11 septembre 2011

فيكليوم،نساهم بجهدنا فيتقديمإعلام أفضل وأرقى عنبلدنا،تونس Un effort quotidien pour une information de qualité sur notre pays, la Tunisie. Everyday, we contribute to a better information about our country, Tunisia

TUNISNEWS
11 ème année, N°4091 du 11.09.2011

 


Statement: The Referendum Maneuver

Reuters: Le G8 promet de verser 38 milliards de dollars à des pays arabes

Espace Manager: Microsoft Tunisie répond aux accusations

Liberté Politique: Impressions sur l’après révolution tunisienne

Kapitalis: Comment les islamistes peuvent sauver la révolution tunisienne (2/2)

Kapitalis: A propos de la vraie fausse alliance d’Ettakatol avec Ennahdha

Tunisia Live: Independent Democratic Alliance: Constituent Assembly’s Mission Shouldn’t Exceed One Year

The Guardian: Tunisia is leading the way on women’s rights in the Middle East

 

Statement: The Referendum Maneuver


Tunis, 9 September 2011
The parties constituting the “23 OctoberAlliance” held a meeting on Thursday 8 September at the headquarters of theReform and Development Party attended by representatives of the four parties membersof the alliance. Following the meeting, this statement was issued:
The extent of plots against the revolutionis widening, through attempts to obstruct the transition process and Tunisians’building of their legitimate institutions. Thus calls are raised for areferendum to be held in parallel with the constituent assembly elections thatwould limit the assembly’s duties and duration. The Alliance affirms that:
1. The call for a referendum ispart of a plot targeting the cancellation of the elections altogether, forthose calling for it are those opposed to the constituent assembly elections,including remnants of the dissolved RCD party and those who had joined theinterim government of Mohamed Ghannouchi who had been opposed to the currentconsensus.
2. The opposition of the “23 October Alliance” to thereferendum is not an opposition to the popular will, but rather to a choicewhose proponents known to be realistically impossible to hold in parallel withthe constituent assembly elections. This call rather demonstrates lack of trustin the people and the principal choice it had demanded- that is the election ofa national constituent assembly.
3. The 23 October elections mustgive birth to a fully sovereign constituent assembly that would write the constitutionand manage the country’s affairs with complete prerogatives. We estimate thatone year will be sufficient for the completion of its tasks.
4. That certain sections of themedia have suspiciously subscribed to the call for a referendum, thuscontributing to confusing public opinion and undermining the revolution.
Popular Union Party
Reform and Development Party
An-Nahdha Movement Party
Congress for the Republic Party
 

 

Le G8 promet de verser 38 milliards de dollars à des pays arabes


 
Reuters samedi 10 septembre 2011 15h05
 
MARSEILLE, 10 septembre (Reuters) – Les ministres des Finances du G8, réunis à Marseille, se sont engagés samedi à verser 38 milliards de dollars à la Tunisie, à l’Egypte, au Maroc et à la Jordanie sur la période 2011-2013 et ont déclaré que le Conseil de transition au pouvoir en Libye serait invité à s’associer à ce programme.
 
François Baroin, le ministre français des Finances, a parlé d’une mesure importante prise par le G8. (Catherine Bremer, Eric Faye pour le service français)

Microsoft Tunisie répond aux accusations


 
Certains journaux tunisiens et internationaux ont repris certains passages des «câbles» Wikileaks relatifs à la situation politique qui prévalait en Tunisie avant le 14 janvier 2011.
A ce propos Microsoft Tunisie se défend et indique, via communiqué, que « tous les propos selon lesquels nous avons formé les représentants du gouvernement tunisien pour surveiller l’internet et leurs citoyens sont tout simplement faux et infondés. La formation fournie par Microsoft s’inscrit dans le cadre d’un programme standard pour les gouvernements visant à améliorer la sécurité des systèmes IT propres du gouvernement, ce qui contribue à protéger les citoyens contre la cybercriminalité. »
Et le communiqué d’ajouter que « Microsoft collabore avec les pays à travers le monde entier pour aider à stimuler l’innovation IT locale et la création d’emplois, à rendre accessible l’informatique à un plus grand nombre, et permettre ainsi aux gouvernements d’adopter les dernières technologies de l’information pour servir ses citoyens. Cela a été l’objet de notre travail en Tunisie. »
Source: « Espace Manager » Le 10-09-2011

Impressions sur l’après révolution tunisienne


9 Septembre 2011 | François Martin*
François Martin rentre de Tunisie où il a pu rencontrer un certain nombre de personnalités très proches du pouvoir et aujourd’hui influentes à Tunis. A partir de ces entretiens, il nous livre ses impressions sur l’avenir de la révolution du printemps, la préparation des élections du 23 octobre, et les dangers d’un possible glissement islamiste de la Tunisie.
 
Premier constat, le personnel politique tunisien a évidemment changé avec la révolution. Relativement préservées des scandales et des compromissions du régime Ben Ali, les personnalités politiques, écartées par l’ancien président, sont revenues aux commandes à la suite des événements du printemps. Le premier Ministre Béji Caïd Essebsi, nommé le 27 février 2011 après la démission de Mohamed Ghannouchi qui fut successivement ministre de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères entre 1965 et 1986, sous la présidence d’Habib Bourguiba, en fait partie. De même, Ahmed Mestiri figure emblématique de la vie politique tunisienne depuis l’indépendance de 1956. Né dans une famille de riches propriétaires terriens appartenant à la haute bourgeoisie, il fut successivement opposant et Ministre de Bourguiba, emprisonné par Ben Ali au temps où il n’était encore que Ministre de l’intérieur avant de se retirer de la vie politique en 1989. Ayant tiré avant d’autres les leçons des dérives totalitaires du gouvernement Ben Ali, il est sorti de son silence le 19 janvier dernier pour apporter son soutien à la révolution. Cet homme exceptionnel qui jouit d’une grande réputation en Tunisie et qui demande que « les jeunes qui ont fait la révolution prennent les choses en main » n’est, dit-il, « candidat à rien » ; il n’en demeure pas moins très influent à Tunis.
 
Les conversations que j’ai pu avoir avec lui ainsi qu’avec tous mes interlocuteurs m’ont convaincu que le risque que les partis islamistes sortent vainqueurs ou « incontournables » des élections d’octobre était peut-être moins grand que vu de Paris.
 
Pour Ahmed Mestiri, la seule voie possible, c’est que les partis islamiques se « tunisianisent » et s’assouplissent. Et pour lui comme pour beaucoup de tunisiens bons observateurs de la vie politique, il existe aujourd’hui de vraies chances pour qu’ils le fassent.
 
Le parti Ennahda, qui jouit actuellement d’une grand notoriété spontanée, et qui fera très certainement un excellent score aux prochaines élections d’octobre, n’est pas considéré par les autres partis islamiques comme un parti très radical, mais au contraire modéré et même assez « mou ». Son image dans la mouvance islamique radicale n’est pas bonne. C’est un signe alors que son audience électorale semble la plus forte. Les discussions qui ont lieu en son sein entre ligne dure ou souple ne permettent pas de dire aujourd’hui de manière certaine quel sera son comportement en cas de victoire électorale et s’il ne pratique pas un double langage. Mais pour beaucoup de tunisien le pire ne paraît nullement certain.
 
En effet, même si les tentations d’aventurisme existent toujours, il est certain que la Tunisie d’aujourd’hui n’est ni la Russie de 1917, ni l’Iran de 1979. Beaucoup de choses ont été faites depuis l’indépendance, auxquelles tous les tunisiens tiennent, toutes catégories sociales confondues, tant sur le plan des droits individuels que sur le plan économique.
 
Le risque d’une deuxième révolution islamique radicale après la première, semble faible. De même par voie de conséquence une possible prise de pouvoir par l’armée si ces partis sont majoritaires. La « mutation laïque bourguibienne », à laquelle les tunisiens sont extrêmement attachés, et surtout les femmes, dont les droits sont très importants, paraît en effet profondément ancrée dans les esprits et dans la culture du pays, même au sein du « pays profond », ce qui fait qu’une telle révolution islamique radicale n’aurait sans doute aucune chance de prendre, d’autant plus que ses dirigeants, pour autant qu’ils en aient l’envie, ne disposent pas d’une structure de pouvoir comme peut l’être, par exemple, le collège des mollah en Iran.
 
De plus, il est certain aussi que la révolution tunisienne bénéficie pour le moment, auprès des opinions et des pouvoirs occidentaux, d’une excellente image, et que des promesses sont déjà faites pour un accompagnement économique fort, de la part de la France, de l’Europe et aussi des USA,. A ce titre, une islamisation forte, tout autant qu’un coup d’Etat militaire, ruineraient totalement ces perspectives de redressement, avec les conséquences financières et commerciales (et touristiques) désastreuses qui s’ensuivraient.
 
Fracture entre les élites et le peuple
 
En revanche, il existe un fossé très important entre les élites du pays et le « pays profond », fossé que la révolution n’a pas résorbé, et peut-être même aggravé. A l’évidence, si la révolution semble bien faire consensus, les motivations pour celle-ci paraissent très différentes dans l’esprit des élites et dans celui du peuple.
 
Les élites veulent la liberté et la démocratie, une plus grande participation au pouvoir politique, et plus de latitude d’action. Des revendications, qui étaient déjà strictement les mêmes du temps de Bourguiba, dont il faut rappeler, qu’il était tout sauf un démocrate.
 
Le peuple, par contre, ne fait pas de cette liberté une condition aussi fondamentale. Il a tendance, comme c’est le cas dans la plupart des révolutions, à relativiser le besoin de liberté, dont il n’a en général pas vraiment l’avantage, faute des moyens économiques et du pouvoir d’influence qui permettent d’ en user véritablement. Il exige par contre avec force ce qui est plus fondamental à ses yeux : ce qui permet de survivre, d’élever sa famille, et de grimper peu à peu l’échelle sociale, c’est-à-dire à la fois de l’ordre, de la justice et du travail.
 
C’est pour cette raison que le « peuple profond », après avoir été autrefois, il faut le courage de le dire, un fort soutien de Ben Ali, qui a beaucoup fait, par exemple, pour les infrastructures (routes, électricité, etc…) dans le sud, a validé malgré tout le rejet du « voleur » corrompu et de ses acolytes, qui ont pillé la richesse du pays. Pour ce petit peuple, qui gagne durement son pain, jour après jour, à la sueur de son front, et qui est profondément moral et intègre, la prédation arbitraire par les puissants, ne passe plus du tout. Cette révolution n’est donc pas seulement une révolution bourgeoise, elle est aussi une révolution populaire. Ce point paraît capital pour l’avenir. Or la situation demeure très précaire de ce point de vue. Alors que dans les principales villes, l’atmosphère est très calme et que l’ordre est bien assuré, la situation dans les campagnes est fort différente : il y règne un climat malsain, avec vols de troupeaux, de voitures, cambriolages, règlements de comptes, etc
 
Le pouvoir, a tenté quelques remises en ordre, tout ce qu’il fait n’est pas mauvais, loin de là. Il y a même d’excellents initiatives, comme par exemple le « Plan Jasmin », promu par le Ministre des Finances Jaloul Ayed. Mais il ne semble pas en mesure de contrôler la situation dans les campagnes, ce qui accroît la fracture sociale. Une grave erreur qu’il risque de payer au prix fort le 23 octobre. Car faute de s’adresser au peuple avec suffisamment de vigueur et de répondre à ses aspirations profondes, il se démonétise à grande vitesse,.
 
Ahmed Mestiri, le 22 juillet dernier, dans un déclaration très critique à l’égard du Premier ministre et qui a fait grand bruit en Tunisie, n’hésite pas à dénoncer cette situation qui porte en elle aussi bien le risque d’un retour du camp Ben Ali que de dérapage islamiste.
 
Dans ces conditions, les partis musulmans surtout s’ils sont « modérés » peuvent avoir un rôle stabilisateur à jouer. Le fort mécontentement du « peuple profond » a besoin de s’exprimer politiquement. Il a besoin de retrouver dans les partis politiques certains de ses « marqueurs culturels ». Or l’un d’entre eux est l’islam. Pour cette raison, il est sain, et même nécessaire, que ces partis existent, et même qu’ils soient vraiment représentatifs, pour canaliser à la fois les mécontents, et aussi les radicaux, qui sont peu nombreux, mais qui existent.
 
Face à ces deux pré requis, d’une part celui d’une société disposant de certains acquis laïcs auxquels elle tient beaucoup (surtout pour la bourgeoisie, depuis l’indépendance), et aussi économiques (pour tous, et surtout depuis Ben Ali), et d’autre part celui d’une nécessité de l’islam comme marqueur fort de l’identité culturelle, surtout auprès du peuple profond, Ahmed Mestiri estime qu’il ne servirait à rien aux politiques tunisiens de vouloir « tirer à eux les deux côtés de la couverture ». Pour lui, cela ne peut conduire qu’à l’arrachement, avec pour conséquence évidente le retour des benalistes, riches, actifs, puissants et revanchards. Et qui attendent leur heure. Ce dont personne ne veut.
 
C’est pourquoi même, s’il est difficile d’estimer le degré d’idéologie, et de « fanatisme » réels, de certains partis islamiques tunisiens, et leur influence ou leur pouvoir de nuisance, il est vrai aussi que tous les hommes politiques tunisiens d’aujourd’hui sont susceptibles de comprendre la gravité de la situation, qu’ils soient bourgeois, islamistes ou même dans l’armée… Il existe donc une base concrète et une chance pour que le bon sens, en dépit de tout, puisse prévaloir dans les mois qui viennent.
 
Certains, dont Mestiri fait partie, l’ont compris avant les autres. Ils anticipent la possible fracture politique à venir, et par conséquent tiennent déjà, par rapport aux partis islamiques, un discours très consensuel, afin de favoriser un dialogue politique où tous aient leur place. Les mieux placés sont ceux qui ne se sont pas trop « mouillés » dans un gouvernement incontestablement, trop bourgeois et insuffisamment populaire.
 
Le moment venu, si rien ne change la réalité électorale risque d’être cruelle pour la bourgeoisie tunisienne. Ces élites, qui ont tant voulu la liberté et la démocratie, vont apprendre à leurs dépens que la démocratie, ce n’est pas faire tout ce que l’on veut mais bien ce que souhaite la majorité, donc le peuple…
 
Quel sera alors le recours crédible des deux côtés ? Les candidats possibles aujourd’hui sont rares.
 
(Source: Liberté Politique le 9 septemre 2011)

Comment les islamistes peuvent sauver la révolution tunisienne (2/2)


Par Max Fischer
La campagne politique d’Ennahdha inquiète les observateurs occidentaux et les libéraux tunisiens. Mais ce parti islamiste, avec toutes ses erreurs, pourrait aider à guérir une blessure qui a pesé sur la Tunisie depuis son indépendance et qui a été au cœur de son autocratie et de son instabilité.
La révolution tunisienne de janvier 2011 n’a pas l’air d’avoir un rapport avec l’identité divisée du pays. Les islamistes, qu’ils soient Ennahdha ou autres, n’y ont apparemment joué qu’un petit rôle, formel ou informel. Si jamais, c’est une révolte au sein de la couche libérale, laïque de la société que Bourguiba avait dirigée. Les protestataires paraissaient conduits par la conviction que Ben Ali, l’héritier idéologique de Bourguiba, avait renoncé à son pacte implicite avec les Tunisiens. Dans ce pacte, le pays a laissé tomber les libertés politiques de base en échange d’une société relativement progressiste et une économie forte et dominée par la classe moyenne. Après tout, Ben Ali a gouverné avec un bras de fer pendant presque 20 ans ; ce n’est seulement quand l’économie a coulé, que le népotisme est devenu généralisé, et que lui et sa police ont été perçus comme corrompus que les Tunisiens se sont révoltés.
Ennahdha contre les pro-occidentaux
Néanmoins, l’identité tunisienne divisée persiste. Ennahdha a eu le succès le plus large dans l’organisation politique de la Tunisie révolutionnaire. Selon un article dans ‘‘The Economist’’ du 14 juillet, «pratiquement chaque sondage d’opinion place Ennahdha au top». Récemment, elle a obtenu 14%, ce qui parait dérisoire jusqu’à ce qu’on apprenne que le dauphin, un parti libéral, a eu 5%.
Ce n’est pas difficile de comprendre pourquoi : la répression très violente que le groupe a enduré et ses vingt ans d’exil l’ont doté d’une légitimité que les autres partis n’ont pas. Le paysage politique naissant de la Tunisie est tellement fragmenté que la reconnaissance que peut gagner une petite formation prend beaucoup de temps. Il y a environ 50 partis politiques aujourd’hui en Tunisie [à début septembre, ce nombre a dépassé 100, Ndlr], dont la majorité sont nouveaux. Pour comparer, la population des États-Unis est 30 fois plus large que celle de la Tunisie. Si le nombre de nos partis politiques per capita était le même, les Etats Unis en compterait 1.500.
Et il y a autre chose en jeu. Christopher Alexander a écrit dans ‘‘ForeingPolicy.com’’ que «plusieurs en Tunisie, et non seulement les islamistes, croient que les politiques tunisiennes ont été dominées depuis l’indépendance par une frange privilégiée d’élites francophones, formés dans des institutions occidentales ou de tendance occidentale, dont les vies ne ressemblent pas beaucoup aux vies de la majorité de la population».
Longtemps après le renversement de Bourguiba, sa vision de l’identité tunisienne reste aussi agressivement prédominante qu’elle l’a toujours été. La différence est qu’aujourd’hui, finalement, l’autre face de la médaille tunisienne, l’identité initialement incarnée par Salah Ben Youssef, pourrait avoir son mot à dire. Rached Ghannouchi, qui est rentré en Tunisie 16 jours après que Ben Ali l’ait quittée, n’est pas Salah Ben Youssef, mais il représente cette même partie, qui a longtemps souffert et qui a été longtemps opprimée, de la Tunisie. «Le dictateur a quitté, mais la dictature reste», a dit Ghannouchi à une foule qui est allée l’accueillir. «Dieu seul est capable de sortir la vie de la mort. Et on ne peut pas créer un système démocratique depuis un système corrompu et dictatorial».
Ennahdha craint-il la participation politique?
Le dilemme d’Ennahdha n’est pas idéologique. Le groupe semble avoir décidé de travailler sous la conviction que la Tunisie est un pays relativement libéral, laïc, et que le meilleur avenir pour Ennahdha est de réintroduire une identité islamique qui a longtemps été supprimée. Comme l’activiste tunisien Rajaa Basly a écrit dans l’‘‘Arab Reforms Bulletin du Carnegie Endowment’’: «Ennahdha est entré dans l’ère nouvelle avec un discours politique flexible, cherchant à ouvrir une nouvelle page et présenter des garanties qu’il est engagé pour les valeurs de démocratie, de droits de l’homme, de non-violence et le Code du statut personnel (Csp), qui interdit la polygamie et encourage l’égalité des sexes». ‘‘Le Temps’’ a rapporté le 6 février 2011 que Ghannouchi a déclaré que le Csp est inspiré de la charia (la loi islamique), que la polygamie est illégale, que le hijab est un choix personnel, et que la lapidation et l’amputation ne peuvent pas être utilisés pour des jugements.
Le dilemme auquel Ennahdha est confronté concerne la participation. Doit-il vraiment céder sa légitimité à un gouvernement de transition qui pourrait paraître, par moments, aussi bien dominé par des élites laïques, côtières, libérales que ceux de Bourguiba et de Ben Ali ? Le mouvement a oscillé entre prendre part dans et rester en dehors du processus transitoire.
Au début, Ennahdha a refusé de participer dans n’importe quel gouvernement transitoire mais tout en joignant le Comité de la défense de la révolution, un groupe de partis d’opposition dont la demande d’être considéré comme le parlement transitoire a été rejetée et qui a concentré ses efforts sur la protestation.
Ennahdha s’est donc activé pour prendre part au plus puissant des trois comités concernés par le processus transitoire. Ce comité a été baptisé la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, avec la participation d’Ennahdha. Puis, vers la fin du mois de mai, le mouvement a quitté l’Instance après des différends sur le sujet le plus important de la transition démocratique : la date des élections. Ennahdha les voulait le plus tôt, alors qu’il menait encore dans les sondages d’opinion. Mais d’autres entités dans la Haute instance, qui savaient que leurs propres partis avaient encore besoin de s’organiser, voulaient les reporter. Peu après qu’Ennahdha s’est retirée, les élections du 24 juillet ont été reportées à octobre.
Cet épisode insignifiant traduit le dilemme encore plus important auquel Ennahdha a fait face. Vingt ans d’opposition ont fait de lui le parti politique le plus populaire en Tunisie. Participer dans ce qui est certainement un processus compliqué (et la démocratie l’est toujours) risque de compromettre sa crédibilité difficilement gagnée. Ça leur donne aussi une responsabilité partiale d’un gouvernement provisoire imprévisible qui pourrait s’effondrer du jour au lendemain et d’un moment politiquement et économiquement instable dans l’histoire de la Tunisie. Les gens d’Ennahdha ne veulent pas rater leur grand coup dans une participation politique réelle – surtout s’ils sont capables de bien s’y comporter – mais ils se méfient de miser pour leur avenir sur une révolution qui est loin d’être accomplie.
Même si la démocratie tunisienne réussit, la participation est toujours risquée pour Ennahdha. Jouer l’opposition est une pureté facile, mais diriger veut dire prendre des décisions difficiles, qui peuvent diviser un parti réputé homogène. «La fragmentation est une menace réelle pour Ennahdha», selon Basly qui pense que le mouvement est déjà «confronté à des frictions internes». Par exemple, Abdelfattah Mourou, un de ses membres fondateurs, a récemment été écarté du parti par sa jeune génération et a depuis cherché à créer un nouveau parti pour concurrencer son ancien.
La société contre l’Etat policier
Ni l’islamisme en général ni Ennahdha en particulier n’ont joué un rôle notable dans la révolution tunisienne de janvier 2011, mais ils ont un rapport direct avec la brutalité et la corruption qui l’ont déclenchée. Ben Ali était méprisé pour plusieurs raisons, mais deux de ces raisons étaient la férocité de sa police secrète et la nature arbitraire de son règne. Avant que le malheureux vendeur de fruits Mohamed Bouzizi ne s’immole vivant en signe de protestation, il a subi l’humiliation et la torture par cette police corrompue et intouchable.
Ben Ali, comme Bourguiba avant lui, était ou incapable ou réticent de reconnaitre et d’accepter l’autre moitié de l’identité tunisienne, et donc l’avait opprimée là où il se confrontait à elle. Peut-être que Ben Ali détestait les Yousséfistes et les islamistes aussi fortement que Bourguiba (le plus vieux est apparu en direct buvant un jus d’orange en plein Ramadan). Peut-être que Ben Ali voulait construire une société tunisienne qui était plus libérale, laïque, et européenne que celle qu’il avait lui-même trouvée. Ou peut-être avait-il tout simplement peur que l’autre moitié de la société tunisienne représentât un défi inhérent à son règne.
Quel que soit le raisonnement, Bourguiba et Ben Ali ont tous deux consolidé un contrôle immense et un pouvoir tyrannique qu’ils pensaient essentiels pour éliminer les conservateurs tunisiens.
Mais l’autoritarisme pourrait être imprécis et beaucoup de Tunisiens laïcs, libéraux, ou tout simplement indifférents ont trouvé cet Etat policier sur leur chemin. Bouazizi n’était pas un islamiste ou un activiste opposant, mais il a été victime de l’Etat policier qui a été créé pour les éliminer.
Réconcilier les deux identités est la vraie révolution
La peur la plus grande pour Ennahdha – que la même classe des laïcs libéraux qui ont gouverné la Tunisie depuis l’indépendance dominera le gouvernement post-révolution – doit aussi constituer une peur pour la Tunisie. Ce n’est pas difficile de voir pourquoi Ennahdha est concerné. Beaucoup des activistes laïcs libéraux qui paraissent avoir joué un rôle dans la révolution donnent l’impression de chercher un style occidental, laïc et libéral de démocratie. Le même élan s’applique aux responsables gouvernementaux et académiciens aux Etats Unis et en Europe, qui sont en train d’envoyer des aides en argent et en soutien technocratique pour cultiver l’évolution de la démocratie dans une partie du monde qui a longtemps souffert de l’autocratie.
Pour les Occidentaux (ou pour les Tunisiens urbains et côtiers longtemps tournés vers l’Occident), ça doit paraitre l’idéal naturel, universel. Mais une démocratie qui marche est plus que des institutions, des élections transparentes et une justice indépendante. C’est un gouvernement qui embrasse l’identité de la nation et répond aux besoins du peuple. L’identité, qu’on le veuille ou non, est par moments populiste et islamique ; les besoins incluent la reconnaissance officielle et, pour beaucoup, publique de l’islam.
Le gouvernement prérévolutionnaire de la Tunisie, longtemps considéré comme l’un des plus stables de la région, représentait pendant la plus longue période de son histoire, cette partie de la société personnifiée par Habib Bourguiba, même s’il avait été non-démocratiquement élu mais il n’a jamais représenté l’autre moitié. Une faiblesse qu’il a accusée en étouffant cette identité et en déniant ses besoins sociaux et culturels.
Tout gouvernement tunisien qui exclue les islamistes, les marginalise, ou dénie leurs besoins, peu importe si cela paraît démocratique, ne va que perpétuer les contradictions et la tension qui ont mené à la chute du régime de Ben Ali.
Depuis que Bourguiba et Ben Youssef se sont affrontés durant les années qui ont précédé l’indépendance, la Tunisie est divisée. Sa division n’a été sur la base ni d’ethnie, ni de couleur, ni de religion, ni de géographie. Mais a pourtant été existentielle.
La révolution de janvier 2011 offre finalement l’occasion pour les deux parties de la Tunisie de se rapprocher et de rassembler les deux moitiés dans une identité unique de la Tunisie. Si Ennahdha et autres islamistes ont à gouverner aux côtés des libéraux et laïcs, ce sera bien plus qu’un gouvernement totalement représentatif. Ce sera un indice que les deux identités de la Tunisie ne sont pas irréconciliables, que le pays n’a pas à choisir (parmi elles). Si ce jour vient, la Tunisie aura accompli quelque chose de réellement révolutionnaire
Traduit de l’Anglais par Mourad Teyeb
‘‘The Atlantic’’: http://www.theatlantic.com/international/archive/2011/07/how-islamists-can-save-tunisias-revolution/242559/
Source: »Kapitalis » Le 09-09-2011
Lien: http://www.kapitalis.com/fokus/62-national/5782-comment-les-islamistes-peuvent-sauver-la-revolution-tunisienne-22-.html

A propos de la vraie fausse alliance d’Ettakatol avec Ennahdha


Par Mohamed Aziz Fetni
Ettakatol ne considère pas Ennahdha comme un «ennemi», mais comme un «adversaire politique». Des partis qui redoutent la montée de ce parti lui ont inventé une alliance avec Ennahdha.
La montée en puissance d’Ettakatol ces dernières semaines et le capital sympathie perceptible auprès de la population tunisienne représente au yeux de certains partis une réelle menace électorale, ces partis ayant adopté une stratégie basée sur la diabolisation d’Ennahdha, n’ont pas trouvé mieux que de lancer des rumeurs infondées notamment sur les réseaux sociaux, sur une possible alliance d’Ettakatol avec le «diable» désigné.
La différence entre ces partis et Ettakatol, c’est que ces partis prônent l’exclusion alors qu’Ettakatol prône la tolérance ; ces partis qualifient Ennahdha «d’ennemi», alors qu’Ettakatol le qualifie d’«adversaire politique».
Ces différences de positions et de vues ont permis à ces partis de créer la confusion chez certaines personnes et de lancer des rumeurs sur cette alliance, qui est en réalité contre les fondements même d’Ettakatol.
Lors d’un Tweet-débat qui a eu lieu le 25 août à Paris, Khelil Ezzaouia, numéro deux du parti et membre du bureau politique, a été clair sur la question de la coalition. Il a répondu en substance : «Nous n’envisageons pas de coalition pré-électorale. Après le 23 octobre, nous envisageons la formation d’une majorité et d’un gouvernement issu des partis de centre gauche sur la base d’un programme socio-économique commun».
Mustapha Ben Jaafar, secrétaire général du parti l’a répété à plusieurs reprises : Ettakatol est contre toute forme d’alliance ou de regroupement car cela est contre le principe même du multipartisme pour lequel Ettakatol a tant lutté durant la période de la dictature de Ben Ali, mais il estime par contre qu’une coalition avec des partis de centre-gauche ayant un projet de société moderniste est possible au sein d’une majorité à l’assemblée constituant
Source: « Kapitalis » Le 10-09-2011
Lien: http://www.kapitalis.com/politik/72-partis/5783-a-propos-de-la-vraie-fausse-alliance-dettakatol-avec-ennahdha.html

Independent Democratic Alliance: Constituent Assembly’s Mission Shouldn’t Exceed One Year


 
In a press conference held on September 9th, 2011 in Tunis, Abdelfattah Mourou, head of the Independent Democratic Alliance and its coordination committee presented its program for the constituent assembly.
The Independent Democratic Alliance, which is composed of independent candidates, former members of political parties and representatives of Al-Likaa (The Meeting) and National Movement parties specified that a consensus between political parties and independents is necessary.
Its members did not call for a referendum, but they want the actors of the political life in Tunisia to agree on prerogatives for the Constituent Assembly. The agreement should determine the main line of work of the assembly, and the choice of the president of the republic as well as the second interim government. The chosen government’s members should not intend to get elected for presidential or legislative elections later on.
The head of the Alliance, Abdelfattah Mourou, also blamed political parties for the large amounts of money they wasted in advertisements, while they could have had to use this money in the edification of political culture and the definition of institutions, so people could clearly make the right choice during the elections.
The spokesman of the Alliance, Slaheddine Jourchi, announced that the referendum won’t be applicable since the High Authority for the Achievement of the Revolution’s Objectives (HAARO) said that a referendum is impossible. He added that the reasons presented by those who applied for the referendum should not be ignored.
He also added that the mission of the Constituent Assembly should not exceed a year, so the transitional period would end. He precised that the elections of the Constituent Assembly will help to regain a certain credibility.
The Independent Democratic Alliance says it wants to defend the values of justice, dignity and freedom that led to the Tunisian revolution. It mainly relies on its members, which represent its real power to do so and which, according to Slaheddine Jourchi,does not have any relation with any political party, including Ennahdha.
In addition to this press conference, the Independent Democratic Alliance presented its electoral lists which are headed by Abdelfattah Mourou in Tunis II electoral district, Monji Kaabi in Tunis I, Sleheddine Jouchi in Ariana district, Moncef Sliti in Ben Arous and Radhouane Masmoudi in Bizerte. The only woman to head an electoral list is Najoua Ali in Zaghouan.  
Source: « Tunisia Live » Le 10-09-2011
Lien: http://www.tunisialive.net/

Tunisia is leading the way on women’s rights in the Middle East


Tunisia is the first country in the region to withdraw reservations to the UN convention granting equal rights to men and women
Last December, Tunisians rose up against their dictator, triggering a political earthquake that has sent shockwaves through most of the Middle East and north Africa. Now, Tunisia is leading the way once again – this time on the vexed issue of gender equality.
It has become the first country in the region to withdraw all its specific reservations regarding Cedaw – the international convention on the elimination of all forms of discrimination against women.
This may sound a rather obscure and technical matter but it’s actually a very important step. It reverses a long-standing abuse of human rights treaties – especially in the Middle East – where repressive regimes sign up to these treaties for purposes of international respectability but then excuse themselves from some or all of their obligations.
Saudi Arabia, for example, operates the world’s most blatant and institutionalised system of discrimination against women – and yet, along with 17 other Arab states, it is also a party to Cedaw. It attempts to reconcile this position through reservations saying it does not consider itself bound by any part of the treaty which conflicts « with the norms of Islamic law ».
In effect, the Saudi government claims the right to ignore any part of Cedaw it doesn’t like. The « norms of Islamic law » is a meaningless phrase because the Sharia has never been formally codified. There are various methods of interpreting it and scholars often disagree in their interpretations. The « norms of Islamic law » thus means whatever the Saudis choose it to mean.
Saudi Arabia is probably the most extreme case of using « Islamic law » to negate the effects of human rights treaties but, among the other Arab countries, Bahrain, Egypt, Iraq, Kuwait, Libya, Mauritania, Morocco, Oman, Syria and the UAE have also lodged Sharia-based reservations to Cedaw.
Although the ousted Tunisian regime deprived citizens of many political rights, the country’s record on women’s rights has been relatively good – at least in comparison with other parts of the region. It was one of the first countries to sign up to Cedaw – way back in 1980 – and women accounted for more than 20% of its members of parliament.
Despite that, Tunisia had lodged a series of reservations to clauses in Cedaw which grant equal rights to men and women in family matters, including:
• Equal rights to pass on nationality to their children.
• Equal rights and responsibilities in marriage and divorce.
• Equal rights in the guardianship and adoption of children.
• Equal personal rights as husband and wife, including the right to choose a family name, a profession and an occupation.
• Equal property rights.
Tunisia had objected to these on the grounds that they conflicted with its nationality code and its personal status code. The point of international conventions such as Cedaw, though, is that they take precedence over local laws. Countries that sign up to them are expected to amend their local laws in order to comply with international standards, not exempt themselves from selected parts of the convention.
The decision by Tunisia’s temporary government to withdraw these reservations is thus seen as a first step towards amending the laws once a new parliament has been elected.
One possible hiccup is that the government has retained one general reservation which says Tunisia will not take any legislative action which conflicts with Chapter 1 of the constitution. Chapter 1 includes a statement that the country’s religion is Islam – which could lead to some Sharia-based arguments for keeping the law unchanged – but Human Rights Watch suggests this is unlikely. Until now, Tunisia has not used Chapter 1 as an excuse for maintaining laws or practices that violate Cedaw.
So there is a fair chance that within a few months Tunisia will be making a serious effort to meet its obligations under Cedaw and again setting an example for others in the region to follow.
Source: « The Guardian » Le 09-09-2011

Lire aussi ces articles

24 octobre 2009

Home – Accueil TUNISNEWS 9 ème année, N° 3441 du 24.10.2009  archives :www.tunisnews.net   Human Rights Watch: Tunisia: Elections in an

En savoir plus +

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.