8 novembre 2006

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2361 du 08.11.2006

 archives : www.tunisnews.net


AISPP: Communiqué L’Association Ez-Zeitouna: Rassemblement devant l’ambassade de Tunisie à Berne sur le thème

AP: L’Italie demande l’extradition d’un Tunisien

Omar S’habou: 19 ans de  » 7 novembre « ….

El Watan: L’opposant tunisien Moncef Marzouki revient dans son pays « La dictature, une occupation interne »

El Watan: La Tunisie otage d’un système autoritaire et liberticide

El Watan: Attention, risques d’agression caractérisée !

Bakchich : L’Europe chatouille le glorieux sauveur de la nation tunisienne

Bakchich : Le sceau Ben Ali

Libération: Regrets pour Saddam

Houcine Ghali: Le terrorisme israelien est une tradition plus que millenaire

 

Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens

Voir également les documents vidéo:

 

Le Cri De Détresse De La Famille Du Prisonnier Politique Fathi Issaoui  

Nouveau témoignage vidéo de l’AISPP sur les multiples condamnations pour les mêmes faits en Tunisie.

 (Source : www.nawaat.org )


Liberté pour Mohammed Abbou Liberté pour tous les prisonniers politiques  Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel : 71 340 860 Fax : 71 354 984 08/11/2006 Communiqué

 
Nous avons été saisis des plaintes de madame Sarra Lazghab, épouse du prisonnier politique Khaled Layouni

, incarcéré actuellement à la prison de Gafsa au cachot (B1) et qui est poursuivi en vertu des dispositions de la loi sur le terrorisme. Il est en butte ces jours-ci aux brimades de l’administration de cette prison : il est en isolement complet depuis près de deux mois et son état de santé s’est détérioré de façon critique. L’administration de la prison a refusé de le présenter à un médecin. Sa famille exige son rapprochement et son transfert dans une autre prison, proche de la capitale : sa famille réside à Kélibia dans le gouvernorat de Nabeul et l’examen de l’affaire est du ressort du Tribunal de Première Instance de Tunis. Le Président de l’Association Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 
L’Association Ez-Zeitouna

Rassemblement devant l’ambassade de Tunisie à Berne sur le thème :

Situation des Droits des FEMMES en Tunisie

Madame, Monsieur, Le régime dictatorial tunisien continue à fouler aux pieds les Droits de l’Homme sous l’ouie et la vue de la communauté internationale : Des femmes sont empêchées d’accéder à leurs lieux de travail, des étudiantes et des élèves sont empêchées de joindre leurs universités ou leurs lycés et, pire encore, des femmes enseintes ou malades sont privées de soins à CAUSE DE LEURS TENUES VESTIMENTAIRES !!!!! Bref ! les Droits de la femme en Tunisie sont bafoués et violés à l’encontre des prétentions mensongères du régime dictatorial tunisien. L’Association Ez-Zeitouna(*) organisera, le 11 novembre 2006 devant l’ambassade de la Tunisie à Kirchenfeldstrasse 63 à Berne de 11H30 à 12H30, un rassemblement de solidarité avec les femmes tunisiennes. Lors de ce rassemblement plusieurs intervenants prendront la parole pour parler de cette situation chaotique en Tunisie. Je viens par ma présente vous inviter à couvrir ce rassemblement et à user de vos compétences professionnelles afin de faire pression sur le régime tunisien pour qu’il cesse ses violations répétées des Droits de l’Homme. Veuillez, Madame, Monsieur, accepter mon profond respect ainsi que mes salutations distinguées. Neuchâtel, le 08.11.2006 Président de l’Association   Larbi Guesmi (*) : L’Association Ez-Zeitouna est une ONG qui rassemble plusieurs dizaines de familles victimes de la dictature tunisienne. Elle milite pour la promotion des Libertés d’Expression et d’Organisation et pour le respect des Droits de l’Homme en utilisant des moyens pacifiques sans autres.

L’Italie demande l’extradition d’un Tunisien

 

Associated Press, le 7 novembre 2006 à 17h38

Berne (AP) L’Italie a demandé à la Suisse l’extradition d’un Tunisien soupçonné de soutien à une organisation terroriste.

 

L’homme, arrêté fin septembre dernier dans le canton de Zurich, serait membre d’une cellule basée à Milan, qui aurait fourni un appui logistique et financier au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en Algérie.

 

La demande d’extradition a été transmise le 26 octobre dernier par l’ambassade d’Italie à Berne, a déclaré mardi à l’AP le porte-parole de l’Office fédéral de la justice (OFJ) Folco Galli.

 

Le Tunisien, arrêté le 28 septembre dernier à Rüti (ZH), s’est opposé à une extradition facilitée et peut encore contester la future décision de l’OFJ devant le Tribunal fédéral.


19 ans de  » 7 novembre « ….

Omar S’habou Le conseil prodigué par un baron du régime du 7 novembre à un homme d’affaires tunisien installé en Europe qui  projetait de rentrer définitivement au pays pour y investir ses économies, de se garder de le faire eu égard à l’état avancé de désintégration du pays (Le Maghrébin du 30 octobre)  abrège à lui seul le bilan des 19 années de gouvernement novembriste. Tout est condensé dans cette « n’siha » (conseil sincère). Si un baron du régime – et richissime de surcroît – en est à ce point là de défiance, de désenchantement, d’exaspération et de pessimisme, qu’en est-il alors de la masse des tunisiens ? A l’aune d’un tel rapport des tunisiens à leur pays et à son avenir, le bilan  du régime de monsieur Ben Ali ne peut s’apprécier qu’en termes de désastre. Le débat peut tourner autour du degré d’intensité du désastre mais non sur sa réalité. Il ne peut pas du reste en être autrement des lors que l’initiateur du régime a délibérément choisi de le construire sur une dichotomie basique : une rhétorique permissive et une praxis répressive. Tout s’est articulé depuis le 7 novembre 1987 autour de  cette dichotomie. Et quand le mensonge d’Etat se substitue à l’autorité de l’Etat – dans l’acception humaniste du concept d’autorité – le résultat ne peut être qu’une perversion crescendo des mécanismes institutionnels, réglementaires, économiques et sociaux  qui organisent la vie de la nation. A cela s’est greffé un fatal virus  contre lequel nous étions, nous autres  tunisiens, assez prémunis : la corruption en tant que système de gouvernance. Avant le 7 novembre, notre pays n’était pas au niveau zéro de la corruption – et quel pays peut se targuer d’avoir atteint ce degré depuis le commencement de l’histoire humaine ? – mais la corruption se déployait au strict niveau universel consubstantiel à toute vie socio-économique de groupe. Le régime du 7 novembre l’a volontairement  institué comme outil de gestion de la cité. Le virus s’est propagé. Il s’apparente aujourd’hui à une gangrène quasiment généralisée ! Il n’ y pas un seul tunisien qui peut en disconvenir, sauf bien sur les turlupins de service… Cette perversion tout azimut a déstructuré l’édifice organique autour duquel s’est construite depuis l’indépendance la société tunisienne. Un édifice  qui a fait de la classe moyenne sa colonne vertébrale et de l’Etat, véritablement national, progressiste et moderniste, sa clé de voûte. Les 19 années de gouvernement novembriste – en raison des faits sus-indiqués – ont fini par donner naissance à un édifice où l’Etat – quasiment privatisé – a détourné, au profit d’une minorité comprador, les  ressources du pays et ses   potentialités productives. Résultat : la classe moyenne est en voie de paupérisation comme en témoigne des enquêtes publiées par les journaux tunisiens eux mêmes pourtant soumis, de force, aux oukases du système. (Essabah du 6 décembre 2004) L’indigence du support superstructurel a fait le reste.  Nous entendons par là le discours idéologique qui a servi de paradigme à  cette action corruptrice. Les litanies monocordes et redondantes,  instantanément vidées de leur substance par les pratiques qui leur sont antithétiques,  que Monsieur Ben Ali débite  depuis le 7 novembre sont évidement loin  de faire oublier les  jaillissements du cœur et de l’esprit de Bourguiba dont il parvenait  à couler la portée et le sens dans un véritable projet qui a servi, pendant les deux premières décennies de l’indépendance, à sculpter les contours et les bases d’une société  sans pareil dans le monde arabo islamique. Résultat : les tunisiens  ont perdu leurs repères. Comme en témoigne la désuète et inquiétante controverse sur le voile ou la scène culturelle désormais désertique de notre pays : près de quarante ouvrages d’hommes de pensée et de culture tunisiens moisissent dans les caves du ministère de l’intérieur, faute d’avoir été autorisés à paraître. S’agissant des libertés publiques et de la liberté de penser et d’écrire, je crois qua la cause est entendue. A l’exception de Monsieur Ben Ali lui même et du préposé à l’écriture de ses discours, il n’est pas  un seul être humain censé dans l’univers qui peut oser prétendre que le régime tunisien est démocratique. Le consensus sur ce sujet est cosmique. Monsieur Ben Ali a institué un régime parfaitement dictatorial. Il a même le mérite d’en avoir fait un modèle exportable. Hosni Moubarak d’Egypte et Abdelaziz Bouteflika d’Algérie l’ont tout simplement copié. N’y a-t-il eu, pendant ces 19 ans, que des dégâts ? Non. La Tunisie, en tant qu’entité désincarnée, transcendant les citoyens qui en font une nation, a beaucoup progressé. L’infrastructure y a été considérablement renforcée (routes, autoroutes, barrages collinaires, installations sportives, équipements sanitaires modernes et habitat). Mais outre le fait qu’ils s’assimilent à une cueillette de grains qui ont été  semés  par le régime destourien de l’indépendance, ces accomplissements ne se  sont pas déclinés automatiquement en amélioration du niveau de vie des tunisiens et en progression de leur niveau culturel. On se retrouve face à un tragique paradoxe : la  Tunisie a évolué,  mais les tunisiens ont involué. L’échec est incontestable. Tant il est vrai que la finalité  à la quelle tend toute politique est bien l’évolution du citoyen dont elle est en charge et non son involution. Quant au prestige extérieur de notre pays, il est réellement attristant. Ceux qui sont  en contact avec les observateurs étrangers (diplomates, journalistes et hommes politiques) savent combien l’image de notre pays a été gravement atteinte par ce qui tient lieu de politique étrangère. Qu’il est lointain ce temps où les 4 ou 5 millions de tunisiens des années 60-70 brillaient de mille feux en faisant entendre une voix d’intelligence, de clairvoyance et de courage  qui avait conféré à leur pays une dimension sans aucune mesure avec sa réalité physique. Encore que celle-ci, en raison d’une succession d’injustices de l’histoire, devait être plus étendue et plus riche… Aujourd’hui nous en sommes à recevoir une leçon du Qatar, pays récent et artificiel. Notre gouvernement a rappelé son ambassadeur, fermé l’ambassade  dont il a, dans la foulée, vendu les meubles et resitué le siège (c’est vrai) et ce  pour protester contre une  simple émission de TV qui se serait passée presque inaperçue  n’était ce tintamarre inutile. Le Qatar, de son coté, n’a même pas daigné appliquer la règle de la réciprocité. Il n’a pas fermé l’ambassade, n’a pas rappelé son ambassadeur (kalouli maded sakih fil Hammamet)  et ne pense nullement retirer l’argent qu’il investit en Tunisie. Il fait comme si de rien n’était. Le Qatar a méprisé la Tunisie. Voila le bilan du 7 novembre. Merci Monsieur Ben ALI…ykather khirek… (Source : « Le Maghrébin », édition du 6 novembre 2006) Lien : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=blogsection&id=4&Itemid=27  

SU
** Avant de quitter le Qatar pour la Tunisie, suite à son rappel illico presto par son ministère de tutelle, l’ambassadeur de Tunisie au  Qatar, Mr Mohammed Saad, a procédé dans une incroyable agitation à le vente  – en fait à la braderie – des meubles de l’ambassade et à la restitution du siège à  son propriétaire. Un fonctionnaire qatari de haut rang du ministère des affaires étrangères a fait part à un des cadres tunisiens d’ « Al Jazira » de la réflexion suivante : « hadhihi sebyaniyat… » Ce sont des  enfantillages…. ** Inattendue, la visite surprise qu’effectue depuis dimanche à Alger le secrétaire américain adjoint à la défense, Peter Rodman, suscite bien des interrogations. Ce dauphin de Henry Kissinger et véritable ‘‘faucon’’ dans l’équipe de Bush est arrivé à Alger avec une importante délégation et a été reçu par le secrétaire général à la défense de l’armée algérienne, pour une visite de 24 heures. D’aucuns soulignent qu’une telle visite non prévue, d’un haut responsable au sein du Pentagone, laisse perplexe d’autant que le ministre de la défense et chef des armées Abdelaziz Bouteflika est en Chine pour participer au sommet qu’organise Pékin avec les pays africains. Chargé des affaires de sécurité internationale au sein de l’administration de Bush, Peter Rodman n’aurait pas procédé à une telle visite sans motifs vraiment sérieux et urgent, en l’absence du chef de l’Etat. D’où les interrogations soulevés à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Des questionnements liés à la sécurité bien entendu, mais aussi à d’autres questions géopolitiques, lorsque l’on sait ce que pense l’hôte des militaires algériens de la France et de la Chine. ** Le Roi  Mohammed VI continue de sévir durement contre les foyers de délinquance et de corruption au sein des services de la sécurité et de l’armée. Apres la dissolution des GSU (Groupements Urbains de la Sûreté) qui étaient censés lutter  contre la prolifération de la délinquance et le grand banditisme dans les grandes villes marocaines et le limogeage du fondateur des GUS et leur patron suprême, Hamidou Laangri,  le roi , nous dit une source proche du palais royal  réfléchirait à de nouvelles mesures autant efficaces que spectaculaires  aux fins de lutter contre le crime sous toutes ses formes. Et si ses paires maghrébins suivaient son exemple ? (Source : Rubrique « SU » dans « Le Maghrébin », édition du 6 novembre 2006) Lien : http://www.hebdo.amd-maghreb.org/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=14&Itemid=66  


L’Europe chatouille le glorieux sauveur de la nation tunisienne

mercredi 8 novembre 2006 par Maya Lenoir
Mardi 7 novembre 2006, date anniversaire de l’arrivée aux commandes du prophète Ben Ali en Tunisie. Jusqu’ici l’Europe taisait ses pratiques, mais depuis peu certaines animosités s’exacerbent.
En ce jour du 19ème anniversaire de Ta prise de pouvoir, Tes honorables confrères le Roi Mohamed VI, souverain du Maroc, le Président palestinien, Mahmoud Abbas, le Roi Abdallah II, souverain du Royaume Hachémite de Jordanie et le Sultan Qabous Ben Said, Sultan d’Oman ont envoyé tous leurs voeux, mais sans se déplacer ! Alléluia ! Un sauveur est né !
Ces augustes missives sont dévoilées par infotunisie.com, site gouvernemental publiant des nouvelles quotidiennes du pays. Mais pourquoi n’y trouve-t-on aucune référence à « the » information de ce mardi 7 novembre : la libération de 55 prisonniers islamistes tunisiens ? Le site officiel du premier quotidien de Tunisie, lapresse.tn n’en fait pas plus écho, pourquoi ? Peut-être parce qu’il ne s’agit pas de prisonniers politiques – comme s’entête à le répéter Reporters sans frontières- mais de prisonniers de droit commun incarcérés pour « tentative de changer le régime par la violence » ou dans le cadre de la loi antiterroriste de décembre 2003. Ô gloire à toi Zine El Abidine Ben Ali ! Alléluia !
Mais la bonne parole du sauveur de la nation tunisienne porte plus dans la sphère arabe que sur le vieux continent.
En dix ans de coopération avec l’Union Européenne, la Tunisie a accroché neuf résolutions d’urgence émanant du Parlement sur son tableau de chasse. Toutes portent, bien entendu, sur les Droits de l’homme. Mais chaque fois, elles débutaient par un éloge de la Tunisie en bonne élève fayotte des leçons d’économie à la sauce occidentale et des processus de libéralisation. Et le parti socialiste européen acceptait de s’accorder avec la droite et de minimiser les violations des droits de l’homme par la Tunisie pour adopter ces résolutions dans une joyeuse unanimité. Seulement en juin dernier, le parti populaire européen s’est abstenu, pour laisser la gauche déclencher la première vraie crise entre la Tunisie et le Parlement européen : « Les autorités tunisiennes sont invitées à fournir des explications sur l’interdiction du congrès de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) prévu les 27 et 28 mai dernier et sur les actes de violence à l’égard des défenseurs des droits de l’homme et des magistrats tunisiens »
Les amours entre la Commission et le pays des cornes de gazelle sont grippées, elles aussi, depuis l’affaire de Berlin. La capitale allemande accueillera au premier semestre 2007 la Conférence Intergouvernementale Euromed sur l’emploi. Les ONG et les syndicats ont lancé pour l’occasion une série d’études préparatives sur huit pays du Sud méditerranéen (dont la Tunisie) sur l’emploi et le droit. Le comité est piloté par 17 chercheurs dont certains de la fondation allemande Friedrich Ebert.
Choix épineux : ladite fondation allemande a omis d’inviter l’Union nationale de la femme tunisienne, l’association de stricte obédience gouvernementale, à son round sur les « femmes travailleuses » de début septembre.
Conséquence indue, le séminaire de validation de cette Conférence Euromed, qui devait avoir lieu à Tunis du 7 au 9 septembre, n’a jamais pu se tenir. La veille, les organisateurs apprennent que leur hôtel a un problème de climatisation. Ce doit être une épidémie car tous les autres établissements sollicités avancent la même excuse pour ne pas les accueillir. Seul l’hôtel JTT accepte finalement de les héberger. Peine perdue, la réunion a finalement été interdite. Et fin septembre, l’ambassadeur de Tunisie auprès de la Belgique et de l’Union européenne, Ben Rehouma est rappelé au pays.
Pas bégueule la Commission n’a pas toutefois ébruité l’affaire. Reste à savoir si le Parlement sera aussi conciliant ou s’il coupera les robinets financiers.

 

Le sceau Ben Ali

mardi 7 novembre 2006 par Léa Labaye

Ben Ali est un nom vendeur, gage de qualité, d’efficacité et de bons rapports avec toute la « haute » de Carthage à Sousse. Une valeur sûre parieraient les financiers de la place. Une niche prometteuse assureraient les marketeux. Hayet Ben Ali, la sœur du vénéré président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, l’a bien compris, elle qui en use et abuse sans modération.
Ainsi, la société E.H.B.A., comprendre l’Établissement Hayet Ben Ali, se permet, sans complexe de petitesse, d’adresser une lettre des plus impératives, ressemblant à s’y méprendre à un ordre d’achat, à monsieur le ministre de la Défense tunisienne. Quoi de plus naturel : le directeur de cet établissement se nomme étrangement Akram Ben Ali, le fils d’Hayet justement, dont il a adopté le précieux patronyme. Certes, dans certains pays comme l’Espagne, la femme garde son nom de jeune fille qu’elle accole à celui de son mari, les enfants portent alors le nom des deux parents et possibilité ensuite à eux de choisir. Mais au pays des Trabelsi, Zarrouk, Mabrouk… même si la famille est sacrée et rime souvent avec business, rien de tel n’est spécifié dans la législation. Au contraire, la mariée, en plus du pire et du meilleur, doit se farcir le nom de l’heureux élu. Il n’y a donc aucune raison pour que le fils de la soeur du président porte le nom de sa mère.
En plus d’un ton limite autoritaire, le sceau Ben Ali permet d’éluder le problème des appels d’offre. Cette missive, signée habilement « votre frère », rapporte que E.H.B.A. « peut intervenir auprès du ministre de la Défense en cas de problème d’entretien [des avions C130] ou d’intervention urgente ». Et en cette qualité de membre de la famille présidentielle et de « représentant de la société Hammer Emirates qui est actuellement responsable de l’entretien de 200 voitures de l’armée nationale », il est instamment demandé que « Monsieur le ministre, [évalue] la possibilité que la société Gamco obtienne [son] accord pour l’entretien des avions et la maintenance des pièces détachées. »
L’usurpation de nom remplace avantageusement une consanguinité finalement bien désuette.

Du dauphin gratiné

mardi 24 octobre 2006 par Abou Idyl
La coiffeuse rêve d’un dauphin aux commandes de son vaisseau…
Bakchich : Ah ! Te revoilà, je savais que je te retrouverais cette semaine… Leïla Ben Ali : Et moi aussi. Je t’en veux… Bakchich : Mais pourquoi ? Leïla Ben Ali : Le 7 novembre… et les discours du président, mon mari qui est comme un légume et qui ne sait plus à quel saint se vouer… Bakchich : Pourtant notre site a bien annoncé que l’actuel ministre du Commerce allait devenir Premier ministre ; cela devrait t’arranger, non ? Leila Ben Ali : Eh bien, non ! D’abord, il ne sera jamais Premier ministre. Il est à ma botte, certes, il comprend les enjeux, mais ce que je veux c’est du vice-président, du dauphin : un vrai numéro deux du régime. Le Premier ministre ne m’intéresse pas. S’il était vraiment important et influent, il aurait été vice-président, mais ce candidat pour le poste de Premier ministre est un âne ; Mondher Zenaidi, pour le citer, est proche de ma famille, certes, mais il est aussi proche des Ben Ali. Il mange à tous les rateliers. s’il est apparu proche de moi, c’est parce qu’il me craint, et non pas parce qu’il m’est acquis Bakchich : Mais qui veux-tu en fait ? Leïla Ben Ali : Abdelwaheb Abdallah, votre ministre des Affaires étrangères. Il est à ma solde, respecte ma famille, sait ce qu’il me doit car il est petit de taille comme Sarkozy… Bakchich : Et Mondher Zenaidi alors ? Leila Ben Ali : Il ne sera jamais rien ; mais pour cela tu peux me croire… Bakchich : C’est une confidence ou un souhait ? Leila Ben Ali : C’est une confidence ; n’en divulgue pas la source ; et ne raconte jamais ça à L’Audace. Sinon , ils vont en faire leur pain béni Bakchich : Je cours informer nos protecteurs communs en Libye… Leila Ben Ali : D’accord, et mes salutations au Guide Kadhafi.

L’opposant tunisien Moncef Marzouki revient dans son pays

« La dictature, une occupation interne »

El Kantaoui, le plus célèbre des ports-jardins de la Méditerranée, est situé à quelques kilomètres de Sousse. Sa marina accueille des plaisanciers venus de tous les pays du monde… » : les guides touristiques présentent ainsi la coquette marina, à 150 km au sud de Tunis, paradis des touristes et où les barrages de police et de gendarmerie, de nouveaux sens interdits et une armada d’indicateurs et d’agents en civil ou en tenue assiègent la demeure de Moncef Marzouki, 61 ans, établi en France depuis cinq ans et rentré le 21 octobre dernier à Tunis, en dépit d’une convocation le jour même de son arrivée à Tunis devant le juge d’instruction pour répondre de l’accusation d’« incitation de la population à la désobéissance civile ».
Cette accusation, qu’il a qualifiée de « manœuvre d’intimidation contre-productive », fait suite aux déclarations faites récemment à la chaîne satellitaire Al Jazeera, installée au Qatar par M. Marzouki dans lesquelles le chef du Congrès pour la République (CPR), une formation d’opposition non reconnue, soutenait que « la seule riposte d’une population lassée de la répression et de la corruption est d’entrer dans une résistance civile en utilisant tous les moyens pacifiques pour imposer ses droits et libertés ». La Tunisie a, depuis, fermé son ambassade à Doha pour dénoncer ce qu’elle qualifie de « campagne hostile » d’Al Jazeera. Selon Abderraouf Ayadi, l’avocat de Marzouki, également vice-président du CPR, Moncef encourt de deux mois à trois ans de prison si ce grief est retenu contre lui. Moncef Marzouki, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), professeur de médecine en France depuis 2001 après avoir perdu son poste en Tunisie « de manière abusive » selon ses proches, n’en démord pas. « Ici en Tunisie, mon pays, je suis encerclé, isolé, mais à partir du moment où j’ai lancé un appel à la résistance civique et pacifique, je ne pouvais plus rester à Paris », dit-il, installé dans le jardin de sa maison alors que les agents de police en civil font le va-et-vient devant sa porte en lançant des regards à travers la palissade. Il s’attendait aux manœuvres policières, aux harcèlements judiciaires, mais pas au pire : comme ce 27 octobre, en plein centre de Sousse, lorsqu’un groupe de « voyous » le harcèlent en le traitant de « traître , de juif , de vendu au Qatar ». Le surlendemain, dans la marina d’El Kantaoui, il a été pris à partie d’abord par une femme hurlant qu’il l’importunait, puis par un groupe de jeunes le menaçant de viol, sous l’œil bienveillant des dizaines d’agents en uniforme et en civil, chargés de le pister nuit et jour. Dans une déclaration publiée sur son site internet (www.moncefmarzouki.net, bloqué en Tunisie), il a notamment signifié : « 1.De ne pas retourner en exil affirmant mon droit au sol. 2- De refuser de comparaître devant une justice de simulacre pour répondre de violations de pseudo-lois édictées par un pseudo-parlement et dont la seule finalité est d’habiller de légalité démocratique, la fourberie et la brutalité de la dictature. 3-D’entériner que je suis assigné de facto à résidence. Je resterai donc dans ma maison encerclée par la police politique, jusqu’à un changement radical de la situation politique me permettant ainsi qu’à tous les Tunisiens de marcher librement dans les rues et d’exercer tous nos droits et libertés sans peur ni restrictions ». « J’ai honte pour mon pays…Il y a des choses à ne pas faire de la part d’un homme d’Etat car cette agression contre moi a été décidée en haut lieu, par le président Ben Ali lui-même peut-être », lance Marzouki alors que le va-et-vient des policiers s’intensifie à l’extérieur de la maison.
« Sans violence, le régime tourne à vide »
« Au début, il y a eu dérapage du politique vers le policier, maintenant c’est carrément le recours à la pègre, c’est le système des trois P : le politique (parlement et partis) couvre le policier, et ce dernier est couvert par la pègre », dit-il craignant que la répression en Tunisie ne connaisse une nouvelle escalade puisque « il semble que les inhibitions ne sont plus de mise ». L’autre grande crainte de Moncef Marzouki, qui se réclame un « ferme modéré », un homme de pensée et d’idées, et un médecin attaché à la valeur de la vie humaine (il a été notamment distingué par le Prix du congrès maghrébin de médecine), reste la tentation de la violence face à un régime aussi liberticide. « La résistance armée ne peut être ligitime que contre des soldats d’occupation, mais contre la dictature, qui est une forme d’occupation interne, il faut une résistance pacifique et civique. Parce que sans violence, le régime tourne à vide », affirme-t-il ajoutant que « les régimes arabes ne survivent que grâce à la violence, car sans le phénomène du terrorisme ces régimes seront confrontés à leurs propres indigences ». Comment faire face alors ? Et qu’entend-il par résistance civique et pacifique ? « On ne peut parler d’opposition sous une dictature. Pouvait-on créer des partis d’opposition sous Staline ? Pour ma part, j’ai créé un réseau politique en refusant de demander un agrément. Nous devons préparer un programme pour être prêts si demain les choses évoluent vers une démocratisation en Tunisie », plaide l’auteur de La seconde indépendance ou pour un Etat démocratique arabe (1996, Beyrouth) qui voit en Tunisie trois formes de résistances pacifiques qui existent déjà. C’est d’abord une résistance « passive et négative », le « je-m’en-foutisme » des citoyens qui ont échappé au contrôle mental exercé par l’Etat, une sorte de « débrouillardise » citoyenne qui reste quand même négative car non structurée et encourageant la démission. La seconde forme est signée par le courage des femmes et familles des prisonniers politiques les geôles de la Tunisie de Ben Ali en comptent 30 000 qui refusent d’abandonner leurs proches. Le 26 octobre dernier, Samia Abbou, l’épouse du célèbre avocat et grand défenseur des droits de l’homme en Tunisie, Mohammed Abbou, a été agressée par des agents de la police. Son mari croupit au fond d’un cachot, dans la prison de Kef, située à 170 km de Tunis, depuis le 1er mars 2005, pour avoir comparé les tortures infligées à des prisonniers politiques en Tunisie aux exactions de soldats américains à Abou Ghraïb en Irak. Marzouki voit la troisième forme de résistance dans l’activité des démocrates et des militants de défense des droits de l’homme, « qui ont déjoué la stratégie de Ben Ali qui veut donner une image d’un Etat respectueux des droits et libertés, notamment en achetant une certaine presse étrangère ». Moncef Marzouki voit également dans le retour du voile un « rejet de l’immoralité du pouvoir, caractérisé par la corruption et l’injustice » et non pas un retour du religieux. « La seule idéologie protestataire sur le marché est l’islamisme », estime-t-il, ajoutant que le foulard crée la panique avec une violente campagne d’« arrachage » du voile chez le pouvoir parce qu’il s’agit d’une « manifestation pacifique, féminine et permanente ». « Sauf qu’il faut structurer ces résistances-là. Tel est, entre autres, mon objectif pour faire disparaître la dictature et éviter qu’elle se renouvelle », avance l’homme dont on a coupé le téléphone et les moyens de subsistance, isolé de sa famille et dont le propre frère subit des arrestations arbitraires de temps à autre. En Tunisie, l’opposition craint que le pouvoir ne s’achemine vers une révision de la Constitution pour permettre le maintien quasiment à vie du président Ben Ali à son poste. « Un scénario à la Poutine, une vraie calamité que partagent les régimes arabes », commente Marzouki qui croit à une « résistance pacifique spontanée » face à un régime qui gère le pays « comme une caserne ». On passe à table, couscous et mouloukhiya. La maison est à quelques encablures du futur palais que le président Ben Ali compte construire pour sa retraite.
« Ben Ali nous laissera des ruines »
Moncef Marzouki, lui, ne construira pas de palais mais reste fier de pouvoir, lui et ses compagnons opposants, de militer avec des moyens dérisoire contre un Etat policier qui bénéficie de moyens colossaux « puisés directement dans les caisses publiques ». Justement, qu’en est-il de l’économie tunisienne, présentée comme modèle à suivre ? « Le miracle économique est la grande supercherie du régime. En fait Ben Ali n’a fait que recueillir les fruits de la construction de Bourguiba en matière d’enseignement et de droits des femmes. Nous avons une faible pression démographique et nous avions une certaine prospérité. Mais Ben Ali a instauré la corruption, les banques sont surendettées avec des taux de non recouvrement de 25% – au lieu des 7% ailleurs- car la famille Ben Ali se sert impunément ». Marzouki évoque également le « brigandage » dont ont été victimes les PME, la non préparation à l’effondrement des barrières douanières, les régions abandonnés comme celle du nord-ouest qui la faim et les poux attaquent la population d’une région qui assure 50 % de la production agricole tunisienne. « Même en quittant le pouvoir, Ben Ali nous laissera des ruines », conclut Marzouki en maîtrisant ses nerfs. Le régime tunisien, qui fêter aujourd’hui le7 novembre le 19e anniversaire du « changement », lorsqu’en 1987 Ben Ali a déposé Bourguiba, ne bénéfice-t-il pas de l’appui des Occidentaux ? « Il serait simpliste de présenter ainsi les choses », remarque Marzouki qui ajoute que « à part la France, l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis et à un degré moindre, la Grande Bretagne, beaucoup d’autres gouvernements émettent des réserves ; la Suède par exemple n’a pas d’ambassade à Tunis et en Occident il y a aussi le rôle de la société civile ». « D’ailleurs ces appuis sont fragile et ne sont motivés que par des politiques de courte vue ou par les nécessités de la lutte contre le terrorisme. Ben Ali est un allié encombrant qui gêne plusieurs gouvernement notamment face a leur opinion publique », dit le militant qui appelle à une plus grande coordination maghrébine dans la lutte pour la démocratie. « Le Maghreb ne peut se construire sans démocratie », estime-t-il rappelant l’image de son père, membre des réseaux de soutien algérien durant la guerre de Libération, mort en exil au Maroc. En quittant l’homme pour rentrer sur Tunis étroitement encadré par des policiers tout au long du trajet, il nous serre chaleureusement la main en nous recommandant la prudence. La porte se referme derrière nous. Ses paroles résonnent encore : « Ici en Tunisie, mon pays, je suis encerclé, isolé… ». Les braves touristes sur la marina ne l’ont pas entendu…
Adlène Meddi
 

 

La Tunisie otage d’un système autoritaire et liberticide

Etat policier, mode d’emploi

La grande rue Bourguiba, dans le centre-ville de Tunis, se réveille sous une pluie soudaine. Des banderoles en rouge et blanc ceinturent les édifices de l’artère principale : « Une nouvelle ère avec le président Ben Ali »… « Avec Ben Ali, la Tunisie de demain ».
Cascade de slogans mouillés par l’averse matinale glorifiant les « pertinents choix stratégiques et pleins de sagesse » du chef de l’Etat tunisien, à l’occasion de la commémoration du 19e anniversaire du « changement » : lorsque Zine El Abidine Ben Ali, ministre de l’Intérieur à l’époque, a destitué le président Bourguiba, le 7 novembre 1987, pour « raison médicale ». « On sent la crise ; en fait, ça fait longtemps que ça couve… Le régime est fragilisé, d’autant plus qu’il ne bénéficie plus de son ancien rôle stratégique de pôle stable entre deux pays instables, l’Algérie et la Libye », dit Mokhtar Yahiaoui, magistrat licencié de son poste pour avoir exprimé, dans une lettre ouverte adressée au président Ben Ali, en juillet 2001, son « exaspération envers l’état épouvantable de la justice tunisienne dans laquelle le pouvoir judiciaire et les magistrats ont été dépossédés de leurs prérogatives constitutionnelles ». Mokhtar Yahiaoui, président du Centre de Tunis pour l’indépendance de la justice (CIJ) et membre fondateur de l’Association internationale de soutien aux prisonniers politiques (AISPP), pense que l’étape actuelle est celle de « fin de régime ». « C’est un système clos, qui ne fait plus confiance à personne et qui ne domine la société que par ses appareils de répression », ajoute l’ancien magistrat qui vit sous surveillance policière, coupé d’internet et victime parfois d’agressions physiques, comme ce fut le cas, le 11 décembre 2001. Mais il reste optimiste : grâce au combat du CIJ, le principe de l’indépendance de la justice a été porté au cœur même du corps des magistrats. L’association des magistrats a fait élire une direction attachée à ce principe. Le pouvoir a réagi : bureau de l’association fermé, magistrats activistes mutés dans des régions lointaines, création d’une association « fantoche », envoi au Congrès mondial des magistrats de délégation tunisienne non représentative, etc. « Lorsque nous voulions envoyer des magistrats au Caire pour marquer notre solidarité avec le mouvement de protestation des juges égyptiens, l’ambassade d’Egypte a refusé de nous octroyer les visas », dit Yahiaoui pour illustrer la « solidarité arabe » ! « Toi, qui est étranger, tu as plus de droit qu’un Tunisien dans son propre pays… La police nous arrête même si on se dispute au téléphone avec notre petite amie… Ils sont durs ici les policiers », raconte un jeune diplômé en maintenance informatique au chômage alors que se prépare, au premier jour de notre arrivée à Tunis, de cauchemardesques mésaventures dans ce charmant petit pays touristique qui compte quelque 130 000 policiers pour 10 millions d’habitants et 30 000 prisonniers politiques. « Fais attention ; en tant que journaliste, tu seras surveillé », nous avait-on averti à notre départ d’Alger. Surveillé ? C’est peu dire.
Risques d’agression physique D’abord, c’est le vol du téléphone portable par un groupe de jeunes voyous qui s’affichaient en fin de séjour aux côtés des équipes de policiers qui nous suivaient. Ensuite, ce sont ces trois groupes de « suiveurs » composés de cinq à six policiers en civils, portables collés à l’oreille, qui ne vous lâchent pas. Souvent, ils passent devant vous et parlent à haute voix au téléphone : « Il est là, il vient de sortir du café et il marche sur la grande rue. » A notre visite à Moncef Marzouki, à Sousse, un scooter, un véhicule avec des officiers de police à l’intérieur nous ont suivis toute une après-midi. Nous avons été arrêtés, fouillés et interrogés deux fois dans de « faux » barrages routiers. Dans le taxi collectif qui fait le trajet Sousse-Tunis, c’est carrément un des policiers — un gaillard chauve roulant les mécaniques — qui nous suivait avec son scooter qui prend place à côté. On se sent bien gardé en Tunisie. Chaque quart d’heure, il appelait sur son portable : « Il est à côté de moi. » Arrivé à Tunis en début de soirée, les alentours immédiats de l’hôtel, non loin de la rue Bourguiba, sont pris d’assaut par une douzaine d’agents en civil qui ne cachent pas leurs intentions. « Ils n’ont pas le droit de s’attaquer directement à vous, mais ils feront tout pour que vous perdiez votre sang-froid. Eviter aussi de marcher seul dans les petites artères ou la vieille ville, on ne sait jamais », dit un militant des droits de l’homme. Nous limitons alors nos déplacements à Tunis, en s’en tenant aux axes principaux et en regagnant l’hôtel dès la tombée de la nuit. Notre chambre d’hôtel est systématiquement fouillée à chaque fois qu’on s’absente. On fait mine de nous appeler à notre chambre puis s’excuser de s’être trompé de numéro. Dans la rue, au café, devant la gargote ou entre les allée d’une librairie, ils sont là, accrochés à leurs téléphones portables, questionnant le libraire, le vendeur de CD de musique que vous venez de consulter, vous fixant du regard, échangeant des consignes avec des jeunes portant casquette à la mode hip-hop et chaussures de sport, coordonnant les déplacements avec un motard en civil et un autre sur un scooter pour vous suivre au cas où vous prenez un taxi. C’est ainsi que pour prendre l’avion du retour, c’est un taxi de la « maison » qui nous prend en charge, suivi d’une voiture et d’un jeune en moto. Ils resteront avec nous jusqu’à l’embarquement, en ameutant également les policiers de l’aéroport. Ont-ils poussé leur zèle jusqu’à prendre l’avion à destination d’Alger ?
Adlène Meddi
(Source : « El Watan» (Algerie), le 7 novembre 2006)

Attention, risques d’agression caractérisée !

La crainte, nous avertissent nos contacts à Tunis, reste l’agression perpétrée par des hommes de main et maquillée ensuite en fait divers. Ce fut le cas pour l’envoyé spécial du quotidien français Libération, Christophe Boltanski, en novembre 2005, à Tunis, alors que se tenait dans cette ville le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) : le 11 novembre 2005, dans la soirée, Boltanski a été agressé et poignardé dans le dos, à proximité de son hôtel, dans le quartier des ambassades de Tunis. Les agresseurs lui ont volé ses affaires, notamment ses carnets de notes, son téléphone et sa clef USB. Selon l’ONG Reporter sans frontières (RSF), Christophe Boltanski a tenté d’obtenir de l’aide de policiers tunisiens en faction devant l’ambassade de Tchéquie, mais ces derniers n’ont pas réagi. Les agresseurs ont, par ailleurs, mystérieusement disparu dans un quartier tout particulièrement quadrillé par la police. De même, un policier tunisien, venu quelques heures plus tard voir le journaliste à son hôtel, a refusé d’enregistrer sa plainte. Le jour même de l’agression, Christophe Boltanski signait dans les colonnes de Libération un article intitulé « Manifestants tabassés par la police à Tunis » dans lequel il relatait le passage à tabac par des policiers tunisiens de militants des droits de l’homme qui tentaient d’organiser une manifestation de solidarité avec sept personnalités de l’opposition qui observent une grève de la faim depuis le 18 octobre dernier. Plus récemment, deux journalistes tunisiens, Slim Boukhdir et Taoufik Al Ayachi, ont été passés à tabac, le 16 août 2006, alors qu’ils se rendaient chez Samia Abbou, l’épouse du célèbre avocat et cyberdissident Mohammed Abbou, afin d’y réaliser une interview. Un important dispositif de police est, en effet, déployé autour de son domicile depuis qu’elle a mené, le 13 août, une grève de la faim pour demander la libération de son mari, selon RSF qui donne plus de détails : « En arrivant aux abords du domicile de la famille Abbou, Slim Boukhdir, journaliste au quotidien Al Chourouk et correspondant à Tunis du site internet de la chaîne Al Arabiya, ainsi que Taoufik Al Ayachi, journaliste de la chaîne de télévision Al Hiwar qui émet depuis l’Italie, ont été pris à partie par une douzaine de policiers qui les ont battus. La caméra de Taoufik Al Ayachi a été confisquée tandis que Slim Boukhdir réussissait malgré tout à entrer chez Samia Abbou. Il a été appréhendé à sa sortie puis emmené à l’écart pour être tabassé une nouvelle fois. »
Adlène Meddi (Source : « El Watan» (Algerie), le 7 novembre 2006)

Les victimes des tyrans n’ont pas droit à la même sollicitude.

Regrets pour Saddam

Par Pierre VERMEREN Pierre Vermeren historien du Maghreb contemporain Dernier ouvrage paru : Maghreb, la démocratie impossible ? Fayard, 2004. Dès l’annonce dimanche de la condamnation à mort de Saddam Hussein, une sollicitude empressée a poussé les dirigeants de la diplomatie française à s’offusquer du sort qui lui était réservé. Cet humanisme de bon aloi rappelle la mémorable présence du chef de l’Etat français aux obsèques du dictateur syrien Hafez al-Assad. Certes, en France, la peine de mort est proscrite depuis 1981, et le respect est dû aux morts. Mais rappelons que la République française est fondée sur le régicide de la famille des Bourbons, et que la république fédérale d’Allemagne a été proclamée en 1949 après l’élimination des criminels nazis jugés à Nuremberg. Il est à craindre qu’en dépit de nos moeurs politiques nationales «civilisées» l’histoire du monde reste établie sur des rapports de force par essence amoraux. Au titre de son exception, la République française s’honore de porter haut la voix des dominés et des faibles. Il est néanmoins surprenant que cette empathie s’étende aux bourreaux de ces peuples, dont l’unité du nombre de victimes s’établit en millions d’individus. Interrogé sur ce paradoxe, le président Jacques Chirac a déclaré : «Les dirigeants arabes ont parfois des méthodes qui ne sont pas les nôtres. Mais je me refuse à juger des régimes politiques à l’aune de nos traditions au nom de je ne sais quel ethnocentrisme.» Cette approche appelle plusieurs remarques. Elle souligne d’abord une constante de la diplomatie française en longue durée. Il y a un siècle, au nom de la menace allemande, la République se jetait dans les bras de la Russie tsariste, dont les sauvages «méthodes qui ne sont pas les nôtres» ont été opportunément rappelées par l’excellent film français de 2006 les Brigades du Tigre. Dans cette diplomatie du faible au fort, hier l’Allemagne, aujourd’hui les Etats-Unis, la France semble peu regardante sur ses amitiés du moment, en contradiction complète avec ses moeurs politiques intérieures. Ensuite, elle met le doigt sur une étrange contradiction de cette diplomatie. La même France qui, par la voix de son président, excepte la non-universalité des droits de l’homme dans le monde arabe dénonce, au nom des droits de l’homme, la condamnation à mort d’un tyran déchu, prononcée par le peuple qu’il martyrisa. Ne faudrait-il pas dès lors réhabiliter les Bourbons, dont les violences, sur l’échelle de la responsabilité, sont bien maigres ? Last but not least, si la voix de la France, au nom des droits de la défense, déplore le sort réservé au tyran, pourquoi reste-t-elle muette sur le harcèlement qui frappe les combattants de la liberté ? La semaine dernière, un entrefilet, paru dans certains journaux français, a rapporté le traitement inhumain dont fut l’objet, à son retour au pays, le juriste et grand militant des droits de l’homme Moncef Marzouki : l’action circonstanciée et publique des sbires de la police politique tunisienne n’a fait l’objet d’aucune dénonciation publique. Au fond, le traitement dont bénéficie le monde arabe est extrêmement paradoxal. Au nom du respect des cultures locales, les dictateurs ne sont pas condamnés pour leurs exactions, fussent-elles effroyables. Le silence relatif à la tragédie soudanaise est un cas d’école exemplaire. Le Soudan, c’est dix à quinze guerres de Yougoslavie perpétrées en silence, des décennies durant ; l’action se passe au Darfour. En revanche, les peuples victimes de leurs propres Etats sont «jugés» au regard du standard des droits de l’homme. Le peuple irakien se voit dénier le droit de prononcer la condamnation à mort de son dictateur car une stricte neutralité judiciaire ne peut être établie. Quant aux oppressés, ils doivent renoncer à la violence et recourir aux procédures légales qui leur sont justement interdites. Cette realpolitik nous ramène à l’Histoire. Elle n’est pas morale, ni exempte de violences, ce que tout démocrate est en droit de déplorer. (Source : « Libération » (France), le 7 novembre 2006) Lien : http://www.liberation.fr/opinions/rebonds/215408.FR.php

LE TERRORISME ISRAELIEN EST UNE TRADITION PLUS QUE MILLENAIRE

Houcine Ghali, Genève

 

Le massacre que l’Etat sioniste d’ Israël vient de perpétrer à Beit Hanoun, à Gaza, et qui a laissé vingt victimes innocentes et des dizaines de blessés graves composées de femmes et d’enfants, tire son essence d’une pratique de terrorisme ancestral propre aux Juifs et qui a commencé en l’an 127 avant Jésus-Christ. En voici les faits que l’Histoire ne peut démentir:

 

Le plus ancien acte politico-religieux a eu lieu à Judée, 127 ans avant Jésus-Christ, par de redoutables fanatiques juifs appelés sicaires. Leur nom est tiré de SICA ( petit poignard ), qui leur permettait de commettre des meurtres individuels et d’assassiner des personnes choisies, pour terroriser l’ensemble des adversaires et obliger les indécis à basculer de leur côté.

 

A cette époque là, Judée faisait partie du royaume grec des Séleucides en tant que province conquise qui était confrontée au mode de vie imposé par des Grecs dominant les scènes politique et sociale. Les habitants juifs, attachés à leur profonde piété, se trouvaient marginalisés et petit à petit absorbés par les normes grecques, d’autant plus que leurs compatriotes qui formaient l’élite profitant de différents privilèges, incitaient la majorité de leur peuple à accepter cette nouvelle organisation sociale imposée par les maîtres d’Athènes.

 

C’est pourquoi les Maccabées, minorité de Juifs pieux et intransigeants, fomentèrent une révolte contre les Grecs et les autres Juifs ouverts aux normes de l’occupant.

 

En 63 avant Jésus-Christ, l’Etat juif issu de la révolte maccabéenne fut absorbé par l’empire romain. L’exacerbation de la société juive et notamment de ses éléments les plus radicalisés a atteint son paroxysme au premier siècle après Jésus-Christ. Ce fut l’apparition des apocalypses annonçant la fin du monde, l’extension du mouvement de protestation qui toucha toute la Judée durant les années 30 – 40, l’apparition d’autres prophètes et la multiplication des « messies ».

 

La religion juive se radicalisa, la foi en l’approche du Jugement dernier se précisa chez des religieux conservateurs et hallucinés qui préférèrent mourir que de renoncer à une seule de leurs traditions. Dans ce contexte chargé de la domination païenne, de l’acceptation des notables juifs de la prééminence romaine et de la difficulté de vivre son judaïsme d’une manière stricte, le mouvement terroriste des sicaires commença par s’attaquer  aux Pharisiens, un courant d’intellectuels juifs novateur qui respectait les aspects rituels de la religion mais en s’accommodant de la domination romaine dont la présence constituait, à leurs yeux, un garant de sécurité face à la grande crise sociale présente en Judée et tout ce qu’elle charrie de brigandage et d’agitation.

 

Les sicaires avaient fini par devenir l’aile armée des Zélotes, ces groupes de Juifs extrémistes de l’époque, qui militaient pour un Etat judaïque permettant de mener une vie religieuse stricte. Ils semèrent la terreur contre tous ceux de leurs coreligionnaires qui n’optaient pas pour leur cause. Ils assassinaient des prêtres et des notables, brûlaient leurs propriétés et épouvantaient les indécis pour les faire basculer de leur côté.

 

Cette terreur individuelle et visant parfois de petits groupes s’était étendue de 4 avant à 66 après Jésus-Christ, oû la révolte des Juifs fut à son apogée pour permettre le contrôle du Temple et de la ville de Jérusalem.

 

Mai les sicaires avaient fini dans l’échec et le suicide collectif. Par leur fanatisme destructeur et la pratique d’une atroce terreur auprès des Juifs et Païens indécis, les sicaires constituèrent donc historiquement et effectivement les précurseurs des terroristes modernes. Cette pratique a constitué et continue, sous d’autres formes, aussi bien avant la création de l’Etat d’Israël qu’après. Aujourd’hui, l’Etat sioniste applique un terrorisme planifié, organisé et faisant partie prenante de son idéologie hideuse à des Palestiniens démunis, souvent composés de civils, d’enfants et de femmes, paradoxalement accusés de menées terroristes.

 

Cette politique qui consiste à jeter l’opprobre sur les autres et de pratiquer ce qu’on dénonce ailleurs est parfaitement relayée par la propagande des intellectuels juifs de la diaspora. C’est ainsi que le 11 septembre 2001, sur France 2, durant les informations de 20h et en direct de Manhattan, l’écrivain juif américain Elie Wiesel s’est écrié:  » Moi, je connais l’Histoire. Les premiers terroristes du monde sont des Arabes ».

 

Elie Wiesel, qui a été pressenti ces derniers jours pour être président de l’Etat d’Israël suite aux poursuites qui menacent l’actuel chef d’Etat de l’entité sioniste pour harcèlement sexuel et viol, a menti et consciemment déréalisé la réalité objective. En effet, dans sa démonstration cynique et anti-historique, il invoquait les « hashashins », qui s’adonnaient au hash, d’où leur nom, et tuaient pour conserver leur mode de vie.

 

Mais ces derniers, demeurant en Syrie, sont arrivés quelques siècles après les sicaires et les zélotes, fanatiques juifs qui ont inventé le terrorisme en semant la terreur sur l’Empire romain pour atteindre un objectif politico-religieux: la reconnaissance de l’Etat juif et l’interprétation radicale du judaïsme. Exactement comme la revendication actuelle des Juifs d’Israël de 1948 à nos jours.

 

Les « hashashins » n’étaient qu’une bande de bandits qui, effectivement, tuaient et faisaient des razzias pour vivre dans les montagnes syriennes une vie libre et sans contrainte. Les bandes de ce genre ont traversé toute l’Histoire de l’humanité. Mais ils n’ont tué ni au nom d’une religion ou d’une quelconque doctrine ou idéologie, ni pour établir un Etat et imposer les normes de leur religion à tout un peuple. Contrairement aux Juifs de l’époque romaine.


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