AISPP: Procès du 5 novembre AISPP: Le contrôle administratif au quotidien Liberté et Equité: Hichem Hribi privé de son droit à un passeport Collectif Pour Une Nouvelle République: Le hold-up du 7 novembre : L’autopsie d’un régime Nous sommes des Tunisien(e)s inquiet(e)s Slim Bagga: 7 machin 2010 – Voila des infos a la place du discours (article enrichi) Tunisia Watch: Béchir Ben Yahmed : Ben Ali, un vrai expert en matière d’islamisme La Voix des Tunisiens: EDITO : Ben Ali, premier éditorialiste de Tunisie AFP: Ben Ali relève la subvention de l’Etat aux partis d’opposition Luiza Toscane: Bosnie : vers la rétention illimitée ? Luiza Toscane: Rencontre avec Nudzejma Softic
Aujourd’hui, Riadh Ben Mohammed Lazhar Ben Mizouni Laouati (…), Anis Ben Habib Ben Slama Sliti [ …], Mouazz Ben Hédi Ben Mohammed Haizem […], Nasreddine Ben Mnaouer Ben Taïeb Aloui [….], Ounass Ben Ali Ben Sadok Frigui […] et Karim Ben Amor Ben Mabrouk Marzouki ont été déférés en état d’arrestation devant la treizième chambre criminelle de la cour d’appel de Tunis, présidée par le juge Tahar Yafreni pour incitation à la commission d’infractions terroristes, adhésion à une organisation ayant fait du terrorisme un moyen de réaliser ses objectifs, tenue de réunions non autorisées pour le premier et non révélation d’informations et tenue de réunions non autorisées pour les autres. […] A la clôture des plaidoiries, la séance a été levée pour le délibéré et le prononcé du jugement […] Le tribunal a réduit les peines prononcées en premier ressort : Riadh Laouati, peine réduite de 12 à 3 ans Mouazz Haïzem, peine réduite de 5 ans à un an Les autres ont vu leur peine réduire de 5 ans à un an. Les jeunes Bilel Beldi et Sami Bouras, réfugiés respectivement en France et en Suède, ont été déférés aussi. En première instance, ils avaient été condamnés à 12 ans Pour la commission de suivi des procès politiques Le secrétaire général Maître Samir Ben Amor (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)
Le contrôle administratif au quotidien
Hichem Hribi privé de son droit à un passeport
Le hold-up du 7 novembre : L’autopsie d’un régime
Nous sommes des Tunisien(e)s inquiet(e)s
Mais nous ne sommes pas des Tunisien(ne)s heureux(se)s.. Depuis quelques années, nous constatons avec amertume une évolution des choses qui crée en nous, comme pour des milliers d’hommes et de femmes de ce pays, un grand malaise qui progressivement s’est mué en une véritable inquiétude..
Oui, nous nous inquiétons de voir la citoyenneté dont nous voulons la concrétisation et la consolidation se dégrader de jour en jour et le statut de sujet grignoter progressivement sur notre statut de citoyen.
Nous nous inquiétons de voir la régression sociale se confirmer chaque jour davantage, avec le retour en force de pratiques et de valeurs conservatrices et rétrogrades que l’on croyait définitivement révolues en Tunisie .Il y a de quoi être inquiet lorsque dans un pays comme le nôtre ,les forces de l’obscurantisme ,aidées et alimentées en cela par un wahabisme qui fait feu de tout bois ,reprennent du poil de la bête ,et au nom de l’Islam dont ils s’estiment être les défenseurs et les représentants , revendiquent avec force la nécessité de la suprématie de la religion à tous les niveaux de la vie sociale,de la législation et de la nature même de l’Etat.
Nous nous inquiétons face à la montée de la violence, de l’agressivité et de l’intolérance dans de larges couches de la population, et qui touche de plus en plus de jeunes et n’épargne plus nos Etablissements scolaires.
Nous nous inquiétons face à la situation qui s’aggrave de jour en jour de nos étudiants diplômés de l’Enseignement Supérieur qui sont livrés au chômage dès leur sortie de la Faculté et qui peuvent ne pas trouver d’emploi durant 2 ,3 ,4 ,5 ans ou plus..
Nous nous inquiétons des atteintes répétées aux droits des gens, très souvent sans aucun support juridique et liées seulement à l’arbitraire d’une administration et d’une police qui se réfèrent, non pas aux lois et règlementations en vigueur, mais aux instructions qui sont souvent contraires à tout fonctionnement d’un Etat de droit …
Nous nous inquiétons de voir ,sous le règne d’un libéralisme assez souvent débridé ,des entreprises fermer ou procéder à des compressions drastiques de personnel ,jetant sans autre forme de procès des centaines de travailleurs ,hommes et femmes , qui se retrouvent du jour au lendemain sur le pavé sans grandes chances de reclassement ou de reconversion ,alors que dans le même temps on assiste à l’éclosion brusque ,et le plus souvent grâce à l’aide de l’Etat et aux deniers publics ,de grosses fortunes et d’importants groupes financiers contrôlant des secteurs sensibles de l’économie.
Nous nous inquiétons de la dégradation de notre enseignement, au point que la baisse de niveau est devenue alarmante. Il est dramatique de voir à quel point nos établissements scolaires et universitaires perdent de plus en plus leur âme et ne sont plus en mesure de réaliser la mission qui est la leur. Il est malheureux de constater qu’aujourd’hui, ils ne forment ni des têtes bien pleines, ni des têtes bien faites..
Nous nous inquiétons de voir chuter le niveau et la qualité de nos organes d’information, presse écrite, radios et chaînes de télévision publiques et privées. Les entraves à la liberté de la presse et à la liberté d’expression, ainsi que le harcèlement de plus en plus sévère dont sont victimes les internautes, deviennent de plus en plus insupportables et constituent aujourd’hui sans aucun doute les obstacles majeurs à la libération de nos médias de l’emprise et du contrôle étatiques.. Il est devenu aujourd’hui impérieux de mettre fin à l’entreprise de débilisation et de crétinisation massives que mène depuis des années, sous la férule étatique, l’ensemble de notre système médiatique.
Nous nous inquiétons de l’état dans lequel se trouvent notre culture et nos Arts : A quelques notables exceptions près qui honorent la création dans notre pays et qui ont malheureusement souvent maille à partir avec une censure toujours présente et souvent tatillonne, l’essentiel de la stratégie culturelle se concentre sur l’organisation et l’encouragement de dizaines de festivals internationaux, nationaux, régionaux et locaux souvent synonymes de médiocrité artistique et de mauvais goût. Il est dramatique de voir le nombre de théâtres et de salles de cinéma se réduire comme une peau de chagrin, au point que certains gouvernorats ne possèdent ni théâtre ni salle de cinéma, sans parler de galeries d’exposition pour nos peintres et nos artistes en général.
Nous nous inquiétons du recul de la conscience collective et du développement continu de l’indifférence à l’égard de la chose publique .Nous nous inquiétons de l’atonie persistante de la société civile ,enclavée entre un grand nombre d’Associations et d’organisations alignées sur les gouvernants et complètement mises au pas et n’ayant d’ONG que le nom ,et un tout petit nombre d’ONGs autonomes qui se comptent sur les doigts de la main ,et parce qu’autonomes ,subissent en permanence ,comme c’est le cas pour la LTDH et l’ATFD, les pressions et les exactions sous toutes ses formes et en même temps les tentatives constantes de les mettre au pas. Il n’est pas normal que les expressions de composantes de la société civilecomme les magistrats, les étudiants, les journalistes soient réprimées et leurs organisations persécutées ou bâillonnées.
.Nous nous inquiétons de l’entêtement à vouloir imposer une conception et une pratique du pluralisme qui embrigadent et instrumentalisent un certain nombre de partis alliés au pouvoir mais classés officiellement dans l’opposition et imposent à des partis d’opposition pourtant reconnus un encerclement permanent et un verrouillage de leurs activités avec notamment une pression constante contre leurs organes d’information qui ne recule pas devant les saisies. .Nous nous inquiétons de voir nos élections générales à tous les nouveaux perdre chaque jour davantage de leur crédibilité, au point de finir par devenir, aux yeux de larges fractions de la population et de bon nombre d’observateurs étrangers, des « non évènements »..
Nous nous inquiétons de ce que sera l’avenir de notre pays dans les prochaines années et nous nous alarmons du fait qu’on suscite ,quatre ans avant l’échéance ,des appels à une candidature pour un nouveau mandatprésidentiel de cinq ans ,au lieu de répondre à l’urgence d’entreprendre les réformes et les ajustements nécessaires à la rénovation de la vie publique et politique et à la réhabilitation des principes et des institutions du régime républicain .Et, lorsqu’on envisage l’échéance électorale de 2014 et au-delà ,nous ne pouvons pas taire notre crainte de voir notre pays revivre la triste expérience des années 83 /87 avec , en régime présidentiel très fortement personnalisé dans un système de parti unique extrêmement verrouillé ,un affaiblissement continu au sommet de l’Etat , entraînant inévitablement et rapidement ,outre l’attisement de la course à la succession , un renforcement rapide et extrêmement dangereux de l’influence et du pouvoir des courtisan (e)s…
Telles sont nos inquiétudes. Elles portent sur des questions qui sont toutes essentielles parce qu’elles touchent la plupart des aspects de notre « vivre ensemble » dans ce pays que nous aimons et pour lequel nous aurions souhaité un présent meilleur et nous aspirons à un avenir où il fera bon vivre et où il fera bon être tunisien(ne). Pour l’heure ,il appartient d’abord aux gouvernants ,mais aussi à tous ceux et toutes celles qui contribuent à la prise de décision ou peuvent l’influencer ,de prendre en considération et en charge les préoccupations et les inquiétudes que nous venons d’exprimer ,en engageant le pays et l’Etat sur la voie du renouveau dans le sens de la réhabilitation du régime républicain , de la réaffirmation et de la concrétisation de la Citoyenneté ,de la relance et de la consolidation de la modernisation , et de la rupture avec les systèmes et les pratiques despotiques et autoritaires de pouvoir en s’engageant enfin et véritablement dans la voie de la démocratie et du respect des droits et des libertés des femmes et des hommes de ce pays .. (Fin)
(Source: Le facebook de Salah Zeghidi le 5 novembre 2010 – 05:49)
(Lien:http://www.facebook.com/note.php?note_id=167283996622848&id=100001067922584&ref=mf
7 MACHIN 2010: VOILA DES INFOS A LA PLACE DU DISCOURS PAS DE CACHOTERIES A PARTIR DE CE JOUR: « LA SOUKOUTA BAADA EL YOUM »
Béchir Ben Yahmed : Ben Ali, un vrai expert en matière d’islamisme
Le journal Jeune Afrique à publié à l’occasion de la célébration de son 50ème anniversaire une grande interview de son fondateur Béchir Ben Yahmed (13 pages). Le document riche en information sur les point de vue du fondateur du journal sur les différentes questions d’actualité en Tunisie, en Afrique et dans le monde, aborde le sujet des islamistes et du mouvement Ennahdha. Voila comment BBY résume l’opinion du le président Ben Ali sur la question :
EDITO : Ben Ali, premier éditorialiste de Tunisie
Ben Ali relève la subvention de l’Etat aux partis d’opposition
AFP | 07.11.10 | 16h20 Le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a décidé dimanche de relever la subvention de l’Etat aux partis d’opposition et à leur journaux, s’engageant à promouvoir leur participation à la vie politique. « Nous annonçons notre décision de relever de nouveau la subvention de l’Etat destinée aux partis politiques et à leur presse », a-t-il précisé lors d’un discours à l’occasion de 23e anniversaire de son arrivée au pouvoir. Le chef de l’Etat s’est engagé aussi à élargir la participation politique de ces partis et leur présence dans les médias, affirmant que « la liberté d’expression est garantie par la Constitution ». « L’opinion différente et la critique sont respectées », a assuré M. Ben Ali, démentant qu’un récent amendement de la loi vise à limiter ces libertés. Une disposition législative, adoptée en juin dernier pour réprimer les actes jugés contraires aux intérêts économiques du pays à l’étranger, a été dénoncée par l’opposition et des défenseurs des droits de l’Homme qui réclament son abrogation en estimant qu’elle « vise à criminaliser leur actions ». Il s’agit selon M. Ben Ali de « la pure désinformation car le dit amendement ne vise que les individus qui porteraient délibérément atteinte aux intérêts vitaux et à la sécurité économique du pays ». Il a également annoncé de nouvelles réformes touchant le système judiciaire notamment la suppression des avis de recherche émanant de la police judiciaire, l’élaboration d’un projet de loi fixant la durée maximum de la garde à vue de la personne recherchée en vertu d’un mandat d’amener et le délai de sa présentation à la juridiction compétente. S’agissant de la crise qui paralyse l’activité la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme depuis des années, M. Ben Ali affirmé que cette association était en proie à un conflit interne. Il a fixé un délai de six mois pour que cette association reprenne ses activités « au-dessus des calculs personnels et partisans étriqués (..) à l’abri de toute instrumentalisation (..) sans exclusion ni exclusive ». M. Ben Ali, 73 ans, dont le régime est souvent accusé de violations des droits et libertés, a succédé il y a 23 ans à Habib Bourguiba qui s’était proclamé « président à vie » avant d’être destitué pour « sénilité » en novembre 1987.
Bosnie : vers la rétention illimitée ?
Deux ans ! Imed El Houssine, (dit Abou Hamza), de nationalité syrienne, a entamé le 5 octobre dernier sa troisième année au centre de rétention pour étrangers de Lukavica en Bosnie. Il n’est pas le seul étranger dans ce cas : Omar Frendi, un Algérien, y aura passé un an, Ammar Al Hanchi, un Tunisien, y est retenu depuis avril 2009, et Zyed Gertani (dit Abdallah Baoura) et Fadhil Hamdani, des Irakiens, respectivement depuis mai et juin 2009. Ils ont été rejoints en 2010 par Noureddine Gaci (Algérie) et Ahmed Farahati (Egypte). Alors qu’un peu partout en Europe, des étrangers sont placés en centre de rétention dans l’ignorance des populations, en Bosnie, la mise en rétention de ces « étrangers » n’a pas été cachée. Loin de là, elle a fait l’objet d’articles de presse. Autant dire qu’il s’agit d’enjeux politiques. En effet, alors que se discute la suppression des visas pour les Bosniaques à moyen terme, et l’entrée de la Bosnie dans l’Europe, une loi a été votée en Bosnie en 2005, visant à réviser la nationalité de ceux qui l’avaient acquise entre le 6 avril 1992 et le 1er janvier 2006. La commission chargée d’examiner les dossiers considérés comme litigieux, aurait, si l’on en croit les chiffres publiés au journal officiel, déchu 441 Bosniaques de leur nationalité, qui ont immédiatement recouvré leur nationalité d’origine. Loi ad hoc ? Les déchus sont des ressortissants de pays arabes ou musulmans venus pendant la guerre et ayant combattu dans l’unité des Moujahiddines de l’armée bosniaque ou ayant travaillé dans des associations humanitaires. La majorité d’entre eux ont épousé des citoyennes bosniaques et leurs enfants (ou leurs petits-enfants) sont bosniaques. Ils ont alors tenté d’obtenir un titre de séjour, qui leur a été refusé, ou déposé des demandes d’asile, qui ne leur a pas été octroyé. Ils sont devenus brutalement des sans papiers. Et tandis que des dizaines prenaient la fuite en famille vers des cieux plus démocratiques pour éviter une expulsion, les autres se terraient, tandis que certains étaient arrêtés et conduits au centre de rétention. Trois personnes ont d’ores et déjà été renvoyées, en Algérie et à Bahrein. Les autres ont multiplié les recours pour faire échec à leur renvoi. C’est ainsi que la Cour Européenne des Droits de l’Homme a enjoint à titre provisoire de ne pas renvoyer Ammar Al Hanchi en Tunisie et a renvoyé d’autres affaires devant la Cour Suprême de Bosnie. Les mois et les années ont passé. La loi prévoit que la rétention ne devrait pas dépasser trente jours, et à titre exceptionnel cent quatre vingt jours. Or ces déchus de la nationalité bosniaque ont passé, et de loin, plus que 180 jours dans un centre de rétention. Ils sont soumis de facto à une peine de privation de liberté alors qu’ils n’ont été condamnés par aucun tribunal, ils n’ont pas fait l’objet de poursuites. En un mot, ce sont des innocents qui sont enfermés. Des innocents qui pourraient envier les droits octroyés aux prisonniers de n’importe quelle prison : savoir la durée de sa peine, avoir des permissions de sortie, le droit à des études ou à un travail, etc…. Luiza Toscane
RENCONTRE AVEC NUDZEJMA SOFTIC
Imed El Houssine, retenu depuis deux ans au centre pour étrangers de Lukavica, craint un renvoi dangereux vers la Syrie, ce qui entraînerait aussi la destruction de sa famille. Sa fille, Nudzejma, revient ici sur sa vie, son père, et les conséquences de cette longue rétention sur ses proches. · Nudzejma, pouvez-vous revenir sur celui que tous considèrent comme votre père, pour lequel vous vous battez sans relâche ? Et partant, sur vous-même … Mon nom est Nudžejma Softić. Mon père a été tué au début de la guerre en Bosnie-Herzégovine en 1992. Ensuite, nous avons ma mère, moi, ma sœur aînée et mon frère qui n’est pas encore né, été expulsés vers la Croatie voisine, où nous avons vécu pendant cinq ans. Là, dans un camp de réfugiés, notre maman a rencontré notre père actuel avec lequel elle s’est mariée. Ma mère était veuve avec trois enfants et notre nouveau père avait laissé une fille d’un mariage en Syrie. Les trois d’entre nous – moi, ma sœur et un frère qui est né en dans l’intervalle, notre nouveau père nous a adoptés comme si nous étions ses propres enfants. Son comportement envers nous était tel que nous l’avons rapidement adopté et aimé comme notre vrai père. En fait, c’était une fortune, que n’ont pas connue beaucoup de gens. Certains enfants ont une relation horrible avec leurs propres parents, et nous sommes avec un étranger (Au début nous ignorions tout de la culture ou de la langue des Syriens) à vivre une vraie relation parent-enfant qui est toujours de mise et que beaucoup pourraient nous envier. Nous sommes fiers de lui! Jusqu’à aujourd’hui et depuis plus de deux ans, nous lui rendons visite au centre d’immigration, nous l’appelons, nous passons quelques heures par semaine, à lui rendre des visites détendues, boire du café et parler de la vie, malgré tout. Bien sûr. Maintenant, je suis une fille qui a deux parents (et jamais dans les prières je n’ai oublié mon vrai pères), j’ai deux soeurs et trois frères hyperactifs. Qui est Nudzejma aujourdhui ? Pendant et après la guerre en Bosnie, nous avons beaucoup déménagé. Pour la première école, je me suis retrouvé en Croatie, puis nous sommes retournés à la Bosnie. J’ai changé cinq fois d’écoles élémentaires jusqu’à ce que nous nous installions définitivement à Sarajevo, quand ma sœur aînée a dû rentrer à l’École de médecine. A l’époque j’étais en quatrième secondaire et c’est la première fois que je suis restée jusqu’à la fin des études. Là, je me suis fait beaucoup d’amis, et je suis heureuse d’être restée amie avec les enseignants de cette école qui me demandent jusqu’à aujourd’hui si j’ai réussi dans mes études et s’attendent à ce que nous devenions des collègues. J’ai commencé à la faculté de philosophie de l’Université de Sarajevo, Département de littérature des peuples de Bosnie-Herzégovine, bosniaque, croate et serbe. J’ai obtenu les diplômes et je me suis inscrite à un cours de maîtrise. J’espère obtenir cette année avec succès. J’ai entrepris ce que j’aime vraiment. La lecture a toujours été la chose la plus importante sur le plan professionnel. Parfois on pense à une évasion de la réalité vers un monde fantastique, et maintenant je ne crois qu’aucun homme, aucun chercheur ne peut être spirituel, s’il n’a l’amour des livres. Le prix d’une telle attitude, c’est que je suis toujours très occupée. Cependant, je trouve le temps pour tout. Je lis dans le tram, sur le trajet de la maison à la faculté. J’ai cinq ans pour rédiger ma thèse de master sur le thème: « Poétique et politique du genre dans la littérature bosniaque de la fin du 19e au milieu du 20e siècle « . Mon professeur a été très heureux et j’espère sincèrement que je vais continuer à travailler à l’université quand j’aurai terminé. En parallèle, je fais de la photographie, et mon souhait est de progresser dans des langues que je connais en partie – anglais, allemand, arabe. Je voudrais apprendre le turc mais je crains de ne pas en avoir le temps. Vous êtes Bosniaque, comme votre mère, vos frères et sœurs, votre père qui l’est devenu par naturalisation. Malgré vos voyages par la littérature ou les langues, votre vie a toujours été en Bosnie ? Je suis né le 24 août 1987 à Kozarac, un petit village près de Prijedor. Donc, je suis une citoyenne de Bosnie-Herzégovine. Nous n’avons jamais été en Syrie. Nous ne savons pas beaucoup de choses sur ce pays et sa culture car nous vivons absolument comme des Bosniaques. Cela ne signifie pas que nous sommes fermés à d’autres qui sont différents. Une fois mon père a dit qu’il aimerait voir l’endroit où il est né et a grandi, mais qu’il ne pourrait pas y vivre après de nombreuses années de résidence en Bosnie. * Votre père a perdu sa nationalité du jour en lendemain. Comment avez-vous réagi ? Et maintenant ? Depuis le mariage de notre mère, nous n’avions jamais été séparés. Les problèmes ont commencé avec la question de la nationalité. Quand on a fait planer la menace d’un renvoi en Syrie, nous avons eu très peur. Ce n’était pas simple du tout. Avec peur, nous avons cherché les conseils des avocats que nous connaissons pour nous aider à prévenir et à résoudre cette affaire. Toutefois, cela n’a pas été facile. Depuis lors, à toute situation alarmante en ce qui concerne ce cas nous nous tournons vers la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, et nous sommes reconnaissants de tout ce travail pour nous. Le seul inconvénient est que ces procédures prennent beaucoup de temps. Notre père est depuis plus de deux ans dans le centre de l’immigration et nous ne pouvons rien faire. Cependant, cela vaut mieux que s’il était retourné en Syrie, où l’attendait un grand châtiment pour désertion. Ces problèmes avec la Syrie sont connus du public. Mon père n’est pas le premier à avoir rencontré ces problèmes. Je pense que maintenant les tribunaux de Bosnie-Herzégovine attendent une décision de Strasbourg. Rien ne se passe. Nous sommes en attente.. Nous nous sommes habitués. Il nous faudra du temps pour nous réadapter quand notre père reviendra à la maison si Dieu le veut. Nous espérons sincèrement qu’ils le feront. Comment avez-vous su ce qui se passait en Syrie, c’était à cause de la menace de renvoi seulement ? Au début nous ne savions pas grand-chose de la Syrie, juste ce qu’il faut, ce que notre père nous a dit au sujet des coutumes dans certaines situations. Puis nous avons reçu la visite de nos grands parents venus de Syrie et à travers eux nous en avons appris plus, notamment en pratiquant l’arabe. Puis nous avons appris à surfer sur Internet, et tout ce que nous avons appris de ce pays nous a intéressés. C’est la situation de notre père, ou tout ce qui s’y rapporte, qui nous intéresse. Lors de l’inscription définitive, j’ai été contente de pouvoir suivre le thème : Syrie – un pays au carrefour des mondes. Ensuite, j’ai beaucoup appris sur la Syrie, mais j’étais déçue par le régime de Hafez El-Assad et plus tard par son fils. Je pense je peux commencer à comprendre les problèmes de mon père. Maintenant, j’essaie de transmettre à mes frères et sœurs plus jeunes qui ont un grand désir d’aller en Syrie pour rendre visite la famille de mon père. Et je ne peux pas aller. Je crains que nous soyons capturés et faits otages afin de pousser notre père à venir en Syrie. Par conséquent, la voie est fermée et ne pense pas que nous aurons bientôt l’occasion d’aller. Les personnes déchus de leur nationalité et leurs proches se sont beaucoup mobilisées lorsque la nouvelle loi a été appliquée… Nous avons participé à toutes les manifestations de protestation à Sarajevo et Zenica. Dans notre pays, il est devenu normal qu’aucun droit fondamental ne peut être respecté sans manifestations ou même, de préférence sans une grève de la faim. C’est seulement alors qu‘on commence à vous prendre au sérieux. Mais quand la même situation se répète, plus personne ne fait attention. La même situation existe avec la presse. Quand nous avons besoin, ils ne sont pas intéressés car ils « ne disposent pas du matériel pour une histoire. » J’ai grandi et mûri pendant les deux ans de captivité de son père dans le centre, mais j’ai aussi été déçue de nombreuses personnes. Heureusement, il y en a d’autres qu’on ne peut jamais assez remercier. Alors cela équilibre ! Peut-on dire que vous avez commencé une nouvelle vie? Il est difficile de répondre à cette question, même si cela semble simple. Vous savez, au début, vous êtes choqués, toute la situation est nouvelle pour vous, vous pouvez adapter à toutes les situations que vous attendez, puis à un moment donné on se rend compte que la vie continue.. La vie continue, et nous essayons de le faire pour le meilleur. Dieu merci, tous les membres sont admirables tant ils ont des personnalités solides et solides et stables, ce qui rend tout plus facile à supporter. S’adapter au possible… En ce qui concerne le côté matériel, nous avons des amis qui se sont organisées lors de la prière, le dernier vendredi du mois, pendant la prière, pour collecter de l’argent, qui ensuite le répartissent entre les familles dont membres sont au Centre. Des parents de ma mère qui sont en Suisse nous aident, et je reçois une bourse d’études. Nous faisons face, nous avons toujours été reconnaissants et satisfaits de ce que nous avons. * Quels sont les moments où vous avez le plus ressenti cette nouvelle situation ? Notre père fait défaut dans certaines situations spécifiques. Il a manqué la naissance de la petite fille de ma sœur, quand il est devenu un grand-père. Père m’a vraiment manqué quand j’ai obtenu mon diplôme et quand nous étions tous ensemble, sauf lui. Ma sœur cadette et mes frères l’appellent immédiatement si elles obtiennent une bonne note. Maman était très malade et je pense que dans les moments où elle a reçu une chimiothérapie pour son cancer en cours de traitement, elle aurait dû tenir simplement la main de notre père. Voici quelques-uns de ces moments d’émotion où personne et rien ne peut remplacer la présence de la personne que vous aimez vraiment et qui est indispensable dans notre vie. Au septième jour de sa vie, Sirine, la fille de ma sœur est allée rendre visite à son grand-père dans le centre. Après l’obtention du diplôme, nous avons pris le gâteau pour faire la fête. Maman en a fini avec les thérapies et parle souvent avec notre père au téléphone. Ainsi, dans une certaine mesure nous tentons de compenser le temps passé sans lui. Les congés de l’Aîd sont des moments privilégiés où nous nous sentons le manque de notre père, bien que nous nous rendions au Centre. Le Centre n’est pas très loin de notre maison. Il y a une vingtaine de minutes en voiture. Il y a des gens qui viennent d’endroits éloignés et ne peuvent pas rendre visite à leurs proches deux fois par semaine, comme nous le faisons. Tous les amis Arabes qui sont venus rendre visite à mon père dans le centre sont eux-mêmes passés par le centre. En dehors de nous, de très bons amis sont venus lui rendre visite. Il s’agit d’une situation où vous pouvez clairement voir qui était votre ami. Cela montre juste que chaque mauvaise situation a ses bons côtés. Outre les amis, la visite de l’Ombudsman pour les droits de l’homme, des représentants de diverses ONG et organisations de droits humains, les avocats. Les journalistes se sont vu refuser l’accès. Vous pouvez lui rendre visite, comme à un prisonnier ? A-t-il les mêmes droits qu’une personne condamnée ? La visite doit être enregistrée à l’avance. A chaque fois, les gardiens examinent de façons pointilleuse les habits que nous lui apportons, jusqu’à la moindre paire de chaussettes. Mais cela dépend aussi des gardiens. Certains sont habitués à nous, ils savent qu’ils n’ont aucun problème avec nous. D’autres sont très scrupuleux et souvent testent les limites de notre patience en nous faisant longuement attendre tout en examinant les affaires, etc La visite se déroule dans une salle conçue à cet effet, qui a une table et des chaises. Le temps prend une heure. Il y a toujours des gardiens, des femmes, à l’écoute de toutes les conversations. Ceci est très gênant pour notre père, lorsque nous parlons de certaines questions sensibles de la famille, d’une variété de situations dans lesquelles nous nous trouvons et que nous pouvons partager librement alors qu’une inconnue est assise là. Au bout de deux ans, cela devient stressant. À la maison, nous avons fait le café et que nous apportons dans une bouteille thermos et nous essayons de passer les deux heures dans une atmosphère Mon père n’a pas le droit de quitter le Centre au cours du week-end et même jamais, alors que c’est possible pour les plus grands criminels et de meurtriers dans les prisons d’Etat. Ça fait mal! Quelle est sa vie quotidienne au centre ? Souvent, on se demande si mon père s’ennuie, ce qu’il fait. Il affirme qu’il passe la plupart de son temps à lire des livres à la bibliothèque. Ils ont des heures fixes pour le petit déjeuner, déjeuner et dîner. Ils disposent d’un salon où ils peuvent regarder la télévision, mais il y a des querelles à cause du choix de la chaîne. Ils ont également des activités sportives pendant deux heures pendant la journée, donc constituer l’équipe, jouer au basket, football, etc Bien sûr, il y a la prière et les discussions, parler, encourager les uns les autres. La foi en Dieu et l’amour et l’attention de la famille donnent la force d’endurer toutes les injustices. J’espère que viendra bientôt la fin. Avec notre père dans le centre il y en a d’autres qui ont été déchus de la nationalité. Cinq Arabes vivent une situation similaire dans le centre. Et il y a les autres – les Allemands, Albanais, Roumains et d’autres qui sont au centre chacun pour une raison différente. Nous connaissons les familles des Arabes et certains d’entre eux sont nos amis. Ils sont dans la même situation que moi, tout comme nous nous sommes habitués à tout, et ils se sont juste habitués. Ils nous ont soutenus et maintenant je les console ! Ressentez-vous que la solidarité existe ? Oui, mais cela s’applique seulement aux gens ordinaires et les personnes dans le vrai sens du mot. Cela m’est indifférent qu’elle vienne de Bosniaques, chinois, français, arabes, ou toute autre personne.. En ce qui concerne ces personnes, effectivement je reçois un grand soutien dans tous les sens. Pour les gens la situation est claire et toute la procédure est inéquitable. On m’arrête sans cesse pour me demander s’il y a du nouveau, malheureusement, ma réponse tient en un mot : NON. Beaucoup m’ont proposé de l’aide si j’en avais besoin. Pendant le Ramadan, j’ai organisé une campagne pour aider les détenus au Centre. Nous recueillons des vêtements pour ceux qui n’ont personne pour apporter l’argent pour faire l’Iftar. J’ai été vraiment heureuse de gens de Bosnie et de diverses parties du monde, des Etats-Unis et au Canada et dans toute l’Europe. Nous les en remercions beaucoup, parce que c’était une grande surprise pour les retenus.. * Et s’il y avait un dernier message ? Il y a du positif et du négatif. Il est positif que nous ayons connu une évolution et mûri rapidement et acquis une expérience de la vie que d’autres enfants ne connaîtront pas dans toute une vie. Nous sommes conscients que la vie continue et nous sommes convaincus que notre destin est déterminé par Dieu. Envoyer un message au public, -sa couleur est sans importance, comme sa religion, sa nationalité ou sa profession, Dans cette situation nous avons trouvé l’inspiration pour devenir de meilleurs enfants, frères et sœurs, attentifs et sensibles, des collègues, des étudiants et les des enseignants parfaits, enfin des gens qui ont réussi. Faire ce que vous aimez, croire en soi, être humble et aider les autres. Propos traduits du croate, recueillis le 7 novembre par Luiza Toscane
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