Liberté pour tous les prisonniers politiques
Liberté pour Abdallah Zouari, le journaliste exilé dans son propre pays
Association Internationale de Soutien aux Prisonniers politiques
43 Rue Eldjazira, Tunis
e-mail : aispptunisie@yahoo.fr
Tunis, le 7 mai 2008
– la treizième chambre criminelle de la Cour d’Appel de Tunis, présidée par le juge Tahar Yefreni, a examiné aujourd’hui, mercredi 7 mai 2008 :
* l’affaire n°11147 dans laquelle sont déférés Ali Kalaï, Adel Abdi, Oualid Zouaghi, Chedli Adouani, accusés d’adhésion sur le territoire de la République à une entente ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’utilisation du territoire de la République pour recruter des personnes en vue de commettre un acte terroriste sur le territoire de la République, d’appel à adhérer à une organisation en rapport avec les infractions terroristes, d’utilisation d’un mot, d’un nom et d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, ses activités et ses membres. La commission de la défense était composée de maîtres Rached Ben Khelifa et Anouar Aouled Ali. Le juge a décidé de repousser l’examen de l’affaire au 21 mai !
* La quatrième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis, présidée par le juge Mehrez Hammami, a examiné aujourd’hui, mercredi 7 mai 2008 :
L’affaire n°15168 dans laquelle sont déférés Laïdi Ben Saïd […], Kheïreddine Lajimi […], Abdelhamid Lajimi […]Omar Beltaïf, Ferid Najeh, Khaled Madhi, Mabrouk Lanouer, Jemaï Bouzaîane, Anouer Ferjani, Salah Aloui, Mohammed Aloui, Mohammed Kherfani, Aymen Souidi, (en état d’arrestation), Belgacem Dkhil, en liberté, ainsi que Brahim Azouz, Ismaïl Gnifid, Hassan Ben Jomaa, Nasr Farah (en fuite) , en vertu de la loi du 10 décembre 2003, dite « antiterroriste ». En première instance, les condamnés avaient été condamnés à des peines allant de 5 à 14 ans d’emprisonnement […] Maîtres Abdelfattah Mourou, Samir Ben Amor, Mohammed Fadhel Saïhi, Choukri Belaïd et Abderraouf Ayadi se sont présentés pour assurer leur défense. A l’issue des plaidoiries, le juge a levé la séance pour le délibéré et le prononcé du jugement.
* L’affaire n° 15248 dans laquelle sont déférés Rjeb Médiouni, Oussama Bennour, Oualid Bennour, Anouer Ferjani, Abdellatif Chenini, Mohammed Sami Chaïeb, Ahmed Médiouni, Hichem Chahed, Khlil Sghaïer et Mohammed Anis Chaïeb, accusés d’incitation à commettre des infractions terroristes, d’utilisation d’un nom, d’un mot et d’un symbole pour identifier une organisation terroriste, d’incitation à commettre des infractions terroristes et à adhérer à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de concrétiser ses objectifs, d’adhésion sur le territoire de la République et à l’étranger à une organisation terroriste, d’utilisation du territoire de la République pour recruter des personnes en vue de commettre une action terroriste sur le territoire et à l’étranger, de mise à disposition d’un local, d’hébergement de membres de l’entente et de personnes en rapport avec les infractions terroristes, d’adhésion hors du territoire de la République à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, d’entraînements militaires sur le territoire de la République en vue de commettre des infractions terroristes sur le territoire et à l’étranger. Maîtres Samir Ben Amor et Sabiha Ben Salem se sont présentés pour assurer leur défense. Le juge a décidé de repousser l’examen de l’affaire au 14 mai 2008 à la demande des avocats.
(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
L’association a été contactée par la mère du prisonnier Ouael Amami, condamné à l’emprisonnement à perpétuité dans l’affaire n°10604, connue comme « l’affaire de Slimane », implorant toutes les consciences libres en Tunisie et à l’étranger à intervenir pour faire cesser l’oppression à laquelle son fils est en butte. Samedi 3 mai 2008, il a été emmené dans les cachots du ministère de l’Intérieur où il a été menacé, soumis à des chantages et des provocations. Il a commencé une grève de la faim de protestation le 4 mai 2008. […] A la prison de Borj El Amri, Ali Sassi, prisonnier condamné dans l’affaire 10604, connue comme « l’affaire de Slimane » a dû commencer une grève de la faim il y a deux semaines pour réclamer le droits à des soins, et pour protester contre les mauvais traitements. Il souffre d’un handicap l’obligeant à utiliser des béquilles. Sa mère a écrit à plusieurs instances pour exiger l’amélioration des conditions d’incarcération de son fils, mais n’a reçu aucune réponse à ce jour. […] Pour la commission de suivi de la situation dans les prisons Le Président de l’Association Maître Saïda Akrami (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Face à l’encerclement policier : La population de Redeyef décide de quitter sa Ville
A Redeyef, une ville de plus de 30 000 habitants à la pointe du mouvement de protestation qui dure depuis le début de janvier 2008 dans le bassin minier de Gafsa, et encerclée depuis des semaines par les forces de l’ordre, un vaste mouvement parmi la population a conduit cet après-midi à une décision collective d’évacuer la ville. « Nous quittons notre ville pour la laisser aux policiers », telle est la manifestation du raz-le-bol exprimé par les habitants de Redeyef qui ne veulent plus subir le harcèlement continu des forces de police. Emmenant le strict nécessaire, au moins des centaines d’habitants, d’après des témoignages téléphoniques recueillis aujourd’hui depuis la ville, auraient ainsi entrepris de sortir de la ville en fin d’après-midi avant d’être convaincus par les animateurs du comité de grève de renoncer à leur action. Ceux-ci ont enjoint les habitants en partance de rester dans la ville et de poursuivre la lutte sur place. Cette action fait suite à la mort d’un jeune chômeur électrocuté la veille à l’intérieur d’un local de générateur électrique suite à une intervention brutale des forces de l’ordre. Celles-ci continuent d’encercler la ville. Cette réaction spectaculaire est la seule réponse trouvée par la population au déni de justice. Le comité réaffirme la nécessité de lever le blocus policier des villes minières par le rétablissement de la libre circulation des personnes. Le comité appelle toutes les forces démocratiques et progressistes à soutenir la mobilisation des populations du bassin minier dans leurs revendications. Nous tenons le régime pour responsable de toutes les conséquences qui affecteront la population de Redeyef. Les habitants du bassin minier et en particulier ceux de Redeyef, ont plus que jamais besoin de notre solidarité. Le comité réitère sa demande de constituer rapidement une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur ce drame tragique et de poursuivre les responsables. Paris le 7 mai 20078 Comité de soutien aux luttes du bassin minier de Gafsa à Paris C /o FTCR 3 rue de Nantes 75019 Paris Bassin.minier@hotmail.com www.ftcr.eu
L’humanité n’est plus ?
Des mandats d’arrêt contre des membres de la famille du président Ben Ali
par Xavier Monnier
Voilà un sujet de discussion que Nicolas Sarkozy, en visite d’État en Tunisie, pourrait aborder avec le président Ben Ali. Deux neveux de la Première dame tunisienne font en effet l’objet de mandats d’arrêts lancés par la France. Plusieurs yachts appartenant à des huiles françaises avaient été chapardés par cette jeunesse dorée de Tunis…
En visite officielle durant trois jours à Tunis, Nicolas Sarkozy aura tout loisir de découvrir les délices du royaume du jasmin. Une petite croisière en yacht, façon séjour offert par Bolloré, aurait pu être une idée, histoire de sceller un peu plus l’amitié franco-tunisienne.
Malheureusement, la famille régnante en Tunisie ne dispose plus d’aucun rafiot de luxe pour transporter l’auguste personnage présidentiel. En mai 2006, pourtant, un superbe monstre marin a mouillé dans les eaux de Sidi Bou Saïd, le petit port de plaisance où se repait la Tunisie aisée. A son bord, un capitaine de choix, Imed Trabelsi en personne, le neveu préféré de Leila Ben Ali Trabelsi, la gourmande Première dame du pays. Le jet-setteur du clan Trabelsi était tout fiérot de parader sur le pont de son Beru Ma V58 Princess, dont la valeur estimée dépasse le million d’euros. D’autant que le bateau était devenu l’attraction majeure du port, une étape obligée des sorties familiales.
Le singulier trajet du « Beruma »
Las, trois fois las, le joujou lui a été vite confisqué. Dès le 26 mai 2006 de méchants scellés ont été posés sur le navire ; ordre de la justice française. Avant que celui-ci ne soit rapatrié vers la France… pour le plus grand désespoir d’Imed, qui avait fait la promesse de brûler le bateau plutôt que de la voir s’éloigner la prunelle de ses yeux. Promesse d’amoureux épris d’un bien qui n’est pas le sien.
Le « Beruma » a en effet suivi un singulier trajet avant de se retrouver entre les mains de l’ami Imed, trajet sur lequel se sont largement penchés les gendarmes toulonnais et corse, saisis d’une plainte pour « vol en bande organisée, vol, faux administratif, faux et usage de faux », par… le vrai propriétaire du bateau, Bruno Roger, l’éminent patron de la banque d’affaire Lazard frères.
Comme l’avait déjà raconté Bakchich, le sieur Roger a eu le déplaisir d’apprendre que son bateau avait disparu du port de Bonifacio, où il mouillait, le 5 mai 2006. Moins de 8 jours plus tard, à en croire les documents que Bakchich a pu consulter, les pandores se mettent en action. En parallèle, la boite d’assurances Generali, assureur du bateau, lance également l’un de ses limiers dans le sillage du Beruma.
Du travail fort efficace.
Fin mai 2006, le bateau est donc repéré en Tunis et rapatrié. Et dès le 10 septembre suivant, l’enquête sinon bouclée, du moins sa trame bien dessinée.
Les chapardeurs en profitent pour falsifier les papiers du bateau
Après avoir été dérobé du côté de la Corse, le rafiot s’en est allé faire escale en Sardaigne et plus précisément à Cagliari où suite « à une panne, il séjourne plusieurs jours ». Escale fort opportune puisque les chapardeurs en profitent pour falsifier les papiers du bateau. Puis le navire « sera découvert à Sidi Bousaïd par la société d’assurances Generali », reconnaissent les pandores. Eux s’évertuent à remonter la chaîne de « commande ».
Au sommet, donc le gentil Imed Trabelsi. Dans le rôle de l’intermédiaire avec les monte-en-l’air maritimes, un certain Azzedine Kelaiaia, qui est interpellé le 6 septembre 2006. Et dans le rôle des petits mains chargées d’exécuter le fric-frac et d’acheminer le bateau, trois associés d’une société varoise, Nautis Mer, en liquidation judiciaire. « Ces difficultés financières expliquent sans doute les motivations des uns et des autres à participer au vol », notent, presque compréhensifs, les gendarmes. Les trois loustics, Cédric Sermand, Olivier Buffe et Xavier Rico, sont eux interpellés le 5 septembre 2006.
Un autre neveu avait passé commande
Et ce ne sont pas un mais trois chapardages qu’ils confirment alors aux enquêteurs. Avant le « Beruma », le « Blue Dolphin IV » dérobé en janvier 2006 à Cannes et le « Sando », exfiltré du Lavandou dans le Var en décembre 2005 sont allés se balader du côté de la Tunisie. Une commande d’un autre neveu de Leila Trabelsi, la Première dame tunisienne, le plus méconnu Moaz.
Un amour des navires qui a sans doute excité la jalousie d’Imed. Voire blessé son ego de jet-setter sans yacht. Au moins désormais les deux garçons sont à égalité : tous deux visés par un mandat d’arrêt international émis depuis le 3 mai 2007 par la justice française.
Sans effet jusque là. Peut-être Nicolas Sarkozy pensera-t-il à glisser un mot à Ben Ali sur le sujet… D’autant que comme l’a révélé Mediapart, le ministre de l’Intérieur Sarkozy Nicolas, avait multiplié les coups de fils vers la Tunisie pour retrouver le bateau à ce moment-là.
(Source : « Bakchich » (Satirique – France), le 29 avril 2008)
Lien : http://www.bakchich.info/article3572.html
Libertés en Tunisie: Kouchner « maladroit » comme Sarkozy
« L’espace des libertés progresse » en Tunisie. La phrase prononcée la semaine dernière par Nicolas Sarkozy à Tunis avait créé la polémique. Pour en atténuer les conséquences, son ministre des Affaires étrangères a rectifié le tir ce mercredi en la qualifiant de « maladroite », mais avec une grossière erreur à la clé.
Invité de France Inter [1], Bernard Kouchner souhaite montrer qu’il ne faut pas non plus être trop critique sur l’état des droits de l’homme en Tunisie. Démonstration à l’appui: « Il y a un gros livre de Human Rights Watch [2] qui paraît tous les ans pour faire l’état des droits de l’homme dans le monde » et, selon lui, « la Tunisie n’y figure même plus ». (Ecouter le son)
Malheureusement pour l’ancien « French doctor », et surtout pour les Tunisiens, Eric Goldstein, directeur de recherche sur l’Afrique du Nord de l’ONG de défense des droits de l’homme, a infirmé les propos du ministre dès le lendemain, au micro de France Info [3]:
« Il suffit de jeter un coup d’oeil sur notre site ou dans le livre pour voir que la Tunisie reste prioritaire pour Human Rights Watch à cause des droits de l’homme. »
[4]De fait, dans le Rapport mondial 2008 de l’organisation, pas moins de six pages sont consacrées à la Tunisie [5]. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Human Rights Watch n’est pas tendre dans la dénonciation des exactions du président Zine el-Abidine Ben Ali et du gouvernement qui utilisent « la menace du terrorisme et de l’extrémisme religieux comme prétexte pour réprimer la contestation pacifique »:
Sur les défenseurs des droits humains: « Les autorités ont refusé d’accorder l’agrément à toute organisation des droits humains réellement indépendante qui en a fait la demande au cours des dix dernières années. »
Sur le système judiciaire: « Le pouvoir judiciaire n’est pas indépendant. Les procureurs et les juges ferment souvent les yeux sur les allégations de torture, même lorsqu’elles font l’objet de plaintes officielles déposées par des avocats. »
Sur la libertés des médias: « Ni la presse écrite ni les médias audiovisuels du pays ne couvrent d’un oeil critique les politiques gouvernementales, hormis quelques revues à faible tirage qui font occasionnellement l’objet d’une confiscation. »
Il y a donc en tout six pages. Six pages que Bernard Kouchner ignore, peut-être parce que le ministre des Affaires étrangères considère que « ce sont vraiment des pêchés véniels comparé à l’état du monde ».
Kouchner un peu trop optimiste sur la Tunisie
Processus de 50 ans de restrictions du droit de candidature à la présidence de la république en Tunisie
Yahyaoui Mokhtar
Etat des lieux
Les Conditions de candidature à la charge du président de la république ont fait l’objet, par le biais d’une série d’amendements successifs apportés à l’article 40 depuis la promulgation de la constitution en 1959 à nos jours, d’une limitation restrictive au point que seul aujourd’hui le candidat du RCD (parti au pouvoir) peut se présenter aux élections suivant les conditions ordinaires édictés par la constitution (Art 40 §1). Pour permettre au président Ben Ali d’avoir des concurrents à l’image de sa « démocratie », la méthode choisi a consisté à faire adopter par la chambre des députés avant chaque élection présidentielle une dérogation exceptionnelle édicté suivant le profil de candidat recherché que ce dernier veut affronter.
Aujourd’hui, on peut connaître nominativement les candidats qui vont jouer le rôle du lièvre du président dans la course des prochaines élections de 2009. D’après le dernier amendement adopté en première lecture par les députés le 24 avril 2008 le président Ben Ali vient d’élire à ce « privilège » 6 candidats potentiels :
1. – Mohammed Bouchiha secrétaire général du Parti de l’unité populaire PUP,
2. – Ahmed Inoubli : secrétaire général du Parti démocratique unioniste UDU,
3. – Amed Ibrahim secrétaire général du Mouvement Ettajdid,
4. – Maya Jribi : secrétaire général du Parti démocratique progressiste PDP,
5. – Mondher Thabet: secrétaire général du Parti social libéral PSL,
6. – Ismail Boulahia : secrétaire général du mouvement des démocrates socialiste MDS.
Sur cette liste les deux dernier ont déjà fait savoir qu’ils ont choisi de faire du président ben Ali le candidat de leur parti et qu’ils ne feront pas acte de candidature. Un autre parti (le PDP) s’obstine à faire valoir son propre choix. Le mouvement Ettajdid semble de plus en plus hésitant à faire partie de la mascarade même si certains en son sein refusent toujours de voir la triste réalité politique du pays que leur précédente participation a contribué à installer.
En fait, seuls deux, sur dix millions de tunisiens, réunissent tous les critères nécessaires pour faire partie de la démocratie du président Ben Ali. Mr Mohammed Bouchiha secrétaire général du Parti de l’unité populaire PUP, est un proche de la famille présidentielle puisqu’il est un cousin de Mme Laila Trabelsi Femme du président. Il a déjà été candidat en 2004 et Mr Ahmed Inoubli : secrétaire général du Parti démocratique unioniste UDU. Cet avocat nationaliste arabe du nord ouest, reconverti à la politique après une carrière militaire, n’était pas inconnu pour le président ben Ali. Son ascension est due à la disgrâce qui a frappé l’ancien secrétaire général de son parti. Mr Abderrahmane Tlili qui s’est présenté aux élection présidentielle de 2004 croupis depuis en prison.
Aucun autre Tunisien en dehors de ces sept personnes, en ajoutant aux six cités plus haut le président Ben Ali ne peut prétendre au droit de se présenter aux élections présidentielles dans les conditions constitutionnelles actuelles imposé par la dictature. Sur ces sept candidats seul le président Ben Ali au nom du Parti au pouvoir (RCD) peut réunir le nombre d’élus nécessaire pour le parrainage de sa candidature et se présenter suivant les conditions ordinaire de l’art 40§1. Les autres doivent la possibilité de leur candidature à la dérogation exceptionnelle objet de l’amendement constitutionnel en cours. Cet amendement constitutionnel ne permet pas aux partis d’opposition de choisir leur candidat à cette élection, comme l’ont fait noté certains député d’opposition lors des récent débats au parlement (1).
Cette étrange situation est illustrée par la position dans laquelle s’est trouvé le candidat choisi par le Parti démocratique progressiste. Le PDP avait déjà choisi de présenter son ex-secrétaire général à ces élections. L’amendement en cours d’adoption vient prendre à contre-pieds la décision de ses instances dirigeante en l’obligeant de présenter Mme Maya Jribi sa secrétaire général actuelle s’il veut avoir de candidat aux prochaines élections présidentielle.
Il n’est un secret pour personne l’objectif visé par un tel amendement constitutionnel : assurer au président Ben Ali les conditions formelles d’une compétition présidentielle plurielle pour alimenter son appareil de propagande et sa langue de bois sur les avancés démocratiques réalisés par lui en Tunisie. Un système ou toutes les élections sont organisées par le parti au pouvoir et systématiquement truqués pour afficher des taux de participation de plus de 80% et une unanimité de vote pour le président de l’ordre de 99%.
Histoire d’une restriction de souveraineté sans fin
D’après le texte original de la constitution tunisienne promulguée après l’indépendance le 30 Janvier 1959 « la candidature à la charge de président de la république est un droit à tout tunisien de père et de grand père tunisien, âgé de 40 ans et en possession de ses droits civiques ». Voici les principaux amendements que cette disposition a connus au cours des cinquante dernières années :
1975 – Le parlement totalement occupé par les député du parti unique au pouvoir, décide à la stupéfaction générale et contrairement aux principes républicains et constitutionnels les plus élémentaires d’instaurer par une dérogation spéciale une présidence à vie au profit du président en exercice Habib Bourguiba (Le 19 Mars 1975)
1976 – La condition d’être de religion musulmane a été ajoutée aux conditions générales de candidature.
A la même occasion la candidature a été soumise à la condition d’être présentée par un nombre d’élus suivant des modalités et les conditions à déterminer par le code électoral. (Le 08 Avril 1976)
1988 – La condition de ne pas avoir de double nationalité ainsi que la condition d’être aussi de mère et de grand père maternel tunisiens sont ajoutés aux conditions générales. Une condition de limite supérieure d’age ne dépassant pas les 70 ans a été aussi ajoutée. (Le 25 Juillet 1988)
1999 – Une dérogation exceptionnelle pour les élections présidentielles de 1999 a accordé au premier responsable de tout partis politique qu’il soit président ou secrétaire général de partis le droit de se présenter à condition qu’il soit en fonction le jour de sa candidature et depuis cinq ans successifs au moins et que sont partis soit représenté à la chambre des députés. (Le 30 Juin 1999)
2002 – La limite d’age supérieure pour se présenter a été portée à 75 ans. la condition exigeant que la candidature doit d’être présentée par un nombre d’élus a été détaillée en exigeant que les élus soient des députés ou des présidents de municipalité. (Le 1er juin 2002)
2004 – Une nouvelle dérogation exceptionnelle pour les élections présidentielles de 2004 accorde aux partis politiques le droit de présenter leurs candidats. Cette dérogation, sous les même réserves d’être en fonction le jour de sa candidature et depuis cinq ans successifs au moins et que sont partis soit représenté à la chambre des députés, a été élargie cette fois aux responsables des instances dirigeante de chaque parti avec les mêmes conditions.
2008 – Une nouvelle dérogation exceptionnelle pour les élections présidentielles de 2009 est en cours de ratification devant la chambre des députés. Le projet ne distingue plus entre partis représenté au parlement et partis non parlementaire mais revient à la limitation de candidature aux seuls premier responsable des partis à condition d’être élus par un congrès de leurs parti et en fonction depuis deux ans au moins.
Yahyaoui Mokhtar – Tunis Le 5 Mai 2008
(1) Voir les interventions des députés d’opposition au cours des débats parlementaires sur ce projet (Al Mawkif, N°450 du 2 mai 2008, page 5)
(Source : « Tunisia Watch » (Blog de Mokhtar Yahyaoui, le 5 mai 2008)
« En avoir le Coeur net » de Mohamed Talbi
Ce que dit la raison au cœur
Par Jameleddine Héni (*)
L’Islam est entre deux extrêmes, l’islamisme d’un côté et de l’autre rien de « nominal » !. Ou plutôt du bon extrémisme qui ne dit rien sur ce à quoi l’islamisme fait-il hérésie, rien sur la religion islamique libérée de sa « bêtise » fondamentaliste. Le troisième monothéiste n’est pas l’islamisme, et on s’arrête là ! Oui mais de quoi exclue-t-on l’excroissance islamiste ? Existe-t-il en théorie ou en pratique une autre raison d’être à l’Islam que le déni de son propre extrémisme ? Et à quel corpus théologique, l’islamisme ferait-il « extrême » ?
C’est à ces questions que vient répondre le dernier ouvrage de Mohamed Talbi. « En avoir le coeur net », emprunt coranique évoquant la réponse d’Abraham à l’interrogation divine « alors, n’a tu pas la foi ? ». Les réponses de l’auteur se déploient sur trois axes parallèles, Islam et liberté, Islam et modernité et islam et monothéismes. Ces axes traversent l’ouvrage de bout en bout et organisent les différents chapitres.
Liberté
« En avoir le coeur net », le livre s’introduit par une profession de foi sans ambiguïté : croire est une expression de liberté, la moindre menace ou contrainte nous fait tomber dans le domaine de la non foi, de la « nécessité ». Il en est de la foi islamique comme des autres : une quête de vérité « dans la lumière de Dieu », écrit Talbi. « Nous sommes redevables au Coran et non l’inverse, poursuit-il ; dans ce livre nous voulions revenir sur notre quête de vérité, sachant que que tout être conscient cherche naturellement la vérité, pour et par soi .
Nous cherchons cette vérité pour nous mêmes. Nous ne voulons convaincre personne. Notre souci est avant tout un souci de soi. Pourquoi croyons-nous le Coran révélation divine ? Comment en étions-nous arrivés à cette conviction ? Nous ne livrons combat à nos détracteurs, nous leur répétons, ce que nous apprend notre Coran « A vous votre religion, à moi la mienne » Sourate al Kafirûn, 109, 6 ».
En voici la première réponse à la question de la liberté : la foi musulmane est libre, sans aucun caractère prosélyte, de part même sa dimension personnelle. L’homme est libre de croire, ne pas croire ou se convertir ; maître de ses professions, maître de ses doutes. L’apostasie n’est pas une pensée islamique mais bien plutôt politique, Talbi parle de « désislamisation » (insilakh islamîyn) au sujet de musulmans qui opposent à la modernité l’unique condition d’une sortie de l’Islam.
Mais il en distingue deux « désislamisés » : ceux qui l’assument et ceux qui le dissimulent ou le fardent de voiles discursifs. C’est à ces derniers qu’il consacre de nombreuses pages où il répond coup sur coup à la thèse du coran écrit, de l’irrecevabilité de la révélation… « Ils n’ont rien ajouté au vieil orientalisme tendancieux » conclue-t-il.
Modernité
Le second élément de sa réflexion touche à la modernité. Conçue comme une tendance historique et théorique vers le progrès et la raison, il en trouve les racines dans la pensée d’Ibn Khaldûn. Ce penseur tunisien du 15ème siècle soutenait déjà un évolutionnisme initiateur, expliquant la séparation phylogénétique de l’homme par l’accès aux concepts, tandis que le règne l’animal « n’opère que sur les sensibles ».
L’hypothèse d’une hominisation par la conceptualisation permettait alors de rompre avec « les illusions héritées de l’hellénisme » dont « l’intellect actif ».. et réorientait le savoir vers le cerveau humain ou ce qu’on appelle aujourd’hui la cognition. D’autre part, Ibn Khaldûn redirigea l’histoire et la sociologie vers les transactions humaines selon un esprit empirique fondé sur la récurrence des phénomènes.
Déjà au 15 siècle !!, la modernité (le progrès et la raison) germait dans la pensée khaldûnienne, mais l’élan du père ignoré des sciences humaines, allait rester déclaratif et isolé ; ni la faiblesse du Magreb ni la déliquescence du monde musulman ne pouvait porter plus loin la pensée du prodige de Tunis. Et la paternité islamique de la modernité n’aura été qu’un songe éphémère. Alors, alors ! Par quel génie imposteur a-t-on déclaré l’Islam incompétent à la modernité ?!!
Monothéismes
Venons-en enfin à la dernière idée directrice du livre : l’Islam et le monothéisme précurseur. Talbi qui est un des instigateurs du dialogue inter religieux, se sent un peu trahi. L’Islam n’a pas bonne presse en occident, les mêmes vieux griefs orientalisants le suivent, intolérant, polygame et sanguinaire ; à ce refrain rebattu s’ajoute le terrorisme.
Talbi inverse les rôles, il redonne à l’Islam la parole dans le monologue judéo-chrétien ambiant et la religion mohamedienne retrouve ainsi sa vocation critique. La question du mal et des origines de l’homme sont l’occasion de discuter les deux monothéismes : l’ancien testament jette la responsabilité du mal sur l’homme qui « dans sa promenade au paradis… « briguait » la condition divine » . Il en avait été puni, en l’envoyant sur terre, « bagne maudit » y lit-on.
Le nouveau testament, explique le mal par le « péché originel » où la femme joue un rôle primordial. Talbi affine l’analyse et trouve dans le christianisme une forme de judaïsme hellénisé sous la houlette de Paul 64 A.J. Originaire d’Anatolie.
L’islam, déroge au monothéisme précurseur. Il ne voit pas en notre terre un bagne aux reclus, il y voit l’homme en mission divine. La terre est tout autre chose que l’univers maudit des anciens, elle est le paradis de l’homme. le Coran n’évoque nullement la pomme de discorde et la femme n’y pas une séductrice , instigatrice du mal. Le livre des Musulmans parle d’elle en ces termes « un calice », une « étamine », pas une malédiction !
L’islam dérange, il compte les coups depuis des siècles, par monts et par vaux, l’anthème d’autres extrémismes s’abat sur lui et les « caricatures » danoises n’en sont qu’une péripétie, assène l’auteur. Dans un arabe léché, Mohamed Talbi, exhorte les Musulmans à rejeter le salafisme et à sonder le message d’une désislamisation qui ne dit pas son nom. Il appelle de ses voeux « une lecture vectorielle du Coran qui consiste à prendre en compte l’intentionalité du livre saint et non pas les jugements émis à une époque révolue ».
Goût de la controverse
Le livre de Talbi n’a rien de scientifique, ni même de théologique, c’est une biographie intellectuelle qui ne saurait être objective et non historique. L’auteur y semble pressé de professer une foi inébranlable ici et maintenant, au milieu des péripéties danoises, néerlandaises, américaines…Par ce sale temps que vit l’islam partout. D’où les procès, la virulence et les règlements de compte, d’où le goût de la controverse à laquelle s’adonne-t-il parfois sans précaution…Au mépris même de la méthode, où des niveaux de discours chevauchent dans une même phrase.
Mais cela ne saurait ôter à Talbi son courage de ne pas cacher sa religion par pur calcul médiatico-politique. Car après tout c’est un livre sur la religion comme en écrivent d’autres fidèles du monothéisme non déguisé qui, eux, sont respectés pour ce qu’ils sont !!
« En avoir le Coeur net » de Mohamed Talbi, premier volume d’un ouvrage de l’historien tunisien, Editions Cérès Tunisie, 293 pages, titre de l’édition arabe « lî yâtmaînna qalbi ».
(*) Chercheur en psychologie cognitive.
(Source : « Oumma.com » (portail – France), le 7 mai 2008)
Les Tunisiens face au projet de Charte arabe de la télévision
Contrepoids à la liberté d’expression et de création ?
* Il y a actuellement 500 chaînes satellitaires arabes ; en 2010 elles seront 2000 ; est-on sûr que les enjeux ne sont pas commerciaux ?
Comme dans tous les autres pays arabes, l’opinion publique en Tunisie a été attentive aux récentes initiatives de la Ligue arabe tendant à l’adoption d’une Charte arabe de la télévision et qui ont alimenté, dernièrement, les débats, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai.
Officiellement, l’idée est justifiée par l’explosion des chaînes de télévision satellitaires arabes, dont le nombre s’élève actuellement à 500 chaînes , dans tout le monde arabe, et qui devrait atteindre, selon les prévisions, 2000 chaînes en 2012. Le projet vise donc à adopter une Charte arabe ou un ensemble de directives arabes communes pour mettre de l’ordre dans le secteur. La Tunisie possède quatre chaînes, tandis que l’Irak compte une quarantaine de chaînes, toutes nouvellement créées malgré la situation précaire qui y règne. Certains pays arabes disposent de plus de soixante chaînes.
Réticence
Les professionnels et les exploitants des chaînes privées, en particulier, se sont montrés, déjà, réticents à l’égard du projet, au nom de la liberté d’expression et de création. Pour eux, la télévision relève de la presse et des industries artistiques et culturelles, car, soulignent-ils, outre l’information, les chaînes de télévision produisent et diffusent des programmes culturels, des films, de la musique, des chansons, retransmettent les manifestations culturelles et sportives de sorte que la liberté d’expression, de création, de production et de diffusion soit jugée vitale pour la survie de la télévision.
La ligue arabe entend d’ailleurs organiser des rencontres officielles avec les professionnels de la télévision, dans les divers pays arabes, pour recueillir leurs avis sur le sujet.
Mais, à l’instar des téléspectateurs arabes et des autres pays développés et en voie de développement, des citoyens tunisiens interrogés semblent ne pas être trop dupes de »cette rhétorique » , en faisant une nette distinction entre l’intérêt propre des téléspectateurs et celui des professionnels et des exploitants des chaînes de télévision.
»Les intérêts des deux parties ne convergent pas nécessairement, nous a dit un citoyen ajoutant que les Chaînes de télévision sont devenues des entreprises commerciales de sorte que les programmes télévisés doivent être considérés comme des produits et des marchandises, au même titre que tous les autres produits et marchandises offerts sur le marché et dans le commerce. Pour cette raison, les programmes des télévisions doivent répondre à certaines normes à l’image du concentré de tomate qui doit répondre à certaines normes pour ne pas nuire à la santé des consommateurs.
Un présentateur de la télévision ne peut pas utiliser n’importe quel langage ou vocabulaire pour exprimer ses idées, a fait remarquer un autre.
De nombreux pays développés d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’autres pays ont mis en place des Instances nationales indépendantes chargées de veiller à l’observation des normes adoptées en matière de télévision et de l’audio-visuel, sous l’appellation de Conseils de l’Audiovisuel, de la Communication et autres noms du genre.
Un besoin très coûteux
Cependant, beaucoup de nos interlocuteurs se sont déclarés être davantage préoccupés par les charges financières lourdes que la télévision occasionne pour le budget des ménages.
Selon eux, la télévision est devenue un besoin très coûteux, justement après l’expansion des modes de diffusion satellitaire et numérique qui obligent les usagers et les familles plus particulièrement à acquérir et à entretenir, périodiquement, des antennes paraboliques et des récepteurs numériques pour pouvoir capter les chaînes.
L’un d’eux a dit dépenser près de cinquante dinars par mois pour la télévision, entre taxes, entretien et achat de cartes intelligentes.
Les gens acceptent toutes les options commerciales pour avoir accès aux innombrables chaînes satellitaires qui leur sont offertes, y compris des services fournis à la limite de la légalité, comme le patching qui consiste à contourner les codes des chaînes codées. De nouveaux récepteurs numériques sont proposés, régulièrement, sur le marché, dans le même but, poussant les gens à les acquérir pour renouveler leurs anciens récepteurs devenus inaptes à remplir cette fonction.
Dans le sillage, des dépanneurs, à la sauvette, et sans qualification, en matière d’antennes paraboliques et de récepteurs numériques, ont pullulé, un peu partout, réclamant pour la seule opération, des frais équivalents aux tarifs de la consultation d’un médecin spécialiste.
Salah BEN HAMADI
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 8 mai 2008)
Rencontres Chorégraphiques de Carthage
Lutter contre l’obscurantisme, contre les totalitarisme : Danse l’Afrique danse
* Palmarès : L’Afrique du Sud, premier prix, et la Tunisie, prix RFI
* Hommage de Sihem Belkhoudja à Dorra Bouzid, pionnière de la Danse en Tunisie: « C’est grâce à elle qu’ont émergé les danseurs et chorégraphes d’aujourd’hui »
Soirée de remise des prix de Danse l’Afrique danse au théâtre mardi dernier, Soirée très sympathique… où encore une fois on revoyait le jury, où encore une fois on se remerciait les uns, les autres… mais il faut toujours une emphase conviviale, amicale pour donner à la soirée un air festif… longuet mais réussi !
Le « binôme infernal », Sophie Raynaud et Syhem Belkhodja ont animé la Soirée.
Prix RFI à Nèjib Ben Khalfallah qui voit ainsi consacrer son travail de chorégraphe et de danseur. Etrange silhouette de cet artiste à la réserve et à la modestie exemplaires.
Dans la catégorie solo le danseur sénégalais Pape Ibrahim Ndiaye dit Kaolack avec le « j’accuse », dans la catégorie pièce collective, le premier prix est allé à la troupe Thaliso Pule, Anzole du sud pour sa pièce Karonano. Aux prix ont succédé les spectacles… le public aussi très nombreux à été vivement remercié… par culturesfrance et encouragé à continuer à investir les espaces culturels. Mais il le sait déjà !
Bel hommage aussi à Dorra Bouzid, fondatrice de la soirée des Ecoles de Danse de 1976 à 1988 qui a ainsi fait émerger les danseurs et chorégraphes d’aujourd’hui, dont Syhem Belkhodja et Imed Jemâa.
Ce qu’il faut retenir c’est que durant toute cette semaine nous avons bien compris combien il est nécessaire de travailler, d’œuvrer pour l’art, de combattre pou l’art certains dangers obscurantistes.
Fadhel Jaïbi, notre dramaturge préféré, n’a eu cesse de le rappeler, jury, durant la manifestation, il a souligné l’importance des ponts jetés entre les arts, des passerelles rivées aux genres artistiques.
Lutter contre l’extrémisme, lutter contre l’ignorance, contre l’uniformisation, contre les totalitarismes de tout bord, c’est aussi cela Danse l’Afrique danse !
Marianne CATZARAS
(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 8 mai 2008)
Conférence débat- poésie-musique
Vendredi 16 Mai à 18 h
17 rue de l’Avre Paris 75015 Metro la motte-piquet-grenelle
Soixante ans des crimes et d’imputé: Expulsion et dépossession des Palestinien, destruction de milliers des maisons, nettoyage ethnique des villages, massacre de la population comme à Deir Yassine et à Djénine.
Soixante ans des guerres impérialistes avec la complicité des régimes arabes. Soixante ans des résolutions des nations unis, de non respect et de non application du doit international.
Soixante ans de deux poids deux mesures, d’incapacité, d’inefficacité face à ce drame
Soixante ans de résistance: Face à ces crimes, le peuple de la Palestine continue sa lutte pour son indépendance. Soixante ans de résistance héroïque..Le peuple Palestinien est devenu le symbole de la lutte des peuples pour leur souveraineté et leur autodétermination contre l’impérialisme et ses alliés.
A cette occasion, la Rencontre Culturelle Euro Arabe vous invite à participer à cette soirée en signe de solidarité avec le peuple palestinien. Soutenant le droit au retour de tous les palestiniens dans leurs foyers d’origine et de tous les expulsés depuis 1948.
Soutenez le combat juste du peuple palestinien pour son indépendance/
RENCONTRE CULTURELLE EURO ARABE
17 rue de l’Avre Paris 75015
Euroarabe.org
Info@euroarabe.org
Turquie – Le président promulgue la réforme de l’article 301
Reuters, le 8 mai 2008 à 09h43
ANKARA, 8 mai (Reuters) – Le président turc, Abdullah Gul, a promulgué mercredi soir la réforme de l’article 301 qui, selon
l’Union européenne, limitait la liberté d’expression en Turquie et représentait un obstacle à une éventuelle adhésion européenne d’Ankara.
La réforme de cet article du code pénal, approuvée fin avril par le parlement turc, a été publiée au Journal officiel et entrera en vigueur ce jeudi.
L’article 301 du code pénal turc avait été utilisé afin de poursuivre des centaines d’écrivains, dont le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, pour « insulte à l’identité turque ».
Le nouveau texte prévoit qu’il sera désormais interdit de critiquer « la nation turque », et non plus l’identité turque, et que des poursuites ne pourront être engagées sans l’accord du ministre de la Justice. La peine maximale prévue sera réduite de trois ans à deux ans de prison.
Des écrivains et éditeurs, craignant que de fréquentes poursuites continuent malgré tout à les viser, ont souligné que
les changements apportés à l’article 301 étaient mineurs et que d’autres lois restreignant la liberté d’expression étaient toujours en vigueur.
Crises et luttes de pouvoir: la direction de l’islam de France paralysée
AFP, le 8 mai 2008 à 11h41
Par Anne-Laure MONDESERT
PARIS, 8 mai 2008 (AFP) – L’initiative du gouvernement de doter l’islam de France d’un organe officiel pour organiser son culte semble avoir débouché sur une impasse: en cinq ans d’existence, l’institution n’a cessé d’être paralysée par des crises à répétition et des luttes de pouvoir.
Créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, le Conseil français du culte musulman (CFCM) était destiné à organiser la deuxième religion du pays (4 à 5 millions de fidèles), pour la sortir « de la clandestinité » et la « couper de ses influences étrangères ».
Parmi ses tâches, la construction de mosquées, la création de carrés musulmans dans les cimetières, la nomination d’aumôniers dans les prisons ou les hôpitaux, l’organisation de l’abattage rituel.
Mais cinq ans après, le bilan semble bien maigre. « Ca ne fonctionne pas », constate le chercheur Olivier Roy, spécialiste de
l’islam. « Par exemple, former des imams: zéro, nommer des aumôniers: zéro, assurer une représentation efficace comme intervenir dans les débats de société: zéro ».
« Nous avons failli à notre mission », reconnaît Chems Eddine
Hafiz, membre du bureau du CFCM. « L’activité a été plombée par les conflits, les antagonismes des uns et des autres ».
Pour les experts, la principale cause de cet échec est le rôle joué par des pays tiers. « On est dans un conflit entre Maroc et Algérie pour le contrôle des musulmans français », juge Olivier Roy.
Dernière crise en date: un conflit sur la présidence du CFCM, à l’approche d’élections prévues en juin pour renouveler la direction.
Le président sortant, Dalil Boubakeur, de la Fédération de la Grande Mosquée de Paris (GMP, sous influence de l’Algérie), réputé incarner un islam modéré, a menacé de ne pas participer à l’élection en dénonçant les critères de désignation des délégués électeurs.
De son côté, le gouvernement a dit son « attachement à la pérennité du CFCM » et sa volonté « que toutes les tendances participent » aux futures élections.
Outre la Fédération de la Grande Mosquée de Paris, le CFCM regroupe l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans égyptiens), la Fédération nationale des
musulmans de France (FNMF, proche du Maroc) et le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF).
L’anthropologue Dounia Bouzar, ex-membre du CFCM, qui en avait démissionné en janvier 2005, critique l’ambiguité de cette instance.
« Le problème du CFCM, c’est que le gouvernement n’est pas clair sur sa fonction », juge-t-elle. « Un coup on y fait de la diplomatie de seconde zone, c’est à dire qu’on gère les relations avec l’Algérie et le Maroc, un coup on veut construire l’islam de France ».
« On ne s’en sortira pas tant que les gens du CFCM ne seront pas des musulmans nés en France, qui n’ont pas d’autre type de relation qu’affective avec le pays de leurs parents », poursuit-elle.
Même si elle regrette que le CFCM soit « un loupé », elle estime toutefois que sa création a permis « une prise de conscience que l’islam est une religion de France, et non plus la religion des étrangers ou des immigrés ».
Un autre spécialiste, Ghaleb Bencheikh, souligne qu’il n’existe pas d’autorité centrale dans l’islam et qu’avoir « voulu en créer une coûte que coûte avec le CFCM pose problème ».
Pour l’universitaire Abdelwahab Meddeb, la difficulté réside dans la cohabitation de trois tendances « conflictuelles »: « un conflit entre l’islam traditionnel, l’islam officiel des Etats et l’islam comme idéologie de combat », cette dernière incarnée selon lui par l’UOIF.
Pour lui, la solution passe par l’entrée dans cette institution de laïcs, qui représentent l’immense majorité des musulmans.
Moins de 10% des musulmans de France sont des pratiquants réguliers, qui se rendent au moins une fois par semaine à la mosquée.