AFP, le 11 mai 2010 à 14h51 BRUXELLES, 11 mai 2010 (AFP) -La Tunisie et l’Union européenne, déjà liées par un accord d’association, ont lancé mardi à Bruxelles des négociations en vue d’un renforcement de leurs relations, sans “tabous” y compris sur la question sensible du respect des droits de l’Homme. Un accord a été trouvé sur “la formation d’un groupe de travail dans la perspective d’un statut avancé” qui serait accordé par l’UE à la Tunisie, a déclaré à la presse le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires européennes Diego Lopez Garrido, dont le pays préside l’UE. Il s’exprimait à l’issue d’une réunion avec le commissaire européen en charge de la politique de voisinage, Stefan Füle, et le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane. Il s’agira notamment d’intensifier le dialogue politique et les relations commerciales, a précisé M. Füle, ajoutant que l’UE et la Tunisie étaient d’accord pour dire qu’il “n’y a pas de tabous”, y compris sur les questions de droits de l’Homme et les libertés fondamentales. Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, dénoncent régulièrement les atteintes à la liberté d’expression et la répression des anciens prisonniers politiques en Tunisie. Ils dénoncent aussi le non respect de la liberté de la presse et le harcèlement de journalistes. Les négociations en vue d’un statut avancé aborderont également la question des migrations, a aussi estimé M. Füle. “Notre demande d’accéder à un statut avancé est une indication de l’engagement de la Tunisie sur cette voie des réformes politiques qui ne date pas d’aujourd’hui”, a affirmé de son côté Kamel Morjane. Le gouvernement tunisien continuera “à travailler pour plus de liberté, pour plus de démocratie, d’une façon réfléchie, d’une façon sûre, pour permettre à notre pays de continuer à avancer comme il l’a fait au cours des 20 dernières années”, a-t-il dit. Bruxelles espère parvenir à un résultat sur le statut avancé “cette année”. En novembre 2008, Tunis avait exprimé son désir d’obtenir un “statut avancé” de l’UE. La Tunisie et l’UE avaient conclu en 1995 un accord de partenariat, le premier du genre à lier un pays du sud de la Méditerranée à l’Europe. Le Maroc est le seul pays de la région à détenir ce statut. La Tunisie et l’UE sont jusqu’à présent liées par un accord d’association et un plan d’action de la politique européenne de voisinage expirant en 2010. Ces accords assortis d’importants financements européens ont déjà permis l’instauration d’un partenariat économique et stratégique avec l’abolition des barrières douanières sur les produits manufacturés, ainsi qu’une collaboration en matière de sécurité et de flux migratoires. AFP
Tunisie: raz-de-marée du parti au pouvoir aux élections municipales
Associated Press, le 10 mai 2010 à 17h42 TUNIS (AP) –Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), au pouvoir, a obtenu 90,67% des suffrages aux élections municipales organisées dimanche en Tunisie, selon les résultats officiels annoncés lundi devant la presse par le ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem. Selon le ministre, le taux de participations était de 83,47%. Quelque 3,1 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Présents dans seulement 83 des 264 circonscriptions électorales, toutes couvertes par le RCD, les cinq partis de l’opposition modérée et les candidats indépendants en lice, n’ont pu récolter, quant à eux, que 413 sièges (9,33%), soit 105 sièges de plus que lors des élections de 2005. Ces derniers, outre leur faible audience par rapport au mastodonte RCD, implanté dans les moindres recoins du pays et fort de plus de 2,5 millions d’adhérents, selon ses dirigeants, ont été encore plus fragilisés par l’invalidation de 86 de leurs listes pour “non-conformité aux conditions légales”. Le parti au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali a, de ce fait, fait cavalier seul dans nombre de circonscriptions pour dépasser les 75% de sièges que lui autorise le code électoral, voire s’y approprier les 100%. Trois formations de l’opposition radicale se sont abstenues de participer à cette consultation. Si le Parti démocratique progressiste (PDP) a décidé depuis plus d’un mois de boycotter un scrutin “sans véritable enjeu” en raison du “climat politique caractérisé par le verrouillage”, le mouvement Ettajdid (Le Renouveau) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDLT) s’y sont timidement engagés par le biais des listes indépendantes. AP
L’Internet tunisien en Ammar
par Camille Gévaudan
A l’approche des élections municipales du 9 mai, Ammar fait claquer ses grands ciseaux avec un acharnement spectaculaire. Les sites Internet les uns après les autres : d’abord des blogs, puis des sites d’actualité, des médias nationaux et étrangers, et enfin des plateformes de partage de photos ou de vidéos. La toile prend des airs de désert post-apocalyptique. Il devient presque difficile de trouver des pages fonctionnelles au cours de la navigation.
Ammar, parfois surnommé « Ammar les ciseaux » ou « Ammar 404 » en référence aux erreurs 404 non found qui ornent les pages des sites disparus, est une personnification de la censure d’Internet en Tunisie. Son nom est celui d’un ancien ministre de l’Intérieur puis des Communications, Habib Ammar. Il s’agit aujourd’hui d’un personnage sans visage, que les internautes situent précisément dans les bureaux de l’Agence Tunisienne d’Internet (ATI), le premier fournisseur d’accès du pays également chargé de « promouvoir » Internet sous la tutelle du ministère des communications. Un personnage que l’on tutoie, pour le supplier d’assouplir ses méthodes, lui adresser des réclamations ou l’insulter.
La série noire des erreurs 404 a commencé fin avril, soit quelques jours avantla libération du journaliste Taoufik Ben Brik. Alors que YouTube et Dailymotion étaient déjà bloqués en Tunisie depuis plus de deux ans, Blip.tv, Metacafe et Vidoemo ont toutes trois été bannies au cours de la même semaine. Wat.tv a rapidement suivi, pour parfaire la décapitation des plateformes vidéo et, sans doute, minimiser la couverture médiatique de la sortie de prison. Ce fut le tour, ensuite, du site de partage de photos Flickr et de nombreux sites d’information français tels que ReadWriteWeb,le Nouvel Observateur, Rue89, 20 minutes… Dans quelques autres médias, dont le Monde, seuls les articles traitant de la politique ou de la liberté d’expression en Tunisie sont rendus inaccessibles.
Il arrive même aux sites particulièrement sensibles d’être hackés, comme l’explique à France24 le blogueur Sami Ben Gharbiya, cofondateur de la plateforme Nawaat censurée en Tunisie depuis une éternité : « Le gouvernement a également la possibilité de hacker certains sites pour les rayer de la Toile (c’est le cas de Nawaat, par exemple) ; il emploie des hackers professionnels pour faire ses basses œuvres. Ce genre de pratique décourage les responsables des sites. Certains craquent et abandonnent parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent rien contre les censeurs… »
Alors que plusieurs pages tentent de recenser avec exactitude les blogs censurés (ici,là ou encore là), une protestation pacifique commence à s’organiser chez les internautes révoltés et les défenseurs de la liberté d’expression. L’opération a un nom de code, « Sayeb Sala7 », et un slogan, « Free404 », également utilisés comme mots-clés sur Twitter (#SayebSala7 et #free404) pour faire circuler les informations. La vidéo réalisée pour relayer le message a rapidement disparu de Vimeo, mais elle est réapparue quelques heures plus tard sur Facebook où la page « officielle » du mouvement compte près de 13 000 fans.
Photos tirées des blogsammar404 etammar405
Le principe de l’opération rappelle un peu le soutien aux Iraniens qui a été organisé sur Twitter en 2009, avec l’adoption massive d’un avatar de couleur verte. Pour participer à Sayeb Sala7, les internautes se prennent en photo avec le message qu’ils souhaitent adresser à Ammar :</censure>
, un jeu de mot informatique symbolisant la fin de la censure.
(Source: “Libération” (Quotidien – France) le 7 mai 2010
Lieberman ira à la réunion de l’UPM malgré l’opposition du Caire et de Damas
AFP, le 11 mai 2010 à 10h13 JERUSALEM, 11 mai 2010 (AFP) – Le ministre israélien des Affaires étrangères, l’ultranationaliste Avigdor Lieberman, a annoncé mardi qu’il prendrait part au sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM) en juin à Barcelone, malgré l’opposition de pays comme l’Egypte et la Syrie. “J’ai l’intention d’y être et j’y serai. Nous ne nous imposons pas, mais personne n’a le droit de déterminer la composition de la délégation israélienne”, a affirmé à la radio publique M. Lieberman depuis Tokyo où il est en visite. Il était interrogé sur une information du quotidien israélien Haaretz selon laquelle plusieurs pays arabes, dont l’Egypte et la Syrie, ont menacé de boycotter ce sommet si M. Lieberman était présent. Chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, M. Lieberman avait provoqué une polémique en affirmant par le passé que le président égyptien Hosni Moubarak, qui refuse de se rendre en Israël, pouvait “aller au diable”. Il est aussi décrié dans le monde arabe pour ses positions dures vis-à-vis des Palestiniens, dont il récuse le droit à avoir un Etat. “Avec les Espagnols nous avons été très créatifs, très souples, et nous sommes arrivés avec eux à des arrangements, nous avons accepté toutes leurs demandes. Désormais, le problème n’est pas entre nous et l’Egypte ou la Syrie, mais entre l’Espagne la Syrie et l’Egypte, c’est une gifle infligée à l’Espagne”, a ajouté M. Lieberman. “Nous ne boycottons personne et ceux qui ne viendront pas c’est leur problème”, a-t-il souligné. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a l’intention “de prendre part au sommet”, a affirmé mardi à l’AFP un responsable de son bureau sans autre précision. Selon Haaretz, M. Netanyahu devrait diriger la délégation de son pays. En avril, l’Espagne avait demandé à M. Lieberman alors en visite à Madrid de soutenir l’UPM et les efforts de paix aux Proche-Orient. Selon les médias espagnols, l’Espagne redoute que le conflit israélo-palestinien fasse capoter le sommet de l’UPM. En avril, une conférence de l’UPM sur l’eau s’était soldée par un échec en raison d’un différend israélo-arabe sur une référence aux “territoires occupés” palestiniens. En 2009, le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit avait affirmé que le refus de rencontrer M. Lieberman dans le cadre de l’UPM constituait une “position commune” arabe, et pas seulement celle du Caire. Cette position avait conduit à l’époque au report sine die d’une réunion ministérielle de l’UPM prévue à Istanbul. Lancée en 2008 et regroupant 43 pays (les 27 de l’UE, Turquie, Israël, les pays arabes riverains de la Méditerranée), l’UPM ambitionne de surmonter les crises politiques à travers des projets concrets de coopération sur l’eau, la dépollution ou l’énergie. AFP
Libya, EU see first partnership pact this year
Reuters, le 11 mai 2010 à 11h49 * Agreement could boost trade, curb illegal migrants * Libya a lucrative source of revenue for EU firms * Bloc soon to open first embassy in Tripoli * EU-Libya spat over visas now resolved By Salah Sarrar TRIPOLI (Reuters) – Officials from the European Union and Libya said they were on track to sign their first cooperation pact this year, cementing ties that bring EU countries lucrative trade and help control illegal immigration. The EU lifted sanctions on energy exporter Libya in 2004 after the country’s leader, Muammar Gaddafi, renounced illegal weapons programmes, but the bloc still has no formal relations and no representative mission in Libya. Diplomatic ties suffered a setback earlier this year when Tripoli, angered that Switzerland was barring entry to senior Libyans including members of Gaddafi’s family, stopped issuing visas to most Europeans, but that row has since been resolved. The so-called Association Agreement under negotiation between Libya and the EU will create a legal framework which could eventually lead to free trade and more cooperation on stemming the flow of illegal migrants from Africa to Europe. “Some chapters related to trade are still under discussion and probably the agreement will be signed before the end of this year,” Mohamed Siala, Secretary for Cooperation at the Libyan Foreign Ministry, told Reuters. An EU envoy said the next round of talks on the agreement would be early next month. “We hope to finalize it maybe by the end of the year,” said Adrianus Koetsenruijter, head of the bloc’s delegation to neighbouring Tunisia. The ambassador also told Reuters the EU would for the first time set up a diplomatic mission in Libya, and that he expected it to be open before the end of the year. “Since we have started to establish for the first time relations between the EU and Libya, we need to have a presence on the spot, an embassy in fact of the EU,” he said. “That always takes a bit of time to decide but I just finalised an agreement on establishing such an office here,” he said on a visit to the Libyan capital. TRADE PARTNER Energy exporter Libya has become a major source of revenue for European firms. Italy’s ENI and Spain’s Repsol are big players in the oil and gas sector while aerospace firm EADS has sold aircraft to Libya. Libya’s sovereign wealth fund has invested in European companies, with a focus on former colonial power Italy. It has a stake in Italy’s second biggest bank, Unicredit and a small share in carmaker Fiat. EU states and especially Italy also rely on Libya’s police and coastguard to apprehend migrants, most of them from sub-Saharan Africa, who try in large numbers to cross the Mediterranean and enter Europe illegally. Libya’s decision to stop issuing visas to most European citizens was linked to a row with Switzerland that began in 2008 when Gaddafi’s son Hannibal was arrested in Geneva on charges — which were later dropped — of mistreating two employees. Tripoli started issuing visas again after the EU lifted travel restrictions on Libyans and expressed its regret over the affair. Libya’s Foreign Minister said after the EU’s climb-down that ties were back to normal. REUTERS
France: le voile intégral va être jugé contraire aux valeurs républicaines
AFP, le 11 mai 2010 à 12h38 PARIS, 11 mai 2010 (AFP) -Paris – Les députés français devaient voter mardi soir une résolution stipulant que le voile intégral est contraire aux valeurs républicaines, première étape consensuelle avant l’examen en juillet d’un projet de loi plus controversé interdisant niqab et burqa dans l’espace public. La résolution est un acte solennel mais symbolique n’ayant pas force de loi ni pouvoir contraignant. La majorité de droite et l’opposition socialiste voteront la proposition de résolution proclamant que “les pratiques radicales attentatoires à la dignité et à l’égalité entre les hommes et les femmes, parmi lesquelles le port d’un voile intégral, sont contraires aux valeurs de la République”. Le texte affirme que “l’exercice de la liberté d’expression, d’opinion ou de croyance ne saurait être revendiqué par quiconque afin de s’affranchir des règles communes au mépris des valeurs, des droits et des devoirs qui fondent la société”. La résolution juge en outre “nécessaire” que “tous les moyens utiles soient mis en oeuvre pour assurer la protection effective des femmes qui auraient subi des violences ou des pressions, et notamment auraient été contraintes de porter un voile intégral contre leur gré”. Le port du voile islamique intégral –burqa ou niqab– concerne moins de 2.000 femmes en France, selon les autorités, sur un total de 5 à 6 millions de musulmans. Son éventuelle interdiction a fait l’objet d’un vif débat dans le pays depuis des mois, suscitant un sentiment d’exaspération chez de nombreux musulmans qui dénoncent une stigmatisation. Le Conseil français du culte musulman, organe représentatif des musulmans de France, aurait ainsi “préféré que la résolution parlementaire porte sur tous les intégrismes, pas seulement sur ce phénomène ultra-minoritaire”, a souligné mardi son président Mohammed Moussaoui. La résolution parlementaire précède le projet de loi qui interdira le port du voile intégral dans tout l’espace public, y compris dans la rue. “La résolution, c’est pour expliquer. La loi, c’est pour agir”, résume le chef des députés de la majorité de droite Jean-François Copé pour justifier les deux étapes. Le texte du gouvernement, en cours de finalisation, sera présenté en Conseil des ministres le 19 mai. Il stipulera que “nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage” sous peine d’une amende de 150 euros. Sur ce projet de loi, pas de consensus en vue en revanche. Si la classe politique est unanime pour condamner le port du voile intégral, gauche et droite divergent sur la voie à emprunter. Le Parti socialiste défend ainsi son propre texte, seul à même, selon lui, de bannir le voile intégral de manière juridiquement incontestable. S’appuyant sur un avis rendu fin mars par le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative, il veut l’interdire dans les seuls services publics, transports et commerces, ainsi que pour les mineurs. Une interdiction dans la rue risque en effet d’être jugée inconstitutionnelle, selon l’avis de nombreux juristes. Le projet de loi sera examiné par l’Assemblée nationale début juillet pour une adoption prévue en septembre. Une période de six mois de “médiation” précèdera la verbalisation des femmes portant le voile intégral, effective alors au printemps 2011. La France serait alors le deuxième pays européen après la Belgique où le port du voile intégral serait interdit dans tout l’espace public. D’autres pays, comme la Suisse, les Pays-Bas ou l’Italie, réfléchissent à une interdiction partielle.