et redevables de leurs postes et de leurs privilèges. Un responsable de rédaction nommé par décret régalien devrait, par principe et pour l’honneur, refuser ce poste sauf à s’exclure lui-même de la profession. Car son capital de confiance et de crédibilité a d’avance fondu.

Le deuxième rappel à l’ordre vise les journalistes. Ils doivent s’interdire les jugements péremptoires, de se croire en droit de juger sans preuve. Ils doivent s’interdire tout militantisme partisan même si, en leur conscience, en tant que citoyens, leurs choix sont faits. Il est clairement dit (Charte de Munich) : « La mission d’information comporte nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément. » Le journaliste doit porter à la connaissance du public tous les faits dont il a connaissance et qui influent sur l’avis du citoyen et guident ses choix démocratiques. Pour atteindre ce but, il « veille à rendre perceptible pour le public la distinction entre l’information proprement dite – soit l’énoncé des faits – et les appréciations relevant du commentaire ou de la critique ».

Il serait bon aussi de rappeler que le journaliste a le devoir de « respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même »et de « ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents », de « s’obliger à respecter la vie privée des personnes », de « rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ». Et, enfin, « les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique ».

Il serait sans doute utile dans le contexte actuel d’inviter tous à relire ces textes et à cesser de se référer au passé récent pour simplement se prévaloir du contraire. L’opposé de la dictature ne doit pas forcément être l’anarchie, le laisser-aller, le dérapage permanent. Il faut revenir sans tarder aux règles de base du métier sans perdre son temps à régler des comptes. La profession doit mieux se structurer, mettre fin aux jeux des personnes, unifier ses rangs et ses représentations, contrer les manipulations, et rappeler chacun à ses devoirs.

Source: “Courrier international” Le 12-01-2012

Lien: http://www.courrierinternational.com/article/2012/01/12/la-presse-subit-les-derives-autoritaires-du-nouveau-pouvoir


Marzouki à Kasserine… Non à la rébellion contre les symboles de l’Etat


Par Amal Djait

Le président provisoire,Moncef Marzouki, en visite dans le gouvernorat de Kasserine pour rendre hommage aux «martyrs» de la révolution, a été hué et empêché de terminer un discours par des jeunes chômeurs. Retour sur un «dégage» qui dérange

Selon Mosaïque Fm, Marzouki a été accueilli à son arrivée au gouvernorat par un groupe de jeunes qui réclamaient du travail et qui criaient: «Marzouki Dégage!». Moncef Marzouki effectuait une visite à Thala pour rendre hommage aux martyrs de la révolution dont la Tunisie s’apprête à fêter le premier anniversaire le 14 janvier. Au-delà de savoir qui et quand allons-nous décider d’une date commémorative entre le 17 décembre et le 14 janvier, il serait temps de penser à fêter la révolution. Pour le moment, c’est à Marzouki qu’on fait la fête!

Le président, depuis les fêtes de fin d’année, se ramasse des critiques virulentes dans les médias nationaux et internationaux en réponse aux bourdes qu’il a commises en moins d’une semaine. De quoi vraiment saper le moral d’un militant qui ne s’est pas trompé de combat mais dont il gère si mal la sortie ou plutôt l’entrée. Le passage du militantisme à l’exercice du pouvoir ne semble pas réussir au président provisoire qui va vite devoir se ressaisir afin de rétablir au plus vite son image qui se ternit et celle de la Tunisie qui en pâtit.

L’homme a la charge d’un Etat et ne semble pas encore se rendre compte qu’il n’est plus un simple opposant. Après avoir frôlé l’incident diplomatique avec l’Algérie où il va se rendre prochainement, Marzouki a-t-il mis un peu d’eau dans son vin? Difficile à savoir la réponse. Sauf que, ses déclarations se font depuis plus rares malgré une semaine écoulée riche en évènements et visites officielles. La cote du président a-t-elle seulement baissé au point de lui rapporter un «dégage»? Un mot lourd de sens pour les Tunisiens. Et pour cause!

Pourtant, selon un sondage réalisé par Sigma-Le Maghreb au en décembre dernier, le président arrivait largement en tête des personnalités à qui on fait le plus confiance en Tunisie, avec 46,93% des réponses, suivi de très loin par Hamadi Jebali avec seulement 8,3% et Rached Ghannouchi 6,56%. Selon ce même sondage, Moncef Marzouki arrive largement en tête des personnalités politiques de l’année avec 85,74%, suivi par Béji Caïd Essebsi (52,30%) et Hamadi Jebali (42,02%). Au vu de l’actualité, on serait tenté de voir l’impact de ces faux pas si le sondage venait à être refait aujourd’hui.Quel serait l’indice de confiance de Marzouki après ce début d’année houleux?

Ceux qui le connaissent savent que, enfant, Marzouki « rêvait de voler, d’aller très haut dans les cieux». S’est-il seulement déjà brûlé les ailes? Nombreux sont ceux qui énumèrent ses qualités et parlent d’un homme intègre et fondamentalement attaché aux libertés individuelles. Un homme d’honneur et de principes, et le fait qu’il soit dégagé de la sorte est une grande offense à l’Etat. L’Atugéeen Dali Mankai explique: «Cette rébellion est très dangereuse contre les symboles de l’Etat. On a raillé Béji Caïd Essebsi quand il a parlé de «Haybat Addawla», en voici les conséquences. Aujourd’hui, c’est Marzouki, demain ça sera son successeur. Il ne faut jamais se féliciter quand les institutions de l’Etat sont touchées».

Bien vu. «Mais à vouloir changer trop rapidement de ton et de temps, à traiter les Tunisiennes de “safirat“, en attaquant les us et coutumes des Tunisiens, le “dégage attitude“ de Kasserine finit par être apprécié dans presque tous les milieux et par beaucoup de citoyens…», répond Esma B, étudiante à HEC.

Reste à savoir si ce “dégage attitude“ est un fait divers ou de la manipulation comme le laissent entendre des militants du CPR. Et si finalement la question qui dérange est de savoir si Marzouki n’est pas victime de ses relations avec Ennahdha?

Pour Esma, cela ne fait aucun doute: «Il est victime de sa détermination à devenir trop vite président et coûte que coûte. Comment un homme de sa trempe accepte-t-il d’être aux commandes alors que les manettes sont entre les mains d’Ennahdha? Comment réussira-t-il à faire le consensus? Comment parviendra-t-il à être le garant des institutions et des libertés d’une nouvelle Tunisie? Il y a ainsi des alliances contre nature qui ne pardonnent pas!»

Une opinion qui pousse à la réflexion au vu de la prochaine étape. Une étape cruciale pour la Tunisie que Marzouki, avec des prérogatives si imitées, ne peut grand-chose. C’est sans compter avec la dimension fougueuse et rebelle de Moncef Marzouki.

Affaire à suivre !

Source: “WMC” Le 12-01-2012

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-114767-opinion-tunisie-marzouki-a-kasserine-non-a-la-rebellion-contre-les-symboles-de-l-etat

 


Tunisie – Les appels de Marzouki et de Ghannouchi à la fusion avec la Libye font débat


Les déclarations faites par le Président tunisien Moncef Marzouki lors de sa récente visite à Tripoli réclamant « une fusion entre les deux pays » ont fait renaître l’espoir d’une Union du Maghreb arabe (UMA). Outre les mauvais souvenirs laissés par les projets d’union passé, certains doutent même de la pertinence économique de cette option. Et pourtant…l’idée fait rêver.

A Tripoli, le président Moncef Marzouki, au risque de choquer une presse qui s’adonne au plaisir de la critique dans tous les sens a appelé à dépasser le stade de la simple coopération entre la Tunisie et la Libye pour aller vers « l’indimaj », terme qui peut aussi bien être traduit par « fusion » que par « intégration ». Mais le propos de Marzouki n’était pas équivoque. « Nous devons transformer deux peuples jumeaux en une seule nation, qui formera un seul territoire et une seule patrie, afin que nous puissions vivre dans la paix et la démocratie », a-t-il déclaré. Il y a sans doute une bonne part de conviction maghrébine de la part du président tunisien mais il y a aussi un intérêt économique pour une Tunisie où les urgences économiques et sociales pèsent lourdement sur la transition. La Tunisie veut être partie prenante de la « reconstruction en Libye » dont les couts pourraient atteindre, selon les estimations du patronat français, les 200 milliards de dollars.La Tunisie dispose d’un tissu d’entreprises et d’une main d’œuvre qualifiée qui l’habilitent à prétendre être partie prenante dans la reconstruction de la Libye, une fois celle-ci stabilisée. Ce qui est loin d’être le cas. Accueillie avec scepticisme voire avec des sarcasmes par certains médias tunisiens, l’idée fait rêver les opérateurs économiques tunisiens à la recherche de nouvelles perspectives dans un contexte de dégradation de la situation économique en Tunisie.

Rached Ghannouchi approuve

L’idée d’intégration a été reprise à son compte par Rached Ghannouchi, le leader du parti Ennahda, le premier parti tunisien qui dirige le gouvernement. « Nous avons soutenu cette idée il y a une quarantaine d’années avant qu’elle ne soit annulée par Bourguiba. Nous avons réédité cette proposition en 2010, lors du soulèvement de Ben Guerdane, qui a eu lieu suite à la fermeture des frontières. L’occasion est propice aujourd’hui pour sa réalisation » a-t-il déclaré au journal Al-Hayat. Le leader d’Ennahdha ne voit aucun mal «dans cette union entre deux pays fusionnels sur le plan politique, culturel et économique ? Deux pays proches par leurs peuples, leur religion, leur histoire et leurs intérêts ». Les appréciations des médias tunisiens sont très contrastées. « Lemarché libyen est loin de nous être acquis » estime GlobalNet qui appelle à « tempérer » les aspirations tunisiennes envers la « panacée » libyenne ». Il invite à ne pas penser la croissance sur la base de « potentialités hypothétiques » d’autant que « selon plusieurs indices,la Libye ne va pas constituer, du moins dans l’immédiat, une terre d’accueil et de travail pour les Tunisiens ». En réponse à Guy Sitbon, journaliste d’origine tunisienne qui reproche à Ghannouchi de croire au père Noel, Rafik Souidi défend, dans Kapitalis, l’option d’une union fédérale. Selon lui, les complémentarités économiques « sont évidentes » et « on peut être assuré que cette entité pourrait connaître un essor irrésistible avec une croissance à deux chiffres sur une longue période et constituerait à terme la locomotive de la zone Mena avec un Pnb potentiel de plus de $500 milliards ».

Source: “Maghreb Emergent” Le 12-01-2012

Lien: http://www.maghrebemergent.info/actualite/maghrebine/7673-tunisie-les-appels-de-marzouki-et-de-ghannouchi-a-la-fusion-avec-la-libye-font-debat.html

 


La Tunisie fait la lumière sur son passé


 

Par MARIE VERDIER

 

Les différentes commissions sur la corruption et les victimes de la révolution dressent un premier bilan.

Combien la Tunisie compte-t-elle de martyrs de la révolution ?

« Les morts pendant la révolution ne sont pas forcément des martyrs,précise d’emblée l’avocat Taoufik Bouderbala qui préside la commission d’investigation sur les dépassements et les abus pendant la révolution.Il reviendra à l’État d’établir la liste. »En dix mois d’existence, sa commission – qui doit remettre son rapport fin janvier – a instruit 2 750 dossiers de victimes déposés par les familles. Ils concernent 323 morts et 2 000 blessés (ainsi que 427 dossiers de biens pillés ou endommagés) entre le 17 décembre 2010, date de la mort par immolation de Mohamed Bouazizi, et le 23 octobre 2011, jour des élections de l’Assemblée constituante.

Depuis, plus de 300 dossiers supplémentaires sont arrivés.« On a incité chaque famille à déposer une plainte »,précise Taoufik Bouderbala. Sa commission a par ailleurs dressé 42 procès-verbaux concernant de hauts responsables tunisiens impliqués dans la répression lors de la révolution.La commission préconise de ne pas en rester là. Elle recommande de réformer les systèmes sécuritaire et judiciaire tunisiens. Et de créer une commission justice et réconciliation pour gérer l’héritage des vingt-trois ans de règne de Zine El Abidine Ben Ali mais aussi des années Bourguiba depuis l’indépendance.

La lutte contre la corruption a-t-elle progressé ?

Dès ses premiers pas, sa « descente » dans le palais de Carthage et les résidences privées du couple présidentiel au printemps dernier, la commission d’investigation sur les affaires de corruption et de malversation a été critiquée. Beaucoup considèrent que les critiques incessantes ne sont pas étrangères à la mort de son président Abdelfattah Omar le 2 janvier dernier à la suite d’un malaise. Confusion avec la justice, absence de transparence et de méthodologie ont poussé certains membres à démissionner, notamment le représentant du réseau national anti-corruption qui estime que les réseaux mafieux continuent à prospérer.

L’ONG Transparency Internationalabonde dans son sens puisqu’elle a fait reculer la Tunisie au 73erang (contre 59 en 2010) sur son tableau 2011 de l’indice de perception de la corruption. Toujours est-il que cette commission a examiné 5 000 des 10 000 requêtes qu’elle a reçues et transféré à la justice 320 dossiers impliquant environ 1 200 personnes.

Les biens mal acquis des proches du couple présidentiel (une liste de 114 personnes établie par décret) ont été confiés à une commission de confiscation, laquelle a déjà transféré à l’État 116 sociétés gérées par des administrateurs provisoires et poursuit des investigations sur 204 autres sociétés. Quant aux avoirs, biens mobiliers et immobiliers à l’étranger, la Tunisie devra attendre pour les récupérer qu’aboutissent de longues procédures dans chaque pays concerné.

Source: “La Croix” Le 12-01-2012

Lien: http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/La-Tunisie-fait-la-lumiere-sur-son-passe-_EP_-2012-01-12-757038


Tunisie : “Nous pouvons atteindre 14 millions de touristes“, affirme Elyès Fakhfakh


Nous venons de rencontrer Elyès Fakhfakh, ministre du Tourisme, et ill nous a semblé connaître son affaire, non sans passion d’ailleurs, même s’il convient que sur les 550 hôtels classés, seuls 105 sont actuellement en mise à niveau sur 250 dossiers présentés, que leur moyenne d’âge de 25 ans pose problème, que nous avons des faiblesses de modernisation, de services, de taille, d’endettement, de formation, d’infrastructure…

Selon lui, la Tunisie n’a pas suivi les trois expressions essentielles de la révolution qu’a connue le tourisme mondial:

-“La démocratisation du ciel, le développement duLow Costet les flux importants, et nous allons collaborer avec le ministère du Transport pour aller plus loin que les dossiers qui sont déjà aboutis pour ouvrir le ciel tout en préservant la compagnie nationale. Tout cela impacte relativement alors que le flux global se multiplie par 2 ou 3.

-Internet: car la commercialisation classique est de moins en moins utilisée au moment où 50% des réservations se font aujourd’hui via le Web, au moins sur les marchés matures de l’Europe. Il faut également bien noter qu’entre 70% et 80% de touristes potentiels se renseignent sur les sites dédiés avant de se rendre dans les pays de destination. Et nous devons intégrer cette révolution et l’établir en axe stratégique, rattraper notre retard et investir dans lee-booking.

La réduction de la durée de séjour: car les touristes viennent de plus en plus pour un seul week-end, pour une activité spécifique, pour un parcours déterminé d’avance, pour un hobby… et nous devons y répondre par des conditions étudiées, de vols aménagés, un site qui renseigne sur la destination…“.

En ce qui concerne sa nouvelle politique pour les touristes algériens et libyens, M. Fakhfakh affirme que nos voisins représentent 45% du flux touristique et que nous devons naturellement étudier leurs attentes et leurs besoins qui sont spécifiques à chacun. Dans le cadre de cette évaluation, nous devons proposer des produits étudiés pour qu’ils se sentent chez eux.

Alors, 16 millions de touristes en 2015? “En maintenant notre stratégie qui répond aux trois critères (démocratisation du ciel, usage de l’Internet, réduction de la durée de séjour), nous devons travailler à l’amélioration de notre produit et sa qualité qui reste un must avant les autres aspects. A partir de là, on devrait facilement doubler notre capacité (à parti des 7 millions de base, et donc 14 millions) mais, par delà le nombre, nous préférons travailler sur les augmentations de recettes (par l’animation, l’amélioration du produit, viser les touristes à forte valeur ajoutée…)“.

Avec les 25 millions d’euros de budget de promotion du tourisme tunisien, c’est-à-dire la moitié de ce que dépense le Maroc (50 millions d’euros) et le quart de ce que dépense la Turquie (100 millions d’euros), on lui souhaite beaucoup de courage pour imposer la destination Tunisie.

Source:”WMC” Le 12-01-2012

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-114803-tunisie-%93nous-pouvons-atteindre-14-millions-de-touristes%93-affirme-elyes-fakhfakh

 


Tunisie. Un front centriste autour du Pdp pour quoi faire?


 

Par Marouen El Mehdi

Les leaders des trois partis ont tenu une conférence de presse, mercredi, pour annoncer la constitution de ce front, les raisons ayant nécessité sa constitution, ses objectifs et son programme d’action.

Pourquoi le Parti démocrate progressiste (Pdp), Afek Tounes et le Parti Républicain ont-ils donc pris la décision de fusionner ? Selon ses initiateurs, cette fusion est une réponse aux nécessités de cette étape et aux aspirations de larges franges de la société. Entre autres raisons, ces partis invoquent ce qu’ils appellent «la responsabilité historique du moment», «les enjeux auxquels la Tunisie doit faire face», «la nécessité de disposer d’un cadre politique susceptible d’accueillir toutes les forces nationales désireuses d’édifier un projet politique ancré profondément dans la société et puisant dans ses valeurs arabo-musulmanes».

Une nouvelle force politique dîtes-vous ?

Et quoi encore, au-delà de cette langue de bois qui en dit moins qu’elle ne tait ? Le nom d’Ennahdha, grand vainqueur des élections de l’Assemblée constituante, le 23 octobre, et qui a constitué le gouvernement actuel, grâce à une alliance avec deux autres partis centristes, le Congrès pour la république (Cpr) et Ettakatol, n’a pas été évoqué. Il était pourtant dans tous les esprits. N’est-ce pas pour contrer ce mouvement, aujourd’hui au pouvoir, que les trois partis, grands perdants des élections d’octobre, cherchent aujourd’hui à fusionner, dans l’espoir de peser d’un poids moins léger dans l’échiquier politique ?N’est-ce pas aussi pour se positionner en perspective des prochaines élections, qui auront lieu, sauf surprise ou catastrophe, en 2013 ?

La fusion annoncée sera concrétisée à l’occasion du prochain congrès du Pdp, les 17, 18 et 19 mars, qui se transformera en un congrès unificateur d’une nouvelle force politique. Une instance commune a été constituée pour la préparation politique et logistique de ce congrès qui aura à choisir le nouveau nom du parti et fixera ses statuts ainsi que son nouveau règlement intérieur. Et sans doute aussi les grands axes de son futur programme, sachant que les orientations idéologiques des trois formations ne brillent pas par leur cohérence : l’héritage socialisant du Pdp contraste quelque peu avec le libéralisme d’Afek Tounes. A moins de vouloir seulement constituer un simple front électoral face à Ennahdha, les dirigeants de ce futur parti devraient essayer de trouver un corpus commun d’idées politiques et de programmes économiques et sociaux.

Said Aydi prend goût au combat politique

Lors de leurs interventions, Maya Jribi (Pdp), Yassine Brahim (Afek Tounes), Youssef Chahed (La Voix du Centre), Mohamed Louzir (Afek Tounes) et Ahmed Nejib Chebbi (Pdp) ont tourné autour du pot pour ne pas prononcer le nom de l’adversaire commun : ce qui aurait eu l’avantage de la sincérité et de la clarté. Ils se sont donc contentés de souligner la nécessité de réunir toutes les forces démocratiques et progressistes pour constituer un parti centriste que beaucoup de Tunisiens appellent de leurs vœux. M. Chahed, un brin lyrique, comme souvent au moment des naissances, a même parlé de la réalisation d’un… rêve (pas moins !).

 

Prenant la parole sous une forte ovation, Said Aydi, l’ex-ministre de l’Emploi et de la Formation, s’est dit honoré de rejoindre le rang de ce parti : «Lorsque M. Caïd Essebsi m’a appelé pour occuper un poste dans son gouvernement, il a recommandé à tous les ministres de rester neutres et j’ai tout fait pour l’être. A présent, je ressens de la fierté en voyant ce parti voir le jour. Il porte un projet grandiose pour l’avenir de la Tunisie et son programme accordera une place particulière à la lutte contre le chômage, et je contribuerai à cet effort, surtout que je possède désormais une expérience dans le domaine de l’emploi et de la formation».

Autre indépendant à avoir ressenti un très fort désir de «fusionner» : Slaheddine Zahaf, invité d’honneur de la conférence, qui a précisé que la Tunisie a un besoin pressant d’un tel parti qui servira l’intérêt de tous les Tunisiens.

Ettajdid se laisse désirer

Les réponses aux interrogations des journalistes ont révélé une certaine réserve quant à la possibilité de voir le parti Ettajdid rejoindre ce mouvement. Mme Jribi a laissé entendre que le front reste ouvert à tous et que des tractations avec le parti d’Ahmed Brahim sont encore en cours. On a cependant appris que des intérêts d’ordres personnels et politiques ont été derrière ce revirement de dernière minute.

Les dirigeants d’Ettajdid, dont on connaît l’attachement à leur identité historique d’héritiers du Parti communiste tunisien (Pct), ont-ils craint de voir la fusion annoncée se transformer en une auto-dissolution au sein d’une sorte de «grand Pdp», ce parti jouant déjà, très opportunément, le rôle de locomotive ? On pourrait sérieusement le penser, connaissant les anciennes rivalités feutrées de ces deux partis et l’échec de toutes leurs anciennes tentatives d’alliance.

Par ailleurs, certains partis du Pôle démocratique moderniste (Pdm), autre perdant des élections d’octobre, ont accepté de rejoindre la formation en gestation, alors que d’autres s’y sont fermement opposés. Ils craignent, eux aussi, que le congrès constitutif, prévu lors du congrès du Pdp, ne devienne une «légitimation» de l’hégémonie de ce parti, qui n’a jamais brillé par sa prédisposition au travail en commun ! Le fait qu’il y soit aujourd’hui acculé l’incitera-t-il à jouer moins solo ? Wait and see…

Autre question présente dans tous les esprits : le nouveau front centriste rejoindra-t-il un jour le mouvement politique que l’ex-Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, compte former dans un proche futur ? «Ce mouvement n’a pas encore vu le jour pour évoquer une telle possibilité, mais tout reste possible», a-t-on répondu, de manière évasive, laissant la porte ouverte à toutes les supputations.

Ce qui, on l’imagine, n’est pas de nature à rassurer des formations dont les idéologies sont aux antipodes du libéralisme, ici bourguibien, et qui pourrait englober, de proche en proche, les ex-Rcdistes. D’où la nécessité, pour les initiateurs du front centriste de mieux définir les contours de leur Opni ou objet politique non (encore) identifié.

Source:”Kapitalis” Le 12-01-2012

Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/7772-tunisie-un-front-centriste-autour-du-pdp-pour-quoi-faire-.html

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