7 février 2009

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TUNISNEWS

8 ème année,N° 3182 du 07.02.2009

 archives : www.tunisnews.net  


Amnesty International: Tunisie : confirmation en appel de la condamnation de syndicalistes FTCR: Communiqué de l’assemblee generale ATF: Communiqué Luiza Toscane: « Rien, sauf la souffrance »   – A bâtons rompus avec deux Rdaïfis Attariq Aljadid: UGTT-Universitaires – La gifle ! Le Temps: Verdict, hier, dans « l’affaire Touati » – La cour annule la décision de l’UGTT Le Temps: UGET – Le 25ème congrès les 10, 11 et 12 avril 2009 Noam Chomsky: Obama parle d’Israel et de Palestine

 


Liste actualisée des signataires de l’initiative du Droit de Retour : http://www.manfiyoun.net/fr/listfr.html Celles et Ceux qui veulent signer cet appel sont invités à envoyer leur: Nom, Pays de résidence et Année de sortie de la Tunisie sur le mél de l’initiative : manfiyoun@gmail.com

Amnesty International

Tunisie : confirmation en appel de la condamnation de syndicalistes

5 février 2009 Mercredi, une cour d’appel tunisienne a confirmé la condamnation et les peines prononcées contre des ouvriers et des syndicalistes en décembre 2008 dans l’affaire des manifestations de Gafsa. Ces derniers s’étaient pourvus en appel. Les dirigeants syndicaux Adnan Hajji et Bechir Laabidi ainsi que 36 autres personnes étaient accusés d’avoir pris la tête d’un mouvement de protestation qui a eu lieu début 2008 dans le sud-est de la Tunisie, précisément dans la région de Gafsa, riche en phosphate. Ils faisaient partie des centaines de personnes qui avaient été arrêtées. « Nous exhortons le président tunisien à intervenir afin que soient libérées les personnes qui ont été condamnées simplement pour avoir exercé, pourtant sans violence, leur droit à la liberté d’expression », a déclaré Malcolm Smart, directeur du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. La plupart des peines ont été réduites en appel, notamment celles infligées à Adnan Hajji et à Bechir Laabidi, qui sont passées de dix à huit ans d’emprisonnement. Cinq autres personnes qui avaient été remises en liberté à l’issue du procès en première instance ont été condamnées par la cour d’appel à la suite d’un recours formé par l’accusation. Parmi les charges retenues contre les 38 accusés figuraient notamment la constitution d’un groupe criminel dans l’intention de détruire des biens publics et privés, la rébellion armée et des coups et blessures contre des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions. L’état de santé de Bechir Laabidi s’est gravement détérioré pendant sa détention. À la suite des nombreuses demandes présentées par ses avocats et ses proches, il a été transféré dans un hôpital à Tunis. Il a été présent pendant toute l’audience, qui a duré toute la journée de mardi, avec seulement deux courtes interruptions, et s’est prolongée jusqu’au petit matin du jour suivant. Amnesty International s’est dite préoccupée par le fait que l’audience devant la cour d’appel de Gafsa mercredi avait été marquée par de graves violations des normes d’équité des procès. Les avocats de la défense ont pu exposer le cas de leurs clients mais ils n’ont pas été autorisés à citer des témoins pour les soumettre à un contre-interrogatoire. La cour a rejeté les requêtes des avocats visant à obtenir un examen médical pour leurs clients afin de détecter la présence éventuelle de traces de torture, et elle n’a pas tenu compte des allégations de torture. « Cette fois encore, la cour d’appel n’a pas apporté réparation aux personnes qui ont critiqué le gouvernement et dont le procès en première instance a été marqué par de graves irrégularités et foncièrement inéquitable, a ajouté Malcolm Smart. Il est temps que les tribunaux tunisiens veillent au respect des garanties fondamentales accordées à tous les accusés aux termes de la législation tunisienne et des obligations internationales de la Tunisies en matière de droits humains. » La région de Gafsa a été le théâtre d’une vague de manifestations populaires au cours du premier semestre 2008. Ces manifestations ont commencé dans la ville de Redeyef après l’annonce, par le premier employeur de la région, la Compagnie des phosphates de Gafsa, des résultats d’une campagne de recrutement. Des accusations de fraude ont été lancées par les personnes dont la candidature n’avait pas été retenue, ainsi que par d’autres, dont l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Les manifestations, qui ont évolué vers des revendications plus générales portant sur le taux de chômage élevé et l’augmentation du coût de la vie, se sont étendues à d’autres villes, entraînant le déploiement par les autorités d’importants effectifs de police et d’autres forces de sécurité dans la région. Amnesty International considère les personnes qui ont été condamnées comme des prisonniers d’opinion. Elle a en conséquence demandé leur libération immédiate et inconditionnelle. Elle a également demandé pour d’autres personnes un nouveau procès qui soit cette fois équitable, conformément aux garanties relatives à l’équité des procès inscrites dans la législation tunisienne, et aux obligations internationales de la Tunisie.

Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives – FTCR 3, rue de Nantes 75019 Paris Tel: 0 1 46 07 54 04 – Fax: 01 40 34 18 15 ftcr2@wanadoo.fr – www.ftcr.eu

COMMUNIQUE DE L’ASSEMBLEE GENERALE DE LA  F.T.C.R.

Réunis en Assemblée générale ordinaire, aujourd’hui 07 février 2009, au Siège de la Fédération à Paris, les délégués des associations membres de la FTCR, tiennent à exprimer leur solidarité inconditionnelle et indéfectible avec les « 33 accusés de Redeyef/Gafsa », condamnés en Appel à des peines lourdes et infamantes allant de 2 à 8 ans d’emprisonnement.

L’AG de la FTCR s’insurge particulièrement contre la confirmation de la condamnation par contumace à 2 ans de prison ferme, contre notre camarade Mohieddine CHERBIB (Président de notre Fédération), et y voit un précédent d’une gravité exceptionnelle dans la mesure où cette condamnation infondée autant qu’injuste institue pour la première fois la criminalisation de la solidarité des tunisiens vivant à l’étranger avec les luttes du peuple tunisien pour la liberté et la démocratie.

L’AG de la FTCR, considère que cette fuite en avant sécuritaire et répressive ne peut qu’aggraver la situation dramatique dans le Bassin Minier de Gafsa qui a droit à sa part de la richesse du pays créée entre autres par les mineurs démunis de la région.

L’AG des associations membres de la FTCR fait siennes les revendications légitimes des populations du Bassin Minier concernant le droit au travail et à une vie digne ; elle réitère une fois de plus son attachement audroit syndical tel que garanti par la Constitution tunisienne et les engagements internationaux de l’Etat tunisien ….

L’AG de la FTCR exige la création dans les plus brefs délais d’une Commission d’enquête indépendante dont la mission serait de faire toute la lumière et la vérité sur les trois décès  des jeunes (Hichem Ben Jeddou, Hafnaoui  Maghzaoui et Abdelkhalak Alaymi) qu’a engendrée la répression sanguinaire du Mouvement pacifique du Bassin Minier ; elle exige la traduction des coupables devant la justice pour qu’ils soient jugés…

La FTCR exige, enfin, la libération de tous les prisonniers du Bassin Minier, et à leur tête Adnane HAJJI et Béchir ABIDI qui ont écopé de 8 ans d’emprisonnement en appel, ainsi que l’ouverture d’une enquête sur les faits graves de torture constatés, entre autres, par le Juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi, et la traduction des tortionnaires responsables des actes de barbarie révélés par les accusés devant la cour d’appel de Gafsa en date du 03 février 2009, et l’indemnisation juste, équitable et intégrale des victimes….

L’AG de la FTCR rend un hommage soutenu aux avocats tunisiens qui ont fait montre d’une mobilisation et une abnégation exceptionnelle dans la défense des accusés et de leurs familles ; elle salue également la grande solidarité des syndicats français, Maghrébins et européens, ainsi que les partis politiques qui se sont mobilisés pour soutenir le Mouvement du Bassin Minier et ses leaders.

ASSEMBLEE GENERALE DE LA  F.T.C.R. — Paris le 07 janvier 2009


Association  des Tunisiens en France
 
COMMUNIQUE
Le procès en appel des 33 dirigeants et animateurs du mouvement social du bassin minier de Redéyef/Gafsa du 3 et 4 février 2009, en prononçant de lourdes peines, n’a fait que confirmer la volonté de réprimer le mouvement social. Ce procès,  sous haute surveillance policière et en présence des familles et d’observateurs nationaux et internationaux (avocats, observateurs – syndicalistes et acteurs de la société civile – venus de Tunisie, du Maghreb et de France), a permis aux accusés de mettre en valeur le caractère pacifique de leur action et la volonté permanente  de rechercher le dialogue avec les autorités tout au long du mouvement et de dénoncer les tortures physiques et psychologiques  qui leur ont été infligées dans les postes de police afin de leur extorquer  de faux aveux. De leur coté les avocats ont insisté sur les nombreuses irrégularités de procédure et sur les tortures exercées pour obtenir des signatures de procès verbaux orientés. L’ATF réaffirme son soutien aux populations du bassin minier et aux condamnés et exprime sa solidarité avec leurs familles. L’ATF considère que ces condamnations ne sont pas de nature à apaiser le climat social dans cette région lourdement touchée par le chômage, et que c’est une fuite en avant dans une voie répressive et qui ne peut constituer nullement une réponse appropriée aux problèmes du bassin minier et aux légitimes revendications de sa population de travailler et de vivre dignement en Tunisie. La répression qui s’abat sur les populations du bassin minier et ces lourdes condamnations, démontrent la profondeur de la crise sociale et économique, l’incapacité du pouvoir tunisien à mettre en causes ses choix économiques et sociaux à l’origine de cette crise, sa volonté de criminaliser toute revendication sociale et son refus de dialogue avec la société tunisienne. L’ATF, considère que la répression fut-elle judiciaire ne peut résoudre les difficultés économiques et sociales que se soit dans le bassin minier de Gafsa ou dans toutes les régions du pays. Pour l’ATF, seule la libération de tous les animateurs et militants du mouvement social du bassin minier injustement condamnés, leur rétablissement dans leurs droits et leurs emplois, permettra de créer les conditions nécessaires à un  dialogue serein dans un  climat social apaisé et d’éviter de multiplier les drames sociaux à des dizaines de familles. L’ATF appelle le gouvernement tunisien à engager avec les populations du bassin minier et leurs représentants les  solutions adéquates aux problèmes de développement de la région afin de résoudre  la crise sociale et économique subie essentiellement par les familles et la jeunesse.
Le Bureau National de l’ATF  Paris le 6 février 2009           

Attentat de Djerba: le verdict critiqué

AFP 07/02/2009 | . Un avocat tunisien, spécialiste des affaires de terrorisme, a jugé « inacceptable et injuste » la condamnation jeudi à 18 ans de prison en France de l’Allemand converti à l’islam, Christian Ganczarski, pour complicité dans l’attentat contre la synagogue de Djerba, en Tunisie, en 2002. « La décision est injuste et inacceptable, aucune preuve matérielle ne permettait de conclure à la responsabilité de Chritian Ganczarski dans l’attentat de Djerba », a estimé Me Samir Ben Amor, avocat principal au procès tenu en Tunisie contre Belgacem Nawar, oncle et complice du Kamikaze, lors d’un entretien avec l’AFP. « Christian Ganczarski a servi de bouc émissaire pour un jugement à relents politiques pour la bonne conscience de la France », a estimé l’avocat. Le kamikaze, Nizar Nawar, s’était fait exploser au volant d’un camion piégé le 11 avril 2002, entraînant la mort de 21 personnes dont 14 touristes allemands, 5 Tunisiens et 2 Français. La présence de Français a conduit à une procédure en France. Christian Ganczarski a été condamné jeudi par la cour d’assises spéciale de Paris, qui a aussi condamné à 12 ans de prison pour complicité, Walid Nawar, frère du kamikaze.

    

Voici le  nouveau numéro d’ELKHADRA. Il est accessible à partir  du monde entier à travers FACEBOOK.Donnez votre avis et réagissez pour  abattre la censure.Bonne lecture

 
 
 
 
النظام السياسي العربي يتجنّد ضدّ اللجنة العربية لحقوق الإنسانMONCEF MARZOUKI µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
Hollywood et les Arabes µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
Hommage à un Roi… Hommage aux Hommes debouts… µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
ALGERIE où vas-tu ?? µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
 
لجـنة مساندة الأستاذ عبد الوهاب معطـر µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
LA REALITE EN FACE !
 Par DERBALI
µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
DANS LA TÊTE DU PARTI DE L’ORDRE : “THE AUTHORITARIANS” PAR “Dr. BOB” ALTEMEYER µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
Notre Christ est né de nouveau µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
Gaza : Sommes-nous les « indiens » à exterminer du 21ième siècle Par MIZAANOUN µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
أردوغان… وأخي جاوز الظالمون المدى! µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
LE TALMUD A LA HAUTEUR DE MEIN KAMPFT µµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµµ
Le judaïsme, le sionisme, les intellectuels
*********************** Gafsa : Condamnations iniques en Tunisie
 
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النظام السياسي العربي يتجنّد ضدّ اللجنة العربية لحقوق الإنسانMONCEF MARZOUKI النظام السياسي العربي يتجنّد ضدّ اللجنة العربية لحقوق الإنسان
 

 

« Rien, sauf la souffrance »  A bâtons rompus avec deux Rdaïfis

Un an après le début du soulèvement de la région de Gafsa en Tunisie, s’est tenu le procès en appel de 38 syndicalistes et militants, considérés comme les meneurs du mouvement. La justice a confirmé le 4 février la culpabilité des accusés, en réduisant toutefois certaines peines prononcées le 11 décembre en première instance. Ce procès fait suite à des dizaines d’autres où des centaines de jeunes ont été déférés, la majorité en état d’arrestation, et certains en fuite. La région de Rédeyef, foyer d’émigration depuis quatre décennies, a vu une nouvelle hémorragie de sa jeunesse à l’occasion de cette vague de répression. La région nantaise leur a « ouvert » ses portes. Rencontre avec deux Rdaïfis en exil forcé. * H. Abdallah Halimi, vous êtes originaire de Redeyef ?  H. Abdallah Oui. J’ai deux frères en prison actuellement à cause des événements à Redeyef depuis un an et un mois ; ils sont dans des conditions défavorables et difficiles.  * Et vous, Mohammed ? Mohammed : Je suis de Redeyef aussi. J’ai des cousins en prison. Quand j’étais étudiant, j’avais déjà des problèmes avec le pouvoir tunisien. J’ai été mis en prison. *   H. Abdallah, vos deux frères en prison, qui sont-ils ? H. Abdallah : Mon grand frère, c’est Tarek Halimi, un enseignant, un instituteur de Redeyef ; il est marié, il a trois enfants, deux filles et un petit bébé. Il a commencé à enseigner en 1981. Il fait partie du syndicat des enseignants de l’UGTT. Cela fait plusieurs mois qu’il a été arrêté. Ce n’est pas pour des raisons politiques. C’est à cause des manifestations, du mouvement social de Redeyef, qui a demandé l’emploi, la liberté de travailler dignement. Ils ont été attaqués par les forces de l’ordre, la police. Ils ont tous eu des problèmes physiques et psychiques, mes deux frères aussi. Cela fait plusieurs mois qu’il a été arrêté. Il a été à la police de lui-même car ils avaient arrêté sa femme. Mon frère Haroun, âgé de 28 ans environ, avait passé trois mois dans la montagne. * Dans quelles circonstances ?  H. Abdallah : Je dois faire un petit retour en arrière : les manifestations ont commencé à Redeyef. A la fin de février-mars, il y a eu la répression, c’était très grave. Les forces de l’ordre ont provoqué les manifestants, les chômeurs qui demandent de l’emploi. C’est alors qu’ils sont passés à l’arrestation des meneurs. Puis, sous la pression, ils ont relâché des personnes. Les leaders. Puis la quatrième étape, c’était quinze jours de négociations entre les représentants du pouvoir tunisien et les syndicalistes. Toute la ville était bloquée par les forces de l’ordre : 20 000 policiers et les militaires, plus les chars. * C’est dans ce contexte de répression que votre frère … H. Abdallah :  A cette étape là, -je n’ai jamais vu cela, une répression pareille depuis l’époque de la colonisation- les gens, ils savent comment le pouvoir réagit. Ils le savent par les événements du pain, où les incidents du match de foot de Gafsa. Les forces de l’ordre ont tiré des bombes lacrymogènes sur les manifestants. Puis cela a été le tour des balles réelles,-c’est la guerre ? C’est l’impasse du pouvoir qui dégage d’une façon dictatoriale et barbare. Les forces de l’ordre sont rentrées dans les maisons et saccagé tous les petits commerces. Il faisait très chaud. C’était l’été. Les forces de l’ordre étaient hystériques. Ils ont tué deux jeunes, le premier qui avait fait la grève de la faim, qui a manifesté dans un transformateur. Le deuxième, c’est Ben Jeddou, un jeune. Dans cette période presque 500 personnes ont été arrêtées en quatre jours.   * Pour en revenir à votre frère … H. Abdallah : Les gens sont obligés de s’enfuir, pour eux, c’était la montagne. Mon frère Haroun n’est plus à l’abri chez nous, où les forces de l’ordre sont venus avec des effectifs incroyables. C’est l’horreur, pour ma mère qui a plus de soixante ans, ou la femme de mon frère. Il est resté plus de trois mois dans la montagne. Cela a marché grâce à la solidarité entre les citoyens et ceux qui étaient dans la montagne.   * Comment cela s’est-il terminé ? H. Abdallah : Je me demande comment il a survécu. Ils sont obligés de descendre en ville en nuit en cachette pour avoir de quoi manger, car il n’y a rien dans les montagnes. La montagne n’est pas le bon abri. Ils se sont enfuis vers le désert où ils ont passé un mois et demi. Car il y avait des gens qui les avaient balancés, qui disaient qu’ils étaient dans les anciens tunnels de phosphate. Comme il n’en pouvait plus, Tarek a décidé de se présenter au poste de police.  * Et à la police, comment cela s’est passé ? H. Abdallah : Le pouvoir tunisien ne connaît que la torture et les matraques, et des choses que personne ne peut raconter en public, tellement c’est la honte. Et puis, ils l’ont envoyé vers le gouvernorat de Gafsa, au commissariat. Les enquêteurs font ce qu’ils veulent, comme des prédateurs. C’est pour tout le monde, pas seulement pour Haroun.   * Et votre frère Tarek ? H. Abdallah : Lui aussi a été dans le désert. Il s’est livré au commissariat. * Et depuis qu’il est en prison ? H. Abdallah : Ils subissent des insultes, des agressions. Même les visites, ma famille ne peut leur rendre visite directement. C’est derrière les vitres. Mon grand frère, eh bien, son petit bébé ne le reconnaît pas derrière les vitres : il pleure. C’est dramatique, pour sa femme aussi. Pour les prisonniers politiques en Tunisie, pour les prisonniers d’opinion, c’est pire que pour les droits communs. Il ne reçoit pas de lettres, il ne peut pas en écrire. C’est valable pour mes deux frères. On ne pouvait pas s’exprimer dehors, comment voulez-vous qu’on s’exprime en prison ? Les condamnations le 11 décembre :  on les ont accusés de choses graves : « organisation armée », « renversement du régime ». C’est honteux, c’est n’importe quoi, presque comique, on a affaire à un mouvement social qui manifeste, il s’agit juste de s’exprimer. On nous dit que c’est l’ « Etat des droits de l’homme » or il s’est agi d’une réaction dictatoriale. Mon grand frère Tarek a pris 10 ans et mon petit frère, 6 ans, en présence d’une délégation internationale, syndicale et judiciaire, des représentants des Etats-Unis, de la France. La délégation française a été dans ma famille, a discuté avec toute ma famille. Toute ma famille est maintenant sous surveillance, y compris les voisins, qui ne peuvent leur rendre visite, ni leur parler. Ils sont toujours sous surveillance. Quand ils vont rendre visite à mes frères, c’est l’état de siège. C’est catastrophique. Il me faudrait des mois pour que j’arrive à exprimer tout ce que j’ai vécu, dire la vérité, ce qu’on a vécu ici en France, nos contacts téléphoniques avec nos familles. Les jeunes de Redeyef qui sont venus ici nous ont raconté des histoires incroyables, honteuses, tragiques. C’est la dictature. Parmi ces prisonniers il y en a un qui s’appelle Abid Ben Messaoud Khlifi, un prof de littérature arabe. Il a déjà écrit un livre en prison. On n’arrive pas à avoir ce livre. Un jour, j’espère que ce livre sera publié. C’est son droit de s’exprimer, d’être libre.  * Mohammed, vous avez-vous aussi de la famille en prison ? Mohammed : J’ai de la famille, mes cousins, des amis. Ils sont de Redeyef. Ils ont été arrêtés pendant les manifestations. Ils ont été condamnés à des peines de plusieurs années, comme mon cousin Ridha Ezdini (6 ans), Ghanem Chraïti (6 ans). Il était avec son père en prison, Boujemaa Chraïti, tout du moins au début. Il est à la prison de Gafsa, il ont été frappés, torturés. Enormément. On les a brûlés avec du feu. On les a empêchés de voir un médecin. Boujemaa et Ghanem ont les lésions corporelles. Ghanem ne peut voir un médecin. * Ghanem a droit de recevoir des visites ? Mohammed :Moi, je n’ai pas le droit aux visites au début. Puis, je l’ai vu à la prison de Gafsa. Son moral, c’est celui d’une personne en prison, torturée, mais qui a des convictions, des droits, qui résiste en prison. La visite, une fois par semaine, ne dure même pas sept minutes et en plus c’est par téléphone. On ne s’entend pas. Un gardien est là qui écoute puis te coupe la parole et sort les familles de force. * Vous m’aviez dit avoir été réprimé en Tunisie ? Mohammed :J’étais étudiant syndiqué à l’UGTT. Ils m’ont arrêté à deux reprises. A la police on te bat. J’ai été jugé. Je me rappelle que ma famille n’a pas été autorisée à entrer au tribunal alors que le procès est public. J’ai eu une peine avec sursis. La première fois que j’ai été arrêté, j’étais lycéen. Nous avions fait une manifestation pour la Palestine en 2002. La manifestation a eu lieu à Redeyef. Depuis on m’a fait sortir de Redeyef. J’ai passé trois ans en fac, on ne m’a pas laissé passer les examens, alors je suis parti. * Votre famille continue d’être surveillée ? Mohammed : Elle est harcelée. Ils ont investi la maison. La surveillance ne cesse pas. On les a interrogés sur moi.  * Et maintenant que vous êtes en France pensez-vous envisageable de rentrer ? H. Abdallah : Dans de telles circonstances, je ne peux plus rentrer. La France n’est pas un paradis, je suis un sans papier ici, j’ai toujours peur de la police.   * Vous attendez une amélioration de la situation en Tunisie ? Mohammed : Oui, j’attends. C’est possible. Il faudra beaucoup de luttes, que les gens croient en leurs luttes. L’UGTT n’a plus de crédibilité. Amari Elabassi, secrétaire général de l’Union régionale de Gafsa de l’UGTT,  est aussi un propriétaire de sociétés. H. Abdallah  : Amar Elabassi, c’est lui qu’il faudrait juger et condamner. Il a une société de nettoyage qui est liée à la société de phosphates de Gafsa. Il a plus de 700 ouvriers qui travaillent et en même temps il est à l’UGTT. Cela ne se trouve pas dans tous les pays, cette situation ! Pendant la révolution de Redeyef, il a dû régler la situation de ses ouvriers, pour les faire taire. Le recrutement des jeunes à la société de Gafsa s’est faite dans des conditions illégales, de corruption, pour avoir un poste. Normalement, ce doivent être des jeunes ouvriers qui auraient dû être recrutés, pas des gens qui ont de l’argent pour corrompre. * Nous n’avez pas de papiers en France, vous pourriez demander l’asile politique ? H. Abdallah : Ici à Nantes, le maire et le Préfet sont au courant qu’il y a ici plus de 200 clandestins qui sont originaires de Redeyef qui sont arrivés récemment, qui ont rejoint des émigrés anciens.  Mohammed : Cela fait trois mois que je suis en France, je n’ai pas de papiers. En Tunisie, personne ne peut plus rentrer. Je n’ai pas de perspectives, quand on n’a pas de papiers, on n’a pas de perspectives. * En France, une personne persécutée a le droit de demander l’asile et ce ne sont ni le maire, ni le Préfet qui se chargent de leur demande;
H. Abdallah : Nous sommes surveillés. On a déjà deux ou trois jeunes qui ont été expulsés à Redeyef, alors tout le monde se cache. On vit d’une façon inhumaine, sous les ponts. Et des originaires de Redeyef, ils en ont arrêté plus de vingt ces deux derniers mois. Monsieur Hafnaoui Chraïti a eu le droit d’asile, comment ? Le préfet, pour se sortir de cette situation critique, -il y avait des rassemblements devant la Préfecture-, lui a donné le droit de demander l’asile alors que les délais étaient dépassés… * Mais ce qui s’est passé avec Hafnaoui  Chraïti ne vous encourage pas à le faire ?
H. Abdallah : Mais c’est un autre risque : s’il y a renvoi vers la Tunisie, c’est l’emprisonnement, c’est l’horreur. Moi, c’est hors de question de rentrer. Le suicide, c’est une mort plus digne. Je n’ai plus confiance, même dans le droit d’asile. Derrière moi, j’ai toute une famille, ma mère, les enfants de mon frère prisonnier, qui attend tout de moi. C’est une grande responsabilité. Je dois rester ici. Tant que Ben Ali est le président. Ici, je peux participer à la société civile, on trouve des gens qui nous écoutent, des associations. Une délégation a été à Redeyef, avec des personnalités, comme Madame de Oliveira, Monseigneur Gaillot. C’est quelque chose qu’on ne trouve pas en Tunisie. Récemment la radio Kalima a été bouclée. Toute la Tunisie est en état de siège. Heureusement, notre symbole de Redeyef fait peur au pouvoir. Cela nous donne de l’espoir. On doit toujours défendre nos droits. Dire non à ce pouvoir, c’est fondamental pour nous. « les droits de l’homme« , « le dialogue avec les jeunes » c’est du mensonge. On ne sent pas qu’on est un pays indépendant. J’aime mon pays, parce que c’est le mien, et pas celui du président et de sa mafia, qui a saccagé la fortune de mon pays. Mohammed : En Tunisie, nous n’avons pas de droits, rien, pas de justice, ni de démocratie, et en France, non plus, pas de papiers. Rien, sauf la souffrance. On n’a plus l’impression d’être des êtres humains.   Propos recueillis par Luiza Toscane le 7 février 2009


 

UGTT-Universitaires – La gifle !

Par :Baccar Gherib

Les universitaires n’en reviennent pas encore. Ils en sont encore sonnés… L’attitude du Bureau Exécutif (BE) de l’UGTT qui a pris l’initiative de signer, sans les informer, un accord sur des augmentations salariales largement en deçà de leurs revendications, les a fortement secoués.

Ils avaient pourtant cru s’être dûment protégés contre un tel mauvais scénario, en soulignant, lors de leur dernier conseil sectoriel, que toute nouvelle proposition d’augmentations devait leur être soumise avant tout éventuel accord. Mais le BE n’a pas respecté son engagement, il n’a pas tenu parole. Il s’agit donc bel et bien d’un « coup de poignard dans le dos », selon l’image expressive d’un syndicaliste de l’enseignement supérieur.

En se désolidarisant des revendications des universitaires et en les traitant avec une telle désinvolture, la Centrale Syndicale a tout simplement affiché son mépris à leur égard. Pour eux, c’est une véritable gifle qu’elle leur a administrée ! Et son effet sur l’avenir de l’action syndicale au sein de l’université risque d’être catastrophique.

Comme si l’inlassable et harassante lutte que les syndicalistes de l’enseignement supérieur mènent pour la reconnaissance et le respect de l’action syndicale face aux divers abus et intimidations ne suffisait pas, voilà qu’ils se trouvent, par ce désaveu, confrontés à un véritable problème de crédibilité…

 

Un deuxième front dont ils se seraient fort bien passés ! C’est triste à dire, mais l’UGTT risque, par ce coup « magistral », de réussir là où l’autorité de tutelle a longtemps échoué : à savoir briser l’élan de l’action syndicale à l’université… Un véritable coup de grâce ! Il ne faut pas se voiler la face. Le coup tordu de l’UGTT ouvre une période de crise pour l’engagement syndical dans le secteur, et le rassemblement de protestation de samedi dernier a été l’expression d’un ras-le-bol et d’une colère, mais aussi, peut-être, d’un désespoir.

Certes, les difficultés matérielles des universitaires sont bien réelles, et la chute de leur pouvoir d’achat est tangible. Mais ce qui les a indignés le plus, ce n’est pas tant la faiblesse des augmentations obtenues que la manière avec laquelle ils ont été traités. Et, d’ailleurs, ils sont loin d’être dupes. Ils ont, lors de ce rassemblement, stigmatisé la gestion bureaucratique des luttes syndicales et les petits calculs électoralistes qui font que leurs revendications ne bénéficient pas souvent du soutien qu’elles méritent. Toutefois, le mépris affiché est une tout autre affaire. Et le discours rituel sur la « place particulière des universitaires » dans la Centrale syndicale ne convainc désormais plus personne.

Ainsi, cette gifle, qui vient après plusieurs années de luttes et de combats, a poussé certains universitaires à poser, pour la première fois depuis longtemps, la question de leur sortie de l’UGTT et de la fondation d’un syndicat autonome. C’est dire la gravité de la situation. Le BE, qui est à l’origine de la crise, doit assumer la responsabilité de la résoudre.

Baccar Gherib

Source : « Attariq Aljadid–Tunis – le 07 – 02 – 2009″  Republication du Forum de « Démocratie Syndicale et Politique »

Lien : http://fr.groups.yahoo.com/group/democratie_s_p/


 

Verdict, hier, dans « l’affaire Touati » La cour annule la décision de l’UGTT

 
Dans son verdict prononcé hier, le tribunal de première instance de Tunis a annulé la décision de la direction de l’UGTT de geler les activités du secrétaire général de l’Union Régionale du Travail de Tunis (URTT) prise le 27 décembre 2008 l’accusant de mauvaise gestion financière suite à un rapport sur les finances de l’URTT établi par la commission des finances de la centrale syndicale. Une accusation que Touati a catégoriquement rejetée en dénonçant « des manœuvres pour l’écarter parce qu’il est contre l’amendement de l’article du règlement intérieur adopté par le congrès de Djerba de 2002 qui limite à deux mandats successifs l’exercice de la fonction de membre du bureau exécutif de l’UGTT » et en soulignant « que 9 membres du bureau exécutif  actuel sont concernés par cette disposition et ne peuvent plus en conséquent se présenter au prochain congrès. Ils vont essayer donc par tous les moyens d’amender cet article ». Réconforté par le verdict prononcé, Touati compte, aujourd’hui ou lundi, faire appel à un huissier pour réoccuper son bureau, dont les serrures ont été changées, et reprendre ses activités. Mais quelle sera la réaction de la direction de l’UGTT? Néjib SASSI (Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 7 février 2009)


 

UGET – Le 25ème congrès les 10, 11 et 12 avril 2009

La commission administrative de l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) a décidé de tenir le 25ème congrès de l’organisation les 10, 11 et 12 avril 2009 à la faculté des sciences de Bizerte ou bien à la faculté de droit de Tunis. « Un congrès unificateur qui sera placé sous le signe « pour une UGET au service des étudiants et pour une université au service du pays » souligne le communiqué de l’organisation estudiantine rendu public, hier, et qui retrace les grandes lignes des décisions et des recommandations de la commission administrative qui s’est tenue le samedi 31 janvier dernier au siège de l’organisation à Tunis. Revendications Le communiqué rappelle que l’UGET a rencontré énormément de difficultés pour tenir son 25ème congrès et en plus « L’administration de tutelle n’a pas facilité sa tâche. Elle a même dressé des obstacles pour empêcher la tenue de ce congrès » souligne le communiqué. D’autre part le communiqué assure que l’organisation va intensifier ses revendications par la concrétisation d’actions syndicales sur le terrain et par la tenue de rassemblements régionaux. Par ailleurs la commission administrative a décidé de tenir un colloque le 19 février au siège de l’UGET pour commémorer les événements de février 1972. Néjib SASSI (Source: « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 7 février 2009)  


 

Obama parle d’Israel et de Palestine

6 février 2009 CHOMSKY Noam Barack Obama est manifestement une personne de vive intelligence, instruit en Droit et attentif au choix de ses mots. Il mérite d’être pris au sérieux – à la fois pour ce qu’il dit et pour ce qu’il passe sous silence. Ses premières déclarations consistantes de politique étrangère, le 22 janvier au Département d’Etat lorsqu’il a présenté George Mitchell son représentant spécial pour le Moyen-Orient, sont particulièrement éloquentes. Mitchell doit concentrer son attention sur le problème israélo-palestinien, dans le sillage de l’invasion israélo-étasunienne récente de Gaza. Pendant l’attaque meurtrière, hormis quelques platitudes, Obama est resté dans un aparté silencieux car, a-t-il dit, il y a un seul président – une réalité qui ne l’a pas fait taire sur de nombreux autres sujets. Cette obligation ne l’a pas non plus empêché de répéter que “si des missiles tombaient où mes deux filles dorment, je ferais tout pour arrêter cela“. Il voulait parler des enfants israéliens, pas des centaines d’enfants palestiniens massacrés par les armes étasuniennes dont il ne pouvait pas parler parce qu’il n’y a qu’un président. Le 22 janvier cependant, le seul président était Barack Obama, et il pouvait parler librement de ces sujets – mais il a esquivé les attaques sur Gaza qui avaient été opportunément interrompues juste avant son investiture. Le discours d’Obama a insisté sur un règlement pacifique. Il a laissé ses contours vagues, sauf pour une proposition précise : “l’initiative de paix Arabe“, a dit Obama, “comporte des éléments constructifs utiles pour l’avancement de ces efforts. Il est temps maintenant pour les états Arabes de mettre en oeuvre les promesses de cette initiative, en soutenant le gouvernement Palestinien du Président Abbas et du Premier Ministre Fayyad, et d’avancer dans la normalisation des relations avec Israël en se dressant contre le terrorisme qui nous menace tous“. Obama ne falsifie pas directement la proposition de la Ligue Arabe, mais la tromperie, soigneusement mise en œuvre, est instructive. La proposition de la Ligue Arabe appelle évidemment à la normalisation des relations avec Israël, mais dans le contexte – répétons le, dans le contexte d’un règlement à deux états selon les termes d’un consensus international ancien, que les Etats-Unis et Israël ont bloqué et continuent de bloquer depuis plus de 30 ans dans un isolement international complet. Le coeur de la proposition de la Ligue Arabe, comme Obama et ses conseillers sur le Moyen-Orient le savent très bien, est son appel à un règlement politique et pacifique en ces termes, qui comme chacun le sait et le reconnaît sont la seule base de ce règlement pacifique pour lequel Obama professe son attachement. L’oubli de ce fait crucial ne peut pas être vraiment fortuit et signifie clairement qu’Obama n’envisage pas d’abandonner le rejectionisme étasunien. Son appel aux états Arabes de se concentrer sur un corollaire de leur proposition, alors que les Etats-Unis ignorent jusqu’à l’existence du contenu principal qui est une condition à ce corollaire, est d’une mauvaise foi totale. Parmi les entreprises les plus notoires pour compromettre un règlement pacifique il y a les opérations quotidiennes dans les territoires occupés, toutes soutenues par les USA et reconnues comme criminelles ; le vol des terres et des ressources de valeur et la mise en place de ce que l’architecte en chef de ce plan, Ariel Sharon, appelait les “Bantoustans“ pour Palestiniens. Comparaison injuste car les Bantoustans étaient de loin plus viables que les miettes laissées aux Palestiniens selon la conception de Sharon qui est en train de se réaliser. Mais les Etats-Unis et Israël (et quelques îles du Pacifique) ont voté contre une résolution en faveur du “droit du peuple Palestinien à l’autodétermination“ (adoptée à 173 voix contre 5, avec l’opposition des USA et d’Israël sous des prétextes ambigus). Obama ne dit pas un mot sur l’extension du peuplement et des constructions en Cisjordanie, ni sur les mesures alambiquées pour contrôler la vie des Palestiniens, dans le dessein de détruire les perspectives d’une solution pacifique à deux états. Son silence est la sinistre réfutation de ses fioritures oratoires sur la façon dont “je ferais tous les efforts pour obtenir deux états vivant côte à côte dans la paix et la sécurité“. Ignorée aussi l’utilisation par Israël d’armes étasuniennes à Gaza, en violation non seulement des lois internationales mais aussi étasuniennes. Oublié l’envoi par Washington à l’apogée de l’attaque israélo-étasunienne de nouvelles armes à Israël, ce que les conseillers d’Obama sur le Moyen-Orient n’ignoraient certainement pas. Obama a cependant été ferme. La contrebande d’armes vers Gaza doit cesser. Il approuve l’accord entre Condoleeza Rice et le Ministre Israélien des Affaires Etrangères Tzipi Livni sur la fermeture de la frontière entre l’Egypte et Gaza. Un remarquable exercice d’arrogance impériale, comme l’a observé le Financial Times ; “quand ils étaient à Washington, se congratulant mutuellement, les deux ministres semblaient oublier le fait qu’ils concluaient un marché concernant un commerce illégal à la frontière d’un pays tiers – en l’occurrence l’Egypte. Le jour suivant, un officiel Egyptien a décrit cet accord comme digne d’une fiction“. Les objections de l’Egypte ont été ignorées. Pour en revenir aux références d’Obama sur la proposition “constructive“ de la Ligue Arabe, comme le dit la phraséologie, Obama persiste à restreindre son appui au parti vaincu aux élections de 2006, les seules élections libres dans le monde Arabe, auxquelles les USA et Israël ont immédiatement et ouvertement réagi en punissant sévèrement les Palestiniens pour n’avoir pas respecté la volonté des Maîtres. Un détail technique mineur est que le mandat d’Abbas s‘est terminé le 9 janvier et que Fayyad fut nommé sans la confirmation du Parlement Palestinien (dont beaucoup de membres ont été enlevés et sont détenus dans les prisons israéliennes). Le journal Haaretz décrit Fayyad comme “un oiseau rare dans la politique palestinienne. D’un côté il est l’homme politique le plus estimé par Israël et l’Occident. De l’autre cependant, il n’a aucune légitimité électorale, ni à Gaza ni en Cisjordanie“. Le rapport remarque aussi que Fayyad a “des relations étroites avec le Système Israélien“, en particulier avec le conseiller extrémiste de Sharon Dov Weiglass. Bien que sans aucune représentativité populaire, il est considéré comme compétent et honnête, qualités peu courantes dans les milieux politiques soutenus par les Etats-Unis. L’insistance d’Obama pour qu’Abbas et Fayyad soient reconnus est conforme au dédain de l’Occident pour la démocratie, sauf si elle est sous son contrôle. Obama a fourni les raisons habituelles pour ignorer le gouvernement élu dirigé par le Hamas. “Pour être un véritable partenaire pour la paix“, a déclaré Obama, “le quartet [Etats-Unis, Union Européenne, Russie, Nations Unies] a fait clairement savoir que le Hamas devait remplir trois conditions sans ambiguïté : reconnaître le droit d’exister à Israël, renoncer à la violence et respecter les accords passés“. Sans mentionner, comme d’habitude, l’inconvénient majeur que les Etats-Unis et Israël rejettent fermement ces trois conditions. Dans l’isolement international, ils empêchent la solution à deux états dont l’un Palestinien, ils ne renoncent bien évidemment pas à la violence, et ils rejettent la proposition principale du quartet ; “la feuille de route“. Israël l’a formellement acceptée, mais avec quatorze réserves (tacitement soutenues par les Etats-Unis) qui détruisent efficacement son contenu. C’est le grand mérite du livre de Jimmy Carter “Palestine : la Paix, pas l’Apartheid“, d’avoir porté ces faits à l’attention publique pour la première, et en même temps la seule fois. Il en découle, selon un raisonnement élémentaire que ni les Etats-Unis, ni Israël, ne sont des “véritables partenaires pour la paix“. Mais cela ne peut pas être dit. Cette phrase n’a aucun sens en Langue Anglaise. Il est peut-être injuste de critiquer Obama pour cet exercice de cynisme quasi universel, mais non pour son éviscération scrupuleuse de l’organe central de la proposition de la Ligue Arabe, une nouvelle contribution qui lui est propre. Quasi universelles aussi sont les références habituelles au Hamas comme organisation terroriste dont le but est d’éradiquer Israël (ou peut-être tous les Juifs). On oublie ainsi l’inconvénient que les Etats-Unis et Israël ont non seulement pour but de détruire tout état Palestinien viable, mais qu’ils mettent en œuvre perpétuellement des politiques en ce sens. Ou que, à l’inverse de ces deux états rejectionistes, le Hamas a appelé une solution à deux états selon le consensus international de façon publique, répétée et explicite. Obama a commencé ses remarques en disant : “Je veux être clair : l’Amérique est s’engagée pour la sécurité d’Israël. Et nous soutiendrons toujours le droit d’Israël à se défendre contre des menaces légitimes“. Rien sur le droit des Palestiniens à se défendre contre des menaces beaucoup plus sérieuses, comme celles qui se produisent quotidiennement dans les territoires occupés, avec le soutien étasunien. Mais cela, encore une fois, est normal. Normal aussi l’énoncé du principe donnant droit à Israël de se défendre. Cela est vrai mais inepte : chacun a ce droit. Mais dans ce contexte, ce cliché est plus qu’inepte, c’est une tromperie cynique. La question n’est pas de savoir si Israël, comme tout le monde, a le droit de se défendre mais s’il a le droit de le faire par la force. Personne, pas même Obama, ne croit que les états jouissent d’un droit universel à se défendre par la force. Il est d’abord besoin de démontrer qu’aucune alternative pacifique n’est envisageable. Dans ce cas, il en existe sûrement. Une alternative simple serait qu’Israël respecte un cessez-le-feu, par exemple celui qui a été proposé par le chef politique du Hamas Khaled Mishal peu de jours avant qu’Israël ne lance son attaque le 27 décembre. Mishal avait appelé à reprendre l’accord de 2005. Cet accord réclamait la fin des violences et une ouverture continue des frontières, avec la garantie d’Israël que les biens et les personnes pourraient circuler librement entre les deux parties de la Palestine occupée, la Cisjordanie et la bande de Gaza. L’accord avait été rejeté quelques mois plus tard par les Etats-Unis et Israël, après les “mauvais résultats“ des élections libres de 2006. Il y beaucoup d’autres possibilités pertinentes. L’alternative la plus large et la plus adéquate serait qu’Israël et les Etats-Unis abandonnent leur rejectionisme radical et se joignent au reste du monde – incluant les états Arabes et le Hamas – pour encourager la solution à deux états acceptée par le consensus international. Il faut se souvenir que durant les 30 dernières années, les Etats-Unis et Israël se sont écartés une fois de leur rejectionisme : pendant les négociations de Taba en janvier 2001, qui promettaient une solution pacifique avant qu’Israël ne s’en retire. Il ne paraîtrait donc pas étrange qu’Obama accepte de se joindre au reste du monde, même dans le cadre de la politique des Etats-Unis, si c’est cela qu’il voulait. En bref, la rengaine constante d’Obama sur le droit d’Israël à se défendre est un autre exercice de mise en scène cynique qui, on doit l’admettre, ne lui est pas propre mais quasiment universel. La mascarade est particulièrement frappante dans ce cas puisqu’il y avait une bonne occasion avec la nomination de Mitchell comme représentant spécial. La réussite majeure de Mitchell est son rôle de premier plan dans l’accord de paix en Irlande du Nord. Il exigeait la fin des violences de l’IRA et des Britanniques. Il était implicite dans ce cas que la Grande-Bretagne avait le droit de se défendre contre le terrorisme, mais qu’elle n’avait aucun droit de le faire par la force parce qu’il y avait une alternative pacifique : la reconnaissance des revendications légitimes de la communauté Catholique d’Irlande qui étaient les racines de la terreur de l’IRA. Quand la Grande-Bretagne a suivi cette voie sensée, la terreur s’est arrêtée. Les implications pour la mission de Mitchell dans le conflit israélo-palestinien sont si évidentes qu’il est inutile de les énumérer. Leur omission est une nouvelle preuve évidente de l’engagement de l’administration d’Obama dans le rejectionisme et de son refus de la paix, sauf à des conditions extrémistes. Obama a aussi remercié la Jordanie pour “son rôle constructif dans l’entraînement des forces de sécurité Palestiniennes et le renforcement de ses relations avec Israël“ – ce qui contraste singulièrement avec le refus israélo-étasunien de travailler avec le gouvernement de Palestine librement élu, et la punition sévère infligée aux Palestiniens qui l’ont élu, sous des prétextes qui, comme on l’a déjà dit, ne résistent pas au moindre examen. C’est vrai que la Jordanie a aidé les USA à armer et entraîner les forces de sécurité Palestiniennes pour qu’elles puissent réprimer violement toute manifestation de soutien aux malheureuses victimes de l’attaque israélo-étasunienne à Gaza, et arrêter des partisans du Hamas et le journaliste très connu, Khaled Amayreh. Pendant ce temps, elles organisaient leurs propres manifestations en faveur d’Abbas et du Fatah dans lesquelles la plupart des participants “étaient des fonctionnaires et des écoliers auxquels l’autorité Palestinienne avait demandé de manifester“, selon le Jérusalem Post. C’est la démocratie que nous aimons. Obama a fait un autre commentaire substantiel : “Dans le cadre d’un cessez-le-feu de longue durée, les passages aux frontières de Gaza doivent être ouverts avec une surveillance appropriée pour permettre le flux d’aide et le commerce…“ Il n’a pas dit, bien sûr, que les Etats-Unis et Israël avaient rejeté un tel accord après l’élection de 2006, et qu’Israël n’avait jamais respecté par la suite d’autres accords similaires. Aucune réaction non plus à l’annonce par Israël de son rejet du cessez-le-feu, de telle façon que la possibilité qu’il soit “de longue durée“ est pour le moins compromise. Mais les réactions de la presse n’ont pas tardé : “le Ministre du Conseil Israélien Binyamin Ben-Eliezer, qui a pris part aux délibérations de sécurité, a dit à la Radio de l’Armée qu’Israël ne rouvrirait pas les frontières de Gaza avant un accord sur la libération de [Gilad] Schalit“ (Associated Press, 22 janvier). “Israël gardera fermées les frontières avec Gaza…Un officiel a dit que le gouvernement prévoyait d’utiliser cette affaire pour négocier la libération de Gilad Shalit, le soldat Israélien détenu par le groupe islamiste depuis 2006 (Financial Times, 23 janvier). “Plus tôt dans la semaine, le Ministre des Affaires Etrangères Tzipi Livni a dit que les progrès sur la libération du caporal Shalit conditionneraient l’ouverture des frontières qui ont été pratiquement fermées depuis que le Hamas a arraché le contrôle de Gaza à l’Autorité Palestinienne de Cisjordanie en 2007“ (Christian Science Monitor, 23 janvier). “Un officiel Israélien a dit que la levée du blocage serait fortement conditionnée par la libération de Gilad Shalit“ (Financial Times, 23 janvier). Et beaucoup d’autres. La capture de Shalit est une question sérieuse à l’Ouest, une autre preuve de la criminalité du Hamas. Quoi que l’on pense à ce sujet, il est indiscutable que la capture d’un soldat d’une armée d’agression est un bien moindre crime que l’enlèvement de civils, exactement ce qu’ont fait les forces israéliennes la veille de la capture de Shalit en pénétrant dans la ville de Gaza pour enlever deux frères et les entraîner au-delà de la frontière où ils disparurent dans les prisons d’Israël. A l’opposé du cas de Shalit, ce crime fut virtuellement tu et a été oublié, tout comme les pratiques régulières d’Israël, sur plusieurs décennies, d’enlever des civils au Liban et en haute mer, de les répartir dans ses prisons et de les retenir en otages pendant plusieurs années. Mais la capture de Shalit empêche le cessez-le-feu. Le discours d’Obama sur le Moyen-Orient au Département d’Etat continua avec “la situation qui se détériore en Afghanistan et au Pakistan… le front principal de notre combat continu contre le terrorisme et l’extrémisme“. Quelques heures plus tard, les avions étasuniens attaquaient un village reculé d’Afghanistan pour essayer d’y tuer un chef Taliban. “Cependant, les anciens du village ont dit aux responsables de la province qu’il n’y avait pas de Talibans dans la région qu’ils décrivirent comme un hameau peuplé principalement par des bergers. Selon Hamididan Abdul Rahmzai, le chef du conseil de la province, les anciens ont dit que des enfants et des femmes figurent parmi les 22 morts“ (Los Angeles Times, 24 janvier). Le premier message du Président Afghan Karzai à Obama après son élection en novembre était pour demander la fin des bombardements de civils Afghans, demande réitérée quelques heures après qu’Obama ait prêté serment. La même attention a été apportée à cette demande de Karzai qu’à celle qu’il avait faite pour un calendrier de retrait des forces armées des Etats-Unis et d’autres nations étrangères. Les riches et les puissants ont leurs “responsabilités“. Parmi celles-ci, rapporte le New York Times, il y a celle d’ “assurer la sécurité“ dans le sud de l’Afghanistan où “l’insurrection est endémique et soutenue de l’intérieur“. Très familier ; la Pravda dans les années 1980 par exemple.
26 janvier, 2009 par Noam Chomsky traduction Laurent EMOR pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info
 
(Source: « Le Grand Soir »  le 6 fevrier 2009)

 

 

 

 

 

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