8 décembre 2008

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TUNISNEWS

8 ème année, N° 3121 du 08.12.2008

 archives : www.tunisnews.net  


Liberté pour le Docteur Sadok Chourou – Communiqué commun Mohamed Ettaieb: En accomplissant leur pèlerinage à la Mecque, des fidèles tunisiens font beaucoup de politique Mezri HADDAD: Réponse à Si Sami Ben Abdallah Sami Ben Abdallah: Le casse tête d’En Nahdha AFP: France: des centaines de tombes musulmanes profanées pour la troisième fois Reuters: Nouvelle profanation d’un cimetière musulman en France AFP:La Déclaration universelle des droits de l’Homme a soixante ans AFP: Stéphane Hessel: les droits de l’Homme sont « toujours pertinents » AP: Droits de l’Homme: Sarkozy appelle à ne pas se « cacher derrière la culture » AFP: L’UE va intensifier ses relations avec Israël Reuters:U.S.-Libya mistrust lingers despite new ties


Liste actualisée des signataires de l’initiative du Droit de Retour : http://www.manfiyoun.net/fr/listfr.html Celles et Ceux qui veulent signer cet appel sont invités à envoyer leur: Nom, Pays de résidence et Année de sortie de la Tunisie sur le mél de l’initiative : manfiyoun@gmail.com


 
Tunis, le 6 décembre 2008  

Liberté pour le Docteur Sadok Chourou

Samedi 6 décembre 2008, le docteur Sadok Chourou a été conduit de la prison de Mornaguia à la huitième chambre criminelle du Tribunal de Première Instance de Tunis pour y répondre de l’accusation de « maintien d’une association non autorisée » l' »association » étant le mouvement En Nahdha. Près de cinquante avocats se sont portés volontaires pour assurer sa défense, demander sa liberté provisoire et le report de l’affaire pour pouvoir prendre connaissance du dossier. Plus de dix d’entre eux ont plaidé pour sa libération et se sont accordés sur le fait qu’il s’agissait d’un procès politique : il n’y a aucune justification à l’arrestation et au procès, dans la mesure où l’arrestation et la présentation à la justice de Sadok Chourou sont dûes à ses déclarations à la chaîne londonienne El Hiwar et à Islam On Line. Le délit de maintien d’une association non autorisée ne peut être établi dans la mesure où Sadok Chourou n’a passé qu’un mois en liberté après avoir passé dix huit ans en prison. Il est en réalité encore occupé à recevoir les personnes venues le féliciter pour sa libération, et ce, sous un contrôle sécuritaire rapproché et permanent. Il comptait rendre visite à ses proches à Jerba dont il est originaire et se préparait à fêter l’Aïd en famille après avoir passé trente six Aïd en prison. Les associations signataires […]   Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme Conseil national pour les Libertés en Tunisie Association Internationale de Soutien aux Prisonniers Politiques Association de Lutte contre la Torture en Tunisie Liberté et Equité Amicale Nationale des Anciens Combattants (traduction ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)

 

 
Precision Chers amis rédacteurs de Tunisnews : D’abord Bon Aid. Après avoir lu le texte paru hier dans votre journal, des amis m’ont contacté pour exprimer leur admiration de mon style et de mon écriture. Au risque de les décevoir, j’aime préciser que le texte était envoyé par un ami et qu’il m’a plu au point que j’ai voulu partager ce plaisir avec les lecteurs de tunisnews. Donc, mes  chers amis, toutes mes excuses, rien n’a changé. Massaoud Romdhani


 

En accomplissant leur pèlerinage à la Mecque, des fidèles tunisiens font beaucoup de politique.

 
Selon une dépêche del’agence de presse officielle TAP publiée ce 8 décembre, « les pèlerins tunisiens, qui s’apprêtent à célébrer la fête de l’Aid El-Idha, après l’accomplissement du rite de l’Ifadha, sur le Mont Arafat, dans une ambiance de recueillement et de sérénité, ont adressé leurs chaleureuses félicitations au président Zine El Abidine Ben Ali et à son épouse, Madame Leila Ben Ali, implorant Dieu, le Tout-Puissant, de faire revivre au chef de l’Etat, à sa famille et au peuple tunisien, cette heureuse fête, dans la santé, le bonheur et la réussite ». On se pince pour y croire. Extrêmement reconnaissants, ces bons citoyens — dont la TAP omet tout juste de citer les noms — auraient ainsi félicité Notre ami Ben Ali « de la sollicitude dont il entoure la sublime religion islamique, ses rites et les cadres en charge des affaires religieuses, ainsi que de l’intérêt constant qu’il porte aux pèlerins tunisiens, dans le but de leur assurer les meilleures conditions leur permettant d’accomplir le rite du pèlerinage ». En termes de « sollicitude », le chemin est pourtant encore long. Sadok Chourou, leader du mouvement islamiste Ennahdha, qui venait d’être libéré après 18 ans de prison, a été de nouveau arrêté après à peine un mois de pseudo liberté. On l’accuse sans rire « d’appartenance à une association illégale », soit le même chef d’inculpation qui a permis de l’embastiller en… 1990. Heureusement que les Hajs du pays du jasmin sont fidèles au poste pour « (saluer) les efforts méritoires déployés par le chef de l’Etat pour impulser le processus de réforme et de modernisation dans tous les domaines, grâce à sa vision prospective et à sa politique clairvoyante ». Au lieu de sacrifier un mouton en ce jour d’Aïd El-Idha, des laudateurs de la TAP (excusez le pléonasme) n’hésitent décidément pas à se défaire d’une partie de leur âme. Mohamed Ettaieb
 
(Source : le blog « CHAKCHOUKA TUNISIENNE, UN BLOG PARFUMÉ AU JASMIN » hébergé par « Bakchich » (Hebdomadaire satirique – France), le 08 decembre 2008)

 


 

 

Réponse à Si Sami Ben Abdallah

 

 

 

Je viens de lire le compte rendu que M.Sami Ben Abdallah a fait de la conférence-débat que l’ACAT a organisé autour du livre de madame Béatrice Hibou, consacré à la Tunisie. Il a de façon fidèle et synthétique relaté les propos de la sociologue ainsi qu’une partie de l’échange entre celle-ci et l’auditoire.

 

Je voudrai néanmoins revenir sur quelques points anecdotiques qui pourraient prêter à confusion politique et susciter chez certains amis ou ennemis des efforts exégétiques bien inutiles. M.Ben Abdallah écrit que « Le philosophe, le journaliste, l’ancien opposant, le penseur (à vous de choisir), Mezri Haddad, était présent. En se présentant avant de poser sa question, il a déclaréje suis un Kouchner sans ministère ». Il écrit aussi à propos de la discussion privée que j’ai eu avec lui : «Il a évité habilement d’expliquer le pourquoi de son absence de la scène politico-médiatique tunisienne ou française, annonçant au passage qu’il reviendra à l’écriture politique… ».

 

« Philosophe » et « penseur » sont des attributs qui me suffisent très amplement. Ce sont des qualités intrinsèques que je ne dois à personne. J’ai gagné ces titres après 17 années de dur labeur, passées sur les bancs de la Sorbonne à étudier la philosophie, la sociologie, le droit, l’histoire et les sciences politiques. Je sais que cela indispose mes détracteurs, particulièrement ceux qui n’ont pas été capable de décrocher le moindre diplôme universitaire. Ils peuvent s’y mettre –mieux vaut tard que jamais- plutôt que de courir derrière des « diplômes » en matière de droit de l’homme et de démocratie.       

 

Avant le début de la conférence, et en aparté, j’ai discuté avec Béatrice Hibou. « Je suis un tel, auteur notamment de Carthage ne sera pas détruite. Je suis venu vous écouter après avoir lu votre essai que j’ai trouvé à la fois discutable et intéressant. Je regrette seulement que vous n’ayez pas lu le mien, ce qui aurait pu vous faire éviter la reproduction de certains lieux communs dont on connaît l’essence… ». Votre nom me dit quelque chose, m’a-t-elle répondu et d’ajouter : « Vous savez que mon livre n’est pas en vente en Tunisie… ».

 

Dix minutes avant la conférence, une personne française qui a entendu cette discussion m’interpelle sur un ton faussement gentil : « Je vois qui vous êtes, c’est vous qui étiez de gauche et qui défendez maintenant Ben Ali ? ». « Vous avez partiellement raison monsieur :  primo ce n’est pas maintenant que je défends le président Ben Ali mais depuis déjà dix ans. Secundo je n’ai jamais été entièrement de gauche, mais simplement un libre penseur engagé dans le débat politique tuniso-tunisien ». Par humour et analogie, j’ai ajouté à cette personne vraisemblablement progressiste que « c’est Bernard Kouchner qui était de gauche et qui est maintenant ministre sous la présidence de Sarkozy. Je suis en quelque sorte un Kouchner sans ministère ! ».

 

Par cette allusion à Kouchner, j’ai voulu signifier que la culpabilisation et la moralisation ne m’impressionne guère ; que dans mes choix politiques, je n’ai pas de leçon à recevoir de qui que ce soit. Comme nul n’est parfait, j’avoue mon péché majeur : je n’ai jamais accepté et je n’accepterai jamais le discours paternaliste, condescendant et culpabilisateur de certains observateurs étrangers qui voient la paille dans les yeux d’autrui et pas la poutre dans leurs propres yeux, pour paraphraser les Evangiles. Ce n’est pas du tout, je tiens à le préciser, le cas de madame Hibou, dont le livre autant que la conférence -hormis quelques stéréotypes regrettables puisés dans l’image que certains ont donné de la Tunisie et non point de la réalité profonde de notre pays-  dénotent un esprit résolument scientifique, souvent objectif et parfaitement respectueux du peuple tunisien et de son élite politique. Ce n’est pas le moment de donner mon opinion sur un livre dont je recommande la lecture.

 

Pour le confondre, on avait jadis posé la question à Jean-Paul Sartre –icône de la gauche française – qui a mordicus défendu l’URSS même après les révélations du Goulag par Soljenitsyne. Qu’a-t-il répondu ? « Oui, j’ai défendu le communisme soviétique ; oui, je suis maintenant critique de ce système. L’affaire est close ». Toute proportion gardée –car, je ne suis pas Sartre et la Tunisie est radicalement aux antipodes de l’URSS- je pourrais user de la même casuistique sartrienne pour faire taire les donneurs de leçons et autres directeurs de conscience. Non, je préfère convaincre ceux qui s’opposent ou ceux qui doutent par des arguments percutants qu’aucun protagoniste de bonne foi n’est en mesure de contester. Démarche pédagogique, politique et philosophique déjà entreprise dans mon livre Carthage ne sera pas détruite. Avant que j’aille moi-même dans le sens de l’histoire, celle-ci a donné raison à Ben Ali sur bien des questions brûlantes : la menace globale du terrorisme, le dosage graduel du processus démocratique, la nécessité impérieuse du développement économique, l’obligation morale de protéger les pauvres des effets pervers de la mondialisation capitaliste…Le terrorisme qui frappe partout dans le monde et la crise économique et financière dont on comptera bientôt les victimes par dizaines de millions, ne sont-ils pas autant de faits qui confirment a posteriori la sagesse et l’adresse des choix stratégiques de nos gouvernants ?         

 

Je reviens maintenant à mon allusion à Kouchner. Lorsque j’ai pris la parole à l’ouverture du débat, j’ai dit : « Par égard aux auditeurs ici présents, je voudrai répéter ce que j’ai dit tout à l’heure : je suis clairement avec le président Ben Ali, en quelque sorte un Kouchner sans ministère ». En d’autres termes, je n’ai aucun scrupule, aucune gêne, aucun complexe, aucun problème, aucune culpabilité à être après avoir été : un penseur fermement engagé dans la défense des acquis de mon pays et la préservation de sa souveraineté absolue.

 

L’affaire est close comme dirait le pape de l’existentialisme et du gauchisme (Sartre) qui, soit dit en passant, continuait à faire jouer ses pièces de théâtres à Paris sous l’occupation allemande, alors que Malraux était aux côtés de De Gaulle à Londres !

 

Ce n’est pas là une critique que j’adresse à l’ensemble de la gauche française ou tunisienne d’ailleurs, parmi lesquelles je compte bien des amis et dont je respecte les valeurs, mais simplement aux minorités caviardisées et opportunistes au sein des deux gauches. Dernier exemple en date, celui du commando humanitaire avec à sa tête Marie-Georges Buffet. Plutôt que de mettre de l’ordre dans son parti dont l’implosion est bien entamé et qui risque de tomber à -1%, celle-ci préfère s’occuper de l’état des droits de l’homme en Tunisie.   

 

Je profite de cette occasion pour dire le plaisir que j’ai eu à faire la connaissance de M.Ben Abdallah dont je connaissais déjà la plume audacieuse et caustique. J’ai beaucoup apprécié sa vivacité d’esprit, son intelligence et sa franchise dans les propos qu’il m’a tenu. Même si je n’écris plus avec la même prodigalité qu’autrefois, que je ne possède pas de blog, que je ne suis pas inscrit sur facebook, que je ne participe pas aux échanges entre internautes…, je n’ai jamais abandonné l’écriture politique. C’est qu’il y a un temps à tout. Un temps à l’instant, un temps à l’histoire ; un temps à l’action, un temps à la réflexion ; un temps à l’expression, un temps à la méditation ; un temps à la production, un temps au bilan…Quant à ma « Résurrection politico-médiatique ou annonces sans lendemain », c’est en effet l’avenir qui le dira. Verra qui vivra !

 

Aïd Mabrouk à tous.

 

Mezri HADDAD

 

mez.haddad@wanadoo.fr        



Le Bloc-Notes de Sami Ben Abdallah:

Le casse tête d’En Nahdha

Par Sami Ben Abdallah www.samibenabdallah.com Depuis leur sortie de prison, les « affaires » contre les  dirigeants d’En Nahdha  montrent de plus en plus les limites de la gestion securitaire de ce dossier. C’est un dossier éminemment politique auquel il faut apporter une solution politique même si rien n’est évident.   A quoi fallait-il s’attendre de personnes qui ont passé plus de 15 ans en prison dans des conditions terribles ? Ce n’est pas la légitimité historique qui leur manque aujourd’hui, ni l’expérience politique. Par conséquent que va faire le pouvoir ? Les condamner à nouveau à 18 ans de prison ?  espérer ou faire de sorte que certains abandonnent d’eux mêmes ou observent une certaine retenue tels M.Hamadi Jbeli ou Ali Laridht ?  improbable.   M.Habib Ellouze et M.Sadok chourou  Ex présidents d’En Nahdha (qui s’ajoutent au président en exercice M.Rached Ghannouchi) ont chacun une démarche politique différente. Le premier souhaite promouvoir un projet politique qui, paraît-il, fait la séparation entre les démarches de prêches et celles politiques. Quant à M. Sadok Chourou (lors de son interview avec la TV, le dialogue émettant de Londres), il s’est montré déterminé et ferme sur «son » essentiel. Dans sa façon d’expression politique ainsi que sur le fond de son discours, il ressemble beaucoup à l’algérien Ali Belhaj (Ex co- Président du FIS avec Abbassi Madani). Justement, Rached Ghannouchi ressemble à ce dernier et il est clair que c’est le discours politique de M. Sadok Chourou (politiquement parlant) qui paraît le plus « percutant ». Car c’est un discours qui, à 100%, confond politique et religion. A vrai dire, son discours est aussi dangereux, car autant de confusion fait peur.   Jusque-là l’absence de la scène politique d’En Nahdha durant la décennie 1990-2000 a fait croire au pouvoir que sa gestion « securitaire » de ce dossier pouvait suffire et réussir. Mais la répression de l’extrême gauche sous Bourguiba (car il s’agit au fond du même cheminement politique), la condamnation de ses dirigeants à plus de dix ans en prison entre 1967 et 1974 ; et le retour de ces derniers sur la scène médiatico-politique à partir de 1980 ou en intégrant le mouvement des droits de l’Homme ou en fondant des partis politiques ( c’est le cas aussi des partisans d’En Nahdha dont plusieurs ont intégré la mouvance des droits de l’Homme en créant des ONG telles l’AISPP ou Liberté et équité, Hourriya wa Insaff) montrent les limites de la politique sécuritaire répressive qui n’a rien résolu au fond. Car on se retrouve dans la même situation ou presque des années 90 dans un contexte plus fragile. Il est impossible aujourd’hui d’avoir l’adhésion des dissidents de gauche et de la majorité de la population qui ont cautionné en 1990 la répression d’En Nahdha. Le capital victimaire de ce parti est plus important que celui de 1990. La contestation sociale et l’apparition de groupuscules Jihadistes compliquent encore la donne car cette expression contestataire est à la recherche de têtes politiques. L’islam d’Etat qui – à travers une chaîne de TV ou une Radio religieuse- croit pouvoir capter cette mouvance montrera aussi ses limites. Et ce n’est pas la légitimité historique ni la détermination politique qui manquent aujourd’hui à des dirigeants tels Habib ellouze ni surtout Sadok Chourou pour espérer rassembler autour de leurs personnes tous les déçus des uns et des autres.   En quoi consisterait une solution politique ? D’abord laisser tomber cette gestion securitaire qui ne fait que radicaliser les uns et les autres en en créant des martyrs et en les dotant d’une forte légitimité politique. Ensuite, rétablir les victimes dans leurs droits ( plusieurs de ces personnes ont commis des fautes politiques et en ont payé le prix. Il ne sert à rien de continuer à les persécuter car après tout ils sont des Tunisiens et tout comme les autres, ils ont des droits). Le Maroc dont le régime tunisien s’en inspire beaucoup (faut-il rappeler que le Roi Hassan II insistait sur l’Etat du Droit et des institutions, a essayé le multipartisme à la tunisienne en cooptant plusieurs opposants au parlement, a créé un comité supérieur des droits de l’homme au début des années 90, enfin une seconde chambre soit le sénat tunisien) a fini par trouver une formule politique (qu’est la commission réconciliation et justice) et a tourné la page en partie de ce dossier épineux qu’est un parti religieux.   Il ne nous est pas interdit en Tunisie de s’en inspirer.   Enfin, il n’y a pas de secret. L’histoire humaine est là pour rappeler que le radicalisme et l’extrémisme se nourrissent de l’injustice et de l’étouffement des libertés. Car dans une Tunisie apaisée et réconciliée, un parti tel En Nahdha serait semblable à un petit parti d’extrême droite en Europe (au mieux une secte à l’instar de la secte religieuse chrétienne, les témoins de Jéhovah). Ces sympathisants qui auraient voté En Nahdha et dont Rached Ghannouchi- se les approprie avec un discours démagogique qui le caractérise- en les qualifiant de « la nouvelle génération des jeunes du réveil musulman », sont politiquement parlant des jeunes qui ont désespéré de l’Etat du droit et des institutions, qui veulent respirer un air libre et qui rejettent le discours politique d’une partie de la gauche tunisienne (disons la chose sans langue de bois ! Il y a en Tunisie une gauche islamophobe certes minoritaire mais qui a cannibalisé la gauche laïque et l’a laissé sans voix). Sociologiquement, ce sont des jeunes qui vivent une grande exclusion sociale ou qui souffrent de la cherté de la vie, du désespoir qui les poussent à partir dans les bateaux de la mort en espérant arriver en Europe.   En politique, nous n’allons pas inventer l’eau chaude. Y a qu’a se rappeler les expériences politiques d’autres pays. François Mitterrand a encouragé l’apparition de l’extrême droite (entre 1981 et 1990) pour diviser la droite Républicaine. Bourguiba a fait la même chose en encourageant En Nahdha pour diviser la gauche (l’ex Président Egyptien Anouar Sadat a adopté aussi la même tactique en encourageant les islamistes pour diviser les gauches et se débarrasser des partisans de Nasser avant d’en payer les frais politiques et de mourir assassiné par ces mêmes islamistes. L’ex Président algérien Chedly Ben Jedid a adopté aussi la même tactique en encourageant le FIS pour se débarrasser du FLN et des généraux). En Avril 2002, la France a connu un séisme politique en constant que le cinquième de la société française a voté pour l’extrême droite (alors que l’extrême gauche- la LCR, le PCF et le parti des travailleurs ensemble- n’a pas dépassé les 5%).   Certes, il y en a ceux qui discourent sur toutes les différences culturelles et politiques qui nous séparent de la France et soulignent que l’analogie ne tient pas ! Pourtant elle tient car la politique n’est finalement que la traduction des rapports sociologiques dans la société. Et ce n’est pas un hasard si la société française (à l’instar de la société tunisienne) vit un retour du « religieux » (En France, ce retour ne prend pas la forme d’une contestation politique car les facteurs qui l’y poussent en Tunisie sont absents en France). Ce n’est pas un hasard si les gauches françaises (à l’instar des gauches tunisiennes) sont affaiblies. Ce n’est pas un hasard enfin que la société française (tout comme la société tunisienne) vit un basculement « à droite » ( La Droite classique l’UMP bascule à droite, la gauche, le PS est tenté par le blairisme). En Tunisie, nous avons vécu lors des législatives d’avril 1989, ce que les Français ont vécu en Avril 2002. Nous revivons le même contexte politique aujourd’hui, car « les mêmes causes produiront les mêmes effets » toujours !   C’est pourquoi, il est suicidaire de continuer dans cette voix. La gestion secrétaire ne fera qu’occulter tous ces enjeux et radicalisera les uns et les autres jusqu’au jour où l’explosion arrivera …inévitablement.   Dés lors, il est urgent de repenser le modèle politique tunisien (évoluer vers un bipartisme, à l’instar du modèle politique français -Gauche et Droite- ou anglophone –Travailleurs et démocrates, Républicains et démocrates, permettre l’apparition d’une droite Républicaine tunisienne « décomplexée »). Et dans l’attente d’une refondation politique qui tôt ou tard arrivera. De la justice et de la liberté !il n y a pas d’autres solutions politiques. De la justice et de la liberté !Y compris pour M. Sadok Chourou et tous ceux qui réfléchissent différemment du pouvoir. Car ces personnes sont aussi des Tunisiens, et tout comme les autres Tunisiens, ils ont les mêmes droits.

 

 


 

France: des centaines de tombes musulmanes profanées pour la troisième fois

 
AFP, le 8 décembre 2008 à 16h29 Par Martin de MONTVALON        ABLAIN-SAINT-NAZAIRE (France), 8 déc 2008 (AFP) – Près de 500  tombes musulmanes d’un cimetière militaire du nord de la France ont  été profanées lundi, pour la troisième fois en deux ans, suscitant  l’indignation de la classe politique et du président Nicolas Sarkozy  face à un « racisme répugnant ».     Sur plusieurs centaines de tombes du carré musulman du cimetière  militaire Notre-Dame-de-Lorette, près d’Arras (nord), de grandes  inscriptions tracées à la peinture noire insultent la religion  musulmane et citent également la ministre de la Justice Rachida Dati, d’origine musulmane, a constaté un journaliste de l’AFP.     Sur quelques sépultures, des croix gammées ont également été  tracées, et au moins une affichette insultant l’islam a été collée  sur une stèle.     Entre une dizaine et une vingtaine de tombes israélites, situées  dans le prolongement de celles du carré musulman, ont également été  profanées, a ajouté la gendarmerie, précisant qu’il n’y avait pas  d’inscriptions antisémites.     Les dégradations ont été découvertes lundi matin, jour de la  fête musulmane de l’Aïd el-Kebir, par un promeneur, a précisé le  procureur de la République d’Arras Jean-Pierre Valensi.     « A priori, cela semble ressembler à la précédente profanation »,  commise en avril 2008, a ajouté M. Valensi.     Le cimetière militaire a déjà été profané à deux reprises depuis  2007: dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, 148 tombes avaient été  recouvertes d’inscriptions injurieuses visant directement l’islam,  et dans la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 tombes musulmanes avaient  également été profanées.     Depuis la profanation d’avril 2008, « il y a eu un renforcement  aléatoire et à certaines dates de la surveillance du cimetière, mais  cette nuit (de dimanche à lundi) une patrouille est passée vers  minuit, et n’a rien remarqué. Il n’y avait aucun véhicule suspect »,  selon le colonel Bruno Bresson, de la gendarmerie.     « C’est un site complètement ouvert, extrêmement difficile à  garder. Il y a une étude en cours pour renforcer la surveillance du  site », a ajouté l’officier.     Cette nouvelle profanation a immédiatement suscité une  condamnation unanime par de nombreux responsables politiques. « Cet  acte abject et révoltant, après celui d’avril dernier, est  l’expression d’un racisme répugnant dirigé contre la communauté  musulmane de France », a déclaré le président Nicolas Sarkozy.     La dirigeante de l’opposition socialiste Martine Aubry,  également maire de la ville de Lille toute proche, a évoqué une  « blessure pour tous les Français ».     Le Premier ministre François Fillon a condamné des faits qui  « s’en prennent à l’Histoire de notre pays, à la mémoire d’hommes  d’honneur, à la dignité des défunts ».     Dans l’enquête sur la profanation d’avril, deux hommes âgés  d’une vingtaine d’années, revendiquant des idées proches du  néo-nazisme, mais niant les faits, ont été inculpés et écroués  mi-septembre. Ils ont été récemment laissés libres sous contrôle  judiciaire.     L’un des deux avait déjà été condamné en mai 2007 à deux ans de  prison, dont un ferme, pour la profanation des 52 tombes musulmanes  du même cimetière en avril de la même année. Il avait bénéficié  d’une libération anticipée.     Inauguré en 1925 sur 13 hectares, le cimetière  Notre-Dame-de-Lorette, situé sur une colline, commémore notamment  les combats de 1915, à l’un des endroits les plus disputés du front  occidental au début de la Première Guerre mondiale.     Environ 40.000 combattants y reposent, dont la moitié dans des  tombes individuelles. Le carré musulman compte 576 tombes orientées  vers La Mecque.      AFP  

Nouvelle profanation d’un cimetière musulman en France

 

 
Reuters, le 8 décembre 2008 à 17h10     LILLE, 8 décembre (Reuters) -La quasi-totalité des 576 tombes musulmanes du cimetière militaire de Notre-Dame de Lorette, près d’Arras (Pas-de-Calais), ont été à nouveau profanées par des inscriptions nazies, dans la nuit de dimanche à lundi. Il s’agit de la troisième profanation en deux ans du carré musulman de ce cimetière de la Première Guerre mondiale, après celles survenues en avril 2007 et avril 2008. Elle intervient le jour de l’Aïd al Adha, importante fête de l’islam. « Des inscriptions à la peinture noire ont été retrouvées sur presque toutes les stèles. Il s’agit d’inscriptions germaniques à caractère néo-nazi », a déclaré Jacky Lefort, officier de la communication de la Gendarmerie nationale. Un ancien combattant a découvert les stèles sinistrées, dont certaines étaient recouvertes de la mention « Heil Hitler », et a averti les forces de l’ordre. En outre, une quinzaine de tombes israélites situées dans le prolongement du carré musulman ont été la cible d’inscriptions identiques, ses auteurs ignorant probablement qu’il s’agissait d’un secteur différent, a-t-on appris auprès des gendarmes. Il y avait des insultes envers l’islam et certaines inscriptions visaient la ministre de la Justice, Rachida Dati, a-t-on appris de même source. Cette nouvelle profanation a suscité de vives condamnations de la classe politique et des associations, qui ont réclamé des sanctions exemplaires. Le président Nicolas Sarkozy a exprimé « sa profonde indignation » et sa « vive émotion », dénonçant dans un communiqué « un racisme répugnant dirigé contre la communauté musulmane de France. » Le Premier ministre, François Fillon, a expliqué que « le gouvernement (ferait) preuve à l’égard de ceux qui ont commis ces actes de la plus grande sévérité. » MANQUE DE COORDINATION ? Le président UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ont également condamné cet acte, ainsi que la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). SOS Racisme a rappelé avoir demandé depuis des années que « les groupuscules qui agissent dans la région soient dissous et condamnés », déplorant un manque de coordination entre les procureurs des régions concernées par de telles profanations. Pour l’association, les services de renseignements feraient mieux de s’occuper de ces groupes au lieu de « collecter des informations sur les militants syndicaux ou associatifs. » De même, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) estime que cette « lamentable succession » de profanations à caractère islamophobe met en évidence « la regrettable ineffectivité de la réponse des pouvoirs publics. » Les Verts ont mis en garde ceux qui « voudraient profiter de la situation préoccupante » que traverse la France pour « dresser ses habitants les uns contre les autres. » Steeve Briois, le responsable départemental du Front national, a dénoncé pour sa part une « odieuse provocation » et demande « la plus grande sévérité » dans la recherche et la condamnation de ses auteurs. Cette profanation ressemble aux deux premières, dit la gendarmerie. En avril 2007, 52 tombes avaient été profanées, un an plus tard, 148 tombes avaient été recouvertes d’inscriptions néo-nazies et racistes. Deux personnes avaient été condamnées à l’issue de l’enquête sur la première profanation. Une instruction est en cours dans l’enquête sur la deuxième profanation. Environ 40.000 combattants du conflit de 1914-18 reposent au cimetière Notre-Dame-de-Lorette. REUTERS


La Déclaration universelle des droits de l’Homme a soixante ans

AFP, le 8 décembre 2008 à 06h50 Par Cécile FEUILLATRE        PARIS, 7 déc 2008 (AFP) – Il y a soixante ans, le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale de l’Onu adoptait à Paris la Déclaration universelle des droits de l’Homme, texte fondateur qui a inspiré le droit international d’après-guerre, mais dont l’idéal proclamé reste lointain et contesté.     Plusieurs manifestations sont organisées à cette occasion, essentiellement en France, où aura lieu mercredi une cérémonie en présence de représentants de l’Onu, de la Commission européenne, et d’ONG au Palais de Chaillot, à Paris, où fut adopté le texte.     Inspirée par la déclaration française des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et la déclaration d’indépendance américaine de 1776, la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) a pour première origine le traumatisme engendré par la seconde guerre mondiale et le génocide des juifs par les nazis.     « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits », proclame le premier article de la déclaration, qui en trente points énumère des droits humains, civils, économiques, sociaux et culturels, « inaliénables » et « indivisibles ».     Le texte fut adopté par les 58 Etats alors membres de l’assemblée générale de l’Onu, à l’exception de l’URSS, des pays d’Europe orientale, de l’Arabie saoudite et de l’Afrique du Sud, qui s’abstinrent.     Car la déclaration est le fruit de débats complexes, et a été élaborée dans un climat de début de Guerre froide. L’URSS et ses satellites insistaient notamment sur les « droits réels », économiques et sociaux, contre les « droits bourgeois » civils et culturels défendus par les démocraties occidentales.     Ces dernières, de leur côté, résistaient à l’idée de traduire la déclaration en instrument juridique contraignant, craignant qu’il ne fût utilisé contre elles par les pays colonisés.     De fait, ce n’est qu’en 1966 que furent adoptés par l’Onu deux pactes contraignants qui constituent, avec la DUDH, la charte des droits de l’Homme de l’Onu.     Mais malgré ses ambiguités et les arrière-pensées qui ont présidé à sa création, le texte de 1948 reste, selon le mot du juriste français René Cassin, qui participa à son élaboration, « le premier manifeste que l’humanité organisée ait jamais adopté ».     Sans valeur contraignante, la DUDH a inspiré tous les traités internationaux de l’après-guerre, et est généralement reconnue comme le fondement du droit international relatif aux droits de l’Homme.     Les conventions internationales de 1979 contre la discrimination envers les femmes, de 1984 contre la torture, de 1990 sur les droits de l’enfant, la création de la Cour Pénale internationale (CPI) en 1998 découlent directement de la DUDH.     Elle a également inspiré « le droit d’ingérence » et d’assistance humanitaire chers au chef de la diplomatie française Bernard Kouchner.     Pour autant, elle n’a pas empêché un nouveau génocide, au Rwanda en 1994, ni la violation quotidienne des droits les plus élémentaires à travers le monde.     En outre, les droits de l’homme restent une « idéologie », selon le terme de l’ancien ministre français de la Justice Robert Badinter, idéologie contestée par des Etats qui dénoncent une vision purement occidentale et qui remettent en cause son universalisme.     « Il y a un courant souverainiste –chacun est maître chez soi–, représenté notamment par la Chine, le Venezuela, Cuba ou la Birmanie, et un courant islamiste, qui estime que les droits de l’Homme sont le produit d’une pensée religieuse révélée », estimait M. Badinter lors d’une récente conférence à Paris.     Pour ce militant farouche de l’universalisme des droits de l’Homme, le monde est entré « en régression » dans ce domaine, depuis les attentats du 11 septembre et la politique « désastreuse » menée par les Etats-Unis puis par les démocraties européennes sous couvert de lutte contre le terrorisme.     « Nous avons renié ce que nous prétendons défendre, et nous en supporterons longtemps les conséquences », prévoit-il.      AFP  

La déclaration des droits de l’Homme confrontée à de nouveaux défis

 

 
AFP, le 8 décembre 2008 à 06h51     Par Christophe de ROQUEFEUIL     PARIS, 7 déc 2008 (AFP) – Soixante ans après son adoption, la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) est confrontée à des défis nouveaux comme la lutte antiterroriste, la montée de pays comme la Chine, l’affirmation du fait religieux ou la répression de la « cyber-dissidence ».     La crise économique et les bouleversements climatiques, qui aggravent la pauvreté, les migrations massives et les risques de conflits, mettent aussi à l’épreuve les acquis précaires de la déclaration, soulignent des spécialistes.     La DUDH et les 72 conventions ou chartes internationales qui en découlent « sont des outils juridiques de première importance. Mais en matière de droits de l’Homme, le bilan ne pourra jamais être satisfaisant », estime le juriste Mario Bettati, l’un des concepteurs du « droit d’ingérence humanitaire ».     La montée en puissance de pays comme la Chine ou la Russie est montrée du doigt.     « Les extraordinaires besoins énergétiques de la Chine la poussent à beaucoup d’indulgence avec ses fournisseurs », parmi lesquels des dictatures africaines et asiatiques, relève Mario Bettati.     La nécessité de ménager Moscou pousse beaucoup à être compréhensifs. « Qui se préoccupe encore de la Tchétchénie? », s’inquiète Reed Brody, de l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch (HRW).     Le retour en force des nationalismes et de la raison d’Etat met aussi à mal les avancées issues de la déclaration.     Bernard Kouchner, ancien « French doctor » aujourd’hui à la tête de la diplomatie française, a déploré la « régression » du droit humanitaire au profit de la souveraineté des Etats.     De la Birmanie au Darfour, on voit « glisser la responsabilité de protéger, le droit d’ingérence et l’intervention humanitaire », a-t-il constaté.     Mais l’évolution des pays occidentaux est aussi souvent préoccupante, avec notamment l’invocation croissante de la sécurité au détriment des libertés.     « Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la place des droits de l’Homme est trop souvent reléguée au second plan au profit de considérations sécuritaires », en particulier par les Etats-Unis, déplore Reed Brody.     « Dans la guerre menée contre le terrorisme, la notion d’intimité a été altérée (.) La surveillance générale suscite des problèmes sérieux concernant la démocratie », s’alarme le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil l’Europe, Thomas Hammarberg.     L’affirmation croissante du fait religieux dans les relations internationales constitue un défi supplémentaire.     Un projet de déclaration visant à empêcher le dénigrement des religions fait l’objet d’un vif affrontement à l’ONU entre pays musulmans qui le soutiennent au nom de la lutte contre « l’islamophobie », et les occidentaux qui y voient un moyen de limiter la liberté d’expression.     Après les « samizdat » des dissidents soviétiques, c’est aujourd’hui internet  qui sert de vecteur à une liberté de parole menacée par les régimes autoritaires.     Signe des temps, près de la moitié (56 sur 125) des journalistes emprisonnés dans le monde travaillent sur la toile, selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), basé à New York.     Les bouleversements économiques et climatiques et leurs conséquences -montée du chômage et de la précarité, émeutes de la faim, migrations massives de populations, catastrophes écologiques etc.- vont aussi mettre sous tension croissante la politique des droits de l’Homme.     « Pour des milliards de gens, les droits fondamentaux, c’est manger, trouver de l’eau, avoir un abri. Les problèmes économiques et écologiques vont rendre cela de plus en plus aigu. On n’en mesure peut-être pas assez l’ampleur », souligne Reed Brody.      AFP  


Stéphane Hessel: les droits de l’Homme sont « toujours pertinents »

 
AFP, le 8 décembre 2008 à 06h51     Par Cécile FEUILLATRE         PARIS, 7 déc 2008 (AFP) – « Obama, un Noir à la tête des Etats-Unis, excusez du peu. Le combat pour les droits de l’homme est un travail de très longue haleine ». Le Français Stéphane Hessel, qui assista à la genèse de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, croit au progrès des libertés.     Soixante ans après son adoption, le texte est toujours « parfaitement pertinent », estime dans un entretien avec l’AFP celui qui reste, à 90 ans, un de ses défenseurs les plus ardents.     Résistant, déporté à Buchenwald, Stéphane Hessel est recruté après la guerre par le secrétaire général adjoint des Nations unies, Henri Laugier. Pendant trois ans, il sera témoin des travaux de la commission de 18 juristes chargée par l’Onu de mettre au point la déclaration.     « Jeune diplomate de trente ans, j’assiste avec passion aux séances, à New York ou à Genève. Il y avait l’Américaine Eleanor Roosevelt, le Français René Cassin, le Libanais Charles Malik… tous s’efforçaient de rédiger un texte qui convienne au plus de nations possible », se remémore-t-il.     « Il n’y a pas eu de conflit mais beaucoup de débats. Presque chaque phrase a fait l’objet de discussions », raconte Hessel, se souvenant notamment comment René Cassin a réussi à faire accepter le mot « universel », celui qui, soixante ans après, est toujours contesté par les tenants du relativisme des droits de l’homme.     « Beaucoup se seraient contentés d’une « déclaration internationale ». Cassin a dit: +nous sommes à un moment dramatique de l’histoire, il y a eu Auschwitz, Hiroshima. Il faut que ce soit un texte universel, court, mais fort+ ».     Le 10 décembre 1948, la déclaration est proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies à Paris.     « Pour tous ceux qui y avaient participé, l’émotion était très forte », dit M. Hessel. Mais l’impact est moindre dans la presse et l’opinion, car « 1948 est déjà une période difficile. On vient de créer l’Etat d’Israël, on est au bord de la rupture entre l’Est et l’Ouest », rappelle-t-il.     Soixante ans plus tard, la déclaration est toujours un objet de fierté pour Stéphane Hessel: « un beau préambule, trente articles dont aucun n’est médiocre. C’est un texte qui vaut la lecture, dont on peut dire en toute conscience aujourd’hui encore qu’il est parfaitement pertinent. Il l’est d’autant plus qu’il n’a pas été respecté, et il demande qu’on se batte pour ça ».     Stéphane Hessel n’est pas pour autant un optimiste béat, ni un « naïf »:  « on vit dans un monde qui n’est pas respectueux des droits de l’homme, il y a beaucoup de choses qu’on n’a pas pu empêcher, la faiblesse des Nations unies est une réalité », admet-il, énumérant la Palestine, le Darfour, la République démocratique du Congo, Guantanamo…     « Les pessimistes disent que ça va plus mal, que le monde est affreux. Les autres comme moi disent: non, vous ne savez pas regarder l’Histoire. Il n’y a jamais eu autant de progrès en 60 ans. Nous avons fait une Europe unie –rien que ces deux mots mis ensemble, ça ferait frémir nos ancêtres–, nous avons supprimé l’apartheid, nous avons supprimé l’empire soviétique et ses goulags, nous avons mis sur pied un tribunal pénal international qui peut juger les chefs d’Etat criminels », sourit-il.     La remise en cause de l’universalisme des droits de l’homme ? « ceux qui prétendent que ça ne s’applique pas à eux sont des gouvernements, jamais des peuples », répond-il. Pour M. Hessel, les droits de l’homme participent d’une histoire en mouvement, avec ses phases de progrès et de régression. « Je pense que la liberté progresse (…) Ne nous lamentons pas trop ».      AFP  

Droits de l’Homme: Sarkozy appelle à ne pas se « cacher derrière la culture »

 

Associated Press, le 8 décembre 2008 à 14h31 par Christine Ollivier PARIS (AP) — « Nous n’avons pas le droit de nous cacher derrière la culture, derrière le respect des traditions », a estimé lundi Nicolas Sarkozy en défendant l’universalité des droits de l’Homme lors d’un discours à l’Elysée. Le président français s’en est en particulier pris au président du Zimbabwe Robert Mugabe, un « dictateur » qui « doit partir », ou encore au président soudanais Omar el-Béchir. Il s’exprimait à l’occasion du 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948 à Paris. « Une femme violée est bafouée quel que soit le continent où on la viole », a rappelé Nicolas Sarkozy. « Une femme excisée est meurtrie dans sa chair quelles que soient les traditions du pays ». « Un homme ou une femme condamné(e) pour ses opinions, c’est un homme ou une femme à qui on conteste le droit à l’humanité », a ajouté le président français. « Quelle que soit la partie du monde où on se trouve (…), on est un être humain qui a des droits humains, qui sont universels » et « nous n’avons pas le droit de nous cacher derrière la culture, derrière le respect des traditions (…) pour contester aux uns ce qu’on reconnaîtrait aux autres ». De même, « au nom de la foi, on n’a pas le droit de bafouer des convictions laïques », a estimé le président français. Nicolas Sarkozy s’en est pris en particulier au président du Zimbabwe, Robert Mugabe, qui « doit partir », a-t-il lancé. « Vous avez assez pris en otage votre peuple (…) Le Zimbabwe a suffisamment souffert ». « Quand un dictateur ne veut pas entendre, ne veut pas comprendre, alors (…) les chefs d’Etat et de gouvernement doivent cesser de discuter », a estimé le président en exercice de l’Union européenne. Quant au président soudanais Omar el-Béchir, s’il « ne change pas d’attitude » vis-à-vis de la situation au Darfour, « alors il sera face à ses responsabilités, notamment devant la Cour pénale internationale », a averti Nicolas Sarkozy. C’est « un choix qu’il doit faire non pas dans les semaines qui viennent, mais dans les jours qui viennent ». Paris demande le déploiement de la force internationale « hybride » au Darfour, la fin des violences au Soudan et du conflit entre le Tchad voisin et le Soudan, ainsi que la remise à la CPI de Ahmed Haroun et Ali Kushayb, respectivement ministre soudanais des Affaires humanitaires, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, et chef supposé des milices Janjawid. Le président français a opté pour un ton plus mesuré s’agissant de la Chine, furieuse après son entrevue avec le dalaï lama samedi en Pologne. « La Chine est un des grands du monde » et « j’ai toujours pensé qu’il n’y avait qu’une seule Chine », mais « le devoir d’un président français, c’est de rencontrer tous les prix Nobel de la paix qui souhaitent le rencontrer, quelle que soit leur origine, quelles que soient leurs convictions et quelle que soit la cause qu’ils défendent », a-t-il plaidé. « La France serait infidèle à son histoire si la France ne faisait pas toujours une place spécifique à ceux et celles qui ont obtenu cette distinction ». Auparavant, Nicolas Sarkozy avait reçu sept membres des « Elders », un groupe lancé par Nelson Mandela lors de son 89e anniversaire en 2007 à l’initiative de Richard Branson et Peter Gabriel. Il réunit douze personnalités d’influence qui contribuent à la réflexion sur les grands défis mondiaux. Parmi ceux-ci, étaient présents lundi à l’Elysée l’ancien président américain Jimmy Carter, l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, l’ex-présidente irlandaise Mary Robinson, l’ancien Premier ministre norvégien Gro Brundtland, l’ancien président brésilien Fernando Henrique Cardoso, la fondatrice du syndicat de femmes indiennes Self Employed Women Association Ela Bhatt et l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères Lakhdar Brahimi, ainsi que le milliardaire Richard Branson et le musicien Peter Gabriel. AP


L’UE va intensifier ses relations avec Israël

BRUXELLES – Les Européens ont décidé lundi d’intensifier leurs relations avec Israël, en insistant sur le renforcement en parallèle du dialogue de l’Etat hébreu avec les Palestiniens et les pays arabes, pour ne pas nuire à l' »équilibre » du processus de paix au Proche-Orient. Les chefs de la diplomatie de l’UE ont décidé de multiplier les contacts de haut niveau avec Israël dans le cadre d’un accord UE-Israël, qui devrait être adopté en avril 2009, selon une déclaration adoptée lundi à Bruxelles. Un premier sommet UE-Israël pourrait avoir lieu dans les prochains mois, peut-être dès le premier semestre 2009 sous présidence tchèque de l’UE, a déclaré à des journalistes le ministre tchèque, Karel Schwarzenberg. Cette coopération renforcée, dont l’accord de principe a été approuvé dès juin par les membres de l’UE, doit se traduire par trois réunions annuelles UE-Israël au niveau des chefs de la diplomatie et la possibilité pour chaque présidence tournante de l’UE d’inviter un responsable israélien à une réunion des ambassadeurs de l’UE chargés des questions de sécurité. L’UE se dit prête aussi à envisager « la possibilité d’inviter Israël à participer aux missions civiles » menées dans le cadre de sa politique de défense et de sécurité, « au cas par cas et lorsque l’intérêt commun s’y prêtera », et à avoir avec Israël, « au moins une fois par an », un dialogue informel sur les questions stratégiques. A Jérusalem, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a parlé d’un « succès significatif pour la diplomatie israélienne, qui ouvre une nouvelle page » dans les relations avec l’UE. Mais alors que certains Etats membres sont « plus critiques envers Israël » que d’autres, selon M. Schwarzenberg, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a souligné qu’il ne fallait voir « aucune signification politique » dans ce renforcement. « Nous avons dit également dans le document (adopté lundi) que le +réhaussement+ des relations avec la Palestine allait suivre », a-t-il déclaré à des journalistes. « Seulement, c’est un peu plus difficile avec les Palestiniens, il n’y a pas d’Etat, ce sera plus compliqué », a-t-il ajouté. « Il faut forcément tenir compte d’un certain équilibre » dans les relations entre l’UE et Israël d’une part, et l’UE et les pays arabes d’autre part, a expliqué une porte-parole française. Témoin de ce souci d’équilibre, les pays de l’UE ont salué lundi le renforcement récent de leurs relations avec le Maroc, « les perspectives de renforcement » des relations avec la Tunisie et la Jordanie, le lancement de négociations avec la Libye sur un accord cadre, ou la demande de l’Egypte de renforcer ses relations avec l’UE. L’UE a aussi « condamné » les tirs de roquettes depuis Gaza contre le territoire israélien et appelé à la libération du soldat israélien Gilad Shalit, tout en appelant Israël à « mettre fin à la poursuite de la colonisation », à « lever les entraves à la circulation vers les Territoires palestiniens » en rouvrant notamment les points de passage entre Gaza et Israël. M. Kouchner a néanmoins reconnu que le processus de paix resterait vraisemblablement « bloqué au moins jusqu’à la fin du mois de janvier » et la prise de fonctions de la nouvelle administration américaine de Barack Obama. (©AFP / 08 décembre 2008 20h32)

 

 


 

 

NALYSIS-U.S.-Libya mistrust lingers despite new ties

 

 
Reuters, le 8 décembre 2008 à 11h28 By Tom Pfeiffer RABAT, Dec 8 (Reuters) – Washington’s first ambassador to Libya in 36 years takes up his post this month, but neither side seems ready for true friendship. The United States is loath to fully embrace a country it accuses of severe human rights abuses and whose leader Muammar Gaddafi strove for decades to thwart U.S. interests. Gaddafi has made it clear relations with Libya’s former foe will be business-like at best. Since U.S. sanctions were lifted four years ago, Tripoli has favoured mostly European and Asian firms for multi-billion-dollar nuclear, rail and road deals. « The Americans would like to attach conditions to what they want to do in Libya and keep talking of human rights, democracy and the rule of law, » said Libyan political analyst and university professor Mustafa Fetouri. « We consider this to be interference in our internal domestic affairs. » Libya has emerged from isolation after it abandoned weapons of mass destruction programmes and paid compensation for bombings for which it was blamed by the West. U.S. Assistant Secretary of State David Welch told Reuters last week the compensation deal « opens the horizon to a normal relationship of the kind we might have with any country ». Analysts said the improved ties with Libya instigated by U.S. President George W. Bush were unlikely to unravel under his successor Barack Obama, who has set out a vision for foreign policy based on diplomacy, internationalism and alliances. « I don’t see a real change under Obama, but the U.S. will be watching that there is no backsliding on what Libya has agreed to, » said Dirk Vandewalle, a Libya specialist and professor at Dartmouth College in New Hampshire. American firms won a clutch of oil exploration licences since sanctions ended in 2003, but lingering suspicion still holds Washington back from full engagement. « In the U.S. there is a certain scepticism and reluctance to be drawn into Gaddafi’s economic development schemes, » said Vandewalle. « Beyond the oil and gas industry it will be a lot tougher for American companies. » U.S. officials say the breakthrough with Libya opens potential for cooperation in diplomacy. One senior Washington official, who asked not to be named, cited concerns about Iran’s nuclear program as one area where the two countries had collaborated. Libya backed the U.S. push for tougher sanctions against Iran at the United Nations, while other nations with closer ties to Washington, such as South Africa and Indonesia, did not. The official said he could see the United States selling « non-lethal » arms to Libya like helicopters, transport aircraft and communications equipment within the next few years. SIDELINED But Fetouri said U.S. firms had been deliberately sidelined from Libyan government investments worth billions of dollars since the end of sanctions. « Why are we taking the Russians or Germans when we could take the Americans, who are often more advanced technically speaking? » he said. « There can be no other explanation than the fact we like it that way. » U.S. Secretary of State Condoleezza Rice made a historic but brief visit to Tripoli in September, meeting Gaddafi and exchanging gifts. She said her visit proved the United States had no permanent enemies. The atmosphere was warmer, however, when former Russian President Vladimir Putin visited Tripoli in April and agreed to cancel $4.5 billion of Libyan debt to unlock big military and civilian export orders. Gaddafi hailed Putin as « our great guest » and the Russian leader toured Gaddafi’s compound destroyed by a U.S. air strike in 1986 that killed about 40 people. « I bring my tribute to the victims, » he wrote in a guest book. « We share your grief ». Politics, not economics, look set to dictate Libya’s trade and investment choices for now. Apparatchiks still control most of the state-led economy, although Gaddafi himself seems less involved in day-to-day affairs and his Western-leaning son Saif al-Islam has pushed tentative liberal reforms. « Even though we’re moving slowly towards the post-Gaddafi period, the system is still functioning as if nothing really happened, » said Vandewalle. U.S. Commerce Department Assistant Secretary Israel Hernandez said on Oct. 6 that trade with Libya was growing fast and he wanted to help American firms target business in infrastructure, education, health, tourism and agriculture. But U.S. experts say their country’s role may be limited by Libya’s proximity to Europe and the fact the U.S. had less of a competitive advantage in some sectors needing the most investment. Some of the best chances lay in energy, complex industrial installations, IT and aerospace, said David Mack, adjunct scholar at the Washington-based Middle East Institute and a former diplomat to Libya. « There has been too much history for the U.S. to resume the dominant position it enjoyed in oil and gas in the 1950s and 1960s, » said Mack. (Additional reporting by Arshad Mohammed in Washington) (Editing by Matthew Tostevin)  

 

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