TUNISNEWS
9 ème année, N° 3425 du 08.10.2009
CIDT-TUNISIE: Développement capital inespéré dans l’affaire; Faïsal BARAKAT est toujours vivant,
Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie
Collectif pour le boycott des élections d’octobre 2009 en Tunisie: Dénonçons la mascarade électorale du 25 octobre
AP: Le président tunisien salue les initiatives d’Obama sur le Proche-Orient
AP: Le tourisme en baisse de 2% en Tunisie
Le Monde: « L’opposition instrumentalise les droits de l’homme », selon le gouvernement tunisien
Hamadi Redissi: Do Elections Have Meaning?
Carpe Diem: Guerre d’image
Bilel: POOL POSITION
AFP: Une organisation musulmane canadienne appelle à l’interdiction de la burqa
AFP: Brisés par la Stasi, ils échangent leurs souvenirs pour s’entraider
Le livre de Mohamed Bouebdelli:
« Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’est plus un pays de liberté »
est disponible au kiosque du Montparnasse, angles du Boulevard Montparnasse et de la rue du Départ à Paris.
CENTRE D’INFORMATION ET DE DOCUMENTATION SUR LA TORTURE CIDT-TUNISIE Association de citoyens du monde pour le droit des Tunisiens à ne pas être torturés Membre du Réseau SOS-Torture de l’OMCT-Genève Comité d’honneur : M. Jacques FRANÇOIS Mgr Jacques GAILLOT Dr. Hélène JAFFÉ M. Gilles PERRAULT M. François DE VARGAS Président : Jean-Marc MÉTIN Besançon, le 8 octobre 2009
Développement capital inespéré dans l’affaire; Faïsal BARAKAT est toujours vivant
LE GOUVERNEMENT TUNISIEN ACCEPTE LE PRINCIPE DE L’EXHUMATION JUDICIAIRE DU SQUELETTE DE LA VICTIME
Il y a 16 ans jour pour jour, le 8 octobre 1991, le jeune étudiant Faïsal BARAKAT décédait dans le bureau du capitaine Abdelfattah LADIB, chef de la brigade de Recherches de la Garde nationale de Nabeul, à la suite d’une journée de torture non stop menée par une demi-douzaine d’agents tortionnaires. « C’est un accident de la circulation », claironne le gouvernement depuis le début de l’affaire. Mais alors, comment expliquer la « perforation de la jonction rectosigmoïdienne », relevée dans le rapport d’autopsie ? Autrement dit, qu’est-ce qui a entraîné une atteinte très localisée, voire quasi-chirurgicale, au niveau de la jonction entre l’intestin gros et le rectum, déversant leur contenu dans l’abdomen, ce qui explique la dernière et lugubre mention du rapport d’autopsie tunisien : « Estomac vide »? Les médecins légistes britanniques, danois et français* qui se sont prononcés sur le rapport d’autopsie tunisien ont déclaré possible qu’un accident de la circulation aboutisse à ce type de lésions. Mais alors il faudrait qu’elle soit accompagnée d’atteintes aux os environnants et de fractures au niveau du bassin, ce qui n’a pas été relevé par l’autopsie. Etant précisé que les dermabrasions et autres blessures relevées notamment au niveau de la plante des pieds, ne peuvent aucunement résulter d’un accident, de l’avis de tous ces éminents experts, qui ne se sont jamais concertés sur le cas. Pour départager définitivement les thèses en présence, le Comité contre la torture avait demandé dans ses Décisions dans l’affaire BARAKAT en date du 20 novembre 1999 que le squelette de la victime soit exhumé et ré-autopsié EN PRESENCE DES MEDECINS LEGISTES INTERNATIONAUX qui avaient eu à se prononcer sur ce dossier. Cette démarche ingénieuse vise à départager les deux thèses simples qui s’affrontent : a- Celle de la famille et de son mandataire au Comité, selon laquelle il s’agit bien d’un acte criminel délibéré par lequel on a fait exploser les intestins de la victime, entraînant sa mort. b- Celle de l’Etat tunisien, selon laquelle il s’agirait d’un accident de circulation suivi de fuite. Le raisonnement du Comité est le suivant : s’il s’agit d’un accident, un véhicule n’aurait pas pu cibler les intestins seuls. Le choc par tamponnage doit avoir provoqué de très importants dégâts dans les os du bassin où on devrait observer de multiples fractures. Mais si les os en question sont intacts, il faudra se rendre à l’évidence : ce sera sans nul doute possible LA PREUVE que la victime est décédée d’une agression humaine atroce et délibérée. Il suffirait donc de regarder le squelette de près… Voici ce que nous écrivions l’an dernier pour la même occasion : « Dans le cadre de sa nouvelle organisation, le Comité contre la torture poursuit ses efforts auprès du gouvernement pour obtenir que ses recommandations dans cette affaire en 1999 soient suivies d’effet. Il y a lieu d’espérer que l’affaire finira par bouger … » Or, il semblerait que nous ayons été entendus. Il nous est donc agréable d’annoncer à l’opinion tunisienne et internationale que le gouvernement tunisien a fait savoir à qu’il avait procédé à la réouverture du dossier BARAKAT dans les termes fixés par le Comité et qu’il avait fait désigner un juge d’instruction pour reprendre l’affaire, dans la perspective de l’exhumation du squelette, tel que recommandé par le Comité. Nous saluons cordialement ce développement capital. Mais nous nous en tenons là pour l’instant en attendant de voir comment va évoluer la situation dans les semaines qui viennent. Khaled BEN M’BAREK, Coordinateur Auteur des Communications CAT 14/1994 & CAT 60/1996 * Respectivement Pr. J. D. POUNDER, Département de médecine légale, université de Dundee (GB), Pr. B. NIGHT, Institut de Médecine légale du Pays de Galles (GB), Pr. L. Fournier, Institut de Médecine légale de l’université René Descartes (France) et Pr. Jørgen Thomsen, chef de l’Institut de Médecine légale de l’université d’Odense (Danemark) ** Les liens suivants portent les textes du Comité contre la Torture sur l’affaire Barakat : http://www.unhchr.ch/tbs/doc.nsf/23a89bf90e53e6ccc125656300593189/46b5caf9f05f83f9802567a6004cfd23?OpenDocument&Highlight=0,barakat http://www.unhchr.ch/tbs/doc.nsf/23a89bf90e53e6ccc125656300593189/3a3747c41a942b8e802568b8005058fb?OpenDocument&Highlight=0,60%2F1996 _________________________________________________________________________________ Centre d’information et de documentation sur la Torture (CIDT-TUNISIE) Association Loi 1901 23, rue Brulard F25000 Besançon. FRANCE. Tél./Fax : (33 3) 81 41 33 22 . E-mail: cidtunisie@free.fr CCP N° : 6 458 94 X DIJON
Liberté pour le Docteur Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité Organisation de droits de l’Homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Adresse électronique : liberte.equite@gmail.com Tunis, le 7 octobre 2009
Nouvelles des libertés en Tunisie
1) Nourane Abdellouf, ex prisonnier a été arrêté et menacé de renvoi Des agents de la police politique ont arrêté à trois heures de l’après midi du mardi 6 octobre Nourane Abdellouf, ex prisonnier politique, marchand ambulant de Menzel Bourguiba dans le gouvernorat de Bizerte, et l’ont conduit au district de police de Bab Souika à Tunis. Il y a été agressé très violemment, à coups de pieds et de poings qui lui ont laissé des contusions au visage et au cou dont les traces sont encore visibles. Ils l’ont soumis à un interrogatoire sur la raison de son déplacement de Menzel Bourguiba à Tunis et l’ont menacé, en présence du chef de poste de police de Bab Souika, de le renvoyer en Macédoine s’il ne se présentait pas hebdomadairement au poste du district pour les informer de ses déplacements et ce, alors qu’il n’est pas astreint à une peine complémentaire de contrôle administratif. Il n’a été libéré qu’au bout de deux heures et demies. Nourane Abdellouf est né en Macédoine le 30 juillet 1984 d’un père macédonien et d’une mère tunisienne. Il a les deux nationalités. Il a été emprisonné et condamné le mardi 7 octobre 2008 dans l’affaire n°11482 à deux ans d’emprisonnement pour non dénonciation d’informations en sa possession au sujet d’infractions terroristes. […] 4) Ali Ramzi Bettibi poursuit sa grève de la faim Ali Ramzi Bettibi, ex prisonnier d’opinion, continue sa grève de la faim pour le quatorzième jour d’affilée […] Depuis le onzième jour, son état s’est détérioré il a des vertiges et perd connaissance lors de la station debout. Il ressent des douleurs aiguës au cœur à la suite de crises répétées alors qu’il était en prison […] ces douleurs sont revenues ces jours-ci Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Collectif pour le boycott des élections d’octobre 2009 en Tunisie
Tunisie: Non à la présidence à vie Dénonçons la mascarade électorale du 25 octobre
Le régime de Ben Ali organise des « élections » présidentielles et législatives ce 25 octobre. Une nouvelle mascarade électorale, dont les résultats sont connus d’avance, tout comme ses précédentes. Le peuple tunisien est privé de libertés et de ses droits les plus élémentaires. Il ne jouit d’aucune liberté d’expression, de manifestation, d’organisation… Les opposants et les militants du mouvement associatif autonome subissent des violences policières recrudescentes. Le mouvement social est réprimé et les animateurs du bassin minier, condamnés à de lourdes peines, croupissent en prison depuis juin 2008. Le collectif pour le boycott des élections d’octobre 2009 en Tunisie vous invite à un rassemblement pour dénoncer cette mascarade électorale. Rassemblement à Couronnes (M° Couronnes, ligne 2) dimanche 11 octobre 2009 à 13h00 Avec le soutien de (premiers signataires): La voie démocratique (Maroc) – section France ; Le Parti d’Avant Garde Démocratique Socialiste (Maroc) – Fédéartion d’Europe ; Comité culturel pour la démocratie au Bénin (CCDB) ; parti communiste français (PCF) ; parti communiste des ouvriers de France (PCOF) ; nouveau parti anticapitaliste (NPA) ; congrès pour la République (CPR) ; parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT). —
Collectif pour le boycott des élections d’octobre 2009 en Tunisie 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris contact@boycottelections2009.net
www.boycottelections2009.net
Le président tunisien salue les initiatives d’Obama sur le Proche-Orient
Associated Press, le 7 octobre 2009 à 19h23 TUNIS (AP)–Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a salué mercredi « les nouvelles initiatives » prises par le président américain Barack Obama pour impulser le processus de paix au Proche-Orient. Dans une interview accordée à la revue « Afrique Magazine » à la veille des élections présidentielle et législatives du 25 octobre en Tunisie, il « forme l’espoir que ces initiatives, avec l’apport de la communauté internationale et de toutes les parties influentes, aideront à la création d’un nouveau climat propice au règlement pacifique des problèmes de la région ». Pour le président Ben Ali, il est « inadmissible que le peuple palestinien continue à souffrir de multiples dénis de droit et d’innombrables agressions, au mépris de toutes les conventions internationales ». « Cette situation ne peut plus et ne doit plus durer », lance-t-il en plaidant pour « des solutions équitables et durables » qui assurent « la paix et la sécurité à tous les peuples de la région ». Tunis qui a fermé sa représentation diplomatique à Tel-Aviv et celle d’Israël en Tunisie à la suite de la première Intifada en 2000, conditionne le rétablissement de ses relations avec l’Etat hébreu à l’évolution du processus de paix. AP
Le tourisme en baisse de 2% en Tunisie
Associated Press, le 7 octobre 2009 à 17h21 TUNIS (AP) — En progression constante depuis deux décennies, le tourisme tunisien a baissé de 2% sur les neuf premiers mois de 2009, et ce en raison de la crise mondiale, selon des statistiques fournies mercredi par le ministre du tourisme, Khélil Laâjimi. Le recul enregistré en provenance des pays européens a été relativement compensé par l’augmentation du nombre des visiteurs maghrébins, qui devrait atteindre d’ici la fin de l’année les trois millions: deux millions de Libyens et un million d’Algériens. Le responsable tunisien a jugé ces résultats « globalement satisfaisants », le baromètre de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT (OMT.V – actualité) ) tablant sur un recul de 5% du rendement du secteur. En 2008, le nombre de visiteurs avait atteint un record de près de sept millions. Sur les neuf premiers mois de 2009, il n’est que de 5,5 millions. Le nombre des nuitées a aussi régressé, à 29 millions (-8,6%). En revanche, les recettes ont cru de 3,6%, atteingnant l’équivalent de 1,4 milliard d’euros « malgré l’appréciation importante de la devise européenne » par rapport au dinar tunisien. Selon M. Laâjimi, les marchés en plus net recul le plus net sont ceux d’Europe de l’Est (Pologne, Tchéquie et Russie), en baisse de 20%, le glissement vers le bas de leurs devises rendant les vacances plus chères. A l’exception de la Grande-Bretagne dont le nombre de touristes a augmenté (214.000, soit +5,4%), les pays d’Europe occidentale se sont aussi inscrits à la baisse. Les Français qui détenaient la palme en 2008 avec 1,4 millions de visiteurs, ont été moins nombreux (-3,4%), les Allemands -7% et les Italiens -15%. Une des principales destinations touristiques de Méditerranée, la Tunisie compte un parc hôtelier de plus de 200.000 lits. Le secteur qui emploie plus de 300.000 personnes, couvre 60% du déficit de la balance commerciale. AP
« L’opposition instrumentalise les droits de l’homme », selon le gouvernement tunisien
LE MONDE | 08.10.09 | 15h45 • Mis à jour le 08.10.09 | 15h45
Tunis Envoyée spéciale
Vingt-deux ans après avoir pris le pouvoir, le président Ben Ali brigue un cinquième mandat. L’élection présidentielle qui se déroulera en Tunisie le 25 octobre sera sans grand suspens. L’« artisan du changement », comme l’appelle la presse officielle, sera reconduit à la tête du pays, faute de vrai concurrent. L’opposition et les défenseurs des libertés ont du mal à faire entendre leurs voix dans un pays loué par l’Occident pour ses performances économiques.
Béchir Tekkari, 57 ans, ancien doyen de la faculté de droit de Tunis, est ministre de la justice et des droits de l’homme depuis 1999.
Les organismes internationaux de défense des libertés dénoncent régulièrement la Tunisie pour ses violations des droits de l’homme. Les autorités, elles, ne cessent de parler de démocratie. Comment expliquez-vous un tel décalage entre le discours et la réalité ?
Il ne s’agit pas d’un décalage. Etant donné que la Tunisie a adhéré à tous les mécanismes de défense des droits de l’homme, on parle d’elle davantage que d’autres pays qui ne l’ont pas fait. Nous avons surtout une opposition qui instrumentalise les droits de l’homme. Parce qu’ils n’arrivent pas à convaincre par le biais de l’islam, les extrémistes religieux essaient de se présenter comme des victimes.
Il n’y a pas que les islamistes qui se plaignent de la répression. L’opposition laïque aussi.
Je vais être clair : si le PCOT (Parti communiste des ouvriers de Tunisie) n’est pas reconnu en Tunisie, c’est qu’il a toujours prôné la violence, notamment à l’université. Nous faisons face à deux courants extrémistes, l’un qui s’inspire de l’idéologie religieuse (Ennadha, interdit), l’autre du communisme. Ni l’un ni l’autre ne répondent aux critères des partis politiques tels qu’ils sont définis par la Constitution, mais tous deux exploitent par tous les moyens la question des droits de l’homme pour mettre la Tunisie en accusation.
Malheureusement, (à l’étranger), on écoute ces extrémistes, sans prendre en compte les conclusions des organismes onusiens, en particulier le rapport de mars 2008 du Comité des droits de l’homme qui nous est favorable.
Les opposants se plaignent d’être les victimes d’innombrables mesures de rétorsion : courrier électronique détourné, campagnes de presse diffamatoires, filatures policières, passages à tabac, comme en a subi, le 29 septembre, Hamma Hammami, le dirigeant du PCOT…
Ce sont là des affirmations sans aucun fondement. Leurs auteurs n’ont qu’à porter plainte. Une instruction suivra. Certains individus provoquent ce genre d’incidents ou les fabriquent pour attirer l’attention. Ce sont des moyens déloyaux de combat politique.
L’opposition dite « réelle » accuse M. Ben Ali de promouvoir une opposition de façade et de réviser tous les cinq ans la loi électorale pour écarter tout rival sérieux…
Je refuse cette dichotomie entre une opposition soi-disant réelle et une opposition qui serait de façade! Les amendements de la loi électorale visent au contraire à augmenter le nombre de candidatures, en particulier de l’opposition. Quand nous avons procédé à ces modifications, nous n’avions tout de même pas en tête Nejib Chebbi ou Mustapha Ben Jafaar (figures de l’opposition, sans siège au Parlement )! S’ils ne peuvent se présenter à l’élection du 25 octobre, c’est qu’ils ne répondent pas aux critères exigés. Et s’ils n’arrivent pas à entrer à la Chambre des députés, c’est qu’ils n’emportent pas l’adhésion populaire. Les partis d’opposition légale, présents au Parlement, jouent un vrai rôle critique. Le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique, majoritaire) est un parti fort, c’est vrai, mais pas hégémonique.
Les autorités sont accusées de tenter de récupérer l’islam politique et de pratiquer un jeu dangereux…
Nous n’avons pas à « récupérer » l’islam politique puisque l’islam est religion d’Etat en Tunisie. Ce qui se passe, c’est que certains ennadawis (les membres du parti islamique Ennadha) ont choisi de se démarquer de ce mouvement, ce qui est leur droit le plus absolu. Il est de notre devoir de les accueillir.
Deux neveux du président Ben Ali, Moez et Imed Trabelsi, sont impliqués dans l’affaire des yachts volés de la Côte d’Azur. Ils ont été mis en examen par la justice française, mais devraient être jugés en Tunisie. Y aura-t-il procès, et si oui, à quelle date ?
Ce procès exige d’abord une instruction judiciaire qui établisse la culpabilité de ces personnes. L’instruction est déjà engagée, à charge et à décharge. Elle sera achevée dans des délais raisonnables, c’est-à-dire d’ici quelques mois. Je peux vous assurer que la justice tunisienne agira en toute indépendance.
Propos recueillis par Florence Beaugé
Article paru dans l’édition du 09.10.09
(Source: « Le Monde » (Quotidien – France) le 9 octobre 2009)
Do Elections Have Meaning?
Hamadi Redissi (*) Tunisia will hold presidential and legislative elections on October 25, the fifth elections since Zein el Abidine Ben Ali took power in 1987 after dismissing as legally incompetent Habib Bourguiba, who had been Tunisia’s president since the republic was declared in July 1957. The Ben Ali regime has tried to add a type of electoral legitimacy to a closed political system centered on individual power and backed by the hegemony of the ruling Constitutional Democratic Rally (RCD). The current regime inherited a system in which the presidential and legislative elections were held concurrently in a single round to be won by a simple majority of votes, which facilitated the absolute monopoly of power until 1989. Furthermore, the prerequisites for presidential candidacy were biased. Since then, the Ben Ali regime has introduced some changes to the parliamentary election law and the process for nominating presidential candidates. The former required changing the electoral system. Since 1994 it has been a dual system, granting 75 per cent of seats to the party that attains a simple majority in the elections and 25 per cent to the other parties based on their share of the votes. In the current elections, this will amount to 161 seats for a single party—undoubtedly the RCD—and 53 seats for all other parties combined. This system allows for an appearance of pluralism in the Chamber of Deputies without threatening the ruling party’s hegemony. The opposition seats, meanwhile, are still divided among competing parties, whether pro or anti-government, which are essentially chosen by the authorities. In the upcoming round, there are nine parties vying for seats: six of them pro-government (the RCD, the Popular Unity Party, the Movement of Socialist Democrats, the Unionist Democratic Union, the Social Liberal Party, and the Green Party for Progress) and three opposition (the leftist Movement for Renewal, the liberal Progressive Democratic Party, and the social-liberal Democratic Forum for Freedoms and Labor). There is no legal Islamist party and thus no Islamist participation in the elections. Regarding the presidential race, a constitutional amendment approved in July 2008 stipulates that the head of any political party who has been in his position at least two years may run. (Before 2008, the constitution required any candidate to obtain endorsements from 30 members of the Chamber of Deputies or mayors, a goal that was practically unattainable for opposition candidates.) For this year’s election, the two-year stipulation rules out all but three candidates aside from Ben Ali. The most important is Ahmed Brahim, Secretary General of the Movement for Renewal, who is trying to run a serious campaign. The other two candidates–Mohamed Bouchiha of the Popular Unity Party and Ahmed Inoubli of the Unionist Democratic Union–are only in the elections to show (according to them) their support for the democratic course. The Constitutional Court rejected the candidacy of Mustafa Ben Jaafar of the Democratic Forum for Freedoms and Labor on September 27 because it ruled that he did not meet the two year rule. Partisan Oversight The current electoral model, which has been in place since the electoral code was issued in 1969, is now in the spotlight. This system transforms political competition into an administrative process wherein the Interior Ministry pulls all the strings throughout all stages of the elections, from registering voters to announcing the results. Unlike in liberal electoral systems, the legal code does not even explicitly outlaw electoral fraud. The ruling party candidate also is free to exploit the government monopoly over the audio-visual media, although a recent change in law requires the Supreme Council for Communications to preview all campaign ads. An opposition proposal to create an independent electoral commission fell on deaf ears. Ben Ali created a commission during his 1999 run for re-election, but its neutrality is compromised by the fact that its members are presidential appointees and its mandate limited to making observations rather than decisions. Present and Future Stakes In some ways, the Tunisian regime is little different from its counterparts elsewhere in the Arab world. The country is distinguished, however, by a dynamic economy based on domestic production and human capital unlike Arab rentier economies essentially dependent on oil income. Tunisia has not been deeply affected by the global financial crisis, although its annual GDP growth rate has been gradually slipping over the past 20 years, from 6 per cent to an average of 4-5 per cent more recently. Equality between men and women, in addition to a sizeable middle class, generally help the state to preserve social balance and comfortably keep its grip on civil society. Tunisia also stands out politically in the Arab world for its stability, which can be credited to the benefits of the corporate state. Since independence in 1956, there has been an enduring alliance among the ruling party, professional syndicates (industrial workers, artisans, and farmers), and women’s organizations that effectively closes out any potential competition. Thus it is inevitable that Ben Ali will win another term, but that does not mean the elections are without significance. First, a strong desire for greater freedom and for real rather than cosmetic change might allow the opposition to push back red lines and expand the margins of freedom. Second, as is the case in other Arab republics, Tunisia is running up against complications with succession at the top of the power pyramid. The Tunisian constitution does not allow the 73-year-old Ben Ali to run again for the presidency after this term, the maximum age being 75 years. This obstacle will be pivotal in reshuffling the political deck in Tunisia, raising the question of whether the regime will succeed once again in reinventing itself. (*) Hamadi Redissi is a political science professor at the University of Tunis. Paul Wulfsberg translated this article from Arabic. (Source : « Arab Reform Bulletin » (Washington », Octobre 2009) Lien: http://www.carnegieendowment.org/arb/?fa=show&article=23946
Guerre d’image
Par Carpe Diem Les médias tunisiens sont devenus experts dans la récupération et la manipulation des résultats obtenus par la Tunisie dans les différents classements internationaux. Après l’indice de qualité de vie présenté comme le fruit de 20 ans de « changement », omettant de préciser que le score de 2009 était en recul par rapport à celui de 2008 ; ou l’indice « d’instabilité politique et de vulnérabilité à l’agitation politique et sociale » présenté comme un indice de stabilité et de progrès démocratique alors qu’il ne faisait que refléter l’immobilisme politique du pays, nous avons eu droit cette semaine à l’indice de la gouvernance en Afrique. Cette fois encore, l’information était incomplète : elle ne mentionnait que la moyenne des scores obtenus par la Tunisie sur 5 critères d’évaluation, évitant de parler des notes très moyennes obtenues sur 2 de ces 5 critères- et pas les moindres: « Participation et droits humains » avec 45.3/100 et « Opportunités économiques » avec 52.5/100. (Voir rapport) Il ne s’agit pas là de nier la situation relativement bonne du pays comparé à d’autres pays africains ou du monde arabe sur le plan du développement humain (initié d’ailleurs bien avant le changement) ou de celui de la sécurité (au prix d’un contrôle et d’une surveillance accrus de la société), mais de dénoncer l’interprétation trompeuse de ces résultats et leur détournement systématique à des fins de propagande. Il faut dire que pour un régime obsolète et de moins en moins crédible, de tels classements, c’est du pain béni! Cette soif de reconnaissance à l’échelle nationale et internationale ne cache-t-elle pas le mépris d’une large partie de l’opinion envers un régime qui continue de tabasser ses opposants, et ce même en pleine période électorale? Telle est la stratégie déployée depuis plus de 20 ans pour construire et refléter l’image d’une Tunisie tranquille, heureuse et apaisée et pour détourner le regard sur les dérives du pouvoir. A côté de la quasi-totalité des médias tunisiens qui sont exclusivement voués à cette basse besogne, d’autres magazines étrangers comme Afrique Asie , Arabies, ou dans une moindre mesure Jeune Afrique , tous très sensibles à la manne publicitaire de l’état tunisien, contribuent aussi à véhiculer une telle image en prenant soin d’éviter les sujets qui fâchent comme la question sociale ou celle des libertés. Mais dans cette guerre de l’image, qui passe indéniablement par une guerre de l’information, le pouvoir n’a plus le monopole de la parole et perd depuis un certain temps du terrain. Des chaînes satellitaires comme Al Jazira, connue pour son ton libre et critique envers les dictatures arabes, continuent de déranger en donnant la parole à des militants et à des opposants tunisiens. Ce qui lui vaut régulièrement de véritables compagnes de dénigrement de la part du pouvoir. Actuellement, pas moins de deux livres critiques sur la situation de la Tunisie circulent et peuvent être téléchargés sur le net. Toutes les tentatives de censure déployées pour contrer ces sources d’information alternatives n’ont pas réussi à empêcher leur diffusion. Dans cette guerre de l’image, le pouvoir ne cesse de perdre des batailles. Entre temps, c’est malheureusement l’image de tout pays, mal représenté, qui continue à se détériorer… (Source: le blog „Carpe Diem“, le 6 octobre 2009) Lien: http://carpediem-selim.blogspot.com/2009/10/guerre-dimage.html
POOL POSITION
Par Bilel La situation en Tunisie, réclame aujourd’hui une discussion ouverte, claire, transparente entre toutes les forces de progrès. Un certain nombre de facteurs – occasions manquées, paralysie idéologique, partisane, clanique, déception généralisée d’une population tunisienne déchirée entre l’être et l’avoir, entre un fatalisme factuel, et l’inconnue d’un avenir qui semble être dramatique pour tout le genre humain – se sont accumulés ; au point que l’on peut ici parler de crise existentialiste. Cette crise exige de tous les acteurs politiques , démocrates tunisiens concernés , par opposition à la dictature , par un choix d’éthique culturelle , morale , sociale et politique , une mobilisation véritable et immédiate , afin d’éviter que les conditions ne se dégradent encore plus , dans cette dérive sans nom , où nous sommes plongés sans aucune forme d’espoir ,et ce plus dramatiquement encore depuis le 7 novembre du putsch de ben Ali. Cette situation plus que jamais , aujourd’hui , doit nous interdire l’attentisme et le silence. Ce 10 octobre 2009 à la réunion de Sciences -Po, nous devons y réfléchir, nous ne pouvons faire l’économie d’aucune fraction politique qui lutte contre la dictature de BEN ALI. La Tunisie, sur le plan culturel du moins, est à l’évidence dans une période de transition, période difficile pour n’importe quelle société, plus encore pour les sociétés opprimées par une dictature maffieuse et policière , comme c’est notre cas. Chacun sait, ou devrait savoir, que le vieux mode de gouvernement, patriarcale, paternaliste et clientéliste a vécu, et qu’il ne peut être conservé ou ressuscité. Depuis nombre d’années, notre peuple – notre jeunesse en particulier – attend impatiemment les réformes indispensables à l’avenir de notre pays . Et dans le cas tunisien qui dit réforme, dit forcément démocratisation totale du pays. Cependant, il faut le dire, cette transition dans l’esprit de la grande majorité des tunisiens , en marge de la frénésie propagandiste de la dictature , et ses réclusions mensongères , s’est grippée, et l’ordre ancien .Celui des traditions , des coutumes , de la région , du clan , de la tribu continue d’exercer son influence, qui fait se côtoyer en un mélange inédit et dangereux les stratégies affaiblies des forces démocratiques , et des espoirs frustrés de la majorité des militants politiques , ou de la société civile. En réalité, aucune des organisations de la société civile, ni les courants politiques de l’opposition démocratique, n’a sérieusement entrepris le travail nécessaire de reconstruction des structures politiques que le peuple tunisien mérite. Tout semble fait pour prolonger la stratégie de l’attentisme qui caractérise la politique tunisienne depuis des lustres, laissant sans solution nos problèmes qui s’accumulent. Cette stratégie suppose, en fait, que seul un événement exceptionnel, qui pourrait être dramatique, pourra sortir le pays de l’impasse où il se trouve. Ainsi en vient-on à l’attente, et à la programmation de l’échec. Nous assistons à des actes déroutants, sans logique ni orientation claire, et à la perte du soutien par le peuple des actions que l’opposition avait eu tant de mal à mettre en place, au cours d’un processus qui ne peut être profitable qu’à toutes sortes d’extrémismes, et à l’extrémisme de la dictature en premier lieu. Le déficit d’autorité qui en est résulté participe d’une façon pérenne , il faut le savoir , à l’attentisme et au renoncement qui est entrain de détruire notre jeunesse .Il faut aussi s’alarmer du fait, que cette paralysie n’est pas vraiment statique ; elle mène quelque part, et pas nécessairement dans la bonne direction , dans notre pays tous les signaux , à n’importe quel niveau et dans n’importe quel domaine , sont au rouge .Il ne s’agit pas de faire du catastrophisme comme le craint le juge M.YAHYAOUI , mais ce mal destructeur est malin et sa projection travaille dans la durée et en profondeur le corps social , en Tunisie le temps de l’analyse , cher juge , est bien révolu , aujourd’hui c’est le temps des constats ,et la pilule est amère. Il nous faut choisir aujourd’hui notre direction, si nous ne voulons pas qu’elle nous soit imposée par la suite par la surenchère d’un pouvoir indigne et aux abois , ou pire par un interventionnisme étranger qui viendra à sa rescousse . On peut, certes, comprendre que les responsables politiques des appareils du bloc démocratique, hésitent à bouleverser ce qui est perçu comme un équilibre, au profit de voies dont les conséquences ultimes sont incertaines. D’où une situation inadéquate et persistante qui, cependant, ne fait que mettre en évidence l’épuisement des vieilles structures politiques et accentue la désaffection d’un nombre toujours plus grand de citoyens , qui ne trouvent dans ce statu quo ni leur place, ni l’espoir d’un avenir normal. Ce sentiment croissant d’impuissance se traduit par le repli sur soi, et le cynisme et la colère à peine réprimée, sont porteurs , bien sûr aussi , de la lourde menace des soulèvements les plus extrémistes. Aucun équilibre ne sera sauvegardé s’il repose sur des fondements politiques qui croulent. Toute institution, tout acteur politique qui n’aura pas su comprendre cela, qui n’aura pas su agir intelligemment et vite à ce néant , prend le risque d’attiser un ressentiment populaire grandissant et, en fin de compte,sa marginalisation politique. Ceux qui, peut-être avec les meilleures intentions, ont pour premier mouvement de passer sous silence, de retarder, ou même d’arrêter le processus de réforme et de démocratisation, devraient prendre au sérieux l’exemple algérien. Une telle attitude conduit, non pas à l’ordre, mais à un plus grand mécontentement encore , à l’anarchie , au désordre et au massacre. Les énormes problèmes auxquels nous sommes affrontés sont reconnus par tous, dans la rue et jusqu’aux plus hautes sphères des milieux militants. Je n’en citerai que quelques-uns : l’exclusion économique et sociale de vastes pans de la jeunesse citadine et rurale frappée par le chômage, la tragédie d’une émigration éperdue, implacable, chez les pauvres.La perte démoralisante d’un nombre alarmant , et qui ne cesse de croître , de nos esprits les plus talentueux partis chercher leur avenir ailleurs, la plaie de l’analphabétisme généralisé, les rangs toujours plus nombreux des chômeurs diplômés, la désintégration des anciens réseaux politiques , syndicaux et sociaux, la nécessité d’intégrer les femmes plus pleinement à la vie politique et sociale, d’attirer enfin les investissements transparents et valorisants, et de faire en sorte qu’ils restent dans le pays. Ces défis ne peuvent être relevés en coulisse, ni par cécité volontaire sur les problèmes les plus graves. Ils requièrent une nouvelle forme de politique, une politique de vérité – ouverte, franche, transparente – qui encourage une participation soutenue des tunisiens, et lui donne l’espoir d’un avenir meilleur, pour elle-même et pour le pays. Ceci doit être établit dans un projet commun aux forces démocratiques , et proposé aux tunisiens en marge de la propagande de la dictature qui ruine le pays. Une question évidente angoisse les tunisiens, de quoi demain sera-t-il fait? A force de penser notre histoire en terme de processus, on arrive parfois à minimiser le taux de ce qui relève de l’initiative propre au tunisien, de son choix patriotique et civilisateur, et qui lui seul a permit à la Tunisie de survivre , et même d’exister dans le désastre. On arrive surtout à oublier que la situation de la Tunisie à tout point de vue, exige une nouvelle vigueur que les tunisiens eux-mêmes doivent donner à leurs fonctions patriotiques et civiques, intellectuelles, éthiques et morales, disparues ou anachroniques. C’est cela le sens de la restauration et de la renaissance politique de la nation. La politique, on le sait , c’est l’engagement des hommes dans la transformation de leur société. Elle est donc au centre de l’histoire, il s ‘agit pour les tunisiens de se ré approprier ce sens de la vie. La situation globale de la Tunisie est, assurément, décrite en terme générique communément appelé jadis « le mal néo-colonial » qui dure voici un peu plus de cinquante ans. Ce mal se manifeste par le fait que le peuple de ce pays fait quotidiennement face aux épreuves conséquentes à des dérives suicidaires d’une dictature qui lui a déclaré une sorte de guerre larvée. C’est aussi pour la nation tunisienne , et il ne faut pas le nier , l’imposition par la dictature de ce venin radical , qu’on peut traduire par , l’oppression, la torture , la spéculation , le pillage , la délation , la prostitution, le tribalisme, le clientélisme, le culte de la personnalité, l’arbitraire, la violence sous toutes ses formes, la corruption généralisée, l’affairisme, l’amateurisme, l’enrichissement scandaleux et illicite des uns, les plus malins , les plus barbares et les plus sauvages, au détriment des masses populaires, la vassalisation des citoyens, le vol des biens publics, la mauvaise gouvernance. A ce paradigme du mal, nous pouvons ajouter: la déliquescence et la dégénérescence du politique, le goût effréné du pouvoir pour le pouvoir, la théocratisation des centres de décision , l’application du principe » diviser pour régner « , la désinformation, la confiscation de l’information et l’Intoxication, le radicalisme non réaliste dans le processus du changement politique, l’enfantillage et le vagabondage politique, l’absence d’un leadership politique efficace, l’explication de la situation politique de la Tunisie à double vitesse, l’une à communication interne, l’autre produite pour l’extérieur, l’omniprésence des pouvoirs de l’ombre et l’omnipotence des réseaux mafieux constitués pour soutenir les » puissances illégitimes au pouvoir « , l’établissement d’institutions de façade pour amuser la galerie de la communauté dite internationale, la présence d’un esprit généralisé d’accoutumance au mode de production du pouvoir dictatorial, l’effondrement de l’élite intellectuelle , la fuite des cerveaux et des forces vives de la Tunisie. Les partis alimentaires composés de caciques d’une opposition de compromissions et de surenchère demeurent toujours pour la dictature des consciences à acheter, et des disponibilités thuriféraires à acheter et à manipuler pour satisfaire les exigences de la politique du ventre. Le mal, c’est celui là aussi, le tunisien dépouillé de son humanité, un vivant sans être. C’est cela la débâcle de la Tunisie, et l’animalité politique qu’on retrouve dans l’inconscient de beaucoup d’opportunistes qui sont dans la même stratégie que ben Ali. Tous ces comportements ont plongé le pays tout entier et sa population dans une crise sans précédent de leur histoire: chute quotidienne du niveau de vie, destruction complète de la personne humaine, absence de perspectives, réduction de la population à la misère, abandon de Ia jeunesse corvéable à la merci, mort de l’administration publique, mort de l’économie nationale. Aujourd’hui, le tunisien n’est plus un homme, La misère et la lutte quotidienne pour la survie l’ont transformé de telle, manière qu’il n’est plus véritable, solidaire, cordial, hospitalier et convivial . Il a perdu la quintessence de la réconciliation de l’homme avec son archéologie intime, il est devenu défaitiste, révérencieux, durci et a laissé s’éradiquer la tendresse pour lui-même et forcément pour les autres. Aujourd’hui, l’état psychique du peuple tunisien, c’est d’attendre dans la frustration et dans l’angoisse l’issue de la lutte politique pour le pouvoir que se livre en son nom une majorité de prétendants qui ne cherchent qu’à le réduire encore plus en esclavage. Il vit dans l’attentisme et le fatalisme le plus mortifère, dans ses peurs qui nourrissent dans son imaginaire son dégoût de tout changement, dans la désillusion et dans l’avenir incertain de sa propre négation en tant que citoyen. Il est temps d’inscrire dans l’histoire présente de notre patrie , un choix collectif qui modifiera substantiellement le statut politique de la Tunisie. Il est temps de rassembler toutes les forces qui souhaitent ancrer le destin de notre pays dans de nouvelles institutions politiques, modernes, responsables et démocratiques. C’est en prenant l’initiative qu’on fait l’histoire de notre pays, sinon on laisse le soin à d’autres de la faire à notre place, à leurs mesures et toujours contre nous. Ce 10 octobre 2009 à la réunion de Sciences -Po, nous devons y réfléchir, nous ne pouvons faire l’économie d’aucune fraction politique qui lutte contre la dictature de BEN ALI.
Une organisation musulmane canadienne appelle à l’interdiction de la burqa
AFP, le 8 octobre 2009 à 16h38 MONTRÉAL, 8 oct 2009 (AFP) -Le Congrès musulman canadien appelle l’Etat à interdire la burqa, estimant que le port de cette robe islamique qui cache le visage « marginalise les femmes », a indiqué jeudi à l’AFP sa porte-parole Farzana Hassan. Elle a rejeté l’argument selon lequel la liberté religieuse, inscrite dans la Constitution, implique le droit de porter la burqa. Selon elle, de nombreuses femmes qui l’endossent y sont forcées par leurs maris et voient ainsi leur liberté personnelle réduite. « Le Coran invite les Musulmans à la modestie qui peut être manifestée de différentes manières, mais cela n’implique pas que vous deviez vous voiler la face ou porter sur vous une sorte de tente », a expliqué Mme Hassan. Elle n’a pas été en mesure d’indiquer le nombre de femmes canadiennes portant la burqa, déclarant toutefois qu’il était « en augmentation », à Toronto et à Montréal notamment. Le Congrès se présente comme une organisation de musulmans canadiens qui ne se reconnaissent pas dans les autres organisations de leur communauté, « sectaires, ethnocentriques, souvent autoritaires et marquées par la peur de la modernité et une aversion pour la joie ». Il revendique environ 300 membres dans l’ensemble du Canada et ses prises de position sont fréquemment citées dans les médias. Des appels à interdire la burqa ont été lancés récemment dans plusieurs pays européens, dont la France, l’Italie et le Danemark, par des partis de droite. L’imam d’Al-Azhar, la plus haute autorité religieuse d’Eygpte, s’est exprimé récemment contre le port du niqab. Les propos du cheikh Mohammed Sayyed Tantaoui – salués par le Congrès musulman canadien – lui ont valu des appels à la démission de la part des Frères musulmans AFP
Brisés par la Stasi, ils échangent leurs souvenirs pour s’entraider
AFP, le 8 octobre 2009 Audrey Kauffmann Ensemble, ils tentent de surmonter les souvenirs qui les hantent toujours 20 ans après la chute du Mur. Cinq d’entre eux ont été incarcérés dans les prisons est- allemandes aux méthodes radicales, comme 300’000 personnes en RDA, pour des motifs tels qu’hostilité au régime, commerce illégal, tentative de fuite ou espionnage. « Pas un jour sans qu’on revive le passé », dit Carl-Wolfgang Holzapfel, 65 ans, Allemand de l’Ouest arrêté à l’Est pour activisme politique. Une fois « racheté » à coups de devises par la RFA, une pratique courante de la Guerre froide, il a continué les manifestations chocs et autre grève de la faim. Mais aujourd’hui, « je ne peux pas rester dans un petit appartement parce que j’étouffe », dit-il. « Les portes doivent toujours être ouvertes. Quand je regarde un film sur cette époque, mes souvenirs m’assaillent ». Incompris par ses enfants trentenaires, il a « l’impression d’être parano ». « Parler ici ça m’aide, on est une communauté », explique-t-il. Dénoncée pas sa belle-soeur Tous hochent la tête. Ils se sentent naufragés d’un régime sur lequel « la société allemande a voulu tirer un trait » après 1989. Dans un souci de transparence et pour solder les comptes, l’Allemagne réunifiée a ouvert les archives de la Stasi. Chacun à cette table a eu accès à « son » dossier. Ces lectures ont ravivé bien des plaies. « Mon plus grand choc date de là », assure Edith Fiedler, 74 ans, incarcérée pendant 20 mois en RDA sur « dénonciation calomnieuse d’une belle-soeur jalouse ». « C’est en consultant mon dossier que je l’ai su et que j’ai réalisé combien j’avais été en danger, visée par des projets d’assassinats », dit-elle. Fils enlevé Des larmes plein les yeux, elle raconte son « choc post- traumatique » et comment, autrefois, on lui a arraché son fils de neuf ans. Daniel Fiedler, 41 ans, écoute sa mère avec peine. « La Stasi m’a volé ma vie », dit-il en évoquant son enfance déglinguée, avant de s’arrêter subitement, quand la douleur le submerge. Au sein du groupe né en 2008 et qui se réunit une fois par mois dans un centre social de l’Est de Berlin, plusieurs ont connu la dépression et certains ont voulu se suicider. Comme Tatjana Sterneberg, 57 ans, dénoncée et arrêtée alors qu’elle préparait sa fuite à l’Ouest avec son fiancé italien. Elle ne s’en sort toujours pas, 36 ans plus tard. « En prison, on m’a déshydratée, sous-alimentée, droguée avec des psychotropes. J’ai eu la camisole de force », dit-elle. Les souvenirs jaillissent. Trois ans d’incarcération. Deux ans et demi pour l’Italien. Les retrouvailles impossibles en RFA, l’enfant, le divorce, jusqu’à l’internement en 1996 pour dépression grave, phobies multiples et crises d’angoisses. « Nous, victimes de la Stasi, nous avons un problème de crédibilité, nous devons prouver nos souffrances », conclut Tatjana. « On a besoin de ce groupe pour se croire mutuellement », abonde Edith. Huit ans en prison Werner Krüger, un ancien espion de 73 ans détenu « huit ans et trois mois en RDA avant d’être échangé contre un autre espion », assure que la Stasi n’a malgré tout pas réussi à le « démolir ». Adam Lauks, si. Ce Yougoslave de 59 ans autrefois marié à une Allemande de l’Est a écopé de sept ans de prison pour transport clandestin de marchandises et reste traumatisé d’avoir failli mourir en détention: « j’avais une grave crise d’hémorroïdes, la Stasi a refusé de me faire opérer tant que je n’avouais pas. J’ai croupi dans mon sang ». Une idée l’obsède: obtenir la preuve que son ex-femme l’a dénoncé. « J’en suis sûr à 100% et ça me ronge », dit-il. Son cauchemar récurrent? « Je suis dans la tombe, un couvercle en verre au-dessus de moi. On m’a enterré vivant ».