Tunisie : la maison de presse Dar El Anwar n’est pas à vendre
Le 1er juin, 54 ans après…
L’avènement du « combattant suprême » en grande pompe il y 54 ans est passé inaperçu ou presque, en cette année d’élection présidentielle qui devrait se tenir le 21 novembre 2009. A chacun son règne et ses souvenances républicaines, à la Tunisie ses réminiscences, aussi lointaines que le temps ou le spectre des empires déliquescents… La mémoire d’un pays n’est « effaçable » ni par les hagiographes ni par les hérauts de circonstance… Au contraire, l’histoire « petite ou grande » finira toujours par rejaillir sur les générations présentes et futures, en rupture forcée avec leurs ancrages archétypaux… Un pays se doit d’assumer son passé ne serait-ce que pour éviter les troubles et erreurs commis par nos légataires, dans la seule perspective de regarder le futur avec attrait et appétence sans exclusivisme ni suzeraineté outranciers !
Par cet extrait du journal inédit de feu mon père, Rachid Kacem, j’ai voulu faire renaître ces moments historiques tels que vécus, en direct, par ces jeunes intellectuels Tunisiens, alors déchirés entre l’euphorie et la consternation… Entre le leader Bourguiba et le Leader Ben Youssef… Entre une monarchie constitutionnelle post coloniale et une république de personnification inévitable, eu égard au profil irrésistible et irascible du futur « père » consubstantiel de la nation ; dont le présent ne l’a pas retenu comme étant l’indéboulonnable « grand-père » posthume de cette même nation, au même titre que la famille beylicale qui, malgré ses 252 années de règne, fut quasiment effacée de la mémoire collective des Tunisiens, enfants de la patrie indépendante !
« 1er juin 1955
La ville a pavoisé depuis la veille… Des autocars, des voitures de louage ne cessaient depuis quelques jours d’apporter des convois de Tunisiens de toutes les villes de l’intérieur, des patelins les plus éloignés, les plus reculés… C’est que Bourguiba avait été libéré et autorisé à retourner ce jour dans son pays d’origine… Une foule indescriptible avait déjà envahi le port de la Goulette, depuis la nuit c’était un défilé interminable de compatriotes qui venant à pied, qui par des moyens de locomotion les plus divers, qui par les trains qui n’avaient nullement cessé leur trafic pendant cette veillée solennelle, déferlaient tous dans un calme remarquable sur le lieu de pèlerinage.
Le matin au réveil toute la ville de la Marsa était pavoisée aux couleurs tunisiennes… Le drapeau rouge avec le croissant et l’étoile bat pavillon partout… Les voitures seront également enveloppées dans des grands drapeaux nationaux. Pleins à craquer, les trains bondés au retour de Tunis, presque vides pour l’aller vers la capitale. De mon train de 9h15, je voyais les essaims de patriotes remontant la grande route Tunis-Marsa par tous les moyens possibles et imaginables de déplacement… La Porte de France, le Passage, son presque vides, la ville européenne a en général fermé ses magasins et l’activité y est morte… A la ligne de démarcation entre elle et la ville dite arabe, les trottoirs s’emplissent d’une foule en liesse, attendant dans la joie et l’allégresse, le retour du leader… Une police formée de jeunes destouriens avec brassards aux couleurs nationales, endigue avec une égale courtoisie ces flots d’êtres humains dont la densité croit à chaque minute… Aux points stratégiques, des camions militaires se tiennent un peu en retrait dans les passages pour faire sentir la pérennité de la présence française ici-bas !
Les trains pleins à craquer d’une jeunesse déchaînée dans un élan d’enthousiasme indescriptible, circulent sans cesse derrière les klaxons des autos pavoisées, battent la cadence avec l’hymne chanté en chœur par tous les voyageurs permanents de cette mémorable journée il est arrivé Bourguiba.
Sur les toits, les femmes voilées ou non lancent sans cesse leurs youyous qui sortent franchement d’un cœur unanimement ouvert pour se mêler à la symphonie générale… De jeunes gamins ont déjà gagné les toitures des trains, et s’exhibent dans des danses joyeuses défiant la mort que la perche électrique offre gracieusement à quelques centimètres à côté…
Deux heures de l’après-midi, sur la grande avenue dite encore Gambetta, un jeune homme accroché à un énorme poteau annonce l’arrivée du leader.
L’auto découverte passe dans la grande place, un foulard rouge jeté sur les épaules, un sourire doux et majestueux sur les lèvres, Bourguiba debout entre ses meilleurs lieutenants, répond aux frénétiques applaudissements et cris de joie du peuple.
Les larmes coulent d’elles-mêmes des yeux de cette foule qui ne vit que dans l’image d’un être humain symbole de vingt années de lutte, de déchirements, de deuils, de tortures. Tout le monde pendant cette période a plus ou moins apporté dans le combat, sa contribution de sacrifices, de privations, de résistance latente ou déclarée. Chacun croit dans cette ultime seconde de correspondance, récolter les premiers fruits d’une OEuvre ingrate et sacrée : celle de son indépendance. Les mélaouistes, en grand apparat ferment les haies, et les réjouissances continueront encore quelques jours…
20 juin 1955
Les journées passent, le pauvre leader commence à sentir peser sur ses épaules les lourdes responsabilités qu’il avait spontanément acceptées au nom de notre peuple malheureux.
Les cris d’enthousiasme, les banquets de circonstance, les fanfares improvisés, les ivresses des nuits d’orgie et des soirées de gala, ne pouvaient durer indéfiniment… Les âmes et les personnes n’étaient rassasiées que pour un certain temps. Toutes les attentions étaient concentrées sur les apports éventuels de l’avenir ! … Et rien ne semble encore pointer à l’horizon de ce coté. Rien qui laisse prévoir dans la texture des conventions, sur lesquelles le voile se lève déjà, une amélioration consistante dans le sort réel de notre peuple… Le leader continue à occuper le temps de la clique d’optimistes qui s’était groupée autour de lui, en s’exhibant dans toutes sortes de manifestations… Et jusqu’au jour où on aurait épuisé tout le programme des réceptions données par les habitants des contrées les plus éloignée de notre pauvre pays, il y aurait des bouches à nourrir et des penchants à satisfaire sans arriver à la mise en application des réformes issues de la promesse d’autonomie interne.
Le peuple se sent las pour ne pas parler encore de déception ouverte ou caractérisée, les gens se sentent sortir doucement d’un rêve, et cet état d’expectative assez brutale est mis à profit par la clique dominante et sous-dominée du pauvre leader pour assouvir leur amour d’hégémonie par n’importe quels moyens. Tout le monde semble devoir se maintenir dans ses privilèges où ce qu’il croit tels !
Le leader est amené à faire des visites inopinées au contrôle civil et à faire des discours enflammés sur la nécessité de la coexistence des deux peuples français et tunisiens. Beau thème de propagande pour nos occupants qui ne trouveraient pas meilleur homme pour une fervente et laborieuse diffusion.
Et voilà comment à chaque occasion, nous devons perdre la face et l’honneur… »
Hichem Kacem
Ecrivain et Créateur du Ruban de la Paix
LE BON CHOIX AU BON MOMENT
Quelques mois nous séparent d’un rendez vous important dans la vie politique en Tunisie. Les législatives et les présidentielles d’octobre 2009 avancent d’un grand pas. Nous allons devoir choisir en toute sérénité la personne, voire l’équipe qui aura la charge de gérer les affaires du pays pendant les prochaines cinq années. La Tunisie, qui n’est pas isolée de ce monde qui passe par une zone de turbulence économique, s’en sort allègrement grâce à une politique économique et sociale bien dosée. Cette politique dont les indicateurs internationaux indépendants disent beaucoup du bien et la classent souvent au premier rang parmi les pays arabes et africains, et, en bonne place parmi le concert ces nations. Elle ne doit sa réussite qu’au labeur de son vaillant peuple et à la politique menée par le président BENALI, qui prône comme chacun le sait l’équité et la stabilité. Personne n’ignore les rapports du forum de Davos et autres institutions dignes de confiance et d’impartialité, tels rapports qui reflètent la réussite exemplaire, grâce aux choix d’une politique réaliste. Sur le plan politique, nous pouvons nous orgueillir, nous les tunisiens, des avancées notables dans ce domaine. N’en déplaise à ceux qui continuent à douter des résultats accomplis. Ceux là mêmes qui trouveront toujours, et quelques soient les circonstances, matière à critiquer, non pour aider à avancer, mais pour saper et entraver la marche vers une démocratie et un pluralisme adaptés à nos besoins. La Tunisie forte de neuf partis politiques de toutes tendances et de plus de 9000 associations, n’a rien à envier aux pays dits avancés. La campagne électorale qu’on aura à mener nous dévoilera la maturité de notre peuple. Le tunisien saura choisir en connaissance de cause. Ce qui frappe en ce moment c’est cette crue de mots et de discours fallacieux, dont les auteurs qualifient de débat d’idée. Pour ma part je ne vois aucun débat d’idée, au contraire, on s’aperçoit d’une volonté de nuire à travers des attaques non fondées et des diffamations contre tel ou tel acteur de la vie économique ou politique tunisienne. Ce n’est pas de cette façon que l’on croit faire évoluer les choses, ce n’est pas en colportant des mensonges que l’on croit tromper le peuple. Les tunisiens avertis sauront choisir le bon grain de l’ivraie. Pour ma part, mon choix est déjà fait, il est celui de l’efficacité, celui de l’intérêt de la Tunisie et de son peuple, je renouvelle ma confiance au président BENALI pour les cinq années à venir. Noureddine Chafai
Les Tunisiens parlent de la fraude lors des examens
ParJamel Arfaouipour Magharebia à Tunis – 01/06/09Pour certains élèves tunisiens, la tricherie semble être la seule manière de répondre aux exigences des programmes scolaires modernes. D’autres expliquent qu’ils devraient passer plus de temps à étudier plutôt que de s’adonner à la solution de facilité.
De nombreux professeurs tunisiens constatent une aggravation du phénomène de la tricherie aux examens. A l’approche des épreuves annuelles du bac, ils sont nombreux à affirmer que même les bons élèves ont parfois recours à des méthodes peu orthodoxes. Certains élèves attribuent leur comportement à ce qu’ils estiment être un “calendrier peu équilibré des sujets” et affirment être “extrêmement surchargés”.
Interrogés par Magharebia, ils sont prêts à fournir une explication.
“Croyez-moi, je suis quelques fois obligé de tricher sur certains sujets, pas tous”, explique Nader, élève de terminale. “Les programmes sont surchargés en Tunisie et je dois obtenir de bons résultats pour faire plaisir à mes parents, qui ne savent pas et ne demandent pas comment j’ai obtenu tel ou tel résultat.”
Un autre élève, Feras, explique avoir choisi une filière littéraire parce qu’il a horreur des maths. “Mais ce sujet continue de me hanter, ce qui me contraint à tricher. Je ne comprends pas pourquoi le ministère de l’Education insiste pour imposer des maths aux élèves de lettres.”
Mais de nombreux élèves considèrent la fraude comme une tentative d’échapper à la réalité.
Senda Azizi explique que nombre de ses camarades préfèrent “se la couler douce” pendant toute l’année, mais “en fin d’année, quand le filet se resserre sur eux, ils choisissent la voie de la facilité – la tricherie et rien d’autre”.
Elle explique à Magharebia que ces élèves “passent alors des nuits entières à préparer et organiser [la tricherie] au lieu d’étudier leurs cours.”
Selon Mohamed Essid, inspecteur dans l’enseignement public, ce phénomène touche aussi bien les filles que les garçons, en particulier chez les élèves de lycée et les étudiants.
Il se dit cependant confiant dans le fait que la tricherie n’aura aucune incidence réelle sur le bac. “Les contrôles et le système des examens ne peuvent être contournés que dans des cas très rares”, explique-t-il.
Chaque année, le ministère de l’Education publie les règlements de conduite lors des examens et la liste des sanctions encourues par les contrevenants. Selon ce règlement, élèves et étudiants doivent laisser tous les appareils électroniques, documents et livres à l’extérieur des salles d’examen. Au début de chaque session d’examen, ils doivent également montrer leurs cartes d’identité et leur convocation à l’examen, et remettre leurs cartes d’identité aux deux surveillants pour confirmation lorsqu’ils rendent leurs copies. Ils ne sont pas autorisés à quitter la salle pour quelque raison que ce soit avant d’avoir rendu leurs copies.
Ceux qui arrivent en retard ne peuvent entrer en salle d’examen. Si ce retard est dû à un cas de force majeure, ils doivent s’adresser au responsable du centre d’examen.
Malgré ces mesures strictes, les observateurs du ministère de l’Education ont pu constater deux cas de fraude lors des derniers examens du bac – un dans la province de Kairouan, l’autre dans celle de Sousse.
La fraude, la tentative de fraude ou l’aide à la fraude constituent des atteintes graves au règlement, qui peuvent entraîner l’annulation de la copie des élèves concernés. La fraude sur les notes peut également annuler un examen.
De plus, toute personne prise en train de tricher peut être expulsée de l’école publique et se voir interdire de repasser l’examen pour une durée pouvant, dans certains cas, être de cinq ans.
Pour certains enseignants, le temps des examens est synonyme de travail de police. “Chaque fois, nous découvrons une nouvelle manière d’utiliser la technologie moderne”, explique Lamia.
“Dans la plupart des cas, nous réussissons à échapper à la surveillance”, explique W.K., un étudiant, à Magharebia. Il décrit certaines des stratégies utilisées par les élèves, qui vont “de la copie d’anti-sèches à la saisie d’informations sur clavier”.
D’autres utilisent leurs téléphones portables pour transmettre ou stocker des informations via SMS ou photos.
Meryam Manai, mère de deux lycéens, explique que les médias font de la tricherie un acte d’héroïsme. “Chaque année, à l’approche des examens, les journaux nous offrent un best-off de la tricherie que certains élèves affichent avec fierté. C’est néfaste pour l’avenir des élèves, parce que la tricherie est érigée en style de vie.”
Selon elle, les fraudeurs devraient être dissuadés en “leur imposant des sanctions maximales, et en convoquant les parents pour leur présenter le comportement de leurs enfants.”
(Source : “Magharebia » (Site financé par le pentagone – Allemagne) le 1er juin 2009)
ENSEIGNEMENT
Perte de repères, perte de vocation… L’école se recherche toujours
lundi 1er juin 2009
En cette fin d’année scolaire qui sent déjà l’odeur de la chaude poussière de l’été et de l’encre sur les copies moites des examens, la question est on ne peut plus d’actualité.
Reprenant le titre d’un livre paru récemment et dans lequel une ancienne enseignante de français raconte son expérience professionnelle,la question a meublé le contenu d’une rencontre-débat qui s’est déroulée au Centre Régional de l’Enseignement et de la Formation Continue (CREFOC) de l’Ariana.
Lors de cette rencontre l’auteure du livre, Mme Naïla Ben Harbi a eu l’occasion de présenter et de signer son livre ainsi que de répondre aux interrogations de nombre de cadres de l’enseignement, professeurs, inspecteurs, directeurs d’établissements et conseillers qui partagent les soucis relatifs aux particularités et aux difficultés de la profession enseignante et qui ont été interpellés par le récit de ce parcours professionnel.
Un livre, une expérience…
Naïla Ben Harbi retrace son expérience de professeure de français depuis ses premiers pas chancelants sur l’estrade d’une salle de classe jusqu’au jour de son départ à la retraite. C’est d’ailleurs ce départ vécu dans la douleur qui lui a inspiré ce récit. L’enseignante en profite pour donner quelques conseils, une douzaine de commandements, aux enseignants encore en exercice ou nouveaux dans le métier. Le livre de Mme Ben Harbi se proposerait-il comme une bible de l’enseignant ?
Cette question mérite d’être posée car, bien que s’adressant à tous les enseignants, c’est un récit qui demeure subjectif, puisqu’il relate une expérience professionnelle, relationnelle et humaine particulière, vécue dans des lieux, des époques, des milieux et des conditions probablement ” élitistes ” (le Collège Sadiki et l’un des grands lycées de Bizerte) et entièrement faite de satisfaction et de bonheur. Ce bonheur, pourrait-on le penser, est ” trop ” pur et ” trop ” limpide pour que l’expérience professionnelle de l’auteure soit considérée comme un reflet possible de la réalité de la profession. Beaucoup l’ont dit d’ailleurs.
Un ciel pas toujours bleu…
Car, force est de constater que le métier d’enseignant connait aujourd’hui, non seulement en Tunisie, mais presque partout dans le monde une véritable crise qui fait partie elle-même d’un carrousel d’autres crises encore plus complexes, multiples et interdépendantes : notamment économique, sociale et éthique. Objet de dévalorisation, de discrédit et de doute, l’enseignant surtout depuis les deux dernières décennies est loin de vivre en paix dans son identité professionnelle.
Les conditions de travail sont également loin d’être évidentes : rapports difficiles avec les élèves, niveau scolaire de plus en plus en baisse, notamment en langues, désintérêt pour les études en général, influence des médias, manque de confiance dans les diplômes, baisse du pouvoir d’achat des enseignants, roulements qui durent de plus en plus longtemps se transformant souvent en ” expatriements forcés ” à durée indéterminée… autant de facteurs qui ont fortement influencé la perception que les jeunes, les enseignants eux-mêmes et la société en général ont du statut de la profession et de celui qui l’exerce.
Cette perception dévalorisante diffère selon les disciplines. Semblent y échapper magistralement les professeurs de mathématiques et de sciences, tandis qu’elle touche surtout les enseignants des langues, d’histoire et autres humanités…
A qui la faute ? Ou le serpent qui se mord la queue…
Certains enseignants accusent les programmes d’enseignement qui ne sont pas adaptés aux besoins et aux niveaux requis, d’autres le statut du français dans l’enseignement. Il devrait selon eux être enseigné en tant que langue étrangère et non pas seconde avec des méthodes plus appropriées. D’autres cadres du domaine, notamment des inspecteurs, déplorent le niveau insuffisant et la ” frivolité ” croissante d’un corps de plus en plus jeune qui prendrait à la légère sa mission éducative en se contenterait de faire son cours, sans plus de débats, qui cèderait facilement à la tentation ” mercantile ” des cours particuliers et qui ne manifesterait plus le même engagement que les enseignants d’antan.
C’est d’ailleurs ce que l’on pourrait appeler une crise des valeurs qui revient en boucle dans tous les propos. L’enseignement et l’enseignant ne sont plus porteurs de rêves, ne suscitent plus d’enthousiasme, pas plus qu’ils n’en éprouvent, d’ailleurs… Tout ce contexte pourrait nous faire penser que la question d’une ” école finie ” ne se limite pas au cadre restreint d’un simple départ à la retraite. En tant que mode de socialisation, elle semble perdre de sa crédibilité à plus d’un niveau. Et il serait urgent de s’interroger sur les mesures à prendre pour remédier à cette situation critique.
Promouvoir l’enseignement des langues
Tel semble l’objectif principal des dernières actions éducatives, initiées sous le patronage du ministre de l’Education et de la Formation et encadrées pédagogiquement pas les inspecteurs de l’enseignement des langues dans les collèges et dans les lycées. Le Centre Régional de l’Enseignement et de la Formation Continue a été le théâtre les 15 et 16 mai 2009 des Journées Régionales des Langues.
Au cours de ces journées, des élèves des différents établissements de la région et leurs professeurs ont exposé leurs projets. Ces projets qui ont été réalisés au cours de l’année se composent d’exposés, de maquettes, de récitations de poèmes et de spectacles divers (chansons, sketchs et pièces de théâtre)… Ils on été présentés dans différentes langues : l’arabe, l’anglais, le français, l’italien, l’allemand et l’espagnol. Notons à ce propos que l’expérience du projet n’est pas nouvelle en soi, puisqu’elle faisait partie de l’apprentissage de l’anglais depuis déjà trois années. La nouveauté c’est qu’elle a été étendue aux autres langues.
Beaucoup des spectacles présentés dépassaient, et de loin, le stade de l’amateurisme. La réussite de cette manifestation témoigne des avantages que pourrait avoir un enseignement interactif des langues ainsi que des apports d’une implication horizontale motivée et motivante de la part des élèves et de leurs enseignants dans l’acte d’apprentissage.
Il serait souhaitable que de telles initiatives soient généralisées et que les moyens matériels et pédagogiques nécessaires soient mis à la disposition du cadre enseignant pour garantir la réussite de l’expérience. L’enjeu est de taille : les langues sont les clés des humanités et de l’humanité.
Sana MAHJOUB
(Source: “Le Temps” (Quotidien- Tunisie) Le 1 juin. 2009)
Libye: le gouvernement nationalise des médias proches de Seif al-Islam
TRIPOLI – Le gouvernement libyen a annoncé lundi sa décision de nationaliser des médias privés lancés il y a deux ans à l’initiative de Seif al-Islam, fils du numéro un libyen, Mouammar Kadhafi, faisant de nouveau de la presse un monopole d’Etat.
Selon le texte d’un décret dont l’AFP a eu une copie, les services du Premier ministre annoncent la création d’un “Centre national des services médiatiques” qui aura pour mission de gérer les médias qui appartenaient jusqu’ici à la société al-Ghad.
Ainsi, la chaîne satellitaire et la radio Allibiya, les journaux Oéa et Korina et l’imprimerie al-Ghad sont désormais sous l’autorité de l’Etat libyen qui a précisé qu’il indemniserait les propriétaires de la société.
Dans son décret, le gouvernement précise que ces médias continueront à fonctionner avec les mêmes noms et les mêmes logos, ajoutant que le centre créé se chargera de définir une nouvelle politique éditoriale, sous la supervision du gouvernement.
Cette décision du gouvernement intervient deux mois après que la chaîne Allibiya a annoncé qu’elle déménageait ses bureaux à Londres en raison de “pressions”.
Le directeur de la chaîne, Abdessalem Mechri, avait été détenu durant 48 heures fin avril suite à la diffusion d’un programme du journaliste égyptien Hamdi Kandil très critique à l’égard du régime égyptien.
La société Al-Ghad s’est distinguée par ses critiques envers le gouvernement et surtout par des sujets considérés comme tabous en Libye, comme celui des islamistes ou des opposants libyens à l’étranger.
Présenté régulièrement comme le successeur de son père, Seif al-Islam avait appelé à plusieurs reprises à libérer les médias de l’emprise de l’Etat, lançant dans la foulée la société al-Ghad.
Créée, selon la société, par des écrivains et journalistes ainsi que par des organisations de jeunes, al-Ghad s’était donnée comme objectif d’opérer un “renouveau” dans le paysage médiatique libyen dominé depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Kadhafi en 1969 par l’Office général libyen de la presse.
(AFP / 01 juin 2009 13h17)
Forte hausse de la popularité d’Obama au Proche-Orient par rapport à Bush
Israël se cabre face aux pressions américaines
Analyse
Proche-Orient . Obama exige le gel total des colonisations.
JÉRUSALEM, de notre correspondante DELPHINE MATTHIEUSSENT
La question de la colonisation dans les territoires palestiniens est en train de virer à la crise ouverte entre le gouvernement israélien de droite de Benyamin Nétanyahou et les Etats-Unis. L’intransigeance du président américain, Barack Obama, sur le sujet, qui appelle au gel total de la colonisation, provoque de vives réactions dans l’entourage du Premier ministre israélien. «Je veux dire de façon très claire que le gouvernement israélien actuel n’acceptera en aucune façon que la colonisation légale soit gelée en Judée-Samarie (Cisjordanie)», a déclaré hier le ministre israélien des Transports, Israël Katz, un proche de Nétanyahou.
«Légales». Suite à sa rencontre avec le président américain, le 18 mai, Nétanyahou s’était engagé à évacuer une vingtaine de colonies sauvages établies par des colons extrémistes. II espérait toutefois bénéficier de l’indulgence manifestée par le prédécesseur d’Obama, George W. Bush, à l’égard des colonies considérées comme «légales» par Israël.
L’Etat hébreu veut notamment poursuivre les constructions, pour – dit-il – faire face à leur «croissance naturelle», dans les gros blocs d’implantations qu’il entend conserver dans le cadre d’un accord de paix avec les Palestiniens. Mais, comme l’envoyé spécial américain pour le Proche-Orient, George Mitchell, et la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, l’ont signifié, de façon très claire, l’administration Obama exige le gel pur et simple de toute forme de colonisation.
Cette détermination et la perspective du discours du président américain, ce jeudi au Caire, présenté comme le discours de «réconciliation» des Etats-Unis avec le monde arabo-musulman, ont provoqué une vague d’inquiétude en Israël. Voire davantage. «Plus se rapproche le discours du Caire, plus la panique monte parmi les proches du Premier ministre», assure Ben Caspit, dans le quotidien Maariv. Et d’ajouter : «Nétanyahou est le seul responsable de cette situation : l’amateurisme et l’arrogance dont il a fait preuve avec la nouvelle administration américaine, le mépris avec lequel il a accueilli le vent nouveau qui soufflait de Washington. Tout cela lui explose maintenant à la figure.»
Formule. Reste que la marge de manœuvre de Nétanyahou, dont la coalition repose sur des partis religieux et de droite favorables à la colonisation, est étroite. S’il veut se maintenir au pouvoir, le chef du Likoud devra trouver dans les prochaines semaines une formule qui satisfasse les exigences d’Obama sans provoquer une énième crise gouvernementale en Israël.
(Source : Libération.fr le 1er juin 2009)