Le Président Ben Ali félicite M. Nicolas Sarkozy élu, Président de la République française
Le Président Zine El Abidine Ben Ali a adressé à M. Nicolas Sarkozy, élu, dimanche, Président de la République française, un message de félicitations dont voici le texte : « Votre élection à la tête de l’Etat français m’offre l’heureuse occasion de vous adresser, en mon nom personnel et en ceux du gouvernement et du peuple tunisiens, mes chaleureuses félicitations et mes sincères voeux de succès dans les charges suprêmes que vient de vous confier le peuple français ami, en hommage à vos hautes qualités humaines et à votre large expérience politique. Je voudrais saisir cette heureuse occasion pour vous dire mon entière disponibilité à poursuivre avec vous la tradition de dialogue et de concertation qui a toujours caractérisé les relations historiques tuniso-françaises, et vous assurer de ma détermination à oeuvrer en vue de consolider l’amitié et d’enrichir la coopération entre nos deux pays. Je demeure convaincu que les années à venir vont nous permettre de franchir de nouvelles étapes dans le raffermissement du dialogue entre les deux rives de la Méditerranée en vue de bâtir ensemble un partenariat stratégique et solidaire à même de relever les défis du développement, de la stabilité et de la sécurité et de nous permettre de préparer l’avenir de notre espace euro-méditerranéen, dans la confiance et la sérénité pour consolider la stabilité et la paix dans le monde En vous réitérant mes félicitations, je vous prie de croire à l’expression de ma profonde estime et de ma haute considération ». (Source : www.infotunisie.com , (Officiel), le 6 mai 2007)
Bienvenue à Benarkozy
Ben Ali promet du Kärcher pour Sarkozy
TNA (Tunis-Paris) – Le président tunisien Ben Ali a envoyé un message de félicitations à Nicolas Sarkozy suite à son élection comme nouveau président de la République française. Le général Ben Ali, profitant de cette heureuse occasion, a proposé au nouveau locataire de l’Elysée une coopération bilatérale accrue, surtout en matière d’économie et de sécurité. Après les félicitations d’usage, le président tunisien a écrit: » La Tunisie, pays exportateur par excellence et un des premier producteurs de Kärcher en Méditerranée, propose à la France de lui exporter ce nettoyeur fabriqué chez nous. » Ben Ali a aussi proposé à Nicolas Sarkozy l’envoi de quelques centaines de coopérants des Services Spéciaux tunisiens pour aider la France à combattre la racaille qui infeste ses banlieues. Ben Ali a, en outre, réservé une belle surprise pour son ami Sarko: Le Centre de Détention et de Tri de Gorjani à Tunis s’appellera dès aujourd’hui le Centre Sarkozy. Une porte-parole du nouveau président français a rapporté cet après-midi l’incommensurable émotion de Sarkozy après la lecture du message de son ami Ben Ali. Cette porte-parole a déclaré que le nouveau président a décidé, sans attendre la passation des pouvoirs, de changer le nom de la station de métro « Mairie des Lilas » en « Mairie de Leïla », en hommage à Madame Leïla Ben Ali. La » Petite Sicile », une banlieue de Tunis, sera-t-elle rebaptisée la « Petite Cécilia », en hommage à Madame Sarkozy? Avec le nouvel Axe Paris-Tunis, tout devient possible. (Source : le blog d ?Omar Khayyam, le 7 mai 2007) Lien : http://omarkhayyam.blogsome.com/2007/05/07/bienvenue-a-benarkozy/
Souhayr Belhassen, nouvelle Présidente de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme :
La Tunisie est un pays d’émancipation
– Promouvoir et accompagner la démocratie dans le Monde arabe Le 36 ème Congrès de la Fédératon Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) s’est déroulé du 19 au 25 avril à Lisbonne. La Tunisienne Souhayr Belhassen a été élue Présidente suite à une compétition très serrée avec son challenger le Colombien Louis Guillermo Perez. C’est une petite révolution. Souhayr Belhassen est la première femme à accéder à la tête de la FIDH en 80 ans d’existence. Réalités l’a rencontrée pour vous. Interview. Comment s’est passé le Congrès de la FIDH ? C’est un congrès inhabituel. Depuis le congrès de la FIDH en 1998 il n’y a pas eu deux candidats pour la présidence. Mais chose plus importante encore, en quatre-vingts ans d’existence, j’ai été la première femme candidate à la présidence de la FIDH. Nous avons tous, à la FIDH, un combat commun : la défense des Droits humains, seulement les congressistes se devaient de départager deux candidats. Il y avait combien d’électeur ? Nous avons soixante-quatorze ligues électrices, plus soixante-sept ligues observatrices. Il y a eu, bien évidemment, une ambiance très animée entre les partisans des deux candidats. Comment est venue l’idée de votre candidature ? C’est le président sortant, Sidiki Kaba, qui a eu la volonté de passer le flambeau à une femme. Avec lui la FIDH a eu pour la première fois un président du Sud. Sidiki disait toujours : j’aurai réussi ma mission si j’arrive à passer le flambeau à une femme. Voilà comment l’idée est née. Pour être honnête, l’initiative n’est pas venue de moi. Je ne suis ni une carriériste, ni une femme d’appareil. J’ai accepté la proposition de mon prédécesseur à me présenter pour la présidence par engagement féministe. Nous nous plaignons toujours du faible accès des femmes aux postes de responsabilité politique. L’occasion s’est présentée pour moi, il était inconcevable de la refuser. S’il y avait eu une autre candidate femme je me serais peut-être retirée. Pour moi c’est le militantisme qui prime sur les logiques d’appareil. Quelle était la nature du clivage ? On peut dire qu’il y a eu un clivage idéologique. Les militants des Droits de l’Homme en Amérique latine sont encore marqués par la tradition politique marxiste et proches des régimes du continent qui s’en réclament. Mon profil est beaucoup plus Droits de l’Homme stricto-sensu. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas avoir de démarche politique. La FIDH est essentiellement une organisation politique, mais dont l’unique objectif est la défense des Droits humains. Pour la majorité de nos ligues cette démarche doit prévaloir dans la stratégie de la FIDH. Votre adversaire est un alter-mondialiste ? Je n’aime pas beaucoup ce mot. Mon challenger, le colombien Luis Guillermo Perez, et moi-même avons travaillé ensemble pendant trois ans au sein du Bureau international de la FIFH dans la camaraderie, pour le même combat. Les membres latino-américains de la FIDH sont d’une grande qualité et nous continuerons, bien sûr, à travailler ensemble. Quelles sont les différences essentielles entre vos deux programmes ? Nos différences portent beaucoup sur notre vision de la mondialisation. La mondialisation est une tendance historique irréversible et ne doit pas être considérée comme le mal absolu. Elle a certes aggravé la pauvreté et la marginalisation des populations les plus vulnérables de la planète. Le fait qu’elle soit menée sous l’étendard du libéralisme donne la priorité au marché par rapport aux droits des gens, surtout dans le domaine social. Aujourd’hui, la loi de la jungle où le plus fort domine prime sur les droits humains. C’est cela qu’il faut combattre. Le rôle d’une ONG comme la FIDH est d’œuvrer pour qu’il y ait des normes et des mécanismes internationaux contraignants de régulation de la mondialisation. Car il faut la réguler de façon à ce qu’elle ne s’effectue pas sous le règne unique du marché et de l’argent. Ceci étant je ne voudrais pas trop insister sur les différences qui me séparent de Luis Guillermo, car ce qui nous rassemble est beaucoup plus fort. Notre compétition au congrès n’est qu’un moment de la vie de la FIDH, mais tout de même un moment démocratique. Il faut savoir que Guillermo est aujourd’hui Secrétaire général de la FIDH. Il avait postulé pour les deux postes. Les congressistes m’ont élue à la présidence et l’ont élu au secrétariat général. Nous allons défendre lors de ce mandat un programme d’action commun qui s’enrichit de nos différents apports. Comment analysez-vous votre victoire électorale ? Je pense que cela est dû à la représentativité que j’incarnais de la primauté du combat pour les Droits humains. Il y a eu, aussi, une tonalité féministe. C’est la première fois à la FIDH qu’il y a huit femmes sur vingt au Bureau international. On est presque à la parité. Il y a eu une poussée féministe incontestable. Quels seront les axes majeurs de votre action au cours de ce mandat ? Il y a d’abord la question des femmes. Venir de la région arabo-musulmane et être à la tête de la FIDH n’est pas du tout un hasard. Cela a été possible parce que je suis Tunisienne. La Tunisie est le seul pays arabe où la révolution par le droit a été faite ; c’est le seul pays de la région où la polygamie et la répudiation, pour ne citer que cela, ont été interdites. Je suis une enfant du Code du Statut Personnel. Cela devait paraître un jour où l’autre et cela s’est concrétisé au dernier congrès de la FIDH. Selon vous, les congressistes de la FIDH ont reconnu en vous l’exemplarité de la Tunisie ? Bien sûr. Ensuite au niveau des Droits de l’Homme, mon élection est aussi une reconnaissance de notre combat en Tunisie. La Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme a trente ans d’existence et elle est pionnière dans le Monde arabe et en Afrique. Tout cela est le fruit du combat des Tunisiens et des choix des Autorités aussi. La Tunisie est un pays d’émancipation de la femme et des Droits humains. La FIDH est présente dans 141 pays et les médias de tous ces pays ont souligné ce fait inédit: une Tunisienne à la tête de la FIDH. Cette symbolique dépasse de loin ma personne. C’est une reconnaissance de ce qu’est la Tunisie aujourd’hui. Que compte faire la Tunisienne à la tête de la FIDH ? Mon statut de citoyenne tunisienne est dépassé. Je suis maintenant une citoyenne du monde, de l’universel. C’est un véritable bonheur pour moi. J’ai été toujours portée par cela. Ma grand-mère est Indonésienne. Je suis le fruit d’un mélange tant au niveau personnel qu’intellectuel et je le revendique. Depuis le démantèlement de l’URSS et la chute du Mur de Berlin, de nombreux processus démocratiques se sont enclenchés dans différentes régions du Monde. Malheureusement cette vague démocratique s’est arrêtée aux portes du Mmonde arabe. Mon élection est aussi un signal fort de solidarité pour cette région. Pour que les défenseurs des Droits humains puissent poursuivre leur tâche. Mon devoir, ma mission en tant que Présidente de la FIDH est d’encourager le processus démocratique dans notre région. Pour moi, ce qui s’est passé en Palestine et en Mauritanie est très encourageant. Il faudrait faire en sorte que les sociétés civiles arabes puissent agir afin de préparer les alternances démocratiques. Comment allez-vous procéder pour cela ? Dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Chili et le Maroc, la FIDH a développé le concept de justice transitionnelle, c’est-à-dire les commissions “Vérité et réconciliation” ou “Vérité et justice”, selon le rythme et la situation intérieure de chaque pays. En Algérie, par exemple, on commence à mettre en place une commission de ce type. Nous accompagnons fortement ces processus. C’est une démarche d’apprentissage de la démocratie. Nous constatons aussi que dans notre région il y a, dans de nombreux pays, une régression de la condition des femmes. Comment lutter contre cela ? C’est toute la difficulté de notre action. Seulement la FIDH a une très grande connaissance du terrain grâce à toutes les ligues nationales des Droits de l’Homme. Certains reprochent à la FIDH ses réactions à double standard : réactions molles quand il s’agit de violations des Droits humains au Nord ou en Israël et des réactions disproportionnées pour les pays du Sud ? Je pense qu’il y a beaucoup de mauvaise foi dans ce débat. On utilise les armes qu’on peut contre une ONG aussi sérieuse que la FIDH. Nous sommes la seule ONG généraliste et la seule constituée de ligues nationales. C’est cela qui fait notre différence.. De quel double standard parlons-nous ? Sur un pays comme la Palestine, nous reproduisons et servons de porte voix à nos ligues qui sont sur le terrain. Il faut savoir que nous ne faisons pas un seul communiqué sans avoir l’aval de nos ligues locales. A Guantanamo, qui a porté plainte contre Rumsfeld et les généraux américains ? On a fait cette démarche avec le CCR (Centre des Droits Constitutionnels) aux Etats-Unis, qui est un centre de défense des Droits humains. On a esté une action en justice en Allemagne quand le Général Sanchez était de passage dans ce pays. On l’a remporté en première instance. Mais ce type d’information n’est pas repris par les médias nationaux. On est victime de certains a priori idéologiques. Je pense que les médias arabes auraient tout intérêt à dire que c’est le secrétaire général Peter Weiss, du CCR américain, qui a alerté la FIDH sur la présence du Général Sanchez en Allemagne, ce qui a rendu possible contre lui une action en justice. Nous procédons avec nos ligues à un travail d’enquête et de témoignage partout où il y a des violations des Droits humains. Un autre exemple en République Centrafricaine. En 2002-2003 il y a eu des violences inouïes contre les femmes, comme aujourd’hui au Darfour. C’est Bernadette Sayo qui dirige une association des femmes victimes de la violence. Ce sont des petites commerçantes qui ont été violées et dont les maris ont été tués sous leurs yeux. Bernadette Sayo a été violée devant son mari avant qu’on le tue devant elle. C’est l’horreur absolue. Cette femme et son association nous envoient des informations de toutes les régions de la République Centrafricaine. Ce sont des témoignages qui vont à la Cour Pénale internationale pour dénoncer les crimes sexo-spécifiques et amener les criminels devant la justice internationale. C’est cela notre démarche. Et concernant l’Irak ? Le pays est démantelé. Il l’est aussi au niveau des Droits de l’Homme. On n’a plus rien en Irak. En marge du congrès de la FIDH, le groupe arabe a tenu une réunion. Nous sommes une quinzaine de ligues arabes. On a réfléchi ensemble à la meilleure manière de reconstituer un tant soit peu le tissu militant pour les Droits humains en Irak. Si on ne dénonce pas et si l’on ne fait pas d’enquêtes en Irak c’est parce qu’on n’a pas de relais locaux. On va essayer de pallier cela à partir de la Jordanie et de la Syrie. Ce sont les ligues arabes qui essayent de trouver une solution et non pas la FIDH à partir de Paris. Il y a des situations plus que scandaleuses en Irak. C’est futile de le dire. Mais on a besoins d’outils sérieux et fiables pour pouvoir faire notre travail. Quels sont vos autres champs d’intervention ? Mon deuxième axe de programme est la question migratoire. Les migrations sont aujourd’hui un fait majeur de notre époque. Pendant mon mandat à la FIDH, la priorité sera donnée à ce phénomène. Avec nos ligues on va travailler en profondeur sur les migrations. Il faut savoir que la convention internationale sur les travailleurs migrants et leurs familles n’a pas été signée par un seul pays du Nord. J’ai lancé un appel dans mon discours d’investiture au Portugal en disant : vu que la FIDH tient son congrès chez vous, soyez le premier pays à ratifier cette convention. Pays d’émigration et d’immigration, le Portugal est appelé à le faire. J’espère que cet appel sera entendu. Nous mènerons une campagne très forte pour la ratification de cette convention. Pourquoi aucun pays du Nord n’a signé cette convention ? Parce que ces pays veulent verrouiller toutes les portes, fenêtres et même vasistas. Ils ne veulent pas qu’il y ait des droits pour les migrants dits clandestins au Nord : En matière d’asile, il se passe également des choses scandaleuses. La Jordanie et la Syrie croulent sous le poids des réfugiés irakiens. Les pays occidentaux n’en ont guère pris leur part. Le Haut Comité pour les Réfugiés (HCR) s’est réuni dernièrement sur l’Irak à Genève pour octroyer des millions d’euros à la Syrie et à la Jordanie, mais surtout “débrouillez-vous avec vos migrants”. Il ne s’agit pas de financement, mais d’êtres humains qui sont dans le désespoir. A la FIDH, nous dénonçons ce type de situation. Nous dénonçons également la volonté du Nord de se décharger sur les pays du Sud du contrôle des flux migratoires moyennant de l’argent. Des pays comme l’Allemagne et l’Italie portent aujourd’hui le leader aux nues après l’avoir traité de tous les noms, et cela – entre autres – pour qu’il stoppe le flux migratoire africain Les pays européens essayent de faire pression sur le Maghreb pour qu’il servent aussi de nouveau “mur” contre ces flux. Ce qui me désole, c’est que la presse arabe dénonce certains murs et pas d’autres. Ce sont tous des murs de la honte. Dénoncer cela fait partie de notre mission. Que peuvent faire les Ligues des Droits de l’Homme au Sud ? Moins on donnera la parole aux défenseurs des Droits humains et plus le Sud reculera. Les ligues du Sud passent l’essentiel de leur temps à défendre leur droit à l’existence alors que les problèmes sont énormes. Nous ne sommes pas des ennemis systématiques des régimes en place. On est à l’écoute des situations intérieures grâce à nos réseaux de militants. Ce que je souhaite le plus aujourd’hui est de pouvoir dépasser la défense des libertés dites primaires (libertés d’expression, d’organisation…). Ces libertés sont essentielles, mais il nous faut les dépasser, en les garantissant, afin de pouvoir nous occuper des problèmes énormes tels que les migrations et la régulation de la mondialisation. Souhayr Belhassen, citoyenne du monde, que veut-elle dire à nos concitoyens ? De continuer de se battre non seulement pour soi, mais pour les autres aussi. Zyed Krichen (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1104 du 3 mai 2007)
Sfax : Quand la Star Ac tourne à la tragédie
Nizar Bahloul Le passage de la Star Academy libanaise en Tunisie pour trois concerts devait être l’événement de la semaine. Il sera le drame qu’on n’effacera jamais de nos mémoires. Le premier concert à Tunis, samedi 28 avril, connut son lot d’hystéries et de bousculades. Idem pour le second à Sfax, lundi 30 avril, à la différence qu’il s’est soldé par la mort de sept spectateurs et les blessures d’une trentaine au moins. Récit des évènements tels que nous les ont racontés des spectateurs présents. L’évènement est de taille pour la capitale du Sud qui avait rendez-vous, lundi 30 avril, veille d’un jour férié, avec le plus beau des évènements : le concert de la Star Academy libanaise. L’émission de télévision de la LBC a en effet le plus grand succès auprès de nos jeunes, fans de la chanson arabe légère. Le samedi 28, à Tunis à la Coupole d’El Menzah, ils étaient plus de dix mille à venir assister au spectacle. Les présents à ce spectacle ne reviennent encore pas de l’hystérie des fans observée ce soir-là lors du concert : cris d’amour, jets de fleurs, de bijoux et de colliers etc. le nombre total de personnes présentes à la Coupole était déjà très élevé. Des reporters signalaient, déjà, dans les journaux du lundi cette hystérie et la volonté des spectateurs de s’approcher le plus près possible de la scène, dans l’espoir de monter sur la rampe. Les bousculades ont fini par avoir raison des agents de l’ordre et les fans ont pu encercler la scène de tous les côtés, selon des confrères. Il n’y a eu cependant aucun drame ni dépassement dangereux puisque ces fans ont pu être gardés à distance des artistes et ont surtout évité de se bousculer les uns les autres, se contentant de chanter et de danser. Lundi 30 avril, il en fut autrement. L’architecture du théâtre de Sidi Mansour devant abriter l’événement est comparable à celle du théâtre romain de Carthage : des tribunes entourant une placette centrale se trouvant face à la scène. Les organisateurs ont distribué deux sortes de tickets : 12 dinars pour les gradins et 20 dinars pour les places (toutes debout) devant la scène. Le spectacle commença à 21 heures comme prévu et les « Académyciens » commencèrent leurs chansons devant une foule hyper excitée. On accompagna les chansons, apprises par cœur par ces adolescents composant l’écrasante majorité du public présent. A 21h30, on constata des débuts de bousculade sur les « frontières » séparant les gradins et la placette centrale. D’après les uns, une porte a été défoncée par le public qui était à l’extérieur provocant cette cohue. Selon d’autres, le public présent voulait approcher au maximum de la scène d’autant plus qu’il estimait y avoir suffisamment de place. Selon un membre proche de l’organisation, le théâtre n’était pas entièrement plein. Les jeunes se sont donc bousculés et ont eu raison des barrières et des agents de l’ordre dépassés, visiblement, par le nombre des spectateurs hystériques, surexcités. La placette centrale, prévue pour accueillir un certain nombre de personnes par m2, s’est donc retrouvée engorgée, mais malgré cela les spectateurs des gradins continuaient à pousser. Conséquence inévitable : plusieurs spectateurs tombent à terre et sont rapidement piétinés. Sur scène, on continuait à chanter. En bas, les pompiers étaient déjà là et ne savaient plus où se donner de la tête. Les cris de frayeur se mélangeaient aux cris d’excitation et les appels au secours étaient noyés dans le bruit sortant des baffles. Ce n’est que quand on a commencé à évacuer les premiers blessés (ou morts) et à la vue de gens cherchant les issues de secours que l’on s’aperçut que quelque chose d’anormal était en train de se passer. Le spectacle s’arrêta et le décompte des victimes commença. A l’heure où nous mettions sous presse, mardi midi, on recensait sept morts et 32 blessés dont quatre dans un état grave. Parmi les sept, il y aurait une maman venue accompagner ses enfants. Il est légitime de se demander si le nombre d’agents de l’ordre et d’agents de Protection civile par tête et par m2 était respecté. Au stade actuel, on ne sait que répondre et une enquête est en cours pour en savoir davantage, mais il est bon de rappeler que ce n’est pas la première fois que ce théâtre accueille un tel spectacle, mais c’est la première fois que l’on fait face à des morts et des blessés dans un concert musical en Tunisie. On n’a jamais recensé de défaillance d’ordre organisationnel ou sécuritaire et « les normes en la matière ont toujours été scrupuleusement respectées par les organisateurs et strictement contrôlés par les autorités », nous déclare un organisateur de spectacles. Juste après, le soir même, le Président Zine El Abidine Ben Ali a chargé les ministres de l’Intérieur et de la Santé, Rafik Belhaj Kacem et Ridha Kechrid, de se rendre immédiatement à Sfax et de transmettre ses sentiments de compassion aux familles endeuillées. Le procureur de la République s’est rendu pour sa part au théâtre Sidi Mansour pour ouvrir une enquête judiciaire afin de déterminer les causes de l’accident malheureux. A l’hôpital, des témoins nous affirment que l’on tournait déjà à plein régime avant 22 heures. Tout le staff médical et paramédical était sur les lieux, venu en urgence. Il y a même eu, nous dit-on, des psychologues pour assister les personnes blessées et les familles des défunts. Après le drame de Béja dans un stade de foot, il y a quelques années, c’est la deuxième fois qu’un mouvement de foule se solde par des morts en Tunisie. On s’en serait bien passé et beaucoup d’encre coulera certainement dans les prochains jours sur cet événement. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1104 du 3 mai 2007)
Les porteurs d’eau du totalitarisme
Chaque époque a connu ses cohortes de personnalités, célébrités, intellectuels (souvent auto-proclamés comme tels), dont les sympathies actives pour des régimes ou des systèmes politiques leur a valu les surnoms de “compagnons de route”, “intellectuels organiques” dans nos médias, cependant que les despotes (éclairés ou pas) ainsi soutenus les surnommaient entre eux: “imbéciles utiles (1)”.
Ces personnalités sont d’ailleurs non seulement médiatiques, mais aussi championnes de la
cybernétique: tels la girouette, elles sont capables de sentir l’air du temps, et de suivre les vents dominants (normal: ils n’aiment rien tant que la chaleur de l’aile protectrice des tyrans protecteurs — en tous cas protecteurs pour leurs thuriféraires).
(…) Et voilà que Monsieur S. nous revient de Tunisie. Dans une rubrique qu’il tient dans la revue Trends, et intitulée “
Retour de Tunis”, M. S. repasse les plats, et plaide pour une plus grande clémence de l’Union européenne à l’égard du régime tunisien. Certes, ce dernier ferait bien de lâcher un peu de lest, car enfin, la Tunisie présente aux yeux de notre professeur honoraire à l’ULB les qualités qui constituent à ses yeux les conditions nécessaires à un régime démocratique: “(…) un pays de de dimension restreinte, à la population ethniquement homogène, relativement peu nombreuse et éduquée (…)”.
Mais de préciser tout de suite, que “Tunis n’est pas Téhéran”, et que si on ne peut pas trouver certains hebdomadaires parisiens dans les librairies de l’avenue Bourguiba, quand ils “brocardent” le président, les hommes d’affaires et universitaires peuvent voyager librement. D’ailleurs, sommes-nous tenté de rajouter, le parti du Président Ben Ali, réélu au dernières élections avec un score nord-coréen de plus de 99%, fait toujours partie de l’Internationale Socialiste. On sent cette solidarité des puissants, surtout exprimée par ceux qui ne le sont plus, ce mépris pour ces journalistes qui viennent mettre leur nez dans vos affaires (au risque de vous faire chuter), cette nostalgie du tapis rouge que l’on déroule désormais sous d’autres augustes pieds que les vôtres.
M. S., que Royer caricaturait jadis dans le Soir sous les traits de Louis XIV, c’est en réalité Catherine II de Russie, promené par les Potemkine des temps modernes. Il n’a pas pu (ou voulu) voir la torture, pratiquée de façon régulière, l’internet mis sous contrôle, les journaux interdits (y compris le Soir, régulièrement, mais la presse libre n’existe pas en Tunisie), les militants des droits humains et avocats passés à tabac et harcelés de façon permanente, souvent empêchés de voyager à l’étranger. Il n’a pas pu entendre ces deux étudiants de gauche, féroces opposants aux islamistes, que j’avais rencontrés il y a quelques années. Torturée jusqu’à nécessiter une réanimation, la jeune fille avait alors été violée par ses bourreaux devant son ami…
Ayant manifestement réservé son temps précieux à des “hauts responsables du régime”, il n’a pas pu rencontrer la société civile indépendante, qu’il affirme d’ailleurs inexistante. Brimée, bâillonnée, certes, elle existe pourtant (2). Mais elle n’a pas l’attrait de ces autorités que M. S. n’hésite pas à comparer en fin d’article aux”empereurs romains éclairés, dont Septime Sévère”. M. Ben Ali doit rugir de plaisir. Et c’est sans doute le but visé. Mais attention: un autre personnage illustre, contemporain de Louis XIV, Jean de la Fontaine, le disait bien: “tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute”…
Les poussières de la renommée retombent rarement sur les épaules des thuriféraires.
Philippe Hensmans
(1) expression utilisée par Lénine, au sujet de Romain Rolland (2) une réunion interne de la section tunisienne d’Amnesty International, qui pourtant ne travaille pas sur son propre pays, vient d’être interdite. Le Blog du directeur – Amnesty Belgique – mai 2, 2007
(Source: le blog “Tunisiawatch”, le 7 mai 2007) Lien : http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2007/05/07/les-porteurs-d-eau-du-totalitarisme.html
Fléau: La face cachée d’une toxicomanie à deux vitesses…
Une consommation dite « festive » et une autre dite « problématique »
*Une pathologie qui touche surtout les hommes *La thérapie ne peut être individuelle : elle exige un travail d’équipe et un contexte collectif.
La toxicomanie constitue un problème de santé publique et touche surtout les jeunes de sexe masculin.
Tous les experts s’accordent, aujourd’hui, à penser que la toxicomanie naît de trois éléments : un produit, une personnalité et un moment socioculturel L’abus de substances a un retentissement somatique, familial, social et judiciaire ce qui nécessite une prise en charge thérapeutique multidisciplinaire. La toxicomanie désigne l’usage répété et compulsif d’une ou de plusieurs substances psychoactives.
La toxicomanie du grec toxikon (poison et mania = folie) se traduit comme le précise l’encyclopédie Wikipédia « un usage répété et excessif d’une ou plusieurs substances toxiques (analgésiques et ou/ psychotropes) sans justification thérapeutique. Cet usage s’accompagne d’un désir incontrôlable de continuer à consommer le produit, accompagné d’accoutumance et de dépendance » Selon l’OMS, la définition stricte de la toxicomanie correspond à quatre éléments : Une envie irrépressible de consommer le produit, une tendance à augmenter les doses, une dépendance psychologique et parfois physique et des conséquences néfastes sur la vie quotidienne (émotives, sociales, économiques). Une étude a été effectuée par le Dr. Mabrouk Ghaouer de l’hôpital Razi sur les nouveaux aspects de la toxicomanie en Tunisie et a essayé de rechercher les nouveaux aspects de la toxicomanie tout en étudiant les facteurs associés à la conduite toxicomaniaque. « Il s’agit d’une étude rétrospective qui a intéressé les patients hospitalisés au moins une fois durant la période du 1er janvier 2006 au 31 mars 2007. nous précise Dr Ghaouer. « L’échantillon était composé de 652 patients ( 430 hommes et 222 femmes) et a inclus tous ceux qui ont présenté des conduites d’abus ou de dépendance à une substance toxique. Parmi cette population, on s’est intéressé aux patients qui ont consommé des solvants volatiles, du buprénorphine (subutex) et ou d’amphétamine, à la toxicomanie féminine et familiale quelque soit le produit utilisé. Sur les 652 patients, 112 cas avaient des conduites toxicomaniaques. Les nouveaux aspects de la toxicomanie ont intéressé 30 patients : 13 femmes, 13 consommateurs de colle, 3 consommateurs du buprénorphine et un consommateur d’amphétamine. Pour les solvants volatiles, l’étude a montré que les 13 patients qui consomment de la colle étaient de sexe masculin. L’âge moyen était de 27,3. Le buprénorphine (subutex), un produit de substitution de l’héroïne est consommé par trois patients alors qu’un sel patient était dépendant à l’amphétamine. Il a commencé à utiliser ce produit lorsqu’il était footballeur. La toxicomanie féminine était retrouvée chez 13 cas soit 2% du total des patients et 5,8% du total des femmes. L’âge moyen était 36,8 ans. L’âge moyen de début était de 17,6 ans. Un abus de cannabis a été détecté chez une famille monoparentale (une mère et son fils) qui était hospitalisée pour des syndromes schizophréniques. » Ainsi on constate deux modes de consommations : une consommation dite festive ou récréative ou parfois de performance qui concernerait une population jeune et une consommation dite problématique désignée par le terme toxicomanie qui concernerait une population en difficulté. Ces produits consommés sont souvent les psychodysleptiques (produits qui modifient l’activité mentale comme les hallucinogènes, les enivrants, l’alcool, l’éther, le cannabis, la morphine,etc…) les psychose stimulants ( cocaïne, amphétamine, café, thé, tabac)
Les facteurs prédisposant à la toxicomanie
La toxicomanie touche surtout les hommes. Mais il existe des facteurs sociaux et psychiatriques prédisposant à la toxicomanie. Dr Ghaouer note dans son enquête trois facteurs : « Des facteurs sociaux liés au chômage (23 cas) au séjour à l’étranger (7 cas ) à la délinquance (10 cas ) aux incarcérations (18 cas ), des facteurs familiaux : 21% des patients sont issues de familles désunies (Conflits familiaux, divorce décès d’un ou deux parents, solitude) et des facteurs cliniques : Tentative de suicide (66% des cas) des maladies opportunistes (2 cas d’hépatite et un cas de HIV) et des troubles psychiatriques (4 cas avaient un trouble de la personnalité, 3 cas des patients toxicomanes à la colle ont développé une démence, 8 cas avaient une schizophrénie, 8 cas avaient un trouble bipolaire et 5 cas avaient un trouble shizoaffectif.» Cette étude a montré une prédominance de la consommation chez les hommes soit 23% contre 5,8% de femmes. Elle est comparable à l’étude marocaine qui a retrouvé 36% chez les hommes et 6,6% chez les femmes. Par contre une étude française a montré une différence minime entre les deux sexes soit 24% versus 25%. L’apparition de complications graves, l’âge de début assez précoce et l’apparition de formes féminines et familiale constituent les nouveaux aspects de la toxicomanie en Tunisie » conclut Dr Ghaouer K.B. (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 7 mai 2007)
Le Professeur Jouda Ben Abid, chef de service du centre d’éducation, de prévention et de traitement des toxicomanies « L’Espoir » à Djebel Oust
« Une prise en charge pluridisciplinaire »
Le Temps : Tout d’abord, comment définir la toxicomanie et quels en sont les facteurs favorisants?
Professeur Jouda Ben Abid : Pendant longtemps, on croyait que ce qui définit la toxicomanie c’est la dépendance physiques, dont le syndrome de manque est le témoin. Désormais, on s’est rendu compte que le problème le plus difficile et le plus caractéristique c’est plus la dépendance psychique que physique. Cette dépendance se traduit au niveau du comportement par l’impossibilité de se soustraire au besoin de consommer le ou les produits, et ce malgré les conséquences négatives qu’elles soient physiques, psychiques ou socio familiales auxquelles expose cette consommation.
On pensait également que la gravité de la toxicomanie et sa survenue n’était liée qu’à la nature psycho-active et à la dangerosité du produit. Aussi pensait on qu’il suffisait d’éliminer ou de réglementer l’usage de ces produits ou de l’interdire pour débarrasser tant les individus que la société de ce fléau.
Aujourd’hui on sait que ces mesures n’agissent que sur la partie apparente de l’Iceberg
En effet le développement de la toxicomanie est la conséquence de la rencontre de trois facteurs: une personne- avec sa personnalité, ses vulnérabilités, ses pathologies et son hérédité, le produit – et l’environnement.
Parmi les facteurs de vulnérabilité psychique, les troubles de l’affirmation de soi sont les plus fréquents. Ces troubles témoignent de difficultés du développement affectifs qui prennent leur racine dès l’enfance, et se manifestant particulièrement au moment de l’adolescence. Dans d’autres cas il existe une pathologie psychiatrique – troubles anxieux ou dépressifs, psychoses- à l’origine de la consommation de drogues, qui a alors valeur d’automédication.
L’expérience est déterminante dans l’entrée dans la toxicomanie : ainsi le souvenir des premières expériences de rencontre avec la drogue jouent un rôle important dans le circuit de la dépendance. Pour certains jeunes la curiosité, la recherche d’expériences et de sensations nouvelles peuvent être le facteur déclenchant l’entrée dans l’usage puis la dépendance aux drogues.
La consommation et le choix des drogues dépend également du milieu et de la culture environnante .ex : pour l’alcool et le tabac qui sont les produits les plus graves pour la santé, leur usage est banal pour certains, interdit ou tabou pour d’autres…..Ces produits ont par ailleurs des vertus thérapeutiques reconnues…actuellement les recherches montrent l’efficacité du cannabis dans le traitement de pathologies neurologiques graves telles que la maladie d’Altzeimer … Donc l’approche de la toxicomanie est complexe; les recherches scientifiques récentes ont permis de montrer les bases neurobiologies qui accompagnent cette pathologie et qui l’inscrivent dans le circuit cérébral du plaisir. ; et sa pathologie témoignent d’une perte de contrôle des comportements liés à la recherche du plaisir ou de la satisfaction …
. Quels sont les dangers qu’encourent les toxicomanes ?
– La toxicomanie a de nombreuses répercussions réversibles ou non. L’usage de drogues même s’il ne donne pas toujours une dépendance n’est pas sans conséquences. Le danger de perte de contrôle du comportement est toujours présent. Cela peut entraîner des problèmes de santé tant sur le plan physique que psychique , ainsi que des accidents- intoxications aiguës ou overdoses ; nous insisteront particulièrement sur certains risques qu’il est important de songer à prévenir tels que les accidents de la voie publique sous l’effet des drogues . par ailleurs En dehors des complications aiguës, et des complications psychiatriques, le danger majeur c’est le risque de contamination par les virus du SIDA et/ou de l’Hépatite, deux fléaux qui menacent qu’il faut prévenir en priorité. En effet le risque de transmission est double: celle ci peut se produire soit par voie sanguine (à l’occasion du partage des seringues) soit par voie sexuelle (quand on est consomme de la drogue on ne pense pas forcément à se protéger … Compte tenu des répercussions de ces risques, la toxicomanie représente un problème de santé publique pour lequel le développement d’une stratégie nationale favorable à la prévention est une priorité. Dans cette stratégie, l’accès à une information de qualité disponible pour tous et le développement des moyens nécessaires aux soins est essentiel. Ils ont pour objectif de permettre à tous ceux qui se sont trouvés pris par le piège de la drogue ou qui risquent de l’être, de trouver de l’aide et de pouvoir accéder à des programmes de soins et de préventions adaptés le plus tôt possible…pour prévenir les conséquences aussi bien pour l’individu lui même que pour la société. . Comment soigner ces toxicomanes ? – Nous savons que les facteurs et les conséquences de l’usage de drogues sont multiples. Si on veut traiter la toxicomanie, il faudrait prendre en considération tous les facteurs favorisants. Beaucoup de gens estiment qu’on ne peut pas traiter un toxicomane. C’est faux. Une approche pluridisciplinaire est nécessaire. La thérapie exige un travail d’équipe. Les cures de désintoxication ne sont ni la partie la plus difficile ni la plus importante du traitement. Le plus important c’est ce qui se passe avant et le suivi après le sevrage. Il y a tout d’abord la préparation psychologique et sociale du sevrage. Les modalités du sevrage (avec ou sans hospitalisation par exemple..) dépendent de la gravité de la dépendance, du produit consommé, de la fréquence d’utilisation, des motifs, de l’environnement… Ce sevrage médical est court. Il dure quelques jours et ne dépasse pas un mois. Il a pour but d’aider le patient en traitant les manifestations somatiques liées au manque. Dans le même temps, il permet de rechercher et traiter les complications liées au produit utilisé ainsi que les symptômes psychiques révélés par le sevrage. Ainsi un bilan complet – somatique et psychique- est nécessaire, afin de traiter toutes les infections, les vulnérabilités psychiques et les pathologies somatiques ou psychiatriques et préparer une prise en charge adaptée. Bref, il faut agir sur tous les facteurs et mettre une stratégie efficace en fonction de chaque patient et de chaque situation.
Propos recueillis par K. B. (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 7 mai 2007)
Prochaines élections du Bâtonnier et du Conseil de l’Ordre des Avocats
M. Bady Jrad : « Je refuse que l’avocat et notamment le Bâtonnier soient manipulés par les partis politiques »
La campagne électorale pour le Bâtonnier, les membres du Conseil de l’Ordre, les présidents des sections du conseil et les membres des sections bat son plein et à un mois et demi environ de ces élections, l’effervescence est à son apogée. Déjà onze candidatures pour l’élection du Bâtonnier ont été annoncées en attendant d’autres. A cette occasion nous entamons une série d’interviews des candidats aux différentes structures de la profession. Nous commençons par Me Bady Jrad qui est pratiquement le premier à avoir publiquement annoncé sa candidature pour l’élection du Bâtonnier. Me Jrad est âgé de 54 ans. Originaire de Gabès, il a fait ses études de droit à la faculté de droit de Tunis et à la faculté de droit de Ben Aknoun d’Alger. En 2004, il s’est présenté à cette élection, mais a obtenu peu de voix. Interview. Le Temps : Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous représenter à l’élection du Bâtonnier, une deuxième fois, alors que la première fois en 2004 vous n’avez obtenu que 39 voix ? Me Bady Jrad : Parce que j’étais choqué du résultat que j’avais obtenu en 2004. On n’a pas voté pour moi parce que personne, à l’occasion de cette élection n’a cru que j’étais indépendant. On m’a accusé d’être proche de la cellule du RCD, alors que ce n’est pas vrai. Je suis indépendant de tous les partis politiques. Je refuse que l’avocat et notamment le Bâtonnier soit manipulé par des partis politiques. C’est pourquoi j’ai inauguré ma campagne électorale par l’institution du forum de l’avocat. • C’est quoi ce forum ? C’est un espace de débats et de réflexion sur plusieurs thèmes, dont notamment l’avocat et la politique, la couverture sociale, l’avocat stagiaire, le courtage etc… Le forum se tient tous les mercredis jusqu’à l’élection. Pour ce mercredi, j’ai invité tous les candidats à venir débattre et présenter leurs programmes. J’ai institué ce forum pour contrecarrer les manœuvres des machines électorales qui cherchent uniquement à dénigrer et à dresser les avocats les uns contre les autres. Alors que l’avocat ne cherche qu’à défendre la liberté et les droits de l’Homme. • Quels sont vos motivations en tant que candidat ? J’ai une vision globale du barreau après une carrière de près de 20 ans. Je suis un vrai professionnel et je suis pour la réconciliation de la famille des avocats et je me considère un bon rassembleur et un vrai médiateur. • Vous parlez de la situation actuelle de la profession ? On vit une véritable crise de confiance notamment entre les structures élues et la base. Il y a un disfonctionnement et une mauvaise gestion de la crise que traverse la profession. • Qui en est responsable ? C’est une responsabilité partagée entre le Bâtonnier, le Conseil de l’Ordre et les représentants des pouvoirs publics. La voix de l’avocat de la base n’est pas entendue pour diverses raisons. • Lesquelles ? Entre autres le dialogue de sourds qui s’est instauré entre le Bâtonnier et le ministère de la Justice et qui a lésé les intérêts de la profession. • Quelles sont vos propositions pour remédier à la situation de la profession ? je propose un amendement de toutes les lois qui excluent la présence de l’avocat, notamment l’amendement de la loi 46 et celle de 2003. Il faut la consécration du principe de la présence de l’avocat dans toutes les affaires. Si on instaure la généralisation de la présence de l’avocat, sa situation matérielle va s’améliorer et le problème, par exemple, de la couverture sociale ne se posera plus et on pourra revenir à l’ancienne formule de convention avec une société d’assurance – maladie. • Etes-vous pour un seul mandat du Bâtonnier ? Absolument car je suis pour l’alternance pour un sang nouveau et pour une nouvelle génération de dirigeants de toutes les structures. Moi, je suis de la génération, qui est à cheval entre l’ancienne et la nouvelle. • Pensez-vous que la candidature de l’ancien Bâtonnier M. Mansour Cheffi va brouiller les cartes ? J’ai conseillé à M. Cheffi de ne pas se présenter, vu que les conditions actuelles ne sont pas les mêmes que lors des précédents mandats. Interview réalisée par Néjib SASSI (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 7 mai 2007)