17 mai 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2550 du 17.05.2007

 archives : www.tunisnews.net


AISPP: Ne la laissez pas mourir de tristesse et de faim ! Unterschriftenaktion zur Unterstützung von Journalisten Mohamed Fourati Libération: La Bosnie expulse ses moudjahidin Al Quds Al Arabi: Les arabes et la magie de Mme Livni Mizaanoun: Les USA : Les véritables dimensions de la terreur globale d’un empire


 
Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel : 71 354 984 Tunis, le 17 mai 2007

Communiqué Ne la laissez pas mourir de tristesse et de faim !

Madame Ftima Bouraoui, mère des jumeaux prisonniers Oualid et Khaled Layouni, poursuit sa grève de la faim pour le treizième jour d’affilée à son domicile de Kélibia dans le gouvernorat de Nabeul. La police a encerclé son domicile et lui interdit toute visite. Madame Zaïneb Chebli, mère du prisonnier politique Khaled Arfaoui, a voulu lui témoigner son soutien et s’inquiéter de son sort : elle est venue le 15 mai du gouvernorat de Bizerte à celui de Nabeul mais la police politique lui a interdit d’entrer et l’a bloquée toute la nuit du 15 au 16 mai 2007 devant la maison. Elle l’a obligée à passer toute la nuit dans la rue et à prendre un louage au petit matin, qui l’a ramenée vers six heures du matin à Tunis. Son avocat, Maître Nouri, président de l’AISPP, s’est déplacé pour lui rendre visite, mais la police l’a suivi, a arrêté son véhicule à deux reprises en des points rapprochés pour des contrôles d’identité, pour en terminer par décréter qu’il lui était interdit de continuer plus avant et d’entrer dans la ville de Kélibia. L’AISPP a appris que la section de Kélibia de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, lui avait envoyé un médecin spécialiste, le Dr Lotfi Ben Younes, afin de l’examiner et de diagnostiquer les conséquences de la sous-nutrition sur sa santé. Il lui a prescrit quatre médicaments qu’elle a refusé de prendre. Le médecin lui a aussi prescrit des analyses de sang. L’AISPP, qui a déjà dénoncé les brimades perpétrées à l’encontre de madame Ftima Bouraoui et de ses deux fils, réitère sa condamnation de telles pratiques. Le Président

Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Unterschriftenaktion zur Unterstützung von Journalisten Mohamed Fourati

 

Tunis-online.net

Am 9. März 2007 wurde der  unabhängige Journalist,  Mohamed Fourati von dem Revisionsgericht in Gafsa 350 Km südlich der Landeshauptstadt Tunis wegen eines fünf Jahre alten Prozess zu 14 Monaten Freiheitsstrafe verurteilt. Dieser alte Prozess wurde dreimal von einem anderen Gericht freigesprochen. Ihm wurde vorgeworfen, Familien der politischen Gefangenen in Tunesien finanziell unterstützt zu haben. Der Journalist Mohamed Fourati  befindet sich zurzeit in Katar wo er für die Zeitung Al- Chark arbeitet. Im Fall seiner Rückkehr nach Tunesien drohen ihm dort Folter sowie andere schwere Menschenrechtsverletzungen. Die Journalisten-Organisation „ Verein der Afrikanischen Journalisten im Exil (JAFE) anerkannter Verein in Paris Frankreich“,  hat eine Unterschriftenaktion zur Unterstützung von Journalisten Mohamed Fourati gestartet.      

Liste der unterzeichner

 

1 – Amina Al-Zouaoui Algoumani / Vorstandsmitglied der Partei PDP Tunesien

2 – Taher Lassouad / Universitär / USA

3 – Ahmed Gaaloul/ Journalist Aklamonline

4 – Chedli ayadi / arbeitet für den Schwedischen Parlament

5 – Houcine Ben Amor / Menschenrechtler Tunesien

6 – Arbeitsgruppe der Internetzeitung Alhiwar.net

7 – Ahmed Farhat Hammoudi / Wirtschaftsprofessor Tunesien

8 – Taher Labidi / Chefredakteur der Zeitschrift Tawassoul / Frankreich

9 – Bassam Bounenni / Journalist

10 – Arbeitsgruppe der Internetzeitung TunisNews.net

11 – Arbeitsgruppe der Intenetseite Tunis-online.net

12 –  Thourayah Wakkas Professor und Journalisten

13 – Jalel Al- Ouerghi / Journalist bei Qudspress

14 – Jamel Dallali / Techniker bei der Fernsehsender Alhiwar

15 – Josef Ghattas / Schriftsteller

16 – Jamel Abderrahman / Schriftsteller Tunesien

17 – Jamel Farhaoui / Dichter

18 – Lotfi Hidouri / Journalist

19 – Hassan Mohamed Lamine / Journalist Libyen

20 – Habib Lamari / Menschenrechtsaktivist

21 – Hafidh Jandoubi / Lehrer

22 – Habib Abouwalid Mokni / universitär

23 – Dr. Khalid Taraouli / Partei Präsident

24 –  Khmaies Chammari / Abgeordneter in Tunesischen Parlament

25 – Rabeh Lakhraifi / Rechtsanwalt

26 – Dr. Riadh Hajlaoui / Professor

27 – Rajaa Chamekh / Menschenrechtsaktivisten Paris

28 – Ridha Rejibi

29 – Tarek Chamkhi / Journalist

30 – Tarek Souissi / Lehrer

31 – Tarek labidi / Rechtsanwalt Tunesien

32 – Taha Baazaoui / Journalist

33 – Saleh Atiya / Journalist

34 – Abdoulbaki Khalifa / Journalist

35 – Ameur Ayad / Händler Tunesien

36 – Dr. Adel Salmi / Universitär

37 – Abdelwahab hani / Menschenrechtsaktivist

38 – Abdallah Zouari / Journalist

39 – Abdellatif Labidi / Journalist

40 – Abdelwahab Oumri / Tunesien

41 – Abdelhamid Addassi / Dänemark

42 – Ammar Boumlassa / Universitär Tunesien

43 – Aziz Krichane

44 – Akila Salah Badr / USA

45 – Abdelwahab Mouattar / Professor und Rechtsanwalt

46 – Imed Daymi / Ingenieur

47 – GANDY HUMAN RIGHTS ORGANISATION

48 – Soufiane Chawarbi / Journalist

49 – Sami Nasr / Journalist

50 – Slim Boukhdhir / Journalist

51 – Samir Dilou / Rechtsanwalt

52 – Samir Abid / schriftsteller

53 – Saadani ferjani / Journalist

54 – Dr. Schaima Sawwaf / Journalisten

55 – Choukri Yakoub

56 – Chaaban Charni / Student

57 – Fathi Nasri / Rechtsanwalt

58 – Farhat Laabar / Journalist

59 – Fathi Jawadi / Journalist

60 – Fathi Abdelbaki / Techniker und Menschenrechtsaktivist

61 – Kamel Ghali / Dichter und Schriftsteller

62 – Mayah Jeribi / Parteichefin PDP Tunesien

63 – Dr. Moncef Marzouki / Parteichef CPR Tunesien

64 – Mohamed Goumani / Journalist

65 – Moncef boushaki / Ingenieur

66 – Mohamed Tennich / Techniker und Menschenrechtsaktivist

67 – Mounir Dabbour / Menschenrechtsaktivist

68 – mohamed Ben Hinda / Menschenrechtsaktivist

69 – Mohamed Yazidi / Journalist

70 – Mohamed Hamrouni / Journalist

71 – Mohamed Nouri / Menschenrechtsaktivist

72 – Najib Housni / Rechtsanwalt

73 – Nabil Rihani / Journalist

74 – Najib Bakkouchi / Universtär

75 – Dr. Nacif Jebouri / Journalist

76 – Noureddine Khemiri / Lehrer

77 – Dr. Haythem Mannaa / Chefredakteur der Zeitschrift Moukarabat

 

Um  in die Unterschriftenaktion teilzunehmen bitte E- Mail an:

taharlabidi@free.fr

oder

info@tunis-online.net

www.tunis-online.net


 

La Bosnie expulse ses moudjahidin

Le pays annule les naturalisations accordées aux combattants arabo-musulmans durant la guerre.
 
Par Christophe AYAD
Ils étaient venus combattre aux côtés des Musulmans de Bosnie. Certains étaient déjà sur place et se sont enrôlés. D’autres se sont installés après la guerre, ont pris femme et eu des enfants. Aujourd’hui, les «Arabes» de Bosnie sont devenus indésirables. L’Etat bosnien s’apprête à expulser plusieurs dizaines, voire centaines, de ses propres ressortissants, en majorité d’origine arabe, après les avoir déchus de leur nationalité. Ex-combattants ou anciens humanitaires, ils sont désormais indésirables.

 

Le Parlement a adopté une loi instaurant une commission de révision des naturalisations accordées entre le 6 avril 1992, date officielle du début de la guerre en Bosnie, et le 1er janvier 2006. Cette commission, mise en place l’année dernière et présidée par un fonctionnaire du ministère de la Sûreté, est chargée d’étudier les cas de quelque 1 500 personnes. Elle a déjà retiré leur nationalité à 488 personnes: plus de 70 Turcs, une trentaine d’Egyptiens, autant d’Algériens et de Tunisiens, plus de 20 Soudanais, etc. Cinquante d’entre eux avaient reçu, en janvier, un courrier leur annonçant cette décision.
«Décision politique». Dans les faits, seuls les ex-ressortissants turcs ou arabes sont visés. «Nous allons expulser des personnes qui, selon les résultats de l’enquête, mettent en danger la sécurité du pays», s’est contenté d’expliquer un responsable gouvernemental bosnien, Dragan Mektic.
«Cette décision est politique. Ils font ça sous la pression internationale», explique Aiman Awad, porte-parole de l’association Ensarije, qui regroupe quelque 200 Bosniaques, et lui-même menacé par la loi bien qu’il vive en Bosnie depuis 1982. Pour lui, cette politique répond aux demandes des Etats-Unis dans le cadre de la lutte antiterroriste.
Les accords de Dayton, qui ont mis fin en 1995 à la guerre de Bosnie, spécifiaient déjà que les 4 000 à 5 000 moudjahidin arrivés en Bosnie pendant le conflit devaient quitter le pays. Quelques-uns l’ont fait, notamment les plus motivés par le jihad international. D’autres ont été arrêtés par des commandos de la Sfor, la force multinationale de l’Otan déployée en Bosnie au lendemain de la guerre. Ceux qui sont restés mènent pour la plupart une vie tranquille, le plus souvent dans la région de Zenica (centre du pays), même si on leur reproche de diffuser une version wahhabite et particulièrement conservatrice de l’islam.

 

Terroristes dormants. Depuis le 11 Septembre, la Bosnie fait du zèle. Elle a livré 6 Algériens à Washington. Bien que la justice bosnienne les ait blanchis, ils croupissent toujours à Guantánamo. Deux Bosniens d’origine égyptienne, Ussama Farag Allah et Al-Sharif Hassan Saad, ont été expulsés vers l’Egypte où ils sont détenus. Badreddine Ferchichi, un Tunisien à qui l’asile avait été refusé en Bosnie, a été renvoyé en Tunisie le 29 août dernier. Ferchichi attend en prison son procès devant un tribunal militaire. Autant de procédures contraires à la convention contre la torture et à la convention européenne des droits de l’homme, que Sarajevo a pourtant ratifiées. Parallèlement, des opérations coup de poing antiterroristes sont montées en épingle par les autorités afin de présenter les ex-combattants arabo-musulmans comme des terroristes dormants: Mounir Silini en a fait les frais. Arrêté chez lui le 24 mai 2006, il a été relâché deux jours plus tard faute de preuves. Depuis, il a fui en France où il a déposé une demande d’asile politique pour ne pas être expulsé en Tunisie où il n’a pas remis les pieds depuis seize ans et où il a été condamné par contumace à quatre ans de prison pour sympathie avec le parti islamiste interdit Ennahda.
En Bosnie, cette vague d’expulsions soulève peu d’échos, même si deux manifestations ont été organisées par les ex-combattants arabo-musulmans et leurs familles, en octobre à Sarajevo et fin février à Zenica. Les anciens combattants bosniaques font remarquer que la plupart des «Arabes» ont combattu au sein de la Katibat al-Moudjahidin, une unité alors tout à fait officielle au sein de l’armée bosniaque. «Si certains d’entre nous ont commis des crimes de guerre, qu’ils soient jugés par le Tribunal pénal international. Sinon, qu’on nous fiche la paix», estime l’un d’entre eux.
(Source: Le journal « Libération » du 17 mai 2007) http://www.liberation.fr/actualite/monde/254331.FR.php


 

Les arabes et la magie de Mme Livni

Éditorial d’Abdel Bari Atwan (traduit de l’arabe)

 
Nous ne croyons pas que Mme Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères, s’est trompée lorsqu’elle a qualifié sa rencontre d’avant-hier avec les ministres égyptiens et jordaniens des Affaires étrangères comme étant une opération officielle de normalisation des relations – à grande échelle – avec la Ligue arabe. La rencontre a eu lieu après la décision des ministres des A.E. de relancer l’initiative de paix arabe et de charger les deux ministres cités plus haut de cette mission au nom des autres États arabes puisque les pays qu’ils représentent possèdent déjà des relations diplomatiques avec l’état hébreu. Le communiqué de la Ligue arabe qui a nié le fait que le Ligue ou son secrétaire général aient débuté l’opération de normalisation n’est pas du tout convaincant. Le texte se fiche carrément des cerveaux des citoyens arabes. Il s’agit tout simplement, de la part de la Ligue et des pouvoirs en place, d’une nouvelle tentative de nous tromper. La décision de relancer l’initiative de paix et de charger les deux ministres de cette mission a été prise à la suite d’une réunion de la Ligue arabe. Cela a été dit par le Secrétaire général, Amr Moussa, à l’occasion d’une conférence de presse publique, devant plus de deux cent journalistes arabes et étrangers. Pourquoi donc se mettre la tête dans le sable et s’en laver ainsi les mains de façon aussi naïve ? MM. Ahmed Abou Ghït, le ministre égyptien des A.E., et son homologue Abdallah Al-Khatib étaient tout heureux en compagnie de Mme Livni. Ils étaient visiblement impressionnés par son intelligence, et peut-être même par sa beauté, en adhérant à cette opération de normalisation officielle faite sous l’égide de la Ligue arabe. Nous les avons vus, dans de rares images diffusées par les télévisions arabes et étrangères, discuter gentiment avec la dame israélienne. Ils échangeaient avec elle les souries comme si elle avait été une vieille amie ou un membre de leur famille. Tout sérieux était mis de côté dans une rencontre qui était supposée en être une de confrontation. Nous nous attendions à ce que les ministres utilisent un langage tranchant en parlant avec la ministre des affaires étrangères d’un État qui a volé la terre et commis (et commet encore) des massacres contre un peuple frère. M. Amr Moussa a indiqué, dans sa conférence de presse annonçant la relance de l’initiative de paix arabe, que la normalisation avec le gouvernement Olmert n’aura pas lieu avant l’arrêt de la construction du mur raciste et des colonies et encore moins avant la levée du siège du peuple palestinien. Voilà que la relance (du plan de paix) se déroule alors que le siège économique est toujours d’actualité, que la construction du mur continue et que la partie israélienne annonce un plan non équivoque pour la division de Jérusalem et pour la construction de nouvelles colonies à l’intérieur et aux abords de la ville. Comment M. Moussa va-t-il répondre à ceci ? Comment est-ce que les deux ministres des A.E. pourront défendre leur rencontre avec Mme Livni au moment même où une prochaine rencontre est prévue à Jérusalem occupée, dans le siège même du ministère israélien des affaires étrangères ? Mme Livni a clairement exprimé son opposition à deux articles principaux de l’initiative paix arabe qui concernent le droit au retour des réfugiés palestiniens et le fait d’empêcher l’installation définitive de ces derniers (tawtin) dans les pays arabes où ils résident. Le Premier ministre Olmert a exprimé la même opposition en invitant les leaders arabes, et particulièrement ceux d’Arabie Saoudite, à venir visiter l’État hébreu pour discuter les détails de l’initiative. On dirait bien que cette rencontre avec deux ministres arabes et celle avec le président égyptien Hosni Moubarak, constituent la réponse arabe aux conditions dictées par les Israéliens. Au même moment, le gouvernement israélien ne s’est pas engagé sur une seule des demandes arabes incluant la moins difficile d’entre elles, la levée du siège économique. Les deux principaux partis palestiniens, le Fatah et le Hamas, ont accepté toutes les demandes de pays arabes visant à aider les preneurs de décision à faire lever le siège. Ils sont allés à la Mecque et accepté toutes les décisions du Sommet arabe, dont l’installation d’un gouvernement d’union nationale. Malgré cela, rien n’a changé. Le siège a été imposé au gouvernement du Hamas, car le mouvement est considéré comme terroriste aux yeux des États-Unis et des pays européens pro-israéliens. Voilà que le Hamas – qui a remporté des élections démocratiques de l’aveu même des Américains –  abandonne de facto les postes clefs du gouvernement en espérant obtenir la reconnaissance internationale. Ce ne fut pas le cas puisque le boycott continue. Nous avons même vu la Belgique renvoyer, de façon humiliante, un des ministres palestiniens (Basem Naïm, ministre de la jeunesse et du sport) et empêcher son avion de survoler l’espace Schengen. Ils ont dit aux leaders du Hamas qu’ils devaient abandonner les ministères de souveraineté, l’un après l’autre. Il ne fallait pas occuper le ministère des Finances de peur de financer des opérations terroristes (le ministère a donc été offert, sur un plateau en or, à Salem Fayyad, l’ami personnel de Condoleezza Rice). Ils ont proposé de faire l’impasse sur le ministère des A.E., car ce n’était pas une bonne idée de le confier à un « barbu » qui ne peut évidemment pas côtoyer des homologues européens élégants. Lui se parfume à l’encens alors qu’eux choisissent les parfums français haut de gamme. Ce n’était pas compatible. Le Hamas a donc accepté cela à contre-cœur. Le tour est ensuite venu au ministère de l’Intérieur, que le Hamas considérait comme lui revenant de droit. Pendant des semaines, la formation du gouvernement a été paralysée. Les menaces présidentielles de démanteler le gouvernement du Hamas – en brandissant l’arme du référendum ou celle des élections anticipées – ont fusé. Les menaces américaines de consacrer 86 millions $ à la garde présidentielle, ont suivi. Lorsque le Hamas a accepté tous ces chantages – et avalisé la nomination d’un gentil ministre de l’intérieur tellement pacifiste que tu pourrais lui donner le bon Dieu sans confession -, Mahoumoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a fait publier un décret qui annulait de facto les prérogatives de ce ministère et les transféraient au conseiller d’État pour la sécurité, Mohammed Dahlan, un homme détesté par l’écrasante majorité des cadres du Hamas qu’ils vivent à l’intérieur ou à l’extérieur (des territoires occupés). La ligue arabe a commencé la normalisation avec le gouvernement Olmert en utilisant une sorte de système de « facilités de paiement ». Aujourd’hui, c’est au tour des ministres des A.E. de l’Égypte et de la Jordanie. Demain, ce sera le président et le roi de ces pays. Après demain, le comité normalisateur va s’élargir à des pays qui n’ont ni relations diplomatiques ni commerciales avec l’État hébreu. Nous pensons notamment aux Émirats arabes unis et à l’Arabie saoudite. Ce dernier État est d’ailleurs à l’origine de l’initiative de paix. Tout cela au titre de la création des « conditions propices à la paix », chères à Mme Rice. Ces positions arabes officielles molles – qui mendient la paix à un gouvernement israélien divisé, aux bois, et à la popularité inexistante – n’auraient pas pu s’exprimer sans l’existence d’une autorité palestinienne faible dotée d’un président résigné, d’un Premier ministre permissif et d’une désorganisation honteuse des services de sécurité. M. Abbas a déjà dit qu’il allait démanteler l’Autorité palestinienne si la siège que vivent les Palestiniens ne prenait pas fin. M. Ismaïl Haniyeh a fixé un délai à trois mois pour démanteler le gouvernement qu’il dirige. Nous ne croyons pas qu’aucun des deux soit sérieux dans ses menaces. Si cela avait été le cas, nous ne serions pas arrivés à une situation où plus de 100 policiers et miliciens sont incapables de faire libérer un journaliste kidnappé par une famille palestinienne, à Gaza. Quand nous avions demandé de démanteler l’Autorité – à un moment où la situation était bien meilleure et où il y avait un leader qui acceptait de mourir sous le siège israélien –, M. Abbas et ses acolytes nous ont accusé d’être opposés au projet palestinien commun et à ses acquis. Aujourd’hui, M. Abbas répète ces mêmes accusations. La roue de la normalisation officielle arabe a commencé à tourner. L’initiative de paix risque même de revenir à sa version originale qui parle de normalisation complète avant même le retrait complet. Tout cela à cause de l’absence de courage chez les leaders arabes et de l’abandon des intérêts stratégiques arabes. Sinon, comment expliquer la peur que ressentent ces leaders face à un président américain désavoué par le Congrès ainsi que la joie de deux ministres arabes des A.E. à rencontrer leur homologue israélienne dont la sécurité était assurée par ses propres gardes du corps (comme si elle ne faisait pas assez confiance au plus grand État arabe pour la protéger) ? La réponse à cette nouvelle donne, qui est aussi dangereuse qu’humiliante, doit venir du bord palestinien en premier lieu, car c’est ce peuple qui payera la note en fin de compte. MM. Abbas et Haniyeh doivent arrêter de s’intéresser à des détails futiles quand il est question de la cause principale. Ils doivent immédiatement convoquer une conférence de presse pour annoncer, ensemble, le démantèlement de l’Autorité et de toutes les structures qu’elle chapeaute. Ce serait la plus grande et la plus noble forme de résistance qui obligerait le monde entier à assumer sa responsabilité, celle d’affamer les lions palestiniens. Traduit de l’arabe par : Taïeb Moalla, tmoalla@yahoo.com
 
(Source: Al Quds Al Arabi, samedi 12 mai 2007)

 

 

Les USA : Les véritables dimensions de la terreur globale d’un empire.

Par Mizaanoun

1. Les bases militaires de l’Empire USA dans le monde.

En 2005 le nombre des Bases militaires Usaméricaines étaient de 737[1]. Mais comme on le verra par la suite, avec l’invasion de l’Irak et les guerres préventives qui se trouvent dans le plan de l’Administration US, le nombre de ces bases seraient en augmentation et de différentes formes. Néanmoins il en résulte que le nombre des trente huit principales installations militaires qui se trouvent disséminées à travers toute la planète – toutes sont des gigantesques bases aériennes et navales pour les bombardiers –  soit presque l’équivalent des trente six grandes bases navales et garnisons britanniques à l’époque de son zénith impérial en 1898. L’Empire Romain pendant sa plénitude en  l’an 117 avant Jésus Christ disposait de trente sept grandes bases  pour surveiller ses possessions, de la Grande Bretagne à l’Égypte, de l’Hispanie à l’Arménie. Donc comme on le voit, il paraît que –  pour toute puissance impériale qui  aspire à dominer  le monde – le nombre idéal de forteresses avec toutes ses unités se situe entre trente cinq et quarante.

Conformément  aux  informations de l’année fiscale 2005, les bureaucrates du Pentagone calculent la valeur de leurs bases hors des États-Unis à moins de 127 milliards de dollars (127.000.000.000 $). Un chiffre – sans aucun doute –  en dessous de la réalité, mais en tout cas supérieur au PIB de plusieurs pays  du monde réunis. Quant à la valeur des toutes les bases intérieures et extérieures, elle est estimée à 658,100milliards de dollars (658.100.000.000 $). La valeur se calcule selon ce que le Département de la Défense considère le coût  nécessaire pour remplacer une base. Toujours selon les mêmes sources de la même année, le haut commandement militaire US dispose d’un déploiement de 195.975 militaires dans toutes les bases extérieures, en plus d’un chiffre similaire d’employés et fonctionnaires civils du même Département de la Défense et de 81.425 ouvriers et employés étrangers contractuels. Au total – sur le plan mondial – le personnel militaire Usaméricain en 2005 y inclus ceux qui sont basés à l’intérieur des États-Unis était de 1.840.062, assistés par 473.306 fonctionnaires civiles du Département de la Défense et 203.528 collaborateurs sous contrat local dans les différents pays du monde. Ce indépendamment des services fournis par les compagnies dites de sécurité, qui pullulent aux EU et en moindre proportion dans le reste du monde occidental. Ce sont des compagnies qui disposent de leurs propres bases militaires et flottes aériennes et leurs personnels sont composés généralement d’anciens militaires, telle que la compagnie « Blackwater ».

 

Cette compagnie  a à son actif, la bataille ou le massacre de la ville d’El Falloujah en Irak en novembre 2004. C’était pour venger ses quatre mercenaires tués par la résistance en mars de la même année. Pendant les bombardements qui ont duré plusieurs semaines 6.000 civils ont été tués, 36.000 des 50.000 maisons ont été rasées de la face de la terre, 60 mosquées ont définitivement disparu. Les survivants de ce massacre se trouvent soit dans des camps de refugiés soit expatriés hors de leur pays[2]. Dans son interview sur la chaîne Aljazeera de la dernière semaine d’avril 2007, Mohammed Hassanein  Haykal a évalué à 120.000 le nombre des mercenaires de cette compagnie et d’autres actuellement présents aux côtés des plus de 160.000 marines Usaméricains. Bien que cette compagnie ait le contrat le plus important (750 millions de dollars, un chiffre évoqué dans le programme – Sans Frontières  qui a réuni le présentateur Ahmed Mansour et l’expert anglais dans ce domaine, John Hilary –  d’Aljazeera en date du 09/05/2007. On n’a pas précisé si le montant porte sur une durée ou d’une semaine, d’un mois ou sur une quantité déterminée de mercernaires. ) en Irak en ce moment avec l’Administration US. Après cette compagnie, vient  la compagnie anglaise de mercenaires, AG-Security, avec 250 millions de dollars. On ne connaît pas le volume des contrats des autres compagnies, telles que Vinnell, ArmorGroup ou Dyncorp etc.

 

Toutes ces compagnies ont des contrats de la même nature avec plusieurs Cheikhs et Émirs du Golf. Particulièrement avec la Maison des Saouds. Dans le même programme d’Aljazeera on apprend que le nombre de ces compagnies de mercenaires, qui sont cotées à la bourse comme des quelconques compagnies de produits de cosmétiques ou de détergents, serait au nombre de 180 dans le monde. Leur chiffre d’affaires serait d’environ 100 milliards de dollars (100.000.000.000 $) La plupart de ces compagnies sont installées au cœur de l’empire et à part leur personnel usaméricain, elles recrutent dans d’autres pays du monde tel que le Chili, qui fournit de mercenaires très appréciés pour leur efficacité. Tous ces anciens militaires chiliens ont été formés à l’époque de la plus sanguinaire dictature du monde, celle d’Augusto Pinochet. Comme elles s’approvisionnent aussi en Europe en général et en en Afrique du Sud dont les réserves du genre remontent à l’époque de l’apartheid.   

 

Dans les Bases extérieures, le Pentagone possède en propriété 32.327 casernes, hangars, hôpitaux et autres édifices et en plus de 16.527 en location.  Toutes ces installations, de par le monde, occupent une superficie de 687.347 acres et celles de l’intérieur une superficie de 29.810.492 acres. Sachant qu’une acre équivaut à 4.046 mètres carrés le total des superficies serait de : 687.347+29.819.492 acres multipliées par 4.046 =  123.456.906.500 m2 ou 123.456.906,5Km2, ce qui fait du Pentagone le plus grand propriétaire foncier de la planète. Ce sont là des chiffres qui donnent du vertige, mais ils sont loin d’être exhaustifs.

 

Dans le rapport du Pentagone « Structure Report » de 2005 par exemple, on ne cite aucune des garnisons au Kosovo, bien qu’il soit le siège de l’énorme Base Camp Bondsteel, construite en 1999 et dont la maintenance est depuis confiée à la multinationale KBR (Kellogg Brown & Root), une filiale de Haliburton. Ni les Bases en Afghanistan, ni celle en Irak, (106 installations militaires jusqu’en 2005. On reviendra plus bas sur ces bases), ni celle du Qatar, ni celle en Ouzbékistan, ni les quinze bases au Koweït. Dans tous ces pays les forces Usaméricaines ont établi une colossale structure de bases pour la région du Golfe et d’Asie Centrale depuis le 11-S. Bien qu’en préambule le rapport parle – avec fausse modestie – à savoir que les  autorités Usaméricaines qui auraient repoussé avec remerciement, des installations militaires qui leur ont été proposées par différents pays, il n’y a rien de vrai dans telles affirmations. Le même rapport omet les vingt installations US en Turquie, qui sont toutes propriétés de l’État turc mais d’usage conjoint avec les Usaméricains. D’autre part le Pentagone feint d’omettre les 5 milliards de dollars (5.000.000.000$) que coûtent les installations militaires et d’espionnage en Grande Bretagne. Ces bases sont déguisées en bases de la « Royal Air Force » britannique.

 

Avec une comptabilité décente et précise, la vraie dimension de l’empire militaire Usaméricain dépasse les 1000 Bases militaires en dehors des E.U. Mais personne – ni même le Pentagone – ne sait avec exactitude le nombre réel des toutes ses Bases. Dans plusieurs cas beaucoup de pays ont dissimulé leur complicité avec l’impérialisme Usaméricain et n’ont pas révélé ces bases de crainte de la réaction de leurs populations. Dans d’autres c’est le Pentagone qui minimise l’importance de construction d’installations destinées surtout au contrôle des sources d’énergie et dans le cas déterminé de l’Irak à la construction d’un réseau de bases destiné à maintenir – quelque soit la nature du gouvernement dans le futur – l’Irak sous l’hégémonie Usaméricaine. Le gouvernement US refuse de divulguer les informations concernant les bases destinées à l’écoute camouflée des communications mondiales. Et tel que le rapporte un expert en la matière – William Arkin –  le gouvernement US maintient en secret total et en violation des lois internationales le déploiement de ses armes nucléaires. Toujours selon, le même expert, les E.U mentent à leurs  propres alliés et même à l’OTAN sur cette question et sur tous leurs projets nucléaires. Des dizaines de milliers d’armes nucléaires, des centaines de bases ainsi que de douzaines de vaisseaux et sous-marins nucléaires existent dans un monde secret sans raison militaire ou justification quelconque comme « forces de dissuasion. »

Par exemple, en Jordanie, cinq milles militaires US sont déployés sur des bases situées le long des frontières syriennes et irakiennes (La Jordanie collabore d’une manière continue avec les services secrets comme la CIA qui lui envoie des « prisonniers » dans le but de les interroger sous la torture. Les services secrets jordaniens, égyptiens, syriens, marocains et la plupart des régimes arabes sont des experts en la matière.) Malgré toutes ces évidences, le gouvernement jordanien nie toute existence de bases sur son sol ainsi que toute collaboration avec les Usaméricains. La Jordanie serait officiellement – comme le dit Arkin – un pays souverain, mais en réalité, il est un satellite des États-Unis. [Une telle réalité n’échappe à aucun observateur, comme elle n’échappe pas non plus au simple bon sens des foules arabes où qu’elles se trouvent] De la même manière se trouve la Péninsule Arabe ou l’Arabie Saoudite, même si officiellement les forces Usaméricaines se seraient retirées en 2003. [La  flotte des gros bombardiers B-52 a toujours sa place par exemple à Djeddah ou à Aarar.] L’Administration US et la Maison Saoudite  avaient toujours mutuellement nié la présence de bases et installations militaires. Il est impossible de se fier à leurs déclarations aujourd’hui. Les bureaucrates du Pentagone peuvent bien continuer avec leur ésotérisme militaire pour se protéger, personne ne connaîtra  les véritables dimensions des bases dans le monde  et encore moins les représentants élus du peuple aux USA.

 

En 2005 les déploiements des troupes en dehors des EU ont été constants. On a prétendu que ces grands changements seraient dûs à la stratégie US de maintenir sa domination mondiale – ce qui est vrai – sans pour autant exclure le fait que ces changements obéissent aussi aux caprices personnelles du président Bush de punir tous les pays qui ont refusé de cautionner son invasion de l’Irak d’un côté,  et, de l’autre de récompenser ceux qui l’ont fait. Même à l’intérieur des EU par exemple et tel que le signale la revue US, « Christian Science Monitor » on a transféré des bases militaires vers le Sud où se trouvent les États ayant de tous les temps des attitudes généralement favorables aux traditions militaires beaucoup plus que le Nord-est, le Nord-est -central ou la côte du Pacifique. « L’Armée US va là où elle on l’aime et là où on l’apprécie dit-on.»  

 

Vers la fin des années 90, les néoconservateurs étaient en train de travailler sur leurs grandioses théories qui consistent à  promouvoir un impérialisme direct de l’unique « superpuissance ». Des théories  qui se traduisent  dansla pratique par des actions militaires préventives unilatérales. Des déluges de feu et de  destructions précédant l’extension de la « démocratie » à coups de canon et ainsi couper le chemin du progrès devant tout pays ou groupe de pays qui pourraient constituer un défi à la suprématie militaire US et la conception d’un Moyen Orient « démocratique », juste le suffisant, pour permettre l’accès à tout le pétrole nécessaire. Il n’y a pas de doute que dans l’esprit des néoconservateurs toutes les réserves de pétrole connues ou à découvrir soient nécessaires. L’un des composants de ce projet serait le redéploiement et le renforcement de la capacité militaire aérotransportée. L’argument initial serait un programme de transformation au point de convertir les forces armées US à plus de légèreté et d’agilité avec une haute technologie militaire. Ce qu’on a pu entrevoir comme étant « la transformation de la défense » a commencé à se faire public durant la campagne électorale de l’an 2000.

 

En août 2002, l’ex-Secrétaire de la Défense Donald Rumsfeld avait révélé sa « stratégie de défense 1-4-2-1 » pour remplacer les plans de l’ère Clinton afin de constituer une armée capable de mener deux guerres à la fois : Au Moyen Orient et au Nord-est de l’Asie. Ainsi, les stratèges de la guerre doivent se préparer afin de défendre les États-Unis en créant des forces en mesure de « dissuader toutes agressions ou menaces » dans les quatre « régions sensibles » : L’Europe, l’Asie du Nord (La Corée du Sud et le Japon), l’Est de l’Asie (Le détroit de Taiwan) et le Proche Orient. Ces forces doivent aussi être  dans les parfaites conditions pour défaire les agresseurs dans les deux régions simultanément et remporter « une victoire décisive », c’est-à-dire l’installation de nouveau gouvernement dans l’une et dans l’autre de ces régions au moment et à l’endroit d’élection de l’Administration US. Cette nouvelle stratégie, telle que la commente l’analyste militaire William M. Arkin : « Avec des forces militaires déployées à la limite, va plus loin qu’une simple préparation à des actions de représailles, elle paraît beaucoup plus un plan qui consiste à ouvrir des affrontements dans des nouvelles régions du monde. »

 

Les 24 septembres 2004, l’ex-Secrétaire Donald Rumsfeld avait révélé les premiers détails concrets de ce Nouveau Projet devant le Comité du Sénat des Forces armées. Il l’avait décrit comme la « plus grande restructuration des forces armées US dans le monde depuis 1945. » Et citant le sous-secrétaire Douglas Feith à l’époque, il a ajouté : « Durant la guerre froide, nous savions avec certitude de quel côté pourraient venir les principaux dangers de confrontations et nous étions en mesure d’emmener les troupes à l’endroit précis. À présent nous devons agir avec une toute autre mentalité. Nous devons être capables d’affronter tout type d’opérations militaires, du combat jusqu’au maintient de la paix dans n’importe quelle région du monde avec le maximum de rapidité.»

 

2. Les bases spécifiques en Irak : Bases d’ultime génération.

 

Tout le long des années 2003 et 2004, l’Administration US avaient établi plus d’une centaine de bases de différentes dimensions. Des bases aériennes, des camps de détention et de concentration, des casernes générales pour l’armée de terre, des dépôts pour stocker  de matériels de logistiques et une multitude de « petites bases d’opérations à long terme »[3] prés du champ de bataille. À un an de l’occupation, le Pentagone avait déjà construit – au-delà des simples campements militaires – 14 bases militaires. A la fin de 2006 on est passé à 55 bases d’entre lesquelles, les commandements militaires avaient désignées certaines afin d’être converties dans le futur en bases permanentes. En ce moment le processus de construction de bases ainsi que la construction de nouvelles pistes d’atterrissages et de décollages en ciment armé sont largement avancées. De même est le processus concernant les centres de communications et les installations de différents services pour les militaires. Ces bases qui sont situées autour des aérodromes construits à l’époque de Saddam Hussein permettent aux forces terrestres qui campent là de protéger la capacité de l’aviation dans ses attaques aériennes. Enfin ces aérodromes donnent aussi à ces bases un certain degré d’indépendance dans  le soutien logistique terrestre et permettent une plus grande coordination entre les forces terrestres et les opérations tactiques aériennes. Bien que les budgets du Pentagone rendent difficile le fait de pouvoir déterminer avec exactitude les grandes quantités d’argent destinées à la construction des bases en Irak, dans ces bases spéciales on a dépensé plus d’un milliard de dollars. Dans le cadre d’un supplément de crédit budgétaire en 2006 on a destiné, toujours pour les mêmes constructions, encore 348 millions de dollars.

Les principales bases clefs en Irak sont réparties de la façon suivante :

 

–      Al-Balad, connue aussi sous le nom Camp Anaconda, se trouve à 109 km au nord de Bagdad. À partir de cette base sont coordonnées toutes les activités aériennes de la « coalition » en Irak.

 

–      Al-Talil, base située à 22 km au sud-ouest de Nasiriya au sud de l’Irak.

 

–      Al-Asad, base située à 193 km à l’ouest de Bagdad, près de la ville riveraine de l’Euphrate, Khan Al-Bagdadi.

 

–      Al-Qayyra, base située à 80 km au sud-est de Mossoul au nord de l’Irak.

 

–      Camp Victoire ou Camp Liberté est un énorme complexe qui se trouve prés de l’aéroport international de Bagdad là où le commandement militaire usaméricain a son quartier général.

 

D’autres installations importantes qui se sont améliorées et parmi lesquelles on trouve  le Camp Marez qui situé près de l’aéroport  de la ville de Mossoul ; Camp Cook, au nord de Bagdad et une nouvelle base près de Irbil, au Kurdistan. Les documents de planification qui se réfèrent initialement à ces bases les considèrent comme des « bases permanentes » alors qu’en février 2005, le Pentagone les avait qualifiées de «bases de fonctionnement pour contingence.» A la lueur des informations qui émanent de ceux qui les ont conçues, ces bases jouent un rôle politique et particulièrement une capacité suffisante pour exercer une influence dans toutes les zones limitrophes de l’Irak, ainsi que la possibilité d’intervenir de manière décisive dans tous les conflits qu’ils soient d’ordre local ou national dans tout le Moyen Orient. Un général qui a participé à la conception de ces bases a déclaré au journal «The Washington Post » : « Nous avons décidé que ces bases soient éloignées des zones peuplées et installées dans les lieux qui nous permettent d’exercer une influence dans la zone et une certaine capacité de pression. » Sous le terme capacité de pression s’entend des puissantes attaques militaires contre d’autres pays, comme la Syrie ou l’Iran.

Ces bases clefs sont d’énormes dimensions. Al-Balad (Camp Anaconda) s’étend sur 24 kilomètres carrés, alors qu’Al-Asad et Al-Talil s’étendent sur 32 kilomètres carrés chacune. Quant au complexe de la base Victoire ou Liberté, il est tellement étendu qu’il s’apprête bien à triathlon de 224 kilomètres. Une énorme nuée composée, de personnels de services usaméricains,  d’entreprises de constructeurs privés et d’ouvriers engagés sous contrats, est destinée à toutes ces installations militaires. Pour ce qui concerne uniquement le personnel militaire, la base d’Al-Balad compte avec 20.000 individus, Al –Asad 17.000 et Victoire ou Liberté 14.000. Les entreprises de constructions et leurs employés respectifs totalisent quant à elles des milliers de personnes en plus. Au cœur de ces bases sont incrustés d’amples et sophistiqués aérodromes militaires à double pistes d’une longueur d’entre deux et trois kilomètres et demi qui peuvent aligner à la fois plusieurs avions de combat, des avions téléguidés ou drones, des hélicoptères et de gros avions de transports militaires. A la base Al-Balad on y trouve un total de 250 de ces avions, 120 hélicoptères ainsi qu’un grand nombre de prédateurs téléguidés stationnés sur de vastes plates-formes de béton. Toujours dans la même base on y trouve une rampe de stationnement destiné particulièrement au gigantesque avion des forces aériennes, aux dimensions hors du commun : l’avion cargo C-5A Galaxy. L’illumination a giorno ne peut être meilleure pour les opérations qui se réalisent les 24 heures du jour. Le trafic aérien à la base Al-Balad serait si intense qu’il se trouve comparé à celui de l’aéroport O’Hare de Chicago. On retrouve les mêmes caractéristiques dans l’aéroport de la base Al-Asad avec un contrôle du trafic aérien aussi sophistiqué. Toutes les bases sont parfaitement autosuffisantes en tout ce qui est relatif aux installations y compris celles électriques, les différents systèmes de téléphone, l’air conditionné, le chauffage, les équipements hospitaliers etc. Alors que dans tout le pays il n’y a ni eau potable, ni électricité, ni soins médicaux, les bases constituent un oasis de services qui fonctionnent à plein rendement. Ironie du sort, alors que toutes les constructions des bases s’achèvent avec promptitude, tous les projets de constructions destinées théoriquement à bénéficier à la population, telles que les centrales de traitement des eaux, les centrales électriques, les installations sanitaires sont soit, reportées aux calendes grecques, soit, pour celles construites, hors de fonctionnement pour des défauts les plus divers. [Nul ne peut être dupe sur les intentions réelles de l’Administration US. En tout cas le sort des populations – même les siennes propres – est son dernier souci. Il n’est point besoin de preuve.] Les bases sont protégées de l’extérieur par des remparts de fortifications et le Pentagone est en train de moderniser encore plus les systèmes de sécurité sur tous les périmètres qui les entourent. A la base d’Al-Talil les constructeurs sont en train d’élever une barrière de sécurité en double périmètres pour une valeur de 22 millions de dollars avec un contrôle aux portes de haute technologie, des tours de surveillance et même un tranché qui ressemble à une fosse entourant tout le périmètre de la base. Dans la base d’Al-Balad la barrière de sécurité ne cesse de se moderniser et de s’étendre comme dans un « no man’s land ». Dans toutes les bases les bâtiments sont renforcés par des blocs de béton, les bunkers sont consolidés et on a créé des systèmes électroniques tellement sophistiqués qui n’ont rien à voir avec des bases à caractère temporaire. Tout le contraire. Toutes les bases disposent aussi de baraquements en béton pour les soldats, un réseau de routes intérieures ainsi que d’importants centres de logistiques qui leur permettent d’approvisionner, les troupes destinées dans une zone ou une autre du pays, en alimentation, en combustibles, en munitions et en toute autre nécessité du genre. Toutes les bases disposent aussi de tout le réseau de services complet  à même de permettre le style de vie usaméricain. Dans la base d’Al-Balad à part quatre grandes salles à manger, il y a aussi deux énormes dépôts du type économat et plusieurs établissements de « Fast Food » dont un Burger King, ouvert les 24 heures du  jour, un Pizza Hut, une imitation de Starbucks appelée « Green Beans» un « Baskin Bobbins » un établissement dont la marque de glace est célèbre ainsi qu’un terrain pour jouer au minigolf. Dans la base d’Al-Asad on y trouve un terrain de foot US, un bureau de location de voitures Hertz, un cybercafé, une piscine couverte, une salle de cinéma dans laquelle sont projetés les films les plus récents et même un concessionnaire automobile. Et là aussi il y a un Burger King et une Pizza Hut ainsi que d’autres « Fast Food ». Les mêmes conditions et établissements on les retrouve dans les autres bases comme celle dite « Victoire » ou « Liberté » qui dispose en plus d’une installation sportive très sophistiquée, d’un gymnase ainsi que du plus grand dépôt-économat en Irak. Les soldats dans toutes ces bases jouissent de l’air conditionné, d’accès à Internet via satellite, de télévision par câble et d’un service international de téléphone. [Comme il ne peut être plus clair et d’une manière méridienne, toute la société usaméricaine avec toutes ses composantes déploie « tous les efforts » pour rendre la vie de leurs militaires aussi ou encore mieux agréable qu’à la maison. Toute la société est partie prenante dans l’invasion et la dévastation du pays comme elle l’a fait dans le passé dans toutes les invasions et le fait aussi dans toutes les bases disséminées à travers toute la planète. On reviendra sur ce cas où toute innocence est objectivement et réellement exclue.] Des ingénieurs qui avaient participé à la construction de ces bases avaient déclaré à des journalistes qui visitaient la base d’Al-Balad que dans la période antérieure à mars 2006 et rien que pour faire le mélange nécessaire, à part les milliers de tonnes de ciment, il  a fallu 31.000 chargements de grands camions à remorques  de sable et de gravier. En plus des pistes d’atterrissage, des tours de contrôle, des routes intérieures, d’édifices et fortifications périphériques, les bases sont sillonnées par un énorme réseau souterrain de tubes d’eau et de communications par câble. Le Pentagone ne donne que d’opaques chiffres sur le coût de ces bases. Par exemple le chiffre avancé concernant la construction de la seule base d’Al-Balad dont le contrat a été confié à la filiale de Haliburton, KBR serait de 230 millions de dollars prélevés sur ce qu’on appelle « les fonds d’émergence » tout au long de l’année 2005. Plus tard une rallonge de 50 millions de dollars a été nécessaire. La base d’Al-Talil aurait coûtée 110 millions de dollars. Pour ce qui concerne la base d’Al-Asad, on sait, que pour rien qu’améliorer le périmètre de sécurité, l’illumination a giorno et le contrôle du trafic aérien, 46 millions de dollars ont été nécessaires.

C’est bien avant le 11-S et avant l’avènement de Bush II à la Maison Blanche, qu’avait surgi la question des bases dans la région du Golfe. Dans la décade des années 1990 que va naître le Projet du Nouveau Siècle US (The Project  for a New American Century) qui a réuni dans un puissant groupe les néoconservateurs qui vont exercer des pressions en vue de créer une position à l’échelle mondiale de l’Administration US beaucoup plus agressive. Parmi les membres de ce groupe de néoconservateurs, se trouvent, entre autres, Richard Cheney, Donald Rumsfeld, Condoleezza Rice, Paul Wolfowitz, et bien entendu Georges W. Bush. Dans un rapport publié en 2000, le Projet insistait bien sur la nécessité d’une « substantielle présence usaméricaine dans le Golfe » pour « protéger » la livraison du pétrole et dissuader tout adversaire potentiel. En 2002 au moment où s’approchait l’invasion de l’Irak, des membres clefs du Projet occupaient des hautes fonctions dans l’Administration. Selon les stratèges politiques et militaires des États-Unis, les bases permanentes en Irak présentent d’importants avantages. Le 19 avril 2003, les journalistes Thom Shanker et Eric Schmitt écrivirent un article dans le journal « The New York Times » dans lequel ils indiquèrent les plans du Pentagone pour « maintenir » quatre bases en Irak afin de faire face au futur. Mieux que de parler de « bases permanentes », les militaires de l’époque préféraient employer les termes « accès permanent » en Irak.

3. L’ambassade US à Bagdad, l’autre gigantesque base de terreur à épreuve de bombes atomiques.[4]

Sur une superficie de 260 hectares soit dix fois les dimensions moyennes d’une ambassade US dans le monde et six fois les dimensions de l’enceinte  des Nations Unies à New York, se trouve en construction l’ambassade US à Bagdad. Elle sera composée de 21 bâtiments principaux et de plusieurs autres secondaires. Le coût total y inclus le périmètre de sécurité, tous les services nécessaires et autres installations sera aux alentours d’un milliard de dollars. L’enceinte qui a l’allure d’une forteresse est en train de se construire dans un parc tout au long du fleuve Tigre (Dejla) à l’intérieur de six kilomètres et demi de l’enclave de haute sécurité dite la Zone Verte, là où le «gouvernement irakien» et ses hauts fonctionnaires ont leurs bureaux et leurs résidences. La même Zone Verte est totalement entourée de plusieurs kilomètres de béton, de fil barbelé, de tours de vigilance et d’entrées de sécurité de technologie hautement sophistiquée.

Mais à l’intérieur de la Zone Verte, la nouvelle ambassade aura son propre système de sécurité encore plus complexe et un périmètre de sécurité encore plus solide avec des murs de quatre mètres et demi d’épaisseur. Les bâtiments seront renforcés deux fois et demi les spécifications habituelles à de telles constructions pour supporter toute attaque directe au mortier et même un bombardement aérien. L’ambassade aura sa propre centrale de traitement des eaux résiduelles, des puits d’eau et une centrale électrique qui la met à 100% à l’abri de toute dépendance des services communs de  la ville. Selon le programme, elle devrait être achevée au cours de cet été 2007, l’enceinte inclura entre autres, deux grands bâtiments administratifs ainsi que six édifices résidentiels avec un total de 600 appartements. Selon les informations en cours, il y aura plus de 1000 diplomates secondés par un personnel de soutien, composé de plusieurs milliers, qui travailleront dans l’ensemble des installations. Il y aura aussi une série de résidences pour les hauts fonctionnaires ainsi qu’un énorme bâtiment pour les loisirs et tous les sports confondus, un gymnase, des vestiaires et une piscine. Sans oublier un cinéma, une zone pour dîner, un collège, un économat, une centrale électrique, un atelier de mécanique, et, bien sûr, des magasins et des restaurants disposant, à l’intention du personnel de l’ambassade,  des produits de consommation spécifiquement usaméricaine.

À part le nombre de résidents déjà cité, plus de 2000 personnes appartenant au personnel de sécurité et de défense vivront et travailleront aussi à l’intérieur de la zone. Parmi lesquelles se trouve un grand nombre de personnel de compagnie privée qui travailleront comme garde-corps ainsi qu’une forte force de marines chargés du système de défense du périmètre propre à l’ambassade. Ces marines vivront dans des baraquements, de grandes envergures. Ils seront munis d’armes lourdes y inclus des missiles terre-air afin de se protéger d’éventuelles attaques aériennes. Enfin il y aura cinq entrées de haute sécurité équipées de systèmes de contrôle et de vigilance électroniques. Dans les derniers rapports relatifs à l’ambassade, il est insinué une augmentation du personnel, ce qui rend cet ensemble insuffisant avant d’être même achevé. Selon les informations rendues publiques, le personnel sélectionné recevra des innombrables faveurs et privilèges comme, entre autres, un salaire double du normal, une seule année de destination et  quatre voyages gratuits hors d’Irak durant la même période. Ce qui fait dire à un diplomate le commentaire suivant : « L’ambassade US à Bagdad réduit n’importe quoi à une futilité ; Elle est en train de devenir un énorme  vampire qui exige chaque année du nouveau sang, à savoir de nouvelles vagues de volontaires. Parmi le personnel actuel il y a quelques mille personnes dont deux cents diplomates de carrière, des centaines de personnes provenant des différents Départements (Ministères) et Agences gouvernementales dont un considérable contingent de la CIA et enfin des centaines de politiciens décrits officiellement comme experts  techniciens. Ces derniers ne seraient – selon l’avis de plusieurs diplomates – autres que de fidèles républicains sans compétence aucune». D’autres sources affirment qu’en ce moment se trouvent dans ces futures installations « diplomatiques » jusqu’à 5.000 personnes, un chiffre qui englobe aussi bien le personnel de sécurité ainsi que le personnel de services y compris les ouvriers occupés dans la construction. Et pour l’anecdote, le rapport du Groupe d’Études en Irak, indique que seulement 0,6% ou 6/1000 du personnel permanent de l’ambassade parle d’une certaine manière la langue du pays, c’est-à-dire l’arabe. Enfin de compte cette gigantesque ambassade qui sera achevée dans le délai prévu, elle sera la plus grande au monde. Elle sera complètement isolée de l’extérieur, avec toutes les garanties, toutes les grandes commodités et grands conforts au milieu de la détresse inouïe dans laquelle est plongé tout le pays. Elle constituera le plus puissant et plus arrogant symbole de la présence US dans la capitale de l’Irak ! En conclusion l’auteur écrit : Tous ceux qui ont conçu ces monstrueux projets ne se sont évidemment pas embarrassés, le moindre du monde, de la réaction des citoyens autochtones comme ils démontrent qu’ils n’ont aucune conscience de la nature d’une telle image et symbole que sont en train de créer les États-Unis dans la région. Tous ces monstrueux et effrayants projets qui ont coûté des milliards de dollars impliquent bien que dans l’esprit de ses auteurs, tout l’Irak constitue une base géante pour toutes les opérations militaires usaméricaines dans toute la région du Moyen Orient. Et comme pour parapher l’observation faite par  le membre du Congrès US, Ron Paul, il conclut : « Aussi bien l’ambassade que les bases militaires, envoient un message – on ne peut plus claire et précis – à savoir  que l’Empire US entend diriger l’Irak et toute la région d’une manière sinon permanente, pour le moins pour très, très longtemps encore.» 

4. Les services des renseignements, l’autre tête de l’hydre.

Parmi les seize organismes qui forment une toile d’araignée d’espionnage à l’échelle mondiale – comment doit-il en être autrement sinon ? – se trouve la CIA, l’Agence Nationale de Sécurité, l’Agence d’Espionnage Géospatiale, les différents organismes d’espionnage qui dépendent du Pentagone ainsi que ceux qui dépendent du Département d’État, c’est-à-dire du ministère des affaires étrangères, et,last but not the last, le FBI. Le total du personnel actif dans tous ces organismes serait de 100.000 personnes[5] avec un budget annuel de non moins de 44.000.000.000 de dollars ou 35,743 milliards d’euros. Jusqu’à fin février dernier tout cet ensemble était dirigé par un personnage qui n’évoque dans la conscience humaine rien d’autres que des souvenirs, le moins qu’on puisse dire, les plus lugubres et les plus ensanglantés : John Negroponte. Un personnage d’origine grecque, né le 21 juillet 1939 à Londres, ayant occupé plusieurs postes, entre autres, comme ambassadeur US dans différentes régions du monde dont le Honduras, les Philippines, le Panama et  l’Irak, toujours devançant ou suivant les invasions dans le monde et le sang que font couler les marines, les destructions de fin de monde causées par les bombes de gros tonnage lancées par bombardiers B52, les missiles mer-terre ou terre-terre ou les minis bombes atomiques tactiques que lancent les vagues des F16 ou F18.  Entre 1981 et 1985 après quatre années de dévastations et de morts au Honduras, Negroponte en tant que ambassadeur US s’en va tout en emmenant avec lui cinq enfants de ce pays qu’on dit qu’il les a adoptés, sans dire combien d’enfants avaient été tués pendant la même période qu’il dirigeait en  tant que « diplomate » la terreur dans ce pays. Cet épisode n’est un secret pour personne et encore beaucoup moins dans toute l’Amérique du Sud. Il n’y a aucun doute sur la nature de tous ceux qui ont précédé Negroponte et ceux qui vont lui succéder successivement dans ce poste, comme il ne peut y avoir de différence sur la nature de tous ceux qui se trouvent dans d’autres postes de l’Administration US en général.  Il n’est pas un hasard que Negroponte  soit envoyé par la suite à Bagdad. En ce moment après avoir cédé le poste du directeur général du Département National d’Espionnage (DNI en anglais) à l’amiral John Michael Mac Connell, il tient compagnie à Mme. Condoleezza Rice, comme son second, au Département d’État. Tout de suite il s’est emparé du « dossier » de Darfour au Soudan. Ce qui veut dire bien long sur les calamités qui vont s’abattre bientôt sur le Soudan. Des innombrables enlèvements illégaux à travers le monde entier de personnes, soit pour les faire disparaître à jamais de la face de la terre, soit pour les envoyer dans les multiples « goulags » dont celui de Guantanamo, de la Pologne, de Roumanie, de la Jordanie, d’Égypte, du Maroc ou  aussi dans d’autres régions du monde  toutes ces dernières années depuis le 11-S sont à l’actif de ces organismes. Des énormes dossiers largement détaillés avec des preuves irréfutables sur ces activités criminels sont entre les mains de plusieurs organisations humanitaires ainsi que par le Commissariat Européen des Droits de l’Homme. Indépendamment de tout ce qui est récent, l’histoire de l’espionnage US est jalonnée de sang, de meurtres, de crimes soit  pour mettre en place un dictateur par ici, un autre par là, soit pour assassiner un leader populaire gênant. La mémoire des peuples retient parfaitement le rôle joué par la CIA en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique pour ne parler que des cas concernant les peuples de l’hémisphère sud. De l’assassinat de Lumumba en Afrique à l’assassinat d’Allende en Amérique du Sud, sans oublier les milliers de personnes assassinées et restées dans l’anonymat le plus absolu.

5. La Banque Mondiale : Le Pentagone de la terreur froide :

Tous ces derniers jours on ne parle plus que du scandale du Directeur de la Banque Mondiale, Paul Wolfowitz et sa générosité envers sa maîtresse la dénommée Shaha  Ali Riza pour lui avoir – par pur népotisme d’abord et pour incompatibilité avec les règles intérieures de cet organisme ensuite  –  élever ses émoluments, en tant que haut fonctionnaire dans l’appareil général de l’Administration US, en la mutant des bureaux de la Banque aux bureaux du Département d’État dans la même ville Washington. A propos ces émoluments s’élèvent à 193.590 dollars l’an, exempts d impôts. (ce qui revient à plus de 142.000 euros). Ces rémunérations sont prélevées sur le budget de fonctionnement de l’institution bancaire. On dit qu’ainsi le revenu officiel de Mme Shaha dépasserait de 7.000 dollars celui de sa nouvelle « patronne » Condoleezza Rice. Bien que le salaire de Mme Shaha soit apparemment à la source de l’agitation morale actuelle au sein d’une telle institution, instrument de terreur froide entre les mains de l’Administration US et conjointement de l’Europe, il y a des salaires dont on parle peu et qui représentent une insulte sans commune mesure à la dignité humaine. En effet en arrivant du Pentagone, Wolfowitz a emmené avec lui deux autres petits monstres qui lui sont fidèles. L’un s’appelle Kevin Kellems et l’autre Robin Cleveland. Les deux installés, à titre de conseillers du président, avec des émoluments plus élevés encore que ceux de la dame en question : 250.000 dollars (ou 200.000€)[6] net par an exempts aussi d’impôts. Le monde ne se trouve plus, depuis très longtemps, régi par des valeurs morales quelconques, sinon le mérite de n’importe quel paysan dans n’importe quel endroit de l’hémisphère sud qui se lève à l’aube et travaille la terre jusqu’au crépuscule, à raison de quelques dollars, apporte matériellement et moralement éminemment plus à l’humanité que ces individus et tous leurs diplômes de Harvard ou de toutes les universités de la Ivy League réunies. Aux derniers rebondissements de l’affaire, Wolfowitz, assisté par l’avocat Robert Bennett dont les factures se passent de commentaire –  le même avocat qui avait assisté l’ancien président US, Bill Clinton, dans son scandale, lui aussi, d’intimité, mais d’une autre catégorie, bien que Monica Lewinsky son partenaire dans ce cas-là, saura par la suite bien se récupérer et en tirer des profits matériels aussi considérables – prétend que l’augmentation de 36% du salaire de son amante Shaha obéisse à des impératifs d’ordre « moral ». Afin dit-il de compenser les tourments causés à la « pauvre fonctionnaire » par sa mutation d’une administration à une autre ! –  Il ne se trompe point. En effet les deux administrations, c’est-à-dire, la Banque « Mondiale » et le Département d’État, sont indiscutablement  deux administrations US. Aussi scandaleux que ça puisse paraître le cas de la belle Shaha, les véritables crimes de ce personnage sont ailleurs comme l’écrit Abu Spinoza[7] sur le site Internet  « CounterPunch Weekend Edition » du 14-15 avril 2007 : « En tant que second après, le non moins sinistre personnage, Donald Rumsfeld, Wolfowitz a des responsabilités officielles et directes dans la guerre [qui va conduire à l’invasion, l’occupation et la destruction totale de tout un pays] illégale de l’Irak et dans les menaces, plus croissantes que jamais, contre la paix internationale. Rien que ce crime de guerre-là constitue une des violations la plus grave du Droit International. Le népotisme de ce personnage et son favoritisme comparés au crime de guerre et l’invasion d’un autre état restent une bagatelle. Une invasion transformée en occupation pure et simple qui – à part les destructions massives du pays – a fait plus d’un million de morts civils et plus de trois millions de réfugiés. Que Wolfowitz en tant que Gérant de la Banque ait accordé d’importants bénéfices matériels à son amante Shaha Ali Riza, elle-même une paillasse néocon déguisée en féministe et en guerre contre l’Islam, une telle conduite ne peut être comparée aux désastres gigantesques  que lui, son chef Bush et leurs acolytes vont infliger aux peuples d’Afghanistan et de l’Irak. Wolfi – comme l’appelle Georges W Bush avec une certaine tendresse d’usage entre copains – est considéré le plus grand talent intellectuel de l’Administration US. Il a été l’éminence grise de la présidence. Avec l’invasion de l’Afghanistan ou de l’Irak, Wolfi n’est pas à sa première. Il a une longue histoire jalonnée de crimes. En tant qu’ambassadeur en Indonésie sous le long règne du général Suharto, il était resté impassible devant les massacres répétitifs de la population par ce sinistre général. Idem en Philippines sous le règne de Marcos. Pendant les préparatifs de guerre contre l’Irak, il est allé jusqu’à réprimander violemment les généraux pour avoir échoué dans leur contrôle du parlement de ce pays qui a refusé d’appuyer ouvertement l’invasion de l’Irak et d’accepter que les troupes US l’envahissent du côté nord. Wolfowitz est responsable direct de l’utilisation de la torture contre les prisonniers. » Abu Spinoza rejoint dans ce dossier de tortures Andrew Cockburn qui écrit sur le même site Internet en date du 03/05/2007 le suivant : « En tant que Secrétaire de la Défense, Donald Rumsfeld, une fois confirmés la débâcle en Irak, a disparu de la scène publique. Le personnage s’est évanoui pour le moment dans les ténèbres. Wolfowitz son adjoint jusqu’à 2005, qui est responsable au même niveau, sinon plus, a réussi quant à lui à se faufiler  du Pentagone à la présidence d’une institution – comme on dit – internationale avec – au départ et avant le scandale en cours –  toutes les chances de redorer son blason. Bien que le chaos dans  ce qu’on appelle, par euphémisme cynique, la reconstruction de l’Irak, la désintégration du Pentagone et le système patenté de la torture à Abou Ghraib, à Guantanamo et ailleurs, bien que le tout,  soit mis sur le compte de Rumsfeld, néanmoins Paul  Wolfowitz reste indiscutablement  le maître à penser en la matière. Il est l’architecte de tout le projet.  Pour citer un exemple, le Premier Plan de l’Interrogatoire Spécial en usage à  Guantanamo a reçu son approbation à partir de décembre 2002. Ce plan consiste à priver de sommeil les détenus, à les interroger 24 heures sur 24 tout en les exposant à des humiliations sexuelles ou sodomites et religieuses sous des souffrances morales et physiques indescriptibles. Comme le signale le document signé par Rumsfeld, le Plan a été révisé et approuvé auparavant par son adjoint, c’est-à-dire  par Paul Wolfowitz. Plusieurs indices indiquent que Wolfowitz aurait participé directement, même si c’est à distance, dans les scènes de terreur – à présent mondialement célèbres – d’Abou Ghraib. En effet en mai 2006, lors de son passage  devant la  cour martiale, le sergent Santos Cardona, qui faisait partie du personnel de grade inférieur et qui va payer pour les péchés collectifs des dirigeants militaires de grade beaucoup plus élevé, a rapporté que Rumsfeld et Wolfowitz étaient en contact direct avec la prison et les deux recevaient chaque nuit  et chacun une copie des informations concernant les résultats obtenus sous la torture à travers ces scènes de terreur des plus atroces. Il est aussi le l’auteur, même si officiellement on l’attribue au   « vice roi » Paul Bremer, de la décision qui a consisté à dissoudre les forces armées irakiennes et celle de la « débaathification » de l’Irak, ou de la dissolution du parti politique Baath qui gouvernait auparavant. Antérieurement à l’arrivée de Bush et son équipe à la Maison Blanche, Wolfowitz et compères du genre, comme Richard Perle, Lewis « Scooter » Libby, Cheney et Robin Cleveland avec à leur tête un autre « monstre » bien connaisseur des engrenages du pouvoir à Washington et qui passé sa vie dans les intrigues qui consistaient à fomenter et maintenir – à l’époque – la tension est-ouest, Paul Nitze, ils vont, tous ensemble, réussir la grande fusion rêvée par les uns et les autres, celle du lobby pro- Israël et du lobby militaro-industriel. Une alliance d’un pouvoir irrésistible.

Revenons de nouveau à l’article de Spinoza. Il écrit : « Wolfowitz n’est pas le premier criminel de guerre à se trouver à la tête de la Banque Mondiale. Il partage cette distinction avec un autre de ses prédécesseurs, Robert Mac Namara. Ce dernier était aussi Secrétaire d’État à la Défense durant la guerre du Vietnam. Effectivement ce monsieur, sans rien, ni sur la conscience ni sur le cœur, après tous les massacres des millions d’enfants, de vieillards, de femmes de paysans, après avoir arrosé tout le pays au napalm et  à « l’agent orange », autre produit du génie des laboratoires militaires US, plus dévastateur encore, après avoir mis le monde entier au bord de la guerre nucléaire avec l’affaire des missiles à Cuba, il est allé lui aussi  diriger la Banque Mondiale durant presque vingt ans, de 1968 à 1986. Un phénomène au premier abord assez curieux, mais au fond et comme on le sait, être au Pentagone ou aux commandes de la Banque Mondiale, le travail est le même : Dans les deux cas il s’agit de tuer et massivement. Au crépuscule de sa vie, Mc Namara aurait présenté des excuses. A qui ? – Au peuple vietnamien ? – Pas du tout à ses compatriotes ! Wolfi, peut être un jour, formulera-t-il les mêmes excuses auprès de ses mêmes compatriotes ?

Toujours autour de la Banque Mondiale et son actuel Gérant, sous le titre « Wolfowitz et la Banque Mondiale aux abois. » Kenneth Rogoff[8] un ex professeur d’Économie et de Politique Publique à l’université US de Harvard, écrit : « Au moment où la Banque faisait croire que la clef du développement réside dans l’application, par tout bon gouvernement, des critères strictes, les récentes révélations sur l’affaire Wolfowitz-Shaha, constituent un coup dur pour la crédibilité de cette institution. » Bien que ce scandale ne soit que la goutte qui a fait déborder le vase, l’auteur de l’article va plus loin dans son analyse. Une analyse, qu’on n’est pas d’ailleurs nécessairement obligé de partager, point par point mais a le mérité d’être citée. Il écrit :

« Même si en fin de compte, Wolfowitz sera obligé de démissionner, son départ ne servira à rien dans la mesure où Georges W. Bush reste souverain, comme l’ont été tous les présidents US depuis la création de cette institution à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, et le substitue par un autre. Hors une telle responsabilité devrait être confiée à un candidat élu à travers un processus totalement transparent, à même de sélectionner le meilleur, indépendamment de son origine ou nationalité et qu’il soit des E.U, d’Europe ou d’un pays en voie de développement.  En réalité l’origine –  en grande partie – de la  vulnérabilité de Wolfowitz réside dans le fait qu’il soit nommé à ce poste par Administration qui fait peu de chose dans le domaine de la coopération internationale. Ensuite la trajectoire de Wolfowitz dans le  Département d’État et par la suite dans celui de la Défense, ne peut lui permettre d’acquérir ni l’expérience ni les connaissances requises dans aucun des deux. Par contre il doit surtout sa célébrité comme architecte du désastre de la guerre d’Irak. Malgré tout ce qu’on dit sur l’intelligence de Wolfowitz, il aurait été impossible – à travers un processus transparent et multilatéral – d’avoir été choisi pour présider la Banque… Si jamais il y avait eu une procédure de sélection transparente, tout de suite on se serait rendu compte de la présence dans l’Institution de l’amante de Wolfowitz. Et puis nommer quelqu’un qui n’a aucune expérience dans le développement économique n’est pas la meilleure forme d’avancer sur ce chemin…Pourquoi le monde doit-il accepter une telle soumission au statu quo et laisse les USA imposer leur candidat à un poste aussi élevé ? –

C’est un exemple lamentable de voir un gouvernement agir d’une manière aussi déplorable dans une institution internationale. L’Europe ferme les yeux et ne se mêle pas des intérêts usaméricains dans la mesure où elle maintient son propre privilège, aussi désuet soit-il et nomme à son tour,  aussi souverainement et aussi complice, son propre candidat au Fonds Monétaire International, l’institution sœur de la Banque Mondiale. L’Asie de son côté n’a pas d’autre choix que d’accéder aux caprices des USA. Quant à l’Afrique aucun de ses gouvernements n’a l’intention de se voir couper le robinet de la Banque Mondiale au détriment de son propre peuple. A la vue des récentes et sordides révélations, le rôle destructeur pour lequel est réputée  la Banque Mondiale, fondamentalement aux yeux des peuples de l’hémisphère sud et l’éthique qui régit le comportement complice de ses membres il serait dorénavant très difficile d’occulter  ça.»

Toujours au niveau de la Banque Mondiale les agissements de Paul Wolfowitz ne s’arrête pas au scandale de Shaha. Dès son arrivée à la tête de cette institution, parmi les cinq plus importantes nominations aux plus hautes fonctions de la maison, Wolfowitz  a attribué trois postes à d’anciens membres de gouvernements qui ont appuyé explicitement l’invasion de l’Irak : Ana Palacio, ancienne ministre des affaires étrangères dans le gouvernement espagnol du sinistre José Maria Aznar. Juan José Daboub ancien ministre de finances dans le gouvernement d’El Salvador. Et finalement le jordanien Marwan Muasher. Ce dernier était d’abord ambassadeur de Jordanie à Washington en 2002, c’est àdire l’année antérieure à l’invasion. Il va jouer un rôle déterminant, qui va assurer la coopération sans faille du royaume d’Abdallah II, dans toute l’opération qui a commencé le 20 mars 2003, comme on l’a vu plus haut dans le chapitre des bases militaires. Au delà de ses amitiés personnelles avec Wolfowitz, Muasher avait, et, conserve encore aujourd’hui des liens aussi amicaux,  avec l’ancienne Secrétaire d’État pour le Moyen Orient et l’Asie Méridionale, Élisabeth Cheney, la fille du vice-président Dick Cheney. Durant l’invasion et après – en tant que ministre des affaires étrangères et par la suite en tant que premier ministre, il sera considéré comme l’un des principaux alliés de l’Empire US, faisant ainsi fi – au moins sur le plan régional – des sentiments de ses propres concitoyens jordaniens, des irakiens et de tout l’ensemble du monde arabe et musulman.  A part ces trois, Wolfowitz a aussi désigné l’ancien ministre des finances de Berlusconi Vincenzo La Via au poste de chef financier de la Banque Mondiale. Il n’est pas du tout surprenant – a dit Doug Hellinger, coordinateur de l’Organisation Non Gouvernementale pour le Développement GAP – que Wolfowitz ait récompensé ses alliés et complices quand il  était au gouvernement ou quand il est arrivé à la Banque.  

Si le point de vue de l’économiste de Harvard est, ce qu’il est, il n’y a aucun doute sur les dégâts massifs que cette institution ait causé à presque tous les peuples du monde, excepté ceux de l’Occident  pour lesquels, elle et d’autres organismes du genre, tels que ce qu’on appelle, OMC, FAO, ONU etc. Tous ces organismes se seraient créés avant et après les Guerres dans la finalité méridionale de perpétuer le pillage tous azimuts de la planète. Chaque étape dans le long parcours de ce pillage systématique a eu une dénomination appropriée à l’esprit de l’époque. Aujourd’hui on l’appelle la mondialisation. Depuis Washington toutes les ressources, matérielles, culturelles, humaines et autres de la terre entière sont sous le contrôle d’experts dont une partie de plus en plus importante vient aussi, hélas, des pays de l’hémisphère sud à titres officiels et pompeux de hauts fonctionnaires internationals alors qu’au fond ils ne sont que des mercenaires – dans le sens étymologique du terme –  mais avec des aptitudes éminemment plus meurtrières. Ils sont  de la même nature aussi abjecte de Shaha Ali Riza, corrompus jusqu’à la moelle épinière avec des salaires inimaginables et le tout pour consolider les structures les plus meurtrières de l’empire. Il n’est point un hasard que depuis très longtemps cette institution et toutes ses sœurs  soient mises en sellette aux quatre coins de la planète, à travers tous les moyens pacifiques y compris les manifestations massives qui se terminent souvent par la violence et les arrestations, à chaque fois que le décret de l’une ou de l’autre, s’abat impitoyablement sur les classes populaires exigeant les exclusions massives qui mènent des millions d’êtres humains, malgré les richesses considérables de leurs pays respectifs, à la misère ou tout simplement à l’anéantissement pure et simple.

Il n’est point étonnant que le Venezuela décide, en ces jours, de se retirer carrément de cette institution et de sa sœur le FMI. « Il vaut mieux qu’on se retire avant qu’on ne continue à nous piller éternellement. » disait Hugo Chavez en ordonnant le retrait immédiat de ces deux organismes[9].  La dépendance du Venezuela vis-à-vis de la BM et du FMI avait atteint son intensité en 1989, quand le pays affrontait une dette de 25 milliards de dollars (25.000.000.000.$) et ne disposait d’aucun recours pour les rembourser. Le gouvernement de l’époque dirigé par Carlos Andrés Pérez avait signé un accord avec ces deux organismes à travers lequel il se compromettait à accomplir strictement le programme de « réajustement » tracé par les experts de ces deux institutions. Ces mesures vont provoquer les plus grands massacres de l’histoire du pays durant la révolte de la population. C’était le 27 février 1989 et les jours suivants. Dans le même discours Hugo Chavez, parlant des anciens ministres de finances et de l’économie, il a précisé leur vile nature en ces termes : « Ils vivaient pratiquement là-bas, à Washington et comme  la condition requise était qu’ils soient anglophones, il n’est point besoin de chercher trop pour savoir le degré d’attachement à leur pays. Il était nul. » Idem en Argentine, au Brésil, en Uruguay, en Bolivie et ailleurs dans tout l’hémisphère sud jusqu’à Casablanca, au Maroc, le Caire en Égypte, Tunis en Tunisie etc. Le nouveau président de l’Équateur, Rafael Correa, vient tout simplement et bonnement d’expulser du pays le représentant de la Banque Mondiale, Eduardo Somensatto. Rafael Correa était ministre des finances et il avait tenté d’amender des lois sur l’utilisation des ressources pétrolières, de manière à ce qu’une partie du remboursement de la dette serve à financer des frais sociaux, surtout auprès de la classe la plus pauvre du pays. Ce n’était pas conforme aux instructions. En représailles, et en premier lieu, la BM, bloque un crédit de 100 millions de dollars et en deuxième lieu les pressions de l’Administration US finissent par forcer Correa à la démission. Ça s’est passé en juillet 2005. Et Correa de déclarer : «Personne n’a le droit à punir un pays parce qu’il change ses propres lois.»

Joseph Stiglitz, un ancien dirigeant de cette même institution et donc connaisseur des ses répugnantes entrailles,  pense que la crise actuelle serait une bonne occasion de corriger ses problèmes de gestion. Corriger est un terme extrêmement doux ou diplomatique.  Ça ne résout rien dans les fonds des choses, mais il a le mérité d’être prononcé par un Prix Nobel en économie[10]. La question dépasse, bien sûr, le cadre économique, elle est une question de dignité de milliards d’êtres humains. La Banque Mondiale ainsi que toutes ses consœurs sont tout simplement des instruments truqués de par leurs racines, et, pour le moins, elles sont  incompatibles avec la moindre apparence d’éthique ou de justice.  

Enfin de compte comme l’écrit Naomi Klein[11] « l’aire dans laquelle, l’autorité morale de la Banque Mondiale est pratiquement nulle, c’est bien celle de la lutte contre la corruption. Dans presque tous les cas où il s’est agit – durant les quatre dernières décennies – de pillage à grande échelle étatique, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International, étaient inévitablement les premiers présents sur la Scène du Crime. Non seulement ces deux organismes n’ont pas fait semblant de regarder de l’autre côté, pendant  que les élites locales se remplissaient les poches, mais ils leur fournissaient les règles du jeu les plus appropriées aux détournements et la rapine tout en s’exclamant, « faites vite, bon de Dieu ». Il s’agit de la procédure de thérapie de choc, plus connue sous l’abréviation PDD. Ce qui veut dire Privatiser, Déréguler et Dénationaliser avant toutes négociations de crédits ou de prêts. On verra ce genre de thérapie d’une manière extraordinairement illustrée à travers la liste des milliardaires rapportée par la fameuse revue Forbes, dans le suivant chapitre. Et l’auteur de terminer son article, comme il ne peut en être autrement : « Dans tous les pays il y a une classe de politiciens arrivistes et surtout  avec une mentalité férocement  sanguinaire, disposés – en tant que sous-traitants – à appliquer les recettes de l’Occident. Pour ce travail, ils reçoivent des rémunérations. Ces émoluments s’appellent tout simplement corruption : le silence reste le compagnon toujours présent de la croisade pour la privatisation de l’hémisphère sud de la planète. Aujourd’hui les trois principales institutions se trouvent dans l’œil du cyclone. Et si elles se trouvent  en plein cœur de la croisade en crise, ce n’est certainement pas pour les petites hypocrisies, mais pour les grandes. L’OMC se trouve dans l’impossibilité de se remettre sur les rails, le FMI se trouve en chute libre (au point de se trouver – selon la même déclaration d’Hugo Chavez dans l’impossibilité de payer les salaires de ses employés.) et s’achemine par conséquent vers la banqueroute, poussé en cela par la Chine et le Venezuela. Quant à la Banque Mondiale, elle est en train de couler. The Financial Times – toujours cité par Naomi Klein – rapporte que les gérants de la Banque Mondiale se sont mutuellement donnés des conseils. Bien qu’en ce moment, ces conseils soient devenus objet d’hilarité entre eux mêmes. Si cette Banque se trouve aussi l’objet de risée pour nous tous, néanmoins ce que nous devons définitivement écarter c’est de participer à l’effort d’assainissement – sous le même prétexte, à savoir que la réputation de cet organisme aurait été souillée par un homme – de l’histoire catastrophique de cette institution. La Banque veut jeter par-dessus bord Wolfowitz. Mais moi je dis que c’est tout le bateau qui est en train de couler avec son capitaine.»

6. À qui profite le crime, à qui profite l’Empire ?

« Derrière chaque grande fortune il y a un grand crime. » Honoré de Balzac.

Selon le rapport rituel publié par  la revue US qui porte le nom de famille de son fondateur Steve Forbes en date du 08/03/2007 le nombre des milliardaires en dollars dans le monde  a augmenté  et est passé  de 793 en 2007 à 946 en 2007. Dans une distribution géographique  ayant un rapport avec une résidence fiscale officielle, 415 d’entre eux se situent au cœur de l’empire, c’est-à-dire aux États-Unis, 55 en Allemagne et 53 en Russie, 36 en Inde, 20 au Brésil etc. Le premier milliardaire, pour la treizième année consécutive est William Gates avec une fortune de plus de 56 milliards de dollars (USA), le troisième s’appelle Carlos Slim Helu avec plus de 49 milliards de dollars (Mexique), le cinquième est Lakshmi Mittal (L’Inde) avec plus 32 milliards de dollars  et en treizième position vient le Prince Alwaleed Bin Tallal Alsaud, selon la transcription en langue anglaise du nom et prénoms de ce monsieur, (Arabie Saoudite. Le nom sous lequel est officiellement connue, reconnue et  admise la Péninsule Arabe, en tant que  propriété indiscutable d’une seule famille, par toutes les instances occidentales, celles politiques comme intellectuelles, chose qui non seulement constitue une monstrueuse falsification comme aucune autre dans toute l’histoire de l’humanité, mais au vue des considérables ressources énergétiques et autres, dilapidées par les membres de cette famille sous toutes les formes imaginables, qui vont du  financement associé de toutes les guerres entreprises durant toute l’époque de la guerre froide par l’Occident en général et par les EU en particulier en Amérique du Sud, en Asie, en Afrique et dans le monde arabe, à la corruption en tant que principale institution du « royaume », qui se chiffre par milliards de dollars, et est destinée à des personnages influents dans le monde occidentale, aux tables de casinos et à la prostitution bisexuelle de luxe etc. Des faits qui dans leur ensemble constitue la base d’un crime contre l’humanité continuel, auquel par action et non par omission, prennent part toutes les puissances occidentales.)

Bien que géographiquement, ces milliardaires soient dispersés sur toute la planète, il n’y a aucun doute sur leur appartenance tous à la même et unique famille du même empire et sont dans toutes les circonstances les fournisseurs directs ou indirects de l’empire. À titre d’exemple, William Gates est le premier fournisseur du Pentagone en informatique. Lakshmi Mittal le premier fournisseur en acier etc. Tous appliquent les mêmes recettes et procédures qu’ils soient au cœur même de l’empire ou dans sa périphérie planétaire. Et depuis l’extinction de l’Union Soviétique, c’est-à-dire depuis que le monde entier est passé sous l’empire, il n’y a plus aucun frein, aucune limitation, d’aucune sorte, à l’accumulation des fortunes. Et plus le nombre de ces « maîtres » du monde augmente et en même temps les dimensions de leurs fortunes, plus les laissés pour compte sont nombreux et le degré de misère est plus insoutenable. Et comme l’écrit James Petras[12], « la richesse de cette classe dirigeante mondiale a augmenté de 35% pour atteindre 3,5 billions de dollars ou 3.500.000.000.000$, tandis que les revenus des 55% de la population mondiale, qui est de 6 milliards de personnes, a baissé ou stagné. Dit d’une autre façon 0,000.000.001% c’est 1/1.000.000.000 de la population mondiale détient [On laisse le verbe au singulier vu l’insignifiance du nombre qui est loin d’une unité complète par rapport au pourcentage général, ce qui est au moins sur le plan grammatical correct.] l’équivalent ou plus de ce que possèdent 3 milliards de personnes. L’augmentation des 35% de la richesse vient principalement de la spéculation sur les marchés boursiers, l’immobilier et le commerce des matières premières, plutôt qu’à travers des innovations techniques ou des investissements dans les industries susceptibles de créer de l’emploie ou des services sociaux. Parmi les groupes des milliardaires de fraîche date, l’oligarchie des jeunes russes se démarque par ses débuts les plus féroces. Plus des 2/3 (67%) des milliardaires russes ont commencé à amasser leur fortune dans les vingtaines de leur âge, soit au début soit au milieu. Pendant la décennie des années 90, sous le règne infâme et quasi dictatorial de Boris Yeltsin et ses conseillers économiques, Anatoly Chubais et Yegor Gaidar, dirigés par les « experts » US, la totalité de l’économie russe avait été mise à la vente à prix de solde ou « prix politique ». Les transferts des propriétés, sans exception aucune, ont été réalisés en utilisant les tactiques du gangstérisme  et de l’assassinat pur et simple. C’est à travers des vols massifs, d’appropriations de biens et de ressources de l’État, de manipulations illégales des stocks et de rachats des entreprises, que les futurs milliardaires russes ont dépouillé l’état russe de plus d’un billion de dollars (1.000.000.000.000$) en usines, moyens de transports, pétrole, gaz, fer, charbon et plusieurs autres ressources, autrefois, biens de l’état. » L’auteur, J. Petras, écarte les affirmations diffamatoires envers les anciens dirigeants communistes, ce qui est le moins important dans le contexte de cette analyse générale, mais maintient ce qui est – sans aucun doute d’une importance capitale – « l’efficacité dans tous les secteurs développés durant l’existence de la URSS, telles que les mines, les usines les plus diverses, les entreprises énergétiques etc. Comme leur rentabilité et leur compétitivité avant d’être saisies par les nouveaux oligarchiques. La preuve en est dans les colossales fortunes accumulées en moins d’une décennie par ces hommes d’affaires-gangsters. Pratiquement toutes les sources initiales de richesse de ces milliardaires russes n’avaient rien à voir avec la construction, l’innovation ou le développement de nouvelles entreprises efficientes. La richesse du pays n’a pas bénéficié aux hauts commissaires du parti communiste, mais bien aux mafias armées dirigées par des récents diplômés de l’université qui n’ont pas lésiné sur les moyens utilisés y compris l’intimidation et l’assassinat des hauts fonctionnaires de l’état. En outre ces milliardaires ont profité amplement et à leur aise de la politique stupide du « libre marché » de l’extravagant Boris Yeltsin inspiré par les conseillers occidentaux à son service… Le plus insolite dans les notes biographiques d’accompagnement de la fameuse revue « Forbes », c’est la référence constante relative à la source de richesse  des milliardaires  russes. On  affirme qu’il s’agit de « self made man » l’équivalent du mérite du « fait tout seul », comme si dérober les biens de l’état conçus, créés et défendus pendant plus de 70 ans, au prix de sueur et de sang, par le peuple est devenu – par la magie du libre marché – l’aboutissement des talents de ces brillants entrepreneurs qui ne sont en réalité que des voyous qui viennent à peine de sortir de l’adolescence pour entrer dans l’âge d’adulte. Tous les huit premiers milliardaires russes ont commencé leurs pas vers le sommet, en s’opposant d’abord à leurs rivaux par les armes. Afin de s’emparer d’abord de la production, de l’aluminium, du pétrole, du gaz, du nickel et par la suite  de l’exportation de la bauxite,  du fer ainsi que d’autres minerais, ils vont créer des banques virtuelles. Tous les secteurs de l’ancienne économie communiste ont été – sans pitié, sans contemplation aucune et sans le moindre scrupule – pillés par les nouveaux milliardaires : la construction, les télécommunications, les industries chimiques, l’immobilier d’état, l’agriculture, la vodka, la terre, les médias, les industries automobiles, les compagnies aériennes etc. (…) Toutes les mesures politiques clefs qui vont ouvrir le chemin au pillage initial et à la mainmise par les futurs milliardaires, sont – sans le moindre doute – les vastes privatisations de presque toutes les entreprises publiques par l’équipe Gaidar/Chubais. Ce « traitement de choc » a été propulsé par une équipe de conseillers économiques d’Harvard par les soins du président US en exercice, William Clinton, d’une telle manière et à une telle vitesse aussi vertigineuse afin que le passage au capitalisme soit définitif et irréversible.(…) Les conséquences ne peuvent être moins effrayantes : Un déclin de 80% du niveau de vie, une dévaluation démesurée de la monnaie nationale, le rouble, et, une liquidation du reste des ressources stratégiques vendues aux multinationales US- européennes. Dans la foulée des grandes affaires, la mafia des nouveaux milliardaires va s’atteler au blanchiment d’immenses quantités d’argent, au rythme de plus de 100 milliards de dollars par an, dans les principales banques du monde occidental, de New York à Israël en passant par Londres, Paris, Genève etc. Ces fonds seront par la suite recyclés dans les biens immobiliers de haute gamme aux États-Unis, en Angleterre, en Espagne, en France etc. Certains de ces milliardaires russes poussent encore l’insolence jusqu’à aller investir des quantités considérables, par exemple, en achetant des équipes de football britanniques. D’autres vont investir dans les banques israéliennes ou dans des entreprises conjointes avec des israéliens dans les minerais. (…) L’accalmie enregistrée ces derniers temps au niveau des assassinats mutuels et l’orientation vers une compétition régulée par l’état est beaucoup plus le résultat de la consolidation de ces grandes fortunes que le produit des « nouvelles règles du jeu » imposées par le président Poutine. C’est dans la première moitié du 19ième siècle, que l’écrivain Honoré de Balzac, analysant la montée de la bourgeoisie respectable en France avait fait remarquer son origine douteuse en ces termes : Derrière chaque grande fortune il y a un grand crime. Les abus et les escroqueries qui ont imprégnée l’ascension de la bourgeoisie en France au 20ième siècle sont de simples larcins à côté des pillages massifs suivis d’innombrables massacres aussi sanguinaires qu’impitoyables qui vont créer ces milliardaires russes du 21ième siècle.   

Si le sang et les mitraillettes ont été les principaux instruments utilisés dans l’ascension des milliardaires russes, dans d’autres régions du monde, c’est le « libre-marché » orchestré depuis Washington par le tandem US. FMI-BM et sa formule méphistophélique PDD, Privatiser, Déréguler et Dénationaliser qui sera la force motrice à même de propulser l’ascension des milliardaires d’Amérique Latine. Les deux pays qui ont la plus grande concentration de richesse et le plus grand nombre de milliardaires (77%) sont le Mexique et le Brésil. Ce sont ces deux pays qui ont privatisé les grandes entreprises publiques les plus lucratives et les plus efficientes. Sur les 157,2 milliards de dollars, le total des fortunes en possession des 38 milliardaires sud-américains, 30 sont brésiliennes ou mexicaines avec 120,3 milliards de dollars. La richesse de ces 38 familles et individus dépasse l’équivalent des revenus des 250 millions de sud-américains ; La fortune de 0,000.001% c’est-à-dire 1/1.000.000 de la population dépasse le revenu des 50% des plus pauvres. Le même insignifiant pourcentage des riches au Mexique dépasse l’ensemble des revenus des 40 millions de mexicains. La montée des milliardaires dans cette région du monde a bien coïncidé, ça ne peut être autrement, avec la chute  réelle des salaires minimums, la perte de pouvoir des organisations des travailleurs et des paysans dans toutes les négociations collectives. (…) La principale cause de pauvreté en Amérique du Sud [et ailleurs dans le monde] sont effectivement les conditions mêmes qui favorisent l’envol incommensurable des milliardaires. Non seulement, mais le président brésilien, un ex dirigeant syndicaliste, Ignacio Lula Da Silva, a fait table rase de toutes les étiquettes politiques de son passé et pour être à jour dans son nouveau rôle de dirigeant d’un grand pays doté du réalisme politique qui le place comme il se doit aux côtés de ses pairs, a donné libre cours aux privatisations des entreprises publiques, toujours au son de la samba et du carnaval de Rio, la  grande fiesta à même d’absorber tous les chocs et les PDD d’où qu’ils viennent. Et ainsi, Lula Da Silva est devenu un fréquentable contrairement à Hugo Chavez. Au cours de celle qui sera la dernière tournée en Amérique du Sud, une tournée reçue partout par des manifestations hostiles massives, Bush II a rencontré le 08 mars à Sao Paolo, le président brésilien avec qui est arrivé un accord qui dit bien long sur la persévérance de l’esprit prédateur de l’empire. C’est dans un article publié le 29/03/2007 dans quotidien cubain que Fidel Castro, de son lit de convalescence, va commenter cet accord. Sous le titre, Trois milliards de personnes sont condamnées à la mort prématurée par la faim et la soif, il écrit : « Une dépêche de l’agence de presse US, AP qui a fait le tour du monde dit textuellement : Le président George W. Bush a fait, au cours d’une réunion le 26 mars 2007 avec les constructeurs automobiles des EU, l’éloge des voitures qui fonctionnent à l’éthanol et au biodiesel et a loué les efforts de ces fabricants dans leur élan pour promouvoir l’utilisation  des combustibles alternatifs. (…) Il s’agit d’un grand bond technologique pour le pays, dit Bush, après avoir testé trois voitures fonctionnant au combustible alternatif. Si la nation veut réduire la consommation de l’essence, le consommateur doit être disposé à prendre une décision rationnelle. (…) Le président a demandé au Congrès d’avancer rapidement vers une législation propulsée récemment par le gouvernement pour ordonner l’usage dans les voitures de 35 milliards de galons (132 milliards de litres)  de combustibles alternatifs. (…) Les participants à la rencontre avec Bush avaient discuté des mesures à prendre pour appuyer la production de véhicules à combustible alternatif et des recherches pour développer l’éthanol d’origine biocombustible à la place des carburants fossiles. Le projet immédiat serait d’arriver à réduire en l’espace de 10 ans  la consommation de l’essence à 20%. Arriver, pense Bush,  à la réduction de la consommation de l’électricité et des combustibles est devenue une nécessité élémentaire pour toute l’humanité. La tragédie ne se trouve certainement pas le fait de réduire les dépenses énergétiques, mais dans le fait de convertir les aliments en combustibles. Aujourd’hui, écrit toujours Fidel Castro, on connaît avec précision qu’une tonne de maïs ne peut produire en moyenne que 413 litres, ou 109 galons d’éthanol. Donc afin de produire les 35 milliards de galons d’éthanol, sont nécessaires 320 millions de tonnes de maïs. Bien que Bush ait parlé de gazon et de copeau de bois pour produire du combustible, toute personne comprendra qu’une thèse pareille reste dénudée de tout sens. C’est bien le maïs, aliment pour des millions de personnes dans le monde, qui est visé.»  C’est dans cette voie que Lula Da Silva a marché avec George W. Bush. Un accord a été signé entre les deux et engage les deux grands pays producteurs de biocombustibles. Presque deux mois après l’article de F. Castro, on parle   aujourd’hui d’une manière plus ouverte de la catastrophe qui s’abat sur les peuples[13]. Au moment où au Mexique une crise est déclenchée autour  de l’augmentation du prix de la galette de maïs, aliment de base dans la diète mexicaine, due surtout au détournement de la céréale vers la production du méthanol, un rapport des experts de l’ONU est venu attirer l’attention sur la question et constituer une douche froide sur la tête des enthousiastes de l’usage massif des biocombustibles à la place des carburants fossiles. Le rapport semble rejoindre intégralement les thèses soutenues par F. Castro dans son article. On y lit entre autres : « La production de quantités considérables d’énergie à base de maïs, de canne à sucre ou de soja constitue une déforestation encore plus accélérée du monde. Ce qui va provoquer une famine sans précédent et forcera des millions de petits paysans à quitter leurs propres terres pour aller rejoindre d’autres millions  de pauvres dans les différentes régions de la planète. (..) Selon l’expert Alexandre Iller, cité dans le rapport, le marché de la bioénergie, avec un volume annuel d’affaires qui se chiffre en milliards d’euros, est celui qui enregistre la croissance la plus rapide dans le monde.  Dans quelques années seulement, le biocombustible représentera 25% de toute l’énergie dans le monde. » Il y a bien d’autres considérations et d’autres conséquences de gravité certaine, comme les ressources d’eau nécessaires à une telle production de maïs, mais le fait d’évoquer cette question dans ce contexte général, n’est qu’un exemple qui confirme l’adhésion « surprenante » d’un ancien syndicaliste au projet méphistophélique de l’empire, tout comme il constitue un des ses multiples aspects de terreur.  

Dans le Mexique, la privatisation du secteur des télécommunications soldé à prix de liquidation, a résulté être le marché du siècle pour Carlos Slim Helu, le troisième milliardaires dans la liste, qui a vu son empire se multiplier par quatre. Avec 49 milliards de dollars, il se place juste derrière William Gates et Warren Buffet. La fulgurante ascension de ce milliardaire est presque hors pair. En 1991, il apparaît dans la célèbre liste de Forbes avec un avoir de 1,7 milliards de dollars. En 2003 il a 7,4 milliards de dollars. Deux ans plus tard, en 2005, il est passe de la 35ième position dans le « Ranking » général à la troisième position avec une fortune de 30 milliards. En 2006 personne d’autre, des milliardaires de l’empire, n’a augmenté sa fortune autant que lui. Il passe de 30 à 49 milliards de dollars, à un rythme de 44 millions d’euros par jour, presque deux millions par heure. Dans une interview, il affirme que sa philanthropie est conditionnée par les concessions que le gouvernement lui octroie dans la construction des routes des plates-formes pétrolières, des ports et des ponts. Il dit qu’il donnerait plus dans la mesure où il arrive aussi à gagner plus[14]. Si l’ancien chef du gouvernement espagnol, le « socialiste » Philippe Gonzalez, se trouve être le conseiller du milliardaire mexicain, son successeur immédiat et à présent aussi retiré de la politique active, José Maria Aznar, du parti de droite le PP, lui est engagé aussi à titre de conseiller, par un autre milliardaire, Rupert Murdoch, le tsar des médias pour la modique somme de 120.000 $ par an. La liste des chefs politiques occidentaux qui passent d’une fonction, supposée d’état ou d’intérêt public, à une autre privée est longue. C’est un phénomène qui a été toujours naturel dans l’Administration de l’empire US, mais il a commencé à être général à partir de l’ère Thatchérienne et John Major. Parmi les activités privées de ce monsieur  il y a celle, par exemple, de servir d’intermédiaire entre les industries militaires et les Émirs du Golf  où les contrats portent généralement sur des sommes faramineuses qui se calculent  en milliards de dollars et les commissions en millions.  Aujourd’hui à part les deux espagnols, on trouve par exemple l’ancien chancelier allemand Schroeder qui depuis qu’il a quitté la fonction publique il est occupe une autre fonction dans la compagnie russe Gazprom. Et certainement beaucoup d’autres. Presque tous les hauts fonctionnaires de l’empire US vont et viennent entre l’Administration et les compagnies privées de toute sorte. Dick Cheney le vice président, lui, il a fait le va-vient déjà à deux reprises au moins et a présidé la plus fameuse de toutes les compagnies US, la Haliburton. Autant est le cas de James Backer qui peut être Secrétaire d’État aux affaires étrangères ou simple commissionnaire entre l’industrie militaire ou autres US et la famille Saoud ou celle des Assabah. Condoleezza quant à elle, avant d’arriver aux côtés de Bush II, elle était dans la grande compagnie pétrolière US Chevron. Donc ce qui dit bien long sur les réalités des gouvernements qu’ils soient de gauche ou de droite, sur la nature de la démocratie et sa finalité et finalement sur qui commande  réellement dans l’empire.  

Les deux milliardaires mexicains, Alfredo Harp Helu et Roberto Hernandez Ramirez, quant à eux, ils ont bénéficié de la privatisation des banques. En achetant Banamex à l’état, aux mêmes conditions, à la baisse, et en revendant à la hausse à Citicorp. (…) Les milliardaires actuels sont venus du vieux et du nouveau secteur de l’argent, celui qu’appelle, le professeur en économie, J.Vidal-Beneyto, la financiarisation de vie économique qui a débouché sur le fondamentalisme financier qui fait que les opérations financières actuelles dans le monde de la globalisation, dépassent à plus de cinquante fois, l’ensemble de tous les échanges de biens, de produits et de services[15].  Certains ont commencé à amasser fortune grâce aux contrats gouvernementaux. La moitié des milliardaires mexicains ont hérité leur fortune qui était déjà multimillionnaire en dollars dans leur ascension vers les cimes. L’autre moitié en jouissant de relations politiques qui leur permettaient de faire des grosses affaires en achetant des entreprises publiques à bas prix et en les revendant à des multinationales US avec des profits astronomiques. Il est bien clair que les conditions qui permettent l’ascension de ces milliardaires, ne favorisent en rien les millions de mexicains qui cherchent éperdument à traverser le mur pour entrer aux USA en croyant aux miracles. [De toute manière le phénomène qui se multiplie partout dans le monde, est la résultante de l’application de ces strictes recommandations de tous ces organismes et particulièrement celles de la Banque Mondiale. Des recommandations avec une finalité évidente de fabriquer quelques milliardaires d’un côté, et des centaines de millions de laissés pour compte. Dans un autre commentaire suivant la publication de la liste des milliardaires, la revue Forbes considère l’année 2006 comme la plus prospère dans l’histoire de l’humanité[16]. Évidemment un tel constat serait correct si l’humanité se réduit aux 943 milliardaires et les quelques millions d’autres plus ou moins aussi riches. Mais la vérité est loin d’être ainsi. Sans parler de la situation sociale au cœur même dans l’empire qui compte plus de 50 millions de pauvres dans sa propre maison avec tous les problèmes que ça entraîne et sur lesquels on reviendra plus loin, dans l’année 2006 on a enregistré plus de la moitié des habitants de la planète qui vivent à moins d’un dollar par jour. C’est-à-dire 3milliards de personnes avec un revenu de moins de dollar par jour dont 300millions se trouvent en Afrique. Et selon les informations publiées par la même Banque Mondiale, le nombre des pauvres s’est multiplié par deux. L’espérance de vie est passée de 49 à 46 ans.[17] Ce ne sont là que quelques exemples. On reviendra aussi sur cette question plus loin.] Après le Mexique toujours avec le même auteur, on passe au Brésil. « Parmi tous les pays d’Amérique Latine, le nombre des milliardaires brésiliens est le plus élevé. Ils sont 20 milliardaires avec une fortune nette de 46,2 milliards de dollars ce qui équivaut à tout ce que possèdent les 80 millions de pauvres brésiliens des zones rurale et urbaines. Presque 40% des milliardaires brésiliens avaient commencé avec des grandes fortunes et les ont tout simplement augmentées par le biais d’acquisitions et de regroupements. Les milliardaires qualifiés cyniquement par l’euphémisme « self made man » ont en réalité bénéficié de la privatisation du secteur financier bien lucratif (La famille Safra avec 8,9milliards de dollars) et des complexes industriels du fer et de la fonte. (…) Nixon, Kissinger, Carter, Brezinski, Reagan, Bush I, Clinton, Albright et d’autres qui ont soutenu les privatisations déclenchées par les dictateurs militaires en Amérique du Sud et les réactionnaires civils dans les années 70, 80 et 90. Les instructions données aux représentants de l’empire US, à travers la Banque Mondiale et le FMI étaient écrites en grosses lettres : Privatiser, Déréguler et Dénationaliser (PDD) avant toute négociation de prêts. » Et pour conclure James Petras écrit : « Étant donné les disparités incommensurables de classes et de revenus en Russie, en Amérique du Sud, en Chine (20milliardaires chinois ont accumulé en l’espace de moins de 10 ans la colossale fortune de 29,4 milliards de dollars) il serait beaucoup plus vrai de parler de milliardaires émergeants et non de marchés émergeants parce que ce n’est pas le « libre marché » mais le pouvoir politique des milliardaires qui dicte la politique. Tous les pays des milliardaires émergeants produisent une pauvreté sans cesse croissante, submergeant  ainsi les conditions de vie. La fabrication de milliardaires veut dire la destruction de la société civile, l’effondrement  de la solidarité,] l’écroulement des législations sociales de protection, des retraites, des emplois, des programmes de santé publique, de l’éducation etc. (…) [Le terme solidarité dans la société n’a rien d’anodin. Il ne s’agit point de question d’ordre moral à relent de l’exaltation des cœurs charitables. Il s’agit du ciment même qui maintient la cohérence impérieuse de toute société. C’est un devoir et une obligation de tous envers tous. En tout cas ce n’est pas ce que véhiculent ceux qui sont acquis aux doctrines de l’empire et qui considèrent la solidarité comme un sentiment de compassion qui n’a pas de place dans une société « civilisée ». Et par conséquent ils ne s’en sentent pas concernés et refusent qu’il mette l’ordre existant en jeu.] L’augmentation du nombre des milliardaires ou de leur richesse n’est point un signe de prospérité générale, résultant du libre marché comme l’affirme la revue en question. En réalité il s’agit d’une appropriation illégale des ressources publiques, créées par le travail et la lutte de millions de travailleurs qu’ils soient en Russie, en Amérique Latine, en Chine ou ailleurs dans le monde. (…) La colère des milliardaires, reprise par les amplificateurs que sont les médias en général et ceux du cœur de l’empire en particulier,  à l’égard du président du Venezuela Hugo Chavez s’explique aisément parce que ce dernier a inversé la politique qui produit un nombre insignifiant de milliardaires d’un côté et un océan de pauvreté de l’autre. Chavez renationalise les ressources énergétiques, les services publics… Chavez non seulement défie l’hégémonie [de l’empire] US, mais aussi tout l’édifice entier du PDD qui a conduit à la construction des structures indispensables ayant aplani le chemin des milliardaires d’Amérique Latine, de Russie, de Chine ou d’ailleurs. Est-ce la résistance de David contre Goliath ?   

7. Tels sont  schématiquement les axes de l’Empire qui font tourner le monde.Tout le reste, comme démocratie, élections, votes, partis politiques de gauche comme de droite ne constituent en fin de compte que des accessoires ou plutôt des balises d’une  certaine légalité, celle qui permet au plus puissant de tuer aussi massivement qu’il voudra sans jamais être interrogé ou rendre des comptes à personne. Telles sont aussi les dimensions effrayantes de la toile d’araignée des bases militaires de l’Empire

 

Au-delà des croyances religieuses ou autres, tout être humain où qu’il se           trouve et quelle que soit sa fonction ou sa fortune matérielle, du plus pauvre     au plus riche, a la même valeur morale. À partir du moment où la valeur d’un être humain n’est plus perçue ainsi et où les immenses privilèges entrent en jeu, ce qui est bien le cas, aujourd’hui comme jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité, au moment où l’élimination de millions de personnes sous toutes les formes imaginables, la torture, les maladies, la famine ou sous les bombes de toutes sortes, toutes des calamités provoquées, ingénieusement programmées et systématiquement mises à exécution, au su et au vu des plus hautes instances mondiales complices, il n’est plus question ni de progrès, ni d’évolution, ni de civilisation, ni rien du genre : C’est la barbarie pure et simple qui tôt ou tard n’épargnera personne. En ce moment, les privilégiés qu’ils soient des  individus, des classes ou des états, tirent d’un côté vers le suicide collectif (il n’y a qu’à voir le comportement des tenants de l’empire qui ne semblent reculer devant rien dans leur ardeur de faire exploser toute la planète) et de l’autre côté tous ceux qui s’y opposent.

 

L’empire qui est bien planétaire, même si l’épicentre se trouve être les USA pour la concentration des forces militaires considérables, au point de permettre la  détruction totale non d’une, mais de plusieurs planètes à la fois, est aux prises avec toutes les populations du monde, car dans son hégémonie totale il a ramassé pour lui toutes les cartes, dans tous les domaines, les sciences, les techniques, la démocratie, les droits de l’homme etc, il ne laisse aux peuples rien d’autre que la résistance. C’est une résistance qui prend toutes les formes  bien que toutes soient asymétriques par rapport à ses propres moyens. C’est une résistance qui relève du symbolisme beaucoup plus que de la réalité. Mais contre laquelle il ne peut rien. Ou plutôt si, il peut  continuer les destructions, les massacres, les crimes de guerres et les crimes contre l’humanité, ça lui permet de gagner du temps et d’échapper à toute justice, sans pour autant qu’une telle impunité ne soit sans limite. Ce n’est plus une guerre classique qui se termine avec un vainqueur et un vaincu et éventuellement avec une paix. C’est tout simplement de la terreur globale.   

 

Il a employé jusqu’à présent cette terreur dans différentes régions du monde et particulièrement en ce moment dans les régions arabes et musulmanes. Les ravages continus, les morts qu’aucune instance internationale ne semble ni comptabiliser et qui se comptent par millions, les immenses destructions en Afghanistan, en l’Irak, en Palestine, au Liban et ailleurs n’ont l’air d’inquiéter personne. Au bout de quatre ans de terreur en Irak, rien n’indique que la résistance ne se soit affaiblie ou diminuée, tout au contraire, elle est plus virulente que jamais.
 


[1] Tous les chiffres et les informations contenus dans ce texte sont tirés du livre de Chalmers Johnson « Nemesis: The Last Days of the American Republic » (Metropolitan Books) dont un condensé a été posté sur le site internet : www.alternet.org le 19 février 2007 et par la suite sur plusieurs autres sites.

 

[2] Voir El Pais du 01 mai 2007

[3] Christine Spolar,”14” ‘Enduring Bases` Set in Iraq “Chicago Tribune” du 23 mars 2004.

[4] Tous les détails et les chiffres sont tirés du texte « Rapport de Global Policy Forum » posté sur le site Internet  www.rebelion.org/ du 22/04/2007

[5] Voir El Pais du 22 avril 2006.

[6] Voir El Pais du 08/05/2007.

[7] Abu Spinoza est le pseudonyme d’un économiste international.

[8] Voir El Pais du 04 mai 2007.

[9] Voir El Pais du 02 mai 2007.

[10] Voir El Pais du 08/05/2007.

[11] Voir le quotidien mexicain La Jornada du  4-5 mai 2007.

[12] www.rebelion.org/ du 26/03/2007 et www.planetenonviolence.org du 25/03/2007

[13] Voir El Pais du 10/05/2007

[14] Voir La Vanguardia de Barcelone du 14/03/ 2007

[15] Voir El Pais du 24/02/2007

[16] Voir El Pais du 09/03/2007

[17] Voir El Pais (EP S) du 31/12/2006.


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