8 mars 2008

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TUNISNEWS
 8 ème année, N°  2845 du 08.03.2008

 archives : www.tunisnews.net

 


Liberté et Equité:  Interpellations à Nabeul FIDH – OMCT : Campagne de diffamation à l’encontre de plusieurs défenseurs Le TMG de l’IFEX horrifié par l’agression dont Sihem Bensédrine et Omar Mestiri ont été les cibles Le Parti Tunisien du Travail: Communiqué Mundo Português: Une mère portugaise a raconté à notre journal son histoire pour récupérer son fils « Peu de gens auraient supporté ce que j’ai enduré » AFP: Tunisie: deux Autrichiens disparaissent AFP: La Tunisie va adhérer au protocole additionnel de la Convention de l’Onu Jeune Afrique: Censure : légère dégradation en Tunisie Jeune Afrique: L’Homme de la semaine – Abdellatif Kechiche Courrier des lecteurs du journal « Le Temps » « Jamais de publicité intelligente sur la Tunisie en France » El Watan: Ils sont des « milliers », selon la LAADH, à croupir dans les prisons  – Des harraga internés en Libye et en Tunisie Touhami Rachid RAFFA : Appel aux élites et à la classe politique – Le scandale du chômage des Maghrébins du Québec Lamine Foura:  Suspension de la participation à la Table de concertation Maghreb du ministère de l ’Immigration et des Communautés culturelles du Québec Juan Carlos Sanz: La Turquie entreprend la reforme de l’islam du XXIe siècle Tariq Ramadan: Sans évolution point de fidélité AFP: L’Afrique musulmane peut tirer profit de la finance islamique


Sauvez la vie du prisonnier politique et ingénieur Ridha Boukadi Liberté pour Slim Boukhdhir, la plume libre Liberté et Equité Organisation de droits de l’homme indépendante 33 rue Mokhtar Atya, 1001 Tunis Tel/fax: 71 340 860 Email : Liberte_équite@yahoo.fr Tunis, le 7 mars 2008
Le dénommé Sofiane Khamri, chef du poste de police Sidi Amor à Nabeul a procédé à l’interpellation, dans la nuit du lundi 3 mars 2008, de Adel Ben Slimane, Fethi Ben Slimane, Rafik Hachouche, Salah Zghonda, Anis Falah et Mohammed Allague et les a conduits à la brigade de l’orientation du district de Nabeul; ils sont accusés d’appartenance à Edda’wa wettabligh. Au terme de l’enquête, ils ont du signer un engagement à ne pas tenir de réunions à l’avenir et ont été libérés tard dans la nuit; l’un des interpellés à remarquer l’expression « dans le cadre de la campagne visant les groupes du Tabligh et des Salafistes » écrite sur l’un des dossiers. Pour le bureau exécutif de l’organisation Le président Maître Mohammed Nouri (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version originale, LT)


FIDH – OMCT Campagne de diffamation à l’encontre de plusieurs défenseurs TUN 002 / 0308 / OBS 031

 

L’Observatoire a été informé de sources fiables d’actes de harcèlement et de la campagne de diffamation de la part de la rédaction du journal pro-gouvernemental Al-Hadath à l’encontre de Mme Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, Mme Sihem Bensedrine, porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), Me Radhia Nasraoui, présidente de l’Association tunisienne de lutte contre la torture (ATLT) et membre de l’Assemblée des délégués de l’OMCT, M. Kamel Jendoubi, président du Conseil pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), M. Khemais Chammari, membre co-fondateur de la Fondation euro-méditerranéenne de soutien des défenseurs des droits de l’Homme (FEMDH), Me Mokhtar Trifi, président de la Ligue tunisienne des droits humains (LTDH), M. Khémais Ksila, secrétaire général de la LTDH en exil, et Me Ahmed Nejib Chebbi, avocat de nombreux défenseurs et candidat aux élections présidentielles de 2009.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Tunisie.

Description des faits :

Selon les informations reçues, le journal Al-Hadath a publié ces derniers mois, et en particulier depuis le début du mois de février, plusieurs articles calomnieux et à caractère obscène à l’encontre de ces défenseur(e)s, les accusant notamment d’être « des traîtres soumis à des intérêts étrangers » (antinationaux, français, et néocoloniaux), ou encore des « suppôts » des chancelleries occidentales.

Ces articles comportaient également toute une série d’accusations à leur encontre : enrichissement faramineux via les subsides internationaux, ou encore collusion avec les « fondamentalistes, les salafistes, les intégristes et les terroristes » ainsi qu’avec « des intérêts judéo-sionistes ».

Au travers de ces articles, le journal pro-gouvernemental les a également menacés de divulguer des informations sur leur vie privée et de diffuser de prétendus documents pornographiques les compromettant.

Mme Belhassen, dans deux articles intitulés « La bâtarde de Bagdad » et « Qui est Sousou Belaafen ? » [1], a notamment été accusée d’avoir activement contribué à préparer psychologiquement l’opinion publique à l’invasion de l’Irak par le biais d’un rapport sur les crimes de Saddam Hussein [2].

M. Chemmari, qui avait déjà été victime de diffamation et avait porté plainte le 9 décembre 2007 [3], n’a à ce jour toujours pas été informé d’une date d’examen de sa plainte.

L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation quant à la campagne de diffamation dont sont victimes ces défenseurs, et considère que le harcèlement psychologique dont ils sont l’objet constitue une volonté de la part des autorités de museler certaines des figures de proue de la défense des droits de l’Homme et de la démocratie en Tunisie.

L’Observatoire déplore plus généralement la violence croissante avec laquelle les autorités tunisiennes répriment toute personne qui promeut et défend les droits de l’Homme, et rappelle que conformément à l’article 1 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international ».

Actions demandées :

L’Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités tunisiennes en leur demandant de :

i.Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de Mmes Souhayr Belhassen, Sihem Bensedrine, Radhia Nasraoui, et de MM. Kamel Jendoubi, Khemais Chammari, Mokhtar Trifi, Khémais Ksila et Ahmed Nejib Chebbi.

ii.Mener une enquête indépendante sur les faits décrits ci-dessus, afin que leurs auteurs soient identifiés et dûment jugés et sanctionnés conformément à la loi en vigueur ;

iii.Veiller à ce qu’un terme soit mis à toute forme de menaces et de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme tunisiens ;

iv.Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 susmentionné, son article 6(b), selon lequel « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales », et son article 12.2 qui dispose que « l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration » ;

v.Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Tunisie.

Adresses :

M. Zine el-Abidine Ben Ali, Président de la République, Palais de Carthage, 2016 Carthage, Tunisie, Fax : +216 71 744 721 ou +216 71 731 009

M. Mohamed Ghannouchi, Premier Ministre, Secrétariat Général du Gouvernement, Rue de la Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 562 378

M. Rafik Belhaj Kacem, Ministère de l’Intérieur et du Développement local, Avenue Habib Bourguiba, 1001 Tunis, Tunisie, Fax : ++ 216 71 340 888 ; Email : mint@ministeres.tn

M. Kamel Morjane, Ministère de la Défense Nationale, Avenue Bab Mnara, La Kasbah, 1008 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 561 804

M. Bechir Tekkari, Ministère de la Justice et des Droits de l’homme, 57, Boulevard Bab Benat, 1006 Tunis, Tunisie, Fax : +216 71 568 106 ; Email : mju@ministeres.tn

Ambassadeur, S.E M. Samir Labidi, Mission permanente de la Tunisie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 58 Rue Moillebeau, Case postale 272, 1211 Genève 19, Suisse, Fax : +41 22 734 06 63 ; Email : mission.tunisia@ties.itu.int

Ambassade de la Tunisie à Bruxelles, 278 avenue de Tervueren, 1150 Woluwe-Saint-Pierre, Belgique, Fax : + 32 2 771 94 33 ; Email : amb.detenusie@brutele.be

*** Genève – Paris, le 4 mars 2008

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence : E-mail : Appeals@fidh-omct.org Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 20 11 / 33 1 43 55 18 80 Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

 


[1] « Belhaafen » signifie « dégoûtante », « polluée ».

[2] Cf. rapport conjoint FIDH – Human Rights Alliance, Irak : une répression intolérable, oubliée et impunie, décembre 2001.

[3] Cf. appel urgent de l’Observatoire TUN 004 / 1207 / OBS 165, diffusé le 12 décembre 2007.

 

ACTION COMMUNE:

Le TMG de l’IFEX appelle le gouvernement tunisien à cesser les agressions brutales et répétées contre les militants, suite aux violences perpétrées contre Sihem Bensédrine et Omar Mestiri

English: JOINT ACTION: IFEX-TMG urges government to cease repeated attacks on activists following brutal violence against Sihem Bensedrine and Omar Mestiri

 

Pays/Sujet: Tunisie Date: 05 mars 2008 Source: IFEX Personne(s): Sihem Bensédrine, Omar Mestiri Cible(s): défenseur(s) des droits de la personne , Rdacteur(s) , journaliste(s) Type(s) d’infraction(s): attaque , agression Niveau de priorité: Bulletin


(IFEX-TMG) – Ci-dessous, un communiqué de presse de l’IFEX-TMG:

Le TMG de l’IFEX horrifié par l’agression dont Sihem Bensédrine et Omar Mestiri ont été les cibles

Les membres du Groupe d’Observation de la Tunisie (TMG), coalition de 18 organisations membres du réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), expriment leur émoi et leur consternation devant le traitement qui a été réservé à Sihem Bensédrine et Omar Mestiri, deux militants des droits de la personne, à leur arrivée en Tunisie le 3 mars 2008.

Bensédrine est Secrétaire générale de l’Observatoire pour la Liberté de Presse, d’Édition et de Création (OLPEC), membre tunisien de l’IFEX et partenaire du TMG. Elle est également porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT). Pour sa part, Mestiri est directeur et rédacteur en chef du journal en ligne « Kalima ».

Selon la vice-présidente de l’OLPEC, Naziha Rjiba, les deux militants sont arrivés d’Europe au port de La Goulette. À leur arrivée, ils ont été retenus par les agents des douanes pendant six heures, période pendant laquelle Bensédrine a été brutalisée, laissant son corps couvert d’ecchymoses. Les agents des douanes ont confisqué les téléphones cellulaires, les documents et les disques durs des ordinateurs de Bensedrine et de Mestiri – et ont copié les fichiers et les mots de passe de leurs ordinateurs portables.

Cette agression succède à une attaque récente contre Samia Abbou et Fatma Ksila, deux militantes qui ont été agressées par la police le 18 février à Sousse.

« Il m’est difficile de croire que, quelques jours à peine avant la Journée internationale de la Femme, le gouvernement tunisien puisse apporter sa caution à une agression aussi haineuse contre une femme », déclare le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera, du groupe Index on Censorship. « Cette attaque survient pourtant dans le sillage d’autres agressions perpétrées récemment contre deux militantes et avant cela contre des défenseurs des droits des femmes, dont Sihem. »

Bensédrine a été agressée à de nombreuses occasions dans le passé, notamment lors de son séjour en prison en 2001. Elle a subi des fractures aux côtes et d’autres blessures, et a été insultée dans les médias pro-gouvernementaux à cause de sa campagne sans compromis en faveur de la démocratie et de la libre expression en Tunisie. Pour son travail, elle a reçu le Prix de la Paix 2008 au Danemark, ainsi que d’autres récompenses, dont le Prix international 2004 de la Liberté de la presse, décerné par le CJFE.

Le TMG de l’IFEX estime que tous les militants et tous les journalistes de Tunisie ont droit au même respect que la loi garantit à tout autre citoyen, et appelle le gouvernement à mettre fin à ces agressions brutales et répétées contre ces militants exemplaires. Les membres du TMG appuient en outre la plainte inscrite par Bensédrine et Mestiri contre les douaniers, pour « brutalité » et « séquestration ».

Les membres de l’IFEX-TMG:

Réseau d’information arabe des droits de l’Homme (HRINFO), Égypte ARTICLE 19, Royaume-Uni Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Canada Cartoonists Rights Network International (CRNI), États-Unis Organisation égyptienne pour les droits de l’Homme (EOHR), Égypte Index on Censorship, Royaume-Uni Fédération internationale des journalistes (FIJ), Belgique Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (IFLA), Pays-Bas Institut international de la presse (IIP), Autriche Union internationale des éditeurs (UIE), Suisse Journaliste en danger (JED), République démocratique du Congo Fondation Maharat, Liban Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibie Centre PEN norvégien, Norvège Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Canada Association mondiale des journaux (AMJ), France World Press Freedom Committee (WPFC), États-Unis Comité des écrivains en prison de PEN International (WiPC), Royaume-Uni

D’AUTRES INFORMATIONS:

Pour tout renseignement complémentaire, veuillez contacter le Président du TMG, Rohan Jayasekera, Index on Censorship, Royaume-Uni, tél: +44 20 7278 2313, courrier électronique: rj@indexoncensorship.org, Internet: http://campaigns.ifex.org/tmg/fr

 

 


PART TUNISIEN DU TRAVAIL   COMMUNIQUÉ
 
 La barbarie meurtrière qui s’abat sur le peuple palestinien, seul face à la machine de guerre sioniste, vient après d’innombrables lourds massacres de populations qui emplissent la sinistre histoire de l’entité sioniste depuis près de soixante ans.   Or cette folie criminelle qui n’épargne aucune vie même celle des nourrissons et qui a frappé de stupeur l’opinion, démontre encore une fois la nature particulièrement grave du sionisme, celle de l’extermination, de la destruction et du nettoyage de l’autochtone et son remplace- ment par l’occupation sioniste.   Le Parti Tunisien du Travail s’élève contre ces crimes de guerre qui n’ont jamais cessé et dénonce avec énergie toutes les formes de conspiration des régimes arabes contre le peuple palestinien.   Malgré les camouflages d’Annapolis, accompagnés des manœuvres de division du peuple palestinien, terriblement assiégé par la machine de guerre sioniste et sévèrement boycotté par les régimes arabes, cette guerre d’extermination contre le peuple palestinien est aussi une autre étape du programme américano-sioniste de la liquidation de toute résistance arabe. Leur agressivité n’a fait que croître, lorsque la résistance du peuple arabe libanais a enregistré une grande victoire contre les plans d’hégémonie américano-sioniste sur la région en brisant la machine de guerre sioniste que les américains et leurs alliés n’ont pu protéger malgré tous les soutiens logistiques, militaires et diplomatiques.   Quant à ces promoteurs inconditionnels des « processus de paix », des « feuilles de routes » et de la normalisation avec le sionisme, les patriotes palestiniens, à l’instar de leurs frères partout dans le monde arabe, connaissent parfaitement les intentions réelles de l’ennemi et de ses acolytes : leurs guerres d’extermination, de destruction et de terres brûlées menées méthodiquement contre les peuples arabes et leur environnement, dépassant de loin les méthodes et les crimes nazis, n’a jamais faibli de son ardeur depuis l’implantation forcée de l’entité sioniste dans le monde arabe.   Qu’ils soient convaincus que leurs crimes ne peuvent qu’aiguiser la détermination et amplifier le combat pour arrêter les souffrances de nos populations en détruisant l’ennemi et ses collaborateurs des régimes arabes qui, encore une fois apparaissent comme des auxiliaires de la machine de guerre multiforme américano-sioniste contre nos populations et qui de plus s’activent à bâillonner dans la répression l’expression populaire de solidarité avec les peuples frères notamment irakien, libanais et palestinien.   Les ingérences de l’impérialisme américain, l’arrogance, les menaces et les intimidations , partout dans le monde arabe et musulman ( comme c’est le cas actuellement sur les côtes libanaises ), prennent des formes d’agressions militaires directes et d’atteintes à la souveraineté et à l’intégrité de nos territoires après les campagnes véritablement hystériques menées par le Gouvernement américain et les agences sionistes contre les États et les mouvements de résistance qui refusent la politique de soumission aux injonctions américano-sionistes les traitant de chefs du terrorisme international ce qui constitue une justification d’avance de toutes les guerres criminelles et tous les complots tramés par l’impérialisme américain contre nos peuples.                                                   Conscient de la portée historique et stratégique de la lutte du peuple palestinien et de son combat héroïque pour recouvrer ses droits légitimes, combat désormais indissociable de celui des peuples irakien et libanais qui subissent les mêmes guerres criminelles des mêmes ennemis des peuples, le Parti Tunisien du Travail réaffirme que notre avenir et notre survie, face à un ennemi sans foi ni loi, exigent l’engagement et la nécessité de soutenir et d’appuyer par tous les moyens la lutte palestinienne et la résistance qui ne cesse de se développer, partout dans le monde arabe et musulman, contre les néfastes projets américano-sionistes et leurs collaborateurs.   Le Parti Tunisien du Travail appelle tous les compatriotes maghrébins à se dresser, dans une union des peuples, contre tous les projets américains dans la région notamment les accords et les bases militaires favorisés par une politique alignée sur les positions américaines qui met gravement en danger l’avenir de nos peuples. La « concordance des vues » exprimée lors des tournées des hommes américains dans notre région et précédant chaque guerre sioniste ou américaine contre nos peuples est significative et extrêmement inquiétante. La royauté du Maroc, tête de pont de l’axe Ryad-Tunis-Rabat, est devenue, depuis les accords de Camp David, non seulement le tremplin du sionisme et de l’implantation de l’impérialisme américain dans la région, mais un sérieux obstacle dans l’unité maghrébine.   La politique étrangère du gouvernement tunisien et celle de l’exercice du pouvoir mettent en évidence la solide connexion entre les différentes orientations de l’antipopulaire et antinationale politique générale suivie, sans discontinuer, depuis la fin des années soixante. Ces orientations sont en étroite liaison avec les choix de la politique étrangère du pouvoir qui s’expriment par des prises de positions sur les problèmes internationaux par trop favorables aux puissances impérialistes et au sionisme et souvent contraires aux aspirations de notre peuple, et dont les risques n’ont fait que croître avec la mise en pratique de la nouvelle politique américaine dans notre région.   Le Parti Tunisien du Travail, aux côtés de tous ceux qui se dressent pour soutenir le peuple palestinien dans sa lutte, renouvelle son soutien et sa solidarité totale et indéfectible. Il lance un appel pour la mobilisation de l’opinion publique en faveur de la cause palestinienne, symbole de la liberté et de la dignité face à la barbarie nazie du sionisme et la machine de guerre de l’impérialisme américain et ses visée d’hégémonie qui dépassent de loin le territoire palestinien.   Le Parti Tunisien du Travail s’incline devant toutes les victimes palestiniennes, nouveaux martyrs de la cause sacrée palestinienne et dont les sacrifices ne sont pas vains, car ils ont contribué à gagner de nouvelles forces pour la cause palestinienne et celle de tous les peuples qui affrontent le sionisme et l’impérialisme américain notamment les peuples frères palestinien, libanais et irakien.   Tunis,    le 03 mars 2008
 

Mundo Português 7 mars 2008 [En première page ] Une mère portugaise a raconté à notre journal son histoire pour récupérer son fils

« Peu de gens auraient supporté ce que j’ai enduré »

 
Emigrée en France depuis 1970, Teresa Chopin s’est mariée avec Mohamed Chlendi. Elle avait à peine seize ans. De ce mariage sont issus six enfants et une vie de sacrifices. « Le monsieur », c’est ainsi que Teresa appelait Mohamed, lui a kidnappé un jour les enfants et les a emmenés dans son pays d’origine. A partir de ce jour, la vie de l’émigrée portugaise s’est partagée entre la France et le Nord de l’Afrique. Une histoire de violence, de trahisons, d’amour et de l’immense souffrance d’une véritable « mère courage » qui a passé le plus clair de sa vie à lutter par amour pour ses enfants. En page 2 et 3 Omar Chlendi, accusé de terrorisme islamique, est mort lors d’une mission humanitaire Mère Courage prépare un livre sur la vie de son fils décédé Emigrée portugaise en France, Teresa Quintas Chopin, est en train de préparer un livre sur la vie de son plus jeune fils, Omar Chlendi, ex prisonnier en Tunisie, décédé en Somalie en 2007 lors de l’invasion de ce pays par l’Ethiopie. Par André Branco Omar a passé la plus grande partie de sa vie en Tunisie, où son père arabe, Mohamed Chlendi, s’est enfui avec les six enfants issus de son mariage avec Teresa Chopin. C’est alors que commence la lutte de la mère portugaise pour ramener ses enfants auprès d’elle. C’est dans ce pays du nord de l’Afrique que le plus jeune fils de Teresa fut arrêté chez lui en 2003 à Zarzis, pour appartenance présumée à un groupe de terroriste appelé « internautes de Zarzis ». D’après sa mère, il s’agit d’une condamnation injuste, son fils étant seulement coupable d’avoir accédé à Internet depuis des lieux publics. Fils d’un père tunisien et d’une mère portugaise, Omar Chlendi est mort le 8 janvier 2007 en Somalie, où il se trouvait pour une mission humanitaire, au moment où l’Ethiopie a envahi ce pays et expulsé les milices islamiques qui le gouvernaient. Dans ses déclarations à « Mondo português », Teresa Chopin a dit qu’elle entend avec ce livre « informer sur ce qui se passe dans certains pays ». D’après cette émigrée qui réside en France depuis trente ans, « la majorité des pays savent ce qui se passe dans ces pays, mais ils préfèrent voiler la vérité, au nom des relations internationales ». En Tunisie, par exemple, « le système protège le père ». La garde légale des enfants accordée par la loi française ne vaut rien. Le pays protège ses ressortissants, la culture et l’avantage du père sur la mère. « Dans d’autres pays, comme en Algérie, il existe des conventions et des accords pour que les enfants puissent voir leur mère, mais pas en Tunisie ». Le consulat du Portugal en Tunisie a reconnu devant Teresa avoir connaissance de beaucoup de cas analogues au sien, mais s’est déclaré impuissant face à la loi tunisienne. Le livre servira à Teresa « à faire le vide » et à transmettre toutes les connaissances acquises au long de ces années. « J’ai beaucoup travaillé pour m’informer sur cette question et je veux donner ce témoignage car cela peut arriver à n’importe qui ». Quant à la date à laquelle elle prévoit de terminer son livre, Teresa ne peut l’annoncer, car elle a besoin d’abord « d’organiser toute la documentation » en sa possession, cependant elle prévient : « Peu de gens auraient supporté ce que j’ai enduré » L’histoire L’histoire pénible de Teresa Quintas Chopin commence par sa venue en France avec ses parents en 1970. Elle y grandit et s’y marie alors qu’elle a seize ans à peine avec Mohamed Chlendi, un arabe de trente quatre ans. D’après Teresa, le monsieur, ainsi qu’elle appelait son ex-mari, avait tenu à se marier avec une épouse jeune pour la « modeler » à son image. Un an après le mariage, elle a son premier enfant, sur les six qui naîtront jusqu’au vingt troisième anniversaire de Teresa. Le mariage s’est compliqué quand Teresa «  a ouvert les yeux » comme elle dit. Finalement, son mari n’était pas celui qu’elle croyait. Il buvait, était violent et refusait de travailler. Face à cette situation, l’émigrée portugaise est retournée au Portugal avec les enfants chez ses parents. On était alors en 1984. Teresa a fait baptiser ses enfants dans la paroisse de Santa Marinha de Oleiros. La quiétude fut de courte durée. Peu de temps après, elle se retrouva nez à nez avec Mohamed, qui voulait ramener les enfants. Teresa lui répondit quelle était en vacances et qu’elle allait rentrer en France. Le « monsieur » paraissait plus calme et elle finit par accepter le compromis. Dès qu’elle entra chez elle en France, son mari recommença à la menacer : « maintenant je peux te tuer » aurait dit Mohamed. Alors Teresa eut pour obsession d’avoir un logement seulement pour elle et ses enfants. Dès qu’elle le put, elle s’est enfuie avec ses enfants, profitant d’une absence de son mari. Pendant trois mois, elle vécut en paix, jusqu’à ce que, un jour, son mari réapparaisse, juste pour donner un papier relatif aux médicaments de l’un des enfants. Le processus de divorce était en cours et Mohamed exigeait la garde partagée des enfants. En août 1986, au terme d’un mois de vacances que les enfants avaient passé avec leur mère, Mohamed entendit emmener ses enfants en Tunisie. Le voyage aller eut bien lieu, mais le retour fut ajourné pour de nombreuses années. Les voyages en Tunisie commencent en 1987, c’est alors que Teresa loue une voiture et parcourt seule six cent kilomètres pour tenter de récupérer ses enfants contre « rançon ». « En Tunisie tout s’achète », mais le contact qu’elle avait acheté la trahit et Mohamed apprend qu’elle est là. Elle rentre seule à Paris et fait connaissance à l’occasion d’un autre voyage d’autres Françaises dans la même situation. Après beaucoup de voyages à Zarzis et beaucoup de patience, elle parvient à embrasser ses enfants en novembre 1987. A partir de cet instant, elle apporte avec elle lors de ses voyages en Tunisie les jouets et les vêtements qu’elle envoyait auparavant par la poste et qui n’étaient jamais parvenus à leurs destinataires : ses enfants. Le temps joue en faveur de la Portugaise. Les enfants vont au collège et les lettres passent par d’autres collégiens. Avec le père comme intermédiaire, la correspondance ne leur parvenait jamais. Plus tard, à l’université, Internet a supplanté le papier et rendu les communications plus faciles. C’est ainsi que le fils aîné est devenu majeur et a affronté son père, qui lui a rendu son passeport. Il fut le premier à rejoindre la France pour vivre avec sa mère; Entre temps, Teresa s’était remariée et Guillaume était né. Alors qu’elle était enceinte, elle s’est rendue en Afrique du Nord pour la dernière fois dire à ses enfants qu’elle ne reviendrait pas, car elle devait s’occuper du bébé à naître, mais que la porte de sa maison leur était toujours ouverte. Le corridor Zarzis-Paris se remit à fonctionner avec l’arrivée d’Ali, à 23 ans, puis Ahmed arrive en 2001 et Ramzeddine un an plus tard. En 2003, ce devait être le tour d’Omar, mais alors que ce dernier s’apprêtait à voyager, la police l’arrêta chez lui. Au terme de dix huit jours sans nouvelles, l’information arriva le 27 février qu’Omar était dans une prison militaire. Il avait été arrêté avec cinq jeunes, également de Zarzis. Il avait alors vingt ans. Arrivent alors des informations sur les tortures et les conditions inhumaines que vit le fils le plus jeune de Teresa. Restaient avec Mohamed, Fatima et Ghalia. La première mourut dans une collision avec un tracteur alors qu’elle allait s’inscrire à l’Université. Le père y a survécu. Ghalia dérobe son passeport et arrive à Orly avec pour tout bagage, les vêtements qu’elle porte. Il y a longtemps qu’elle ne supporte plus la vie des femmes en Tunisie. Teresa Chopin retourne en Tunisie pour le procès d’Omar qui avait été condamné à 19 ans d’emprisonnement. Ils étaient séparés et n’avaient pas pu s’embrasser. Le 6 juillet 2004, en appel, la peine est réduite à treize ans. « la preuve principale était un tube de colle », dit Teresa ; cette fois-là, elle a pu embrasser son fils. En janvier 2005, Teresa retourne en Tunisie pour rendre visite à son fils en prison. Elle le trouve malade, « dévoré par la gale et avec des orteils infectés ». Révoltée, elle affronte les gardiens et parvient à parler le jour suivant avec le directeur de la prison. Omar reçoit la visite d’un médecin, on lui donne un matelas et une couverture. Le fils le plus jeune de Teresa a effectué trois ans d’emprisonnement quant il est libéré, faute de preuves ; il a vingt trois ans. Leur rencontre a lieu à Porto. De nationalité portugaise, Omar rentre avec sa mère en France. Il s’inscrit à l’université et trouve un emploi mais ne parvient pas à s’adapter à «  la routine d’un jeune normal ». Pour Teresa « c’est la prison qui rendu mon fils ainsi ; il est resté très marqué par ce pays. Il ne pouvait se convaincre qu’il aurait une vie normale. Il se devait de faire quelque chose pour aider les autres, pour se trouver lui-même » a dit Teresa à l’agence Lusa. Le 1er novembre 2006, il partit sans prévenir. Au bout de deux semaines il prit contact avec sa mère pour lui dire qu’il était en mission humanitaire en Somalie pour «aider les pauvres ». Les coups de téléphone devinrent alors réguliers jusqu’à celui reçu à l’occasion de Noël. Teresa n’a plus eu de nouvelles par la suite. En juillet 2007, elle reçut une des pires nouvelles de sa vie. L’organisation non gouvernementale Human Rights Watch lui transmit la nouvelle du décès d’Omar. D’après cette organisation, son fils était mort le 8 janvier, mais la situation en Somalie était telle que la nouvelle n’avait pu lui parvenir plus tôt. Le groupe humanitaire dont il faisait partie aurait été attaqué par l’armée éthiopienne et il aurait été le seul à « être emporté par une balle perdue ». Les restes d’Omar Chlendi sont restés en Somalie « enterrés dans une fosse commune », car Teresa Quintas Chopin a renoncé à les transférer en France. « Au bout de six mois, que va-t-il rester ? On m’aurait donné des ossements dont je n’aurais pas pu savoir si c’étaient ceux de mon fils » expliqua-t-elle. (traduction de la version originale en portugais : Luiza Toscane)  
 


La Tunisie va adhérer au protocole additionnel de la Convention de l’Onu

AFP, le 8 mars 2008 à 16h50

 

TUNIS – La Tunisie a lancé le processus d’adhésion au protocole additionnel à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a-t-on appris samedi de source officielle à Tunis.

 

Cette adhésion a été l’objet d’un projet de loi du gouvernement présenté à un conseil dirigé par le président Zine El Abidine Ben Ali et coïncidant avec la célébration du 8 mars, journée mondiale des femmes.

 

« Le conseil a examiné un projet de loi portant ratification de l’adhésion de la Tunisie au protocole facultatif à la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes », a indiqué l’agence Tape.

 

« Cette adhésion démontre l’orientation claire de la Tunisie et ses efforts continus en vue de promouvoir davantage le statut de la femme, et de consolider et sauvegarder ses droits », a-t-on ajouté de même source.

 

La Tunisie est dotée depuis 1956 d’un Code du Statut Personnel (CSP), un arsenal juridique sans égal dans le monde arabo-musulman, qui abolissait déjà la polygamie et la répudiation. Ce code, aux objectifs proches de ceux fixés par la Convention, a été amendé plusieurs fois pour consolider les droits des femmes, notamment en matière de tutelle, de relation dans le couple et de garanties post-divorce.

 

La persistance de certaines formes de discrimination et l’égalité sans restriction des sexes, y compris en droit de succession, a été le cheval de bataille des milieux féministes et laïques ces deux dernières décennies.

 

La Tunisie a ratifié la Convention dès 1985, mais à l’instar des pays musulmans, elle avait émis des réserves sur des articles jugés en contradiction avec l’islam, religion d’Etat.

 

Le Protocole facultatif auquel ce pays va adhérer permet à des individus ou à des groupes de présenter une plainte sur des violations présumées de la Convention et autorise l’Onu à effectuer une enquête sur de telles violations.

 

L’Association tunisienne des Femmes démocrates (ATFD) s’est associée à la Fédération internationale des droits de l’Homme pour demander à la Tunisie de lever les réserves à la Convention et de ratifier le Protocole additionnel.

 

Sa présidence, Khajija Cherif, a qualifié la démarche gouvernementale de « positive, mais encore insuffisante ». « Nous continuerons de militer pour la levée des réserves qui vident de leur sens la Convention », a-t-elle déclaré à l’AFP.

 

Parallèlement, l’Union nationale de la femme tunisienne fêtait le 8 mars sous le signe de la politique, sa présidente Azine Htira appelant le président Zine El Abidine Ben Ali à postuler à un nouveau mandat quinquennal en 2009.

 


 

Censure : légère dégradation en Tunisie

par SAMIR GHARBI

 

La censure préalable n’a pas été totalement supprimée comme promis par le président Zine el-Abidine Ben Ali dans son discours du 7 novembre 2007 (J.A. n°2445). Elle l’a été pour les journaux locaux qui ne peuvent plus être censurés que par une décision de justice. Cette mesure a renforcé la libéralisation de la presse nationale qui n’était déjà plus soumise à l’autorisation préalable de diffusion délivrée par la Direction générale de l’information au moment du dépôt légal. Mais la presse publiée hors Tunisie n’a pas bénéficié de ce progrès. Elle demeure soumise, une fois arrivée à l’aéroport de Tunis, au dépôt légal et à l’attente de l’autorisation de mise en vente. Cette attente n’est pas réglementée. Elle est soumise au bon vouloir des agents de contrôle.

 

Nous dénonçons depuis plusieurs années cette pratique qui nuit à la liberté de la presse. Et donc à l’image de la Tunisie moderne. Les choses se sont certes légèrement améliorées pour Jeune Afrique : de 3 jours en moyenne en 2005, le délai d’attente est passé à 2,5 jours en 2006 et à 2,1 jours en 2007. Avant de remonter à 2,2 jours en février 2008, à cause d’un délai de 4 jours pour le n° 2450-2451 et de 3 jours pour le n° 2458. Comme le montre notre graphique, le « cardiogramme » de la censure n’arrive pas à descendre sous la barre de 2 jours. Délai énorme à l’ère d’Internet.

 

(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2460 du 2 au 8 mars 2008)


 

L’Homme de la semaine

Abdellatif Kechiche

Réalisateur franco-tunisien, lauréat de trois césars 2008

par RENAUD DE ROCHEBRUNE

 

 

Il suffisait de le voir en cette soirée de fin février, à l’heure de son triomphe à la grande cérémonie annuelle du cinéma français pour son film La Graine et le Mulet, pour comprendre qu’Abdellatif Kechiche ne se prend pas pour une star. Recevant ses césars sur la scène du théâtre du Châtelet, sanglé dans un costume des plus simples, avec ses lunettes fines aux verres rectangulaires qui le feraient davantage passer pour un ingénieur timide qu’un maître du septième art, il restait tout en retenue, n’arborant, en signe de satisfaction, qu’un beau sourire, presque discret.

Et pourtant, le réalisateur d’origine tunisienne avait de quoi être fier et nul n’aurait songé à lui reprocher une humeur euphorique sinon un débordement de joie incontrôlé. Auteur d’à peine trois films, le voilà consacré pour la deuxième fois en trois ans – en 2005, c’était pour ­L’Esquive – meilleur scénariste, meilleur réalisateur et auteur du meilleur film de l’année par l’académie des césars, laquelle décerne annuellement, après un vote de quelque 6 000 professionnels du cinéma, les équivalents français des oscars. Une performance unique, comme celle d’un sportif qu’on trouverait simultanément sur les trois marches du podium à l’issue de deux compétitions rapprochées.

 

Mais pour le très pudique Kechiche, le principal souci n’est évidemment pas de réaliser des performances records. Il a tenu à dire simplement sur la scène du Châtelet, « compressions » du sculpteur César en main, que les récompenses octroyées par ses pairs du septième art lui donnaient « une légitimité », alors qu’il avait « toujours eu l’impression de ne pas en avoir ». Et c’est à son père, mort récemment et dont l’existence a inspiré le scénario de La Graine et le Mulet, qu’il a dédié ses prix. Ce qui montre à la fois combien son ascension dans le milieu du cinéma lui avait semblé jusqu’à ce jour problématique et combien son parcours cinématographique est lié à son histoire personnelle.

Fils d’un ouvrier tunisien peintre en bâtiment, mais aussi peintre de chevalet amateur (on voit ses toiles sur le bateau de La Graine et le Mulet), arrivé avec sa famille à Nice en 1966 à l’âge de 6 ans, le petit Abdel, comme l’appelle ses proches, se prend vite de passion pour l’art de la comédie dans cette ville qui abrite les studios de la Victorine, proche des cités populaires de la vallée du Var. Ce sont donc sans surprise les acteurs qui le séduisent avant tout quand, adolescent, il découvre les trésors du cinéma français en allant voir Raimu dans les films de Pagnol et Michel Simon dans ceux de Renoir. Et après une enfance pas toujours rose – qu’on devine, même s’il n’aime pas parler « des difficultés et du racisme subis comme fils d’immigrés » – et des études arrêtées avant l’échelon universitaire, il voudra d’abord être comédien.

 

Après des débuts encourageants au théâtre, où on le voit notamment dans une adaptation d’un texte de Garcia Lorca, il arrive enfin, à partir de 23 ans, à jouer de vrais personnages dans plusieurs films importants, comme Le Thé à la menthe, d’Abdelkrim Bahloul, Les Innocents, d’André Téchiné, ou Bezness, de Nouri Bouzid. Songeant déjà à passer à la réalisation, il écrit alors des scénarios, en particulier celui de La Graine et le Mulet, prêt avant même qu’il ne tourne, en 2000, sa première œuvre, La Faute à Voltaire, une tragi-comédie sur un immigré clandestin tunisien qui tombe amoureux d’une paumée en France avant d’être expulsé. Un coup d’essai qui se révèle un coup de maître : Kechiche obtient à Venise le Lion d’or de la meilleure première œuvre.

 

Ce succès ne suffisant pas à lui ouvrir les portes des plus grands producteurs, il sort de ses cartons un scénario pas trop cher à mettre en scène et, avec un petit budget d’à peine plus de 500 000 euros, tourne L’Esquive, l’histoire d’un groupe d’adolescents de la banlieue parisienne qui découvrent en même temps leurs premiers émois amoureux et le théâtre de Marivaux, avec son langage fort éloigné du parler des cités. Une merveille de sensibilité et d’intelligence qui fait l’unanimité de la critique et lui permet de conquérir plusieurs centaines de milliers de spectateurs. Il est alors contacté par l’un des plus importants producteurs français, Claude Berri, qui lui permet enfin de réaliser La Graine et le Mulet avec un budget de 6 millions d’euros, certes pas mirifique dans le paysage cinématographique hexagonal, mais confortable.

Cette fois, on l’a compris, avec ce récit contant les mésaventures d’un vieil ouvrier qui se trouve brutalement licencié et qui tente désespérément de monter un restaurant avec l’aide d’un entourage familial aussi complexe qu’attachant, il s’impose comme un « grand » du septième art en France, que la critique situe déjà dans la lignée de Pialat et Sautet. Le film, à nouveau récompensé à Venise, avait déjà séduit 700 000 spectateurs français avant même de triompher aux Césars. Il a surtout démontré définitivement le talent peu commun et le style très original de Kechiche, qui était d’ailleurs bien le seul à douter encore de sa « légitimité » après la sortie de L’Esquive. Découvreur et directeur d’acteurs hors pair (ce n’est pas un hasard si les vedettes féminines de ses deux derniers films ont obtenu, pour leur part, le césar du meilleur espoir féminin), conteur surdoué acharné à imposer une image non caricaturale de la population d’origine maghrébine en France, réalisateur qui ne craint pas de détonner avec ses plans étirés et son travail méticuleux sur la langue en ces temps de cinéma ultra-agité et ultra-violent, il n’a certainement pas fini de nous étonner. Après sa trilogie sur l’immigration, il annonce d’ailleurs, sans donner de précision, un film en costumes dont l’action se déroule… au XVIIIe siècle !

 

(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2460 du 2 au 8 mars 2008)


Courrier des lecteurs du journal « Le Temps »

« Jamais de publicité intelligente sur la Tunisie en France »

 

« Je vis en France depuis plus de 30 ans, et je peux vous assurer que je n’ai quasiment jamais vu de publicité intelligente vantant la destination Tunisie. A part « TUNISIE AMIE » comme si les autres pays étaient ennemis. Slogan dépassé et inefficace.

 

Absence inquiétante de publicité sur la destination Tunisie sur les chaînes de Télévision en France ou sur les grandes chaînes internationales. L’Egypte et le Maroc ont bien compris le problème. On ne voit qu’eux. Sans oublier les affiches dans les grandes villes, le Métro et les salons de Tourisme où le pavillon tunisien est souvent pitoyable. Pour attirer les touristes vers la Tunisie, il ne suffit pas de construire des hôtels tout le long de la côte. Des hôtels qui se ressemblent et qui finissent par devenir ennuyeux, le touriste a envie de voir des choses qui n’existent pas chez lui, de sortir des 4 murs pour visiter l’arrière pays, de pouvoir dîner dans un petit restaurant sympa ouvert tard la nuit, aller danser dans une boîte de nuit ou siroter une boisson dans un salon de Thé.

 

Je pense que si la Tunisie veut rebondir et reprendre la place qui était la sienne en matière de tourisme, il faut d’abord réorienter son tourisme vers la qualité et le standing, attirer les grandes stars de Cinéma et de variétés internationales comme le Maroc, attirer la frange des personnes retraitées pour un tourisme de résidence, réputées pour être dépensières.

 

Multiplier le shopping et pourquoi pas le rendre permanent, s’inspirer de l’expérience extraordinaire de Dubai, améliorer l’environnement des hôtels, propreté, services impeccables, multiplier par 10, par 100 les restaurants, boîtes de nuit et autres salons de thé en dehors des hôtels. Tous les villages de l’intérieur du pays tels que Raf Raf, Metline, ou Sejnane… peuvent accueillir des touristes, l’exemple de l’Andalousie le démontre. Il suffit de restaurer les médinas, installer des échoppes d’articles artisanaux, de petits hôtels de charme il y a des centaines de villages en Tunisie qui peuvent profiter des visites des touristes, il suffit d’un peu d’imagination et de bonne volonté. Ainsi, le tourisme tunisien prendrait son envol ».

 

chebilf@numericable.fr

 

(Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 7 mars 2008)

 


 

Ils sont des « milliers », selon la LAADH, à croupir dans les prisons Des harraga internés en Libye et en Tunisie

Selon la Ligue de la défense des droits de l’homme (LADDH), des milliers de jeunes harraga ont été interceptés au large et conduits tout droit vers des centres d’internement en Libye ou vers des prisons tunisiennes. C’est une révélation fracassante qu’a faite hier Kamel Daoud, membre du bureau exécutif de la Ligue de la défense des droits de l’homme (LADDH). « Des milliers » de harraga algériens échouent dans des prisons et des centres d’internement en Libye et en Tunisie. Dans une conférence de presse animée hier, ce militant des droits de l’homme a rendu compte à la presse nationale et à l’opinion publique des résultats d’une enquête qu’il a menée sur toute la côte est du pays, notamment à Annaba. Il en ressort, d’après lui, que des milliers de jeunes harraga ont été interceptés au large et furent conduits tout droit vers des centres d’internement en Libye ou vers des prisons tunisiennes pour les plus « chanceux ». L’orateur, qui annonce la mise sur pied d’un comité national des disparus, de la mer cette fois, attire l’attention des autorités sur la « gravité » de la situation, mais aussi sur le profond désarroi de ces « centaines » de familles qui n’ont plus de nouvelles de leurs enfants. « Ça chauffe vraiment à Annaba ! », affirme Kamel Daoud qui révèle que beaucoup de familles veulent aller directement voir les autorités tunisiennes et libyennes pour demander des nouvelles de leurs enfants « officiellement portés disparus ». L’inquiétude de ces familles est d’autant plus grande que 64 ressortissants marocains — harraga également — auraient été « enterrés sous X dans une fosse commune ». Kamel Daoud pointe du doigt les autorités libyennes surtout coupables de faire « le sale boulot » au profit de l’Union européenne. Le dispositif de lutte contre l’immigration clandestine mis au point par l’Union européenne met à la disposition de la Libye tous les moyens matériels et logistiques (frégates, hélicoptères…) pour « pêcher » les harraga au large. Une fois interceptés avant d’atteindre les côtes italiennes ou espagnoles, les harraga sont conduits directement vers des centres d’internement également financés par l’Union européennes au pays de Kadhafi. Puis, c’est le silence jusqu’à ce que mort s’ensuive… Voilà résumé le travail des Libyens chargés par l’UE de « cueillir » des jeunes Algériens en mer avant de les jeter dans des centres de rétention dont ils n’en sortiront probablement plus jamais… L’arme fatale de l’UE pour Kadhafi Il est vrai que le pays de Mouammar Al Kadhafi est redevenu, comme par enchantement, fréquentable aux yeux des dirigeants européens qui lui offrent même des centrales nucléaire… Et ce travail de piraterie est fait plus humainement, plutôt moins dramatiquement par les gardes-côtes tunisiens, d’après l’enquête de la LADDH. Ces derniers immobilisent les harraga au large et leur extorquent 100 euros chacun puis leur donnent le choix de continuer l’aventure vers la Sardaigne ou alors les raccompagner en Tunisie. Mais malheur à ceux qui font le choix de rejoindre le pays de Ben Ali. Il sont directement conduits vers… les prisons. Pour ces derniers, c’est le rêve qui vire au cauchemar. Leurs familles, elles, subissent un drame de ne pas savoir où sont-ils, explique Kamel Daoud, soutenant que quasiment toutes les wilayas de l’Est disposent d’un quota de harraga. « De Annaba jusqu’à El Kala, presque toutes les familles sont touchées par le phénomène », affirme-t-il se basant sur une enquête sur le terrain effectuée par le comité des disparus. Les dirigeants de la LADDH, à leur tête son président, maître Mustapha Bouchachi et maître Ali Yahia Abdenour, se sont relayés pour dénoncer le « silence » des autorités face à ce phénomène. « Ce sont des citoyens algériens, l’Etat se doit de les protéger », s’écrie maître Ali Yahia. Et à Kamel Daoud d’asséner : « On doit avoir honte du phénomène de harraga pour un pays qui amasse des pétrodollars ! » Hassan Moali ((Source : « EL WATAN  » (Quotidien – Algerie), le 4 mars 2008)


 

APPEL AUX ÉLITES ET À LA CLASSE POLITIQUE

 

Le scandale du chômage des Maghrébins du Québec

 

Élites, classe politique, pouvoirs publics, donneurs de leçon, faiseurs d’opinion et médias du Québec – hormis le quotidien La Presse – ont passé sous un silence coupable les résultats d’une analyse de Statistique Canada sur le taux de chômage anormalement élevé des Québécois d’origine maghrébine, ou plus exactement des Maghrébins tentant de (re)faire leur vie au Québec. Désormais, les Nords-Africains détiennent le triste titre de groupe humain le plus victime de discrimination à l’embauche dans la Belle Province , suivis de près par leurs frères et sœurs d’infortune de l’Afrique subsaharienne.. « Aucun groupe au Canada n’a une situation aussi peu enviable », d’ajouter M. Christel Le Petit, de Statistique Canada ( La Presse , 14 février 2008).

 

De quelle légitimité pourrait se prévaloir le gouvernement du Québec pour donner la moindre leçon au secteur privé et au patronat pour recruter plus de citoyens d’origine étrangère en général, et maghrébine en particulier, lui qui échoue lamentablement en la matière, depuis des décennies, dans la fonction publique et le secteur parapublic? Si l’exemple vient d’en haut, faut-il s’étonner de ce marasme, et du fait qu’il soit ignoré et occulté?

 

Les origines du silence qui a accompagné des statistiques aussi inquiétantes sont éloquentes…Elles semblent relever moins d’un sentiment de honte refoulé que d’une attitude délibérée d’ignorer une grave réalité sociale qui illustre, tout en les confortant et en les justifiant indirectement, des préjugés tenaces cultivés à l’égard des Arabo-berbères et des musulmans.

 

Que près de 30% des Maghrébins souffrent du chômage passe donc pour un non-événement, une nouvelle négligeable et sans importance, sans lendemain et sans conséquences pour une frange de la société qui entretient une crispation identitaire tout en se permettant d’exclure du travail, donc de la dignité due à tout être humain, des dizaines de milliers de personnes pour la plupart hautement qualifiées, relativement jeunes et francophones de surcroît. Il y a lieu de rappeler aussi la présence parmi eux non seulement de diplômés hors Québec, mais aussi de purs produits du système universitaire québécois! Et ce n’est pas tout compte tenu des ravages de la déqualification professionnelle qui fait que des personnes occupent, pour survivre, des emplois bien en-deçà de leurs qualifications ou qui n’ayant rien à voir avec celles-ci.

 

L’inaction et le silence sont d’autant moins acceptables qu’il n’y a rien à craindre des Maghrébins collectivement, en cette démocratie libérale qui fonctionne souvent au gré du poids des groupes de pression et des intérêts de puissants lobbies. Tunisiens, Algériens, Marocains et Mauritaniens du Québec paient donc cher, en tant que nouveaux venus sur cette scène d’un État de droit, le fait qu’ils n’ont pas encore atteint un degré adéquat d’organisation et de défense de leurs intérêts fondamentaux pourtant si profondément bafoués. Un attaché politique d’une ancienne ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec (MICC) avait eu la franchise, alors qu’il était en fonction, de révéler cyniquement en privé par les propos suivants cette dure réalité : « Ici, on n’a que ce qu’on mérite…Vous n’avez qu’à vous organiser! ». Malheur aux faibles en démocratie! La démocratie d’une société qui ne cesse de proclamer la qualité de son accueil et de son ouverture, et qui s’est dotée d’un État de droit encadré par deux Chartes des droits et libertés interdisant formellement toute discrimination!

 

La dernière crise identitaire à laquelle nous avons été confrontés collectivement sous prétexte d’accommodement raisonnable met à nu une contradiction éclatante entre une véritable sommation – du reste non dénuée de justification – à s’intégrer à la majorité dite de souche, et l’inévitable nécessité « pratique » de s’organiser  fortement en groupe pour être respecté, écouté et pris en compte… Invitation indirecte au ghetto? À la fragmentation de la société en ghettos – groupes de pression? « What do Quebeckers want? »

 

Depuis de longues années, la Table de concertation Maghreb du MICC, à laquelle je n’ai jamais cessé de contribuer pleinement, a débattu des problématiques communes aux nouveaux et aux « anciens » arrivants, et de celles qui sont particulières aux communautés maghrébines. Un plan d’action avec des recommandations qui s’adressent à toutes les parties concernées, y compris à ces communautés, a été documenté, discuté et élaboré. De rencontre en rencontre, et après des années de travail, la crainte exprimée par certains au départ a fini par s’avérer fondée, à savoir qu’un tel exercice relève de la démagogie dilatoire puisqu’aucune mesure concrète n’en est réellement sortie, pas plus d’ailleurs que la moindre réaction officielle de la part des autorités administratives et politiques du Ministère…Le même constat – qui traite en grande partie des mêmes questions – peut être dressé au sujet des travaux de la Commission parlementaire sur le racisme, boudée elle aussi par l’écrasante majorité des intellectuels, des politiciens et des médias…Plus de deux années plus tard, on en attend toujours quelques résultats…

 

Colloques, séminaires, rencontres, travaux de la Table Maghreb , dépôts de mémoires, interventions en Commissions parlementaires, forums de consultation de toutes sortes…La comédie a assez duré et doit cesser car ces manœuvres dilatoires, qui tournent – sans jamais s’y attaquer – autour d’un problème clairement défini et (trop) bien connu, relèvent d’une irresponsabilité politique et sociale avec vision à courte vue, sachant que la solution ne peut résider dans l’attitude de l’autruche. L’histoire nous enseigne qu’il s’agit là de déni, de démission et de fuite en avant dont le prix à payer s’alourdit au fil du temps pour les victimes d’iniquité laissés pour compte comme pour le vivre-ensemble et la paix sociale.

 

Nous en avons la déplorable et évidente preuve puisque les choses, déjà sérieuses, se sont aggravées avec le temps, le taux de chômage des Magrébins ayant atteint un niveau difficilement qualifiable…et ce, dans le silence et l’indifférence des élites et des médias, lesquels renforcent le mutisme et l’inaction des pouvoirs publics.

 

Il faut savoir qu’une certaine vérité commence à arriver aux oreilles de milliers de candidats à l’immigration qui font le pied de grue devant les ambassades du Canada et les délégations du Québec à l’étranger, à savoir que leur avenir professionnel est bien mieux assuré dans les provinces anglophones pour peu qu’ils se mettent à l’apprentissage de la langue anglaise. Une telle réalité est déjà à l’œuvre du fait que les Maghrébins qui ont osé partir en Ontario et vers l’Ouest travaillent, souvent dans leur domaine, et se sentent valorisés, en dépit de ce que l’on raconte au Québec sur les méfaits supposés du multiculturalisme canadien. Enfin, rappelons que le Québec est en concurrence directe, non seulement à l’intérieur de la francophonie mais aussi au-delà, avec tous les pays développés subissant la dénatalité et le vieillissement, dans la quête de bâtisseurs et de contribuables : cols blancs, cols bleus et « cerveaux » pour la formation desquels il n’a pas déboursé le moindre sou.

 

 

En conséquence, j’en appelle aux forces vives de ce pays afin qu’elles incitent instamment les autorités de ce pays à se prononcer clairement et à faire part une fois pour toutes de leur plan d’action pour lutter concrètement contre cette forme insidieuse de racisme qui, à travers l’exclusion à l’embauche et la déqualification professionnelle, mine l’avenir de dizaines de milliers de citoyens et de leurs familles et, par-delà, la cohésion et la paix sociales.

 

Dans l’attente, et après m’être prêté de bonne foi à d’innombrables exercices dits démocratiques de consultations et d’échanges depuis de trop longues années, je prends la décision de ne plus servir désormais de «faire valoir ethnique» et de suspendre par conséquent toute forme de collaboration avec les institutions de l’État québécois tant que celles-ci demeureront silencieuses, défaillantes et surtout inactives en la matière. C’est le moins que je puisse faire en appui à cet appel, en tout modestie, sachant fort bien que nul n’est indispensable.

 

« Qui ne dit mot consent »

 

Touhami Rachid RAFFA, Québec, le 20 février 2008

 


  Suspension de la participation à la Table de concertation Maghreb du ministère de l ’Immigration et des Communautés culturelles du Québec

 

 

Durant les cinq dernières années et dans des conditions difficiles liées à l’ambiguïté de son rôle et à l’absence de considération pour ses travaux par les cabinets politiques successifs du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, la Table de concertation Maghreb du Ministère de l’immigration et des Communautés culturelles (MICC) a tout de même produit des livrables consistants, tant à travers son plan d’action que par les recommandations issues du 1er colloque de l’intégration des Maghrébins. Cela sans compter les différents documents et contributions fournis par l’ensemble des participants sur divers sujets qui concernent l’intégration des immigrants en général et des Maghrébins en particulier.

 

Je considère donc que la mission de la Table de concertation Maghreb du Ministère de l’immigration et des Communautés culturelles a été menée à bien et pleinement remplie. Malheureusement, ses recommandations sont restées sans suite, malgré les engagements pris, y compris par la précédente ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles à plusieurs reprises comme à l’issue dudit colloque, lors d’autres rencontres et durant les audiences de la Commission parlementaire sur le racisme.

 

Force est de faire le constat déplorable d’un manque évident de volonté politique de la part du gouvernement québécois de trouver les solutions qu’il faut en vue de  l’intégration par le travail des immigrants d’une façon efficace dans l’intérêt du Québec comme dans celui des membres de communautés culturelles, particulièrement les Maghrébins dont le taux de chômage est passé en quelques années d’un inacceptable 18% à un désastreux 30%, proportion largement supérieure à celle des pays d’origine! L’espoir de voir les recommandations de la Table mises en œuvre en tout ou en partie a donc fait place à un constat d’échec porteur de vives inquiétudes quant à l’avenir des Québécois d’origine maghrébine en particulier, et au vivre-ensemble en général.

 

Dès lors, je ne vois plus mon rôle dans cette Table de concertation  que comme figurant et témoin impuissant (complice?) de la dégradation d’une situation censée s’améliorer, rôle que je me refuse désormais à jouer. Continuer à y siéger serait non seulement contraire à ma conscience, mais aussi une perte de temps et d’énergie que je dois investir désormais ailleurs et non pour l’image d’un gouvernement qui ignore la détresse d’une partie de ses propres citoyens…à moins que la minorité maghrébine soit considérée comme relevant d’une sous-citoyenneté…

 

Nos différentes tentatives pour essayer de tirer la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation concernant le chômage des Maghrébins du Québec n’a trouvé aucun écho, le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles et le gouvernement dans son ensemble se retranchant derrière le seul registre du discours intégrateur non dénué de démagogie, loin des solutions concrètes et urgentes. Cette insensibilité à l’ampleur du phénomène du chômage et des ses implications socioéconomiques et psychologiques est aussi inquiétante que choquante. À chaque sonnette d’alarme tirée par nos soins, la réponse aura été : «nous comprenons vos frustrations!», voire «vos frustrations personnelles!» (voir réaction de la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles lors de la présentation de notre mémoire, M. Rachid Raffa et moi même, à la Commission parlementaire sur le racisme). Il est clair qu’il s’agit de comprendre non pas les frustrations, mais les doléances légitimes et le cri du cœur de plus de 30% de chômeurs (plus de 30% en considérant toutes les tranches d’âge, ce dont les statistiques publiées ne rendent pas compte) et, parmi les 70% qui travaillent, d’une proportion importante de personnes déqualifiées au regard de leur niveau éducatif élevé et de leur maîtrise de la langue française à laquelle ils apportent une contribution décisive quant à sa survie au Québec.

 

Une fois le choc passé, les dernières données de Statistique Canada nous ont donné l’espoir que le gouvernement allait enfin prendre le problème à bras-le-corps d’une façon décisive et sérieuse…Mais ce n’est qu’illusion et profonde déception suite à la réunion du 4 mars 2008 de la Table de concertation Maghreb du Ministère de l’immigration et des Communautés culturelles, ce qui fait que je regrette de n’avoir pas suivi immédiatement la résolution de M. Rachid Raffa de quitter cette instance puisque, lors de cette réunion, aucune action concrète pour faire face au taux de chômage inacceptable des Maghrébins du Québec n’a été proposée ni par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, ni par les autres représentants du gouvernement québécois

 

Par conséquent, je considère que continuer à participer à cette la Table Maghreb du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles c’est légitimer un processus qui a démontré ses limites et qui n’a fait et ne fera que masquer le manque de volonté politique du gouvernement du Québec de prendre réellement et efficacement en charge l’intégration par l’emploi des immigrants en général et des Maghrébins en particulier, mettant ainsi en péril la stabilité sociale et économique de notre pays commun, le Québec.

 

 

Lamine Foura, 5 mars 2008

info@laminefoura. com

www.laminefoura. com

 

 


 

La Turquie entreprend la reforme de l’islam du XXIe siècle

 

Par Juan Carlos Sanz, Madrid, El País, Samedi 8 mars 2008

 

Ankara charge une centaine d’experts de se pencher sur la révision des hadith(s) du Prophète Muhammad

 

Quelques heures après l’offensive des troupes turques contre le nord de l’Irak, la plus grande depuis une dizaine d’années (240 combattants kurdes et 27 soldats turcs tués), et la promulgation par l’islamiste modéré Abdulah Gül de la loi  levant l’interdiction sur le port du hijab dans les universités, un groupe formé d’une centaine des théologiens a annoncé à Ankara le lancement d’un projet de reforme de l’islam, le plus avancé dans le monde musulman.

 

Ni tournant radical, ni thèses Luthérianites ayant ouvert la porte à une révolution au sein du christianisme, ni catéchisme hollandais impulsant la rénovation religieuse dans les pays catholiques après le Concile Vatican II, il s’agit d’un projet lancé par l’Ecole d’Ankara qui aura entre autres objectifs de permettre aux femmes musulmanes d’invoquer l’islam si elles veulent voyager seules et non sous la tutelle de leurs maris comme le prescrivent certains hadith(s) prophétiques.

 

D’entrée de jeu, Mehmet Gormez, vice-président de la Direction des Affaires Religieuses de Turquie et inspirateur de ce projet, affirme que le Gouvernement turc n’est pour rien dans cette initiative « religieuse et académique ». Notre objectif consiste a « redéfinir et a réinterpréter les hadihs(s) pour les mettre au diapason de l’époque et à la portée de la compréhension du peuple turc contemporain », a précisé Gormez au cours d’une conversation téléphonique depuis Ankara « Ce projet est destiné en premier lieu à la population turque, toutefois nous avons bien l’intention d’en proposer des versions anglaise, arabe et russe pour aider à sa diffusion ». Interrogés à ce propos par El País, des porte parole du gouvernement turc ont refusé de faire la moindre déclaration sur le « Projet Hadith » et ce, au moment même où le Tribunal Constitutionnel turc vient de donner une suite favorable à la requête déposée par l’opposition laïque demandant la révocation de la loi controversée qui lève la prohibition du port du voile islamique dans les universités.

 

La création de la Diyanet par la Turquie kémaliste en 1923, après la fondation de l’état laïque par Mustapha Kemal Atatürk, a de fait octroyé aux ulémas et aux imams turcs le statut de fonctionnaires de l’Etat, rattachés à la Direction des Affaires Religieuses. Le Président de la Diyanet occupe en même temps la fonction du Grand mufti de Turquie. L’impulsion que cette institution est entrain de donner à cette reforme des hadith(s), dont les cinq volumes seront fin prêts vers la fin de 2008, traduit l’importance que le gouvernement turc d’obédience islamiste, accorde à la modernisation de l’islam en Turquie et reflète son souci de tracer la frontière entre la tradition religieuse et la superstition.

 

« Interdire aux femmes de voyager toutes seules est quelque chose d’aberrant et de ridicule. La recommandation d’interdiction, probablement pour des raisons de sécurité, a dû avoir un sens à l’époque où le hadith qui s’y rapporte a été compilé » avance comme argument Mansur Escudero, responsable de la Junta Islamica d’Espagne, ce qui n’empêche pas un pays comme l’Arabie Saoudite de continuer d’interdire aux femmes de conduire des voitures ». Escudero l’une des principales figures de l’islam espagnol, estime que ce projet dénote d’un effort méritoire d’interprétation et de modernisation. Il existe, explique t-il,  plus de 100000 hadith(s), classés entre authentiques, douteux et apocryphes », et il est plus qu’important « de réunir un ensemble de textes dont l’interprétation soit affranchie des scories qui se sont infiltrés par la passé, dans l’indifférence totale au contexte historique »

 

La Diyanet turque veut en finir tout particulièrement avec la pratique préislamique des « crimes d’honneur » (assassinats perpétrés contre les femmes par des membres masculins de la famille), commis contre des femmes soupçonnées d’entretenir des relations extraconjugales, ou contre celles qui étaient victimes de viol. Cette institution entend prohiber également la pratique de l’excision répandue dans certains pays africains.

 

 « Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de présenter le message Prophétique d’une manière intelligible, ensuite procéder aux correctifs et aux suppressions indispensables auxquelles l’évolution historique ne trouve plus de justification valable », précise un communiqué officiel mis en ligne sur le site web de Diyanet. La méthode de travail qui sera suivie dans la révision de ces hadith(s) s’appuiera sur des « critères scientifiques ».

 

« Ce qui est entrain de se réaliser en Turquie est très intéressant, tout particulièrement pour ce qui est de la laïcité, c’est-à-dire de la séparation de la religion et de l’Etat. La Turquie sonne en effet le réveil du monde musulman à la notion de laïcité » réfléchit à voix haute Mansur Escudero.  

 

(Traduit de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem)

 


 

 

Sans évolution point de fidélité

Par Tariq Ramadan

El País, samedi 8 mars 2008

 

Les musulmans sont actuellement confrontés à deux problèmes majeurs : le premier est en lien direct avec les textes, le second, a maille à partir avec les diverses interprétations soumises à l’influence des cultures et des sociétés au sein desquelles ils évoluent. Pour les musulmans, le Coran est la parole de Dieu, mais cette parole fut révélée dans un contexte socio-historique déterminé et situable dans le temps, qui a duré 23 ans. Certains sourates ne peuvent être interprétées qu’a la lumière de ce contexte : toute lecture littérale et antihistorique ne vise qu’a monopoliser le texte et a brouiller la compréhension des objectifs de la révélation

.

L’effort de réinterprétation permanente à la lumière des nouveaux contextes géographiques et historiques, est la seule condition qui permet aux musulmans de demeurer fidèles à l’éthique et au message révélé. Les textes de la tradition prophétique – hadith(s) autrement dit les textes qui reflètent ce que le prophète de l’islam a dit, fait et approuvé – doivent également faire l’objet d’un effort critique tant en ce qui concerne leur authentification, que leur essence. De nombreux jurisconsultes se sont penchés sur cette tâche durant des siècles. Il faut poursuivre ce travail, et à ce titre les efforts déployés par l’Ecole d’Ankara – dont on ne peut cependant qu’en louer la valeur – portant sur la relecture critique des traditions prophétiques, sont d’une importance primordiale et il faut applaudir à cet effort collectif.

 

Encore faut-il en juger le résultat. Cette entreprise critique a sans doute le mérite d’ouvrir aussi un champ possible pour une lecture critique et de contextualisation. Au jour d’aujourd’hui, les musulmans qui ont le désir de demeurer fidèles aux objectifs de l’enseignements de l’islam (maqâsid), n’ont d’autres choix que d’entreprendre ce travail afin de relever les défis de l’époque comme ceux de la démocratisation, des droits humains, des questions économiques, et bien sûr de la situation de la femme dans la société.

 

L’autre défi auquel les musulmans ne peuvent échapper, concerne les lectures et les interprétations restées prisonnières des influences culturelles et sociales environnantes. Au Proche-Orient, en Afrique et en Asie – à l’ombre des cultures patriarcales et traditionnelles – l’interprétation des versets du Coran ou de la tradition prophétique se font souvent à la lumière de ces contextes et interdisent  un regard plus critique sur l’essence des sources des écritures et sur leurs objectifs. Aussi, un travail de déconstruction pour faire séparer la part de la culture de la part de la religion doit-il être accompli : il est important de pouvoir dire, par exemple, que l’excision des femmes, les mariages forcés ou les crimes d’honneur ne sont pas des pratiques musulmanes, mais qu’on a souvent fait appel à la religion soit pour soit justifier, soit pour réaffirmer des telles pratiques culturelles néfastes. Aujourd’hui, il faut utiliser les interprétations critiques des textes islamiques pour s’opposer et pour résister à certaines aliénations culturelles. Face aux lectures littérales et aux interprétations culturelles, il faut mener à terme un travail de reforme capable d’affirmer avec force qu’il ne peut y avoir de fidélité à l’essence des textes sans évolution dans son interprétation. Une tradition religieuse qui stagne se trahit elle-même : sans évolution, il ne peut y avoir de tradition ni de fidélité. C’est ce que les musulmans doivent comprendre aujourd’hui.

 

(Traduit de l’espagnol par Abdelatif Ben Salem)

 

Note : la réputation de partisan de la rationalité qui colle a la peau du traducteur de ces lignes et son opposition farouche à ce que Ibn Khaldûn appelle la politique religieuse al-siyâsa al-dîniyya (par opposition à son autre concept al-siyâssa al-‘aqliyya), n’étant plus à faire, la publication sur tunisnews de ces deux textes doit être prise pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une simple et modeste contribution à l’enrichissement de l’interminable débat en cours (A.B.S).

– Remerciements pour le quotidien  El País.         

 


L’Afrique musulmane peut tirer profit de la finance islamique

 

AFP, le 7 mars 2008 à 18h25

 

RABAT – Les pays musulmans d’Afrique francophone ou ceux comptant d’importantes minorités musulmanes peuvent mettre au service de leur développement la finance islamique préconisée par les Etats et les entrepreneurs du Golfe, estime un expert.

 

« Il serait dommage que l’Afrique soit une nouvelle fois à la traîne alors que toutes les conditions sont favorables », a affirmé vendredi à l’AFP Zoubeir Ben Terdyet, qui dirige la société de conseil Isla-invest, organisatrice du Premier forum africain de la finance islamique dans les pays francophones qui se tiendra début avril à Casablanca.

 

Pour ce jeune financier français d’origine tunisienne âgé de 29 ans, ce continent a trois avantages: « il y a des pays à forte population musulmane, beaucoup d’actifs africains sont +charia compatibles+, notamment l’exploitation des matières premières et les infrastructures, et enfin les pays du Golfe, ayant un excédent considérable de trésorerie, cherchent des opportunités ».

 

En effet, 18 pays africains francophones sont membres de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), parce qu’ils sont majoritairement musulmans ou parce qu’ils possèdent une forte minorité musulmane.

 

« L’idée est de proposer aux clients africains des produits respectueux des valeurs islamiques, car lorsqu’on est musulman pratiquant on ne peut pas accéder à la propriété ni placer son argent vu que les prêts le sont avec des intérêts. Cela augmenterait donc le taux de bancarisation dans ces pays », estime-t-il.

 

Pour trouver des financements et de nouveaux bailleurs de fonds pour l’Afrique, « il faut aller chercher l’argent dans le Golfe », où les hommes d’affaires « exigent de plus en plus que les produits soient respectueux de la charia », ajoute-t-il.

 

Lancées il y a une trentaine d’années, le nombre d’institutions financières islamiques dans le monde a atteint aujourd’hui plus de 400, réparties dans 75 pays. Le total de leurs actifs dépasse 800 milliards de dollars, et augmente en moyenne de 15% par an.

 

Par ailleurs, selon lui, une récente étude de KPMG, un cabinet international de conseil, affirme qu’un tiers des revenus du pétrole ira dans les prochaines années vers la finance islamique et le reste vers les financements classiques.

 

« C’est énorme », ajoute M. Ben Terdyet, qui s’est lancé depuis 2004 dans la promotion de ce type de finances.

 

Pour cela, il faut que les gouvernements africains aménagent les lois, notamment sur les droits de mutation et la TVA afin d’éviter aux investisseurs d’être pénalisés et que les produits islamiques reviennent plus chers que les produits normaux.

 

« C’est ce qui s’est passé au Maroc. On a lancé ce type de produits sans modifier la loi. C’est ce qui explique le flop », dit-il.

 

AFP

 

 

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