Hammam Lif – Rassemblement des Amis de l’environnement (soutenu par le parti « Tunisie Verte ») AP: Des personnalités tunisiennes appellent le président Ben Ali à briguer un sixième mandat Yahyaoui Mokhtar: L’Appel des 65 : À quoi rime cette comédie ? AFP: Tunisie: spectacle annulé sur fond de polémique autour d’Israël
Jamel Heni: Tunisie. Mohsen Cherif et la mare aux canards
Haaretz: Israeli held in Libyan prison freed in secret deal Bassam Bounenni : Le RCD face à un choix : parti au pouvoir ou parti du pouvoir ? Leaders: Les deux nouvelles radios: signature cette semaine des conventions Réalités: Tunisie Hichem Abdessamad, historien : ‘On manque toujours d’une biographie historique de Bourguiba’ Jeune Afrique: L’homme qui empêche le Pentagone de dormir Alarabiya: Sudan: Three Scenarios
Hammam Lif : Rassemblement des Amis de l’environnement
(soutenu par le parti « Tunisie Verte »)
Des personnalités tunisiennes appellent le président Ben Ali à briguer un sixième mandat
AP: 09/08/10 20:33 TUNIS (AP) — Plus de soixante personnalités tunisiennes de divers bords ont lancé un appel à l’actuel président Zine El Abidine Ben Ali, âgé de 74 ans, à se représenter aux élections de 2014 pour briguer un sixième mandat successif, selon une déclaration commune publiée lundi par la presse locale. Cet appel aussitôt dénoncé par le parti démocratique progressiste (PDP), principale formation de l’opposition radicale, intervient moins d’un an après les élections d’octobre de 2009 remportées par près de 90% des suffrages par l’homme fort de Tunis au pouvoir depuis 23 ans. Les dispositions en vigueur de la Constitution limitent l’âge maximum du candidat à la magistrature suprême à 75 ans. Aussi, une nouvelle révision de la loi suprême serait-elle nécessaire le cas échéant pour permettre au président en exercice de briguer un nouveau mandat. Les signataires, des hommes d’affaires, d’anciens responsables politiques, des artistes, des médecins, des journalistes, des avocats, des universitaire et des sportifs, exhortent le président Ben Ali à « poursuivre (son) leadership et (son) action afin de consolider davantage la stabilité, le progrès et la prospérité » du pays. « La Tunisie a encore besoin de vous, de votre vision perspicace pour gérer ses affaires et veiller sur son avenir », opinent-ils. Pour le PDP, cet appel « contrevient aux dispositions de la Constitution tunisienne, s’oppose aux aspirations des Tunisiens au changement démocratique et consacre le système de la présidence à vie ». « La Tunisie n’a nullement besoin aujourd’hui de revivre une expérience qui l’a conduit à la fin des années 1980 à une crise politique grave », avertit un communiqué de ce parti en allusion à la fin de règne de l’ancien président Habib Bourguiba qui, en dépit de son âge avancé et de sa maladie, s’était proclamé président à vie. Il a invite l’actuel président à « mettre la Tunisie sur la voie de l’alternance pacifique au pouvoir et assurer les conditions d’une élection libre et transparente pour 2004 ». AP
L’Appel des 65 : À quoi rime cette comédie ?
(Etienne Rey – Eloge du mensonge)
Il est tellement difficile d’expliquer pourquoi des hommes d’affaires, des artistes, des médecins, des journalistes et des juristes… d’horizons diverses et que rien ne réuni apparemment sentent le besoin de lancer un an à peine après la réélection du président Ben Ali à un cinquième mandatun appel pour « l’adjurer » à se présenter pour un sixième mandat en 2014.
«La Tunisie, a encore besoin de vous, de vos visions perspicaces pour la gestion de ses affaires et la conduite de son avenir. C’est pourquoi, nous vous adjurons de vous porter candidat à un nouveau mandat présidentiel à l’horizon 2014. » Écrient les signataires dans ce qui est déjà convenu d’appeler « l’appel des 65 »
En lisant le texte de l’appel on dirait que le président Ben Ali serait réticent à « poursuivre la direction de la Tunisie » comme il lui a été demandé trois semaines auparavant par les membres du comité central du parti dans leur motion du 17 juillet 2010.
Non, ce n’est pas le cas, tout le monde sait à l’intérieure comme à l’étranger que le président Ben Ali ne lâchera jamais le pouvoir de son propre gés. Alors la question n’est plus d’expliquer le pourquoi du lancement prématuré de cette campagne de sollicitation amis de savoir à quoi rime cette comédie ?
S’il est clair que le pouvoir se dirige vers la réédition du scénario de 2001 qui à conduit à l’amendement de la constitution pour permettre au même président Ben Ali de contourner l’empêchement constitutionnel et se présenter à un quatrième puis à un cinquième mandat il n’est pas aussi certain que les conditions qui ont permis ce putsch constitutionnel vont être réunies cette fois aussi.
Je ne vais pas m’hasarder à donner une lecture de la situation dont je suis certain que les initiateurs du putsch qui ce dessine sont mieux fournie en données et en compétence que moi pour la faire.
Je ne vais pas non plus tromper personne en dissimulant l’état de délitement et de démagogie qui prévaut dans le paysage politique tunisien en ce moment et qui empêche toute initiative d’alternative à la dictature actuelle d’émerger.
Je ne crois pas non plus qu’un cri de rage et de mépris comme celui exprimé par mes amis de Takriz suite à la publication de cet appel peut nous avancer vers ce que nous aspirons tous pour notre pays, notre peuple et nous même en ce moment.
Mais la seule chose dont je suis certain est que notre pays est en pleine crise et que le maintien de Ben Ali au pouvoir est la cause et non pas la solution. Yahyaoui Mokhtar – Tunis Le 09 Aout 2010
(Source: « Tunisia Watch » le 9 aout 2010)
Tunisie: spectacle annulé sur fond de polémique autour d’Israël
Par AFP 09/0872010 TUNIS — Le Festival international de Carthage en Tunisie a annoncé l’annulation d’un spectacle initialement programmé lundi, dans la foulée d’une polémique autour de la participation d’artistes tunisiens à des récitals pour public israélien. « La direction du festival a décidé d?annuler le spectacle Nouraniet (nldr: Lumières) initialement programmé le 9 août à l’amphithéatre de Carthage », a annoncé cette direction dans un communiqué publié à Tunis. L’annulation a été décidée à la demande de Selim Baccouche, principal acteur du spectacle musical monté avec le Turc Ilyes Ousbek, l?Algérien Abdallah El Kord et les Tunisiens Mohamed Lassoued et Kamel Abassi. Celui-ci s’est dit « indisposé », selon la direction du festival de variétés le plus prestigieux de Tunisie. Selim Baccouche, dont une conférence de presse a été annulée, avait été la cible d’une vague de condamnation sur internet liée à sa présence filmée, aux côtés d’autres artistes, dans des soirées organisées pour un public israélien. La polémique a éclaté lorsqu’une vidéo diffusée sur le réseau Facebook a montré un des interprètes tunisiens, criant lors d’une concert des vivats à l’adresse du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Les internautes ont réagi par milliers pour exiger l’annulation du concert de Selim Baccouche, d’autres allant jusqu’à appeler à le déchoir de sa nationalité tunisienne. Plusieurs syndicats, dont celui des musiciens, ont condamné « une atteinte au sentiment national » et « un acte indigne » des Tunisiens, solidaires de la cause palestinienne et globalement hostiles à une normalisation avec l’Etat hébreu. Selim Baccouche, qui a été montré sur une autre vidéo animant une soirée en marge du pèlerinage de la synagogue de la Ghriba à Djerba (sud de la Tunisie) a indiqué n’avoir fait que répondre à la demande d’un public, devant lequel « tous les artistes tunisiens, sans exception aucune », se produisent chaque année. « Pourquoi cette vidéo est-elle apparue une semaine avant la date de mon spectacle ? (…) Je ne le comprends pas », a lancé le chanteur, interrogé sur le site Kapitalis.
Jamel Heni, Paris. jamelheni@gmail.com
Quoi dire? Le chansonnier tunisien Mohsen Cherif lança un vivat bien appuyé à la gloire de Netanyahu. Serait-ce tout? Non. Laissez-moi finir. Trois vilains gros canards, bien des mares de chez nous, surgissent par à-coups aux mêmes noces «tunisiennes», à Eilat, en Israël. Serait-ce tout? Mais non! Quarante milles appels à déchoir le malheureux Cherif de sa seule nationalité tunisienne, sur Facebook! Et ce n’est pas tout. Des voix, toujours les mêmes, brisent le même silence pour dénoncer les mêmes excès et rappeler aux mêmes nuances! Et ce sera tout. Car je n’en peux plus… Reprenons. Mohsen Cherif accéda à la demande d’un invité. Et alors. Attendez… Par ces temps de nuances, il convient toujours de savoir laquelle! Eh bien, le chansonnier de noce acquiesça à un hôte quêtant des vivats pour son premier ministre. Benjamin Netanyahu! Ah non, tout de même, un mariage juif tunisien n’est pas une réunion de parti d’extrême-droite sioniste! Et même, comment tolérer que l’amalgame juif-sioniste, soit promu par une frange de la communauté binationale? Dans l’ordre. La communauté virtuelle s’en fâche à mort sur la toile et appelle à sanction. Les élites «dominées» (par le capital financier et politique) s’inscrivent clairement en faux contre toute normalisation culturelle avec Israël. Les élites dominantes (au service du capital financier et politique) font dans la nuance, enfilent leur tablier d’éternels rédempteurs de l’esprit tunisien (ils se découvrent d’un coup nationalistes, localement humanistes, pour les besoins de l’argument cette fois-ci)… Tout le monde est là, je n’ai oublié personne! Bien. Voici. Quelque chose en moi s’est brisée. Je ne pense plus comme avant. Et je pète les plombs, tous les plombs… Les nouveaux imposteurs Cette fois, je dirais tout. La vie n’est pas rose. Non pas ce matin-là, non. Je vois mon pays sur le fil. En l’air. «Le plus dur n’est pas la chute mais l’atterrissage». Grosse m… En l’air. Légers et insoutenables. Tant qu’à faire, un vivat raciste. Tant que ça chute, un vivat raciste. Après la Shoa, après Gaza, quelques «écrivains publics» seront là à nous blanchir le c…. Tant que ça chute, le pays cherche sa mère, son père, et ses petits frères. Les nouveaux imposteurs (j’aime bien comment ils insultent, mais là ils en seront pour leurs frais, arroseurs va!) lui indiquent la robotique culturelle. Ils affirment que nous sommes clonés. Surgis ex nihilo, sans amour ni conquête. Les paranos. Vous voyez le truc. Un puits de parano. Nous serions sans histoire, tant que la nôtre ne leur va pas. Ils en auraient souhaité mieux. Sauf que nous aussi nous aurions souhaité mieux et surtout une meilleure élite dominante. Choisit-on sa mère?! Un puits de parano ; les enfoirés. Refaire le monde, le soumettre noir sur blanc à leur diktat ne suffit plus, encore faut-il refaire l’histoire, son «état civil»! Qui dit mieux. Un critique télé. Un autre, puis un monstre de théâtre. Deux ou trois universitaires attitrés de la nuance proche-orientale! Et hop là. On nationalise et internationalise à la tête du client. Le Pakistan, le Yémen, l’Iran, ça va, on porte. La Palestine, trop large. Voyons voir. Ils protestent contre les «défenseurs autoproclamés de la Palestine»! Ce n’est même pas superficiel, dirait Nietzsche, c’est tout simplement abject. Alors qu’ils passent leur vie, combat noble et absolument nécessaire, absolument urgent, vital et inéluctable contre les infréquentables barbus, alors qu’ils passent leur vie à défendre les femmes iraniennes, yéménites, les beurettes humiliées de Saint Denis… Quoi? Se seraient-ils autoproclamés porte-parole de la Tunisie, pourvu qu’elle la ferme, pourvu qu’elle cesse d’avoir ses oreilles pour entendre et ses yeux pour voir. Les enfoirés. Ils mettent du droit dans les cœurs, maintenant. Ne ressentez pas ceci, ressentez plutôt cela… Plus parano? Ah! Bonnes colères et beau rôle Et je ne pense plus comme avant. Je regarde au fond du puits, il n’y a que leur parano. Que croient-ils au juste? Que nous soyons, si clonés que ça. Eh bien, chers imposteurs. Les quarante milles appels à sanction ne sont pas un détail de l’histoire. Avec d’assidus lecteurs, les élites dominées, celles qui n’ont pas intérêt à mentir, ne supportent plus la posture aérienne. Ils cassent la corde et s’impatientent d’atterrir quelque part, là où l’histoire a choisi sa nature. Là où les choses se font d’elles mêmes, naturellement, génétiquement si vous voulez. Sans hargne contre papa ni maman. On ne choisit pas sa mère. Ni son père. Chutons ailleurs, atterrissons à Tunis. A Tunis. Un pays qui avait aboli le racisme, un siècle avant l’Europe (enfin presque !), et qui ne se voit pas y revenir, fût-ce l’excuse des noces! Dans un moment de lucidité honnête, proprement interdit aux salauds, les élites dominées, les syndicats tunisiens, les hommes de lettres, de sciences, les artistes, les bonnes gens se demandent: «Quelle aurait-été la réaction de nos concitoyens juifs si Cherif avait scandé un vivat à la gloire du Führer? Quelle n’aurait été la colère des nouveaux imposteurs, intermittents de l’humanisme. Enfoirés, ils auront toujours les bonnes colères qui rapportent! Ils ressentent toujours ce qu’il faut pour avoir le beau rôle! Je ne pense plus comme avant. La Tunisie, qui n’a pas intérêt à mentir, s’impatiente d’atterrir. A Tunis. Du côté des Palestiniens, victimes du racisme sioniste dont Netanyahu est l’ultime expression. Du côté des femmes iraniennes, des veuves gazzaouites, sans distinction mal élevée. On ne choisit pas sa mère, ni son père, ni ses frères. Oh que si. (Source: Kapitalis.com le Lundi, 09 Août 2010 08:08 )
By Barak Ravid
Rafael Haddad was arrested on suspicion of spying while photographing buildings on behalf of society that seeks to preserve Libyan Jewish history.
Complex and secret negotiations between Foreign Minister Avigdor Lieberman and the Libyan authorities came to a dramatic conclusion Sunday when an Israeli who disappeared in March was freed from a Libyan prison.
Rafael (Rafram) Haddad, who is active in a society that seeks to preserve Libyan Jewish history, arrived in Vienna late Sunday after five months in prison.
Haddad, who holds dual Israeli and Tunisian passports, is due in Israel on Monday.
The ordeal began in March, when Haddad arrived in Libya to photograph buildings that once belonged to the Jewish community. While photographing one of the buildings, he was arrested by the local police and subsequently handed over to the Libyan intelligence authorities, on suspicions that he was a spy.
The entire affair has been subject to heavy censorship since March.
According to a senior government official, at the time of his arrest Hadad managed to telephone relatives inTunisia, where he had been living for several years after moving there from Israel. The relatives contacted the Israeli foreign ministry, which opened contacts with Libya via several secret channels.
Israel approached several countries including the United States, France and Italy with a request to intercede with the Libyans, asking the intermediaries to stress that Hadad was not a spy but rather a civilian who had shown a lapse in judgment.
Italy’s intelligence agency played a central role in early attempts to free Hadad after Prime Minister Benjamin Netanyahu made a personal approach to his Italian counterpart, Silvio Berlusconi. American Jewish groups are also thought to been involved in negotiations.
But representations through official channels failed and two months ago, Foreign Minister Avigdor Lieberman decided to use private contacts close to the Libyan regime to push for a deal. Lieberman approached a number of central and eastern European acquaintances, including Austrian businessman Martin Schlaff, a friend of Saif al-Islam Gadhafi, son of the Libyan leader.
Schlaff returned with a Libyan offer of a deal and Israel eventually allowed the cargo of a Libyan aid ship into the Gaza Strip in exchange for Hadad’s release.
(Source: Haaretz.comle 9 aout 2010)
Le RCD face à un choix : parti au pouvoir ou parti du pouvoir ?
Par Bassam Bounenni Le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) maintient toujours sa mainmise hégémonique sur la Tunisie. Mais, une ouverture politique pourrait-elle s’effectuer sans ce parti qui a accapare l’essentiel de l’exécutif tunisien depuis la création de son ancêtre, le parti du Néo-Destour, en 1934. Certaines franges de l’opposition tunisienne soutiennent que le RCD est en soi l’un des aspects du blocage politique actuel. Et, partant, il devrait etre exclu de toute entreprise de décrispation ou de réconciliation nationales. Cette attitude est partagée depuis plusieurs décennies par d’ex-ténors de l’ex-Parti Socialiste Démocratique (PSD) qui, a l’image de l’ex-ministre, Béji Caïd-Essebsi, sont convaincus que le statut du PSD, puis, du RCD, sont passes de celui de « parti au pouvoir » à celui, moins complaisant, de « parti du pouvoir ». En d’autres termes, la vitrine politique d’un système à la limite de l’apolitisme. L’envers du legs Héritier du Néo-Destour et du PSD, le RCD n’a pas vraiment rompu avec ses prédécesseurs. A part le changement d’appellation et les tentatives de tourner la page bourguibienne, vraisemblablement pour marquer le changement a la tête de la magistrature suprême, le parti avance encore la question de « légitimité historique » pour décrire son rôle majeur dans la lutte contre l’occupant français, puis, dans la construction de l’Etat. Cette thèse est vraie, dans d’énormes proportions mais elle ne constitue, au final, qu’une vision réductrice du mouvement national, dont la chronique est enfantée par des Tunisiens appartenant a toutes les formations politiques de la place, outre le citoyen lambda qui a paye cher le prix, sinon de son engagement pour la libération de la Tunisie, de sa naissance dans un pays colonise. Le RCD, tout comme le PSD, s’adjuge, donc, la pluie et le beau temps. Mais, il n’admet, a aucun moment, sa responsabilité, ne serait-ce au plan éthique, des tempêtes qui ont éclaboussé la Tunisie. Même pas en tant que simple accident de passage et même pas aux moments les plus rudes au sein même du parti. Cinq événements à l’appui : le différend Bourguiba-Ben Youssef et la répression qui s’en est suivie, l’épisode « Lazhar Chrayti » et les responsables PSD qui y étaient impliques, l’exclusion des 11 militants signataires du célèbre Manifeste du 13 octobre 1972, les élections frauduleuses de 1981 et les amendements successifs de la Constitution tunisienne, depuis 2002. L’argument de « légitimité historique », ainsi avance pour pérenniser l’hégémonie politique du RCD et son observance d’une intransigeance, de plus en plus destructrice, face aux revendications, somme toute légitimes, d’ouverture, au nom de la Constitution, seul et unique garant du droit a la participation politique, n’est plus aussi solide qu’il était, en tant que raison d’Etat, au lendemain de l’instauration du système républicain. Parallèles peu convaincants La « légitimité historique » n’a pas été uniquement l’aboutissement de l’historisation du mouvement national, oeuvre quasi exclusive du PSD, puis, du RCD, car détenant l’essentiel des archives nationales et présidant aux destinées de toutes les institutions scientifiques de la Cite. Elle est également importée d’expériences, parfois, lointaines, aussi bien en termes kilométriques que politiques. L’exemple que certains hauts responsables du RCD avancent le plus souvent est celui du Parti social-démocrate Suédois des Travailleurs (SAP). Fonde en 1889, il était au pouvoir de manière presque non discontinue entre 1928 et 1996. Sauf que l’on est assez loin, non seulement du schéma politique suédois mais aussi et surtout de la manière avec laquelle le SAP avait dirige l’Etat. Primo, ses meilleurs scores n’ont jamais dépassé les 53.8 %, scores obtenus lors des législatives de 1940, a un moment ou l’opinion publique suédoise craignait l’effritement des blocs politiques traditionnels et, donc, l’hétérogénéité de la prise de position en temps de guerre. Secundo, neuf dirigeants – dont une direction collégiale – se sont succédé à la présidence du SAP, entre 1889 et 2010, avec un record de longévité de 23 ans pour Tage Erlander, détenteur également du record de longévité à la tête du gouvernement. Mais, faut-il préciser, ici, que la Suède est une monarchie constitutionnelle et non une république présidentielle. Tierzo, le SAP ne revendique que 125 mille adhérents pour une population d’un peu plus de 9 millions d’habitants. Un corps de plus en plus vulnérable Donc, on est loin des 2 196 323 membres, annonces en grandes pompes, lors du Congres du Defi en 2008. On est même loin des 75 931 000 membres – pour une population de 1 400 214 020 d’habitants – revendiques par le Parti Communiste chinois. Le clientélisme hantant de plus en plus les différentes structures du RCD, le nombre d’adhérents devient un lourd fardeau d’hybridité, que la direction du parti doit prendre en compte. En effet, le parti au pouvoir s’apparente plus à un forum qu’a une composition politique. Les dernières élections municipales ont connu des prises de positions peu habituelles au sein du RCD, certains sympathisants ayant exprimé leur mécontentement quant aux choix des candidats en lice et, de surcroît, dans des villes traditionnellement conquises à sa cause, telles que Monastir. Au sein du barreau, les désaccords entre avocats Rcdistes étaient plus flagrants, ce qui expliquera l’émergence d’une direction plutôt indépendante. A l’origine de la vulnérabilité du parti, jamais admise par sa direction, plusieurs formes de ratages, de manquements et d’incohérences. Parachutage à la tête du RCD L’organisation interne du parti et les élections au niveau des structures de base ne font plus l’unanimité. Et, pour cause le fait qu’en s’acheminant vers le haut de la hiérarchie, et plus précisément, a partir du titre tant convoité de secrétaire général de comité de coordination, la condition d’avoir appartenu au parti pour une période prédéterminée, imposée aux prétendants aux postes de président de cellule ou de fédération ainsi que pour les candidats au Comité central, est abrogée. La base est, donc, dirigée par des responsables dont la culture voire les convictions ne sont pas forcément rcdistes. Les fins, d’abord. Puis, la loi. C’est dans cette atmosphère où la base n’a plus le dernier mot que la Charte du RCD est devenue quasi caduque. En témoigne le peu de souci à respecter ce document majeur pour toute composition politique, lors du Congrès du défi, en 2008. Précédant l’échéance électorale de 2009, les Congrès devaient confirmer, comme prévu, la candidature du Président Zine El Abidine Ben Ali. Mais, voilà le Président lui-même faisant l’annonce, alors que la Charte est claire : les Congressistes doivent débattre de la question, proposer des noms, trancher et proposer à l’heureux élu qui, lui, décidera, avec le plein de droit de refuser. Puis, à la fin des travaux du même Congrès, les participants ont omis de réélire le Président Ben Ali à la tête du RCD. Car, la présidence du parti n’est pas un fait accompli. En outre, le parti au pouvoir fait fi des dispositions de la Loi organique sur les partis politiques, en se réservant le droit de ne pas inscrire au Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT) les modifications qu’il apporte à sa Charte ou à ses structures, pourtant stipulé par ladite loi dans ses articles 9, 14 et 15. Un exemple à l’appui : quand le parti a limité le nombre de vice-Présidents à un seul, au lieu de plusieurs, comme ce fut le cas, avant son Congrès de 2008, cette modification, pourtant majeure, n’est pas publiée au JORT. Un parti. Des identités Outre les ratages et les manquements, susmentionnés, le parti fait face à un enjeu majeur, celui de façonner une identité qui soit la sienne et qui lui permette de se dissocier de ses détracteurs. Le domaine le plus flagrant dans lequel le parti peine à avoir un mot et un seul a dire est celui de la religion. Le PSD, virulemment critiqué pour ses positions qualifiées d’anti-religieuses, aussi bien par les citoyens de confession musulmane que par les citoyens de confession juive ainsi que par la minorité chrétienne, a offert ses bons offices lors du célèbre procès du penseur égyptien, Sayyid Qutb, pour empêcher son exécution, en août 1966. Le parlement tunisien condamnera la pendaison de Qutb dans un communiqué. Plus récemment, le RCD invita à ses symposiums des personnalités proches voire membres des différentes antennes des Frères musulmans, tels quel le fondateur du Mouvement de la Société pour la paix, Mahfoudh Nahnah, ou encore le secrétaire général de l’Union Mondiale des Oulémas Musulmans. Le même parti RCD refuse, depuis plusieurs années, de reconnaître l’Association Tunisienne pour la Défense de la Laïcité. Quel poids ? Par conséquent, il est légitime de dire que le RCD n’est pas un parti homogène. D’où son hégémonie. En effet, accueillant des centaines de milliers de Tunisiens appartenant à plusieurs courants politiques, sous la pression du clientélisme, le parti accapare l’essentiel de l’opinion publique nationale. Parfois, sans conviction, l’obsession de légitimité étant entérinée par une base populaire qui, paradoxalement, n’infirme pas le scepticisme des détracteurs du RCD quant à la conviction justement d’adhésion au parti. C’est dans cette logique que le RCD est devenu le parallèle de toute initiative apolitique, syndicale et civile qui, par le présent ou le présent, a représenté un contrepoids au parti. C’est le cas de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT), affaiblie par les cellules professionnelles qui essaiment un peu partout dans le milieu professionnel et permettent, donc, au parti d’être omniprésent et, surtout, de veiller à ce que toute expression de mécontentement soit tue. Brouillamini et enchevêtrement Ce parallèle ne s’arrête pas au niveau apolitique ou, plus précisément, dans les milieux censés être neutres. L’Etat en soi se confond avec le RCD. Car, le Président du parti est lui-même chef d’Etat. Pourtant, la magistrature suprême suppose que le Président de la République soit Président pour tous les Tunisiens et est, donc, appelé à démissionner de son parti politique. C’est ainsi qu’en France, par exemple, un prétendant à l’Elysée démissionne de son parti dès que celui-ci confirme sa candidature. Dissocier la présidence de la république de la présidence de tout parti au pouvoir est, donc, un impératif. Voire une aubaine. Car, cela permettra l’émergence d’une nouvelle direction et créera, donc, dans les différentes structures une dynamique inouïe. Un nouveau souffle, somme toute. Au-delà de la sphère claquemurée du parti, cela permettra, également, à toutes les autres compositions politiques d’œuvrer de concert avec la présidence de la république avec en ligne de mire le sacro-saint principe de continuité de l’Etat. Et, non, du parti. Une Tunisie sans RCD ? C’est cela justement que démontre l’ex ministre, Béji Caïd Essebsi, dans son livre « Habib Bourguiba. Le Bon grain et l’ivraie », en insistant sur l’effet pervers du blocage et en considérant que ce processus étant désormais irréversible, seule une volonté politique précipitera un éventuel déblocage. Au sein de l’opposition s’élèvent des voix ne concevant la solution à la crise politique actuelle sans l’affaiblissement du RCD voire sa neutralisation, pure et simple. Le fardeau, assez lourd, des expériences antérieures, parfois dramatiques, ne peut en soi légitimer la simplification de l’alternative, qui devrait être consensuelle, dans le rejet d’une composante majeure de la scène politique tunisienne de la taille du RCD. Car, vaille que vaille, l’alternative se jouera, dans d’énormes proportions, au sein même du RCD. Soit le politique dira son mot et finira par concéder les impératifs du moment, avec pour mot d’ordre l’ouverture politique, soit le RCD demeurera le parti du pouvoir en n’ayant pour seule et unique mission que de cautionner des évolutions anticonstitutionnelles.
Les deux nouvelles radios: signature cette semaine des conventions
Tunisie Hichem Abdessamad, historien
: ‘On manque toujours d’une biographie historique de Bourguiba’
L’homme qui empêche le Pentagone de dormir
Par Nicolas Marmié La publication sur son site internet Wikileaks de 92 000 documents confidentiels sur la « sale guerre » en Afghanistan plonge dans l’embarras les responsables américains. Mais qui est donc Julian Assange, ce mystérieux activiste de la cybertransparence ? Le nouveau chevalier blanc des médias est aussi le mouton noir du Pentagone et des grandes agences de renseignements. En publiant sur son site participatif wikileaks.org quelque 92 000 rapports confidentiels concernant les opérations de guerre en Afghanistan entre 2004 et 2009, l’Australien Julian Assange a jeté un gros pavé dans la mare médiatique internationale. Ces documents émanant notamment de militaires américains racontent au jour le jour la « sale guerre » dans laquelle se sont enlisées les troupes de la coalition internationale dirigées par les États-Unis, sous la bannière de l’Otan. Simultanément publiés par trois prestigieux titres de la presse écrite internationale (The Guardian, The New York Times et Der Spiegel), qui ont respecté l’embargo imposé par Wikileaks afin d’examiner leur authenticité, ces documents ne contiennent à proprement parler aucune révélation. Simplement la confirmation de ce que les états-majors des pays de la coalition s’efforcent d’occulter. Notamment la collusion entre une frange des services secrets pakistanais et les talibans, l’aide financière aux insurgés, le noyautage et la corruption de la classe politique afghane et les terribles revers militaires subis sur le terrain par les forces occidentales. Le nombre des victimes civiles – 195, officiellement – au cours de la période concernée devrait également être revu à la hausse, certains rapports indépendants faisant état de plusieurs centaines de morts. L’un d’eux mentionne par exemple l’exécution d’un civil afghan sourd et muet qui tentait de fuir un raid des forces spéciales occidentales dans son village… Le bilan officiel des victimes collatérales est déjà contesté par plusieurs ONG et a été officiellement mis en doute par les autorités afghanes. Ce qui n’a pas empêché le président Hamid Karzaï de juger l’initiative de Wikileaks « choquante » et « irresponsable » dans la mesure où elle mettrait « des vies en danger ». Ces vies sont notamment celles des informateurs et agents doubles afghans utilisés par la coalition dont l’identité a été révélée. Le président Obama lui-même s’est déclaré « inquiet » des conséquences de ces cyberrévélations, qui, officiellement, ne sont plus d’actualité, car antérieures au « changement de stratégie » en Afghanistan amorcé en décembre 2009. « Fuites rapides » Preuve pourtant de la nervosité de l’administration, qui n’est pas sans évoquer celle qui suivit la publication des « Pentagone Papers », en 1971, en pleine guerre du Vietnam, l’inculpation du soldat Bradley Manning, soupçonné d’être une « taupe » de Wikileaks. Présenté comme un « analyste du renseignement » et déjà accusé d’avoir « balancé » sur internet des images d’une bavure meurtrière en Irak, Manning encourt jusqu’à cinquante ans d’emprisonnement. Une enquête criminelle a été ouverte par le Pentagone pour « atteinte à la sécurité nationale », afin de tenter d’identifier les autres contributeurs de ces « carnets de guerre ». « Par nature, si le journaliste est bon, il est controversé », répond le charismatique et mystérieux Julian Assange. Placé sous étroite surveillance par les services de renseignements occidentaux, en particulier la CIA, ce jeune homme de 39 ans aux cheveux prématurément blanchis se fait discret et a décidé, sur le conseil de ses avocats, de ne plus mettre les pieds aux États-Unis. Certains responsables américains plaident en effet pour son inculpation pour « coespionnage », même si les textes restent flous concernant les ressortissants étrangers. Mais, le 26 juillet à Londres, Assange a quand même donné une conférence de presse pour justifier son action militante et dénoncer « les crimes de guerre » commis en Afghanistan. L’objectif de Wikileaks (littéralement : « fuites rapides ») est de devenir « le service de renseignements du peuple ». Rien de moins. Lancé en 2007, ce franc-tireur de la transparence, véritable machine à produire des scoops dont l’accès est restreint en Chine et en Russie, n’en est pas à son coup d’essai. Hébergé pour l’heure en Belgique et en Suède, le site a déjà publié des documents explosifs comme le contenu compromettant des courriels privés de Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence en 2008, ou des rapports d’activité du courtier pétrolier Trafigura, impliqué dans le scandale sanitaire du Probo Koala, en Côte d’Ivoire. En novembre 2009, Wikileaks avait mis la Toile en ébullition en mettant en ligne près de 500 000 textos envoyés par des responsables américains ou de simples citoyens le 11 septembre 2001. Aujourd’hui, Assange mène une active campagne auprès des parlementaires d’Islande pour faire de ce pays, frappé de plein fouet par les falsifications qui ont conduit au krach financier de 2008, un sanctuaire de la liberté d’expression et de la circulation des informations sur internet. « Le rôle d’un bon journaliste est de s’attaquer aux abus des puissants », théorise le jeune Australien, qui mène une vie de nomade entre l’Afrique, la Suède et l’Islande. Mais avec quel passeport ? Régulièrement poursuivi en justice mais jamais condamné, il explique : « Pour repousser ces attaques et garantir la sécurité de nos sources, nous avons dû disséminer nos biens, tout crypter et déplacer souvent les systèmes de télécommunications et notre personnel un peu partout dans le monde. » Protection des sources Wikileaks met en effet la protection et l’anonymat de ses sources au pinacle de ses valeurs. Un système crypté très sophistiqué de correspondance avec ses informateurs (journalistes, experts, agents de sécurité, avocats…) a été mis en place par l’ex-hacker australien, qui, selon les maigres éléments publics de sa biographie, a été condamné en 2001 pour « piratage informatique ». Souvent qualifié de « lanceur d’alerte », de « corsaire » ou de « contrebandier » de l’information, Julian Assange a déclaré la guerre à l’opacité derrière laquelle les « puissants » cherchent à se protéger. En Afghanistan, mais aussi en Irak, un nouveau front, numérique celui-là, s’est donc ouvert pour l’armée américaine, qui, au milieu des années 1960, avait pourtant largement contribué à la mise au point d’un nouvel outil qui révolutionne aujourd’hui l’ordre mondial de l’information : internet. Mais le Pentagone n’est évidemment pas le seul concerné par les enjeux du néojournalisme.
Sudan: Three Scenarios
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