9 février 2011

TUNISNEWS 10 ème année, N° 3914 du 09.02.2011 archives : www.tunisnews.net


Tunisie: Human Rights Watch a pu visiter deux prisons, après 20 années d’interdiction par le précédent gouvernement

AISPP: L’administration de la Sûreté de l’Etat est responsable de la disparition de Tarek Ben Hamadi Motion pour l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie

Ahmed Ben Amor: une revolte contre l’humiliation d’israel aussi


Association des Intermédiaires en Bourse : Communiqué de Presse

AFP: Tunisie: après l’Assemblée nationale, le Sénat appelé à se saborder AFP: Tunisie: la BAD prêt à accroître substantiellement son action AFP: Tunis: tirs de sommation d’un soldat pour disperser une foule, un blessé AFP: Tunisie: après l’Assemblée nationale, le Sénat appelé à se saborder AFP: Une eurodéputée réclame la tête de l’ambassadeur de l’UE à Tunis AFP: Tunisie: la justice, un instrument de la répression encore cadenassé AFP: L’Italie craint des « infiltrations terroristes » en provenance de Tunisie AFP: Tunisie: le Parlement de Ben Ali s’est sabordé AFP: Les Syriens connectés à Facebook et YouTube: les USA se félicitent


REVUE DE PRESSE

Création du blog de Nicola Beau,
 co-auteur de

La Régente de Carthage


RENCONTRE-DEBAT A l’espace EL HAMRA


 
Une rencontre-débat animée par Noura BORSALI et invitant le professeur Sadok BELAID, ex-doyen de la Faculté de droit de Tunis, aura lieu à l’espace EL HAMRA, Théâtre de tous les Arts (28, rue el jazira, Tunis), le samedi 12 février à 14h. Cette rencontre portera sur la question: « L’état constitutionnel et politique de l’après 14 janvier : l’article 28, les deux Chambres, la dissolution du RCD et d’autres questions encore… ». Merci d’être là.   Noura BORSALI


Tunisie: Human Rights Watch a pu visiter deux prisons, après 20 années d’interdiction par le précédent gouvernement


« En nous accordant cet accès, le gouvernement de transition de Tunisie a opéré une avancée importante vers la transparence concernant le fonctionnement de ses prisons, et nous espérons que cette ouverture continuera et sera également proposée à des organisations locales. Le gouvernement de transition devrait également mettre fin au traitement inhumain des prisonniers pratiqué par le précédent gouvernement. »
Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch

Le nouveau gouvernement devrait réduire la surpopulation carcérale et permettre aux familles de rendre visite aux prisonniers dans le couloir de la mort

February 4, 2011
(Tunis, le 4 février 2011) – Le gouvernement intérimaire de Tunisie devrait réduire la surpopulation carcérale et mettre fin à la politique interdisant depuis plus de 15 ans aux prisonniers condamnés à mort le moindre contact avec leurs familles, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Human Rights Watch a présenté ces demandes au nouveau Ministre de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi, après avoir visité deux prisons tunisiennes. Ces visites marquent la fin d’une politique appliquée depuis 20 ans qui interdisait aux organisations de défense des droits humains l’accès aux prisons tunisiennes. Le 2 février 2011, une délégation de Human Rights Watch, composée de deux membres, s’est rendue à Bourj er-Roumi, un important centre carcéral situé près de la ville de Bizerte, dans lequel une mutinerie a été déclenchée par les détenus aussitôt après la chute de l’ancien gouvernement. Le 1er février, cette délégation a visité la prison de Mornaguia, le principal établissement pénitentiaire de Tunisie. Les deux chercheurs de Human Rights Watch ont interrogé des prisonniers en privé, dont deux qui étaient condamné à la peine capitale et qui avaient été privés de tout contact avec leur famille, l’un depuis trois ans et l’autre depuis 10 ans. Les événements qui se sont produits à Bourj er-Roumi feront l’objet d’un communiqué séparé. « En nous accordant cet accès, le gouvernement de transition de Tunisie a opéré une avancée importante vers la transparence concernant le fonctionnement de ses prisons, et nous espérons que cette ouverture continuera et sera également proposée à des organisations locales », a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Le gouvernement de transition devrait également mettre fin au traitement inhumain des prisonniers pratiqué par le précédent gouvernement. » D’après Human Rights Watch, la première mesure que devrait prendre le gouvernement de transition serait d’autoriser les 140 prisonniers du couloir de la mort en Tunisie à recevoir leurs familles, de la même manière que les autres détenus. Le gouvernement de transition devrait également permettre aux prisonniers enfermés dans des cellules à forte surpopulation de pouvoir passer plus de temps à l’extérieur de ces cellules chaque jour, a ajouté Human Rights Watch. Un responsable du Ministère de la Justice a déclaré à Human Rights Watch qu’avant la fuite du Président Zine al-Abidine Ben Ali, la Tunisie, pays de 10,5 millions d’habitants, détenait 31 000 personnes dans ses prisons. C’était le taux de population carcéral le plus élevé par habitant de tous les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, à l’exception d’Israël, selon le Centre international chargé des Études sur les Prisons. L’une des premières promesses faites pour le compte du gouvernement de transition par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi a été une amnistie pour tous les prisonniers politiques dans un futur proche. Cependant un avant-projet de loi, approuvé par le Cabinet, doit tout d’abord être voté pour devenir une loi. Entre-temps le pouvoir judiciaire a accordé la libération conditionnelle ou la libération provisoire avant la tenue d’un procès à environ la moitié des plus de 500 prisonniers politiques de Tunisie.   Accès aux prisons tunisiennes La Ligue tunisienne des droits de l’homme a été la dernière organisation indépendante des droits humains à se rendre dans une prison tunisienne en 1991. Mais très rapidement le gouvernement a mis fin aux visites organisées par cette organisation. Le 19 avril 2005 le gouvernement de Ben Ali a promis d’accorder un accès immédiat aux prisons à Human Rights Watch. Cinq ans et demi plus tard, les négociations relatives aux conditions des visitesn’avaient pas abouti. Le gouvernement avait fixé ce que Human Rights Watch considérait être des conditions déraisonnables pour les visites et n’avait pas fait de contre-propositions. Depuis 2005 la Tunisie a autorisé des visites régulières par le Comité International de la Croix Rouge (ICRC), organisation humanitaire qui – contrairement aux organisations comme Human Rights Watch – ne rend pas ses conclusions publiques mais présente des rapports aux Ministres concernés. L’ICRC se rend dans les prisons de Tunisie, qui sont gérées par le Ministre de la Justice, ainsi dans que les centres officiels de garde à vue, qui sont gérés par le Ministre de l’Intérieur. Visites aux prisonniers dans le couloir de la mort Un responsable du Ministère de la Justice a déclaré à Human Rights Watch que la Tunisie détient environ 140 prisonniers condamnés à la peine de mort, la moitié d’entre eux se trouvant dans la Prison de Mornaguia, située à 14 kilomètres à l’ouest de Tunis. L’ancien gouvernement a retenu la peine de mort en droit mais applique un moratoire de fait pour les exécutions depuis 1994, ce qui a pour conséquence le fait que certains détenus sont dans le couloir de la mort depuis plus de 15 ans. Au milieu des années 90 l’administration pénitentiaire a décidé d’interdire aux prisonniers détenus dans le couloir de la mort tout contact avec les membres de leur famille. Les autres prisonniers bénéficient de brèves visites hebdomadaires de la part de membres de leur famille, et peuvent également correspondre avec eux. Cette politique prive également les prisonniers du couloir de la mort de tous repas préparés par les familles et de tous fruits que ces dernières sont autorisées à apporter de façon régulière aux autres prisonniers. Les personnels de prison ont fait part en privé à Human Rights Watch de leur sentiment de frustration concernant cette politique, en expliquant que cette dernière complique leur travail d’avoir à gérer un groupe de prisonniers particulièrement difficile. Apparemment cette politique n’est pas fondée sur une quelconque directive émise à l’attention du public, a déclaré Human Rights Watch. Elle est appliquée en violation de la Loi tunisienne 2001-52, datée du 14 mai 2001, relative à la Gestion des Prisons, qui accorde aux prisonniers sans distinction de pouvoir bénéficier de visites de la part de leur famille « en conformité avec les lois en vigueur » et d’échanger de la correspondance avec eux « par le biais de l’administration pénitentiaire » (article 18 (2) et (3)). Le gouvernement de Tunisie devrait s’orienter vers l’abolition de la peine de mort, qui est un châtiment par nature cruel et inhumain. Une telle mesure, si elle était votée, devrait avoir pour effet immédiat de commuer les sentences des prisonniers condamnés à la peine de mort.  « La Tunisie devrait tout d’abord et avant tout abolir la peine de mort mais, dans tous les cas, elle devrait immédiatement accorder aux prisonniers du couloir de la mort les mêmes droits que ceux des autres prisonniers concernant les visites faites par leurs familles et la correspondance avec ces dernières », a déclaré Eric Goldstein. Conditions de vie dans les prisons Les visites de Human Rights Watch dans les prisons de Mornaguia et Bourj er-Roumi ont duré chacune sept heures, ce qui représentait assez de temps pour ne rassembler que des premières impressions, a déclaré Human Rights Watch. Faire une évaluation complète et établir les priorités exactes des besoins et des problèmes de la population carcérale exigerait des visites répétées dans les centres de détention pour hommes, pour femmes et pour enfants par une délégation ayant des compétences médicales, et des entretiens complémentaires avec les personnels, les prisonniers, leurs familles, ainsi qu’avec d’anciens détenus. Dans la prison de Mornaguia, cependant, la délégation a pu noter une surpopulation excessive dans les cellules les plus grandes et des conditions peu acceptables pour la pratique d’activités physiques. La plupart des prisonniers sont détenus dans des cellules collectives très mal ventilées, d’environ 50 mètres carrés, avec chacune environ 40 prisonniers. Les pièces, qui ont de très hauts plafonds, sont organisées en rangées de lits doubles ou triples superposés, à peine espacés les uns des autres, placés contre les murs latéraux avec un passage de moins de deux mètres de large en leur milieu, menant aux toilettes, séparées de la pièce principale par un mur mais non fermées par une porte. Il n’y a aucune place pour des tables ou des chaises. Confinés dans des pièces bien inférieures à 1,5 mètre carré par personne, les prisonniers ne peuvent pas faire d’exercices physiques. La majorité d’entre eux ne travaille pas et ne reçoit pas non plus de formation professionnelle. Ils peuvent uniquement quitter leurs cellules deux fois par jour pour des périodes de 45 à 60 minutes, pour prendre leur douche hebdomadaire et pour recevoir les visites de leurs familles. Ils mangent dans les cellules, assis sur leur lit, et stockent leurs aliments sur le plancher ou sur une tablette située au-dessus de leurs lits. Human Rights Watch a visité la cour extérieure, dans laquelle se rendent les prisonniers lorsqu’ils peuvent quitter leurs cellules, et a trouvé cette dernière exiguë, humide, encombrée par le linge mis à sécher par les prisonniers, et offrant de ce fait très peu de place pour faire des exercices physiques. Selon Human Rights Watch, ces conditions de vie exiguës constituent des traitements inhumains et dégradants. Des entretiens avec d’anciens prisonniers et avec certains autres prisonniers qui ont passé quelques mois dans d’autres prisons de Tunisie confirment que des conditions d’entassement dans de grandes cellules collectives sont la norme pour la plupart des détenus dans les prisons du pays. Ils racontaient également que les conditions de surpopulation et les autres conditions de vie de manière générale étaient plus dures dans les années 90 qu’aujourd’hui. Les dispositifs internationaux en matière de protection des droits humains ne prévoient aucune norme concernant l’espace vital qui devrait être accordé aux prisonniers. Un critère recommandé par le Comité européen de Prévention de la Torture est un espace minimum de quatre mètres carrés par prisonnier. Quoi qu’il en soit, pour ce qui est des prisonniers confinés dans des espaces exigus, le fait de pouvoir passer plus de temps à l’extérieur permet de supporter bien mieux la surpopulation. Dans les cellules que Human Rights Watch a visitées, chaque détenu avait son propre lit. Cependant, les détenus déclaraient qu’il y avait eu des périodes pendant lesquelles certains détenus n’avaient pas leur propre lit et devaient dormir à même le sol. La réduction de la population carcérale depuis le départ de Ben Ali devrait atténuer le problème de surpopulation. D’autres options en matière de mesures à mettre en œuvre afin de réduire la surpopulation carcérale comprennent la mise en application de l’amnistie pour les prisonniers politiques, le fait d’encourager les juges à prononcer d’autres condamnations lorsque cela s’avère approprié, et d’évaluer la capacité du système carcéral à absorber d’autres prisonniers lorsqu’ils rendent leur sentence, le placement des prisonniers en liberté conditionnelle avant la fin de leur peine, et la construction de nouvelles cellules. D’après Human Rights Watch, ces options, cependant, réclament un débat public et, dans certains cas, des crédits budgétaires conséquents. Prisonniers politiques Le Ministère de la Justice a fait savoir qu’au moment où le gouvernement de transition est entré en fonction, un peu plus de 500 prisonniers étaient détenus pour des délits de nature politique. Ce nombre était proche de l’estimation faite par l’Association Internationale de Solidarité avec les Prisonniers Politiques, qui est une organisation tunisienne indépendante pour la protection des droits humains. Environ150 d’entre eux sont encore incarcérés, dont 87 purgent des peines dans le cadre de la loi Anti-Terrorisme, et 56 autres attendent leur procès, selon un responsable du Ministère de la Justice. Quelques autres prisonniers servent des peines pour raison politique, qui ne relèvent pas de la loi anti-terrorisme mais du code pénal ordinaire ou de la loi militaire. Au cours des évènements ayant mené à l’éviction du Président Ben Ali, 11 029 prisonniers se sont enfuis, parmi lesquels 2 425 s’étaient volontairement rendus dès le 3 février, a déclaré un responsable du Ministère de la Justice. Depuis lors, le pouvoir judiciaire a utilisé ses prérogatives légales pour relâcher 3 240 prisonniers criminels sous certaines conditions, certains d’entre eux étant des délinquants primaires ayant purgé la moitié de leur peine et d’autres des récidivistes pouvant bénéficier d’une libération après avoir purgé les deux tiers de leur peine. Un responsable du Ministère de la Justice a déclaré que 128 prisonniers condamnés en vertu de la loi anti-terrorisme tunisienne se trouvaient parmi ceux qui se sont échappés, et qu’il leur a été instamment demandé de revenir en prison. 177 autres prisonniers purgeant des peines en vertu de la loi anti-terrorisme se trouvaient parmi ceux qui ont été relâchés sous certaines conditions et 100 autres dans l’attente d’un procès en vertu de ladite loi ont été provisoirement libérés. Les évasions et les mises en liberté ont réduit la population carcérale en Tunisie de plus d’un tiers en l’espace de trois semaines. Ceci a réduit la surpopulation, mais moins que cela n’aurait pu être prévu, puisque les dégâts considérables causés au cours des récents évènements dans certaines prisons, comme Bourj er-Roumi, Monastir, et Kasserine, ont diminué le nombre de lits disponibles et ont entraîné des transferts en très grands nombres vers d’autres prisons. Loi anti-terrorisme La quasi-totalité des personnes encore détenues pour des délits à caractère politique ont été condamnées dans le cadre de la loi anti-terrorisme. Presque aucune de ces dernières n’a été condamnée pour des infractions liées à des actes terroristes spécifiques ou à la possession d’armes ou d’explosifs. Au lieu de cela, ils ont été accusés de délits tels que « l’adhésion à une organisation terroriste», le fait d’envisager de rejoindre des Djihadistes en Irak ou en Somalie, de recruter d’autres membres à cette fin ou d’avoir connaissance d’actes criminels et de ne pas en avertir la police. Seuls deux prisonniers appartenant au parti islamiste interdit, an-Nahdha, sont encore en prison: Ali Farhat, 52 ans, et Ali Abdallah Saleh Harrabi, 53 ans, tous deux originaires de la ville de Douz, dans le sud de la Tunisie. Comme la majorité des membres d’an-Nahdha emprisonnés par le passé, ils ont été condamnés pour des délits non violents comme par exemple l’adhésion à une association « non reconnue », ou la collecte de fonds pour une association de ce type, et la participation à des réunions « non autorisées ». Human Rights Watch a rencontré ces deux hommes à Mornaguia où ils purgent des peines d’environ six mois. Allégations de torture, procès inéquitables Les personnes emprisonnées en vertu de la loi anti-terrorisme ont, presque toutes sans exception, mis davantage l’accent, dans leurs entretiens menés cette semaine, sur les conditions qu’elles ont endurées pendant leur détention en garde à vue au Ministère de l’Intérieur à Tunis que sur les conditions en prison après leur condamnation. Elles ont déclaré que pendant qu’elles étaient en détention au secret au Ministère de l’Intérieur, des agents en civil les avaient battues ou torturées de toute autre manière afin de les faire avouer et/ou de leur faire signer une déclaration en les empêchant de la lire. Elles ont affirmé avoir nié leurs déclarations lors de leurs procès. Celles qui ont raconté avoir avancé des allégations de torture n’ont reçu aucune réponse du tribunal, qui a fini par les condamner. Dans la plupart des cas, ces personnes détenues ont déclaré que le Juge Mehrez Hammami avait présidé lors de leur procès. M. Hammami, qui est réputé pour avoir l’habitude de condamner les personnes accusées de délits à caractère politique, aurait, depuis le départ de Ben Ali, été muté de la salle d’audience à un poste de recherche au Ministère de la Justice. Les allégations de torture et de procès inéquitables soulèvent des questions quant au sort des prisonniers actuels qui ne sont pas libérés en vertu de toute loi d’amnistie au final et qui revendiquent avoir été condamnés sur la base d’aveux extorqués sous la torture, ou qui sinon affirment avoir été victimes de procès manifestement inéquitables, a indiqué Human Rights Watch. Compte tenu de la pratique courante de la torture et des violations multiples des droits des défendeurs à bénéficier d’un procès équitable sous le gouvernement précédent, le gouvernement de transition devrait veiller à ce que soient mis en place des mécanismes d’appel efficaces pour les prisonniers qui pensent avoir été injustement exclus de l’amnistie, a expliqué Human Rights Watch. Visites de prisons L’administration de Mornaguia n’a mis aucune barrière aux entretiens que Human Rights Watch a réalisés auprès de trois prisonniers dont elle avait soumis les noms à l’avance et de quatre autres qu’elle avait sélectionnés sur place. Parmi eux figuraient quatre condamnés pour des délits à caractère politique et trois pour de simples délits criminels. Les prisonniers ont choisi le lieu de leur entretien et ont été informés du fait qu’ils pouvaient refuser. Bourj er-Roumi est l’une des nombreuses prisons à avoir été le théâtre des graves violences qui, pendant les jours entourant l’éviction de Ben Ali, ont coûté la vie de 2 gardiens et de 72 prisonniers, dont 48 dans un incendie à la prison de Monastir, d’après le Ministère de la Justice. À Bourj er-Roumi, le 14 janvier, des prisonniers ont enfoncé les portes de leurs cellules et y ont mis le feu. L’administration de l’établissement indique que des gardiens ont tué par balle dix prisonniers avant que l’ordre ne soit rétabli trois jours plus tard. Un autre est décédé d’une crise cardiaque et un douzième est mort aux mains d’autres prisonniers. Human Rights Watch publiera un autre communiqué au sujet des événements survenus à la prison de Bourj er-Roumi. Compte tenu des récentes violences, l’atmosphère était extrêmement plus tendue à Bourj er-Roumi. Les deux chercheurs de Human Rights Watch ont été accompagnés dans les blocs de cellules par des soldats armés et un grand nombre d’officiels. La prison commençait à peine à réparer les dégâts et il n’a donc pas été possible d’évaluer les conditions de vie qui y règnent normalement, même de façon préliminaire. Quatre prisonniers de Bourj er-Roumi ont accepté de parler individuellement à Human Rights Watch dans un bureau privé et ont semblé s’exprimer avec franchise. Trois autres ont refusé d’être interrogés. Imed Dridi, le directeur de la prison de Monarguia, a déclaré que la prison avait été construite en 2006 pour accueillir 4 600 prisonniers. Elle comptait 5 200 prisonniers à la fin de l’année 2010 et en comporte aujourd’hui 4 900, tous des hommes adultes. La population comprend tant des prisonniers condamnés que des prisonniers en attente de procès. Hilmi ech-Cherif, le directeur de Bourj er-Roumi, a affirmé que la prison, construite pendant la période coloniale française, compte à ce jour 1 429 prisonniers, soit la moitié de la population qu’elle accueillait avant la mutinerie. Les autres prisonniers ont soit été libérés soit transférés dans d’autres prisons ; 12 sont morts dans la mutinerie, comme indiqué ci-dessus. Human Rights Watch a remercié les prisonniers et l’administration des prisons de Mornaguia et Bourj er-Roumi d’avoir accepté d’accueillir la délégation et de lui parler. « Le gouvernement tunisien de transition a fait un pas crucial vers la transparence en ouvrant les prisons à des observateurs extérieurs qui peuvent partager publiquement leurs conclusions », a affirmé Eric Goldstein. « Il doit maintenant se décider à améliorer le traitement des prisonniers, qui constituait l’un des points les plus sombres en matière de droits humains sous la présidence de Ben Ali. »  
Also available in:


Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 43 rue Eldjazira, Tunis Aispp.free@gmail.com Tunis, le 8 février 2011  

L’administration de la Sûreté de l’Etat est responsable de la disparition de Tarek Ben Hamadi


L’AISPP a été informée par la famille du jeune Tarek Ben Khemaïs Salah Ben Hamadi, né le 22 novembre 1987 que leur fils avait été arrêté par des agents en civil mercredi 12 janvier 2011, lors de la révolution dans le pays. Sa mère a contacté le 13 janvier 2011 les services du ministère de l’Intérieur qui lui ont affirmé que son fils était détenu chez eux pour avoir participé aux derniers événements. Depuis cette date, la famille ne sait plus rien de lui. Il n’a pas été libéré après la chute de Ben Ali et n’a pas non plus été déféré devant un tribunal jusqu’à aujourd’hui. Les services de la Sûreté de l’Etat ont nié dernièrement la présence de Tarek Ben Hamadi chez eux. La famille a porté plainte près le Procureur de la République contre le ministre de l’Intérieur pour enlèvement et séquestration sans mandat (plainte n°7004402/2011). Le jeune Tarek Ben Hamadi fait des études à l’Ecole Nationale Supérieure d’informatique de la Mannouba. Il a déjà été arrêté en mai 2009 dans le cadre de la traque du régime à l’encontre des manifestations de religiosité et déféré devant la chambre correctionnelle du Tribunal de première Instance de Tunis qui l’a condamné à trois mois d’emprisonnement avec sursis pour tenue de réunion non autorisée. Pour l’association Le secrétaire général Maître Samir Ben Amor (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

Motion pour l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie


Le 9 février 2011 Notre député Amir Khadir a fait adopter par l’Assemblée nationale du Québec une motion pour l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie. La motion a été présentée conjointement avec la ministre des Relations internationales, la députée de Rosemont, la députée de Lotbinière, le député des Chutes-de-la-Chaudière et le député de La Peltrie.
Voici le texte de la motion : «Que l’Assemblée nationale appelle à l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie qui, comme membre de l’Organisation internationale de la Francophonie , doit adhérer au principe de consolidation de la paix, de promotion de la culture démocratique et de protection et de respect des droits humains; «Que l’Assemblée nationale déplore la perte de vies humaines et dénonce tout recours à la violence envers les manifestants pacifiques, les défenseurs des droits humains et le peuple tunisien; «Que l’Assemblée nationale demande finalement au gouvernement du Canada de traiter avec diligence, dans le respect des législations canadiennes internationales, la requête des autorités tunisiennes concernant le gel des avoirs de l’ancien président tunisien Ben Ali et de son entourage.»

 

UNE REVOLTE CONTRE L’HUMILIATION D’ISRAEL AUSSI


Le peuple arabe a toujours eu un sentiment d’humiliation chaque fois où Israel  extermine en toute impunité les palestiniens ou les libanais. Ce ressentiment est une des causes de cette révolte arabe aujourd’hui.  J’appartiens à la génération qui a connu le politique au moment de la défaite de 1967. J’ai vu autour de moi des  hommes en force de l’âge pleurer sans retenu. Je crois que les arabes et les musulmans se sont indignés de l’impuissance de leurs gouvernants de relever le défi.  Parfois on a honte d’être arabe face à « l’orgueil » de l’état d’Israel.  Ecrasé chez lui, malmené face à l’agression extérieure, le peuple arabe rumine sa haine.  Il se sent trahi, sans voix et sa dignité entachée.  Face à  un pays de peuplement  récemment  constitué, se targuant de vie politique démocratique pour sa population juive,  il y a  des pays ancrés dans l’histoire avec un héritage civilisationnel   mondialement  reconnu. Ces pays sont des tyrannies où la vie politique se résume à réprimer toute expression libre.  Ces gouvernements n’ont pas réussi à se battre  face à Israel. Par la corruption  et le clientélisme, ils ont détruit les richesses des pays. Ils sont des marionnettes  dans les mains des puissances occidentales.  Pas de tableau d’honneur à part de « combattre  le terrorisme », alors qu’ils ne font que terroriser leurs citoyens pour cacher leurs échecs et incapacités. Cette révolte est la traduction de ce malaise et d’un ras le bol général. Ces peuples méritent mieux : une vie démocratique, une information transparente, une gouvernance juste et saine. Une jeunesse pleine de talents, éduquée, dotée d’imagination créative. En tout cas ils ne sont pas des sous hommes. L’hypocrisie des occidentaux a ses limites. Ahmed BEN AMOR     Paris le 09/02/2011.   

Association des Intermédiaires en Bourse

Communiqué de Presse


La Tunisie vit en ce moment un tournant important de son histoire riche en opportunités, avec des perspectives très prometteuses sur les plans politique, économique et social. Le marché financier est l’un des meilleurs moyens pour refléter ces perspectives pour les sociétés cotées en particulier et l’économie tunisienne en général.   A ce titre, et tenant compte de l’importance de l’information financière dans la maîtrise de la volatilité des cours dans le contexte actuel, l’Association des Intermédiaires en Bourse rappelle aux dirigeants des sociétés cotées à la Bourse de Tunis l’obligation de communiquer concernant l’incidence des événements récents sur la continuité de leur activité et les perspectives d’avenir.   Elle recommande, par conséquent,  aux sociétés cotées de profiter de la publication des indicateurs d’activité pour les accompagner d’une communication financière à l’intention des investisseurs et des professionnels de la Bourse, afin de les éclairer sur leurs perspectives d’avenir dans ce nouveau contexte.   A cette occasion, l’Association des Intermédiaires en Bourse organise une série de communications financières regroupant les dirigeants des sociétés cotées, les analystes financiers, les représentants de la presse et, d’une manière générale, toutes les parties concernées par ce type d’événement.   Le Président de l’Associations des Intermédiaires en Bourse   Adel GRAR

AFP, le 9 février 2011 à 10h07 GMT

Tunisie: après l’Assemblée nationale, le Sénat appelé à se saborder


 

TUNIS, 09 Fev 2011 (AFP) – Le Sénat tunisien (Chambre des conseillers) a commencé mercredi matin à Tunis à débattre d’une loi permettant au président par intérim de gouverner par décrets-loi, a constaté une journaliste de l’AFP. En présentant ce texte, voté à l’Assemblée nationale lundi, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, a demandé aux sénateurs de l’approuver « pour permettre au gouvernement de travailler » et exhorté la population à la patience. « Nous sommes soumis à des pressions sociales à cause des revendications du peuple pour l’amélioration de sa situation. Mais il faut prendre en considération le fait que l’Etat n’est pas encore en capacité pour le moment de répondre à toutes ces demandes. Nous n’avons pas de baguette magique », a plaidé le chef du gouvernement de transition. Cette loi doit permettre au président intérimaire, Foued Mebazaa, de prendre des décrets-lois concernant notamment l’amnistie générale, les textes internationaux relatifs aux droits de l’homme, l’organisation des partis politiques ainsi qu’une réforme du code électoral. « Il y a plusieurs régions démunies et un nombre important de jeunes chômeurs. Nous comprenons très bien ces revendications qui ont perturbé les ministères et l’activité économique du pays », a poursuivi le Premier ministre qui a annoncé la légalisation « dans quelques jours » des partis politiques interdits sous Ben Ali qui en ont fait la demande. Parmi ces partis qu’il n’a pas cités, figurent notamment le mouvement islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi et le Congrès pour la République (CPR, gauche) de Moncef Marzouki. Le chef du gouvernement a précisé que cette légalisation prochaine visait à « préparer des élections transparentes et équitables avec la participation de tous les partis ». Les autorités de transition ont annoncé la tenue d’élections présidentielle et législatives dans six mois, sans toutefois avancer de date précise. Mercredi, le quorum requis était atteint au Sénat avec 86 sénateurs présents, pour cet acte 2 du sabordage du Parlement bicaméral hérité de l’ère du président Zine El Abidine Ben Ali. La Chambre des conseillers compte théoriquement 126 élus, mais lors des élections de 2005, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) avait refusé d’occuper les 14 sièges qui lui sont attribués par la Constitution et la loi électorale. Il ne reste plus que 111 sénateurs après la démission le 25 janvier du président de la Chambre haute, Abdallah Kallel, un proche de l’ancien régime, en résidence surveillée depuis lors. Un sénateur indépendant a profité de l’occasion pour interpeller le Premier ministre sur sa légitimé à la tête du gouvernement de transition, constitué après la chute du président Ben Ali le 14 janvier: « Vous ne pouvez pas être dans le gouvernement de la révolution. Ne me dites pas que nous n’étiez pas au courant de tout ce qui s’est passé » (sous Ben Ali), a lancé Ridha Mallouli à M. Ghannouchi qui fut pendant onze ans de suite le Premier ministre de l’ex-président.  

AFP, le 9 février 2011 à 10h53 GMT

Tunisie: la BAD prêt à accroître substantiellement son action


 

TUNIS, 09 Fev 2011 (AFP) – Le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, se dit prêt, dans un entretien avec l’AFP à Tunis, à accroître substantiellement l’action de la BAD en faveur de la Tunisie post Ben Ali pour accompagner le pays dans sa mue démocratique.   Q: Votre institution envisage-t-elle, comme y pense de son côté l’UE, d’accélérer et accroître en urgence sa coopération technique et financière avec la Tunisie? R: Des discussions sont d’ores et déjà engagées avec le gouvernement et les principaux partenaires au développement pour examiner quels sont les domaines d’intervention prioritaire où nous pouvons apporter notre soutien en cette période de pression économique et de forte demande sociale. Nous sommes prêts à des engagements supplémentaires substantiels pour aider la Tunisie à faire face aux défis immédiats. Qu’il s’agisse de ceux relatifs à la stabilité financière et la transition économique, à la gouvernance et au climat des affaires, au développement local et à la lutte contre les disparités régionales, tout en veillant, en tant que Banque de développement, à un comportement prudent pour continuer de répondre aux besoins considérables de l’ensemble du continent africain.   Q: concrètement quelle forme le soutien de la BAD à la « nouvelle Tunisie » peut-il prendre? R: La Banque peut mettre à la disposition de la Tunisie de nombreux instruments tels que des appuis budgétaires directs au gouvernement, des financements de projets, des garanties et des financements pour le secteur privé, ainsi que des dons pour l’assistance technique et les études stratégiques. Cette contribution se fera en pleine coopération avec le gouvernement transitoire. Nous comptons examiner avec lui les diverses options pour un accompagnement qui s’inscrive dans les attentes nouvelles du pays. La BAD est résolue à accompagner le processus de réformes de la Tunisie (qui) est un partenaire de longue date et notre 2e client avec un montant de plus de 4,5 milliards de dollars depuis le début de notre coopération en 1968. La Banque a neuf projets en cours pour un montant total de 1,1 milliard de dollars US. La répartition du portefeuille est de 66% pour les infrastructures, 18% pour la réforme économique et 10% dans le secteur du développement social et rural. La BAD a également engagé 1 milliard de dollars pour le secteur privé en lignes de crédit.   Q: Quel message la BAD, installée provisoirement à Tunis du temps de Ben Ali, adresse-t-elle à la nouvelle Tunisie démocratique? R: Depuis 8 ans, la Tunisie abrite l’agence temporaire de relocalisation de la BAD (le siège historique est à Abidjan, ndlr). Au plus fort de la crise, la BAD avec ses plus de 1.500 employés n’a pas arrêté un seul instant de travailler dans ses locaux de Tunis. C’est un signe fort que nous n’avons jamais douté de la capacité du peuple tunisien à surmonter ses épreuves de manière pacifique. De plus, tous nos projets en cours ont continué de fonctionner normalement, et nous avons dès les premiers jours pris attache avec le gouvernement transitoire, à qui nous avons clairement exprimé notre disponibilité à déployer nos ressources financières, humaines et techniques pour aider la Tunisie à aller de l’avant.  

AFP, le 9 février 2011 à 11h14 GMT

Tunis: tirs de sommation d’un soldat pour disperser une foule, un blessé


 

 TUNIS, 09 Fev 2011 (AFP) – Un jeune Tunisien a été blessé par le ricochet d’une balle mercredi matin à Tunis, après des tirs de sommation par un militaire qui tentait de faire revenir le calme devant un bureau d’aide sociale où se pressait une foule de chômeurs, a-t-on appris auprès de témoins. « Un militaire a tiré vers le sol et une balle a atteint un jeune au pied. Il a été évacué vers un hôpital », a déclaré à l’AFP Rim Rabihi, une chômeuse de 22 ans venue réclamer une aide. Le jeune homme blessé, Lotfi Safra, âgé de 26 ans, est originaire de Bab Souika, un des quartiers populaires de Tunis. Selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP, une foule compacte s’était formée dans la matinée devant des bureaux du ministère des Affaires sociales, qui avait commencé la veille à distribuer des aides aux chômeurs et handicapés. Les bureaux n’avaient pas encore ouvert et la foule manifestait son impatience, refusant de s’organiser en rangs comme le leur demandaient les militaires en faction devant le bâtiment. Un militaire a effectué des tirs de sommation alors que la foule menaçait d’entrer de force, toujours selon des témoins. Dans plusieurs régions, le gouvernement distribue une aide de 30 dinars (15,5 euros) par chômeur et de 150 dinars (78 euros) par handicapé, sur présentation de la carte d’identité et/ou du certificat d’invalidité. La situation sociale et sécuritaire reste très tendue en Tunisie où le gouvernement a allégé le couvre-feu mais a fait appel aux réservistes de l’armée à partir du 16 février. La police, bras armé du régime répressif de Ben Ali, ayant pratiquement disparu des rues depuis le départ du président déchu le 14 janvier, c’est l’armée qui assure la sécurisation des ministères et bâtiments stratégiques. En fin de matinée, quelques dizaines de personnes manifestaient sur l’avenue Habib Bourguiba, dans le centre de Tunis, pour dénoncer l’usage des armes par les militaires et réclamer le départ du gouvernement de transition.  

AFP, le 9 février 2011 à 11h44 GMT

Tunisie: après l’Assemblée nationale, le Sénat appelé à se saborder


Par Kaouther LARBI   TUNIS, 09 Fev 2011 (AFP) – Le Sénat tunisien (Chambre des conseillers) débattait mercredi à Tunis d’une loi permettant au président par intérim de gouverner par décrets-loi, acte deux d’un sabordage du Parlement bicaméral hérité de l’ère de Zine El Abidine Ben Ali. En présentant ce texte, déjà voté à l’Assemblée nationale lundi, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, a demandé aux sénateurs de l’approuver « pour permettre au gouvernement de travailler » et demandé du temps à une population qui perd visiblement patience. Un jeune homme a ainsi été légèrement blessé dans le centre de Tunis par une balle qui a ricoché, alors que des militaires tentaient de canaliser des centaines de personnes, dont des handicapés, devant un bureau d’aide sociale public pour toucher de 30 dinars à 150 dinars (15,5 à 78 euros). Déjà mardi, entre 400 et 500 personnes avaient envahi le bâtiment du gouvernorat au coeur de Tunis pour réclamer du travail et des aides. « Nous sommes soumis à des pressions sociales à cause des revendications du peuple. Nous les comprenons. Mais il faut prendre en considération le fait que l’Etat n’est pas encore en capacité pour le moment de répondre à toutes ces demandes. Nous n’avons pas de baguette magique », a plaidé M. Ghannouchi devant les sénateurs. Cette loi doit permettre au président intérimaire Foued Mebazaa de prendre des décrets-lois concernant notamment l’amnistie générale, les textes internationaux relatifs aux droits de l’homme, l’organisation des partis politiques ainsi qu’une réforme du code électoral. M. Ghannouchi a par ailleurs annoncé la légalisation « dans quelques jours » des partis politiques interdits sous Ben Ali qui en ont fait la demande. Parmi ces partis qu’il n’a pas cités, figurent notamment le mouvement islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi et le Congrès pour la République (CPR, gauche) de Moncef Marzouki. Le chef du gouvernement a précisé que cette légalisation prochaine visait à « préparer des élections transparentes et équitables avec la participation de tous les partis ». Les autorités de transition ont annoncé la tenue d’élections présidentielle et législatives dans six mois, sans toutefois avancer de date précise, alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour juger ce délai intenable. Mercredi, le quorum requis était atteint au Sénat avec 86 sénateurs présents. La Chambre des conseillers compte théoriquement 126 élus, mais lors des élections de 2005, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) avait refusé d’occuper les 14 sièges qui lui sont attribués par la Constitution et la loi électorale. Il ne reste plus que 111 sénateurs après la démission le 25 janvier du président de la Chambre haute, Abdallah Kallel, un proche de l’ancien régime en résidence surveillée depuis. Un sénateur indépendant a profité de la séance pour interpeller le Premier ministre sur sa légitimé à la tête du gouvernement constitué après la chute du président Ben Ali le 14 janvier: « Vous ne pouvez pas être dans le gouvernement de la révolution. Ne me dites pas que nous n’étiez pas au courant de tout ce qui s’est passé » (sous Ben Ali), a lancé Ridha Mallouli à M. Ghannouchi qui fut onze ans de suite le Premier ministre de l’ex-président. A l’intérieur du pays, le gouvernement reste soumis à une forte pression depuis qu’il a remplacé mercredi dernier les 24 gouverneurs de région, dont 19 sont des adhérents ou des proches du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir sous Ben Ali. Le nouveau gouverneur de la région de Sousse (150 km au sud de Tunis) a été contraint mardi de quitter ses bureaux par une foule en colère. Ses collègues de Monastir (ville voisine) et de Medenine (sud) ont eu droit aussi à des manifestations sous leurs fenêtres. « Le peuple sait lire les CV », avait ironisé mardi le quotidien La Presse de Tunisie.  


AFP, le 9 février 2011 à 12h07 GMT

Une eurodéputée réclame la tête de l’ambassadeur de l’UE à Tunis


 

 BRUXELLES, 09 Fev 2011 (AFP) – L’eurodéputée écologiste Hélène Flautre, spécialiste des droits de l’Homme au Maghreb, a réclamé mercredi le remplacement de l’ambassadeur de l’Union européenne à Tunis, son bilan sous l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali ne pouvant faire de lui « l’homme de la transition démocratique ». « Je ne vois pas comment il peut être l’homme de la transition démocratique », a déclaré à l’AFP Mme Flautre, de retour d’une visite sur place. « L’UE a besoin d’un représentant en Tunisie qui ait au moins la confiance des acteurs du changement », alors qu’Adrianus Koetsenruijter, du temps du président Ben Ali, « ne s’autorisait même plus les contacts avec les associations qui n’étaient pas légales » contrairement à ses prédécesseurs, a accusé Mme Flautre. Chef de la délégation de l’UE à Tunis depuis février 2008, le Néerlandais Adrianus Koetsenruijter « est l’homme qui a collaboré avec le régime de Ben Ali, qui n’a pas parlé des violations des droits de l’Homme », a dénoncé Mme Flautre. L’UE a, durant des années, versé au régime de Ben Ali des aides dans le cadre d’un projet de modernisation de la justice, mais M. Koetsenruijter n’a « même pas été jusqu’à reconnaître que cela n’a pas été possible de moderniser la justice, que ce projet était une vaste blague », a déploré l’eurodéputée. La porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Maja Kocijancik, a néanmoins estimé que M. Koetsenruijter avait fait « pleinement son travail », été « très impliqué » et avait « toute notre confiance ». Parmi les missions de la délégation de l’UE à Tunis, qui emploie une cinquantaine de personnes et a rang d’ambassade, figure le « dialogue permanent avec les autorités, les milieux économiques et la société civile ». « Le suivi de la mise en oeuvre de l’Accord d’Association UE-Tunisie constitue une partie importante de son activité », précise la délégation européenne sur son site internet. Cet accord comprend un volet consacré au respect des droits de l’Homme, et il peut être suspendu en cas de violation grave. Mme Flautre, qui a rencontré M. Koetsenruijter à Tunis, lui reproche également de ne pas avoir de « regard critique » sur le passé, contrairement aux dirigeants européens eux-mêmes. Au dernier sommet européen, ces derniers s’étaient en effet prononcés en faveur d’un « soutien plus efficace à l’avenir pour les pays qui poursuivent des réformes politiques et économiques », notamment dans le cadre de la politique de voisinage de l’UE. Fin janvier, la France a décidé de relever de ses fonctions son ambassadeur en Tunisie, Pierre Ménat, qui a fait les frais des erreurs d’appréciations de la diplomatie française lors de la révolution tunisienne.    

AFP, le 9 février 2011 à 12h09 GMT

Tunisie: la justice, un instrument de la répression encore cadenassé


Par Sofia BOUDERBALA   TUNIS, 09 Fev 2011 (AFP) – Dans une Tunisie fichée pendant 23 ans, la justice, coquille vide ou instrument de la répression, n’a pas encore pansé ses plaies. Son indispensable réforme se heurte à un système clientéliste et corrompu qui a détruit jusqu’à la notion même de justice. Près d’un mois après la chute de Zine El Abidine Ben Ali, la question est sur toutes les lèvres: où sont les fiches de renseignements ? Où sont les cassettes, ces montages pornographiques en vogue dans les années 1990 pour salir les opposants ? Que sont devenus les indicateurs, les juges pourris et les tortionnaires de la police politique ? Au ministère de l’Intérieur ou de la Justice, le mutisme est complet. Officiellement, aucun doute: la réforme de la justice est, après la sécurité, la « priorité » du gouvernement. ONU et Union européenne sont prêtes, contre de solides garanties, à débloquer des fonds, vite réclamés par le ministre Lazhar Karoui Chebbi, qui évalue à 2,6 millions d’euros la réhabilitation des tribunaux et prisons endommagés pendant la révolution. « On a attendu des décennies avant de voir les fiches de la Stasi. Je ne sais pas si on verra un jour celles de Ben Ali. Des tas de rumeurs circulent sur des documents emportés ou détruits », raconte à l’AFP l’avocat Raouf Ayadi. « Le pays entier ressemblait à un grand commissariat », renchérit l’ancien opposant et avocat Mokhtar Jalleli, aujourd’hui ministre de l’Agriculture. « Les juges étaient achetés ou intimidés, les opposants étaient sur écoutes en permanence. Rien n’était respecté », dit-il, montrant la copie d’une lettre du directeur de l’administration pénitentiaire au procureur général datant de 2010 et qui relate dans le moindre détail une conversation entre un avocat et son client au parloir d’une prison. Me Ayadi se souvient d’avoir tenté en 2008 d’alerter le ministère public sur le trafic de yachts monté entre la France et la Tunisie par deux neveux de Ben Ali, Imed et Moaz Trabelsi. « Le greffier a refusé d’enregistrer notre requête. Il a pris nos documents mais sans donner de récépissé: c’est comme s’il ne s’était rien passé ». Le « clan » était intouchable mais le pire, pour Me Ayadi, était l’arbitraire du quotidien. « On ne recevait jamais la copie des jugements de première instance, ce qui fait que les gens pouvaient être jugés plusieurs fois pour le même crime ou délit. Et si on protestait, on nous demandait d’apporter la preuve du premier jugement, que bien sûr on n’avait pas ». « Et quand par miracle vous obteniez la copie d’un jugement, par exemple dans les cas d’expropriation, on vous refusait le concours de la force publique » pour le faire exécuter, explique l’avocat. Révoqué en 2001 pour avoir osé demander par écrit au président Ben Ali l’indépendance de la justice, le juge Mokhtar Yahyaoui assure que « rien n’a changé ». « On a permis la fuite de personnalités du régime, on n’a pris aucune mesure conservatoire. J’ai été dans plusieurs villes où des postes de police ont été attaqués. On a fait sortir des listes d’indicateurs. Pour chaque poste de 3 ou 4 agents, il y avait environ 80 +indics+ », affirme le magistrat. Alors que les tribunaux tournent au ralenti, juges et avocats réclament un « assainissement radical ». « Il faut commencer par renvoyer les avocats et juges corrompus, et réformer le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui était présidé par le chef de l’Etat », affirme Abderazak Kilani, bâtonnier de l’ordre des avocats de Tunis. Début février, le ministre Lazhar Karoui Chebbi a plaidé pour que les magistrats soient désormais « élus ». N’accordant que « peu de confiance » au ministre, les avocats, en pointe de la contestation depuis décembre, proposent d’autres pistes, comme le remplacement par des avocats « reconnus pour leur probité » des juges corrompus. Le Conseil de l’Ordre a commencé à établir une liste qui compterait une centaine de « pourris » parmi les 1.800 magistrats du pays.  

AFP, le 9 février 2011 à 12h31 GMT

L’Italie craint des « infiltrations terroristes » en provenance de Tunisie


 

Rome, 09 Fev 2011 (AFP) – L’Italie craint l’infiltration en Europe de « terroristes » échappés des prisons tunisiennes après le changement de régime dans ce pays, a déclaré mercredi le ministre italien de l’Intérieur Roberto Maroni. « La fuite de criminels des prisons tunisiennes nous inquiète beaucoup, en raison du risque d’infiltrations terroristes parmi les Tunisiens qui veulent venir en Europe sous le déguisement de réfugiés politiques », a déclaré le ministre, qui répondait à une question sur la collaboration franco-italienne contre le crime organisé. « Pour lutter contre ce phénomène, dont nous avons des preuves, nous avons accru la surveillance sur les liaisons entre la Tunisie et l’Europe et nous avons en outre pris contact avec les nouvelles autorités tunisiennes pour mettre au point les meilleures stratégies possibles », a-t-il ajouté. Quelque 11.000 détenus se sont enfuis, dont environ 1.500 se sont rendus spontanément par la suite aux autorités, pendant les émeutes de la « révolution du jasmin », ayant renversé le président Ben Ali en Tunisie.  

AFP, le 9 février 2011 à 12h54 GMT

Tunisie: le Parlement de Ben Ali s’est sabordé


Par Kaouther LARBI   TUNIS, 09 Fev 2011 (AFP) – Le Sénat tunisien a adopté mercredi à l’unanimité une loi autorisant le président intérimaire Foued Mebazaa à gouverner par décrets-lois, contournant ainsi le Parlement bicaméral hérité de l’ère Ben Ali. Le texte, déjà voté à l’Assemblée nationale lundi, a été adopté à main levée par les 86 sénateurs présents, sans aucune abstention, a constaté l’AFP. A l’ouverture du débat, le Premier ministre Mohammed Ghannouchi avait exhorté la Chambre des conseillers (Sénat) à voter oui « pour permettre au gouvernement de travailler » et demandé du temps à une population qui perd visiblement patience. Un jeune homme a été légèrement blessé dans le centre de Tunis par une balle qui a ricoché, alors que des militaires tentaient de canaliser des centaines de personnes, dont des handicapés, devant un bureau d’aide sociale pour toucher de 30 dinars à 150 dinars (15,5 à 78 euros). Déjà mardi, entre 400 et 500 personnes avaient envahi le gouvernorat au coeur de la capitale pour réclamer du travail et des aides. « Nous sommes soumis à des pressions sociales à cause des revendications du peuple. Nous les comprenons. Mais il faut prendre en considération le fait que l’Etat n’est pas encore en capacité pour le moment de répondre à toutes ces demandes. Nous n’avons pas de baguette magique », a plaidé M. Ghannouchi devant les sénateurs, en parlant d' »explosion sociale ». Cette loi doit permettre au président Mebazaa de prendre des décrets-lois concernant notamment l’amnistie générale, les textes internationaux relatifs aux droits de l’homme, une réforme du code électoral ainsi que l’organisation des partis politiques. M. Ghannouchi a d’ailleurs annoncé la légalisation « dans quelques jours » des formations interdites sous Ben Ali et qui en ont fait la demande. Il ne les a pas citées mais le mouvement islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi et le Congrès pour la République (CPR, gauche) de Moncef Marzouki ont déjà déposé un dossier. Le chef du gouvernement a précisé que cette légalisation vise à « préparer des élections transparentes et équitables avec la participation de tous les partis ». Les autorités de transition ont annoncé des élections présidentielle et législatives dans six mois, sans toutefois donner de date précise, alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour juger ce délai intenable. Un sénateur indépendant a profité de la séance pour interpeller le Premier ministre sur sa légitimé à la tête du gouvernement constitué après la chute du président Ben Ali le 14 janvier: « Vous ne pouvez pas être dans le gouvernement de la révolution. Ne me dites pas que nous n’étiez pas au courant de tout ce qui s’est passé » (sous Ben Ali), a lancé Ridha Mallouli à M. Ghannouchi qui fut onze ans de suite le Premier ministre de l’ex-président. « La chasse aux sorcières est un danger qui menace notre pays », a répliqué le Premier ministre lors d’une deuxième intervention très applaudie. Il a à nouveau appelé les Tunisiens à se remettre au travail après « l’explosion sociale qui a perturbé » le processus politique et économique, infligeant « des pertes considérables » au pays. A l’intérieur du pays, son gouvernement reste soumis à une forte pression depuis qu’il a remplacé il y a une semaine les 24 gouverneurs de région. Ces nominations ont rapidement été contestées, 19 des personnes choisies étant des adhérents ou des proches du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti au pouvoir sous Ben Ali. Le nouveau gouverneur de la région de Sousse (150 km au sud de Tunis) a été contraint mardi de quitter ses bureaux par une foule en colère. Ses collègues de Monastir (ville voisine) et de Médenine (sud) ont eu droit aussi à des manifestations sous leurs fenêtres. « Le peuple sait lire les CV », avait ironisé mardi le quotidien La Presse de Tunisie.     

AFP, le 9 février 2011 à 15h00 GMT

Les Syriens connectés à Facebook et YouTube: les USA se félicitent


 

WASHINGTON, 09 Fev 2011 (AFP) – Un collaborateur de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a salué mercredi le fait que les Syriens aient de nouveau accès aux sites internet Facebook et YouTube pour la première fois depuis 2007 sans devoir recourir à des programmes pour contourner la censure.   « Saluons décision positive concernant Facebook & YouTube en #Syrie, mais inquiets que liberté mette en danger les utilisateurs à cause d’absence de liberté d’expression et d’association », écrit Alec Ross sur son compte Twitter.   La décision de Damas n’a fait l’objet d’aucune annonce officielle. Ce sont les internautes syriens eux-mêmes qui se sont rendu compte qu’ils pouvaient accéder –pour la première fois depuis quatre ans– aux deux sites internet sans recourir à des « proxys » permettant de contourner la censure.   Un entrepreneur connu dans les secteurs des technologies et des médias, Abdelsalam Haykal, a indiqué à l’AFP que la demande de lever la censure « était parvenue aux fournisseurs du service internet ».   Internet et les sites de socialisation ont joué un rôle clé dans les mouvements de contestation sociale et politique en Tunisie et en Egypte.

L’Assemblée nationale du Québec


www.assnat.qc.ca   Le Vice-Président (M. Chagnon): Consentement. Alors, je vous écoute, M. le député de Mercier.   M. Khadir: Je demande le consentement de la Chambre, conjointement avec la ministre des Relations internationales, la députée de Rosemont, la députée de Lotbinière, le député des Chutes-de-la-Chaudière et le député de La Peltrie, pour débattre de la motion suivante:   «Que l’Assemblée nationale appelle à l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie qui, comme membre de l’Organisation internationale de la Francophonie, doit adhérer au principe de consolidation de la paix, de promotion de la culture démocratique et de protection et de respect des droits humains;   «Que l’Assemblée nationale déplore la perte de vies humaines et dénonce tout recours à la violence envers les manifestants pacifiques, les défenseurs des droits humains et le peuple tunisien;   «Que l’Assemblée nationale demande finalement au gouvernement du Canada de traiter avec diligence, dans le respect des législations canadiennes internationales, la requête des autorités tunisiennes concernant le gel des avoirs de l’ancien président tunisien Ben Ali et de son entourage.»   Le Vice-Président (M. Chagnon): Est-ce qu’il y a consentement pour débattre de cette question?   M. Gautrin: Il y a consentement, M. le Président, pour que nous puissions débattre de cette motion avec des interventions limitées aux alentours de deux minutes dans l’ordre suivant: bien sûr, le député de Mercier, qui serait le premier à intervenir, la députée de Rosemont, que je ne veux pas appeler la députée de Chambly, pour… en deux minutes aussi. Je ne sais si la collègue de l’ADQ veut… Non, elle ne veut pas intervenir. Et, pour conclure…     11 h 20 (version non révisée)   M. Gautrin: …dans l’ordre suivant: bien sûr, le député de Mercier qui sera le premier à intervenir, la députée de Rosemont, que je ne veux pas appeler la députée de Chambly, pour un deux minutes aussi. Je ne sais si la collègue de l’ADQ veut… Non, ne veut pas intervenir. Et pour conclure le débat, la députée de Saint-François et ministre des Relations internationales pour conclure le débat.   Le Vice-Président (M. Chagnon): Alors, nous allons débattre de cette question dans un temps approximatif de deux minutes en commençant par vous, M. le député de Mercier.   M. Khadir: Je vais être très bref. D’abord, remercier tous les membres du Parlement et tous les groupes parlementaires d’avoir accepté la… notre proposition, notre motion. La motion s’inspire grandement de la motion de la ministre des Relations internationales elle-même, que j’avais saluée hier pour l’initiative qu’elle a pris pour appeler, justement, au renforcement de la démocratie et au processus démocratique en Égypte. Il en va de même pour le peuple tunisien qui a été l’initiateur, donc, de ce printemps arabe.   J’en profite simplement pour rappeler qu’au Québec, il existe une forte communauté québécoise d’origine tunisienne, qui sont très impliqués dans différentes… à différents niveaux sur le plan professionnel, dans plusieurs de nos institutions démocratiques. Ils sont à l’oeuvre parmi nous en tant que citoyens québécois, mais aussi ils ont, bien sûr, beaucoup d’émotions, énormément d’enthousiasme de voir leur pays d’origine connaître un renouveau démocratique, et le peuple tunisien montrer, finalement, la voie à l’ensemble du peuple arabe pour l’accession à la démocratie et à la liberté.   À cet égard-là, une des requêtes les plus pressantes qui nous viennent de ces peuples arabes, c’est que les anciens dictateurs qui ont abusé de leur pouvoir pour détourner des millions, sinon des milliards de dollars en fonds publics et qui les ont cachés ou investis un peu partout dans le monde, dont une partie au Canada, ont besoin de la collaboration de nos gouvernements pour pouvoir récupérer ces fonds détournés qui sont des biens publics dont on a abusé. Le Canada est appelé à être signataire d’une initiative internationale de lutte à la corruption et à… des détenteurs de charges publiques, qui consiste justement à faciliter le travail entre les nations pour s’assurer que des gens qui sont au pouvoir ne détournent pas les fonds publics.   Or, il est avéré, avec un livre très bien étayé par deux journalistes français en 2009, que le… la dictature tunisienne reposait en partie sur le beau-frère de M. Ben Ali, soit M. Belhassen Trabelsi, qui est actuellement en sol canadien et qui est détenteur de millions de dollars, d’argent qui ont été obtenus par des malversations, du trafic d’influence ou carrément de la corruption et de l’intimidation. Nous sommes confiants que la ministre des Relations internationales et le gouvernement jouiraient de l’appui de l’ensemble du peuple québécois en pressant le gouvernement canadien à ne pas traîner et à insister pour que tout soit fait pour que M. Trabelsi soit traduit devant la justice et que ses avoirs soient gelés.   Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, M. le député de Mercier. J’inviterais maintenant Mme la députée de Rosemont.   Mme Beaudoin (Rosemont): Merci, M. le Président. Alors, en appuyant, bien sûr, fermement la motion du député de Mercier, particulièrement ce qu’il vient de dire concernant, donc, la question du gel des avoirs de la famille Trabelsi, nous sommes, bien évidemment, très en accord.   J’ajouterais tout simplement, aussi, que le Québec – nous l’avions dit, le Parti québécois, dans un premier communiqué – doit… devra, le moment venu, offrir son accompagnement et sa collaboration pour l’organisation par le partage de sa propre expérience, M. le Président, de l’ensemble du processus électoral, donc, le moment venu, en Tunisie.   Je voudrais tout simplement, en terminant, prendre quelques instants pour rendre hommage à un des opposants laïc – important, dans mon esprit, bien évidemment – au régime du président Ben Ali, et qui… cette opposition, elle a pris plusieurs formes. Et un des opposants les plus célèbres, c’est le Dr Mustapha Ben Jaafar, et je dirais que c’est l’histoire d’un coureur de fond, souvent solitaire. Malgré toutes les embûches, il a été, donc le secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés, le FDTL, qui existe, donc, aujourd’hui. Il a dont fait montre d’une endurance de coureur de fond. Il est reconnu, le Dr Ben Jaafar, comme un patriote et un démocrate issu d’une famille de nationalistes, et il est donc l’un des chefs de l’opposition tunisienne les plus respectés, tant à l’intérieur qu’à l’étranger. Dès 1975, réagissant à la dérive autoritaire d’Habib Bourguiba, il avait quitté le parti au pouvoir pour fonder, avec d’autres démocrates, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme. C’est un professeur de médecine qui est chef du service de radiologie à l’Hôpital de La Rabta. Ce que je voudrais dire, c’est qu’en août dernier, nous avons fait sa connaissance à l’université d’été du Parti socialiste, à La Rochelle. Il est venu au Québec rencontrer la diaspora tunisienne québécoise, les Québécois d’origine tunisienne. En septembre…   11 h 25 (version non révisée)   Mme Beaudoin (Rosemont): …je voudrais dire, c’est qu’en août dernier, nous avons fait sa connaissance à l’université d’été du Parti socialiste à La Rochelle. Il est venu au Québec rencontrer la diaspora tunisienne québécoise, les Québécois d’origine tunisienne, en septembre, et il a assisté dans nos tribunes à une période de questions. Je ne sais pas exactement ce qu’il en a pensé, M. le Président. Mais je voudrais tout simplement dire en terminant que c’est à lui en particulier, et à tous ceux qui, comme lui, à l’intérieur ou à l’extérieur, ont été des opposants exemplaires, que vont nos pensées aujourd’hui. Merci.   Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, Mme la députée de Rosemont. Peu importe ce qu’il a pu penser de notre période de questions au moment où il est venu, c’était certainement plus intéressant que n’importe quelle période des questions qu’on ne peut entendre à Tunis.   Une voix: …   Le Vice-Président (M. Chagnon): Jusqu’à aujourd’hui. Mme la ministre des Relations internationales.   Mme Gagnon-Tremblay: Merci. Alors, nous appuyons également la motion du député de Mercier. M. le Président, le 27 janvier dernier, le gouvernement du Québec déplorait les pertes humaines occasionnées par les événements, en Tunisie, dont nous avons tous été témoins. Aujourd’hui, la présentation de cette motion nous permet de le réitérer, et, rapidement, le Québec s’est dit sensible à la situation qui sévit en Tunisie. Nous souhaitons toujours qu’un calme sécuritaire pour la population puisse régner et mener la population tunisienne vers la transition souhaitée.   M. le Président, le Québec, comme partenaire de la francophonie, souhaite que l’ensemble des membres de l’OIF partagent et fassent la promotion d’une culture démocratique, de la paix et du respect des libertés individuelles. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion, M. le Président, la semaine dernière, d’en discuter avec le secrétaire général de l’OIF, M. Diouf, qui était de passage à Québec.   Malgré tout, il appartient à la population tunisienne de faire ses choix dans le cadre du processus électoral à venir. Par ailleurs, en ce qui concerne la présence non souhaitable au Québec de membres de l’entourage de l’ex-président tunisien, le gouvernement a affirmé que le Québec n’est pas une terre d’accueil pour des dictateurs déchus et des membres de leur famille.   C’est pourquoi aujourd’hui je réitère ma demande au gouvernement fédéral de déployer le plus rapidement possible tous les outils nécessaires afin de procéder à l’analyse de la demande des autorités tunisiennes. Nous sommes devant une situation exceptionnelle. C’est pourquoi je souhaite que le gouvernement fédéral agisse avec diligence. Cependant, comme l’a si bien rappelé le député de Verchères la semaine dernière, nous sommes dans une situation qui relève des autorités fédérales. Comme le Canada est un État de droit, des règles de droit doivent être respectées.   Enfin, le gouvernement du Québec est prêt à collaborer avec la communauté tunisienne au Québec. C’est pourquoi, M. le Président, nous continuerons de suivre l’évolution des événements qui se déroulent en Tunisie avec beaucoup d’attention.   Le Vice-Président (M. Chagnon): Merci, Mme la ministre des Relations internationales. Est-ce qu’il y a… est-ce que cette motion est adoptée?   Des voix: Adopté.   Le Vice-Président (M. Chagnon): Adopté.   M. Gautrin: …mon collègue, pour que cette motion soit transmise, puisqu’elle interpelle le gouvernement fédéral, au gouvernement fédéral. Le Vice-Président (M. Chagnon): Alors, si je vous comprends bien, d’abord son proposeur, et les deux leaders, du gouvernement et de l’opposition, vous souhaitez que cette motion soit, une fois adoptée, comme ce fut le cas, qu’elle soit donc envoyée tant à la Chambre des communes qu’au Sénat canadien pour fins de réception.   M. Gautrin: …et au premier ministre du Canada.   Le Vice-Président (M. Chagnon): Et au premier ministre du Canada.   Une voix: …   Le Vice-Président (M. Chagnon): Je vous écoute.   M. St-Arnaud: Si vous permettez, je me permettrais d’ajouter aux propos du leader adjoint que nous pourrions également transmettre une copie au… au consulat général de Tunisie à Montréal et à l’Ambassade de Tunisie au Canada.   Le Vice-Président (M. Chagnon): Bien… bien noté. Alors, nous ajouterons à cela. Au premier ministre du Canada, donc j’imagine au ministre des Affaires extérieures du Canada aussi; donc aussi à la Chambre des communes canadienne et au Sénat canadien ainsi qu’au consulat de Tunisie à Montréal et… et à l’Ambassade de Tunisie à Ottawa. Ça va? Je vous vois debout. J’avais l’impression que vous avez une autre motion pour nous, Mme la ministre de la Culture.  


Motion unanime de l’Assemblée nationale


Taïeb Moalla 09/02/2011 15h15 Unanimes, les députés de l’Assemblée nationale ont adopté mercredi en fin de matinée une motion pressant le palier fédéral « le gel des avoirs de l’ancien président tunisien Ben Ali et de son entourage ». Le texte présenté par le député de Québec solidaire, Amir Khadir, en appelle également à « l’établissement d’une démocratie durable en Tunisie ». M. Khadir a demandé que Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ancien président tunisien Ben Ali, soit « traduit devant la justice et que ses avoirs soient gelés ». Le député de Mercier a invité Ottawa à « ne pas traîner » dans ce dossier. Accompagné de sa famille, M. Trabelsi a atterri à Montréal le 20 janvier, moins d’une semaine après la chute du régime de Ben Ali. Il a perdu son statut de résident permanent quelques jours plus tard. Il se trouve toujours au Québec, vraisemblablement dans la région de Montréal, dans un endroit tenu secret. Intervenant dans le débat autour de la motion, la ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, a fait savoir que « nous sommes devant une situation exceptionnelle. C’est pourquoi je souhaite que le gouvernement fédéral agisse avec diligence ». La péquiste Louise Beaudoin a insisté de son côté sur le fait que le Québec « devra, le moment venu, offrir son accompagnement et sa collaboration pour l’organisation – par le partage de sa propre expérience – de l’ensemble du processus électoral en Tunisie ». taieb.moalla@journaldequebec.com http://lejournaldequebec.canoe.ca/journaldequebec/politique/provinciale/archives/2011/02/20110209-151510.html  

 

Moi, Ahmed, 27 ans, torturé dans les geôles de Ben Ali


LEMONDE.FR | 09.02.11 | 12h20  •  Mis à jour le 09.02.11 | 13h16

 

Blouson en cuir, keffieh autour du cou et casquette vissée sur le crâne, Ahmed arpente, avec Safouane et Hamed, les rues de la cité Ettadhamen, une banlieue populaire du nord de Tunis. Tous trois ont connu la même enfance simple au sein d’une famille ouvrière de ce quartier miséreux où se sont entassés des dizaines de milliers de Tunisiens venus chercher un emploi. Tous trois partagent une même foi et une pratique rigoriste de l’islam… qui les a conduits dans les geôles de Ben Ali.

Ahmed, 27 ans, est le dernier des trois à en être sorti. Lundi 31 janvier, il a bénéficié de l’amnistie décrétée à l’égard des prisonniers politiques par le gouvernement de transition. Après trois ans et huit mois d’emprisonnement, Ahmed est libre, mais porte les marques des sévices subis en détention.

Le jeune homme s’exprime péniblement. Il souffre de troubles de la parole. Son histoire commence le 20 mai 2007, un dimanche, à midi trente. Il est à la maison avec ses parents et ses deux frères. Trois 4×4 déboulent en trombe dans la rue. Une dizaine de policiers politiques en sortent et l’appellent. Il est embarqué manu militari, sans que sa famille n’ait eu le temps de comprendre.« Pendant vingt-sept jours, on n’a eu aucune nouvelle d’Ahmed. On est allé à la police, au ministère de l’intérieur, personne ne nous disait rien », se souvient son frère Nizar.

 

LA CHASSE AUX ISLAMISTES

Pendant vingt-sept jours, Ahmed est détenu au secret dans les geôles du ministère de l’intérieur, avenue Habib-Bourguiba, à Tunis. Une cellule d’un mètre sur deux, au sous-sol, éclairée jour et nuit pour lui ôter toute notion du temps. Il est questionné chaque jour, pendant des heures. Toujours les mêmes questions : « Fais-tu la prière ? Depuis quand ? Dans quelle mosquée ? Combien de fois par jour ? Combien de temps ? De quelle manière ? Avec qui ? Qui prie dans ta famille ? »

Le président Ben Ali a fait, à partir de 1990, la chasse aux islamistes. Ses polices spéciales ont redoublé d’efforts depuis les attentats du 11 septembre 2001 et le vote de la loi antiterroriste de 2003. La cité Ettadhamen est une cible de choix : quelques salafistes djihadistes prêts à s’engager pour la cause irakienne y sont implantés. Les jeunes pratiquants rigoristes comme Ahmed, qui prient cinq fois par jour à la mosquée, sont surveillés de près.

Quelque 2 000 islamistes présumés ont été arrêtés depuis 2003. « Parmi eux, certains se contentaient de faire la prière, de discuter, de regarder des sites Internet. Certains discutaient de la nécessité de soutenir les Irakiens. D’autres, peu nombreux, essayaient de partir. Mais, dans les dossiers, nous n’avons retrouvé aucune preuve de la préparation d’attentats », explique Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT). Ahmed, lui, se dit pratiquant, pas militant. Il a peut-être cotoyé d’un peu trop près ces réseaux : son nom a été donné à la police par un autre jeune arrêté plus tôt.

TROIS À QUATRE HEURES DE TORTURES QUOTIDIENNES

Au ministère de l’intérieur, Ahmed est soumis quotidiennement à des séances de torture de plusieurs heures. Un médecin encadre les quatre tortionnaires pour s’assurer que le supplicié ne leur claque pas entre les doigts. Deux techniques sont privilégiées : celle du « bano », où l’on plonge la tête du détenu dans une bassine remplie d’eau et de produits chimiques ; et celle, à la fois humiliante et violente, du « poulet rôti ». Nus et cagoulés, les détenus sont suspendus à un axe par les bras et les jambes, ils sont balancés la tête en bas pendant des heures, frappés à coups de bâtons et soumis à des décharges électriques derrière les oreilles, sous les aisselles et sur les testicules.

 

Après vingt-sept jours, le jeune homme est finalement transféré à la prison de Mornaguia, au sud-ouest de Tunis, où il est détenu pendant un an sans procès. Il réussit à avertir sa famille par le biais d’un codétenu libéré. Pendant un an, celle-ci est harcelée par la police politique, qui vient fouiller la maison presque chaque semaine, au milieu de la nuit. Les policiers vont jusqu’à chercher au lycée Sofiane, le plus jeune frère d’Ahmed, et empêchent Nizar, son autre frère, professeur de sport diplômé, de travailler. Plus personne ne leur parle, ni famille ni voisins, par peur de la police.

UN PROCÈS EXPÉDITIF

Lors de son procès, un avocat est commis d’office à Ahmed. Ni lui ni sa famille ne le rencontreront. « Les autorités n’ont apporté aucune preuve au procès, elles n’en avaient pas besoin : l’audience a duré quelques minutes et le juge l’a condamné pour appartenance à un réseau terroriste », relate Nizar. On joint au dossier les aveux faits au ministère de l’intérieur. « Ils nous ont fait signer une feuille blanche, explique Ahmed, si on ne signait pas, on était torturés ». Le jeune homme est condamné à quatre ans de prison, assortis de cinq ans de contrôle administratif.

Ahmed va passer une partie de ses années de prison en isolement, où on le soumet à de nouveaux sévices. Il lui est interdit d’adresser la parole aux prisonniers « non terroristes ». L’heure de promenade quotidienne est sa seule occupation. Une fois par mois, un membre de sa famille lui rend visite. Dix à quinze minutes, derrière une vitre. « Ça m’a rendue malade de le savoir en prison, mais en même temps, j’étais fière, parce qu’il était emprisonné pour sa religion, pas parce qu’il avait commis un crime », confie sa mère Rebeh, des sanglots dans la voix.

« SI JE VAIS À LA MOSQUÉE, JE SERAI EMPRISONNÉ »

La révolution tunisienne a offert à Ahmed un avant-goût de liberté. Le 16 janvier, les autorités carcérales de Borj el-Amri laissent les détenus s’enfuir. Ahmed retourne auprès de sa famille, pour quelques jours, avant d’obtempérer à l’appel à la reddition lancé par le ministre de la justice. « Il ne lui restait que quatre mois avant sa libération légale, donc on l’a ramené le 21 janvier pour qu’il effectue sa peine et soit légalement libre », explique sa mère. A son retour en prison, le directeur l’accuse d’évasion et le torture, signe du maintien du régime Ben Ali bien après sa fuite.

 

Ahmed a aujourd’hui retrouvé d’autres compagnons d’infortune, libérés avant lui. Il veut porter son cas devant la justice pour que ses bourreaux soient jugés. Toujours sous le coup d’un contrôle administratif, il doit chaque jour signaler sa présence au poste de police. Les mêmes agents, déjà en place sous Ben Ali, l’y accueillent. Ils ne le harcèlent plus mais le jaugent d’un œil menaçant. C’est l’heure de la prière, Ahmed se presse chez son ami Safouane. Plus question d’aller à la mosquée. « Si je vais à la mosquée, je serai emprisonné ».

Hélène Sallon
 
 

Tunisie – Leadership: Sommes-nous incapables de protéger nos élites?


Par Amel Belhadj Ali «J’ai emmené mon fils à l’hôpital pour lui enlever le plâtre, nous avons été surpris par une manifestation devant le ministère de la Santé. A notre sortie, 4 heures après, la manifestation était toujours là, les manifestants n’étaient plus les mêmes. Je rentre chez moi et à mon passage par la place Bab El Khadra, il y avait aussi des mécontents qui contestaient je ne sais trop quoi. J’ouvre la Radio et je me retrouve devant une suite sans fin d’informations sur des manifestations sans fin… Et mon fils de s’écrier, maman, je n’en peux plus de ces manifestations, demande à papa de nous emmener vivre en France». Edifiant! Cette dysenterie de manifestations provoquées pour tout et rien dans notre pays, qu’on pensait au début un signe de bonne santé, risque de se transformer en un fléau qui mènera le pays, déjà fragilisé par un pillage systématique, à sa perte. En guise de revendications? “Ces contractuels sont payés beaucoup mieux que nous, ils doivent «dégager»“. “Nous ne voulons pas reprendre la double séance, mobilisons-nous“. “Notre PDG a un fils marié à la cousine du cousin de la cousine de la belle-famille de Leila, lynchons-le“. “Nous avons été licenciés, depuis 5, 10 ou même 15 ans (peu importe les raisons, même si elles sont très peu avouables) nous voulons reprendre nos emplois au nom du sang de nos martyrs…“ (sic). “Nous voulons des augmentations de salaires tout de suite, le budget? Ce n’est pas notre problème, débrouillez-vous“. Mille et une raison pour manifester, semer la zizanie, interrompre le travail ou s’attaquer aux hauts responsables sans parler des grèves décrétées par l’UGTT qui nous prouve de plus en plus son patriotisme. Notre chère organisation syndicale, financée par les deniers publics grâce entre autres à l’appui du Premier ministère qui impose aux entreprises publiques de s’acquitter des adhésions des employés (9 à 11 dinars par personne) n’arrête pas de faire de la pression profitant de la fragilité du pays. Elle veut se placer en tant que partenaire incontournable dans toute espèce de négociations, politique ou économique. Apparemment, le social ne fait plus partie de ses priorités. Et pourquoi pas un parti travailliste tant qu’elle y est, au moins ses revendications politiques deviendront plus claires et plus légitimes! Pour nombre de hauts responsables et de managers, exercer leurs fonctions relève aujourd’hui de l’insupportable: «Nous sommes passés directement de la dictature Ben Ali à celle des opportunistes et même des incompétents. C’est décourageant et j’ai bien peur que l’on préfère partir plutôt que d’avoir à subir quotidiennement les injures, les insultes et les violences verbales de certaines personnes intéressées et dénuées de tout sens de la responsabilité», a déclaré avec amertume un haut fonctionnaire. Traînés dans la boue Et pour cause, ils sont trainés dans la boue sur les réseaux sociaux, des individus dénués de tout sens moral et de tout scrupule répandent à tous vents de fausses rumeurs à leurs sujets, et leur rendent la vie impossible. Tous ceux qui veulent régler des comptes, ayant pris conscience du poids des réseaux sociaux, s’en prennent à cœur joie et usent sans vergogne de toutes sortes de stratagèmes et d’informations toxiques. Les autorités publiques laissent faire. Elles ont d’autres priorités! Est-ce à dire que s’attaquer aux leaderships politiques, économiques et médiatiques du pays doit être considéré comme quantité négligeable? Oui, il y a eu des complices et des profiteurs, des mafieux, tous les autres doivent-ils payer de leur statut, de leur position et de leur intégrité les malversations et les abus des corrompus? Devons-nous les mettre tous dans un même sac et les jeter à la mer? «Des manifestes, il y en a aujourd’hui à la pelle, et dans toute entreprise publique et tous exigent l’ouverture d’enquêtes sur la corruption. On s’est passé le mot, tous les hauts cadres et les cadres au sein des ministères et des administrations publiques sont corrompus et ont trempés dans des affaires louches. Ils sont tous coupables jusqu’à ce que l’on prouve leur innocence, et non l’inverse. Les experts et les consultants sont accusés d’être surévalués par rapport à leurs compétences. A Tunisie Télécoms et suite au départ précipité de Montassar Ouaili, ancien PDG, on a commencé à sommer tous les contractuels, qui ont rejoint la compagnie pour la mettre à niveau et lui donner le poids et la dimension qui lui permettent de faire face à un environnement très concurrentiel, de partir. Ces derniers sont en bute aux agressions de toutes sortes de la part des agents et employés de la compagnie qui n’hésitent pas à distribuer des tracts et des communiqués anonymes aux médias pour médire d’eux. Ce qu’on veut, c’est se suffire des compétences déjà existantes au sein de TT, même si elles ne possèdent pas les profils qui leur permettent de mettre la compagnie aux standards internationaux. «Soyons égaux dans les salaires, les indemnités et les privilèges, c’est notre priorité. La compétence, elle, ne semble pas être une priorité et ne mérite pas récompense». C’est ce que semble dire un certain nombre de personnes. Ils oublient toutefois que TT, c’est plus de 8.000 employés face à des concurrents dont le nombre d’employés ne dépasse pas les 1.500 et que s’ils continuent à ce train là, leur compagnie sera fragilisée à tel point que dans deux ou trois ans, on sera peut-être obligé de licencier une grande partie de son effectif. Ce qui nous renvoie à cette blague dans laquelle Dieu demande à un Américain, Français et Tunisien ce qu’il veut, lui promettant d’accorder le double à son concitoyen, et le Tunisien de lui demander alors de lui transpercer son œil… Que nous arrive-t-il? Tous les employés, fonctionnaires et agents du pays se sont transformés en enquêteurs disposant de toutes les preuves leur permettant et les autorisant à juger leurs supérieurs, les obliger à démissionner ou les diffamer? Et si quelqu’un proteste, on le traite illico presto de «traitre RCDiste»… Vivons-nous aujourd’hui dans un pays incapable de protéger ses élites? Un pays qui, après avoir laissé ses ressources financières et matérielles se faire dilapider par une mafia institutionnalisée, finisse par perdre ses ressources humaines et ses compétences? Avons-nous rêvé cette Tunisie? Avons-nous rêvé des managers qui ont aujourd’hui peur d’administrer leurs personnels? Avons-nous rêvé des compétences terrorisées et touchées dans leur intégrité et dans leur dignité? Rappelez-vous, cette révolution s’appelle «la révolte pour la dignité», le plus important n’est pas de savoir la dignité de qui? Le plus important c’est de préserver la dignité de ceux qui le méritent. J’ai bien peur qu’elle ne serve à la perte de la dignité de beaucoup de personnes qui en attendaient beaucoup plus. (Source : webmanagercenter.com (Tunis), le 9 février 2011) Lien : http://www.webmanagercenter.com/management/article-101774-tunisie-leadership-sommes-nous-incapables-de-proteger-nos-elites 


 

Moncef Marzouki: « Il faut une assemblée constituante en Tunisie »


Par Dominique Lagarde, publié le 09/02/2011 à 10:17

Opposant de toujours, le chef du Parti du congrès pour la République décrit la « nouvelle Tunisie » qu’il espère voir émerger de la révolution de jasmin.

Quelle est votre position vis-à-vis du gouvernement de transition?

Je suis tiraillé. Il est indispensable que la Tunisie renoue avec la stabilité. C’est une nécessité absolue pour que les touristes reviennent et que les investissements reprennent. Mais pour que ce retour à la stabilité soit possible nous avons besoin d’un gouvernement qui ait à la fois une certaine légitimité et une autorité suffisante pour agir. Or celui qui a été mis en place est le premier facteur d’instabilité. 

Pourquoi?

D’abord, les gens ne comprennent pas que le Premier ministre soit celui qui a été nommé par Ben Ali. Ensuite, ce gouvernement multiplie les bévues, sans comprendre qu’il a maintenant à faire à un peuple vigilant. Résultat: à plusieurs reprises les gens sont descendus dans la rue pour protester contre les décisions prises. Il y eu les portefeuilles régaliens attribués à des ministres RCD (l’ex parti au pouvoir NDLR), les atermoiements dans l’épuration du ministère de l’intérieur, qui aurait dû être immédiate, et maintenant la nomination, proprement aberrante, de gouverneurs issus du RCD. Ils auraient pu réfléchir et se dire que cela ne passerait pas mieux que les ministres! C’est de l’incompétence politique. 

Quel jugement portez-vous sur la commission qui a été chargée de réfléchir aux réformes politiques à venir?

Je crois qu’on a eu tort de confier cette tâche à des juristes. Cela n’est pas une question technique, mais politique. 

La commission a prévu une série d’auditions afin d’entendre les associations et les Partis. Vous irez?

Si je suis invité, j’irai, bien sûr. Mais je crains que cette procédure prenne beaucoup de temps. Or actuellement, tous les dossiers importants qui nécessitent des décisions de la part d’un gouvernement dont l’autorité soit incontestable, sont gelés. Je pense par exemple à la réforme de la justice ou encore à celle de l’éducation. 

Qu’aurait-il fallu faire selon vous?

Commencer par l’élection d’une assemblée constituante. Cela pouvait se faire assez vite, en quelques semaines. Ensuite, on lui aurait laissé deux ou trois mois pour aboutir à un texte qui aurait été soumis à référendum. Pour déboucher sur de nouvelles institutions -élections législatives et présidentielles- en état de marche avant l’été. Pour l’instant, il y a trop de confusion. Et personne à la barre qui soit capable de décider. 

N’est-ce pas inéluctable, dans l’attente de nouvelles élections?

Non. On pouvait au lieu de reconduire ce Premier ministre falot nommer une personnalité incontestable. J’avais proposé Ahmed Mestiri (opposant « historique » au président Habib Bourguiba NDLR) ou encore le bâtonnier. Quelqu’un en tous cas qui aurait pu trancher et fixer un calendrier précis. Mohamed Ghannouchi (le Premier ministre) ne peut être cet homme-là. Quoi qu’il fasse il sera contesté parce qu’il porte ce péché originel à la base d’avoir été nommé par le dictateur et d’avoir assisté pendant dix ans à ses turpitudes sans avoir dit un mot. Ce gouvernement est un gouvernement faible. Et ce ne sont pas les quelques technocrates recrutés à Paris qui vont changer la donne. 

Certains militent plutôt pour une constitution amendée en faisant valoir qu’une assemblée constituante ouvrirait forcément la boîte de Pandore de l’article 1, c’est à dire le débat sur la relation de l’Etat tunisien à l’islam…

Cela ne me fait pas peur. Je crois qu’il y a une majorité pour ne pas se laisser embourber dans ce débat idéologique. 

Et qu’on peut garder l’article 1?

Cela ne me dérange pas dès lors qu’on assure les libertés publiques et l’égalité entre hommes et femmes… . C’est important qu’il y ait une assemblée constituante et une nouvelle constitution. Parce qu’il s’agit d’un nouveau départ. C’est une nouvelle Tunisie que nous voulons construire. 

Vous êtes favorable à quel type de régime? Parlementaire? Présidentiel? Mixte?

Mixte. Il faut équilibrer les pouvoirs entre le Président de la République et le Premier ministre et partager le pouvoir exécutif entre ces deux institutions. Et garantir la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice. 

(Source: Lexpress.fr le 9 fevrier 2011) http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/moncef-marzouki-il-faut-une-assemblee-constituante-en-tunisie_960472.html


La grosse faute de Michèle Alliot-Marie


 

Pour ou contre la ministre des Affaires étrangères ? Le Quotidien de Tunis fait le tri dans les accusations dont MAM fait l’objet, après avoir accepté, en vacances en Tunisie, de voyager aux frais d’un homme d’affaires tunisien.

Pour l’instant, la tempête ne fait pas plier Michèle Alliot-Marie. Imperturbable, la ministre des Affaires étrangères a reconnu que « des gens ont été choqués », affirmant qu’elle ne recommencerait pas, mais n’admettrait aucune faute et n’envisagerait pas de démissionner. L’opposition, elle, continue de réclamer le départ d’une ministre qui a fait preuve d’ »incompétence », voire de « complaisance » envers un régime que le peuple tunisien allait faire tomber. Cette polémique, réelle et non artificielle, sera tranchée par le président Sarkozy. [Le 7 février] à Varsovie, il a refusé de commenter, disant simplement qu’il l’évoquerait « cette semaine », c’est-à-dire le 10 février sur TF1, lors de l’émission Paroles de Français. Essayons de récapituler le pour et le contre dans ce dossier peu ordinaire. Pour la ministre: depuis son premier poste ministériel en 1986, MAM s’est acquis une réputation d’honnêteté et d’intégrité morale, elle ne traîne aucune casserole, même si l’on peut s’interroger sur son rôle dans certaines affaires comme Clearstream. Aller en Tunisie, avoir des amis tunisiens n’a jamais constitué une faute. Et qui dit non à un ami prêt à vous rendre service, à vous aider? Elle n’a dépensé à son profit aucun argent public, n’a détourné aucun euro. Aujourd’hui, certains pensent à Tunis que les Trabelsi [la famille de l’épouse de Ben Ali] intervenaient dans toutes les affaires. Aziz Miled [l’homme d’affaires tunisien qui avait mis son jet privé à disposition de MAM] aurait pu être contraint de travailler avec eux et son nom a été retiré de la liste suisse [des personnalités tunisiennes dont les avoirs ont été gelés]. Aziz Miled doit être présumé innocent. Fin décembre, nul média tunisien – et pour cause — ne parlait de cette révolte qui montait. L’ambassadeur de France, jusqu’au dernier moment, a cru que le gouvernement avait les choses bien en main. La grogne semblait un mouvement passager, contrôlable. Qui peut dire le contraire? Ben Ali était l’ami d’une France bienveillante à son égard. D’autres ministres, à la même époque, étaient en vacances dans des pays où la situation sociale n’est pas meilleure qu’en Tunisie et pouvaient y rencontrer des amis. Contre la ministre: Michèle Alliot-Marie a eu du mal à reconnaître les faits. Elle a d’abord nié, critiqué des attaques « ignominieuses ». Quand elle a admis avoir pris le jet privé pour aller à Tabarka, elle n’a pas fait mention de l’escapade dans le Sud, n’en a parlé qu’après la révélation de Nouvelobs.com. Elle a prétendu qu’en vacances, elle n’était pas ministre, pas représentante de la France, qu’elle était « claquée ». Des justifications un peu courtes, critiquables surtout quand on sait que Sarkozy a bien dit à ses ministres qu’ils l’étaient 24 heures sur 24 et que MAM a accepté le Quai d’Orsay en précisant qu’elle voulait gérer son ministère sans intervention des conseillers élyséens.

Le plus grave est sans aucun doute le fait qu’elle n’ait pas su apprécier la situation dans laquelle se trouvait la Tunisie fin décembre. Certes, il y avait les câbles de l’ambassadeur qui n’a rien vu venir, mais la fonction d’un ministre des Affaires étrangères est de comprendre, de « sentir » les événements, d’appréhender, d’anticiper, d’agir. Michèle Alliot-Marie a été aveugle. Beaucoup d’autres aussi, mais ils n’étaient pas en charge de la politique étrangère de la France. Elle n’aurait pas été à la hauteur des exigences de sa tâche. D’ailleurs, nul ne réclame la démission de son compagnon [Patrick Ollier], le ministre des Relations avec le Parlement. Dans tous les partis, des hommes et femmes politiques, des personnages en vue ont des amis en Tunisie. Mais il n’y a qu’une personne ministre des Affaires étrangères… Il est trop facile de dire comme Valérie Pécresse [ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche]: « Elle a dit qu’elle regrettait, pour moi la polémique est close ». Une République « irréprochable »… Pour cela, ne faudrait-il pas « dégrader MAM », l’affecter à un autre ministère ?

Source : « Courrier international » Le 09-02-2011

                                                                        Vent de liberté : après la Tunisie et l’Egypte, le tour de la France


 

Le vent de liberté, qui a soufflé en Tunisie, a atteint l’Egypte. Demain, les peuples d’autres pays (Algérie, Maroc, Jordanie, Libye…) pourraient à leur tour se soulever. La France, qui supporte l’apprenti « dictateur » Sarkozy depuis bientôt quatre ans, a aussi de bonnes raisons d’emboîter le pas.

Les amitiés appuyées de Sarkozy pour des chefs d’Etat déchus, ou en voie de l’être, pour cause de dictature, montrent le vrai visage du président de la République française pour qui ces personnages peu recommandables étaient des modèles. Qu’il s’agisse de Ben Ali, en Tunisie, ou de Moubarak, en Egypte. Ce n’est qu’à la toute dernière minute que Sarkozy s’est résolu à ne pas accueillir le président tunisien en fuite. Avait-il le projet de mettre Air-Sarko-One (180 millions d’euros gaspillés) à la disposition du dictateur et de sa famille de boucaniers ? D’autres, tout aussi peu fréquentables, comme Kadhafi et certains chefs d’Etat d’Afrique subsaharienne, trouvent grâce aux yeux de l’agité président français, dont la propension au despotisme ne trompe plus personne.

Les relations de Sarkozy avec la plupart de ses homologues africains relèvent toujours du même souci affairiste de privilégier une gouvernance soucieuse de protéger les intérêts patrimoniaux et financiers d’une poignée de profiteurs au détriment de leur peuple.

C’est ce même souci qui motive son insistance à imposer son copain Ouattara (qu’il a marié à Neuilly en octobre 1990) à la présidence de la Côte-d’Ivoire, au détriment de Laurent Gbagbo. Son ingérence en dit long sur la nature mercantile des intérêts défendus par Sarkozy. Derrière cette intervention post-colonialiste dans les affaires internes d’un état souverain se cache, là encore, la volonté manifeste de protéger les riches copains -Bolloré, Bouygues, etc.- dont les affaires fleurissent sur le dos des peuples de ces pays, pour la plupart des anciennes colonies françaises en Afrique.

Généraliser la pauvreté en France, museler les magistrats

Sarkozy rêve d’une France gouvernée à l’africaine ! La régression sociale, qu’il a enclenchée et organisée, s’inscrit dans cette volonté d’installer durablement la pauvreté en France.

Toutes ses actions et les lois votées depuis son avènement sont autant de preuves de l’acharnement de l’agité de l’Elysée d’instaurer le mal être pour une majorité de Français, afin de mieux les contraindre. Un homme qui a faim et se débat dans des difficultés matérielles quotidiennes n’a pas le temps de penser, ni de se battre. Jusqu’au jour où, comme en Tunisie ou en Egypte, la coupe déborde !

Depuis des années, le combat de Sarkozy contre la magistrature s’inscrit aussi dans une volonté d’affaiblir l’un des principaux garde-fous de la démocratie française. L’attaque la plus emblématique est sa volonté de supprimer le juge d’instruction. Ce qui aura pour conséquence, le renforcement d’une justice d’Etat par le biais des procureurs de la république. Les « injonctions » de Sarkozy, ses mises en cause péremptoires à l’occasion de faits divers, comme celui de la mort atroce de la jeune Laetitia, ne visent qu’à le mettre opportunément en lumière. Elles sont jugées, à juste raison, insupportables par le corps judiciaire dans son ensemble. Lequel a déjà dû supporter pendant deux ans, avec Rachida Dati, une Garde des Sceaux inutilement atypique, dans ce ministère délicat.

Après l’immunité présidentielle : le Sarkogate

Reste que, en s’attaquant à l’institution judiciaire, Sarkozy s’en prend à un pilier de la république. L’inconscience du personnage, qui se croit au faîte de sa gloire, de sa puissance et de sa « supposée » grandeur, lui interdit de voir que ce combat contre la justice a de grandes chances de se retourner contre lui.

Sans compter que nombre d’affaires, dans lesquelles son implication apparaît à des niveaux divers, sont pendantes et le rattraperont à la fin de son mandat. Pour l’instant protégé par son immunité présidentielle, il n’échappera pas, le moment venu, à son destin judiciaire.

Son sort risque d’être moins enviable que celui de Chirac, dont les emplois fictifs, qui lui valent d’être poursuivi, paraissent bien moins graves, en comparaison de ce dont devrait répondre Sarkozy devant ses juges. Le Sarkogate s’avère en effet une boîte de Pendore dont déjà quelques affaires retentissantes ont été exhumées : Bettencourt, Woerth, Karachi, Clearstream. Et ce n’est que le début !

Répression, climat délétère

Comment la France peut-elle se retrouver avec un président de la République aussi peu respectueux des règles constitutionnelles qu’il est censé défendre ? La question hante aujourd’hui ceux-là mêmes qui, par cupidité ou calcul politicien, l’ont porté au pouvoir !

L’attitude irrespectueuse de Sarkozy est préoccupante pour le fragile équilibre de notre société, dont les membres les plus influençables sont enclins à penser que les règles n’ont de règles que le nom, puisque transgressables, selon ses intérêts et son humeur, par celui qui devrait s’en porter garant : le président de la République en personne.

Jamais homme politique n’a autant tenté de récupérer les événements malheureux, les drames du quotidien, pour essayer de faire passer l’image d’un homme compassionnel et proche des gens, qu’il n’est, à l’évidence, pas.

Rarement homme politique n’a autant utilisé les ressorts de la peur pour imposer des lois sécuritaires scélérates et diviser les Français, laissant se développer un climat délétère parmi les habitants.

La répression routière en est un exemple. Sous prétexte de diminuer le nombre de victimes sur les routes, les automobilistes sont considérés comme des délinquants en puissance, qui risquent de se retrouver à tout moment en garde à vue, au même titre que de dangereux criminels, à la moindre petite infraction.

Attaque contre les retraites, népotisme

L’attaque contre la retraite à 60 ans a laissé des traces durables dans l’esprit des Français qui, au long de l’année 2010, à l’occasion de manifestations de grande ampleur, ont montré qu’ils n’étaient pas dupes des intentions réelles de Sarkozy de démanteler la retraite par répartition, au profit de la retraite par capitalisation, confiée aux assureurs privés, au premier rang desquels son propre frère Guillaume Sarkozy. Un népotisme dont Sarkozy est coutumier. En décembre 2009, il a tenté d’imposer son fils Jean, médiocre étudiant en droit de 23 ans, à la tête de l’EPAD, sans succès. Il en a été empêché par les caciques parisiens de son propre camp !

La gauche a promis de rétablir la retraite à 60 ans. C’est d’ores et déjà, pour des millions de Français, écoeurés par le résultat de leur mobilisation, un argument fort de la campagne présidentielle.

Redorer le blason de l’Elysée

L’enjeu de l’élection présidentielle de 2012 ne sera pas tant le choix d’un projet de société que le choix d’un homme détenant les qualités humaines, intellectuelles et culturelles indispensables pour incarner la France ! Nombreux, quelle que soit leur couleur politique, sentent la nécessité de redorer le blason de l’Elysée, en y envoyant un homme respectable, digne, à la hauteur de la fonction.

Les Français sont aujourd’hui moins de 25% à faire confiance à Sarkozy. Ce sondage prouve que l’épisode Sarkozy, et ses conséquences calamiteuses pour les Français, n’a que trop duré.

Le vent de liberté soufflant des rives de la Méditerranée enflammera-t-il la campagne électorale présidentielle en France ? Une chose paraît évidente : le rejet de Sarkozy par les Français est largement aussi puissant que le rejet de ses chers amis Ben Ali et Moubarak par leur population respective !

Source : « agoravox » Le 09-02-2011

                                                                                    Tunisie, les militaires n’ont pas l’intention de s’emparer du pouvoir


 

Une source militaire a récusé toute intention de l’institution militaire de s’emparer du pouvoir en Tunisie, rapporte alarabonline, citant Ettounsya. La source militaire a déclaré, sous le sceau de l’anonymat, que l’appel lancé aux réservistes : sous-officiers, militaires relevant de la marine, de l’aviation, des administrations et des services, ne doit pas être interprété comme une préparation de l’institution militaire à s’emparer du pouvoir. Cet appel s’explique par le fait que les membres de la garde nationale sont extrêmement fatigués, et ont besoin de repos afin qu’ils reprennent leurs forces, a fortiori qu’ils étaient présents durant un mois pour assurer le maintien de l’ordre, a-t-elle ajouté en substance. Les forces armées ont assuré, depuis 6 semaines, des opérations de maintien de l’ordre dans l’ensemble des gouvernorats de la République, dans le cadre de leurs missions principales conformément à la loi, selon une dépêche de la TAP. La fréquence des interventions de ces forces s’est accentuée selon l’évolution des évènements et a atteint son point culminant le 14 janvier 2011. L’armée nationale continue d’assumer ses missions jusqu’à aujourd’hui. Etant donné que les militaires sont mobilisés 24h/24 en cette période critique et qu’ils n’ont pas bénéficié du repos nécessaire propre à leur permettre d’accomplir leur devoir dans des conditions adéquates et compte tenu du fait que les opérations de maintien de l’ordre ne doivent pas être menées au détriment des efforts intenses déployés par les forces armées en vue de protéger les frontières terrestres et maritimes du pays contre les menaces extérieures, le département de la Défense nationale a considéré comme étant opportun de lancer un appel de mobilisation à un nombre limité des réservistes afin de faire bénéficier les militaires sur le terrain du repos nécessaire. Conformément à des éclaircissements du ministère de la Défense relayés par la TAP, le département vise, à travers cette mesure, à renforcer davantage la protection des personnes, des biens publics et privés et des établissements sensibles, afin de rasséréner les citoyens pour qu’ils regagnent leurs postes de travail sans peur. Le ministère indique que l’opération de mobilisation des réservistes est une opération légale, qui est accomplie conformément au statut général des militaires et selon les dispositions de la loi relative au service national qui prévoit, dans son article 10, l’insertion des appelés après qu’ils aient effectué leur service national dans l’armée des réservistes pour une période de 24 ans. Ce régime existe et est en vigueur dans tous les pays du monde. Les autorités concernées y recourent dans les situations exceptionnelles et spéciales sachant que la réponse à l’appel de mobilisation de l’armée des réservistes pour rejoindre les forces armées est un devoir qui incombe à chaque militaire convoqué, et ce à l’instar du service national. Il convient de noter que  »les opérations de maintien de l’ordre sont menées en coordination avec les forces de sécurité intérieure, ce qui a permis de rétablir le calme dans la majorité des gouvernorats du pays, sachant qu’un grand nombre d’écoles, de lycées et de facultés ont repris leurs activités ordinaires, à l’exception de trois gouvernorats du centre du pays qui ont connu, durant ces deux derniers jours quelques incidents. La situation dans ces régions s’améliore d’une heure à l’autre. »

Source: ”GlobalNet” Le 09-02-2011

                                                                                      Tunisie : bientôt une rue «Mohamed Bouazizi» à Paris


 

Bientôt les Tunisiens de France pourront lire le nom de «Mohamed Bouazizi» sur une plaque de rue ou celle d’une place à Paris. Lors d’un vote mardi, le Conseil de Paris a approuvé à l’unanimité cet hommage rendu par la municipalité à ce jeune Tunisien de 24 ans, dont l’immolation a déclenché une vague de protestations et mis fin au régime de Ben Ali. Parce que Mohamed Bouazizi est devenu malgré lui, cette «figure emblématique qui, par son acte de résistance, symbolise le combat des Tunisiens pour la démocratie, la justice et la liberté», s’est réjoui le maire PS de ParisBertrand Delanoë, né à Tunis. Symbole du soulèvement du peuple tunisien Fait rare, tous les élus ont approuvé cette décision. Même le secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur Pierre Lellouche (UMP), qui siège également au Conseil de Paris. «L’analyse politique est juste. Les Tunisiens vivent une transition, et au lieu de se déchirer entre nous, c’est bien d’envoyer un message et de ne pas polluer les débats par la polémique au gouvernement», a-t-il déclaré juste après le vote.  Pour Delanoë, «cet hommage est déjà ressenti comme un vrai moment de fraternité du peuple de Paris pour le peuple tunisien. Il faut aller vite pour trouver une rue ou une place à Paris!». Mort le 4 janvier, Mohamed Bouazizi est devenu le symbole du soulèvement du peuple tunisien contre le régime de Ben Ali. Le vendeur ambulant de 24 ans s’était immolé par le feu, en signe de désespoir après s’être fait confisquer son outil de travail. 

Source: ”Le Parisien.fr” Le 09-02-2011

Situation sécuritaire : Les Tunisiens ont besoin d’être tranquillisés


 

La situation sécuritaire en Tunisie continue à occuper le devant de la scène du vécu quotidien des citoyens, un peu partout à travers les différentes régions de la République. C’est bien beau d’avoir, enfin, un ministre de l’Intérieur qui parle au Tunisiennes et aux Tunisiens comme un bon père de famille dans un langage dialectal, accessible et transparent. Mais cela est-il suffisant pour autant ? En effet, notre ministre de l’Intérieur nous dit tout ou presque. Il est allé même, jusqu’à nous révéler l’effectif exact des agents de l’ordre, inférieur à cinquante mille, soit à peine un policier pour 200 habitants. On ne sait pas quelle est la norme moyenne en la matière, mais il semble que ce chiffre soit assez réduit et inférieur à ce qu’il devrait être. Mais voyons de plus près l’évolution des événements une semaine après cette fameuse journée, exceptionnellement dangereuse, du 31 janvier 2011 et au cours de laquelle le ministre de l’Intérieur, accompagné du chef d’état major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar, ont été assaillis par une « horde » de deux à trois mille personnes dans les locaux mêmes de son département. Le 1er février, un grand mouvement au sein du ministère de l’Intérieur où pas mois de 42 hauts cadres ont été limogés ou mis en retraité forcée et la nomination d’un général de l’armée au poste de directeur général de la sûreté nationale. Après deux jours d’accalmie relative, le 4 février 2011, M. Rajhi nous parle d’incidents graves et sérieux survenus à Sidi Bouzid où deux citoyens ont trouvé la mort, brûlés, dans la geôle du poste de police. Lors de l’interview sur Nessma, le ministre est informé par les deux journalistes du plateau que la situation sécuritaire à Menzel Bourguiba était chaotique. Le 4 février, le même ministre parle des tiraillements concernant la nomination des 24 gouverneurs dont 19 sont des anciens Rcédistes. Mais entretemps, de graves incidents sont signalés à Kasserine, à Gafsa, à Sfax, à Kebili et au Kef surtout, où des pertes en vies humaines sont déplorées et des incendies, notamment de postes police, sont signalés. Sans oublier que de nombreux gouverneurs nouvellement débarqués, ont dû plier bagages sous les coups de boutoir des manifestants. A côté de cela, il ne faut pas oublier le climat de confusion qui règne au sein d’un grand nombre de départements ministériels et d’établissements publics où employés et demandeurs d’emploi occupent les lieux quotidiennement. Face à la multiplication des actes de violences et à ce climat marqué par la rumeur qui a contribué, par moments, à la création d’une ambiance de panique, les citoyens ont besoin d’être rassurés et tranquillisés. Serait-ce trop demander à notre sympathique ministre de l’Intérieur de revenir à la télé pour faire les éclairages souhaités par la population. Voici ce que les citoyens aimeraient savoir sur les derniers développements. Tout d’abord, on aimerait bien savoir ce qu’il en est advenu des deux ou trois mille individus qui avaient attaqué M. Rajhi ? Ont-ils été identifiés ou est-on parvenu à arrêter certains d’entre eux ? Car on est curieux de savoir qui ils étaient et qui les poussait à agir ainsi. Car, n’oublions pas que le minsitre avait parlé même de complot. C’est bien qu’on ait eu la liste complète des 42 hauts anciens cadres limogés de l’Intérieur, mais c’est encore mieux si on pouvait avoir la liste des nouveaux responsables qui les ont remplacés. Peut-on avoir une idée sur l’identité des responsables des incidents meurtriers et des incendies enregistrés un peu partout à travers le pays ? S’il y a des personnes arrêtées ? Si oui, combiens sont-ils et qui ils sont ? A-t-on remplacé les gouverneurs défaillants ou « chassés » ? A-t-on procédé à la nomination des délégués ? On entend parler, tous les jours, que les responsables des actes de violences, de meurtres et d’incendies sont des milices du RCD. Est-ce vrai ou pas ? Il est vrai que ce parti aurait le plus intérêt à ce qu’il y ait ce climat d’incertitude, mais encore faut-il qu’on en ait les preuves matérielles ou des aveux. Parce qu’il est trop facile d’accuser le RCD qui constitue, aujourd’hui, une cible « privilégiée ». Loin de nous l’idée de dire que le ministre de l’Intérieur a échoué dans sa mission. Au contraire, nous estimons qu’en l’espace de quelques jours, il a accompli une tâche gigantesque étant donné l’ampleur et la complexité des chantiers existants ou, plutôt, des défis à relever. Nous savons que les enquêtes nécessitent du temps, et que pour trouver des preuves ou arracher des aveux cela peut demander plusieurs jours voire des semaines. Mais les Tunisiens s’impatientent et veulent savoir la réalité de ce qui se passe. Surtout que des décisions comme celle de la suspension du RCD, en attendant sa dissolution par voie judiciaire et du rappel des militaires réservistes laissent entendre qu’il y a des donnes graves dont la nature ne nous a pas été révélée. Ces décisions ne sont pas de nature à tranquilliser les citoyens qui ont besoin, plus que jamais, d’être rassurés afin qu’ils vaquent à leurs occupations, sachant que les grèves sectorielles et tournantes, déclenchées ci et là, ne peuvent qu’ajouter à la confusion. Farhat Rajhi a, sûrement, du pain sur la planche et doit gérer une situation très délicate. On sait également que l’efficacité des enquêtes exige de la discrétion, mais les citoyens s’impatientent pour avoir les informations disponibles et concrètes. Du moins, s’il y a des arrestations et combien sont-ils ? Dans un premier temps.

Source: “Business News” Le 09-02-2011

« C’est le moment pour les entreprises de la région d’aller en Tunisie »


 

Malgré des difficultés d’approvisionnement, les relations économiques entre la Tunisie et la région n’ont pas été perturbées par la Révolution de jasmin. Les experts incitent même les PME à profiter de cette aubaine

Un vent de liberté souffle aussi du côté des entreprises tunisiennes.Depuis ces trois dernières semaines, les témoignages concordent autour d’une forte volonté d’émancipation des Tunisiens. « Ils ont tous envie de travailler beaucoup plus », raconte Marc Hoffmeister, qui dirige Class Export et préside la commission internationale de la CGPME du Rhône, « cette révolution a aussi libéré le business et les entreprises vont enfin pouvoir se développer ». Aujourd’hui, plus de 150 entreprises de Rhône-Alpes sont installées dans ce pays du Maghreb et, selon les témoignages recueillis, aucun incident n’a touché les entrepreneurs sur place. En revanche, les difficultés d’approvisionnement perturbent encore certaines industries. Mais, compte tenu des grèves dans les ports français, personne ne sait trop si ces difficultés proviennent vraiment de la révolution de jasmin ou du conflit social en France. « L’économie était vraiment déconnectée de la vie politique », constate de son côté Bruno Masurel, conseil en développement international (Afrique et Moyen-Orient) à la CCI de Lyon, « les dirigeants des PME constituent la classe moyenne et ils sont largement favorables au changement et au nouveau régime ». Le plus ouvert des pays du Maghreb aux investissements étrangers dispose donc de nouvelles opportunités que les PME de la région ne devront pas laisser passer. « C’est le moment d’y aller », clame Alexandre Guillaume, directeur du développement international des entreprises au sein d’Erai. Cette organisation qui a ouvert un bureau à Tunis en 2009 – alors que l’implantation d’un bureau au Caire a été retardée cette année – a accompagné treize sociétés l’an dernier.

« C’est vrai que les réseaux économiques et politiques sont en pleine restructuration mais tout va se stabiliser d’ici ces prochaines semaines. Et c’est justement le moment pour les entreprises de se faire connaître », assure Alexandre Guillaume. La Tunisie sera justement à l’honneur lors de la prochaine Foire de Lyon le 23 mars et d’ici là sera constituée une association d’entrepreneurs tunisiens et rhônalpins visant à renforcer les liens. De quoi réjouir Sabri Bachtobji, consul général de Tunisie à Lyon, qui espère notamment que les PMI de high-tech et de pharmacie de Rhône-Alpes investissent dans les deux districts tunisiens spécialisés dans ces domaines. Un vent de liberté souffle donc de l’autre côté de la Méditerranée mais les entrepreneurs savent déjà qu’il y aura des contreparties à assumer. En particulier avec des hausses de salaires déjà très attendues

Source: “Le Progres.fr” Le 09-02-2011

Tunisie. Conseils tardifs de Hakim El Karoui à Ben Ali


Selon nos confrères deMediapart, Hakim El Karoui a adressé deux notes à l’ex-président Ben Ali datées du 12 et du 14 janvier, alors que ce dernier s’apprêtait à quitter le pays.

Le banquier franco-tunisien, membre du conseil d’administration d’Orange Tunisie, a transmis deux notes à Ben Ali, via le gendre de ce dernier, Marouane Mabrouk, par ailleurs directeur général d’Orange Tunisie. Dans les deux notes, El Karoui conseillait notamment au dictateur déchu de «sanctionner des responsables qui ont mal fait leur travail», «donner un coup de jeune et de dynamisme en nommant des quadras issus de la société civile et du monde économique», «trouver un point de chute à l’étranger à Ben Dhia» et «dissoudre l’assemblée nationale » (sic!)… Le texte des deux lettres, reproduites ci-dessous, peuvent indiquer, chez El Karoui (et, éventuellement aussi) Mabrouk, une volonté de faire accélérer les réformes démocratiques dans le pays par l’entremise du dictateur lui-même, qui y serait acculé par la rue. Les événements, qui se sont accélérés, n’ont pas laissé à Ben Ali le temps de mettre à exécution les conseils du Franco-Tunisien. Le 15 janvier, au lendemain de la fuite e Ben Ali, le même El Karoui a débarqué à Tunis et s’est mis au service du Premier ministre Mohamed Ghannouchi. Il était entouré d’autres Franco-Tunisiens qui sont devenus ministres dans l’actuel gouvernement. Le neveu de l’ex-Premier ministre Hamed El Karoui et ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin a-t-il des ambitions politiques en Tunisie?

Source : « Kapitalis » Le 09-02-2011

H. El Karoui, « l’homme qui murmurait à l’oreille » de Ben Ali, aujourd’hui au service de Ghannouchi


 

Hakim El Karoui est normalien , banquier chez Rothschild, président d’un forum de jeunes élites Young Mediterranean Leaders, fondateur du très sélect Club du XXIe Siècle  et ancienne plume de l’ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin. Un vrai modèle de réussite.

En Tunisie, il joue aussi un rôle important. Il est administrateur d’Orange Tunisie, conseiller du premier ministre Mohamed Ghannouchi pour le choix du gouvernement de transition… et a été la source d’inspiration de Ben Ali !

Selon Mediapart, Hakim El Karoui a rédigé deux notes, le12 et14 janvier, sorte de conseil pour sortir de la crise. Ces notes révélées par Mediapart ont été utilisées dans les discours du président déchu.

Au dernier jour de Ben Ali en tant que président, le 14 janvier, une nouvelle note a été préparée incitant à une nouvelle forme de communication. Ainsi, on peut déduire de la note, le début du discours :

« Internet, c’est fait… c’est la victoire de la Tunisie. Maintenant il faut construire. Ce n’est qu’un début : nous serons jugés sur les actes ». Un autre mensonge. Heureusement, Ben Ali, le fuyard, nous a épargné de le subir.

Hakim El Karoui ne nie pas avoir été un conseiller en communication de Ben Ali. Selon Mediapart, il précise, toutefois, qu’il n’a jamais rencontré Ben Ali, mais qu’il l’a aidé en réponse à la demande de son ami Marouane Mabrouk, le gendre de Ben Ali.

Source: ”webdo” Le 08-02-2011

En Tunisie, la longue plainte des victimes de la corruption


 

C’est l’immeuble des pleurs et des espoirs. L’ancien bâtiment de la Banque de l’habitat, datant des années cinquante, proche de l’avenue Mohammed V, est devenu le centre émotionnel de la Tunisie nouvelle. Trois commissions se le partagent: contre la corruption au deuxième étage, pour l’indemnisation des victimes des violences de la révolution au troisième, et au quatrième siège la commission de la réforme politique, qui tente de remplir une page encore blanche.

Des hommes et des femmes de tous âges font la queue. Les victimes de la violence devant la porte principale, celles de la corruption au fond du parking. Ces derniers plaignants sont peu nombreux aujourd’hui, battant la semelle dans le vent et le froid. Parmi eux, un couple franco-tunisien. Ils avaient une entreprise d’informatique et un appartement contigu. Ils n’ont plus rien. «Tout a été saccagé», disent-ils. Par qui? S’ils ont une idée, ils ne la confieront pas. Le vol et la destruction ont pris un caractère systématique. «Ils ont pris quatre ordinateurs tout neufs, nos vêtements, nos chaussures, nos meubles. Et ce qu’ils n’ont pas pu prendre, ils l’ont détruit. Nos dossiers papier ont été arrosés d’eau.»

Humiliations quotidiennes

Comme les autres plaignants, ils attendent que leur numéro sorte, un chiffre griffonné sur un simple morceau de papier. Devant la porte «corruption» des hommes et des femmes aux visages brunis de paysans brandissent des dossiers, criant qu’on leur a volé leur terre. D’autres racontent le quotidien de l’humiliation et de la compromission. Riyadh, un jeune homme en veste de cuir et petites lunettes rectangulaires, est haut fonctionnaire dans un ministère technologique. Il est depuis longtemps «au frigo» pour avoir refusé de participer à la corruption. «Je n’ai pas voulu signer un papier, dit-il sans plus de précision. Alors ils m’ont privé de travail. J’ai fait une dépression.» Il s’est senti bien seul. «Mes collègues préféraient accepter le système. Ils m’ont mis à l’écart. Tout à coup, plus personne ne m’a parlé.» Il demande sa réinsertion dans son ancien emploi.

Ahmed, lui, est étudiant en sociologie, mais il avait aussi un projet commercial. «Je voulais monter une entreprise d’entretien de voitures», dit ce jeune homme aux grosses lunettes de soleil. Le dossier n’a jamais vu le jour, «sans doute à cause de l’intervention d’un membre de la famille Ben Ali, qui a le monopole du marché.» Ses tentatives d’obtenir un poste d’enseignant n’ont pas marché non plus. «Dès que j’ai postulé, un intermédiaire est venu me demander de l’argent. Il voulait 3500 euros. C’était très courant. Les postes de fonctionnaire étaient à vendre.»

Ahmed hésite entre deux mondes. «On ne sait pas comment tout cela va tourner. Je suis en train de remplir une demande d’émigration au Canada, pour y poursuivre mes études.» Pourtant il est venu spécialement de Sousse, à 140 km de Tunis. Et il attend son tour depuis 9 heures du matin, alors qu’il est déjà 13 heures. Cette petite corruption, celle de tous les jours, est majoritaire parmi les chemises de papier jaunes qui s’accumulent sur le bureau du président de la commission anticorruption, Abdelfattah Amor. Doyen honoraire de la faculté des sciences juridiques, cet homme tranquille et affable aura à connaître tous les dossiers, «depuis ceux qui concernent la famille de l’ancien président jusqu’au simple lamda», ces délégués de quartier, petit personnel de la surveillance et de la répression. Les affaires les plus importantes ne lui sont pas apportées par ceux qui font la queue au pied de l’immeuble. Certaines arrivent par le numéro vert mis à la disposition des Tunisiens, d’autres sont transmises plus discrètement ou soulevées par les enquêteurs de la commission, une vingtaine de hauts fonctionnaires au-dessus de tout soupçon, selon le président. «Au-delà des faits eux-mêmes, nous sommes en train de découvrir un système complexe qui avait tout gangrené, des institutions aux entreprises.» Abdelfattah Amor examinera les captations de société, et des prises de participation forcées de la famille Ben Ali dans de nombreuses firmes tunisiennes.

Que faire de cet argent? Rien n’a encore été décidé. Des voix s’élèvent pour que les sommes volées soient versées au Trésor public. Le président n’en est pas là. Pour le moment, les dossiers les plus complexes seront examinés en commission plénière. C’est Abdelfattah Amor qui décidera de transmettre ou non au parquet. Un poste à risques? «Je m’en remets à Dieu, répond-il. Mais si je le juge utile, je pourrai demander une protection.»

Source : « Le Figaro » Le 09-02-2011

Irak, Tunisie : la seconde mort des néoconservateurs


 

La révolution tunisienne n’a pas seulement mis fin au régime de Ben Ali. Elle a également apporté une nouvelle démonstration du caractère fallacieux des thèses néoconservatrices. Mais, si on peut avoir la certitude que Ben Ali ne reviendra pas au pouvoir, il n’est pas acquis que les néoconservateurs américains – et encore moins leurs répliques françaises – reconnaissent leurs erreurs et fassent preuve à l’avenir de modestie dans leurs préconisations. Qu’avait-on entendu avant la guerre d’Irak ? Deux arguments étaient mis en avant pour la justifier. Il y avait la fable des armes de destruction massive qu’il fallait absolument détruire. Elles étaient en fait des « armes de disparition massive » puisqu’on ne les a jamais retrouvées. Ces fausses affirmations des responsables américains et des « experts » qui les répétaient comme des perroquets sont venues décrédibiliser partiellement la cause de la non-prolifération. L’autre argument imparable reposait sur la nécessité d’instaurer la démocratie en Irak. Les néoconservateurs, constatant l’absence de démocratie dans l’ensemble du monde arabe, estimaient qu’il n’était pas possible de s’en accommoder. Face à l’incapacité des nations arabes d’établir la démocratie, il fallait une intervention extérieure pour débloquer la situation. La guerre, pour regrettable qu’elle soit, aurait le mérite de permettre l’émergence d’un Irak démocratique et, par effet de contagion, de démocratiser l’ensemble du Proche-Orient. Ainsi, Israël, rassuré par l’évolution politique de ses voisins, pourrait enfin signer la paix avec les Palestiniens. Ceux qui mettaient en doute ce scénario, en affirmant que l’établissement d’une démocratie pérenne relève avant tout d’un processus intérieur, que sanctionner un pays arabe sans avoir préalablement avancé sur la question palestinienne ne pourrait que nourrir les sentiments anti-occidentaux dans le monde musulman, et que cette guerre aurait pour effet non pas de combattre mais de développer le terrorisme, étaient traités au mieux d’idiots utiles, au pire d’agents de Saddam Hussein. Promenade de santé militaire qui devait modifier positivement l’ensemble du Proche-Orient, la guerre d’Irak a été une faillite stratégique et morale. Il y a un large consensus sur ce point désormais. Le dernier carré des néoconservateurs continue néanmoins de mettre en avant le caractère positif de l’établissement d’une démocratie en Irak, conséquence directe de la guerre. Pas d’omelette sans casser des œufs affirment cette poignée d’irréductibles ! La révolution tunisienne vient confirmer l’inanité des thèses néoconservatrices après les conséquences catastrophiques de la guerre d’Irak, car elle est le résultat d’un processus interne tuniso-tunisien. Même s’il est encore des troubles, on peut penser que la situation va se normaliser et la démocratie s’enraciner sans attentats, sans massacres, sans primauté donnée aux représentations confessionnelles et sans développement de la haine de l’Occident. La démocratie n’a pas été établie par une ingérence extérieure, encore moins par une intervention militaire, mais bien par le peuple tunisien lui-même, avec l’empathie tardive des gouvernements occidentaux, immédiate des populations.

Source : « Le Nouvel observateur » Le 09-02-2011

Moncef Marzouki: « Il faut une assemblée constituante en Tunisie »


 

Opposant de toujours, le chef du Parti du congrès pour la République décrit la « nouvelle Tunisie » qu’il espère voir émerger de la révolution de jasmin.

 

Quelle est votre position vis-à-vis du gouvernement de transition?

Je suis tiraillé. Il est indispensable que la Tunisie renoue avec la stabilité. C’est une nécessité absolue pour que les touristes reviennent et que les investissements reprennent. Mais pour que ce retour à la stabilité soit possible nous avons besoin d’un gouvernement qui ait à la fois une certaine légitimité et une autorité suffisante pour agir. Or celui qui a été mis en place est le premier facteur d’instabilité. 

Pourquoi?

D’abord, les gens ne comprennent pas que le Premier ministre soit celui qui a été nommé par Ben Ali. Ensuite, ce gouvernement multiplie les bévues, sans comprendre qu’il a maintenant à faire à un peuple vigilant. Résultat: à plusieurs reprises les gens sont descendus dans la rue pour protester contre les décisions prises. Il y eu les portefeuilles régaliens attribués à des ministres RCD (l’ex parti au pouvoir NDLR), les atermoiements dans l’épuration du ministère de l’intérieur, qui aurait dû être immédiate, et maintenant la nomination, proprement aberrante, de gouverneurs issus du RCD. Ils auraient pu réfléchir et se dire que cela ne passerait pas mieux que les ministres! C’est de l’incompétence politique. 

Quel jugement portez-vous sur la commission qui a été chargée de réfléchir aux réformes politiques à venir?

Je crois qu’on a eu tort de confier cette tâche à des juristes. Cela n’est pas une question technique, mais politique. 

La commission a prévu une série d’auditions afin d’entendre les associations et les Partis. Vous irez?

Si je suis invité, j’irai, bien sûr. Mais je crains que cette procédure prenne beaucoup de temps. Or actuellement, tous les dossiers importants qui nécessitent des décisions de la part d’un gouvernement dont l’autorité soit incontestable, sont gelés. Je pense par exemple à la réforme de la justice ou encore à celle de l’éducation. 

Qu’aurait-il fallu faire selon vous?

Commencer par l’élection d’une assemblée constituante. Cela pouvait se faire assez vite, en quelques semaines. Ensuite, on lui aurait laissé deux ou trois mois pour aboutir à un texte qui aurait été soumis à référendum. Pour déboucher sur de nouvelles institutions -élections législatives et présidentielles- en état de marche avant l’été. Pour l’instant, il y a trop de confusion. Et personne à la barre qui soit capable de décider. 

N’est-ce pas inéluctable, dans l’attente de nouvelles élections?

Non. On pouvait au lieu de reconduire ce Premier ministre falot nommer une personnalité incontestable. J’avais proposé Ahmed Mestiri (opposant « historique » au président Habib Bourguiba NDLR) ou encore le bâtonnier. Quelqu’un en tous cas qui aurait pu trancher et fixer un calendrier précis. Mohamed Ghannouchi (le Premier ministre) ne peut être cet homme-là. Quoi qu’il fasse il sera contesté parce qu’il porte ce péché originel à la base d’avoir été nommé par le dictateur et d’avoir assisté pendant dix ans à ses turpitudes sans avoir dit un mot. Ce gouvernement est un gouvernement faible. Et ce ne sont pas les quelques technocrates recrutés à Paris qui vont changer la donne. 

Certains militent plutôt pour une constitution amendée en faisant valoir qu’une assemblée constituante ouvrirait forcément la boîte de Pandore de l’article 1, c’est à dire le débat sur la relation de l’Etat tunisien à l’islam…

Cela ne me fait pas peur. Je crois qu’il y a une majorité pour ne pas se laisser embourber dans ce débat idéologique. 

Et qu’on peut garder l’article 1?

Cela ne me dérange pas dès lors qu’on assure les libertés publiques et l’égalité entre hommes et femmes… . C’est important qu’il y ait une assemblée constituante et une nouvelle constitution. Parce qu’il s’agit d’un nouveau départ. C’est une nouvelle Tunisie que nous voulons construire. 

Vous êtes favorable à quel type de régime? Parlementaire? Présidentiel? Mixte?

Mixte. Il faut équilibrer les pouvoirs entre le Président de la République et le Premier ministre et partager le pouvoir exécutif entre ces deux institutions. Et garantir la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice. 

Source : « L’express.fr » le 09-02-2011

Pour William Hague, la Tunisie est une opportunité à saisir


 

Dans une visite historique en Tunisie, William Hague a tenté de découvrir et de jauger les opportunités politiques et économiques de la Tunisie de l’après-Ben Ali et de promouvoir un nouveau partenariat dans la région.

Le ministre britannique des Affaires étrangères était mardi en Tunisie, la première étape d’une visite qui le mènera, en trois jours, dans cinq pays de la Mena. Il s’est entretenu avec Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, et Mohamed Nouri Jouini, ministre de la Coopération internationale, mais pas avec son homologue des Affaires étrangères, qui traverse une mauvaise passe suite à ses bourdes à Bruxelles et Paris.

Les priorités (uniquement économiques ?) de la GB Dans la matinée, le chef de la diplomatie britannique avait rencontré un groupe de jeunes tunisiens qui lui ont fait part de leurs sentiments et réflexions sur la révolution. Avouant que, désormais, son gouvernement traite la Tunisie «différemment »,  M. Hague a appelé à percevoir la nouvelle situation dans le pays «en tant qu’opportunité à saisir plutôt qu’à craindre». Plutôt évasif sur la position de son gouvernement vis-à-vis des questions les plus «brûlantes» telles que, notamment, le gel éventuel des avoirs du clan de Ben Ali en Grande Bretagne et l’abolition des lois tunisiennes dites «de lutte contre terrorisme», M. Hague a appelé à un changement «swift (souple), rationnel et irrévocable» en Tunisie et souligné l’importance d’œuvrer à l’échelle économique. «Nous espérons pouvoir drainer plus d’investissements en Tunisie où le climat d’affaires sera certainement plus rassurant». Selon lui, Londres «va apporter une assistance technique et une aide financière à la Tunisie pour renforcer la démocratie». Lors de sa tournée moyen-orientale, dont l’Egypte ne fait pas partie, M. Hague tentera aussi de promouvoir l’Arab Partnership Initiative par lequel son gouvernement tentera de «renforcer le développement économique et politique dans la zone Mena pendant les quatre prochaines années».

Les gestes de grande amitié de Londres William Hague est le plus haut diplomate occidental à se rendre en Tunisie depuis la chute du régime de Ben Ali et le premier secrétaire d’Etat britannique à visiter le pays depuis de longues années. Autre geste de grande amitié de Londres: pour exprimer sa sympathie pour la révolution tunisienne,  la Grande-Bretagne  a été le premier pays européen à lever, dès vendredi, sa mise en garde sur les voyages en Tunisie. «Il y a maintenant un nouveau gouvernement largement représentatif et qui a signalé son intention d’engager des réformes politiques. La Grande-Bretagne pense que ces actions sont encourageantes», avait noté le Foreign Office dans un communiqué. Les Tunisiens s’en souviendront… On peut espérer que les autres pays européens, qui représentent des partenaires économiques importants de la Tunisie, ne tarderont pas à suivre ce mouvement de solidarité avec la «révolution tunisienne».

Source : « Kapitalis » Le 09-02-2011

Tunisie : crise ou opportunité pour le nearshore ?


La vie après la révolution. Dirigeant du cabinet Offshore Boosting, Jean-François Renault revient d’un séjour en Tunisie…. Rassuré.

Je me rendais en Tunisie avec un optimisme affiché, que m’avaient transmis mes amis sur place. Je dois pourtant reconnaître que j’ai trouvé la situation sur place encore meilleure que ce à quoi je m’attendais. Au niveau de la vie « tout court », j’ai eu le bonheur de me promener dans Tunis toute la journée du 30 janvier, sous un soleil radieux et profitant d’une douceur clémente pour cette période de l’année ; sans doute un hommage de la météo à la révolution.

Les familles flânaient sur l’avenue Bourguiba et les terrasses étaient bondées. On y discutait et on goûtait à la possibilité nouvelle de deviser sur l’avenir et la politique. Les souks locaux étaient fréquentés et les achats se faisaient comme lors d’un dimanche habituel. Les transports en commun fonctionnaient.

Bien sûr, on ne pouvait que remarquer la présence militaire : devant le ministère de l’intérieur, avenue Bourguiba, tout autour de la Kasbah restée fermée, à l’aéroport, aux abords du centre commercial Carrefour… Mais plus aucun portrait de Ben Ali, et seulement quelques policiers, deux symboles pourtant omniprésents auparavant.

Retour à la normale dans les services

Au niveau de l’activité économique, la situation varie en fonction du secteur. La fréquentation des hôtels est plus basse que jamais ; même constat pour la médina de Tunis. Le tourisme est effectivement très affecté par les annulations des voyagistes depuis quelques semaines.

Dans les services, globalement, la situation a repris son cours normal, en tous cas à Tunis. La volonté très forte des ingénieurs et des techniciens de ne pas engendrer de perturbation dans l’activité de leurs clients est notable, particulièrement dans le nearshore, et notamment celui qui touche l’IT, au-delà même des entreprises et de leurs dirigeants.

Ils veulent non seulement démontrer que la vie continue, mais également que la motivation est renforcée, que leur implication est totale. Comme pour la mobilisation lors des manifestations contre l’ancien régime, durant le week-end des 15 et 16 janvier, les outils du web 2.0 ont fonctionné à plein pour faire passer le mot d’ordre : « On reprend le travail ! »

Et c’est ainsi que dès le lundi 17 janvier au matin, la reprise a pu être constatée à un taux de présence oscillant entre 80 et 95 % pour les entreprises d’IT, et aux alentours de 60-65 % en BPO – centre d’appels.Le mardi 18, le taux de présence dans les entreprises dédiées aux nouvelles technologies était quasi nominal (> 95 %), et dépassait les 80 % en BPO. Le mercredi 19, tout était redevenu quasiment normal.

La vitesse de remise en marche, au regard des événements historiques qui se sont produits, est tout simplement époustouflante ! D’autant qu’à ce moment-là, la plupart des personnes, ne l’oublions pas, participaient la nuit aux comités de vigilance de leur quartier. Le sommeil était remisé à plus tard.

A-t-on conscience que la perturbation d’une révolution majeure – la première dans un pays arabe à l’ère contemporaine – n’a pas dépassé la gêne occasionnée par une grève en France ? J’ai lu récemment ceci : « Petit pays, grand peuple ! » Je crois que cela reflète parfaitement ce qu’ont démontré au monde les Tunisiens.

La maturité d’un peuple qui sait écrire son Histoire

Crédit : Jean-François Renault

Alors, doit-on considérer que la Tunisie serait à présent une destination moins intéressante pour le nearshore ? Je ne le pense pas. Bien sûr, on pourrait adopter l’attitude des agences de notation internationales, qui se sont empressées de réviser la note de la Tunisie à la baisse, évoquant comme motif l’instabilité politique et les créances pourries de certaines banques.

Sur le premier motif, on voit très vite où va la préférence de ces agences : une dictature « éclairée » versus une démocratie « fragile ». Sans commentaire. Sur le second motif, il est important de préciser queles créances ne sont pas apparues subitement. Elles ont toujours été là, puisqu’elles proviennent des activités « douteuses » du clan Ben Ali-Trabelsi. Les agences pensaient-elles réellement que ledit clan allait un jour rembourser ses dettes ? Sérieusement ?

Je pense que les Tunisiens sont un peuple collectivement porté à l’équilibre. On les qualifie souvent de modérés. Je ne pense pas que ce terme convienne. Il sous-entend, presque dédaigneusement, qu’ils accepteraient tout, et principalement leur sort. La révolution du jasmin a démontré le contraire. Je préfère le qualificatif « équilibrés », qui est adapté aux évènements récents : une dictature renversée à mains nues ; une pacification par eux-mêmes et avec les moyens du bord – et toujours sans armes à feu –, quand certains souhaitaient le basculement dans l’anarchie et le sang ; les arrestations des malfaiteurs de l’ancien régime sans lynchage.

Je pense que cette propension à l’équilibre a incité au retour au cours normal de la vie, et notamment à la reprise du travail, comme une prescience de la nécessité de cet acte citoyen pour l’avenir du pays et la consolidation des acquis de la révolution. Elle va permettre à la Tunisie et aux Tunisiens de relever les défis qui sont devant eux, et qu’ils vont affronter avec la maturité d’un peuple qui sait écrire son Histoire, qui dispose de penseurs éclairés – et non pas seulement de technocrates –  et qui ne se laissera pas déposséder de sa révolution.

Je pense que la Tunisie est une destination vers laquelle on peut se tourner aujourd’hui comme hier, et même davantage encore, tant les atouts de la motivation et de l’implication se trouvent aujourd’hui renforcés. Je crois, comme c’est souvent le cas, que d’une telle crise peut naître une opportunité.

Source: “01NetPro” Le 09-02-2011

Kesang Marstrand et la révolution tunisienne


Kesang Marstrand vit depuis un an en Tunisie avec son mari, rencontré en Inde. Elle était témoin de la révolution tunisienne qui a chassé du pouvoir Zine Al Abidine Ben Ali. Le 14 janvier, jour où celui qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 23 ans a fui en Arabie Saoudite, Kesang Marstrand s’en souvient. « J’étais à la maison, je me suis dit ce n’était pas juste, ce n’était pas le moment de rester à la maison, mais le moment d’être dans les rues avec le peuple tunisien, parce que c’est historique, c’est important de soutenir cette lutte pour la liberté », m’a confié la jeune chanteuse de 27 ans depuis son domicile à Tunis.

Durant notre entretien en anglais, Kesang Marstand a souligné qu’elle avait peur au départ, peur de l’incertitude, de l’insécurité. Mais ses amis l’ont rassurée. «Ils m’ont demandé de les joindre, ils ont dit viens! c’est la fête c’est comme le festival de jazz! Alors j’y étais avec mon mari, j’ai même préparé des pancartes sur lesquelles j’ai marqué « Yes we Can » « Le pouvoir au peuple ».

Elle a connu les deux visages de la Tunisie : celle de Ben Ali et celle d’un pays qui apprend à reprendre en main sa destinée et retrouve le goût de la liberté. « Après Ben Ali, il y avait quelque chose qui a disparu. Une lourdeur. Des nuages sont passés. Je ne sais pas si c’était une lourdeur politique ou quoi, mais je l’ai sentie. Il y avait un blocage, un blocage créatif même pour moi, ma musique. Après la révolution cela a disparu complètement »

Et comment avez vous vécu ce blocage? « C’est le fait de ne pas avoir le droit de s’exprimer. C’est dans l’air et c’est subtile. Et en tant qu’artiste je ne sentais pas cette liberté et je n’avais pas cet espace dont j’avais besoin pour créer», dit la jeune artiste de sa voix douce.

Kesang Marstrand est Américaine, née à Woodstock, New York, d’une mère danoise et d’un père tibétain. Elle a découvert, très jeune cette passion pour la musique, entre les murs d’une école au Colorado, où elle a appris à jouer du piano. Elle a nourri le rêve de devenir pianiste et compositeur, mais au lycée, Kesang Marstrand a dû troquer le piano pour une guitare acoustique lorsque ses parents ont élu domicile à New York.

Où a-t-elle puisé son inspiration ? Dans la musique de David Bowie, Patsy Cline, Ani DiFranco, et d’autres artistes classiques, occidentaux et orientaux. La Tunisie vient aussi enrichir son répertoire. « Surtout maintenant, il y a cette liberté dans l’air! Et le paysage : je n’ai jamais habité au bord de la mer, ca m’inspire aussi ».

Tout comme la musique tunisienne, d’ailleurs. « J’ai entendu une chanson tunisienne Aman Aman (qui veut dire s’il te plaît en arabe), la mélodie était charmante pour moi » et dans la version anglaise de cet entretien, Kesang Marstrand nous rappelle que c’était une chanson triste, chantée probablement lors de la deuxième guerre mondiale..une affaire de coeur.

La jeune artiste séduite par l’ancienne province romaine a réussi très vite à séduire le cœur des Tunisiens lorsqu’elle a interprété l’hymne national du pays, en arabe. C’est ce qui a d’ailleurs attiré mon attention un soir de février où je regardais Al Jazeera en arabe, ensuite une TV tunisienne et le journaliste, ému, a bouclé son émission sur la voix de Kesang Marstrand.

Pourquoi, l’hymne national ?

« En fait le 14 janvier on était tous dans les rues, (les manifestants) ont chanté l’hymne national et on disait DEGAGE ! Mais je ne pouvais pas chanter avec eux, car je ne connaissais pas les mots. Et je voulais le reprendre pour offrir quelque chose au peuple tunisien ». Eh Oui! l’artiste a accepté de fredonner les premiers mots de ce texte qui a aussi soutenu les revendications du peuple pendant les semaines de contestation.

Kesang Marstrand travaille en ce moment sur un troisième album en collaboration avec le musicien compositeur allemand Karl Berger. Son premier est intitulé Bodega Rose qui reprend le single Say Say Say signé par Paul McCartney et feu Michael Jackson au début des années 80. Hello Night est son second album.

« Contemplation, réflexion, intimité, acoustique, simplicité » c’est ce qui caractérise la musique de la jeune artiste, qui pense à organiser des concerts à Tunis, en Italie et en France.

Entre temps, la vie continue à Tunis pour cette jeune américano-tibéto-dano-tunisienne qui dit tout simplement son attachement à son deuxième (ou premier peut-être!) pays. «J’aime les gens, j’aime la vie quotidienne, j’aime aller au marché, j’aime les légumes qui sont délicieux et bio! J’aime la manière de vivre. C’est tranquille. C’est un bon endroit pour moi», m’a dit celle qui la veille me demandait de reporter cet entretien car «je prépare un couscous aux légumes!», a-t-elle balancé dans un parfait Tunisien!

Allez! un petit coucou aux fans Tunisiens avant de se quitter Kesang!

« Aux Tunisiens je veux dire merci beaucoup, ils sont très accueillants; je me sens chez moi ici en Tunisie ».

Et les Tunisiens vous le rendent si bien Kesang Marstrand juste à voir comment ils ont inondé votre siteweb: www.kesangmarstrand.com et votre Facebook.

Bisslama, aurevoir, Kesang Marstrang.

Source: “JournalStars” Le 09-02-2011

La crise économique mondiale, un déclic dans la révolution tunisienne


 

Ancien haut fonctionnaire du FMI et auteur de plusieurs essais sur l’économie tunisienne, Moncef Guen livre ici un diagnostic rapide de la situation économique plus d’un mois après la révolution historique.

La révolution tunisienne termine son premier mois. Elle a été une onde de choc dans le monde arabe, on le voit très bien enÉgypte. Il est essentiel qu’elle réussisse. Sa réussite ne sera complète que si le processus démocratique se concrétise de jour en jour et que son économie connaisse un développement accéléré et équilibré. D’abord, il faut noter une croissance faible durant les trois dernières années, soit en moyenne 3,8 % par an en termes réels. La chute a été brutale en 2009-2010. Une des raisons principales en est, bien entendu, la crise financière et économique mondiale qui affecte en particulier l’Union européenne (UE), dont la Tunisie dépend d’une façon extrême. Ce danger de dépendance excessive était visible de longue date mais il s’est manifesté d’une manière patente depuis 2008. On dira un jour qu’à quelque chose, malheur est bon. Sans la crise, on serait peut-être resté sous la férule de la dictature. En plus de l’étouffement des libertés et de l’oppression, la crise a été le déclencheur du ras-le bol.

Chômage des jeunes L’inflation, telle que mesurée par l’indice des prix à la consommation, a été en moyenne annuelle de 4,5 % au cours des trois dernières années.  Ce qui n’est pas négligeable, même si l’on exclut toute manipulation de cet indice. Cette inflation rogne le pouvoir d’achat des masses populaires et surtout des chômeurs. Le chômage précisément est demeuré très élevé. Il s’est aggravé, selon les chiffres officiels, de 12,6 % en 2008 à 13,3 % en 2009. Celui des jeunes, surtout des jeunes diplômés, a été encore plus élevé, allant selon les estimations jusqu’à 40-60 %. Cela veut dire que, pour cette catégorie, l’indice de misère est proche de 70 %. On comprend dès lors leur désarroi et leur participation massive, en particulier dans les zones déshéritées du pays, à la révolution. Un tel chômage, la négligence de l’hinterland et l’ampleur de la corruption expliquent que le coefficient de Gini (mesure de l’équité de distribution des revenus) soit relativement élevé (4 sur une échelle de 10).WikiLeaks a révélé à tous le degré de luxure dans lequel vivaient et (vivent encore) les privilégiés de l’ancien régime : jets privés, yachts, palais, hummers, porsches, comptes bancaires à l’étranger. Le peu d’intérêt donné à l’agriculture, dont la part dans le Produit intérieur brut (PIB) est descendue à 12 % et dont la croissance entre 1998-2008 n’a été que de 2 %, a entraîné un exode rural massif. La Tunisie est devenue un des pays les plus urbanisés en Afrique, et on présentait cela comme un progrès dont il fallait être fier ! Le fossé entre zones rurales et zones urbaines a aggravé la perception du chômage par les jeunes qui étaient chassés de leurs terres par la misère et le désespoir.

Quelques redressements nécessaires Il faut y ajouter le déséquilibre entre les régions côtières et les régions intérieures (Sidi Bouzid, Gafsa, Kasserine, Kairouan, Le Kef, Jendouba) qui pourtant ont un potentiel économique non négligeable dans l’agriculture, les industries agroalimentaires, les mines, les industries de transformation, les activités artisanales et les services. Ces régions constituent les trois-quarts de notre territoire et on les a marginalisées. Sans parler des investissements absurdes qui consistent à créer unaéroport à Enfidha, juste à une cinquantaine de kilomètres de celui très fonctionnel de Monastir.  La dette extérieure a augmenté considérablement durant la dernière vingtaine d’années. Elle a été ramenée 48 % du PIB fin 2010 mais elle absorbe presque 12 % des exportations de biens et de services. Dans les circonstances actuelles où les exportations vers l’UE sont menacées par la crise et les recettes du tourisme sont sérieusement affectées, le service de la dette extérieure va poser problème. Il est capital, malgré les difficultés qu’il faut espérer passagères, que la Tunisie honore ses engagements et assure ce service sans faille. Il y va de notre crédibilité internationale. La tâche est donc dure et nécessite plusieurs années de redressement. Il faut l’expliquer. Y préparer le pays, notamment les jeunes, et ceux qui demandent des augmentations rapides de salaires. Il est à espérer que les institutions financières internationales et les organisations multilatérales comme l’UE engageront un dialogue rapide et constructif avec le gouvernement de transition pour épauler la Tunisie pendant les prochaines années. 

Source : « Jeune Afrique » Le 09-02-2011

Trafic et corruption

Examen de la situation de conteneurs importés par la famille de Ben Ali


 

Le ministère du Commerce et du Tourisme ainsi que la direction générale des douanes examinent actuellement la situation de conteneurs importés par des sociétés appartenant aux familles proches et parentes du président déchu, au profit d’autres sociétés.

 

 

Ces conteneurs dont le nombre s’élève à 200, séjournent dans le port de Radès depuis le 14 Janvier 2011, et ce, en attendant que leurs propriétaires se présentent à la direction des douanes, pour finaliser les procédures de dédouanement.

M. Mohamed Lassaad Abidi, directeur au ministère du Tourisme et du Commerce a souligné que le ministère a crée un groupe de travail qui aura pour principale mission d’étudier les dossiers relatifs à ces conteneurs, dont la charge fait actuellement, l’objet de contrôle technique.

Il convient de souligner que seulement 10% des marchandises importées sont soumises au contrôle technique, conformément à la législation en vigueur, à l’instar des chaussures, des produits électroménagers et des produits alimentaires.

Le responsable a mis l’accent sur l’intérêt qu’accorde le ministère du Tourisme et du Commerce à la bonne application de la loi et à la réalisation des tests et analyses à meme de s’assurer de la conformité de ces marchandises aux normes en vigueur.

Il a fait savoir que toutes les personnes seront traitées sur le même pied d’égalité, relevant que les marchandises qui s’avèreront conformes aux normes techniques pourront bénéficier d’un certificat d’autorisation à la consommation.

En cas de non conformité, les marchandises en question feront l’objet de destruction ou de réexportation.

Il y a lieu de souligner que les familles parentes du président déchu possèdent 9 entreprises d’import-export, parmi lesquelles il y a lieu de citer « Mohamed Ben Moncef Trabelsi », « Bechira Blues » et « Nour pour le commerce ».

Source: “Le Temps” Le 09-02-2011

Attention, le chaos guette la Révolution


 

M. Mohamed Ghannouchi, premier ministre a déclaré que le coût financier des pertes subies par la Tunisie depuis le déclenchement de la Révolution, est estimé aux alentours de 5 à 8 milliards de dollars. Le chiffre est, en effet, alarmant !

La Tunisie a déjà beaucoup perdu. 23 ans de racket, de corruption, de vol, d’extirpation, et la liste est encore bien longue. 23 ans à rattraper, et que du travail à faire. Mais le travail pour certains, pour ne pas dire pour la majorité de la population, semble prendre place en bas de la liste des priorités. L’intérêt général sert les intérêts individuels, le contraire n’est, cependant, pas valable.

 

Ainsi, le ton doit-il être donné afin de suspendre toute activité de protestation et réfléchir aux solutions les plus à même de booster notre économie. Car seule la croissance économique est le vecteur du développement du pays et donc générateur de profits dont tous peuvent bénéficier; car c’en est fini des inégalités sociales.

Voici le topo aujourd’hui: une Révolution d’une trentaine de jours est couronnée par la chute de la dictature en Tunisie, une vague de protestations a déferlé contre l’ancien régime, les coulisses du racket de Ben Ali et de son clan sont dévoilées, et, surtout une situation sociale, économique et politique instable, complètement brouillonnée, du pays.

Car, que savez-vous de ce qui se passe réellement ? Quelle idée avez-vous de ce que nous perdons chaque jour en termes économique et social ? Peut-être êtes vous trop occupé à chasser un tel ou à revendiquer une augmentation de salaire pour le savoir. Allez savoir !

14 janvier, le rêve était trop beau, le rêve de tout à chacun : la liberté et l’indépendance. C’était épique. Et vraisemblablement on basculait dans une véritable frénésie de protestations.

La Révolution s’inscrit dans le militantisme pour l’intérêt général, pour le bien de la Nation et pour la protection des droits du peuple.Et pourtant, nous assistons aujourd’hui à une scène, pour le moins tragique, une scène qui conduirait tout droit notre pays vers le chaos irréversible.

Et voici une vue d’ensemble : des protestations contre d’anciennes pratiques injustes et préjudiciables et des revendications de régularisation de situation immédiate et urgente. D’accord, nul ne peut prétendre que ce lot d’improbité n’a pas lieu d’être. Néanmoins, est-ce raisonnable de faire étal de demandes, parfois non raisonnables, à l’heure où le pays est en passe de trouver ses nouveaux repères politiques, en l’occurrence ?

Et les conséquences de pareilles demandes, justement, ne font que s’accumuler. On prend connaissance que quelques investisseurs étrangers envisagent de quitter la Tunisie si la situation d’instabilité perdure. Que la note souveraine de la Tunisie accuse une baisse tendancielle. Que certains pays européens, notamment, favorisant la prudence, conseillent à leurs citoyens de ne pas opter pour la Tunisie comme destination de vacances. Et puis, surtout, des pertes matérielles qui ne cessent de s’accroitre de plus en plus.

La CSA dans un sondage établi récemment, fait ressortir que 44% des personnes interrogées, des touristes français potentiels, ont l’intention d’annuler leurs vacances chez nous durant l’année en cours. Bien sûr, ce type d’enquête a été relayé par les médias français, chose qui fait une mauvaise publicité quant à la destination Tunisie et qui profite à d’autres destinations, principales concurrentes à l’instar du Maroc et de la Turquie. Et quand bien même, 9,8% des personnes interrogées envisageant toujours de se rendre en Tunisie, comptent le faire soit dès la fin de la situation instable, soit « en dépit des troubles actuels.» Le signal est, donc, donné.

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. C’est pour dire que la course des protestations vers les revendications doit cesser. Le plan c’est cela et rien d’autre, en tous cas, pour le moment.

Source: “Le Temps” le 09-01-2011

  

                                                                                                   pas Ben Ali’s pillaging of Carthage must become a thing of the t


 

With the removal of Ben Ali from power, archaeologists have hopes of restoring the ancient site to the people of Tunisia

  •  A damaged bust from the ruins of Carthage, Tunisia. The ancient site was exploited for financial gain under Ben Ali’s regime. Photograph: Christine Osborne/CORBIS

    One of the most interesting consequences of the recent political upheavals inTunisia has been that Tunisian archaeologists have at last been able to speak out against the damage inflicted on theancient site of Carthage by the regime of the former president, Zine al-Abidine Ben Ali. It is a truly depressing tale of how greed and philistinism have come close to destroying large parts of one of the world’s most important archaeological sites.

     

    The site of the ancient city of Carthage has been fought over many times in its long and turbulent history – most famously in 146BC, when a Roman army captured the city and obliterated it in a shocking episode of brutal annihilation. Roman intent that their great enemy should never rise again was reinforced by the curse that the victorious Roman generalScipio placed on anyone who dared to rebuild the city. Yet Carthage did rise again. The city, with its excellent harbour, occupied far too important a strategic position to be left deserted for long. The new city went on to have a distinguished history as the capital of the new Roman province of Africa, and later as one of the great centres of ancient Christianity. In short, Carthage is an archaeological site of world historical significance. Yet once again, its very existence is under serious threat – this time not from the weapons of an invading army but the bulldozers of unscrupulous property developers.

     

    Carthage’s problem in modern times has been that it occupies some of the most expensive and sought-after real estate in the Maghreb. Since the 1960s the urban sprawl of Tunis, the capital of Tunisia, has spread ever closer to the site of Carthage, which lies some 12km to the south across the Bay of Tunis. In 1972, alert to the dangers that such urban expansion posed, a few enlightened figures in the Tunisian ministry of culture and Unesco set up a campaign to safeguard the site of Carthage.

     

    The strategy that was developed under the dynamic and ingenious leadership of Abdelmajid Ennabli, a Tunisian archaeologist who had been appointed conservator of Carthage, proved to be a highly effective one. Teams of archaeologists from all over Europe and the US were invited to excavate areas of Carthage that were under particular threat of appropriation. The spectacular nature of many of their archaeological discoveries, such as the famed Punic circular war harbour excavated by a British team, had the desired effect of placing Carthage firmly back in the spotlight. Vindication arrived in the form of the conferral of the prestigious status of Unesco world heritage site in 1979, followed six years later by national legislation that established the entire 400-hectare site as a protected zone where building was prohibited.

     

    This high-profile success, however, proved to be something of a false dawn. In 1987, Ben Ali came to power in a palace coup and, despite official pronouncements to the contrary, the new regime quickly showed it had more interest in enriching itself rather than protecting Tunisia’s rich cultural heritage. I started excavating in Carthage in the mid-1990s and it was clear that Ennabli and those who had strived for decades to protect Carthage were fighting a losing battle against a cabal of influential businessmen and politicians who all enjoyed presidential patronage. For these people Carthage was nothing more than a piece of prestigious real estate ripe for « economic development ». The legislation that protected the ancient city was a mere inconvenience that could be ignored and brushed aside.

     

    As an archaeologist one understands that the needs of the present have to be balanced against the preservation of the past, but the regular flouting of the planning laws by members of Ben Ali’s family had little to do with solving Tunisia’s severe housing shortage. One only has to look at the brochure for the « Residences of Carthage », a luxury housing development illegally built on protected land to see that. One can marvel at the chutzpah of the developers’ boast of its proximity to Roman ruins when there is little doubt that they were probably built on top of Roman ruins. Other members of the ex-ruling dynasty have been accused of stealing priceless archaeological artefacts and appropriating historic state buildings for their own private use. In short, Ben Ali and his extended family, the Trabelsis, not only treated Carthage as if it were their own private property but also flouted the rule of law (that they were charged to uphold) to continue their pillaging of Tunisia’s national patrimony.

     

    With the removal of Ben Ali and his crooked regime from power, Ennabli and a number of like-minded professionals have once more stepped forward to lead a new campaign to safeguard Carthage. Their demands are straightforward. First, the new Tunisian government needs to urgently approve the protection and development plan for Carthage that the previous regime had been stalling on (for the nefarious reasons set out above) since its drafting in 2000. Second, all illegal building projects on the site of Carthage and its environs must be halted immediately. Lastly, it must as quickly and transparently as possible restore to the people of Tunisia the national heritage that was stolen from them. These measures are essential if the new government is to prove to a sceptical public that it really can provide a much-needed fresh start for Tunisia. If it delays for too long, the danger is that people will start taking justice into their own hands, and the consequences of that could be absolutely catastrophic.

     

    • There is a petition to sign in support of the new campaign to save the site of Carthage here

    (Source: guardian.co.uk, Wednesday 9 February 2011 12.49 GMT)

    أعداد أخرى مُتاحة

    Langue / لغة

    Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

    حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.