Tunisie : L’Ugtt accuse l’Utica et jette le pavé de la grève dans la marre !
par : K. Boumiza. Les négociations sociales piétinent. Alors que les patrons veulent débattre au plus vite des augmentations salariales afin de préserver le pouvoir d’achat du citoyen, voire l’améliorer, les responsables de la centrale ouvrière ont le souci ailleurs. Dans un communiqué en date du 6 mai, le groupement du secteur privé de la commission centrale de négociation impute toute la responsabilité du retard des négociations à la centrale patronale, l’Utica. Ce communiqué parle cependant de négociation à propos des conventions collectives cadres. Il n’évoque pas encore les négociations salariales. «L’Utica n’a pas respecté le texte de l’accord cadre qui indique qu’on doit travailler pour élever la négociation sociale à un niveau qui permette de faire évoluer les cotés réglementaires dans un sens de la mise au point d’outils qui permettent d’assurer la stabilité de l’emploi». La centrale syndicale ouvrière reste cependant muette sur les points d’achoppement de ce round des négociations qu’elle a mis, depuis le début des discussions, en à priori à la négociation sur l’augmentation salariale qu’elle considère acquise. On le sait, 5 points de cette convention cadre, constituent le différents que l’Ugtt impute à l’Utica. D’abord la question du bureau pour le responsable syndical, au sein de l’entreprise. Ensuite, l’équipement bureautique complet de ce bureau. La libre circulation pour le délégué syndical dans les bureaux et dans l’usine, la question des horaires payés de formations syndicale, la question des CDD et CDI et enfin la question de la retenu des cotisations syndicales. Ces 5 points, sont pour l’instant refusés par l’Utica. L’Ugtt ne dit, de son côté rien sur ses propositions, ni d’une manière officielle, ni officieuse. Des demandes injustifiables, selon le patronat. Officieusement, le patronat indique pourtant que «ces demandes vont parfois à contre-courant de l’environnement économiques et social local et international, qu’elles sont injustifiables et tournent dans certains cas au ridicule». Selon ces sources officieuses «les responsables syndicaux ouvriers veulent en effet des bureaux confortables au sein de l’entreprise pour pratiquer leurs activités syndicales, des plages plus larges d’horaires improductives pour exercer ces mêmes activités, et, aussi bizarre que cela peut paraître, que le patron collecte les cotisations syndicales de ses ouvriers pour le compte de la centrale ouvrière ». Il paraîtrait même que le syndicat ouvrier demande à donner son accord pour tout recrutement au sein de l’entreprise !! Officieusement encore, les négociateurs du patronat tunisien font remarque que «un pareil comportement ne bloque pas seulement les salaires, mais aussi la consommation, et par conséquent la production et peut mettre en péril la survie de l’entreprise et la pérennité des emplois». Il est vrai que la Tunisie affronte une hausse des prix des matières premières essentiellement les matières alimentaires, outre celle du pétrole sans précédent, des phénomènes aggravés par la hausse du dollar (monnaie dans laquelle on paye le pétrole) par rapport à l’Euro (monnaie constituant la majorité des recettes), les cours internationaux des produits de base sont en hausse et les mouvements spéculatifs ne permettront pas, selon les experts, des baisses des prix tant souhaitées. Pour le syndicat patronal, le moment est très mal choisi pour des exercices de vieilles stratégies abandonnées même dans les pays jadis socialistes et déjà couvertes par les sables de l’oubli. Début fin mai de mouvements sociaux ? On notera que ce fameux communiqué «accusateur» de l’Ugtt se termine par une phrase très significative d’un possible début d’un mouvement social, pour faire plier la position du patronat. «Nous annonçons la disposition des syndicalistes et des ouvriers, dans le secteur privé, d’entrer dans mouvements de lutte, sous toutes les formes légales». Cette phrase prend toute sa signification, lorsqu’elle est complétée par cette déclaration du Secrétaire Général de l’Ugtt, Abdessalem Jrad, dans la dernière édition du journal «Achaab» de la centrale syndical. «La grève est un droit et un moyen de lutte pour atteindre les revendications ouvrières, un moyen auquel on recours lorsqu’on arrive à une situation de cul-de-sac». Delà à parler d’une prochaine action de grève ou d’une simple menace de grève, le pas est vite franchi par les observateurs de la scène sociale en Tunisie. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a actuellement un appel à un important rassemblement ouvrier, avant la fin du mois de mai, devant le siège de l’Ugtt à la Place Mohamed Ali à Tunis.
(Source: AFRICAN MANAGER le 19 mai 2008)
Tunisie : Tout va bien, elle tient jusque là le choc pétrolier.
par : K. Boumiza Les prix internationaux, toutes matières premières et de base, ont flambé. Comment fait la Tunisie pour résister ? Ce qui est certain, c’est qu’il y a, depuis le déclenchement de ces nouvelles hausses, notamment des produits pétroliers, un suivi quotidien de la situation sur les différents marchés internationaux, des devises, le LME, le pétrole, le céréales notamment. Un suivi coordonné par le Chef de l’Etat tunisien lui-même qui a donné ses directives, pour que la cadence de ce suivi par le gouvernement à ses différents étages, s’intensifie et s’imprime le même rythme que celui des développements internationaux. Un centre de veille stratégique est ainsi mis en place. D’un budget à l’autre, le gouvernement tunisien réajuste ses prévisions, ses projections et fait les réajustements nécessaires, tantôt par les prix, tantôt par le contrôle économique, mais semble toujours garder la main. Il faut noter, que le chef de l’Etat tunisien a une double préoccupation. D’abord, une équation à trouver entre une volonté, mainte fois déclarée et prouvée (comme par la dernière augmentation du Smig et son appel au démarrage des négociations salariales), de sauvegarder le pouvoir d’achat du citoyen et une détermination à de pérenniser le tissu d’entreprises tunisiennes, en veillant à ne pas trop entamer son pouvoir concurrentiel. Ensuite, un devoir de sauvegarde des équilibres, financiers et budgétaires, conditions sine qua non, pour atteindre les objectifs fixés en matière d’investissement et d’emplois. De l’investissement, dépend l’emploi et dans de domaine, les besoins sont grandissants et constituent de plus en plus une pression sociale qui requiert réponses concrètes. Il faut dire, que pour la Tunisie, chaque dollar de plus sur le prix du pétrole, équivaut à 125 MDT d’impact sur le budget. Il se passe certes rarement un mois, sans qu’on enregistre l’octroi d’un nouveau permis de recherche pétrolière. Ce sont cependant des investissements qui demandent du temps, beaucoup de temps au vu de la vitesse des changements de la conjoncture internationale, pour donner des résultats. Pour le moment, la Stir (Société tunisienne des industries de raffinage), ne couvre que 45 % des besoins en essence et 25 % des besoins en gasoil. Des projets, tels celui de la nouvelle raffinerie à Skhira, de la nouvelle centrale thermique qui sera construite par les français ou de la centrale nucléaire, apporteront certainement solution. D’ici là, il faudra attendre et mieux gérer. Côté céréales notamment, la Tunisie couvre certes, plus de 80 % de sa consommation en blé dur, mais pas plus que 25 % de ses besoins en blé tendre, une culture délaissée du temps du gouvernement Hédi Nouira et qui demande beaucoup de temps à rattraper, même avec les nouvelles mesures financières encourageant la céréaliculture et augmentant les surfaces emblavées. Eviter de creuser le déficit et l’endettement. Pour l’instant, la Tunisie accuserait un déficit budgétaire net de plus de 400 MDT. Le déficit budgétaire qui est jusqu’ici de 3 %, risque de dépasser ce seuil. Et s’il le fait, l’impact sur l’endettement devient inévitable. Pour l’instant donc, les équilibres sont trouvés, ils restent quand même fragiles et nécessiteront certainement de nouveaux ajustements. Même avec les nouvelles mesures de contrôle de la vente de la farine subventionnée pour les besoins du pain, par le biais de la carte d’approvisionnement que le ministère du commerce compte introduire auprès des boulangeries tunisiennes, un nouvel ajustement du prix de cette denrée, qui ne représente pourtant que 1,9 % de tout le panier de la ménagère tunisienne et 5,6 % des achats en denrées alimentaires, selon les résultats de l’enquête de la consommation de l’année 2005, semble inévitable. On pourrait même dire, qu’il y a une acceptation, non déclarée et une attente latente, publiques, de cette augmentation. Traditionnellement connu par ce genre d’augmentation, le mois de juillet devrait apporter des nouvelles dans ce sens. Le secteur de l’énergie est aussi le second secteur qui ne devrait pas tarder à enregistrer une augmentation, des carburants et de l’électricité. Elles seront certainement de petit volume, mais elles viendront. Reste à se poser la question de savoir comment le gouvernement tunisien fera, pour sortir de ce mauvais pas, où il maîtrise peu d’éléments il faut le dire, avec le moindre dégât ? Les solutions sont, autant évidentes que difficiles, tant elles demandent du temps et de la compréhension. Cela demande une meilleure politique de communication gouvernementale, qui se doit d’informer plus, chiffres à l’appui, d’alerter sans tomber dans l’alarmisme, mais surtout d’éviter le conventionnel et soporifique «tout va bien», en impliquant toutes les composantes de la société civile dans la recherche des meilleurs moyens de faire face. Commencer par le compte sur soit, l’amélioration des capacités nationales (productivité et production) dans tous les domaines et par le consommer moins et mieux.
(Source: AFRICAN MANAGER le 18 mai 2008)
Détournement de fonds et comptes fictifs
Tunis- le Temps : L’affaire qu’a eu à juger la chambre criminelle du tribunal de grande instance, remonte au 22 mars de l’année 2005, jour où un chef d’une agence bancaire, ayant soupçonné une malversation à la suite d’une opération de virement de 42 mille dinars, demandée par un directeur de société, d’un compte bancaire à un compte postal Le banquier avisa les services concernés qui vérification faite se sont aperçu du manège consistant à faire des détournements dans des comptes fictifs. Le compte postal sur lequel a été versée ladite somme appartenait à une personne fictive au moyen d’une fausse carte d’identité. L’enquête ordonnée par le procureur de la République révéla les faussaires qui ont été arrêtés. Ils s’avérèrent avoir commis des virements similaires sur d’autres comptes fictifs. Les faussaires ont reconnu leurs forfaits devant le tribunal et devaient répondre pour les délits de faux usage de faux et détournements de fonds, dans quatre affaires. Les avocats ont demandé le renvoi de l’affaire pour préparer les moyens de leur défense. Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 18 mai 2008)
Création de plusieurs tribunaux de première instance et de deux tribunaux cantonaux
Un décret relatif à la création de trois nouveaux tribunaux de première instance dans les gouvernorats de Tunis, de Sousse et de Sfax, et de deux tribunaux cantonaux, a été promulgué récemment. Les compétences territoriales du deuxième tribunal de première instance de Tunis s’étendront aux délégations d’Ezzouhour, Sidi Hacine, Séjoumi, Hraïria, Ouardia, Kabaria et Jebel Jeloud. Pour ce qui est des tribunaux cantonaux qui en relèvent, il s’agit de Tunis II, d’Ezzouhour et d’El Ouardia. S’agissant des compétences territoriales du deuxième tribunal de première instance de Sousse, elles s’étendront aux délégations de Hammam-Sousse, Kalâa Kebira, Kalâa Seghira, Sidi Bou Ali, Akouda, Hergla, Enfidha, Bouficha et Kondar. Le tribunal cantonal d’Enfidha et de Sousse II relèvera de cette instance. Par ailleurs, un deuxième tribunal de première instance a été créé à Sfax. Ses compétences territoriales s’étendront aux délégations de Sfax-Ouest, Sfax-Sud, Thyna, Mahres, Ghriba, Skhira, Agareb, Menzel Chaker et Bir Ben Ali Ben Khalifa. Les tribunaux cantonaux qui en relèvent, consistent en Sfax II, Mahres et Agareb. Le décret prévoit également la création d’un nouveau tribunal cantonal dans le gouvernorat de Sousse. Ses compétences territoriales s’étendront aux délégations de Hammam-Sousse, Kalaa Kebira, Kalaa Seghira, Sidi Bou Ali, Akouda et Hergla. Il prévoit aussi la création d’un tribunal cantonal à Sfax dont les compétences s’étendront à Sfax-Ouest, Sfax-Sud et Thyna. La création des deuxièmes tribunaux de première instance à Tunis, Sfax et Sousse, qui relèvent respectivement des Cours d’appel de Tunis, de Sfax et de Sousse, ainsi que des deux tribunaux cantonaux à Sousse et à Sfax, s’inscrit dans le cadre du rapprochement de la justice des justiciables et de l’allégement du fardeau sur certains tribunaux dont le volume de travail ne cesse de s’accroître à la lumière de l’extension urbaine et de la densité démographique que connaissent les délégations qui en relèvent. Les préparatifs vont bon train au niveau du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme pour assurer l’ouverture de ces nouveaux tribunaux, au cours de la nouvelle année judiciaire 2008-2009. (Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 18 mai 2008)