Tunisie: Human Rights Watch a pu visiter deux prisons, après 20 années d’interdiction par le précédent gouvernement
AISPP: L’administration de la Sûreté de l’Etat est responsable de la disparition de Tarek Ben Hamadi Motion pour l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie
Association des Intermédiaires en Bourse : Communiqué de Presse
Association des Intermédiaires en Bourse : Communiqué de Presse
La Régente de Carthage
RENCONTRE-DEBAT A l’espace EL HAMRA
Tunisie: Human Rights Watch a pu visiter deux prisons, après 20 années d’interdiction par le précédent gouvernement
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« En nous accordant cet accès, le gouvernement de transition de Tunisie a opéré une avancée importante vers la transparence concernant le fonctionnement de ses prisons, et nous espérons que cette ouverture continuera et sera également proposée à des organisations locales. Le gouvernement de transition devrait également mettre fin au traitement inhumain des prisonniers pratiqué par le précédent gouvernement. »
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Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch
Le nouveau gouvernement devrait réduire la surpopulation carcérale et permettre aux familles de rendre visite aux prisonniers dans le couloir de la mort
L’administration de la Sûreté de l’Etat est responsable de la disparition de Tarek Ben Hamadi
Motion pour l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie
UNE REVOLTE CONTRE L’HUMILIATION D’ISRAEL AUSSI
Communiqué de Presse
Tunisie: après l’Assemblée nationale, le Sénat appelé à se saborder
Tunisie: la BAD prêt à accroître substantiellement son action
AFP, le 9 février 2011 à 11h14 GMT
Tunis: tirs de sommation d’un soldat pour disperser une foule, un blessé
Tunisie: après l’Assemblée nationale, le Sénat appelé à se saborder
Par Kaouther LARBI TUNIS, 09 Fev 2011 (AFP) – Le Sénat tunisien (Chambre des conseillers) débattait mercredi à Tunis d’une loi permettant au président par intérim de gouverner par décrets-loi, acte deux d’un sabordage du Parlement bicaméral hérité de l’ère de Zine El Abidine Ben Ali. En présentant ce texte, déjà voté à l’Assemblée nationale lundi, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, a demandé aux sénateurs de l’approuver « pour permettre au gouvernement de travailler » et demandé du temps à une population qui perd visiblement patience. Un jeune homme a ainsi été légèrement blessé dans le centre de Tunis par une balle qui a ricoché, alors que des militaires tentaient de canaliser des centaines de personnes, dont des handicapés, devant un bureau d’aide sociale public pour toucher de 30 dinars à 150 dinars (15,5 à 78 euros). Déjà mardi, entre 400 et 500 personnes avaient envahi le bâtiment du gouvernorat au coeur de Tunis pour réclamer du travail et des aides. « Nous sommes soumis à des pressions sociales à cause des revendications du peuple. Nous les comprenons. Mais il faut prendre en considération le fait que l’Etat n’est pas encore en capacité pour le moment de répondre à toutes ces demandes. Nous n’avons pas de baguette magique », a plaidé M. Ghannouchi devant les sénateurs. Cette loi doit permettre au président intérimaire Foued Mebazaa de prendre des décrets-lois concernant notamment l’amnistie générale, les textes internationaux relatifs aux droits de l’homme, l’organisation des partis politiques ainsi qu’une réforme du code électoral. M. Ghannouchi a par ailleurs annoncé la légalisation « dans quelques jours » des partis politiques interdits sous Ben Ali qui en ont fait la demande. Parmi ces partis qu’il n’a pas cités, figurent notamment le mouvement islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi et le Congrès pour la République (CPR, gauche) de Moncef Marzouki. Le chef du gouvernement a précisé que cette légalisation prochaine visait à « préparer des élections transparentes et équitables avec la participation de tous les partis ». Les autorités de transition ont annoncé la tenue d’élections présidentielle et législatives dans six mois, sans toutefois avancer de date précise, alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour juger ce délai intenable. Mercredi, le quorum requis était atteint au Sénat avec 86 sénateurs présents. La Chambre des conseillers compte théoriquement 126 élus, mais lors des élections de 2005, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) avait refusé d’occuper les 14 sièges qui lui sont attribués par la Constitution et la loi électorale. Il ne reste plus que 111 sénateurs après la démission le 25 janvier du président de la Chambre haute, Abdallah Kallel, un proche de l’ancien régime en résidence surveillée depuis. Un sénateur indépendant a profité de la séance pour interpeller le Premier ministre sur sa légitimé à la tête du gouvernement constitué après la chute du président Ben Ali le 14 janvier: « Vous ne pouvez pas être dans le gouvernement de la révolution. Ne me dites pas que nous n’étiez pas au courant de tout ce qui s’est passé » (sous Ben Ali), a lancé Ridha Mallouli à M. Ghannouchi qui fut onze ans de suite le Premier ministre de l’ex-président. A l’intérieur du pays, le gouvernement reste soumis à une forte pression depuis qu’il a remplacé mercredi dernier les 24 gouverneurs de région, dont 19 sont des adhérents ou des proches du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir sous Ben Ali. Le nouveau gouverneur de la région de Sousse (150 km au sud de Tunis) a été contraint mardi de quitter ses bureaux par une foule en colère. Ses collègues de Monastir (ville voisine) et de Medenine (sud) ont eu droit aussi à des manifestations sous leurs fenêtres. « Le peuple sait lire les CV », avait ironisé mardi le quotidien La Presse de Tunisie.
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L’Assemblée nationale du Québec
www.assnat.qc.ca Le Vice-Président (M. Chagnon): Consentement. Alors, je vous écoute, M. le député de Mercier. M. Khadir: Je demande le consentement de la Chambre, conjointement avec la ministre des Relations internationales, la députée de Rosemont, la députée de Lotbinière, le député des Chutes-de-la-Chaudière et le député de La Peltrie, pour débattre de la motion suivante: «Que l’Assemblée nationale appelle à l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie qui, comme membre de l’Organisation internationale de la Francophonie, doit adhérer au principe de consolidation de la paix, de promotion de la culture démocratique et de protection et de respect des droits humains; «Que l’Assemblée nationale déplore la perte de vies humaines et dénonce tout recours à la violence envers les manifestants pacifiques, les défenseurs des droits humains et le peuple tunisien; «Que l’Assemblée nationale demande finalement au gouvernement du Canada de traiter avec diligence, dans le respect des législations canadiennes internationales, la requête des autorités tunisiennes concernant le gel des avoirs de l’ancien président tunisien Ben Ali et de son entourage.» Le Vice-Président (M. Chagnon): Est-ce qu’il y a consentement pour débattre de cette question? M. Gautrin: Il y a consentement, M. le Président, pour que nous puissions débattre de cette motion avec des interventions limitées aux alentours de deux minutes dans l’ordre suivant: bien sûr, le député de Mercier, qui serait le premier à intervenir, la députée de Rosemont, que je ne veux pas appeler la députée de Chambly, pour… en deux minutes aussi. Je ne sais si la collègue de l’ADQ veut… Non, elle ne veut pas intervenir. Et, pour conclure… 11 h 20 (version non révisée) M. Gautrin: …dans l’ordre suivant: bien sûr, le député de Mercier qui sera le premier à intervenir, la députée de Rosemont, que je ne veux pas appeler la députée de Chambly, pour un deux minutes aussi. Je ne sais si la collègue de l’ADQ veut… Non, ne veut pas intervenir. Et pour conclure le débat, la députée de Saint-François et ministre des Relations internationales pour conclure le débat. Le Vice-Président (M. Chagnon): Alors, nous allons débattre de cette question dans un temps approximatif de deux minutes en commençant par vous, M. le député de Mercier. M. Khadir: Je vais être très bref. D’abord, remercier tous les membres du Parlement et tous les groupes parlementaires d’avoir accepté la… notre proposition, notre motion. La motion s’inspire grandement de la motion de la ministre des Relations internationales elle-même, que j’avais saluée hier pour l’initiative qu’elle a pris pour appeler, justement, au renforcement de la démocratie et au processus démocratique en Égypte. Il en va de même pour le peuple tunisien qui a été l’initiateur, donc, de ce printemps arabe. J’en profite simplement pour rappeler qu’au Québec, il existe une forte communauté québécoise d’origine tunisienne, qui sont très impliqués dans différentes… à différents niveaux sur le plan professionnel, dans plusieurs de nos institutions démocratiques. Ils sont à l’oeuvre parmi nous en tant que citoyens québécois, mais aussi ils ont, bien sûr, beaucoup d’émotions, énormément d’enthousiasme de voir leur pays d’origine connaître un renouveau démocratique, et le peuple tunisien montrer, finalement, la voie à l’ensemble du peuple arabe pour l’accession à la démocratie et à la liberté. À cet égard-là, une des requêtes les plus pressantes qui nous viennent de ces peuples arabes, c’est que les anciens dictateurs qui ont abusé de leur pouvoir pour détourner des millions, sinon des milliards de dollars en fonds publics et qui les ont cachés ou investis un peu partout dans le monde, dont une partie au Canada, ont besoin de la collaboration de nos gouvernements pour pouvoir récupérer ces fonds détournés qui sont des biens publics dont on a abusé. Le Canada est appelé à être signataire d’une initiative internationale de lutte à la corruption et à… des détenteurs de charges publiques, qui consiste justement à faciliter le travail entre les nations pour s’assurer que des gens qui sont au pouvoir ne détournent pas les fonds publics. Or, il est avéré, avec un livre très bien étayé par deux journalistes français en 2009, que le… la dictature tunisienne reposait en partie sur le beau-frère de M. Ben Ali, soit M. Belhassen Trabelsi, qui est actuellement en sol canadien et qui est détenteur de millions de dollars, d’argent qui ont été obtenus par des malversations, du trafic d’influence ou carrément de la corruption et de l’intimidation. Nous sommes confiants que la ministre des Relations internationales et le gouvernement jouiraient de l’appui de l’ensemble du peuple québécois en pressant le gouvernement canadien à ne pas traîner et à insister pour que tout soit fait pour que M. Trabelsi soit traduit devant la justice et que ses avoirs soient gelés. Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, M. le député de Mercier. J’inviterais maintenant Mme la députée de Rosemont. Mme Beaudoin (Rosemont): Merci, M. le Président. Alors, en appuyant, bien sûr, fermement la motion du député de Mercier, particulièrement ce qu’il vient de dire concernant, donc, la question du gel des avoirs de la famille Trabelsi, nous sommes, bien évidemment, très en accord. J’ajouterais tout simplement, aussi, que le Québec – nous l’avions dit, le Parti québécois, dans un premier communiqué – doit… devra, le moment venu, offrir son accompagnement et sa collaboration pour l’organisation par le partage de sa propre expérience, M. le Président, de l’ensemble du processus électoral, donc, le moment venu, en Tunisie. Je voudrais tout simplement, en terminant, prendre quelques instants pour rendre hommage à un des opposants laïc – important, dans mon esprit, bien évidemment – au régime du président Ben Ali, et qui… cette opposition, elle a pris plusieurs formes. Et un des opposants les plus célèbres, c’est le Dr Mustapha Ben Jaafar, et je dirais que c’est l’histoire d’un coureur de fond, souvent solitaire. Malgré toutes les embûches, il a été, donc le secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés, le FDTL, qui existe, donc, aujourd’hui. Il a dont fait montre d’une endurance de coureur de fond. Il est reconnu, le Dr Ben Jaafar, comme un patriote et un démocrate issu d’une famille de nationalistes, et il est donc l’un des chefs de l’opposition tunisienne les plus respectés, tant à l’intérieur qu’à l’étranger. Dès 1975, réagissant à la dérive autoritaire d’Habib Bourguiba, il avait quitté le parti au pouvoir pour fonder, avec d’autres démocrates, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme. C’est un professeur de médecine qui est chef du service de radiologie à l’Hôpital de La Rabta. Ce que je voudrais dire, c’est qu’en août dernier, nous avons fait sa connaissance à l’université d’été du Parti socialiste, à La Rochelle. Il est venu au Québec rencontrer la diaspora tunisienne québécoise, les Québécois d’origine tunisienne. En septembre… 11 h 25 (version non révisée) Mme Beaudoin (Rosemont): …je voudrais dire, c’est qu’en août dernier, nous avons fait sa connaissance à l’université d’été du Parti socialiste à La Rochelle. Il est venu au Québec rencontrer la diaspora tunisienne québécoise, les Québécois d’origine tunisienne, en septembre, et il a assisté dans nos tribunes à une période de questions. Je ne sais pas exactement ce qu’il en a pensé, M. le Président. Mais je voudrais tout simplement dire en terminant que c’est à lui en particulier, et à tous ceux qui, comme lui, à l’intérieur ou à l’extérieur, ont été des opposants exemplaires, que vont nos pensées aujourd’hui. Merci. Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, Mme la députée de Rosemont. Peu importe ce qu’il a pu penser de notre période de questions au moment où il est venu, c’était certainement plus intéressant que n’importe quelle période des questions qu’on ne peut entendre à Tunis. Une voix: … Le Vice-Président (M. Chagnon): Jusqu’à aujourd’hui. Mme la ministre des Relations internationales. Mme Gagnon-Tremblay: Merci. Alors, nous appuyons également la motion du député de Mercier. M. le Président, le 27 janvier dernier, le gouvernement du Québec déplorait les pertes humaines occasionnées par les événements, en Tunisie, dont nous avons tous été témoins. Aujourd’hui, la présentation de cette motion nous permet de le réitérer, et, rapidement, le Québec s’est dit sensible à la situation qui sévit en Tunisie. Nous souhaitons toujours qu’un calme sécuritaire pour la population puisse régner et mener la population tunisienne vers la transition souhaitée. M. le Président, le Québec, comme partenaire de la francophonie, souhaite que l’ensemble des membres de l’OIF partagent et fassent la promotion d’une culture démocratique, de la paix et du respect des libertés individuelles. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion, M. le Président, la semaine dernière, d’en discuter avec le secrétaire général de l’OIF, M. Diouf, qui était de passage à Québec. Malgré tout, il appartient à la population tunisienne de faire ses choix dans le cadre du processus électoral à venir. Par ailleurs, en ce qui concerne la présence non souhaitable au Québec de membres de l’entourage de l’ex-président tunisien, le gouvernement a affirmé que le Québec n’est pas une terre d’accueil pour des dictateurs déchus et des membres de leur famille. C’est pourquoi aujourd’hui je réitère ma demande au gouvernement fédéral de déployer le plus rapidement possible tous les outils nécessaires afin de procéder à l’analyse de la demande des autorités tunisiennes. Nous sommes devant une situation exceptionnelle. C’est pourquoi je souhaite que le gouvernement fédéral agisse avec diligence. Cependant, comme l’a si bien rappelé le député de Verchères la semaine dernière, nous sommes dans une situation qui relève des autorités fédérales. Comme le Canada est un État de droit, des règles de droit doivent être respectées. Enfin, le gouvernement du Québec est prêt à collaborer avec la communauté tunisienne au Québec. C’est pourquoi, M. le Président, nous continuerons de suivre l’évolution des événements qui se déroulent en Tunisie avec beaucoup d’attention. Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, Mme la ministre des Relations internationales. Est-ce qu’il y a… est-ce que cette motion est adoptée? Des voix: Adopté. Le Vice-Président (M. Chagnon): Adopté. M. Gautrin: …mon collègue, pour que cette motion soit transmise, puisqu’elle interpelle le gouvernement fédéral, au gouvernement fédéral. Le Vice-Président (M. Chagnon): Alors, si je vous comprends bien, d’abord son proposeur, et les deux leaders, du gouvernement et de l’opposition, vous souhaitez que cette motion soit, une fois adoptée, comme ce fut le cas, qu’elle soit donc envoyée tant à la Chambre des communes qu’au Sénat canadien pour fins de réception. M. Gautrin: …et au premier ministre du Canada. Le Vice-Président (M. Chagnon): Et au premier ministre du Canada. Une voix: … Le Vice-Président (M. Chagnon): Je vous écoute. M. St-Arnaud: Si vous permettez, je me permettrais d’ajouter aux propos du leader adjoint que nous pourrions également transmettre une copie au… au consulat général de Tunisie à Montréal et à l’Ambassade de Tunisie au Canada. Le Vice-Président (M. Chagnon): Bien… bien noté. Alors, nous ajouterons à cela. Au premier ministre du Canada, donc j’imagine au ministre des Affaires extérieures du Canada aussi; donc aussi à la Chambre des communes canadienne et au Sénat canadien ainsi qu’au consulat de Tunisie à Montréal et… et à l’Ambassade de Tunisie à Ottawa. Ça va? Je vous vois debout. J’avais l’impression que vous avez une autre motion pour nous, Mme la ministre de la Culture.
Motion unanime de l’Assemblée nationale
Moi, Ahmed, 27 ans, torturé dans les geôles de Ben Ali
Ahmed, 27 ans, est le dernier des trois à en être sorti. Lundi 31 janvier, il a bénéficié de l’amnistie décrétée à l’égard des prisonniers politiques par le gouvernement de transition. Après trois ans et huit mois d’emprisonnement, Ahmed est libre, mais porte les marques des sévices subis en détention.
Le jeune homme s’exprime péniblement. Il souffre de troubles de la parole. Son histoire commence le 20 mai 2007, un dimanche, à midi trente. Il est à la maison avec ses parents et ses deux frères. Trois 4×4 déboulent en trombe dans la rue. Une dizaine de policiers politiques en sortent et l’appellent. Il est embarqué manu militari, sans que sa famille n’ait eu le temps de comprendre.« Pendant vingt-sept jours, on n’a eu aucune nouvelle d’Ahmed. On est allé à la police, au ministère de l’intérieur, personne ne nous disait rien », se souvient son frère Nizar.
LA CHASSE AUX ISLAMISTES
Pendant vingt-sept jours, Ahmed est détenu au secret dans les geôles du ministère de l’intérieur, avenue Habib-Bourguiba, à Tunis. Une cellule d’un mètre sur deux, au sous-sol, éclairée jour et nuit pour lui ôter toute notion du temps. Il est questionné chaque jour, pendant des heures. Toujours les mêmes questions : « Fais-tu la prière ? Depuis quand ? Dans quelle mosquée ? Combien de fois par jour ? Combien de temps ? De quelle manière ? Avec qui ? Qui prie dans ta famille ? »
Le président Ben Ali a fait, à partir de 1990, la chasse aux islamistes. Ses polices spéciales ont redoublé d’efforts depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le vote de la loi antiterroriste de 2003. La cité Ettadhamen est une cible de choix : quelques salafistes djihadistes prêts à s’engager pour la cause irakienne y sont implantés. Les jeunes pratiquants rigoristes comme Ahmed, qui prient cinq fois par jour à la mosquée, sont surveillés de près.
Quelque 2 000 islamistes présumés ont été arrêtés depuis 2003. « Parmi eux, certains se contentaient de faire la prière, de discuter, de regarder des sites Internet. Certains discutaient de la nécessité de soutenir les Irakiens. D’autres, peu nombreux, essayaient de partir. Mais, dans les dossiers, nous n’avons retrouvé aucune preuve de la préparation d’attentats », explique Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT). Ahmed, lui, se dit pratiquant, pas militant. Il a peut-être cotoyé d’un peu trop près ces réseaux : son nom a été donné à la police par un autre jeune arrêté plus tôt.
TROIS À QUATRE HEURES DE TORTURES QUOTIDIENNES
Au ministère de l’intérieur, Ahmed est soumis quotidiennement à des séances de torture de plusieurs heures. Un médecin encadre les quatre tortionnaires pour s’assurer que le supplicié ne leur claque pas entre les doigts. Deux techniques sont privilégiées : celle du « bano », où l’on plonge la tête du détenu dans une bassine remplie d’eau et de produits chimiques ; et celle, à la fois humiliante et violente, du « poulet rôti ». Nus et cagoulés, les détenus sont suspendus à un axe par les bras et les jambes, ils sont balancés la tête en bas pendant des heures, frappés à coups de bâtons et soumis à des décharges électriques derrière les oreilles, sous les aisselles et sur les testicules.
Après vingt-sept jours, le jeune homme est finalement transféré à la prison de Mornaguia, au sud-ouest de Tunis, où il est détenu pendant un an sans procès. Il réussit à avertir sa famille par le biais d’un codétenu libéré. Pendant un an, celle-ci est harcelée par la police politique, qui vient fouiller la maison presque chaque semaine, au milieu de la nuit. Les policiers vont jusqu’à chercher au lycée Sofiane, le plus jeune frère d’Ahmed, et empêchent Nizar, son autre frère, professeur de sport diplômé, de travailler. Plus personne ne leur parle, ni famille ni voisins, par peur de la police.
UN PROCÈS EXPÉDITIF
Lors de son procès, un avocat est commis d’office à Ahmed. Ni lui ni sa famille ne le rencontreront. « Les autorités n’ont apporté aucune preuve au procès, elles n’en avaient pas besoin : l’audience a duré quelques minutes et le juge l’a condamné pour appartenance à un réseau terroriste », relate Nizar. On joint au dossier les aveux faits au ministère de l’intérieur. « Ils nous ont fait signer une feuille blanche, explique Ahmed, si on ne signait pas, on était torturés ». Le jeune homme est condamné à quatre ans de prison, assortis de cinq ans de contrôle administratif.
Ahmed va passer une partie de ses années de prison en isolement, où on le soumet à de nouveaux sévices. Il lui est interdit d’adresser la parole aux prisonniers « non terroristes ». L’heure de promenade quotidienne est sa seule occupation. Une fois par mois, un membre de sa famille lui rend visite. Dix à quinze minutes, derrière une vitre. « Ça m’a rendue malade de le savoir en prison, mais en même temps, j’étais fière, parce qu’il était emprisonné pour sa religion, pas parce qu’il avait commis un crime », confie sa mère Rebeh, des sanglots dans la voix.
« SI JE VAIS À LA MOSQUÉE, JE SERAI EMPRISONNÉ »
La révolution tunisienne a offert à Ahmed un avant-goût de liberté. Le 16 janvier, les autorités carcérales de Borj el-Amri laissent les détenus s’enfuir. Ahmed retourne auprès de sa famille, pour quelques jours, avant d’obtempérer à l’appel à la reddition lancé par le ministre de la justice. « Il ne lui restait que quatre mois avant sa libération légale, donc on l’a ramené le 21 janvier pour qu’il effectue sa peine et soit légalement libre », explique sa mère. A son retour en prison, le directeur l’accuse d’évasion et le torture, signe du maintien du régime Ben Ali bien après sa fuite.
Ahmed a aujourd’hui retrouvé d’autres compagnons d’infortune, libérés avant lui. Il veut porter son cas devant la justice pour que ses bourreaux soient jugés. Toujours sous le coup d’un contrôle administratif, il doit chaque jour signaler sa présence au poste de police. Les mêmes agents, déjà en place sous Ben Ali, l’y accueillent. Ils ne le harcèlent plus mais le jaugent d’un œil menaçant. C’est l’heure de la prière, Ahmed se presse chez son ami Safouane. Plus question d’aller à la mosquée. « Si je vais à la mosquée, je serai emprisonné ».
Tunisie – Leadership: Sommes-nous incapables de protéger nos élites?
Moncef Marzouki: « Il faut une assemblée constituante en Tunisie »
Par Dominique Lagarde, publié le 09/02/2011 à 10:17
Opposant de toujours, le chef du Parti du congrès pour la République décrit la « nouvelle Tunisie » qu’il espère voir émerger de la révolution de jasmin.
Quelle est votre position vis-à-vis du gouvernement de transition?
Pourquoi?
D’abord, les gens ne comprennent pas que le Premier ministre soit celui qui a été nommé par Ben Ali. Ensuite, ce gouvernement multiplie les bévues, sans comprendre qu’il a maintenant à faire à un peuple vigilant. Résultat: à plusieurs reprises les gens sont descendus dans la rue pour protester contre les décisions prises. Il y eu les portefeuilles régaliens attribués à des ministres RCD (l’ex parti au pouvoir NDLR), les atermoiements dans l’épuration du ministère de l’intérieur, qui aurait dû être immédiate, et maintenant la nomination, proprement aberrante, de gouverneurs issus du RCD. Ils auraient pu réfléchir et se dire que cela ne passerait pas mieux que les ministres! C’est de l’incompétence politique.
Quel jugement portez-vous sur la commission qui a été chargée de réfléchir aux réformes politiques à venir?
Je crois qu’on a eu tort de confier cette tâche à des juristes. Cela n’est pas une question technique, mais politique.
La commission a prévu une série d’auditions afin d’entendre les associations et les Partis. Vous irez?
Si je suis invité, j’irai, bien sûr. Mais je crains que cette procédure prenne beaucoup de temps. Or actuellement, tous les dossiers importants qui nécessitent des décisions de la part d’un gouvernement dont l’autorité soit incontestable, sont gelés. Je pense par exemple à la réforme de la justice ou encore à celle de l’éducation.
Qu’aurait-il fallu faire selon vous?
Commencer par l’élection d’une assemblée constituante. Cela pouvait se faire assez vite, en quelques semaines. Ensuite, on lui aurait laissé deux ou trois mois pour aboutir à un texte qui aurait été soumis à référendum. Pour déboucher sur de nouvelles institutions -élections législatives et présidentielles- en état de marche avant l’été. Pour l’instant, il y a trop de confusion. Et personne à la barre qui soit capable de décider.
N’est-ce pas inéluctable, dans l’attente de nouvelles élections?
Non. On pouvait au lieu de reconduire ce Premier ministre falot nommer une personnalité incontestable. J’avais proposé Ahmed Mestiri (opposant « historique » au président Habib Bourguiba NDLR) ou encore le bâtonnier. Quelqu’un en tous cas qui aurait pu trancher et fixer un calendrier précis. Mohamed Ghannouchi (le Premier ministre) ne peut être cet homme-là. Quoi qu’il fasse il sera contesté parce qu’il porte ce péché originel à la base d’avoir été nommé par le dictateur et d’avoir assisté pendant dix ans à ses turpitudes sans avoir dit un mot. Ce gouvernement est un gouvernement faible. Et ce ne sont pas les quelques technocrates recrutés à Paris qui vont changer la donne.
Certains militent plutôt pour une constitution amendée en faisant valoir qu’une assemblée constituante ouvrirait forcément la boîte de Pandore de l’article 1, c’est à dire le débat sur la relation de l’Etat tunisien à l’islam…
Cela ne me fait pas peur. Je crois qu’il y a une majorité pour ne pas se laisser embourber dans ce débat idéologique.
Et qu’on peut garder l’article 1?
Cela ne me dérange pas dès lors qu’on assure les libertés publiques et l’égalité entre hommes et femmes… . C’est important qu’il y ait une assemblée constituante et une nouvelle constitution. Parce qu’il s’agit d’un nouveau départ. C’est une nouvelle Tunisie que nous voulons construire.
Vous êtes favorable à quel type de régime? Parlementaire? Présidentiel? Mixte?
Mixte. Il faut équilibrer les pouvoirs entre le Président de la République et le Premier ministre et partager le pouvoir exécutif entre ces deux institutions. Et garantir la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice.
(Source: Lexpress.fr le 9 fevrier 2011) http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/moncef-marzouki-il-faut-une-assemblee-constituante-en-tunisie_960472.html
La grosse faute de Michèle Alliot-Marie
Pour ou contre la ministre des Affaires étrangères ? Le Quotidien de Tunis fait le tri dans les accusations dont MAM fait l’objet, après avoir accepté, en vacances en Tunisie, de voyager aux frais d’un homme d’affaires tunisien.
Pour l’instant, la tempête ne fait pas plier Michèle Alliot-Marie. Imperturbable, la ministre des Affaires étrangères a reconnu que « des gens ont été choqués », affirmant qu’elle ne recommencerait pas, mais n’admettrait aucune faute et n’envisagerait pas de démissionner. L’opposition, elle, continue de réclamer le départ d’une ministre qui a fait preuve d’ »incompétence », voire de « complaisance » envers un régime que le peuple tunisien allait faire tomber. Cette polémique, réelle et non artificielle, sera tranchée par le président Sarkozy. [Le 7 février] à Varsovie, il a refusé de commenter, disant simplement qu’il l’évoquerait « cette semaine », c’est-à-dire le 10 février sur TF1, lors de l’émission Paroles de Français. Essayons de récapituler le pour et le contre dans ce dossier peu ordinaire. Pour la ministre: depuis son premier poste ministériel en 1986, MAM s’est acquis une réputation d’honnêteté et d’intégrité morale, elle ne traîne aucune casserole, même si l’on peut s’interroger sur son rôle dans certaines affaires comme Clearstream. Aller en Tunisie, avoir des amis tunisiens n’a jamais constitué une faute. Et qui dit non à un ami prêt à vous rendre service, à vous aider? Elle n’a dépensé à son profit aucun argent public, n’a détourné aucun euro. Aujourd’hui, certains pensent à Tunis que les Trabelsi [la famille de l’épouse de Ben Ali] intervenaient dans toutes les affaires. Aziz Miled [l’homme d’affaires tunisien qui avait mis son jet privé à disposition de MAM] aurait pu être contraint de travailler avec eux et son nom a été retiré de la liste suisse [des personnalités tunisiennes dont les avoirs ont été gelés]. Aziz Miled doit être présumé innocent. Fin décembre, nul média tunisien – et pour cause — ne parlait de cette révolte qui montait. L’ambassadeur de France, jusqu’au dernier moment, a cru que le gouvernement avait les choses bien en main. La grogne semblait un mouvement passager, contrôlable. Qui peut dire le contraire? Ben Ali était l’ami d’une France bienveillante à son égard. D’autres ministres, à la même époque, étaient en vacances dans des pays où la situation sociale n’est pas meilleure qu’en Tunisie et pouvaient y rencontrer des amis. Contre la ministre: Michèle Alliot-Marie a eu du mal à reconnaître les faits. Elle a d’abord nié, critiqué des attaques « ignominieuses ». Quand elle a admis avoir pris le jet privé pour aller à Tabarka, elle n’a pas fait mention de l’escapade dans le Sud, n’en a parlé qu’après la révélation de Nouvelobs.com. Elle a prétendu qu’en vacances, elle n’était pas ministre, pas représentante de la France, qu’elle était « claquée ». Des justifications un peu courtes, critiquables surtout quand on sait que Sarkozy a bien dit à ses ministres qu’ils l’étaient 24 heures sur 24 et que MAM a accepté le Quai d’Orsay en précisant qu’elle voulait gérer son ministère sans intervention des conseillers élyséens.
Le plus grave est sans aucun doute le fait qu’elle n’ait pas su apprécier la situation dans laquelle se trouvait la Tunisie fin décembre. Certes, il y avait les câbles de l’ambassadeur qui n’a rien vu venir, mais la fonction d’un ministre des Affaires étrangères est de comprendre, de « sentir » les événements, d’appréhender, d’anticiper, d’agir. Michèle Alliot-Marie a été aveugle. Beaucoup d’autres aussi, mais ils n’étaient pas en charge de la politique étrangère de la France. Elle n’aurait pas été à la hauteur des exigences de sa tâche. D’ailleurs, nul ne réclame la démission de son compagnon [Patrick Ollier], le ministre des Relations avec le Parlement. Dans tous les partis, des hommes et femmes politiques, des personnages en vue ont des amis en Tunisie. Mais il n’y a qu’une personne ministre des Affaires étrangères… Il est trop facile de dire comme Valérie Pécresse [ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche]: « Elle a dit qu’elle regrettait, pour moi la polémique est close ». Une République « irréprochable »… Pour cela, ne faudrait-il pas « dégrader MAM », l’affecter à un autre ministère ?
Source : « Courrier international » Le 09-02-2011
Lien :http://www.courrierinternational.com/article/2011/02/09/la-grosse-faute-de-michele-alliot-marie
Vent de liberté : après la Tunisie et l’Egypte, le tour de la France
Le vent de liberté, qui a soufflé en Tunisie, a atteint l’Egypte. Demain, les peuples d’autres pays (Algérie, Maroc, Jordanie, Libye…) pourraient à leur tour se soulever. La France, qui supporte l’apprenti « dictateur » Sarkozy depuis bientôt quatre ans, a aussi de bonnes raisons d’emboîter le pas.
Les amitiés appuyées de Sarkozy pour des chefs d’Etat déchus, ou en voie de l’être, pour cause de dictature, montrent le vrai visage du président de la République française pour qui ces personnages peu recommandables étaient des modèles. Qu’il s’agisse de Ben Ali, en Tunisie, ou de Moubarak, en Egypte. Ce n’est qu’à la toute dernière minute que Sarkozy s’est résolu à ne pas accueillir le président tunisien en fuite. Avait-il le projet de mettre Air-Sarko-One (180 millions d’euros gaspillés) à la disposition du dictateur et de sa famille de boucaniers ? D’autres, tout aussi peu fréquentables, comme Kadhafi et certains chefs d’Etat d’Afrique subsaharienne, trouvent grâce aux yeux de l’agité président français, dont la propension au despotisme ne trompe plus personne.
Les relations de Sarkozy avec la plupart de ses homologues africains relèvent toujours du même souci affairiste de privilégier une gouvernance soucieuse de protéger les intérêts patrimoniaux et financiers d’une poignée de profiteurs au détriment de leur peuple.
C’est ce même souci qui motive son insistance à imposer son copain Ouattara (qu’il a marié à Neuilly en octobre 1990) à la présidence de la Côte-d’Ivoire, au détriment de Laurent Gbagbo. Son ingérence en dit long sur la nature mercantile des intérêts défendus par Sarkozy. Derrière cette intervention post-colonialiste dans les affaires internes d’un état souverain se cache, là encore, la volonté manifeste de protéger les riches copains -Bolloré, Bouygues, etc.- dont les affaires fleurissent sur le dos des peuples de ces pays, pour la plupart des anciennes colonies françaises en Afrique.
Généraliser la pauvreté en France, museler les magistrats
Sarkozy rêve d’une France gouvernée à l’africaine ! La régression sociale, qu’il a enclenchée et organisée, s’inscrit dans cette volonté d’installer durablement la pauvreté en France.
Toutes ses actions et les lois votées depuis son avènement sont autant de preuves de l’acharnement de l’agité de l’Elysée d’instaurer le mal être pour une majorité de Français, afin de mieux les contraindre. Un homme qui a faim et se débat dans des difficultés matérielles quotidiennes n’a pas le temps de penser, ni de se battre. Jusqu’au jour où, comme en Tunisie ou en Egypte, la coupe déborde !
Depuis des années, le combat de Sarkozy contre la magistrature s’inscrit aussi dans une volonté d’affaiblir l’un des principaux garde-fous de la démocratie française. L’attaque la plus emblématique est sa volonté de supprimer le juge d’instruction. Ce qui aura pour conséquence, le renforcement d’une justice d’Etat par le biais des procureurs de la république. Les « injonctions » de Sarkozy, ses mises en cause péremptoires à l’occasion de faits divers, comme celui de la mort atroce de la jeune Laetitia, ne visent qu’à le mettre opportunément en lumière. Elles sont jugées, à juste raison, insupportables par le corps judiciaire dans son ensemble. Lequel a déjà dû supporter pendant deux ans, avec Rachida Dati, une Garde des Sceaux inutilement atypique, dans ce ministère délicat.
Après l’immunité présidentielle : le Sarkogate
Reste que, en s’attaquant à l’institution judiciaire, Sarkozy s’en prend à un pilier de la république. L’inconscience du personnage, qui se croit au faîte de sa gloire, de sa puissance et de sa « supposée » grandeur, lui interdit de voir que ce combat contre la justice a de grandes chances de se retourner contre lui.
Sans compter que nombre d’affaires, dans lesquelles son implication apparaît à des niveaux divers, sont pendantes et le rattraperont à la fin de son mandat. Pour l’instant protégé par son immunité présidentielle, il n’échappera pas, le moment venu, à son destin judiciaire.
Son sort risque d’être moins enviable que celui de Chirac, dont les emplois fictifs, qui lui valent d’être poursuivi, paraissent bien moins graves, en comparaison de ce dont devrait répondre Sarkozy devant ses juges. Le Sarkogate s’avère en effet une boîte de Pendore dont déjà quelques affaires retentissantes ont été exhumées : Bettencourt, Woerth, Karachi, Clearstream. Et ce n’est que le début !
Répression, climat délétère
Comment la France peut-elle se retrouver avec un président de la République aussi peu respectueux des règles constitutionnelles qu’il est censé défendre ? La question hante aujourd’hui ceux-là mêmes qui, par cupidité ou calcul politicien, l’ont porté au pouvoir !
L’attitude irrespectueuse de Sarkozy est préoccupante pour le fragile équilibre de notre société, dont les membres les plus influençables sont enclins à penser que les règles n’ont de règles que le nom, puisque transgressables, selon ses intérêts et son humeur, par celui qui devrait s’en porter garant : le président de la République en personne.
Jamais homme politique n’a autant tenté de récupérer les événements malheureux, les drames du quotidien, pour essayer de faire passer l’image d’un homme compassionnel et proche des gens, qu’il n’est, à l’évidence, pas.
Rarement homme politique n’a autant utilisé les ressorts de la peur pour imposer des lois sécuritaires scélérates et diviser les Français, laissant se développer un climat délétère parmi les habitants.
La répression routière en est un exemple. Sous prétexte de diminuer le nombre de victimes sur les routes, les automobilistes sont considérés comme des délinquants en puissance, qui risquent de se retrouver à tout moment en garde à vue, au même titre que de dangereux criminels, à la moindre petite infraction.
Attaque contre les retraites, népotisme
L’attaque contre la retraite à 60 ans a laissé des traces durables dans l’esprit des Français qui, au long de l’année 2010, à l’occasion de manifestations de grande ampleur, ont montré qu’ils n’étaient pas dupes des intentions réelles de Sarkozy de démanteler la retraite par répartition, au profit de la retraite par capitalisation, confiée aux assureurs privés, au premier rang desquels son propre frère Guillaume Sarkozy. Un népotisme dont Sarkozy est coutumier. En décembre 2009, il a tenté d’imposer son fils Jean, médiocre étudiant en droit de 23 ans, à la tête de l’EPAD, sans succès. Il en a été empêché par les caciques parisiens de son propre camp !
La gauche a promis de rétablir la retraite à 60 ans. C’est d’ores et déjà, pour des millions de Français, écoeurés par le résultat de leur mobilisation, un argument fort de la campagne présidentielle.
Redorer le blason de l’Elysée
L’enjeu de l’élection présidentielle de 2012 ne sera pas tant le choix d’un projet de société que le choix d’un homme détenant les qualités humaines, intellectuelles et culturelles indispensables pour incarner la France ! Nombreux, quelle que soit leur couleur politique, sentent la nécessité de redorer le blason de l’Elysée, en y envoyant un homme respectable, digne, à la hauteur de la fonction.
Les Français sont aujourd’hui moins de 25% à faire confiance à Sarkozy. Ce sondage prouve que l’épisode Sarkozy, et ses conséquences calamiteuses pour les Français, n’a que trop duré.
Le vent de liberté soufflant des rives de la Méditerranée enflammera-t-il la campagne électorale présidentielle en France ? Une chose paraît évidente : le rejet de Sarkozy par les Français est largement aussi puissant que le rejet de ses chers amis Ben Ali et Moubarak par leur population respective !
Source : « agoravox » Le 09-02-2011
Tunisie, les militaires n’ont pas l’intention de s’emparer du pouvoir
Une source militaire a récusé toute intention de l’institution militaire de s’emparer du pouvoir en Tunisie, rapporte alarabonline, citant Ettounsya. La source militaire a déclaré, sous le sceau de l’anonymat, que l’appel lancé aux réservistes : sous-officiers, militaires relevant de la marine, de l’aviation, des administrations et des services, ne doit pas être interprété comme une préparation de l’institution militaire à s’emparer du pouvoir. Cet appel s’explique par le fait que les membres de la garde nationale sont extrêmement fatigués, et ont besoin de repos afin qu’ils reprennent leurs forces, a fortiori qu’ils étaient présents durant un mois pour assurer le maintien de l’ordre, a-t-elle ajouté en substance. Les forces armées ont assuré, depuis 6 semaines, des opérations de maintien de l’ordre dans l’ensemble des gouvernorats de la République, dans le cadre de leurs missions principales conformément à la loi, selon une dépêche de la TAP. La fréquence des interventions de ces forces s’est accentuée selon l’évolution des évènements et a atteint son point culminant le 14 janvier 2011. L’armée nationale continue d’assumer ses missions jusqu’à aujourd’hui. Etant donné que les militaires sont mobilisés 24h/24 en cette période critique et qu’ils n’ont pas bénéficié du repos nécessaire propre à leur permettre d’accomplir leur devoir dans des conditions adéquates et compte tenu du fait que les opérations de maintien de l’ordre ne doivent pas être menées au détriment des efforts intenses déployés par les forces armées en vue de protéger les frontières terrestres et maritimes du pays contre les menaces extérieures, le département de la Défense nationale a considéré comme étant opportun de lancer un appel de mobilisation à un nombre limité des réservistes afin de faire bénéficier les militaires sur le terrain du repos nécessaire. Conformément à des éclaircissements du ministère de la Défense relayés par la TAP, le département vise, à travers cette mesure, à renforcer davantage la protection des personnes, des biens publics et privés et des établissements sensibles, afin de rasséréner les citoyens pour qu’ils regagnent leurs postes de travail sans peur. Le ministère indique que l’opération de mobilisation des réservistes est une opération légale, qui est accomplie conformément au statut général des militaires et selon les dispositions de la loi relative au service national qui prévoit, dans son article 10, l’insertion des appelés après qu’ils aient effectué leur service national dans l’armée des réservistes pour une période de 24 ans. Ce régime existe et est en vigueur dans tous les pays du monde. Les autorités concernées y recourent dans les situations exceptionnelles et spéciales sachant que la réponse à l’appel de mobilisation de l’armée des réservistes pour rejoindre les forces armées est un devoir qui incombe à chaque militaire convoqué, et ce à l’instar du service national. Il convient de noter que »les opérations de maintien de l’ordre sont menées en coordination avec les forces de sécurité intérieure, ce qui a permis de rétablir le calme dans la majorité des gouvernorats du pays, sachant qu’un grand nombre d’écoles, de lycées et de facultés ont repris leurs activités ordinaires, à l’exception de trois gouvernorats du centre du pays qui ont connu, durant ces deux derniers jours quelques incidents. La situation dans ces régions s’améliore d’une heure à l’autre. »
Source: ”GlobalNet” Le 09-02-2011
Tunisie : bientôt une rue «Mohamed Bouazizi» à Paris
Bientôt les Tunisiens de France pourront lire le nom de «Mohamed Bouazizi» sur une plaque de rue ou celle d’une place à Paris. Lors d’un vote mardi, le Conseil de Paris a approuvé à l’unanimité cet hommage rendu par la municipalité à ce jeune Tunisien de 24 ans, dont l’immolation a déclenché une vague de protestations et mis fin au régime de Ben Ali. Parce que Mohamed Bouazizi est devenu malgré lui, cette «figure emblématique qui, par son acte de résistance, symbolise le combat des Tunisiens pour la démocratie, la justice et la liberté», s’est réjoui le maire PS de ParisBertrand Delanoë, né à Tunis. Symbole du soulèvement du peuple tunisien Fait rare, tous les élus ont approuvé cette décision. Même le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur Pierre Lellouche (UMP), qui siège également au Conseil de Paris. «L’analyse politique est juste. Les Tunisiens vivent une transition, et au lieu de se déchirer entre nous, c’est bien d’envoyer un message et de ne pas polluer les débats par la polémique au gouvernement», a-t-il déclaré juste après le vote. Pour Delanoë, «cet hommage est déjà ressenti comme un vrai moment de fraternité du peuple de Paris pour le peuple tunisien. Il faut aller vite pour trouver une rue ou une place à Paris!». Mort le 4 janvier, Mohamed Bouazizi est devenu le symbole du soulèvement du peuple tunisien contre le régime de Ben Ali. Le vendeur ambulant de 24 ans s’était immolé par le feu, en signe de désespoir après s’être fait confisquer son outil de travail.
Source: ”Le Parisien.fr” Le 09-02-2011
Situation sécuritaire : Les Tunisiens ont besoin d’être tranquillisés
La situation sécuritaire en Tunisie continue à occuper le devant de la scène du vécu quotidien des citoyens, un peu partout à travers les différentes régions de la République. C’est bien beau d’avoir, enfin, un ministre de l’Intérieur qui parle au Tunisiennes et aux Tunisiens comme un bon père de famille dans un langage dialectal, accessible et transparent. Mais cela est-il suffisant pour autant ? En effet, notre ministre de l’Intérieur nous dit tout ou presque. Il est allé même, jusqu’à nous révéler l’effectif exact des agents de l’ordre, inférieur à cinquante mille, soit à peine un policier pour 200 habitants. On ne sait pas quelle est la norme moyenne en la matière, mais il semble que ce chiffre soit assez réduit et inférieur à ce qu’il devrait être. Mais voyons de plus près l’évolution des événements une semaine après cette fameuse journée, exceptionnellement dangereuse, du 31 janvier 2011 et au cours de laquelle le ministre de l’Intérieur, accompagné du chef d’état major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar, ont été assaillis par une « horde » de deux à trois mille personnes dans les locaux mêmes de son département. Le 1er février, un grand mouvement au sein du ministère de l’Intérieur où pas mois de 42 hauts cadres ont été limogés ou mis en retraité forcée et la nomination d’un général de l’armée au poste de directeur général de la sûreté nationale. Après deux jours d’accalmie relative, le 4 février 2011, M. Rajhi nous parle d’incidents graves et sérieux survenus à Sidi Bouzid où deux citoyens ont trouvé la mort, brûlés, dans la geôle du poste de police. Lors de l’interview sur Nessma, le ministre est informé par les deux journalistes du plateau que la situation sécuritaire à Menzel Bourguiba était chaotique. Le 4 février, le même ministre parle des tiraillements concernant la nomination des 24 gouverneurs dont 19 sont des anciens Rcédistes. Mais entretemps, de graves incidents sont signalés à Kasserine, à Gafsa, à Sfax, à Kebili et au Kef surtout, où des pertes en vies humaines sont déplorées et des incendies, notamment de postes police, sont signalés. Sans oublier que de nombreux gouverneurs nouvellement débarqués, ont dû plier bagages sous les coups de boutoir des manifestants. A côté de cela, il ne faut pas oublier le climat de confusion qui règne au sein d’un grand nombre de départements ministériels et d’établissements publics où employés et demandeurs d’emploi occupent les lieux quotidiennement. Face à la multiplication des actes de violences et à ce climat marqué par la rumeur qui a contribué, par moments, à la création d’une ambiance de panique, les citoyens ont besoin d’être rassurés et tranquillisés. Serait-ce trop demander à notre sympathique ministre de l’Intérieur de revenir à la télé pour faire les éclairages souhaités par la population. Voici ce que les citoyens aimeraient savoir sur les derniers développements. Tout d’abord, on aimerait bien savoir ce qu’il en est advenu des deux ou trois mille individus qui avaient attaqué M. Rajhi ? Ont-ils été identifiés ou est-on parvenu à arrêter certains d’entre eux ? Car on est curieux de savoir qui ils étaient et qui les poussait à agir ainsi. Car, n’oublions pas que le minsitre avait parlé même de complot. C’est bien qu’on ait eu la liste complète des 42 hauts anciens cadres limogés de l’Intérieur, mais c’est encore mieux si on pouvait avoir la liste des nouveaux responsables qui les ont remplacés. Peut-on avoir une idée sur l’identité des responsables des incidents meurtriers et des incendies enregistrés un peu partout à travers le pays ? S’il y a des personnes arrêtées ? Si oui, combiens sont-ils et qui ils sont ? A-t-on remplacé les gouverneurs défaillants ou « chassés » ? A-t-on procédé à la nomination des délégués ? On entend parler, tous les jours, que les responsables des actes de violences, de meurtres et d’incendies sont des milices du RCD. Est-ce vrai ou pas ? Il est vrai que ce parti aurait le plus intérêt à ce qu’il y ait ce climat d’incertitude, mais encore faut-il qu’on en ait les preuves matérielles ou des aveux. Parce qu’il est trop facile d’accuser le RCD qui constitue, aujourd’hui, une cible « privilégiée ». Loin de nous l’idée de dire que le ministre de l’Intérieur a échoué dans sa mission. Au contraire, nous estimons qu’en l’espace de quelques jours, il a accompli une tâche gigantesque étant donné l’ampleur et la complexité des chantiers existants ou, plutôt, des défis à relever. Nous savons que les enquêtes nécessitent du temps, et que pour trouver des preuves ou arracher des aveux cela peut demander plusieurs jours voire des semaines. Mais les Tunisiens s’impatientent et veulent savoir la réalité de ce qui se passe. Surtout que des décisions comme celle de la suspension du RCD, en attendant sa dissolution par voie judiciaire et du rappel des militaires réservistes laissent entendre qu’il y a des donnes graves dont la nature ne nous a pas été révélée. Ces décisions ne sont pas de nature à tranquilliser les citoyens qui ont besoin, plus que jamais, d’être rassurés afin qu’ils vaquent à leurs occupations, sachant que les grèves sectorielles et tournantes, déclenchées ci et là, ne peuvent qu’ajouter à la confusion. Farhat Rajhi a, sûrement, du pain sur la planche et doit gérer une situation très délicate. On sait également que l’efficacité des enquêtes exige de la discrétion, mais les citoyens s’impatientent pour avoir les informations disponibles et concrètes. Du moins, s’il y a des arrestations et combien sont-ils ? Dans un premier temps.
Source: “Business News” Le 09-02-2011
« C’est le moment pour les entreprises de la région d’aller en Tunisie »
Malgré des difficultés d’approvisionnement, les relations économiques entre la Tunisie et la région n’ont pas été perturbées par la Révolution de jasmin. Les experts incitent même les PME à profiter de cette aubaine
Un vent de liberté souffle aussi du côté des entreprises tunisiennes.Depuis ces trois dernières semaines, les témoignages concordent autour d’une forte volonté d’émancipation des Tunisiens. « Ils ont tous envie de travailler beaucoup plus », raconte Marc Hoffmeister, qui dirige Class Export et préside la commission internationale de la CGPME du Rhône, « cette révolution a aussi libéré le business et les entreprises vont enfin pouvoir se développer ». Aujourd’hui, plus de 150 entreprises de Rhône-Alpes sont installées dans ce pays du Maghreb et, selon les témoignages recueillis, aucun incident n’a touché les entrepreneurs sur place. En revanche, les difficultés d’approvisionnement perturbent encore certaines industries. Mais, compte tenu des grèves dans les ports français, personne ne sait trop si ces difficultés proviennent vraiment de la révolution de jasmin ou du conflit social en France. « L’économie était vraiment déconnectée de la vie politique », constate de son côté Bruno Masurel, conseil en développement international (Afrique et Moyen-Orient) à la CCI de Lyon, « les dirigeants des PME constituent la classe moyenne et ils sont largement favorables au changement et au nouveau régime ». Le plus ouvert des pays du Maghreb aux investissements étrangers dispose donc de nouvelles opportunités que les PME de la région ne devront pas laisser passer. « C’est le moment d’y aller », clame Alexandre Guillaume, directeur du développement international des entreprises au sein d’Erai. Cette organisation qui a ouvert un bureau à Tunis en 2009 – alors que l’implantation d’un bureau au Caire a été retardée cette année – a accompagné treize sociétés l’an dernier.
« C’est vrai que les réseaux économiques et politiques sont en pleine restructuration mais tout va se stabiliser d’ici ces prochaines semaines. Et c’est justement le moment pour les entreprises de se faire connaître », assure Alexandre Guillaume. La Tunisie sera justement à l’honneur lors de la prochaine Foire de Lyon le 23 mars et d’ici là sera constituée une association d’entrepreneurs tunisiens et rhônalpins visant à renforcer les liens. De quoi réjouir Sabri Bachtobji, consul général de Tunisie à Lyon, qui espère notamment que les PMI de high-tech et de pharmacie de Rhône-Alpes investissent dans les deux districts tunisiens spécialisés dans ces domaines. Un vent de liberté souffle donc de l’autre côté de la Méditerranée mais les entrepreneurs savent déjà qu’il y aura des contreparties à assumer. En particulier avec des hausses de salaires déjà très attendues
Source: “Le Progres.fr” Le 09-02-2011
Tunisie. Conseils tardifs de Hakim El Karoui à Ben Ali
Selon nos confrères deMediapart, Hakim El Karoui a adressé deux notes à l’ex-président Ben Ali datées du 12 et du 14 janvier, alors que ce dernier s’apprêtait à quitter le pays.
Le banquier franco-tunisien, membre du conseil d’administration d’Orange Tunisie, a transmis deux notes à Ben Ali, via le gendre de ce dernier, Marouane Mabrouk, par ailleurs directeur général d’Orange Tunisie. Dans les deux notes, El Karoui conseillait notamment au dictateur déchu de «sanctionner des responsables qui ont mal fait leur travail», «donner un coup de jeune et de dynamisme en nommant des quadras issus de la société civile et du monde économique», «trouver un point de chute à l’étranger à Ben Dhia» et «dissoudre l’assemblée nationale » (sic!)… Le texte des deux lettres, reproduites ci-dessous, peuvent indiquer, chez El Karoui (et, éventuellement aussi) Mabrouk, une volonté de faire accélérer les réformes démocratiques dans le pays par l’entremise du dictateur lui-même, qui y serait acculé par la rue. Les événements, qui se sont accélérés, n’ont pas laissé à Ben Ali le temps de mettre à exécution les conseils du Franco-Tunisien. Le 15 janvier, au lendemain de la fuite e Ben Ali, le même El Karoui a débarqué à Tunis et s’est mis au service du Premier ministre Mohamed Ghannouchi. Il était entouré d’autres Franco-Tunisiens qui sont devenus ministres dans l’actuel gouvernement. Le neveu de l’ex-Premier ministre Hamed El Karoui et ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin a-t-il des ambitions politiques en Tunisie?
Source : « Kapitalis » Le 09-02-2011
H. El Karoui, « l’homme qui murmurait à l’oreille » de Ben Ali, aujourd’hui au service de Ghannouchi
Hakim El Karoui est normalien , banquier chez Rothschild, président d’un forum de jeunes élites Young Mediterranean Leaders, fondateur du très sélect Club du XXIe Siècle et ancienne plume de l’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin. Un vrai modèle de réussite.
En Tunisie, il joue aussi un rôle important. Il est administrateur d’Orange Tunisie, conseiller du premier ministre Mohamed Ghannouchi pour le choix du gouvernement de transition… et a été la source d’inspiration de Ben Ali !
Selon Mediapart, Hakim El Karoui a rédigé deux notes, le12 et14 janvier, sorte de conseil pour sortir de la crise. Ces notes révélées par Mediapart ont été utilisées dans les discours du président déchu.
Au dernier jour de Ben Ali en tant que président, le 14 janvier, une nouvelle note a été préparée incitant à une nouvelle forme de communication. Ainsi, on peut déduire de la note, le début du discours :
« Internet, c’est fait… c’est la victoire de la Tunisie. Maintenant il faut construire. Ce n’est qu’un début : nous serons jugés sur les actes ». Un autre mensonge. Heureusement, Ben Ali, le fuyard, nous a épargné de le subir.
Hakim El Karoui ne nie pas avoir été un conseiller en communication de Ben Ali. Selon Mediapart, il précise, toutefois, qu’il n’a jamais rencontré Ben Ali, mais qu’il l’a aidé en réponse à la demande de son ami Marouane Mabrouk, le gendre de Ben Ali.
Source: ”webdo” Le 08-02-2011
En Tunisie, la longue plainte des victimes de la corruption
C’est l’immeuble des pleurs et des espoirs. L’ancien bâtiment de la Banque de l’habitat, datant des années cinquante, proche de l’avenue Mohammed V, est devenu le centre émotionnel de la Tunisie nouvelle. Trois commissions se le partagent: contre la corruption au deuxième étage, pour l’indemnisation des victimes des violences de la révolution au troisième, et au quatrième siège la commission de la réforme politique, qui tente de remplir une page encore blanche.
Des hommes et des femmes de tous âges font la queue. Les victimes de la violence devant la porte principale, celles de la corruption au fond du parking. Ces derniers plaignants sont peu nombreux aujourd’hui, battant la semelle dans le vent et le froid. Parmi eux, un couple franco-tunisien. Ils avaient une entreprise d’informatique et un appartement contigu. Ils n’ont plus rien. «Tout a été saccagé», disent-ils. Par qui? S’ils ont une idée, ils ne la confieront pas. Le vol et la destruction ont pris un caractère systématique. «Ils ont pris quatre ordinateurs tout neufs, nos vêtements, nos chaussures, nos meubles. Et ce qu’ils n’ont pas pu prendre, ils l’ont détruit. Nos dossiers papier ont été arrosés d’eau.»
Humiliations quotidiennes
Comme les autres plaignants, ils attendent que leur numéro sorte, un chiffre griffonné sur un simple morceau de papier. Devant la porte «corruption» des hommes et des femmes aux visages brunis de paysans brandissent des dossiers, criant qu’on leur a volé leur terre. D’autres racontent le quotidien de l’humiliation et de la compromission. Riyadh, un jeune homme en veste de cuir et petites lunettes rectangulaires, est haut fonctionnaire dans un ministère technologique. Il est depuis longtemps «au frigo» pour avoir refusé de participer à la corruption. «Je n’ai pas voulu signer un papier, dit-il sans plus de précision. Alors ils m’ont privé de travail. J’ai fait une dépression.» Il s’est senti bien seul. «Mes collègues préféraient accepter le système. Ils m’ont mis à l’écart. Tout à coup, plus personne ne m’a parlé.» Il demande sa réinsertion dans son ancien emploi.
Ahmed, lui, est étudiant en sociologie, mais il avait aussi un projet commercial. «Je voulais monter une entreprise d’entretien de voitures», dit ce jeune homme aux grosses lunettes de soleil. Le dossier n’a jamais vu le jour, «sans doute à cause de l’intervention d’un membre de la famille Ben Ali, qui a le monopole du marché.» Ses tentatives d’obtenir un poste d’enseignant n’ont pas marché non plus. «Dès que j’ai postulé, un intermédiaire est venu me demander de l’argent. Il voulait 3500 euros. C’était très courant. Les postes de fonctionnaire étaient à vendre.»
Ahmed hésite entre deux mondes. «On ne sait pas comment tout cela va tourner. Je suis en train de remplir une demande d’émigration au Canada, pour y poursuivre mes études.» Pourtant il est venu spécialement de Sousse, à 140 km de Tunis. Et il attend son tour depuis 9 heures du matin, alors qu’il est déjà 13 heures. Cette petite corruption, celle de tous les jours, est majoritaire parmi les chemises de papier jaunes qui s’accumulent sur le bureau du président de la commission anticorruption, Abdelfattah Amor. Doyen honoraire de la faculté des sciences juridiques, cet homme tranquille et affable aura à connaître tous les dossiers, «depuis ceux qui concernent la famille de l’ancien président jusqu’au simple lamda», ces délégués de quartier, petit personnel de la surveillance et de la répression. Les affaires les plus importantes ne lui sont pas apportées par ceux qui font la queue au pied de l’immeuble. Certaines arrivent par le numéro vert mis à la disposition des Tunisiens, d’autres sont transmises plus discrètement ou soulevées par les enquêteurs de la commission, une vingtaine de hauts fonctionnaires au-dessus de tout soupçon, selon le président. «Au-delà des faits eux-mêmes, nous sommes en train de découvrir un système complexe qui avait tout gangrené, des institutions aux entreprises.» Abdelfattah Amor examinera les captations de société, et des prises de participation forcées de la famille Ben Ali dans de nombreuses firmes tunisiennes.
Que faire de cet argent? Rien n’a encore été décidé. Des voix s’élèvent pour que les sommes volées soient versées au Trésor public. Le président n’en est pas là. Pour le moment, les dossiers les plus complexes seront examinés en commission plénière. C’est Abdelfattah Amor qui décidera de transmettre ou non au parquet. Un poste à risques? «Je m’en remets à Dieu, répond-il. Mais si je le juge utile, je pourrai demander une protection.»
Source : « Le Figaro » Le 09-02-2011
Irak, Tunisie : la seconde mort des néoconservateurs
La révolution tunisienne n’a pas seulement mis fin au régime de Ben Ali. Elle a également apporté une nouvelle démonstration du caractère fallacieux des thèses néoconservatrices. Mais, si on peut avoir la certitude que Ben Ali ne reviendra pas au pouvoir, il n’est pas acquis que les néoconservateurs américains – et encore moins leurs répliques françaises – reconnaissent leurs erreurs et fassent preuve à l’avenir de modestie dans leurs préconisations. Qu’avait-on entendu avant la guerre d’Irak ? Deux arguments étaient mis en avant pour la justifier. Il y avait la fable des armes de destruction massive qu’il fallait absolument détruire. Elles étaient en fait des « armes de disparition massive » puisqu’on ne les a jamais retrouvées. Ces fausses affirmations des responsables américains et des « experts » qui les répétaient comme des perroquets sont venues décrédibiliser partiellement la cause de la non-prolifération. L’autre argument imparable reposait sur la nécessité d’instaurer la démocratie en Irak. Les néoconservateurs, constatant l’absence de démocratie dans l’ensemble du monde arabe, estimaient qu’il n’était pas possible de s’en accommoder. Face à l’incapacité des nations arabes d’établir la démocratie, il fallait une intervention extérieure pour débloquer la situation. La guerre, pour regrettable qu’elle soit, aurait le mérite de permettre l’émergence d’un Irak démocratique et, par effet de contagion, de démocratiser l’ensemble du Proche-Orient. Ainsi, Israël, rassuré par l’évolution politique de ses voisins, pourrait enfin signer la paix avec les Palestiniens. Ceux qui mettaient en doute ce scénario, en affirmant que l’établissement d’une démocratie pérenne relève avant tout d’un processus intérieur, que sanctionner un pays arabe sans avoir préalablement avancé sur la question palestinienne ne pourrait que nourrir les sentiments anti-occidentaux dans le monde musulman, et que cette guerre aurait pour effet non pas de combattre mais de développer le terrorisme, étaient traités au mieux d’idiots utiles, au pire d’agents de Saddam Hussein. Promenade de santé militaire qui devait modifier positivement l’ensemble du Proche-Orient, la guerre d’Irak a été une faillite stratégique et morale. Il y a un large consensus sur ce point désormais. Le dernier carré des néoconservateurs continue néanmoins de mettre en avant le caractère positif de l’établissement d’une démocratie en Irak, conséquence directe de la guerre. Pas d’omelette sans casser des œufs affirment cette poignée d’irréductibles ! La révolution tunisienne vient confirmer l’inanité des thèses néoconservatrices après les conséquences catastrophiques de la guerre d’Irak, car elle est le résultat d’un processus interne tuniso-tunisien. Même s’il est encore des troubles, on peut penser que la situation va se normaliser et la démocratie s’enraciner sans attentats, sans massacres, sans primauté donnée aux représentations confessionnelles et sans développement de la haine de l’Occident. La démocratie n’a pas été établie par une ingérence extérieure, encore moins par une intervention militaire, mais bien par le peuple tunisien lui-même, avec l’empathie tardive des gouvernements occidentaux, immédiate des populations.
Source : « Le Nouvel observateur » Le 09-02-2011
Moncef Marzouki: « Il faut une assemblée constituante en Tunisie »
Opposant de toujours, le chef du Parti du congrès pour la République décrit la « nouvelle Tunisie » qu’il espère voir émerger de la révolution de jasmin.
Quelle est votre position vis-à-vis du gouvernement de transition?
Je suis tiraillé. Il est indispensable que la Tunisie renoue avec la stabilité. C’est une nécessité absolue pour que les touristes reviennent et que les investissements reprennent. Mais pour que ce retour à la stabilité soit possible nous avons besoin d’un gouvernement qui ait à la fois une certaine légitimité et une autorité suffisante pour agir. Or celui qui a été mis en place est le premier facteur d’instabilité.
Pourquoi?
D’abord, les gens ne comprennent pas que le Premier ministre soit celui qui a été nommé par Ben Ali. Ensuite, ce gouvernement multiplie les bévues, sans comprendre qu’il a maintenant à faire à un peuple vigilant. Résultat: à plusieurs reprises les gens sont descendus dans la rue pour protester contre les décisions prises. Il y eu les portefeuilles régaliens attribués à des ministres RCD (l’ex parti au pouvoir NDLR), les atermoiements dans l’épuration du ministère de l’intérieur, qui aurait dû être immédiate, et maintenant la nomination, proprement aberrante, de gouverneurs issus du RCD. Ils auraient pu réfléchir et se dire que cela ne passerait pas mieux que les ministres! C’est de l’incompétence politique.
Quel jugement portez-vous sur la commission qui a été chargée de réfléchir aux réformes politiques à venir?
Je crois qu’on a eu tort de confier cette tâche à des juristes. Cela n’est pas une question technique, mais politique.
La commission a prévu une série d’auditions afin d’entendre les associations et les Partis. Vous irez?
Si je suis invité, j’irai, bien sûr. Mais je crains que cette procédure prenne beaucoup de temps. Or actuellement, tous les dossiers importants qui nécessitent des décisions de la part d’un gouvernement dont l’autorité soit incontestable, sont gelés. Je pense par exemple à la réforme de la justice ou encore à celle de l’éducation.
Qu’aurait-il fallu faire selon vous?
Commencer par l’élection d’une assemblée constituante. Cela pouvait se faire assez vite, en quelques semaines. Ensuite, on lui aurait laissé deux ou trois mois pour aboutir à un texte qui aurait été soumis à référendum. Pour déboucher sur de nouvelles institutions -élections législatives et présidentielles- en état de marche avant l’été. Pour l’instant, il y a trop de confusion. Et personne à la barre qui soit capable de décider.
N’est-ce pas inéluctable, dans l’attente de nouvelles élections?
Non. On pouvait au lieu de reconduire ce Premier ministre falot nommer une personnalité incontestable. J’avais proposé Ahmed Mestiri (opposant « historique » au président Habib Bourguiba NDLR) ou encore le bâtonnier. Quelqu’un en tous cas qui aurait pu trancher et fixer un calendrier précis. Mohamed Ghannouchi (le Premier ministre) ne peut être cet homme-là. Quoi qu’il fasse il sera contesté parce qu’il porte ce péché originel à la base d’avoir été nommé par le dictateur et d’avoir assisté pendant dix ans à ses turpitudes sans avoir dit un mot. Ce gouvernement est un gouvernement faible. Et ce ne sont pas les quelques technocrates recrutés à Paris qui vont changer la donne.
Certains militent plutôt pour une constitution amendée en faisant valoir qu’une assemblée constituante ouvrirait forcément la boîte de Pandore de l’article 1, c’est à dire le débat sur la relation de l’Etat tunisien à l’islam…
Cela ne me fait pas peur. Je crois qu’il y a une majorité pour ne pas se laisser embourber dans ce débat idéologique.
Et qu’on peut garder l’article 1?
Cela ne me dérange pas dès lors qu’on assure les libertés publiques et l’égalité entre hommes et femmes… . C’est important qu’il y ait une assemblée constituante et une nouvelle constitution. Parce qu’il s’agit d’un nouveau départ. C’est une nouvelle Tunisie que nous voulons construire.
Vous êtes favorable à quel type de régime? Parlementaire? Présidentiel? Mixte?
Mixte. Il faut équilibrer les pouvoirs entre le Président de la République et le Premier ministre et partager le pouvoir exécutif entre ces deux institutions. Et garantir la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice.
Source : « L’express.fr » le 09-02-2011
Pour William Hague, la Tunisie est une opportunité à saisir
Dans une visite historique en Tunisie, William Hague a tenté de découvrir et de jauger les opportunités politiques et économiques de la Tunisie de l’après-Ben Ali et de promouvoir un nouveau partenariat dans la région.
Le ministre britannique des Affaires étrangères était mardi en Tunisie, la première étape d’une visite qui le mènera, en trois jours, dans cinq pays de la Mena. Il s’est entretenu avec Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, et Mohamed Nouri Jouini, ministre de la Coopération internationale, mais pas avec son homologue des Affaires étrangères, qui traverse une mauvaise passe suite à ses bourdes à Bruxelles et Paris.
Les priorités (uniquement économiques ?) de la GB Dans la matinée, le chef de la diplomatie britannique avait rencontré un groupe de jeunes tunisiens qui lui ont fait part de leurs sentiments et réflexions sur la révolution. Avouant que, désormais, son gouvernement traite la Tunisie «différemment », M. Hague a appelé à percevoir la nouvelle situation dans le pays «en tant qu’opportunité à saisir plutôt qu’à craindre». Plutôt évasif sur la position de son gouvernement vis-à-vis des questions les plus «brûlantes» telles que, notamment, le gel éventuel des avoirs du clan de Ben Ali en Grande Bretagne et l’abolition des lois tunisiennes dites «de lutte contre terrorisme», M. Hague a appelé à un changement «swift (souple), rationnel et irrévocable» en Tunisie et souligné l’importance d’œuvrer à l’échelle économique. «Nous espérons pouvoir drainer plus d’investissements en Tunisie où le climat d’affaires sera certainement plus rassurant». Selon lui, Londres «va apporter une assistance technique et une aide financière à la Tunisie pour renforcer la démocratie». Lors de sa tournée moyen-orientale, dont l’Egypte ne fait pas partie, M. Hague tentera aussi de promouvoir l’Arab Partnership Initiative par lequel son gouvernement tentera de «renforcer le développement économique et politique dans la zone Mena pendant les quatre prochaines années».
Les gestes de grande amitié de Londres William Hague est le plus haut diplomate occidental à se rendre en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali et le premier secrétaire d’Etat britannique à visiter le pays depuis de longues années. Autre geste de grande amitié de Londres: pour exprimer sa sympathie pour la révolution tunisienne, la Grande-Bretagne a été le premier pays européen à lever, dès vendredi, sa mise en garde sur les voyages en Tunisie. «Il y a maintenant un nouveau gouvernement largement représentatif et qui a signalé son intention d’engager des réformes politiques. La Grande-Bretagne pense que ces actions sont encourageantes», avait noté le Foreign Office dans un communiqué. Les Tunisiens s’en souviendront… On peut espérer que les autres pays européens, qui représentent des partenaires économiques importants de la Tunisie, ne tarderont pas à suivre ce mouvement de solidarité avec la «révolution tunisienne».
Source : « Kapitalis » Le 09-02-2011
Tunisie : crise ou opportunité pour le nearshore ?
La vie après la révolution. Dirigeant du cabinet Offshore Boosting, Jean-François Renault revient d’un séjour en Tunisie…. Rassuré.
Je me rendais en Tunisie avec un optimisme affiché, que m’avaient transmis mes amis sur place. Je dois pourtant reconnaître que j’ai trouvé la situation sur place encore meilleure que ce à quoi je m’attendais. Au niveau de la vie « tout court », j’ai eu le bonheur de me promener dans Tunis toute la journée du 30 janvier, sous un soleil radieux et profitant d’une douceur clémente pour cette période de l’année ; sans doute un hommage de la météo à la révolution.
Les familles flânaient sur l’avenue Bourguiba et les terrasses étaient bondées. On y discutait et on goûtait à la possibilité nouvelle de deviser sur l’avenir et la politique. Les souks locaux étaient fréquentés et les achats se faisaient comme lors d’un dimanche habituel. Les transports en commun fonctionnaient.
Bien sûr, on ne pouvait que remarquer la présence militaire : devant le ministère de l’intérieur, avenue Bourguiba, tout autour de la Kasbah restée fermée, à l’aéroport, aux abords du centre commercial Carrefour… Mais plus aucun portrait de Ben Ali, et seulement quelques policiers, deux symboles pourtant omniprésents auparavant.
Retour à la normale dans les services
Au niveau de l’activité économique, la situation varie en fonction du secteur. La fréquentation des hôtels est plus basse que jamais ; même constat pour la médina de Tunis. Le tourisme est effectivement très affecté par les annulations des voyagistes depuis quelques semaines.
Dans les services, globalement, la situation a repris son cours normal, en tous cas à Tunis. La volonté très forte des ingénieurs et des techniciens de ne pas engendrer de perturbation dans l’activité de leurs clients est notable, particulièrement dans le nearshore, et notamment celui qui touche l’IT, au-delà même des entreprises et de leurs dirigeants.
Ils veulent non seulement démontrer que la vie continue, mais également que la motivation est renforcée, que leur implication est totale. Comme pour la mobilisation lors des manifestations contre l’ancien régime, durant le week-end des 15 et 16 janvier, les outils du web 2.0 ont fonctionné à plein pour faire passer le mot d’ordre : « On reprend le travail ! »
Et c’est ainsi que dès le lundi 17 janvier au matin, la reprise a pu être constatée à un taux de présence oscillant entre 80 et 95 % pour les entreprises d’IT, et aux alentours de 60-65 % en BPO – centre d’appels.Le mardi 18, le taux de présence dans les entreprises dédiées aux nouvelles technologies était quasi nominal (> 95 %), et dépassait les 80 % en BPO. Le mercredi 19, tout était redevenu quasiment normal.
La vitesse de remise en marche, au regard des événements historiques qui se sont produits, est tout simplement époustouflante ! D’autant qu’à ce moment-là, la plupart des personnes, ne l’oublions pas, participaient la nuit aux comités de vigilance de leur quartier. Le sommeil était remisé à plus tard.
A-t-on conscience que la perturbation d’une révolution majeure – la première dans un pays arabe à l’ère contemporaine – n’a pas dépassé la gêne occasionnée par une grève en France ? J’ai lu récemment ceci : « Petit pays, grand peuple ! » Je crois que cela reflète parfaitement ce qu’ont démontré au monde les Tunisiens.
La maturité d’un peuple qui sait écrire son Histoire
Crédit : Jean-François Renault
Alors, doit-on considérer que la Tunisie serait à présent une destination moins intéressante pour le nearshore ? Je ne le pense pas. Bien sûr, on pourrait adopter l’attitude des agences de notation internationales, qui se sont empressées de réviser la note de la Tunisie à la baisse, évoquant comme motif l’instabilité politique et les créances pourries de certaines banques.
Sur le premier motif, on voit très vite où va la préférence de ces agences : une dictature « éclairée » versus une démocratie « fragile ». Sans commentaire. Sur le second motif, il est important de préciser queles créances ne sont pas apparues subitement. Elles ont toujours été là, puisqu’elles proviennent des activités « douteuses » du clan Ben Ali-Trabelsi. Les agences pensaient-elles réellement que ledit clan allait un jour rembourser ses dettes ? Sérieusement ?
Je pense que les Tunisiens sont un peuple collectivement porté à l’équilibre. On les qualifie souvent de modérés. Je ne pense pas que ce terme convienne. Il sous-entend, presque dédaigneusement, qu’ils accepteraient tout, et principalement leur sort. La révolution du jasmin a démontré le contraire. Je préfère le qualificatif « équilibrés », qui est adapté aux évènements récents : une dictature renversée à mains nues ; une pacification par eux-mêmes et avec les moyens du bord – et toujours sans armes à feu –, quand certains souhaitaient le basculement dans l’anarchie et le sang ; les arrestations des malfaiteurs de l’ancien régime sans lynchage.
Je pense que cette propension à l’équilibre a incité au retour au cours normal de la vie, et notamment à la reprise du travail, comme une prescience de la nécessité de cet acte citoyen pour l’avenir du pays et la consolidation des acquis de la révolution. Elle va permettre à la Tunisie et aux Tunisiens de relever les défis qui sont devant eux, et qu’ils vont affronter avec la maturité d’un peuple qui sait écrire son Histoire, qui dispose de penseurs éclairés – et non pas seulement de technocrates – et qui ne se laissera pas déposséder de sa révolution.
Je pense que la Tunisie est une destination vers laquelle on peut se tourner aujourd’hui comme hier, et même davantage encore, tant les atouts de la motivation et de l’implication se trouvent aujourd’hui renforcés. Je crois, comme c’est souvent le cas, que d’une telle crise peut naître une opportunité.
Source: “01NetPro” Le 09-02-2011
Kesang Marstrand et la révolution tunisienne
Kesang Marstrand vit depuis un an en Tunisie avec son mari, rencontré en Inde. Elle était témoin de la révolution tunisienne qui a chassé du pouvoir Zine Al Abidine Ben Ali. Le 14 janvier, jour où celui qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 23 ans a fui en Arabie Saoudite, Kesang Marstrand s’en souvient. « J’étais à la maison, je me suis dit ce n’était pas juste, ce n’était pas le moment de rester à la maison, mais le moment d’être dans les rues avec le peuple tunisien, parce que c’est historique, c’est important de soutenir cette lutte pour la liberté », m’a confié la jeune chanteuse de 27 ans depuis son domicile à Tunis.
Durant notre entretien en anglais, Kesang Marstand a souligné qu’elle avait peur au départ, peur de l’incertitude, de l’insécurité. Mais ses amis l’ont rassurée. «Ils m’ont demandé de les joindre, ils ont dit viens! c’est la fête c’est comme le festival de jazz! Alors j’y étais avec mon mari, j’ai même préparé des pancartes sur lesquelles j’ai marqué « Yes we Can » « Le pouvoir au peuple ».
Elle a connu les deux visages de la Tunisie : celle de Ben Ali et celle d’un pays qui apprend à reprendre en main sa destinée et retrouve le goût de la liberté. « Après Ben Ali, il y avait quelque chose qui a disparu. Une lourdeur. Des nuages sont passés. Je ne sais pas si c’était une lourdeur politique ou quoi, mais je l’ai sentie. Il y avait un blocage, un blocage créatif même pour moi, ma musique. Après la révolution cela a disparu complètement »
Et comment avez vous vécu ce blocage? « C’est le fait de ne pas avoir le droit de s’exprimer. C’est dans l’air et c’est subtile. Et en tant qu’artiste je ne sentais pas cette liberté et je n’avais pas cet espace dont j’avais besoin pour créer», dit la jeune artiste de sa voix douce.
Kesang Marstrand est Américaine, née à Woodstock, New York, d’une mère danoise et d’un père tibétain. Elle a découvert, très jeune cette passion pour la musique, entre les murs d’une école au Colorado, où elle a appris à jouer du piano. Elle a nourri le rêve de devenir pianiste et compositeur, mais au lycée, Kesang Marstrand a dû troquer le piano pour une guitare acoustique lorsque ses parents ont élu domicile à New York.
Où a-t-elle puisé son inspiration ? Dans la musique de David Bowie, Patsy Cline, Ani DiFranco, et d’autres artistes classiques, occidentaux et orientaux. La Tunisie vient aussi enrichir son répertoire. « Surtout maintenant, il y a cette liberté dans l’air! Et le paysage : je n’ai jamais habité au bord de la mer, ca m’inspire aussi ».
Tout comme la musique tunisienne, d’ailleurs. « J’ai entendu une chanson tunisienne Aman Aman (qui veut dire s’il te plaît en arabe), la mélodie était charmante pour moi » et dans la version anglaise de cet entretien, Kesang Marstrand nous rappelle que c’était une chanson triste, chantée probablement lors de la deuxième guerre mondiale..une affaire de coeur.
La jeune artiste séduite par l’ancienne province romaine a réussi très vite à séduire le cœur des Tunisiens lorsqu’elle a interprété l’hymne national du pays, en arabe. C’est ce qui a d’ailleurs attiré mon attention un soir de février où je regardais Al Jazeera en arabe, ensuite une TV tunisienne et le journaliste, ému, a bouclé son émission sur la voix de Kesang Marstrand.
Pourquoi, l’hymne national ?
« En fait le 14 janvier on était tous dans les rues, (les manifestants) ont chanté l’hymne national et on disait DEGAGE ! Mais je ne pouvais pas chanter avec eux, car je ne connaissais pas les mots. Et je voulais le reprendre pour offrir quelque chose au peuple tunisien ». Eh Oui! l’artiste a accepté de fredonner les premiers mots de ce texte qui a aussi soutenu les revendications du peuple pendant les semaines de contestation.
Kesang Marstrand travaille en ce moment sur un troisième album en collaboration avec le musicien compositeur allemand Karl Berger. Son premier est intitulé Bodega Rose qui reprend le single Say Say Say signé par Paul McCartney et feu Michael Jackson au début des années 80. Hello Night est son second album.
« Contemplation, réflexion, intimité, acoustique, simplicité » c’est ce qui caractérise la musique de la jeune artiste, qui pense à organiser des concerts à Tunis, en Italie et en France.
Entre temps, la vie continue à Tunis pour cette jeune américano-tibéto-dano-tunisienne qui dit tout simplement son attachement à son deuxième (ou premier peut-être!) pays. «J’aime les gens, j’aime la vie quotidienne, j’aime aller au marché, j’aime les légumes qui sont délicieux et bio! J’aime la manière de vivre. C’est tranquille. C’est un bon endroit pour moi», m’a dit celle qui la veille me demandait de reporter cet entretien car «je prépare un couscous aux légumes!», a-t-elle balancé dans un parfait Tunisien!
Allez! un petit coucou aux fans Tunisiens avant de se quitter Kesang!
« Aux Tunisiens je veux dire merci beaucoup, ils sont très accueillants; je me sens chez moi ici en Tunisie ».
Et les Tunisiens vous le rendent si bien Kesang Marstrand juste à voir comment ils ont inondé votre siteweb: www.kesangmarstrand.com et votre Facebook.
Bisslama, aurevoir, Kesang Marstrang.
Source: “JournalStars” Le 09-02-2011
La crise économique mondiale, un déclic dans la révolution tunisienne
Ancien haut fonctionnaire du FMI et auteur de plusieurs essais sur l’économie tunisienne, Moncef Guen livre ici un diagnostic rapide de la situation économique plus d’un mois après la révolution historique.
La révolution tunisienne termine son premier mois. Elle a été une onde de choc dans le monde arabe, on le voit très bien enÉgypte. Il est essentiel qu’elle réussisse. Sa réussite ne sera complète que si le processus démocratique se concrétise de jour en jour et que son économie connaisse un développement accéléré et équilibré. D’abord, il faut noter une croissance faible durant les trois dernières années, soit en moyenne 3,8 % par an en termes réels. La chute a été brutale en 2009-2010. Une des raisons principales en est, bien entendu, la crise financière et économique mondiale qui affecte en particulier l’Union européenne (UE), dont la Tunisie dépend d’une façon extrême. Ce danger de dépendance excessive était visible de longue date mais il s’est manifesté d’une manière patente depuis 2008. On dira un jour qu’à quelque chose, malheur est bon. Sans la crise, on serait peut-être resté sous la férule de la dictature. En plus de l’étouffement des libertés et de l’oppression, la crise a été le déclencheur du ras-le bol.
Chômage des jeunes L’inflation, telle que mesurée par l’indice des prix à la consommation, a été en moyenne annuelle de 4,5 % au cours des trois dernières années. Ce qui n’est pas négligeable, même si l’on exclut toute manipulation de cet indice. Cette inflation rogne le pouvoir d’achat des masses populaires et surtout des chômeurs. Le chômage précisément est demeuré très élevé. Il s’est aggravé, selon les chiffres officiels, de 12,6 % en 2008 à 13,3 % en 2009. Celui des jeunes, surtout des jeunes diplômés, a été encore plus élevé, allant selon les estimations jusqu’à 40-60 %. Cela veut dire que, pour cette catégorie, l’indice de misère est proche de 70 %. On comprend dès lors leur désarroi et leur participation massive, en particulier dans les zones déshéritées du pays, à la révolution. Un tel chômage, la négligence de l’hinterland et l’ampleur de la corruption expliquent que le coefficient de Gini (mesure de l’équité de distribution des revenus) soit relativement élevé (4 sur une échelle de 10).WikiLeaks a révélé à tous le degré de luxure dans lequel vivaient et (vivent encore) les privilégiés de l’ancien régime : jets privés, yachts, palais, hummers, porsches, comptes bancaires à l’étranger. Le peu d’intérêt donné à l’agriculture, dont la part dans le Produit intérieur brut (PIB) est descendue à 12 % et dont la croissance entre 1998-2008 n’a été que de 2 %, a entraîné un exode rural massif. La Tunisie est devenue un des pays les plus urbanisés en Afrique, et on présentait cela comme un progrès dont il fallait être fier ! Le fossé entre zones rurales et zones urbaines a aggravé la perception du chômage par les jeunes qui étaient chassés de leurs terres par la misère et le désespoir.
Quelques redressements nécessaires Il faut y ajouter le déséquilibre entre les régions côtières et les régions intérieures (Sidi Bouzid, Gafsa, Kasserine, Kairouan, Le Kef, Jendouba) qui pourtant ont un potentiel économique non négligeable dans l’agriculture, les industries agroalimentaires, les mines, les industries de transformation, les activités artisanales et les services. Ces régions constituent les trois-quarts de notre territoire et on les a marginalisées. Sans parler des investissements absurdes qui consistent à créer unaéroport à Enfidha, juste à une cinquantaine de kilomètres de celui très fonctionnel de Monastir. La dette extérieure a augmenté considérablement durant la dernière vingtaine d’années. Elle a été ramenée 48 % du PIB fin 2010 mais elle absorbe presque 12 % des exportations de biens et de services. Dans les circonstances actuelles où les exportations vers l’UE sont menacées par la crise et les recettes du tourisme sont sérieusement affectées, le service de la dette extérieure va poser problème. Il est capital, malgré les difficultés qu’il faut espérer passagères, que la Tunisie honore ses engagements et assure ce service sans faille. Il y va de notre crédibilité internationale. La tâche est donc dure et nécessite plusieurs années de redressement. Il faut l’expliquer. Y préparer le pays, notamment les jeunes, et ceux qui demandent des augmentations rapides de salaires. Il est à espérer que les institutions financières internationales et les organisations multilatérales comme l’UE engageront un dialogue rapide et constructif avec le gouvernement de transition pour épauler la Tunisie pendant les prochaines années.
Source : « Jeune Afrique » Le 09-02-2011
Trafic et corruption
Examen de la situation de conteneurs importés par la famille de Ben Ali
Le ministère du Commerce et du Tourisme ainsi que la direction générale des douanes examinent actuellement la situation de conteneurs importés par des sociétés appartenant aux familles proches et parentes du président déchu, au profit d’autres sociétés.
Ces conteneurs dont le nombre s’élève à 200, séjournent dans le port de Radès depuis le 14 Janvier 2011, et ce, en attendant que leurs propriétaires se présentent à la direction des douanes, pour finaliser les procédures de dédouanement.
M. Mohamed Lassaad Abidi, directeur au ministère du Tourisme et du Commerce a souligné que le ministère a crée un groupe de travail qui aura pour principale mission d’étudier les dossiers relatifs à ces conteneurs, dont la charge fait actuellement, l’objet de contrôle technique.
Il convient de souligner que seulement 10% des marchandises importées sont soumises au contrôle technique, conformément à la législation en vigueur, à l’instar des chaussures, des produits électroménagers et des produits alimentaires.
Le responsable a mis l’accent sur l’intérêt qu’accorde le ministère du Tourisme et du Commerce à la bonne application de la loi et à la réalisation des tests et analyses à meme de s’assurer de la conformité de ces marchandises aux normes en vigueur.
Il a fait savoir que toutes les personnes seront traitées sur le même pied d’égalité, relevant que les marchandises qui s’avèreront conformes aux normes techniques pourront bénéficier d’un certificat d’autorisation à la consommation.
En cas de non conformité, les marchandises en question feront l’objet de destruction ou de réexportation.
Il y a lieu de souligner que les familles parentes du président déchu possèdent 9 entreprises d’import-export, parmi lesquelles il y a lieu de citer « Mohamed Ben Moncef Trabelsi », « Bechira Blues » et « Nour pour le commerce ».
Source: “Le Temps” Le 09-02-2011
Attention, le chaos guette la Révolution
M. Mohamed Ghannouchi, premier ministre a déclaré que le coût financier des pertes subies par la Tunisie depuis le déclenchement de la Révolution, est estimé aux alentours de 5 à 8 milliards de dollars. Le chiffre est, en effet, alarmant !
La Tunisie a déjà beaucoup perdu. 23 ans de racket, de corruption, de vol, d’extirpation, et la liste est encore bien longue. 23 ans à rattraper, et que du travail à faire. Mais le travail pour certains, pour ne pas dire pour la majorité de la population, semble prendre place en bas de la liste des priorités. L’intérêt général sert les intérêts individuels, le contraire n’est, cependant, pas valable.
Ainsi, le ton doit-il être donné afin de suspendre toute activité de protestation et réfléchir aux solutions les plus à même de booster notre économie. Car seule la croissance économique est le vecteur du développement du pays et donc générateur de profits dont tous peuvent bénéficier; car c’en est fini des inégalités sociales.
Voici le topo aujourd’hui: une Révolution d’une trentaine de jours est couronnée par la chute de la dictature en Tunisie, une vague de protestations a déferlé contre l’ancien régime, les coulisses du racket de Ben Ali et de son clan sont dévoilées, et, surtout une situation sociale, économique et politique instable, complètement brouillonnée, du pays.
Car, que savez-vous de ce qui se passe réellement ? Quelle idée avez-vous de ce que nous perdons chaque jour en termes économique et social ? Peut-être êtes vous trop occupé à chasser un tel ou à revendiquer une augmentation de salaire pour le savoir. Allez savoir !
14 janvier, le rêve était trop beau, le rêve de tout à chacun : la liberté et l’indépendance. C’était épique. Et vraisemblablement on basculait dans une véritable frénésie de protestations.
La Révolution s’inscrit dans le militantisme pour l’intérêt général, pour le bien de la Nation et pour la protection des droits du peuple.Et pourtant, nous assistons aujourd’hui à une scène, pour le moins tragique, une scène qui conduirait tout droit notre pays vers le chaos irréversible.
Et voici une vue d’ensemble : des protestations contre d’anciennes pratiques injustes et préjudiciables et des revendications de régularisation de situation immédiate et urgente. D’accord, nul ne peut prétendre que ce lot d’improbité n’a pas lieu d’être. Néanmoins, est-ce raisonnable de faire étal de demandes, parfois non raisonnables, à l’heure où le pays est en passe de trouver ses nouveaux repères politiques, en l’occurrence ?
Et les conséquences de pareilles demandes, justement, ne font que s’accumuler. On prend connaissance que quelques investisseurs étrangers envisagent de quitter la Tunisie si la situation d’instabilité perdure. Que la note souveraine de la Tunisie accuse une baisse tendancielle. Que certains pays européens, notamment, favorisant la prudence, conseillent à leurs citoyens de ne pas opter pour la Tunisie comme destination de vacances. Et puis, surtout, des pertes matérielles qui ne cessent de s’accroitre de plus en plus.
La CSA dans un sondage établi récemment, fait ressortir que 44% des personnes interrogées, des touristes français potentiels, ont l’intention d’annuler leurs vacances chez nous durant l’année en cours. Bien sûr, ce type d’enquête a été relayé par les médias français, chose qui fait une mauvaise publicité quant à la destination Tunisie et qui profite à d’autres destinations, principales concurrentes à l’instar du Maroc et de la Turquie. Et quand bien même, 9,8% des personnes interrogées envisageant toujours de se rendre en Tunisie, comptent le faire soit dès la fin de la situation instable, soit « en dépit des troubles actuels.» Le signal est, donc, donné.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point. C’est pour dire que la course des protestations vers les revendications doit cesser. Le plan c’est cela et rien d’autre, en tous cas, pour le moment.
Source: “Le Temps” le 09-01-2011
pas Ben Ali’s pillaging of Carthage must become a thing of the t
With the removal of Ben Ali from power, archaeologists have hopes of restoring the ancient site to the people of Tunisia
One of the most interesting consequences of the recent political upheavals inTunisia has been that Tunisian archaeologists have at last been able to speak out against the damage inflicted on theancient site of Carthage by the regime of the former president, Zine al-Abidine Ben Ali. It is a truly depressing tale of how greed and philistinism have come close to destroying large parts of one of the world’s most important archaeological sites.
The site of the ancient city of Carthage has been fought over many times in its long and turbulent history – most famously in 146BC, when a Roman army captured the city and obliterated it in a shocking episode of brutal annihilation. Roman intent that their great enemy should never rise again was reinforced by the curse that the victorious Roman generalScipio placed on anyone who dared to rebuild the city. Yet Carthage did rise again. The city, with its excellent harbour, occupied far too important a strategic position to be left deserted for long. The new city went on to have a distinguished history as the capital of the new Roman province of Africa, and later as one of the great centres of ancient Christianity. In short, Carthage is an archaeological site of world historical significance. Yet once again, its very existence is under serious threat – this time not from the weapons of an invading army but the bulldozers of unscrupulous property developers.
Carthage’s problem in modern times has been that it occupies some of the most expensive and sought-after real estate in the Maghreb. Since the 1960s the urban sprawl of Tunis, the capital of Tunisia, has spread ever closer to the site of Carthage, which lies some 12km to the south across the Bay of Tunis. In 1972, alert to the dangers that such urban expansion posed, a few enlightened figures in the Tunisian ministry of culture and Unesco set up a campaign to safeguard the site of Carthage.
The strategy that was developed under the dynamic and ingenious leadership of Abdelmajid Ennabli, a Tunisian archaeologist who had been appointed conservator of Carthage, proved to be a highly effective one. Teams of archaeologists from all over Europe and the US were invited to excavate areas of Carthage that were under particular threat of appropriation. The spectacular nature of many of their archaeological discoveries, such as the famed Punic circular war harbour excavated by a British team, had the desired effect of placing Carthage firmly back in the spotlight. Vindication arrived in the form of the conferral of the prestigious status of Unesco world heritage site in 1979, followed six years later by national legislation that established the entire 400-hectare site as a protected zone where building was prohibited.
This high-profile success, however, proved to be something of a false dawn. In 1987, Ben Ali came to power in a palace coup and, despite official pronouncements to the contrary, the new regime quickly showed it had more interest in enriching itself rather than protecting Tunisia’s rich cultural heritage. I started excavating in Carthage in the mid-1990s and it was clear that Ennabli and those who had strived for decades to protect Carthage were fighting a losing battle against a cabal of influential businessmen and politicians who all enjoyed presidential patronage. For these people Carthage was nothing more than a piece of prestigious real estate ripe for « economic development ». The legislation that protected the ancient city was a mere inconvenience that could be ignored and brushed aside.
As an archaeologist one understands that the needs of the present have to be balanced against the preservation of the past, but the regular flouting of the planning laws by members of Ben Ali’s family had little to do with solving Tunisia’s severe housing shortage. One only has to look at the brochure for the « Residences of Carthage », a luxury housing development illegally built on protected land to see that. One can marvel at the chutzpah of the developers’ boast of its proximity to Roman ruins when there is little doubt that they were probably built on top of Roman ruins. Other members of the ex-ruling dynasty have been accused of stealing priceless archaeological artefacts and appropriating historic state buildings for their own private use. In short, Ben Ali and his extended family, the Trabelsis, not only treated Carthage as if it were their own private property but also flouted the rule of law (that they were charged to uphold) to continue their pillaging of Tunisia’s national patrimony.
With the removal of Ben Ali and his crooked regime from power, Ennabli and a number of like-minded professionals have once more stepped forward to lead a new campaign to safeguard Carthage. Their demands are straightforward. First, the new Tunisian government needs to urgently approve the protection and development plan for Carthage that the previous regime had been stalling on (for the nefarious reasons set out above) since its drafting in 2000. Second, all illegal building projects on the site of Carthage and its environs must be halted immediately. Lastly, it must as quickly and transparently as possible restore to the people of Tunisia the national heritage that was stolen from them. These measures are essential if the new government is to prove to a sceptical public that it really can provide a much-needed fresh start for Tunisia. If it delays for too long, the danger is that people will start taking justice into their own hands, and the consequences of that could be absolutely catastrophic.
• There is a petition to sign in support of the new campaign to save the site of Carthage here