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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2446 du 01.02.2007
AISPP: Communiqué Reporters sans frontières: Tunisie – Rapport annuel 2007 Le Jeune Indépendant: Le ministre délégué Daho Ould Kablia l’a révélé à Tunis : Le GSPC en voie d’être éradiqué Le Jeune Indépendant: L’ambassade de Tunisie dément l’information d’interdiction d’entrée aux Algériens de moins de 30 ans Elkalam:L’impasse tunisienne : entretien avec Ahmed Manaï Reveiltunisien: Petite analyse de la situation en Tunisie Reveiltunisien: Blagues incompréhensibles pour les non tunisiens Reveiltunisien: Le compte à rebours a commencé en Bosnie:Des centaines d’hommes de femmes et d’enfants sont menacés Première partie Le Temps :Annonce de la constitution d’une nouvelle organisation syndicale – La conférence de presse, prévue aujourd’hui, est annulée Le Temps :Mémoire collective – Janvier 1610:Les bagnes de Tunis à l’époque des Deys Réalités : Bourguiba, les Beys et la République
Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax : 71 354 984
aispptunisie@yahoo.fr Le 31 janvier 2007
Communiqué
La chambre criminelle du Tribunal Militaire permanent de Tunis a rendu son jugement aujourd’hui 31 janvier 2007 dans l’après midi et prononcé une peine d’emprisonnement de cinq ans dans l’affaire 40666-il s’agissait d’une opposition à un jugement rendu par défaut le 20/06/95, condamnant monsieur Mahmoud Ben Abdallah Ben Saïdi Tounakti à une peine de dix ans d’emprisonnement pour s’être mis en temps de paix à disposition d’une organisation terroriste opérant à l’étranger. Trois avocats ont plaidé en faveur de l’opposant précité. Ils ont demandé la forclusion par prescription car plus de dix ans ont passé depuis le prononcé du jugement. C’est étrange car en dépit du fait que le dossier est vide de tout indice ou présomption de l’adhésion de l’opposant à une quelconque association, ou de sa mise à disposition d’une quelconque organisation, le jugement par contumace se basait sur ce qui était considéré comme un témoignage d’un condamné faisant état de la participation de l’opposant à des actes de guerre en Afghanistan. Or lors de sa confrontation avec l’opposant, il a nié l’avoir connu ou l’avoir rencontré, et la description de la personne nommée « Abou Mahmoud » ne correspondait pas à celle de l’opposant. Pour sa part, l’opposant a nié s’être rendu en Afghanistan. Le président de l’Association Maître Mohammed Nouri
(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax : 71 354 984 aispptunisie@yahoo.fr
Le 29 janvier 2007
Communiqué Pourquoi ces brimades ?
L’administration de la prison civile du Kef ne cesse d’infliger des brimades à Maître Mohammed Abbou, prisonnier politique, et aux membres de sa famille. Madame Samia Hamouda Abbou eut la surprise, le 25 janvier 2007, alors qu’elle s’apprêtait à rendre visite à son mari, de se le voir interdire si elle ne soumettait pas à une fouille méticuleuse. Elle a refusé, exigeant qu’on ne touche pas son corps. Ils lui arrachèrent le sac contenant ses papiers et son téléphone. Après qu’elle soit entrée pour la visite avec sa fille Nour, âgée de presque douze ans, cette dernière se vit interdire la visite directe de son père, donc de l’embrasser et elle dut se contenter de le voir derrière le rideau que représentent les deux grillages de fer entre lesquels les gardiens vont et viennent pour séparer Maître Mohammed Abbou de ses visiteurs, de sa famille, pour intervenir et les provoquer éventuellement. Madame Samia Hamouda a dit que son mari, Maître Mohammed Abbou, s’était vu interdire de recevoir les livres qu’elle lui avait apportés afin qu’il prépare son doctorat de droit et qu’il se plaignait de mauvais traitements, rappelant que les décisions prises en sa faveur par le juge d’exécution des peines et les ordres de ce dernier, donnés en sa présence, n’étaient pas exécutés, et que des mesures totalement contraires étaient prises. L’AISPP réitère son exigence de voir Maître Mohammed Abbou libéré immédiatement, elle dénonce ces conduites immorales des agents pénitentiaires à l’endroit d’un prisonnier d’opinion. Elle demande à l’administration générale des prisons d’intervenir rapidement pour mettre fin à ces pratiques et exige que Maître Mohammed Abbou ait droit à lire des livres scientifiques. Le président de l’Association Maître Mohammed Nouri
(traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Reporters sans frontières
Tunisie | 1.02.2007
Tunisie – Rapport annuel 2007
Dans le pays du président Zine el-Abidine Ben Ali, les journalistes indépendants ou d’opposition sont empêchés de travailler par tous les moyens. Surveillés et harcelés, leur liberté de mouvement est chaque jour un peu plus restreinte.
Après avoir passé quinze ans dans les geôles tunisiennes, l’ancien directeur de l’hebdomadaire Al Fajr, Hamadi Jebali, est désormais soumis à une étroite surveillance. Les toits et terrasses de ses voisins ont été investis par des agents de la Sûreté de l’Etat qui contrôlent ses moindres faits et gestes et l’espionnent dans son intimité. Cette surveillance a atteint son paroxysme en novembre 2006 lorsque des policiers ont empêché le bon déroulement du mariage de la fille du journaliste. Hamadi Jebali fait partie des 1600 prisonniers politiques ayant bénéficié d’une grâce présidentielle, le 25 février 2006. Il avait été condamné en 1992 à seize ans d’emprisonnement pour « appartenance à une organisation illégale » et « volonté de changer la nature de l’Etat ».
Les familles de journalistes emprisonnés, qui se battent pour que leur proche ne tombe pas dans l’oubli, sont soumises à de nombreuses pressions. Avocat et défenseur des droits de l’homme, Me Mohammed Abbou est incarcéré depuis mars 2005 pour un article critique envers le chef de l’Etat diffusé sur Internet. Depuis qu’elle a mené, le 13 août 2006, une grève de la faim pour demander la libération de son mari, les allées et venues de Samia Abbou sont scrutées par une armada de policiers postés devant le domicile familial et n’hésitant pas à en bloquer l’accès à certains visiteurs. Deux journalistes, Slim Boukhdir et Taoufik Al-Ayachi, ont été malmenés, le 16 août, alors qu’ils se rendaient chez elle afin d’y réaliser une interview. Le 26 octobre, Mme Abbou a été menacée, devant ses enfants, par des agents armés alors qu’elle tentait de regagner sa maison. Terrorisée, elle n’a pas osé rentrer chez elle et s’est réfugiée chez des amis. Enfin, le 7 décembre, sur la route de la prison du Kef (à 170 km de Tunis), où est détenu son mari, elle a été agressée à deux reprises par des groupes de jeunes, sous le regard impassible de la police. L’opposant politique Moncef Marzouki, le journaliste Slim Boukhdir et l’avocat Samir Ben Amar, qui l’accompagnaient, ont subi le même traitement. Les journalistes étrangers qui se rendent en Tunisie sont souvent empêchés de travailler librement. Lors de son séjour au mois de novembre, le journaliste algérien, Meddi Adlène a, par exemple, été constamment suivi par un groupe de six policiers en civil tandis que d’autres agents se sont déployés autour de son hôtel. Si les services de renseignements n’ont pas interrompu ses entretiens, leur visibilité et leur proximité avaient pour but d’intimider ses interlocuteurs. Par ailleurs, la journaliste française Léa Labaye, du site Bakchich.info, a été refoulée de Tunisie, le 16 septembre, sans aucune explication.
La Tunisie a également appliqué des mesures de censure à l’encontre de publications “offensant l’islam”, suite à l’affaire des caricatures de Mahomet, publiées en septembre 2005 dans le quotidien danois Jyllands-Posten. L’édition du 19 septembre 2006 du quotidien français Le Figaro, comportant un article signé par Robert Redecker et intitulé “Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?”, a été interdite en vertu d’une loi relative à la protection de la religion. La même loi avait déjà justifié, en février, la saisie du journal France Soir reproduisant les caricatures controversées
. Des blogueurs harcelés La Tunisie a eu l’honneur d’organiser, en novembre 2005, le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), grand événement onusien pour aborder l’avenir d’Internet. La politique du président Zine el-Abidine Ben Ali en matière de Réseau est pourtant l’une des plus liberticides de la planète. L’ensemble des cybercafés sont contrôlés par l’Etat. Ces derniers filtrent le Net et sont étroitement surveillés par la police. Impossible par exemple de se connecter en Tunisie au site de Reporters sans frontières. Les services de sécurité harcèlent en outre continuellement les blogueurs indépendants et les responsables de sites d’opposition, afin de s’assurer que l’autocensure règne sur la Toile tunisienne.
Le ministre délégué Daho Ould Kablia l’a révélé à Tunis :
Le GSPC en voie d’être éradiqué
par Youcef Brahimi Pour M. Daho Ould Kablia, le GSPC, allié supposé d’El-Qaïda, est en voie d’être mis hors d’état de nuire en Algérie et ne constitue pas véritablement un danger ni pour les pays du Maghreb ni pour la France. Depuis Tunis, le ministre délégué a affirmé, en marge d’une réunion des ministres arabes de l’Intérieur : «nous ne lui prêtons pas plus d’importance qu’il n’en a. Allié d’El-Qaïda ou pas, c’est un mouvement qui tend à être éradiqué en totalité et ne pose pas de problèmes en termes de menace importante.» Minimisant la portée du ralliement supposé du GSPC à El-Qaïda, le ministre a déclaré que «mis à part des messages de soutien verbal, il n’y a jamais eu, à notre connaissance, d’aide directe d’El-Qaïda aux Algériens (du GSPC) ni sur le plan financier ni sur celui logistique ou matériel. Au Maghreb, l’allégeance du GSPC à El-Qaïda va lui causer beaucoup plus de tort qu’elle ne va lui apporter de bénéfice», a-t-il estimé, ajoutant qu’en Algérie cette alliance a été dénoncée même par les fondateurs du Front islamique du salut (FIS dissous). «Ils pourraient décider de s’attaquer à un étranger, à un Américain ou à ce qu’ils considèrent comme étant leur ennemi, mais ce sera un acte isolé et nous avons pris les dispositions nécessaires pour que cela n’arrive pas», a assuré M. Ould Kablia. Il a qualifié de «phénomène tout à fait maîtrisé» la neutralisation d’un groupe armé en Tunisie, après des affrontements avec la police, qui ont fait quatorze morts à la fin de décembre-début de janvier près de Tunis. Les autorités tunisiennes avaient indiqué que six éléments armés de ce groupe s’étaient infiltrés par la frontière algérienne. (Source : Le Jeune Indépendant (Quotidien – Algérie), le 1er Février 2007) Lien : http://www.jeune-independant.com/article.php?articleId=28847
L’ambassade de Tunisie dément l’information d’interdiction d’entrée aux Algériens de moins de 30 ans:
Une bavure à l’origine du cafouillage des policiers tunisiens
par Halim Mouhou L’ambassade de Tunisie à Alger a démenti hier les informations selon lesquelles les autorités tunisiennes auraient pris des mesures restrictives à l’encontre d’Algériens âgés de moins de 30 ans à leur entrée en Tunisie. « Les informations rapportées par certains organes de la presse algérienne concernant une soi-disant interdiction d’entrée en territoire tunisien pour des Algériens sont totalement infondées », a déclaré hier au Jeune Indépendant Mlle Imène Laâdjili, chargée de l’information à l’ambassade de Tunisie à Alger. Jointe par téléphone, notre interlocutrice a indiqué, par ailleurs, que « les services de l’ambassade s’emploient à préparer un communiqué officiel démentant ces informations ». Effectivement, le communiqué est parvenu, plus tard, à la rédaction. L’ambassade de Tunisie assure que ces informations « sont dénuées de tout fondement et ne peuvent être que des interprétations fausses et erronées. Ces mesures auxquelles il est fait référence n’existent aucunement », précise le communiqué qui ajoute que « les frontières algéro-tunisiennes dans tous leurs points de transit terrestres, maritimes et aériens sont ouvertes aux citoyens algériens, quels que soient leur âge, leur qualité ou leur fonction ». L’ambassade « condamne et dément de façon catégorique » ces informations rapportées par certains quotidiens algériens, dont elle « ignore les motivations et les objectifs ». Le communiqué rappelle ensuite les propos du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Yazid Zerhouni, qui a déclaré il y a quelques jours que « la collaboration et la coordination sécuritaires entre l’Algérie et la Tunisie se font d’une façon continue et quotidienne ». A ce propos, l’ambassade tunisienne n’exclut pas que « les deux parties aient recouru à l’interdiction de transit dans les deux sens à certains suspects des deux pays », en précisant qu’une telle mesure ne « saurait se justifier que par des raisons purement sécuritaires ». Même son de cloche au niveau de notre ministère des Affaires étrangères. Le directeur de la communication, joint également par téléphone, nous a indiqué que « le ministère a pris contact et saisi l’ambassade de Tunisie à Alger sitôt après avoir pris connaissance de ces informations à travers la presse nationale. L’ambassade de Tunisie a catégoriquement démenti ces allégations et décidé, aussitôt après notre saisine, de rendre public un communiqué dans ce sens », a précisé notre interlocuteur. Hier, des informations provenant de localités de l’Est, près des postes frontaliers algéro-tunisiens, soutiennent que la mesure émanant « unilatéralement » des autorités tunisiennes est « rigoureusement appliquée », du moins au niveau de certains postes frontaliers Hezoua et Taleb-Larbi, au niveau desquels de jeunes gens habitués à passer le week-end en Tunisie y ont été refoulés. « Une situation, ajoute notre source, qui a suscité un sentiment d’humiliation chez nombre de ces jeunes pris, à tort, par nos voisins, pour des terroristes ou des criminels. » Sans remettre en cause la version des autorités tunisiennes, il ressort, selon les termes du communiqué, qu’une interprétation erronée de directives centrales est à l’origine du cafouillage des policiers tunisiens des frontières. Des policiers un peu trop habitués à « casser » de l’Algérien dès la moindre occasion. H. M. (Source : Le Jeune Indépendant (Quotidien – Algérie), le 31 janvier 2007) Lien : www.jeune-independant.com
Les Algériens toujours les bienvenus
D’une source officielle au ministère des Affaires étrangères, on apprend que les Algériens sont toujours les bienvenus en Tunisie et qu’il n’y a eu aucune mesure leur interdisant l’accès sur le territoire. Un quotidien algérien a fait valoir que les autorités tunisiennes ont pris dernièrement des mesures provisoires contre les Algériens de moins de trente ans désirant se rendre en Tunisie, « le temps de mettre de l’ordre ». Le journal cite une source consulaire. Le ministère des Affaires étrangères a totalement démenti soulignant que nos voisins de l’Est sont toujours les bienvenus. Il souligne cependant qu’il y a une grande vigilance au niveau des postes-frontière aussi bien du côté des Tunisiens que des Algériens. Des mesures sécuritaires ont ainsi été prises suite aux récentes fusillades de la banlieue sud et de Soliman et l’entrée d’armes en Tunisie via les frontières algériennes. (Source : « Réalités » (Hebdomadaire – Tunis), N° 1101 du 1er Février 2007)
L’impasse tunisienne :
entretien avec Ahmed Manaï
Opposant au régime de Ben Ali, Ahmed Manaï a été comme des milliers d’autres tunisiens, torturés pour ses opinions. Son ouvrage, Le supplice tunisien, paru en 1995 et préfacé par Gilles Perrault, nous raconte cette douloureuse expérience. Dans cet entretien, ses propos sont ceux d’un homme toujours engagé mais ayant su prendre le recul nécessaire pour une analyse réaliste de la situation tunisienne. Il nous livre aujourd’hui ses réflexions sur le passé, le présent et le « possible » avenir de la Tunisie Elkalam : 12 ans après la sortie de votre livre, « Supplice tunisien », peut-on considérer que le régime de Ben Ali évolue vers plus de démocratie et de libertés individuelles ? Ahmed Manaï : Ce livre a été un modeste témoignage, d’ailleurs bien incomplet puisqu’il n’a pas traité des responsabilités politiques et surtout celle du mouvement Nahdha dans le drame tunisien. Or il ne faut pas l’oublier, Ben Ali et son système sont le produit de notre histoire et de notre société, de nos élites intellectuelles et politiques ainsi que du système international dominant. Alors, est-ce que le régime évolue vers plus de démocratie et de libertés individuelles ? Sûrement pas et les derniers événements vont le durcir ! Mais cela ne veut pas dire non plus qu’il n’ait pas changé. Un exilé politique a tendance à croire que le pays qu’il a été contraint de quitter, se fige, ne bouge pas et demeure indéfiniment dans la même situation….à l’attendre ! Or les sociétés ont leur propre dynamique, elles bougent et évoluent indépendamment des individus, des partis politiques, des élites et même du pouvoir ! Il y a une évolution mais elle n’est pas le fait d’une politique claire et d’une stratégie mûrie. Il faut rappeler la situation de la Tunisie au début des années 1990. Il y avait une répression féroce, des procès en série, pas moins de 10.000 prisonniers politiques et des dizaines de morts sous la torture : c’était la terreur généralisée…. Depuis, les prisonniers ont été libérés après avoir fait leur peine et quelques centaines ont été graciés. Il n’y a plus que près de 60 prisonniers du mouvement Nahdha, auxquels il faut ajouter près de 300 jeunes, incarcérés ces trois dernières années au titre « d’une loi de lutte contre le terrorisme ». Les leaders politiques et les activistes des droits de l’homme d’obédience marxiste ou libérale, qui étaient privés de passeports tout au long des années 90, circulent librement à l’étranger et de nombreux exilés du Nahdha, leurs épouses et leurs enfants retournent régulièrement dans le pays, depuis le début des années 2000. De nombreuses associations des droits de l’homme, non reconnues, s’activent et publient régulièrement, communiqués, dénonciations et protestations. Les médias sont toujours monopolisés par le pouvoir, mais il y a à ce niveau les conquêtes que représentent l’Internet et les chaînes satellitaires arabes, très accessibles aux opposants et les plus suivies par les Tunisiens. L’information circule facilement, les gens parlent, critiquent et expriment leur ras-le-bol. De nombreux tabous sont tombés !!! Bref, ce n’est plus le régime d’il y a quinze ans, mais ce n’est pas encore l’ouverture et on est encore loin de la démocratie. Elkalam : Beaucoup spéculent sur une mort précoce du Président tunisien et espèrent une révolution de Palais, qu’en pensez-vous ? Ahmed Manaï : La mort nous attend tous et elle peut frapper à chaque instant, n’importe qui, le président ou les nombreux prétendants à sa succession. On dit le Président tunisien malade, mais c’est depuis 5 ou 6 ans. Cela peut durer encore longtemps. Je m’étonne vraiment que des responsables politiques misent tant sur sa mort comme si sa disparition allait entraîner l’effondrement du régime. A mon avis le système survivra à son chef, au moins pendant un certain temps et la passation du pouvoir se fera selon les dispositions de la constitution, le choix du candidat du RCD (parti du pouvoir) se fera au ministère de l’intérieur. On a souvent dit de l’Algérie qu’elle appartenait à son armée. La Tunisie, elle, appartient à son ministère de l’Intérieur. Ce que je crains le plus, c’est que l’opposition, du moins telle qu’elle se présente actuellement, risque de ne pas avoir voix au chapitre. Elkalam : L’opposition actuelle est-elle, selon vous, mature pour prendre les rênes du pouvoir ? Ahmed Manaï : Pour que « l’opposition » prenne le pouvoir, il faudrait que ce dernier soit vacant, ce qui n’est pas le cas, et qu’elle existe déjà, suffisamment structurée, avec des leaders crédibles et un programme à même de séduire les Tunisiens dans des élections libres et transparentes. Ce qui n’est pas le cas non plus. Il y a trois façons de prendre le pouvoir : par une révolution, par un coup d’État militaire ou par des élections. Je ne crois pas que la Tunisie soit à la veille d’une révolution, le coup d’État est l’affaire de ceux qui ont les moyens matériels de le faire, c’est-à-dire les militaires et ceci me semble tout à fait exclu. Quant aux élections, je pense que s’il y a une ouverture politique permettant une transition démocratique menée par une aile libérale du pouvoir, pendant 3 ou 5 ans, l’opposition, toutes tendances confondues, arrivera au pouvoir au bout de deux législatures, c’est-à-dire 10 ans. Si ce processus commence en 2007, l’opposition, mûrie et rajeunie, parce que ses leaders actuels sont vieillissants, parviendra au pouvoir aux alentours de 2020. Mais on ne peut exclure un miracle ! Elkalam : Comment expliquez-vous que les différents gouvernements français sont restés totalement aveugles et sourds aux violations flagrantes des droits fondamentaux par le régime tunisien ? Ahmed Manaï : Les États se foutent totalement des violations des droits de l’homme hors de leurs frontières et surtout quand ils n’ont pas d’affinités avec les victimes. Mais ils n’hésitent pas à les exhiber, à les instrumentaliser et à en faire leur cheval de bataille quand ils ont des dossiers politiques et économiques à faire avancer ou conclure. Le « méchant » Kadhafi est devenu fréquentable dès qu’il s’est rendu avec armes et bagages sans rien changer de sa politique intérieure. Pour revenir aux responsables français, je crois que leur position est bien résumée par ce que m’a déclaré un ancien ministre des Affaires étrangères français en 1993 : « Ben Ali est ce qu’il y a de mieux pour la Tunisie, mais s’il y a un cas personnel à résoudre, je le règlerai en 24 heures ». J’en ai eu la preuve plus d’une fois. Elkalam : Les démocraties occidentales ont souvent préféré soutenir des régimes dictatoriaux comme la Tunisie , et bien d’autres, plutôt que de favoriser une ouverture démocratique qui aurait probablement permis à certains partis islamistes de percer voire de remporter certaines élections. Aujourd’hui quel regard portez-vous sur ce calcul à court terme et cette méfiance à l’égard de partis islamistes de la part des Européens et des Américains ? Avec le recul pensez vous que Rached Ghannouchi et le mouvement Ennahda auraient pu apporter leur pierre à l’édifice démocratique tunisien ? Peut-on encore attendre quelque chose de ce mouvement ? Que sont devenus la plupart des militants en exil ? Ahmed Manaï : Les démocraties occidentales ont été très actives et efficaces dans la « démocratisation » des pays de l’Est. En fait, c’était surtout pour accélérer le démantèlement de l’Empire soviétique et redessiner la carte de l’Europe et du monde. Si elles ne l’ont pas fait avec les dictatures arabes, c’est parce qu’elles estiment que leurs intérêts stratégiques risquaient d’être remis en cause par des nouveaux acteurs qu’ils ne connaissent pas ou très mal. Pourtant certains islamistes ont été les partenaires privilégiés des Américains tout au long de la guerre froide et surtout dans la guerre en Afghanistan. C’est peut-être un calcul à court terme, mais c’est surtout leur conception et leur appréciation de leurs propres intérêts et je suis le dernier à leur en vouloir. J’en veux surtout aux miens et particulièrement aux islamistes qui ont engagé leurs pays dans des aventures destructrices, alors qu’ils devaient patienter un peu. Avec le recul, je pense que le FIS algérien, pourtant porté au pouvoir par la majorité des électeurs en 1991, n’aurait pas apporté de solutions aux problèmes réels du pays. Ceci dit, je ne cautionne évidemment pas le coup d’Etat du 11 janvier 1992 en Algérie, qui a fait suite à l’interruption du processus électoral après le premier tour de décembre 1991. Pour ce qui est de la Tunisie et du mouvement Nahdha, je dois rappeler, pour l’histoire, que la Tunisie a connu, au cours des 70 dernières années, deux véritables partis politiques: le parti destourien, fondé en 1934 et le MTI/ Nahdha, fondé en 1981. Avec un peu de patience, une plus grande insertion dans la société et un apprentissage de la gestion du pays et des relations internationales, ce mouvement aurait pu devenir un concurrent sérieux du pouvoir. Ses dirigeants ont voulu brûler les étapes et ils se sont brûlés les doigts. Que peut-on encore attendre de ce mouvement ? En 1992, j’ai déclaré à ARABIES que ce mouvement risquait « de se transformer en groupuscule sans aucune emprise sur la réalité politique du pays ». Je crois que c’est le cas depuis quelques années, malgré son activisme débordant et une présence permanente de son chef dans les médias. Un individu peut survivre et même s’épanouir dans l’exil, mais pas un parti politique. Peu d’entre eux partagent mon analyse, estimant sans doute que le regain de religiosité dans le pays est de nature à élargir leur base populaire et électorale. Quelqu’un qui prie ou une femme qui porte le Hijab, est pour eux un partisan en puissance. On peut toujours rêver ! Le malheur est que le pouvoir fait le même calcul et réagit en conséquence. Pour ce qui est des militants, c’est autre chose. Les étudiants ont terminé et réussi leurs études et nombre d’entre eux ont acquis la nationalité du pays d’accueil. On compte parmi eux de nombreux entrepreneurs, des artisans, des commerçants et des hommes d’affaires prospères disposant de villas avec piscine… Elkalam : Ahmed Manai, comme le montre votre bouleversant témoignage du « supplice tunisien », vous avez été touché au plus profond de votre chair et de votre âme, par ce régime et ses méthodes inqualifiables, comment se reconstruit-on après une si douloureuse expérience ? Est-il utopique ou illusoire de penser qu’un jour des personnalités comme Ben Ali ou d’autres seront jugés par un Tribunal ? Ahmed Manaï : Mon expérience, certes douloureuse, n’est rien en comparaison avec les milliers de véritables tragédies humaines, que vivent nos semblables, tous les jours, partout dans le monde et le plus souvent sans pouvoir en témoigner. Comment se reconstruire ? Je ne sais pas si on y parvient vraiment. Le plus souvent c’est un simple ravalement de façade, en tout cas, la foi m’a été d’un grand secours ainsi que la famille et l’écriture. Mais pour moi, la plus grande douleur c’est l’exil et je suis en train de la surmonter en me promettant que si je ne retrouve pas mon pays et les miens de mon vivant, je serai au moins enterré dans ma terre natale. Un tribunal ! Il y a 6 ans, une quarantaine de militants du Sud et du Nord se sont constitués en ONG avec pour objectif de lutter contre l’impunité et poursuivre les dictateurs et autres responsables de crimes graves, devant la justice internationale. C’était Justitia Universalis, avec son bureau à La Haye, pas très loin du Tribunal International. Dans deux semaines, cette organisation fait son A.G. et je vais en profiter pour inviter mes amis à nous auto- dissoudre. Actuellement le colonialisme est de retour, les pays arabes sont les premiers visés et rien ne justifie qu’à l’instar des irakiens, des militants facilitent aux nouveaux envahisseurs leur tâche de déstabilisation de nos États très fragiles. La justice internationale n’est pas pour demain et si elle doit s’occuper de rendre justice aux victimes, elle devrait commencer par juger ceux qui ont détruit des pays et massacré des peuples ! (Source : publié par « Elkalam.com », le 31 janvier 2007) Lien : http://elkalam.com/dossiers/dossiers.php?val=173_l+impasse+tunisienne+entretien+avec+ahmed+manai
Petite analyse de la situation en Tunisie
par Bohemian Divers évènements ces dernières années et ces derniers mois ont remis le régime de Ben Ali dans l’actualité, et ont montré une ènieme fois sa face autoritaire (les agressions contre des journalistes étrangers lors du sommet mondial de l’information, la gestion -si on peut parler de gestion- des récents événements violents de la banlieue sud de Tunis, …). Ces événements ne sont pas tant dus à un totalitarisme auquel les tunisiens se sont habitués, mais plus le produit d’une nouvelle phase de cette dictature. Le régime de Ben Ali comme celui de Bourguiba, ce n’est une découverte pour personne, est un régime policier ; c’est un général qui est au pouvoir, mais c’est assez trompeur pour un œil non exercé étant donné que celui-ci a fait toutes ses classes au sein de l’appareil sécuritaire du sinistre ministère de l’intérieur. Ce qui est nouveau par rapport au « Bourguibisme », c’est une surdimension de la présidence de la république et surtout le jeu des familles autour de la présidence de la république. On est passé d’un régime autoritaire « classique » à un régime, depuis une quinzaine d’année, où le palais est ultra dominant, où le parti unique ou quasi unique ne joue plus vraiment de rôle politique, et où finalement ce jeu des familles produit une surveillance permanente de la société, mais surtout une certaine incohérence sécuritaire. En effet, concernant les agressions des journalistes lors du sommet pour la société de l’information, ce n’est pas forcement Ben Ali qui en a donné l’ordre, mais une lutte de clans au sein des funestement illustres familles proches du président qui contrôlent de petites portions du ministère de l’intérieur, qui a produit ce genre d’agressions. Nous sommes dans un régime aujourd’hui où les familles se partagent tout d’abord le gâteau économique. L’économie tunisienne est familialiste, et malgré tout ce que l’on peut raconter sur le prétendu miracle tunisien, il ne s’agit que d’un libéralisme familial. Tout ce qui a été privatisé ces dernières années et tout ce qui avait une valeur sur le plan économique (grandes entreprise, services, …) est contrôlé par les familles. Beaucoup d’entrepreneurs tunisiens sont eux aussi de plus en plus victime de cet autoritarisme politique qui a mué en racket quasi institutionnalisé. Chaque fois que vous réussissez économiquement en Tunisie, les petits capo des familles viennent vous pour vous réclamez une part, si ce n’est pour vous spolier et vous exclure du marché tout simplement. Au bout du compte, il commence à y avoir aujourd’hui un nouveau type d’exilés politiques : les entrepreneurs. Mais ces familles ont aussi vite pris goût au pouvoir et à tous les excès qu’il permet, et se sont aussi partagées le gâteau sécuritaire. Il y a des milices privées au service des familles entourant le président de la république, et surtout de sa belle famille, qui agissent directement sur la société tunisienne. Lorsque l’idée vous vient de dénoncer la corruption dans ce pays, automatiquement, un service ou un sous-sous service du ministère de l’intérieur viendra user de tous les moyens pour vous faire taire. Ceci est encore plus vrai pour les opposants, victimes de surveillances, d’intimidation, d’agressions… Ces familles veillent au bon grain de ce régime autoritaire. Tous les symptômes d’une fin de règne sont réunis : déliquescence de la société, nombre croissant de personnes connaissent des déviations psychologiques dues à l’extrême surveillance, de plus en plus de signes économiques inquiétants tels les licenciements prévus dans le secteur du textile pour les prochaines années et qui devraient être au nombre de 100.000 à 200.000, de plus en plus de décisions qui contredisent d’autres décisions. Mais le problème est que cette situation de fin de règne a tendance à se pérenniser, à s’institutionnaliser. Le paradoxe actuel de la Tunisie (et elle n’est pas à un paradoxe près) est que nous sommes en présence d’une sorte de dégénérescence du système qui s’auto entretient, c’est une fin de règne qui dure. Face à cela, il s’organise de plus en plus de nouvelles formes de résistance dans la société. Pour la première fois l’opposition classique a constitué un front unique face au pouvoir, en surmontant ses divergences d’opinion (ce que je dis là ne remet nullement en cause l’extrême faiblesse de cette opposition classique, de l’extrême gauche aux islamistes). On est passé en Tunisie de la notion d’opposition à celle de résistance. Par ailleurs, la réaction du régime face aux derniers évènements de la banlieue sud de Tunis n’étonne personne du point de vue du blackout médiatique et de la maladresse des autorités en matière de communication.
(to be continued)
(Source : www.reveiltunisien.org, le 1er Février 2007)
Blagues incompréhensibles pour les non tunisiens
par tsar boris Par TB (ne pas confondre avec TB2 ou TBB) Ben Ali c’est une tronche de Pérou dans un pousse-pousse qui pend (TB d’après TBB). Un jour, le tortionnaire en chef de Tunisie, un certain Ganzaoui, dit à Ben Ali : “Patron, vous devriez sortir de votre bunker (un sale trou à rat d’êgoût puant et insalubre) pour aller voir ce qui se passe là haut. Essayez de parler avec des tunisiens pour savoir s’ils sont contents de vous !”. Ben Ali se décide enfin à sortir dans les rues de Tunis : il met une grosse jellaba à fleurs et des lunettes de soleil pour ne pas être reconnue. Ce jour là, il y avait une manifestation : d’un côté des membres de l’opposition avec des avocats, de l’autre la contre-manifestation du RCD. Les uns criaient “Ben Ali, démission !”. Et les autres avaient apporté des pancartes : “Ben Ali, nous t’aborrons.” Une vieille femme analphabète applaudissait en poussant à chaque fois qu’elle entendait le nom de Ben Ali. – “Ben Ali, démission !” Youyouyouyouyouyouyouyouyou ! Au milieu, plusieurs centaines de flics qui attendaient depuis 4 heures du matin nettoyaient leurs matraques du sang de la veille. Le président de la République tunisienne s’adresse aux membres de l’opposition : “Allez, au travail, bande de fainéants ! On a besoin de bras dans l’agriculture en Tunisie !” Les bénalistes l’entendent et crient : “Ben Salah ! Ben Salah ! ” Les opposants se marrent et commencent à baisser leur pantalon et à lui montrer leurs fesses. Les flics voient le petit gros s’agiter et se disent : “On mange notre petit-déjeûner, après on fait la pause et après c’est l’heure de la sieste. On ne va pas faire une charge pour un seul bonhomme. Si Monsieur est gentil, qu’il reste ici et on l’arrêtera demain. Dans les centres de torture il y a en ce moment une liste d’attente de quinze jours. Nous devons traiter en priorité tous les touristes sado-masos de la région, on n’en peut plus et on n’est pas payés plus. Tous les prix augmentent. Notre niveau de vie diminue. L’Etat nous doit encore toutes les heures sup depuis 10 ans. Sans parler des primes décès.” Ben Ali s’adresse aux bénalistes : “Si vous ne criez pas un peu plus fort, je démissionne !” Les bénalistes baissent à leur tour leurs pantalons et sortent leur sexe en criant : « Fuck ! Fuck ! Fuck ! » Le chef des flics tentent de parlementer avec un drapeau blanc : “Je vous propose de faire une grande bagarre et de casser le maximum de vitrines. On dira dans le journal que la Tunisie a été attaquée par des extra-terrestres.” Les bénalistes et les opposants lui lancent des pierres. Il se sauve en hurlant : “Kai ! Kai ! Kai !” Ben Ali aux flics : “Revenez ! Matez-les ! Je ne suis rien sans vous ! Faites-moi le sale boulot ! Salissez-vous les mains ! Au travail les poulets !” Les flics l’attrapent et lui disent : “Viens voir un peu par là toi. Tu ne serais pas par hasard un islamiste ? Cela tombe bien ! Comme on n’a rien à faire de toute la journée on va te pendre !” Les opposants : “Et le procès ? On veux d’abord lui faire un procès !” Les bénalistes : “OK, mais rapidement. On vous donne deux minutes. Fatma, apporte une corde à linge.” Les flics : “Et si on lui donnait sa chance comme à tous les autres de traverser le détroit à la nage ?” Les opposants : “Le mérou est capable de nager jusqu’au Pérou !” Les bénalistes : “Et s’il n’a pas la pêche… !” Les flics : “Arrêtez de faire de l’esprit ! Qui sait faire un noeud coulant ?” Ben Ali : “J’ai toujours su que vous autres cons de flics vous êtes inaptes à tout. Donne-moi ta corde. Moi je sais faire les noeuds comme je l’ai appris aux Etats-Unis.” Le flic : “Merci. Quelles sont tes dernières paroles ?” Ben Ali : “Je démissionne !” Les opposants : “Trop tard !” Les bénalistes : Patron, qui doit vous remplacer ?” Ben Ali (la corde au cou) : “Après avoir été président à vie, je deviens président pour l’éternité. Un homme tel que moi personne ne peut le remplacer. Vive la Tunisie ! Vive Ben Ali !” La vieille folle : Youyouyouyouyouyouyouyou ! Les flics : “Allez on ouvre la trappe, Il faut que l’on rentre chez nous pour l’heure de manger ce soir, et on habite loin.” Les opposants ; “On va compter combien on est, après on compte les bénalistes. Tiens, ils sont tous partis ! Tu étais bénaliste toi ? Tu as dénoncé qui ? Tu as torturé, ah oui ? Pourquoi ? Ben Ali (se tortillant au bout de la corde, qui se casse. Haletant) : “Moi j’étais bénaliste ! Moi j’ai torturé !” Les opposants : “Toi tu n’intéresse plus personne ! Fous le camp ! Retourne dans ton trou à rat et ne reviens plus jamais nous opportuner”. Ganzoui arrive : “Embarquez-moi cet individu ! J’ai tendu un piège pour faire assassiner le vieux dictateur et mes flics ne sont mêmes pas capables de finir le travail qu’ils ont commencé ! Il faut tout faire soi-même !” Ben Ali : “Je te donne mon fauteuil présidentiel et toute ma fortune, cela te va ? J’ai même un peu plus d’argent caché en Suisse si tu veux mais laisse-moi au bout de la corde je t’en prie…” Ganzaoui : “Arrêtez le ! (…) Non, pas moi ! Le dictateur ! Arrêtez-le !” Les flics lui donnent un coup de matraque : “Avec cette musique on ne s’entend plus ! Qui ose encore nous donner des ordres ?” Les opposants : “Oui, votre pouvoir est terminé. Rentrez chez vous !” Tous les flics : “C’est formidable, on va enfin changer de métier !” Ben Ali : “Je suis une ordure ! J’ai trahi Bourguiba ! Arrêtez-moi !” Demandez La Presse de Tunisie ! LA TUNISIE CHERCHE UN NOUVEAU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE. Avec les mains douces et sans trop de voix. Taille indifférente. Le casting peut commencer ! (Source : www.reveiltunisien.org, le 1er Février 2007)
Le compte à rebours a commencé en Bosnie Des centaines d’hommes de femmes et d’enfants sont menacés Première partie
par Luiza Toscane Il s’appelle Imad Al Houssine. Arrivé en Bosnie dans les années quatre-vingt, ce Syrien a étudié la médecine générale. Il s’est marié avec une Bosniaque, veuve d’un imam bosniaque, et mère de trois enfants. Il a combattu dans l’armée bosniaque. En 1994, après la naissance de son fils Hamza, il a obtenu la nationalité bosniaque et a fait souche dans ce pays. Il est maintenant père de trois enfants, de nationalité bosniaque eux aussi, et a la charge d’une famille de six enfants bosniaques. Mais le couperet de la nouvelle loi sur la nationalité est tombé, qui préconise la révision des naturalisations obtenues entre 1992 et 2006. La commission qui examine au cas par cas la situation des étrangers naturalisés, présidée par Vjekoslav Vukovic, a annoncé que trois cent trente naturalisés se verraient retirer la nationalité bosniaque. Imad Al Houssine est de ceux-là. Il vient de recevoir la lettre recommandée lui annonçant la décision [1] : « Ils me reprochent d’avoir obtenu la nationalité à deux reprises, en 1992 et en 1994, mais je ne l’ai obtenue qu’en 1994 ». Il lui est reproché une erreur portant sur deux mois et demi de présence dans l’armée bosniaque dans ses déclarations à l’appui de sa demande, et autres broutilles. Ce qu’il va faire ? Demander l’asile ? : « Impossible, tous ceux qui l’ont fait se sont heurtés à un refus systématique de leur demande », affirme-t-il. Trouver un pays d’accueil relève du fantasme, étant donné la réputation qui est systématiquement attachée aux volontaires musulmans. « Toutefois, précise-t-il, parmi les personnes qui se sont vues retirer leur nationalité, il y a aussi des Russes et de Roumains, mais ces derniers ont quitté la Bosnie et sont retournés chez eux et n’ont rencontré aucun problème ». Le problème se poserait uniquement pour les Arabes et/ou les Musulmans : « Tous les Egyptiens qui sont rentrés en Egypte ont été systématiquement jetés en prison », affirme-t-il « Ceux qui ont le plus à craindre d’un renvoi dans leur pays sont les Syriens, les Tunisiens et les Egyptiens, ce sont la torture, l’emprisonnement qui les attendent, voire la peine de mort pour les Syriens ». Quant à faire opposition de cette décision devant la Cour Suprême de Bosnie, il affirme que c’est possible mais que cette démarche n’est pas suspensive du renvoi. Imad Al Houssine, dont le cas est similaire et emblématique de centaines d’autres, ne baisse pas les bras. Son association, Al Ansar, a été fondée pour défendre les intérêts de ceux qui ne sont déjà plus des Bosniaques, -une cinquantaine d’entre eux ayant déjà reçu comme lui, la décision de déchéance de nationalité-, mais cette association n’a jamais reçu son visa de légalisation. Pour autant, Imad Al Houssine, dit aussi Abou Hamza, se démène pour informer, multiplier les contacts auprès des organisations de défense des droits de l’homme, les conférences de presse, pour dévoiler le caractère politique de ces décisions, pour que le monde prenne conscience de la catastrophe qui s’annonce, car au-delà les risques de renvoi vers des pays peu démocratiques, ce seront des centaines de familles qui seront brisées, tous les naturalisés ayant épousé des femmes bosniaques et ayant eu des enfants bosniaques. [1] Bosna i Hercegovina, Drzavna komisija/poverenstvo za reviziju odluka o naturalizaiji stranih drzavljana, Broj : UP-01-07-99-2/06, Datum : 09.01.2007.godine, Rjesenje (Source : www.reveiltunisien.org, le 1er Février 2007)
Annonce de la constitution d’une nouvelle organisation syndicale
La conférence de presse, prévue aujourd’hui, est annulée
Le Comité de liaison dont le coordinateur est Habib Guiza a décidé d’annuler la conférence de presse qu’il devait tenir aujourd’hui, pour annoncer la constitution d’une nouvelle organisation syndicale. La Confédération syndicale de travail en Tunisie , M. Guiza nous a envoyé un communiqué hier pour annoncer l’annulation de la conférence de presse sans en donner les raisons. Pour le coordinateur du comité de liaison : « cette nouvelle organisation syndicale entre dans le cadre de la refondation du mouvement syndical tunisien. C’est dans l’intérêt des travailleurs et celui de l’avenir de la Tunisie. Notre volonté de constituer une nouvelle organisation syndicale prend racine dans notre profonde croyance au droit des travailleurs tunisiens d’adhérer au syndicat qui défendra au mieux leurs intérêts, leurs choix et réalisera leurs objectifs ». Pluralisme Pour M. Guiza, l’annonce de constitution de la Confédération syndicale de travail est l’aboutissement d’un travail de base. « Après avoir créé des syndicats de base on est en droit d’annoncer la constitution de la confédération. Le régime juridique des syndicats en Tunisie tel que défini par le code de travail, reconnaît le principe de la liberté syndicale ainsi que la liberté de constituer des syndicats. La concrétisation du pluralisme syndical dans le contexte actuel constitue l’unique solution pour sortir le mouvement syndical tunisien de sa torpeur et lui ouvrir des perspectives par le biais d’une dynamique syndicale nouvelle qui le réhabilite et lui restitue son efficacité parmi les adhérents de cette nouvelle organisation que le comité de liaison lui propose l’appellation de Confédération générale tunisienne du travail (CGTT), il y a Mohamed Chakroun, Fatma Chérif, Souad Gueddachi et bien sûr Habib Guiza. Néjib SASSI (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 1er Février 2007)
Mémoire collective – Janvier 1610
Les bagnes de Tunis à l’époque des Deys
Le centre de la Médina, représentait à l’époque le lieu résidentiel pratiquement le plus nanti. Tandis que les gens les plus démunis, habitaient dans les quartiers populaires éloignés du centre ville. C’était là qu’il y avait les zones d’activités les moins rentables et les plus polluantes. Il y avait également les quartiers juif et chrétien. Dans cette zone se trouvaient les bagnes de Tunis qui étaient au nombre de onze.Ces bagnes renfermaient surtout les captifs chrétiens que ramenaient les différents corsaires.La course qui était d’usage à l’époque était considérée comme étant un Jihad maritime contre les différentes agressions des chrétiens dans les eaux territoriales. Les captifs y étaient bien traités conformément aux préceptes de l’Islam, interdisant la maltraitance physique des prisonniers même en temps de guerre. Dans la plupart de ces bagnes se pratiquaient des activités illicites et secrètes dans les différentes tavernes qu’elles renfermaient. Du temps, de Othman Dey, les bagnes étaient situés pour la plupart à proximité des résidences des grands propriétaires, négoces de captifs. Ceux-ci étaient acheminés du port de la Goulette vers les portes les plus proches, dont notamment Bab Quartajenna, Bab Souika et Bab Benat. Il y avait donc un bagne à côté de chacune de ces portes pour faciliter l’acheminement des captifs et leurs ventes ultérieurement, ou leurs échanges. André Raymond, l’historien français cité précédemment dans notre rubrique, écrivait notamment à ce propos : « Les onze bagnes pour lesquels une localisation précise ou approximative a pu être proposée, se situent en gros à la périphérie du quartier de résidence aisée : Dabdaba, Hawlà et Manshiya (entre la Kasbah et Bab Benat) Sawari, Hafsya, Hâra, Tawila et Kuchuk Murad, Quaramid Othman Dey et Chaâbane Khouja. D’une certaine manière, une proximité plus grande par rapport aux portes de la ville, par où arrivaient les captifs ». Le rachat des captifs se faisait, soit à la demande des familles de ceux-ci, ou à celle d’eux-mêmes en établissant le contact par l’intermédiaire de leurs chefs. En général, le chef des captifs en faisait un commerce florissant d’autant plus qu’il était cautionné par le Dey, qui réalisait par ce moyen un profit assez considérable. Quand il s’agissait de captives, les plus belles parmi celles-ci étaient données sous forme de présents au Dey et à sa cour. Les autres étaient vendues aux plus riches. C’était en quelque sorte de la « traite des blanches » déguisée. Plusieurs captives rachetées ou libérées devenaient elles-mêmes un des maillons de cette chaîne interminable constituant le réseau de la vente des captifs sous toutes ses formes.Certains chefs de captifs devenaient de grands notables pour faire partie de la cour des Deys et plus tard de celle des Beys, tel à titre indicatif, le célèbre, Youssef Saheb Ettabaa qui après avoir fait fortune grâce à cette pratique, devint le super-ministre du Bey. Envié aussi par les proches de celui-ci ainsi que les notables et richissimes notamment pour les remarquables réalisations qu’il avait entreprises, il fut sauvagement assassiné, à la place Halfaouine où il érigea la plus belle mosquée hanéfite. Ahmed YOUNES (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 1er Février 2007)
Le devoir de mémoire plus fort que la censure.
Par Taïeb Zahar Nous publions cette semaine la première partie d’un article de Béchir Turki sur les conditions qui avaient prévalu lors de la proclamation de la République le 25 juillet 1957 et le rôle qu’ avait pris son premier Président, Habib Bourguiba. Il apporte un nouvel éclairage, une lecture différente de ce grand évènement historique et met en exergue des données, des tractations ou simplement des prises de positions qui avaient été jusque-là occultées ou reléguées au second plan pour des considérations diverses. L’article de Béchir Turki est de ceux qui dérangent, qui bousculent des idées reçues et par là-même suscitent des réactions contradictoires. Nous avons décidé de le publier après en avoir débattu longuement au sein du Comité de rédaction, tout en étant conscients des prises de positions qu’il ne manquera pas de provoquer. Nous l’avons fait pour deux raisons majeures. La première est que nous nous sentons toujours tenus par un devoir de mémoire que nous avons assumé à plusieurs reprises, à notre manière et dans la ligne éditoriale qui est la nôtre, en toute objectivité et dans le respect scrupuleux des faits sans pour autant refuser les lectures et les appréciations différentes à condition qu’elles respectent cette éthique qui est notre credo. La deuxième raison qui nous a poussé à publier cet article est notre profonde conviction que toutes les vérités sont bonnes à dire, qu’il n’y a pas de sujet et que l’histoire de notre pays appartient à tous les Tunisiens. Nous tenons cependant à apporter quelques remarques préliminaires afin d’éviter les malentendus, les fausses interprétations et les amalgames. La première est que nous ne partageons pas toutes les idées contenues dans l’article de Béchir Turki dont la lecture de la proclamation de la République porte incontestablement l’empreinte de sa culture, de sa sensibilité et de ses choix qu’il assume en toute responsabilité et qu’il a le droit d’exprimer. Deuxièmement et sur le fond, nous croyons , en dépit des manœuvres qui l’ont accompagnée, que la République a répondu à une attente et à une revendication légitimes du peuple tunisien dans la mesure où elle a mis fin à un régime qui, pour le moins que l’on puisse dire, a été très rarement à son écoute. Enfin la troisième remarque a trait à Habib Bourguiba. Nous ne pouvons pas être soupçonnés de complaisance à son égard ; sous son régime, notre journal a été saisi à plusieurs reprises et déféré maintes fois devant les tribunaux, mais tout cela ne doit pas nous empêcher de reconnaître le rôle déterminant qu’il a joué dans l’histoire de notre pays. Béchir Turki semble plus réservé ; c’est son droit. La publication de l’article sur la proclamation de la République sera, nous l’espérons, une occasion pour un large débat sur la question. (Source : « Réalités » (Hebdomadaire – Tunis), N° 1101 du 1er Février 2007)
Bourguiba, les Beys et la République
Par Béchir Turki 2007 est l’année du cinquantenaire de la République. Un évènement fondateur de la Tunisie moderne. Réalités consacrera à cet anniversaire un ensemble de dossiers et de tribunes tout au long de cette année. Nous commençons cette série par le point de vue de M. Béchir Turki. L’auteur développe une analyse des évènements qui peut prêter à controverse. Notre objectif est d’ouvrir le débat et de ne pas censurer les opinions du moment où c’est la recherche de la vérité qui les anime. Fidèle à sa tradition, Réalités se fera un plaisir de publier tous vos commentaires et réactions. Dans l’histoire de la Tunisie moderne, Bourguiba occupe une place de choix. Ne pas en convenir serait déraisonnable. D’aucuns ne craignent cependant pas de parler, dans la foulée, du «siècle de Bourguiba». – Voire. Habib Bourguiba a vécu tout le siècle, bien sûr ; mais de là à dire que tout le siècle tunisien est le sien, il faudrait y regarder à deux fois avant de glisser allègrement du fait historique au jugement de valeur. Les produits de l’activité d’un homme d’Etat commencent toujours longtemps après sa naissance – c’est presque un truisme – et se terminent, dans la plupart des cas, bien avant sa mort. Bourguiba est un être exceptionnel ; soit. Il est le héros de l’Indépendance, c’est vrai. Il est le sculpteur du visage de la Tunisie nouvelle, c’est encore vrai. Emancipateur de la femme, il a non seulement fait d’elle l’égale de l’homme, mais il l’a rendue maîtresse de son corps par la planification de maternités conscientes, c’est-à-dire de gestations délibérées et non pas inévitables. Constructeur d’écoles, il a permis à tous les enfants du pays d’accéder à une éducation gratuite et de haut niveau. Tout cela est vrai. Mais la geste de Bourguiba, ou les hauts faits, ou encore les actions mémorables dignes de faire l’objet d’un poème épique ont été accomplis non pas entre le 3 août 1901 et le 6 avril 2000, mais entre le 2 mars 1934 et le 15 septembre 1974, autrement dit entre le congrès extraordinaire de Ksar-Hellal, congrès de la venue au monde du Néo-Destour, et le IXième congrès de ce même Néo-Destour, tenu à Monastir et dénommé «Congrès de la Clarté». En ce 15 septembre 1974, Bourguiba a été plébiscité «Président à vie». Ce jour-là le naufrage du Combattant Suprême a commencé ; submersion d’un quart de siècle, d’abord imperceptible puis de plus en plus rapide vers la ruine totale de l’impétrant. Toutefois, le naufrage n’a pas fait oublier la geste. Cela ressort de toute la littérature nécrologique parue au lendemain de la disparition du naufragé. Deux volets de deux décennies chacun sont mis en évidence dans l’actif du défunt : antérieurement à l’indépendance du pays, un combat sans défaillance, un courage surhumain et un dévouement total à la cause nationale ; postérieurement, un combat non moins acharné pour la construction d’un Etat moderne, viable, délivré du sous-développement et légèrement ouvert à la vie démocratique. M. Béchir Ben Yahmed a présenté l’oraison funèbre émergente : un texte pertinent, avec ce simple titre : «Habib Bourguiba». Etalé sur quatre pages, le topo est suivi d’un post-scriptum intitulé «l’Homme qui ne voulait pas mourir». Evoquant l’abolition de la monarchie, le patron de Jeune-Afrique écrit : « Dans son discours prononcé ce jour-là devant l’Assemblée Constituante [Bourguiba] déclara : “Je pourrais aujourd’hui, si je le voulais, instaurer une nouvelle dynastie pour remplacer celle que nous destituons. Mais je préfère la République”… C’était avouer qu’il avait eu la tentation de se faire roi. Les Tunisiens ne perdront rien pour attendre car la République bourguibienne sera autoritaire et son président un “despote éclairé”. De plus en plus despote avec l’âge et de moins en moins éclairé ». (Fin de citation). Je vous propose, si vous le voulez bien, un arrêt à la courte étape de l’autonomie interne. Je vous introduirai ensuite à l’Assemblée Nationale Constituante. Nous y suivrons les débats du 25 juillet 1957. Après quoi, je vous inviterai à méditer sur le sort fait à la famille beylicale. Quelques mois d’autonomie interne (27 août 1955 – 20 mars 1956) Le protocole d’accord franco-tunisien relatif au régime d’autonomie interne de la Tunisie est paraphé après de longues et laborieuses négociations, le 31 mai 1955, veille du retour triomphal de Bourguiba à Tunis. Le 3 juin, le texte est signé, du côté tunisien par M. Tahar Ben Ammar et du côté français par M. Edgar Faure. Après ratification par le Parlement français, il est scellé au Palais de Carthage par S. A. Sidi Lamine Pacha Bey, le 27 août, sur la table même où trois quarts de siècle plus tôt, le 12 mai 1881, avait été apposé le sceau beylical. Perçue par la majorité des Tunisiens comme l’antichambre d’une inéluctable et prochaine indépendance, l’autonomie interne a été dénoncée par une minorité virulente comme une forfaiture. Ainsi la joie populaire, ne fut pas totale. «Quelqu’un vint troubler la fête» ! Il avait nom Salah Ben Youssef. Au moment même où Bourguiba débarquait à la Goulette de la «Ville-d’Alger», son rival secret jetait le masque. De Genève où il résidait depuis plusieurs jours, il fit une déclaration tonitruante avant de s’envoler pour le Caire. « Je n’ai jamais approuvé ces accords avant leur signature. Bien au contraire. Je n’ai jamais caché mon opposition aux textes élaborés. La Tunisie veut une indépendance totale et non pas une autonomie illusoire et inconsistante. Je serai donc un dissident du Néo-Destour. Je ferai campagne contre des accords qui laissent entre les mains des Français des privilèges acquis par la force c’est-à-dire les Affaires étrangères, la Sécurité et la Défense nationale ». (fin de citation). Une lutte à mort va s’engager entre «le Combattant Suprême» et le «Grand Leader(1)». Bourguiba convoque un congrès pour le 15 novembre 1955. La capitale du Sud en sera le berceau. Le Néo-Destour n’est plus un parti interdit. Pour la première fois depuis Ksar-Hellal une réunion politique néo-destourienne pourra se tenir au grand jour. A cet avantage de la liberté retrouvée s’ajoute celui de la dignité. En effet, à partir du 1er septembre 1955, les décrets beylicaux ne sont plus «visés pour promulgation et mis à exécution» par le résident général. Ce même jour le représentant de la France devient Haut Commissaire de France en Tunisie. Le décret présidentiel du 10 février 1884 n’a plus cours(2). Le Journal Officiel daté du 13 septembre 1955 paraît propre de toute signature étrangère. Et, justement, le 13 septembre – pure coïncidence – est la date choisie par le secrétaire général du Néo-Destour pour rentrer à Tunis après avoir reçu au Caire une délégation de chefs de fédérations dépêchée par le Bureau politique avec mission de le convaincre de son nécessaire retour au pays. A l’aérodrome d’El Aouina, Bourguiba accueille «le camarade de lutte et l’ami de 25 ans». Hélas ! Ben Youssef demeurera sourd aux ouvertures de son aîné. Le vendredi 7 octobre 1955, du haut du minbar de la Zitouna, après la prière collective, le secrétaire général harangue une foule massée non seulement dans le sanctuaire et dans la cour de la prestigieuse mosquée mais également dans les rues avoisinantes. «L’autonomie interne, dit-il, est un pas en arrière». Tout en développant cette thèse il rappelle les recommandations de la «conférence internationale des pays du Tiers-Monde» tenue à Bandung, dans l’île de Java, en Indonésie du 18 au 25 avril 1955 et en profite pour interpeller nos frères Algériens et Marocains. En Algérie, on le sait, l’action insurrectionnelle est déclenchée le 1er novembre 1954. Quant au Maroc, il se prépare à mettre fin à la lutte armée et à réserver un accueil triomphal au retour du Sultan Mohamed V, déporté début 1953 en Corse, puis à Madagascar. Le 14 octobre, au Caire, les amis de Salah Ben Youssef annoncent l’exclusion de Bourguiba du «Comité de libération du Maghreb arabe». Le Bureau politique en est également exclu. «Désormais Salah Ben Youssef est considéré comme détenant tous les pouvoirs du Néo-Destour». Le dimanche 30 octobre, Salah Ben Youssef prend deux décisions immédiatement diffusées par les médias. Voici la teneur du premier communiqué : d’après le règlement intérieur du parti, seul le secrétaire général est qualifié pour convoquer un congrès. En conséquence l’annonce d’un congrès pour le 15 novembre 1955 est nulle et de nul effet. Un congrès légal, y est-il précisé, se tiendra au cours du premier semestre 1956. Dans le second communiqué «le Grand Leader» annonce une scission. Il invite les militants à quitter le Bureau politique et à rejoindre le «Secrétariat Général». Ben Youssef croit donner à cette entité une existence objective en la dotant de locaux minuscules loués à la va-vite et ouverts dans plusieurs points du pays. Dans son esprit la «nouvelle scission» aura les vertus de celle du 2 mars 1934. Or, on ne peut comparer que des choses comparables. Ben Youssef fait mine de l’oublier : à Ksar-Hellal la scission avait été décidée par un congrès extraordinaire et non pas par un homme isolé. Bourguiba réagit. Il réagit vite. Selon son habitude, il procède par étapes. Aussi, invite-t-il le fougueux rival à soutenir son point de vue devant les congressistes. Ben Youssef refuse, encore une fois, la main tendue par le président du parti. Il ne peut prendre la parole dans un congrès illégalement convoqué. Son entêtement lui coûtera cher. Le 8 octobre le Bureau politique l’exclut du Néo-Destour. Le 15 novembre, à Sfax, venus de tous les coins du pays, 1229 militants réunis à la cité Ezzitouna approuvent après délibération la politique de Bourguiba. Ipso facto l’exclusion de Ben Youssef est entérinée. Mais le «Grand Leader» ne s’avoue pas vaincu. Téléguidé et financé par l’Egypte nassérienne, il persévère dans ses aberrations. Sporadiquement, des assassinats sont commis de part et d’autre, même, après sa fuite. Le 28 janvier 1956, une âme charitable prévient le farouche dissident de son imminente arrestation suite à un mandat d’amener lancé contre lui pour incitation à la révolte. Ben Youssef se dépêche de quitter clandestinement le territoire national, s’introduit en Libye et y reçoit le droit d’asile. Cinq jours plus tard, le 2 février, Bourguiba s’envole pour Paris en vue de tâter le terrain pour l’indépendance totale et très probablement pour mettre en garde la France contre les agissements de Salah Ben Youssef orienté par Nasser, le président égyptien, contre l’Occident. La tâche du leader tunisien sera relativement aisée car des pourparlers sont en cours pour l’indépendance du Maroc avec le Sultan Mohamed V rapatrié de Madagascar le 16 novembre 1955. L’autonomie interne tire vers sa fin. Elle aura duré un peu moins d’une année. Le 29 février des négociations sont entamées au Quai d’Orsay. Le 20 mars la Tunisie accède à l’indépendance, dix-huit jours après le Maroc. Cette fois, le protocole d’accord, toujours signé du côté tunisien par M. Tahar Ben Ammar, l’est du côté français par M. Christian Pineau. Le traité du Bardo du 12 mai 1881 devient caduc. Le 11 avril, le Bey accepte la démission du gouvernement Ben Ammar. Bourguiba, pressenti pour former un nouveau ministère, est nommé immédiatement Premier ministre, président du conseil, ministre des Affaires étrangères et ministre de la Défense nationale. Les consultations ne dureront pas longtemps. Le 15, la nouvelle équipe est présentée au souverain. Elle est composée, sous la présidence de Bourguiba, d’un vice-président du Conseil, de deux ministres d’Etat, de onze ministres et de deux secrétaires d’Etat. Sept membres de l’équipe appartiennent au Bureau politique. Sans perdre de temps, tout en s’attelant à la construction de l’Etat, Bourguiba donne à l’éradication du Youssefisme un style nouveau. Coup sur coup, il obtient le 18 avril la tunisification intégrale des services de sécurité puis, le lendemain, 19 avril, il fait sceller par le bey deux décrets, l’un créant une Haute Cour de Justice, l’autre prévoyant des indemnités susceptibles d’être allouées aux membres comités de vigilance. Rappelons-le, la création de tels comités a déjà été prévue par un arrêté du 31 mars écoulé, arrêté signé Tahar Ben Ammar(3). L’activité des vigiles est ultra-secrète. Elle est centralisée dans un vieux local, labyrinthe de galeries, de couloirs, de trappes, de puits et de caves, situé rue de l’obscurité, ou «Sbatt Edhlam», dans la médina de Tunis. On y accède par le Boulevard Bab-Benat, via la rue Bir Lahjar. Ce local est en fait un lugubre traquenard. Il attend ses proies dans le noir et dans le silence. On ne peut choisir mieux pour abriter des chambres de torture. Quartier Général peu ordinaire, on y pénètre mais on en sort rarement. Que conclure ? On peut trouver monstrueux le recrutement d’hommes de main par le pouvoir. Or, l’histoire nous l’enseigne : toutes les révolutions et tous les mouvements de résistance ont eu recours aux mêmes méthodes de lutte et d’épuration. La répression impitoyable du youssefisme a finalement sauvé la Tunisie, à l’aube de son indépendance, d’une guerre civile. Bourguiba l’avouera lui-même mais à demi-mot. Il déclarera avoir sacrifié «le peu» pour sauver «le tout». Venant d’un Chef d’Etat, juriste de formation, la confession est surprenante. Son devoir était de faire rechercher le ou les assassins ou de les faire traduire en justice. Bourguiba à diverses reprises ordonne à l’Armée Tunisienne – à peine née – de combattre les youssefistes et autres rebelles réfugiés dans les montagnes du Nord et du Nord-Ouest. Le président du Néo-Destour, peu de jours après l’indépendance de la Tunisie, aurait demandé l’armée d’occupation, encore présente dans le pays, de l’aider à combattre les youssefistes terrés dans les djebels du Sud. Le Haut Commissaire de France acquiesce. Il utilise, pour répondre au vœu de Bourguiba, les Unités du 8e Régiment des Tirailleurs Tunisiens appuyées par l’aviation et l’artillerie. En conséquence, des soldats tunisiens sont utilisés pour pourchasser des civils tunisiens. Les pertes sont lourdes des deux côtés. Le Bey n’était pas dans le secret. Emu par l’information, Sidi Lamine proteste auprès de M. Seydoux. Nous étions au début du mois d’avril 1956, «Vos soldats sont mes sujets, lui dit-il. Vous les avez utilisés sans mon assentiment contre d’autres de mes sujets. Le sang versé des deux côtés est du sang tunisien !» Le représentant de la France(4) lui apprend la vérité. «J’ai répondu favorablement à une demande présentée par Maître Bourguiba(5), en vertu d’un accord réalisé le 28 mars dernier entre M. Ladgham, vice-président du Conseil et moi-même», répond-il au souverain. Et d’ajouter : «Rentré de Paris après avoir discuté du même sujet avec le gouvernement français Me Bourguiba était présent à mon entretien avec M. Ladgham». Informé des propos échangés entre le Bey et le Haut Commissaire de France, Bourguiba, fou de colère, court à Carthage, s’introduit au Palais, fait irruption dans le bureau particulier du prince Chadly(6). Le prince Slaheddine était là, tout à fait par hasard. C’est tant mieux ! pense le chef du parti. Malin comme un singe, il renverse les données de l’entrevue litigieuse. L’accusé devient accusateur. «Votre père, dit-il aux deux princes, est en train de comploter pour empêcher la Tunisie d’être totalement maîtresse de sa sécurité. Les forces de police doivent demeurer selon son secret désir sous la tutelle française : ainsi sa protection sera mieux assurée!». Chadly Bey tente de calmer le futé querelleur. «Le souverain, rétorque-t-il, voulait tout simplement exprimer son souci de protéger ses sujets, même quand ils sont provisoirement des soldats au service de la France»(7). La magouille n’ayant pas pris avec le Prince Chadly, Bourguiba essaiera de ruser avec Tahar Ben Ammar. Il lui répète les mêmes propos puis il lui demande un témoignage écrit attestant la volonté du Bey de voir la France continuer à assurer la sécurité du trône. Le Premier ministre refusera de se prêter à un acte de félonie. «Une telle altération de la vérité, dit-il à Bourguiba, serait une forfaiture». Ce sera là l’origine de l’une des dents gardées par le vindicatif leader à la fois contre le Bey et contre Tahar Ben Ammar ; contre le premier pour avoir osé convoquer, sans son aval, le représentant de la France ; contre le deuxième, pour avoir refusé de lui délivrer un témoignage mensonger le blanchissant de tout acoquinement avec l’armée d’occupation. Pour bien comprendre cette phase cruciale de la lutte contre le youssefisme il est nécessaire d’avoir une vue claire du déroulement des principaux évènements des mois de février, mars et avril 1956. Deux dates sont à noter : le 20 mars et le 10 avril. Dans ce laps de temps se placent les vingt-deux premières journées d’indépendance. Tahar Ben Ammar est encore Premier ministre. Bourguiba, président du Néo-Destour, lui succèdera le lendemain 11 avril. Et c’est la troisième date à noter. A partir de là, s’ouvre l’ère bourguibienne. Je l’ai déjà dit, les négociations pour l’indépendance commencèrent le 29 février. Un léger remaniement(8) du cabinet Ben Ammar permit à Bahi Ladgham, secrétaire général du Néo-Destour, de se joindre aux négociateurs avec la qualité de vice-président du Conseil et rang de ministre d’Etat. En France, rappelons-le, Guy Mollet était chef du gouvernement ; Christian Pineau détenait le portefeuille des Affaires étrangères ; Alain Savary, grand ami de toujours, était le nouveau ministre des Affaires marocaines et tunisiennes. Sur l’insistance de Tahar Ben Ammar, Bourguiba est invité à demeurer quelques jours dans la capitale française. Rien ne peut se faire sans son aval. Tout le monde le sait. Le Combattant Suprême vint donc à Paris. De son hôtel, il se mit à orienter l’équipe tunisienne. Une fois le protocole signé par Tahar Ben Ammar, plénipotentiaire du Bey, le problème prioritaire pour Bourguiba devenait le suivant : que faire pour s’attribuer aux yeux de l’opinion tunisienne tout le mérite de l’accession de notre pays à l’indépendance ? La solution est vite trouvée : il suffit de rentrer à Tunis avant Tahar Ben Ammar. On trouvera bien au Premier ministre quelque chose à faire pour retarder son retour de deux ou trois jours. Le désir secret de Bourguiba de rafler pour lui tout seul la joie populaire, se réalisa avec l’aide de la France. Un superbe avion militaire, un C47 de la base de Villacoublay, fut mis à sa disposition le 22 mars. Bahi Ladgham, Mohamed Masmoudi, Béchir Ben Yahmed, Taïeb Slim et d’autres personnalités montèrent à bord du même avion. On avait remarqué la présence parmi les passagers de Wassila Ben Ammar, la future épouse. Une autre femme était là également, Saïda Sassi, nièce et confidente du Combattant Suprême. L’aérodrome d’El Aouina grouille de monde. L’avion amical atterrit à 11 heures et demie et s’arrête devant l’aérogare. Dès que Bourguiba paraît sur la passerelle, une joie immense se manifeste. Elle devient délire, une fois les pieds du héros du jour posés à terre. Bourguiba est hissé sur les épaules et porté en triomphe. L’accueil rappelle celui du 1er juin dernier à la Goulette. Deux jours plus tard, le 24 mars, au même aérodrome seuls quelques officiels sont là pour un accueil strictement protocolaire du Premier ministre. Tahar Ben Ammar était accompagné de son chef de cabinet, son homonyme Mondher Ben Ammar, frère de Wassila. Le 26 mars, les résultats des élections à l’Assemblée Nationale Constituante sont proclamés. Le jour même, le deuil succède à la joie : un jeune élu, le député de Gafsa, Houcine Bouzaïane est assassiné dans sa ville. La stupéfaction est générale. Bourguiba est atterré. Pour lui permettre d’assister aux obsèques du valeureux militant, le Haut Commissaire de France met à sa disposition un Siébel de l’armée de l’air pour l’aller et pour le retour. Il se fait accompagner de Béhi Ladgham, de Taïeb Mhiri et du chef fellagha Hassen Ben Abdellaziz El Ouardani. A son retour à Tunis, Bourguiba fait la déclaration suivante : «Nous avons conféré avec le délégué du Haut Commissaire de France, le commandant du secteur, le chef de la gendarmerie, le commissaire de police, les deux caïds de Gafsa et de Sidi Bou Zid. On envisage les mesures propres à mettre un terme à ce terrorisme larvé qui est le fait de quelques individus. Nous poursuivrons certainement cette conversation avec le Haut Commissaire». Le 28 mars, Bourguiba est de nouveau à Paris pour des entretiens à un haut niveau sur le même sujet. Avant son retour à Tunis il répète à «Paris-Inter» la déclaration faite la veille, à son retour de Gafsa. Faisant allusion aux entretiens parisiens, il ajoute : «Il a été décidé que des éléments armés, choisis par nous, cautionnés par nous, seraient engagés et je me fais fort de faire disparaître d’ici quelques semaines toutes traces de troubles dans ces régions». Au même moment, à Tunis, M. Roger Seydoux, Haut Commissaire de France et M. Bahi Lagham, vice-président du Conseil, sont en train d’étudier «la situation générale dans les régions de Gafsa, Thala et Sidi Bou Zid à la lumière des opérations déclenchées par le Maghzen en coopération avec les troupes françaises après les assassinats de ces derniers jours». Dès son arrivée à Tunis, vers 15 heures, Bourguiba se joint à eux. Tout cela Lamine Bey ne le savait pas. Et pourtant, les journaux de Tunis en parlaient. Avant de clore ce chapitre, je ne puis résister au plaisir de reproduire ces quelques phrases écrites par Edgar Faure dans ses «Mémoires» à propos des négociations pour l’autonomie interne. « … Il fallait surtout tenir compte de la présence en arrière-plan d’un homme, Habib Bourguiba et d’une politique, la sienne. Il était illusoire de penser que les rapports franco-tunisiens pourraient être réglés sur la scène d’un théâtre d’ombres. Les ministres, Tahar Ben Ammar, Masmoudi, Mongi Slim, n’existaient que par délégation et la solution finale serait retardée jusqu’au moment où Habib Bourguiba pourrait apparaître tel le deus ex-machina » . Ces réflexions pertinentes demeurent valables quant aux négociations de février-mars 1956 du protocole de l’indépendance. Cependant, une variante est introduite : la France finit par tirer de sa cachette l’animateur des figurines et discute directement avec lui. En effet, les plénipotentiaires tunisiens achoppent, le 17 mars, à la formule d’« indépendance dans l’interdépendance». A midi, ils quittent le Quai d’Orsay. Bahi Ladgham a le visage défait. «Les négociations sont interrompues, annonce-t-il. Nous rentrons à Tunis, les mains vides». Le jour même Guy Mollet, président du Conseil, sauve la situation. Il autorise Christian Pineau à reprendre le dialogue directement avec Bourguiba. En fin d’après-midi, le président du Néo-Destour quitte à son tour le Quai d’Orsay. Son visage est détendu.»Les négociations ne sont pas interrompues, dit-il aux journalistes. Un accord est trouvé. La signature du protocole est imminente». Nos arrières-petits-enfants pourront en savoir plus sur la teneur des entretiens Bourguiba-Faure et Bourguiba-Pineau. En effet, il faudra attendre l’année 2050 pour avoir la possibilité d’examiner le dossier Bourguiba dans les archives françaises. A suivre Notes 1 C’est le titre donné à Ben Youssef par le quotidien As-Sabah, notamment. 2 Décret français en vertu duquel les décrets beylicaux doivent être promulgués par le résident général pour devenir exécutoires 3 Le décret du 19 avril et l’arrêté du 31 mars paraissent à la page 586 du n° 34 du J.O. daté du 27 avril 1956. Le décret du 19 avril signé Habib Bourguiba est placé au-dessus de l’arrêté signé Tahar Ben Ammar 4 M. Roger Seydoux a été successivement a- Haut Commissaire de France du 1er septembre 1955 au 19 mars 1956 b- Ambassadeur de France à partir du 20 mars 1956. Recruté sur place, il était antérieurement au 31 août 1955, ministre délégué à la résidence générale. 5 Voir les journaux du 29 mars 1956. 6 Alors, chef de cabinet du Bey. 7Je tiens ces renseignements du Prince Chadly lui-même. 8 Décret du 25 février 1956. (Source : « Réalités » (Hebdomadaire – Tunis), N° 1101 du 1er Février 2007)
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