6 janvier 2007

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TUNISNEWS
7 ème année, N° 2420 du 06.01.2007

 archives : www.tunisnews.net


Le « Foreign Office » met en garde les touristes anglais qui se rendent en Tunisie du « risque de terrorisme » Le Temps : A propos des récents événements au sud de la capitale – Sachons raison garder !

Le  Journal: Groupe armé – Dieu nous en preserve ! El Watan (Algérie): Des Salafistes armés tiennent en haleine la police de Ben Ali

Liberté (Algérie): Après une attaque terroriste en Tunisie – La contagion salafiste au Maghreb Le Quotidien d’Oran: Terrorisme – Douze morts dans un accrochage en Tunisie La Libre Belgique: Tunisie – L’infiltration d’islamistes est-elle à l’origine de fusillades ? Aujourd’hui le Maroc : Opération coup de poing en Tunisie

Cioran: Le prix du thé à la menthe

Le Journal: Interview – Maya Jribi S.G. du PDP Le Journal: Pendaison de Saddam – Qui seme le vent recolte la tempete Al Bayane (Maroc): Une Algérienne se suicide après la pendaison de Saddam Hussein LES TUNISIENS DE QOM…. Extraits du 5éme chapitre du livre « Borj Erroumi XL »  de Sami Ben Gharbia)


 

LE VENDREDI 5 JANVIER 2007, LE « FOREIGN OFFICE » (MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES BRITANNIQUE) MET EN GARDE LES TOURISTES ANGLAIS QUI SE RENDENT EN TUNISIE DU « RISQUE DE TERRORISME »

 

Still Current at: 6 January 2007

Updated: 5 January 2007

 Tunisia

 

This advice has been reviewed and reissued with an amendment to the Summary (police action).  The overall level of the advice has not changed.

 

SUMMARY

  • You should be aware of the threat from terrorism in Tunisia.
  • Following a police action against an armed group on the 3 January 2007, in which 12 of the group where killed and 15 arrested, there are continuing police roadblocks at major intersections in and around Tunis.  It is not yet known whether the group were criminals or terrorists.
  • You are strongly advised not to attempt to cross the border into Algeria if travelling independently.  We advise caution if you intend to travel to the south eastern Algerian provinces of Tamanrasset, Djanet and Illizi and recommend that you travel with a reputable tour company or an approved local guide.
  • Around 500,000 British nationals visit Tunisia each year.  Most visits are trouble-free.  The main types of incident for which British nationals require consular assistance in Tunisia are for deaths, mostly from natural causes, hospitalisations (for physical injury and psychiatric illness) and replacing lost and stolen passports.  You should watch out for petty criminals such as pickpockets, and bag snatchers, particularly in crowded market places.
  • We strongly recommend that you obtain comprehensive travel and medical insurance before travelling.  You should check any exclusions, and that your policy covers you for the activities you want to undertake.  Please see:  Travel Insurance.

(Source : le site officiel du Foreign Office, visite du 6 janvier 2007)

Lien : http://www.fco.gov.uk/servlet/Front?pagename=OpenMarket%2FXcelerate%2FShowPage&c=Page&cid=1007029390590&a=KCountryAdvice&aid=1013618386811

  


LA PRESSE TUNISIENNE

 

A propos des récents événements au sud de la capitale

Sachons raison garder !

Par : Ridha KEFI

 

 Depuis la nuit du 23 au 24 décembre, qui a connu la première fusillade entre des hommes armés et des agents de la sécurité près de Hammam-Lif, nous avons entendu les rumeurs les plus alarmistes sur la nature de ces  affrontements, qui ont pris, au fil des jours, une ampleur inhabituelle dans un pays réputé pour son calme et sa stabilité.

 

Au début de ces affrontements, des sources officielles ont évoqué de violentes altercations entre les forces de police et les membres d’une bande de criminels, qui ont fait plusieurs morts et blessés d’un côté et quelques blessés, de l’autre.

 

En se contentant d’informations laconiques, les autorités ont voulu sans doute dédramatiser la situation, d’autant que celle-ci était sous contrôle. Elles ont voulu aussi éviter de perturber les préparatifs habituels pour les fêtes de l’Aïd El-Kébir et du Jour de l’an. Elles ont voulu surtout donner le moins d’informations possibles aux «criminels», de manière à épargner les vies des agents de l’ordre engagés sur le terrain.

 

Cela se conçoit et se comprend.

 

Seulement voilà : les mobiles desdits «criminels» n’ont pas été divulgués de manière à lever toute équivoque sur la nature de leur engagement. Pis encore: certains parmi ces «criminels», dont le nombre n’a pas été donné, même à titre d’estimation, ont pu prendre la fuite et poursuivre leur cavale, provoquant de nouvelles fusillades dans les zones environnantes. Inutile de préciser que cela a ajouté à notre inquiétude. Autant, d’ailleurs, que le dispositif sécuritaire mis en place, dans les jours suivants, sur pratiquement tous les axes routiers menant à la capitale, aux entrées de toutes les villes du pays et autour d’établissements jugés «sensibles» tels que les hôtels ou les discothèques.

 

Ce dispositif a d’ailleurs étonné par son ampleur inégalée, surtout dans notre pays, qui n’a pas été confronté à de pareils événements depuis le soulèvement de Gafsa, en janvier 1980, lorsque des individus armés, infiltrés par les frontières algérienne et libyenne, ont déclenché un mouvement insurrectionnel, faisant régner la terreur pendant plusieurs jours dans cette ville du sud-ouest, avant de se livrer, avec armes et bagages, aux forces de l’ordre.

 

Autant dire qu’avec la poursuite des fusillades dans les environs de Hammam-Lif et de Slimane, nous avons été nombreux à penser, la main sur le cœur, à cet épisode douloureux de notre histoire récente. En fait, notre inquiétude a été attisée – involontairement – par le mutisme observé pendant plusieurs jours par les autorités, alors que les rumeurs les plus folles couraient à propos de nouvelles fusillades entendues ici ou là dans la même région.

 

Le plus triste dans cette affaire, c’est que nous autres journalistes, qui étions censés vérifier l’authenticité des rumeurs colportées par le public, n’étions pas mieux informés que nos lecteurs – et que l’on me permette de faire, ici, mon mea culpa, mais à titre strictement personnel.

 

Nous nous sommes donc contentés – disons par paresse congénitale – des bribes d’informations qui étaient distillées par les communiqués officiels. C’était à la fois  »un peu trop » et  »trop peu ». C’est-à-dire  »un peu trop » vague et  »trop peu » précis pour espérer calmer les esprits et chasser le doute qui commençait à s’emparer de nos concitoyens, dont certains ont fini par se rabattre, espérant être mieux informés de ce qui se passait à quelques pas de chez eux, sur quelque chaîne arabe spécialisée dans la couverture en direct des conflits armés. «Malheureusement» pour eux – et heureusement pour nous -, les événements au sud de la capitale n’étaient pas suffisamment graves pour qu’Al-Jazira accepte d’en parler. Peut-être aussi que la chaîne qatarie n’a pas les moyens logistiques de couvrir ces événements. Cela nous semble plus plausible.

 

Quoi qu’il en soit, jusqu’à jeudi dernier, le mystère était total et l’inquiétude à son comble. Finalement, les autorités ont rendu public le bilan des affrontements: 12 «dangereux criminels» ont été abattus par les forces de sécurité et 15 arrêtées. La «bande armée» ne compte donc «que» 27 personnes au total. C’est «trop peu», car on avait craint le pire en écoutant les récits catastrophistes de certains oiseaux de mauvais augure. C’est aussi  »un peu trop ».

 

Pour l’instant, contentons-nous de ces informations qui sont sensés nous rassurer. Rassurons-nous donc: les affrontements sont terminés. Espérons qu’ils ne se répèteront plus jamais. Laissons aussi les limiers faire leur travail. Ils ne tarderont pas à nous édifier sur l’identité des «dangereux criminels»? Sont-ils tous des Tunisiens ou y a-t-il, parmi eux, des éléments étrangers ? Quels étaient leurs mobiles, leurs cibles et leurs éventuelles complicités à l’intérieur et à l’extérieur ? Comment ont-ils formé leur organisation criminelle ? Comment ont-ils amassé des armes de combat dans un pays où même les fusils de chasse sont soumis à un strict contrôle ? Par quelle voie ces armes sont-elles passées ? Toutes ces questions, et bien d’autres, trouveront bientôt des réponses.

 

Une dernière remarque, en guise de conclusion : si elle est inhabituelle dans un pays comme la Tunisie, la violence des armes n’a rien d’extraordinaire. En vérité, il y a peu de pays au monde, et surtout dans le monde développé, qui n’y soient pas confrontés de manière quasi-quotidienne. La raison en est simple : la société humaine, quel que soit son degré de développement, n’enfante pas seulement de bons citoyens, qui élèvent bien leurs enfants, votent aux élections et payent leurs impôts. Elle secrète aussi, de manière presque organique, un certain nombre de délinquants, de marginaux voire de révoltés, de rebelles et de hors-la-loi. Que ces derniers en viennent un jour à porter des armes – pour braquer, terroriser ou tuer leurs prochains – est presque une évolution prévisible, eu égard à la complexité des situations, aux frustrations qu’elles induisent et aux dérives qu’elles génèrent. Mais, partout où elle a été constatée, cette évolution a donné lieu des interrogations, des études et des débats qui ont permis sinon de la juguler du moins d’en comprendre les causes et d’en prévenir les effets.

 

Il devrait être de même chez nous.

 

(Source : Le Temps (Tunisie), le 6 janvier 2007)


 

Groupe armé

DIEU NOUS EN PRESERVE !

Par M’hamed JAIBI

 

Rendue publique à l’initiative des autorités et de manière très rapide, l’affaire du «groupe de dangereux criminels» responsable de l’échange de coups de feu avec les forces de l’ordre, survenu dans la nuit du 23 décembre, a donné lieu aux analyses les plus diverses et aux rumeurs les plus folles. Ce, alors que barrages, ratissages et rafales n’ont pratiquement plus cessé dans la région de Hammam-lif, depuis cette date et jusqu’à la diffusion des deux communiqués successifs rendus publics mercredi 3 janvier dans l’après-midi et la soirée.

 

On a parlé d’un réseau de trafic de drogue en restructuration, on a parlé d’armes automatiques et de kalachnikov, on a recueilli des témoignages faisant état d’explosions, de rafales dans la nuit quelque part entre le Jebel Boukornine et le Jebel Ressas, et d’autres à propos d’échanges de coups de feu aux abords de Soliman, et certains témoins indirects ont même rapporté que les membres du groupe seraient des jeunes, entre 20 et 30 ans, rasés de près et prêts à mourir… Et même que certains d’entre eux ne sont pas Tunisiens.

 

D’où, deuxième étape, la floraison de conclusions hâtives, de rumeurs et d’hypothèses fantaisistes que la nouvelle de l’arrestation, en Algérie, de deux Tunisiens impliqués dans le réseau salafiste, n’ont fait qu’amplifier. Dieu nous en préserve !

 

Fort heureusement, les choses se sont tassées et la nouvelle de l’arrestation de quinze membres de ce groupe après le décès de douze autres en armes, a permis à tous les Tunisiens de respirer.

Car, malgré son style télégraphique, le communiqué annonçant la «fin de la traque du groupe de dangereux criminels» a rassuré les citoyens. Certes, sans répondre aux questions, nombreuses, qu’ils se sont posées et qu’ils se posent sur cette affaire qui cadre si mal avec notre quotidien si bien sécurisé.

 

«Habituellement si avare en communiqués et en explications», comme l’ont souligné journaux et chaînes satellisables, la Tunisie a fait, cette fois-ci un effort de communication louable. Qui a d’ailleurs incité les médias internationaux à une certaine bienveillance. Cet effort, gagnerait à être consolidé dans tous les domaines et quelle que soit la nature des évènements. Car si certains lancent, comme un slogan, le fait que «les citoyens ont le droit de savoir», il s’agit de bien se dire que, désormais, nous avons le devoir d’informer. Non pas seulement le peuple tunisien en tant que détenteur de la souveraineté républicaine, mais l’ensemble de cette opinion mondiale sur laquelle la Tunisie a fait le pari de s’ouvrir avec courage et foi en l’avenir. Le partenariat économique, l’investissement direct étranger, l’attrait de la Tunisie pour les touristes du monde entier et plus généralement l’image globale du pays qui en fait la crédibilité et le rayonnement dépendent de ces petits réflexes de transparence mesurée qui rassurent et fidélisent.

 

La Tunisie n’est sûrement pas à l’abri des phénomènes qui traversent le monde aujourd’hui, et les Tunisiens ont montré, à l’occasion de ces quelques jours de traque, une compréhension sans pareille et un regain d’attachement à la paix civile et au modèle de société consensuelle qui est le nôtre. Mais ils souhaitent qu’on les associe un peu plus et qu’on leur fasse confiance. Même si, ne soyons pas dupes, une affaire de gens en armes ne peut être instruite en directe et tambours battant.

 

(Source : « le Journal » (hebdomadaire électronique tunisien), N° 56, le 6 janvier 2007)

Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=1037&gpl=56 


 

LA PRESSE ETRANGERE

 

Des Salafistes armés tiennent en haleine la police de Ben Ali

La Tunisie touchée par le terrorisme

Salima Tlemçani

 

Que ce soit pour l’opinion publique tunisienne ou pour les sources sécuritaires algériennes, l’opération qui a tenu en haleine les forces de sécurité à Tunis a bel et bien visé un groupe de terroristes puissamment armé qui s’est réfugié dans la périphérie sud de Tunis. Le régime persiste à nier l’évidence en présentant le groupe comme « de dangereux criminels » contre lesquels la poursuite a duré presque deux semaines (du 23 décembre 2006 au 3 janvier 2007).

 

Le ministère de l’Intérieur, après avoir observé pendant toute cette période un black-out total sur l’information, a rendu public un communiqué jeudi dernier, diffusé par l’agence officielle, selon lequel douze personnes ont été tuées et quinze autres arrêtées par les forces de sécurité au sud de Tunis. « La traque des éléments du groupe criminel a pris fin mercredi après-midi et a permis aux forces de l’ordre d’abattre douze éléments du groupe et d’arrêter les quinze restants (…) », précisant plus loin que cette traque « avait commencé à la suite d’un échange de coups de feu survenu dans la nuit du 23 décembre 2006 entre les forces de l’ordre et un groupe de dangereux criminels ».

 

La même agence officielle avait fait état d’un « nombre indéterminé de personnes abattues » sans pour autant donner des détails sur les pertes enregistrées dans les rangs des services de sécurité, sur le lieu précis de l’accrochage, et encore moins sur l’identité des assaillants éliminés.

 

Selon des sources algéro-tunisiennes, l’opération policière a été lancée dans la région de Hammam Lif, située à 45 km au sud de Tunis, durant la nuit du 23 décembre 2006. Les services de sécurité étaient sur le point de procéder à l’arrestation d’éléments soupçonnés d’appartenir à un groupe salafiste tunisien, réfugiés dans une vieille construction retranchée, lorsqu’ils ont été accueillis avec des tirs d’armes à feu. L’échange de coups de feu a duré toute la nuit, jusqu’à l’aube de la journée du 24 décembre 2006.

 

Officiellement, deux policiers ont été blessés, mais officieusement, deux ont été tués et deux autres blessés. Du côté des terroristes, deux ont été abattus et deux autres arrêtés vivants. Les événements se sont par la suite précipités dans la mesure où les forces de sécurité se sont rendu compte de l’importance du groupe, constitué d’au moins une trentaine d’individus puissamment armés et dont beaucoup étaient recherchés.

 

Selon nos interlocuteurs, « leur regroupement dans cette localité n’était pas fortuit et préludait soit de la tenue d’une réunion importante soit de la préparation d’une opération criminelle spectaculaire à la veille des fêtes de fin d’année ».

 

Ces informations rejoignent les révélations faites par des terroristes tunisiens enrôlés dans les rangs du GSPC et arrêtés il y a à peine deux semaines à Alger, selon lesquelles le groupe salafiste tunisien, qui a des relations avec les troupes de Abdelwadoud, émir du GSPC algérien, préparait une offensive sur le terrain, notamment contre des intérêts étrangers.

 

Une stratégie beaucoup plus médiatique qui lui permettra de faire parler de lui, comme cela a été le cas pour le GSPC à la suite de l’attaque qu’il a menée contre deux bus transportant le personnel de BRC, une compagnie pétrolière américaine, à Bouchaoui, il y a près de trois semaines.

 

Avisées, les autorités tunisiennes ont déployé un dispositif sécuritaire exceptionnel dans la région de Hammam Lif qui s’est étendu jusqu’à la localité de Soliman, une zone très boisée. Le groupe a été accroché, une semaine plus tard, et ce n’est que mercredi dernier que l’opération a pris fin avec l’élimination des terroristes.

 

Dès la matinée, la zone a été entièrement bouclée par les forces de sécurité, lesquelles ont donné l’assaut à ce qui était considéré comme un dernier retranchement du groupe. Le premier bilan avancé par l’agence britannique Reuters, citant une source proche du ministère de l’Intérieur, fait état de 25 personnes tuées lors des échanges.

 

Un bilan que les autorités tunisiennes ont démenti sans donner le nombre précis des victimes, mais en précisant qu’elles avaient réussi à éliminer les derniers membres « d’une bande criminelle avec laquelle elle avait déjà eu maille à partir le mois dernier ».

 

Jeudi matin, le ministère de l’Intérieur a fait état de 12 « dangereux criminels » tués et de 15 autres arrêtés, alors que des sources sûres ont affirmé que l’opération des forces de sécurité tunisiennes s’est soldée par l’élimination de plus d’une vingtaine de terroristes et l’arrestation de plus d’une douzaine d’autres, tous des Tunisiens, dans des localités différentes et à l’issue d’assauts successifs contre plusieurs refuges.

 

Les terroristes, après avoir été découverts, se sont éparpillés à travers de nombreuses constructions isolées et distantes entre elles de plusieurs kilomètres. Les pertes du côté des services de sécurité seraient, selon nos sources, lourdes eu égard à l’armement utilisé par les terroristes, dont des kalachnikovs, des grenades et des fusils d’assaut.

 

La presse tunisienne privée a, quant à elle, évoqué brièvement l’opération du 23 décembre comme un fait divers relié à un trafic d’armes et de drogue, alors que dans leur édition du jeudi, les autres quotidiens ont reproduit sans commentaire le communiqué du ministère de l’Intérieur, repris par la Tap.

 

Ce black-out du régime tunisien sur l’information liée à l’activité des groupes islamistes armés n’est pas nouveau. En 2002, l’attentat ayant visé une synagogue, sur l’île de Djerba, revendiqué par Al Qaîda avait été totalement occulté par les autorités tunisiennes, avant d’être présenté comme un accident technique. Le bilan annoncé avançait à peine deux morts, avant que les agences de presse étrangères ne diffusent la liste des 22 morts, dont 14 touristes allemands.

 

Contacté, le secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, Mokhtar Trifi, a dénoncé cette « censure » et cette « manipulation grossière qui consiste à présenter des terroristes comme des délinquants de droit commun ». M. Trifi a déclaré : « Si de petits délinquants peuvent avoir un armement aussi lourd et tenir en haleine les forces de sécurité pendant deux semaines, cela devient extrêmement dangereux pour la Tunisie. Nous savons tous que les affrontements ont eu lieu avec des salafistes et personne ne peut croire le contraire. La preuve, les autorités n’ont à ce jour pas donné ni l’identité de ces gens ni les faits qu’ils ont commis… Même le bilan avancé ne reflète pas la réalité de la situation. »

 

Pour sa part, le Parti des travailleurs communistes et à travers son organe de presse, Al Badil, a dénoncé le « black-out » médiatique qui, selon lui, a « ouvert la porte à toutes les spéculations possibles autour de l’identité du groupe armé et provoqué une panique au sein de la population eu égard à des informations faisant état de l’éclatement d’autres accrochages à travers la ville et qui auraient fait de nombreux morts ».

 

Intitulé « Le peuple tunisien a le droit de connaître la vérité », le parti met en garde le régime de Benali de profiter de ces événements pour rétrécir davantage les libertés, notamment les libertés de circulation, violées actuellement à travers les points de contrôle routiers.

 

Le parti a estimé que « ces événements présagent une étape dangereuse dans la vie politique qui dément les certitudes du régime à voir instauré la sécurité et la stabilité et qui met en échec sa politique sécuritaire ». Un appel a donc été lancé aux démocrates, et à la société civile tunisienne en général, pour l’unité autour d’un front contre les conséquences de ces opérations.

 

(Source : El Watan (Algérie), le 6 janvier 2007)

Lien : http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=57750

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Après une attaque terroriste en Tunisie

La contagion salafiste au Maghreb

Par : Madjid T.

 

Le démantèlement de cellules djihadistes liées à Al-Qaïda et au GSPC démontre la tentative de l’organisation de Ben Laden de s’implanter dans le nord de l’Afrique, après avoir installé des réseaux dans le Sahel.

 

La mise hors d’état de nuire de 12 “dangereux criminels” et l’arrestation de 15 autres, mercredi dernier en Tunisie, et le démantèlement le même jour, au Maroc,  d’une cellule de plus de 60 membres spécialisée dans le recrutement de volontaires pour l’Irak ayant des liens directs avec Al-Qaïda laissent penser que la nébuleuse islamiste d’Oussama Ben Laden poursuit sa stratégie d’implantation dans le Maghreb.

 

Si les autorités tunisiennes ne veulent pas donner des indications sur la nature des “criminels”, de nombreux observateurs y compris des organes de presse locaux voient en ces  “criminels” des terroristes apparentés à des salafistes ayant des liens avec Al-Qaïda. Même si le réseau a été, selon la presse tunisienne, anéanti en deux temps,  il n’en demeure pas moins que le nombre des éléments composant ce “foyer” évalué à une trentaine d’hommes suggère une tentative des groupes armés liés à Al-Qaïda de constituer des bases en Tunisie.

 

Il faut savoir que le groupe de criminels a été délogé avec le concours de l’armée.  Par ailleurs, l’opération d’anéantissement de ce groupe intervient une semaine seulement après l’arrestation, à Meftah, près d’Alger, de deux terroristes tunisiens appartenant à Al-Qaïda qui s’apprêtaient à rejoindre les maquis du GSPC.  Les deux terroristes venaient de Libye où ils étaient en contact avec d’autres organisations terroristes comme le GICL (Groupe islamique combattant libyen).

 

Au Maroc, c’est le Groupe islamique marocain combattant (GIMC) qui serait derrière les opérations de recrutement pour l’Irak. Même si plusieurs de ses chefs ont été emprisonnés en 2005, d’autres éléments auraient repris le flambeau et ont continué à mener dans la discrétion des activités subversives. Ce sont eux qui sont aujourd’hui pointés du doigt dans cette nouvelle affaire liée au  recrutement de volontaires pour l’Irak.

 

Le   Maroc a d’ailleurs désigné les membres de la cellule que ses services de sécurité viennent d’arrêter comme appartenant à Al-Qaïda et d’être en relation avec le GSPC algérien. On sait qu’à El-Oued, dans le Sud algérien, un réseau spécialisé dans le recrutement de volontaires pour l’Irak a été démantelé. Quelques jours plus tard, ce sont d’autres membres de réseaux versés dans la même activité qui seront arrêtés dans la capitale.

 

Pour la nébuleuse islamiste, l’installation d’une filiale dans cette partie de l’Afrique  a un double objectif : atteindre facilement l’Europe, actuellement difficile d’accès, et surtout l’utilisation de groupes salafistes maghrébins pour mener les attentats dans le Vieux continent.

 

Le GSPC, qui a rallié Al-Qaïda depuis plus de quatre mois est, aux yeux d’Al-Zawahiri, le seul groupe qui puisse coordonner ces activités qui visent, dans un premier lieu, à structurer la filiale Al-Qaïda pour le Maghreb et le Sahel. L’attentat de Bouchaoui contre une entreprise américaine s’inscrit, à juste titre, dans cette stratégie. L’impact recherché par cet attentat n’est pas seulement médiatique, mais il est aussi mobilisateur dans le sens où il veut donner une autre dimension aux activités du GSPC.

 

La guerre des Américains en Irak, l’agression contre le Liban et l’embargo imposé aux Palestiniens sont les principaux ingrédients qui poussent ces jeunes à se porter volontaires pour l’Irak. Al-Qaïda, qui se charge de ces expéditions, n’hésite pas à détourner parfois ces jeunes de leurs aspirations initiales en les orientant vers les maquis de leurs pays respectifs.

 

Ces recrutements vont encore gagner de notoriété avec l’abominable opération de pendaison du président irakien. “Ce sont ces bêtises qui nourrissent les sentiments de haine envers certaines puissances accusées d’humilier les Arabes et les musulmans”, nous a confié un officier chargé de la lutte antiterroriste qui ajoute que ces jeunes se déclarent, au nom du djihad, volontaires à mourir en martyr. Et la mort de Saddam dans les conditions qu’on connaît n’arrange nullement les choses.

 

(Source : Liberté (Algérie), le 6 janvier 2007)

Lien : http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=70149

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Terrorisme

Douze morts dans un accrochage en Tunisie

 

Moins d’une quinzaine de jours après un premier accrochage sanglant, la capitale tunisienne a renoué jeudi avec la violence, puisque 12 personnes ont été tuées dans la banlieue sud de Tunis, lors d’un accrochage entre les forces de sécurité tunisiennes et un groupe qualifié de «dangereux criminels».

 

Le bilan publié par l’agence officielle Tap fait état de l’arrestation des 15 autres éléments formant ce groupe, qui faisait l’objet d’une traque depuis quelques jours. «La traque des éléments du groupe criminel a pris fin mercredi après-midi et a permis aux forces de l’ordre d’abattre douze éléments du groupe et d’arrêter les quinze restants», a-t-on indiqué de même source.

 

L’agence tunisienne indique que la traque avait commencé à la suite de l’échange de coups de feu survenu dans la nuit du 23 décembre dernier entre les forces de l’ordre et un groupe de dangereux criminels.

 

La veille, mercredi, l’agence officielle avait fait état d’un nombre indéterminé de personnes abattues par les forces de sécurité, sans indiquer si des pertes éventuelles avaient été enregistrées parmi les forces de sécurité. La Tap n’indiquait pas non plus le lieu précis de l’accrochage de mercredi, qui a eu lieu près de la localité de Soulimane, à quelque 45 km au sud de Tunis.

 

Selon des témoins cités par l’AFP, dans cette seule localité quatre personnes ont été tuées et une arrêtée mercredi à l’issue d’échanges de coups de feu entre les forces de sécurité et des personnes retranchées dans une habitation en construction. Le bilan publié jeudi s’ajoute aux deux tués annoncés au lendemain de la fusillade du 23 décembre, au cours de laquelle deux policiers avaient été blessés et deux «criminels» arrêtés, selon la Tap. Ces annonces interviennent alors que l’on pouvait assister à un déploiement exceptionnel de forces de sécurité, y compris d’effectifs de la garde nationale et d’unités de l’armée, sur l’autoroute reliant Tunis au sud du pays et les hauteurs alentour.

 

La presse privée a évoqué l’incident du 23 décembre comme un fait divers relié à un trafic d’armes et de drogue, un seul quotidien de langue arabe «Assarih» ayant laissé entendre dans un commentaire qu’il pourrait s’agir de terrorisme. Aucune indication n’a été fournie de source officielle sur la nature des crimes, ni l’identité des personnes poursuivies ou arrêtées. «Les investigations préliminaires indiquent que les éléments de ce groupe sont de dangereux criminels recherchés», avait indiqué la Tap à l’issue de l’accrochage du 23 décembre dernier, sans préciser la nature de leurs crimes, ni les circonstances de la fusillade.

 

Toujours sur le plan sécuritaire, au Maroc, les services de sécurité ont arrêté jeudi 26 Marocains, membres présumés d’une «structure terroriste» recrutant des volontaires pour l’Irak. Les services de police ont précisé avoir «démantelé une structure terroriste aux ramifications internationales, spécialisée dans le recrutement et l’acheminement de volontaires vers l’Irak».

 

Selon la police marocaine, les premiers éléments de l’enquête ont révélé l’existence de liens idéologiques, de soutien financier et logistique avec des groupes de l’internationale terroriste dont Al-Qaïda, le GSPC et le Groupe islamique combattant marocain (GICM). Les interpellations se sont déroulées dans «certaines villes et localités marocaines», a indiqué la police, citée par l’agence marocaine Map. La police ne donne pas de précisions sur les lieux des arrestations. Néanmoins et selon certains journaux marocains, la police du pays avait intensifié en décembre les opérations de contrôle, d’interrogatoires et d’interpellations notamment dans le Nord, à Tanger et à Tétouan, dans le cadre de la lutte antiterroriste. Les personnes arrêtées, dont l’identité n’a pas été précisée, seront présentées à la justice conformément aux dispositions de la loi antiterroriste marocaine.

 

Djamel B.

 

(Source : Le Quotidien d’Oran (Algérie), le 6 janvier 2007)

Lien : http://www.quotidien-oran.com/

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Tunisie

L’infiltration d’islamistes est-elle à l’origine de fusillades ?

G.P.

 

Tunis annonce la mort de 12 « dangereux criminels ». De droit commun ou politiques ?

 

Que s’est-il passé en Tunisie depuis le 23 décembre, date d’une première fusillade rapportée avec une bande présumée de « dangereux criminels » ? Un grand mystère entoure ces événements qui ont connu – provisoirement ? – leur épilogue mercredi avec la mort, annoncée par l’agence de presse officielle Tap, de douze personnes et l’arrestation de quinze autres dans la localité de Slimane, à quelque 40 km au Sud de Tunis. Certaines sources infirment en effet la thèse d’une « simple » affaire de droit commun, liée à un trafic d’armes et de drogue. La question est de savoir si la Tunisie, qui a éradiqué son opposition islamiste depuis l’arrivée au pouvoir du président Zine el Abidine Ben Ali en 1987, n’a pas connu ces derniers jours sa première manifestation violente de contestation islamiste en vingt ans, hors l’attentat contre la synagogue de Djerba, le 11 avril 2002, qui avait du reste une connotation internationaliste.

 

Dans la nuit du 23 au 24 décembre donc, une fusillade entre les forces de l’ordre et de « dangereux criminels » fait deux morts et deux blessés parmi ces derniers alors que deux autres « bandits » sont arrêtés. La presse tunisienne situe l’incident dans le cadre d’une affaire de droit commun, à l’exception du quotidien arabophone « Assarih » qui suggère qu’il pourrait aussi relever du terrorisme. Mercredi 3 janvier, nouveau développement dans cette affaire : une confrontation à Slimane, localité de quelque 20 000 habitants. Entre 4h et 7h, l’intervention des forces de sécurité, notamment dans une habitation en construction, livre un plus lourd bilan : douze « dangereux criminels » sont tués, quinze sont arrêtés. Officiellement, les autorités s’en tiennent toujours à la thèse de l’affaire criminelle.

 

Mais le quotidien français « Libération » rapportait mercredi, sur foi de « sources proches du pouvoir », que des islamistes tunisiens, algériens et mauritaniens venus d’un sanctuaire en Algérie étaient à l’origine de la fusillade du 23 décembre. Si cette thèse se confirmait, elle ébranlerait un pouvoir dont les dérives autocratiques sont souvent regardées, par la communauté internationale, comme un moindre mal en regard du péril islamiste, qui a notamment frappé l’Algérie voisine.

 

(Source : La Libre Belgique (Bruxelles), le 5 janvier 2007)

Lien : http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=83&art_id=324013

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Opération coup de poing en Tunisie

 

Les forces de police tunisiennes ont mis fin, mercredi, à la traque qu’ils ont lancée contre un «groupe de criminels» en fuite depuis un premier affrontement.

 

La traque lancée par les forces de l’ordre tunisiennes contre un «groupe de criminels» s’est achevée mercredi après-midi par un accrochage entre la police tunisienne et les membres du «groupe criminel», a rapporté l’agence TAP, qui cite une «source officielle au ministère de l’Intérieur». Cet accrochage a eu lieu dans la ville de Soliman, à moins de 40 Km de Tunis, d’après les témoins oculaires de l’attaque.

 

Cette chasse à l’homme a commencé il y a dix jours par les forces de sécurité tunisiennes contre un «groupe de dangereux criminels recherchés ». L’opération a nécessité un déploiement sécuritaire impressionnant, notamment l’aide de quelques unités de l’armée tunisienne. Selon les personnes qui étaient là, les forces de police tunisiennes sont intervenues en force. Ils affirment également que les forces tunisiennes ont été obligées d’utiliser les armes lourdes pour déloger le « groupe de criminel» en fuite qui était réfugié dans une maison abandonnée.

 

Cette attaque a occasionné 12 morts parmi les membres du «groupe de criminels» et l’arrestation de 15 autres, selon la même source.

 

L’échange de tirs entre les forces de l’ordre tunisiennes et les membres du groupe criminel a duré toute la journée. Les déclarations des autorités tunisiennes ne donnent aucune information concernant la nature des «criminels». En revanche la presse tunisienne avance deux hypothèses.

 

Selon les journaux «Achourouk» et «Le Quotidien», le «groupe de criminels » ainsi qualifié par les autorités tunisiennes serait des «trafiquants de drogue» en relation avec un réseau international. Alors que le journal «Assarih» publie que les «criminels» seraient en réalité des «terroristes  apparentés à des salafistes».

 

Rappelons que les mêmes membres de ce «groupe» étaient traqués depuis le 23 décembre dernier. A cette date, la localité d’Hammam-lif, à la banlieue sud de la capitale tunisienne, a connu un premier accrochage entre quelques éléments du «groupe de criminels».

 

Lors de cette opération, deux éléments du groupe ont été abattus et deux autres arrêtés tandis que deux agents des forces de l’ordre tunisiennes ont été blessés, dont l’un grièvement. Après cet incident, les forces de l’ordre avaient multiplié les points de contrôle dans la capitale et dans sa banlieue. La suite a donné raison aux policiers tunisiens puisque l’affrontement final avec les «criminels en fuite» avait eu lieu près de Tunis.

 

Al-Qaïda étend son bras à la Tunisie

 

La cour d’appel de Tunis a confirmé, le 18 décembre dernier, la condamnation à vingt ans de prison prononcée contre le complice tunisien de l’auteur de l’attentat perpétré contre une synagogue de Djerba en 2002. Il s’agissait de Belgacem Naouar oncle de Nizar Naouar l’auteur de l’attentat. Il était accusé d’avoir aidé celui-ci à installer une citerne de gaz sur un camion qui avait explosé le 11 avril 2002 devant la synagogue de la Ghriba dans l’île de Djerba, le plus ancien lieu de culte juif en Afrique, visité par de nombreux touristes. L’attentat, qui avait été revendiqué par la nébuleuse terroriste Al Qaïda d’Oussama Ben Laden, avait fait vingt et un morts (quatorze touristes allemands, cinq Tunisiens et deux Français).

 

Par : Sanaa Tamssnaoui (Avec agences)

 

(Source : « Aujourd’hui le Maroc », le Le 5 janvier 2007)

Lien : http://www.aujourdhui.ma/international-details51393.html


Le prix du thé à la menthe

Par : Cioran

 

 

Les évènements qui secouent la Tunisie en ce moment révèlent au grand jour l’alchimie qui réunit une dictature sans concessions et une obéissance et une soumission populaire sans nuances. Le cas tunisien est surprenant à plus d’un titre. Un régime dur qui bafoue et qui confisque au quotidien la liberté et la dignité du peuple, souvent avec le consentement et la bénédiction de ce dernier.

 

Surprenant est le cas Tunisien parce que c’est l’un des pays qui après son indépendance a misé sur l’instruction et sur l’émancipation de la femme. Il a combattu l’archaïsme des traditions et s’est engagé avec des pas fermes dans la modernité conciliant tant bien que mal entre ouverture sur les valeurs européennes, celles de son ancien bourreau, et attachement aux valeurs de l’islam, même si en cette matière il avait une conception assez singulière de la religion. La Tunisie avait ainsi le viatique nécessaire pour franchir la porte du panthéon de la démocratie et des libertés. Mais force est de constater que  ce pays fascinant jadis et inquiétant aujourd’hui s’est immobilisé depuis cinquante ans dans le vestibule du panthéon. Cinquante ans faisant antichambre à la démocratie et à la liberté.

 

Pourquoi la Tunisie n’arrive t-elle pas à franchir la porte ?

 

La montée de la violence dans les années quatre vingt et les évènements que nous vivons aujourd’hui donnent une piste de réflexion intéressante pour comprendre la subtilité du cas tunisien.

 

Après le putch contre Bourguiba et le climat d’insécurité qui régnait à cause de la menace islamiste, le peuple tunisien uni dans son malheur a fait front commun toute sensibilités idéologiques confondues derrière le nouveau samouraï, le général Ben Ali. Ce dernier reçu un blanc seing pour rétablir l’ordre et le calme dans un pays scandalisé à l’idée de connaître le sort de son voisin algérien. Avec une efficacité implacable le samouraï ramena la quiétude et la vie paisible aux tunisiens, ces derniers en étaient contents ils ne demandaient pas plus. D’aucun ne s’est inquiété des méthodes employées pour arriver à contenir les menaces réelles et prétendues qui pesaient sur le pays et des conséquences que cela pouvait induire.

 

Seule la paix et la sécurité comptaient. Le Tunisien semble attaché plus que tout au thé à la menthe qu’il aime siroter paisiblement sur la terrasse d’un café, aux matchs de foot dont il se délecte chaque dimanche en partageant quelques bonnes bouteilles de Celtia bien frappées et surtout à l’ after qui le conduira à la discothèque où musique techno, danse salace et les tumultes de la vie de la nuit l’attendent.

 

Pendant ce temps, la police grossit sas rangs et étend ses prérogatives sous l’œil approbateur du peuple qui ne tarit pas d’éloges leur efficacité à toute épreuve. Pendant ce temps là, la machine de la justice entame sa course folle de parodies de procès, de jugements iniques, d’exécution en peloton à tout va et l’intrusion des juges véreux. Tel est le résultat de ce deal avec le diable dans lequel les Tunisiens avaient troqué leurs libertés contre la sécurité et la stabilité, la liberté contre le thé à la mente sur la terrasse d’un café.

 

Rebelote,  aujourd’hui !! Le spectre de la violence réapparaît et dans le black out médiatique les rumeurs les plus folles et les scénarios les plus noirs circulent comme une traînée de poudre. Le samouraï qu’on croyait rouillé par les années de stabilité se remet en selle et le peuple encore une fois lui remet un blanc seing pour étouffer davantage les libertés.

 

La sauce de la démocratie libérale ne prendra jamais tant que le souci de la sécurité l’emportera sur la volonté du peuple de disposer de lui-même. Nous sommes hélas loin du compte et quand j’entends louer les services de police de Ben Ali alors que plus de trois cent jeunes croupissent en prison pour des crimes qu’ils n’ont pas commis ce sentiment se renforce encore plus.

 

6 janvier 2007


 

 

Interview

Maya Jribi S.G. du PDP

UNE MILITANTE CONVAINCUE ET DETERMINEE

Par Néjib SASSI

 

«Pour la consolidation de la ligne politique du parti»

 

A première vue, elle paraît frêle et fragile. Mais quand elle parle, Maya Jribi, la première femme tunisienne secrétaire générale d’un parti politique, dégage une imposante force de caractère et de sincérité de la vraie militante convaincue et déterminée. Elle s’exprime dans un langage clair et limpide qui s’appuie sur des arguments solides, fruit d’un longue expérience politique. Des atouts qui lui ont valu de succéder à M. Néjib Chebbi à la tête du Parti Démocratique Progressiste (PDP).

Originaire de Tataouine, elle est née en 1960 à Tunis. Elle passe ses études primaires et secondaires à Radès, avant de reprendre le chemin du Sud du pays, où elle s’inscrit à la faculté des sciences de Sfax. Là, elle milite dans un mouvement estudiantin de gauche et devient membre actif de la section locale de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme, au début des années 80.

De retour à Tunis en 1983, tout en travaillant à l’UNICEF, elle devient journaliste à l’’hebdomadaire politique «Er-Raï» et participe, avec Néjib Chebbi et d’autres militants, à la création du Rassemblement Socialiste Progressiste (RSP) qui devient en 2001 le PDP. Depuis 1986, et jusqu’a son élection au poste de secrétaie général, elle est membre du bureau politique du parti. Maya Jribi est directrice général d’un bureau d’études privé.

Après Louiza Hanoun,secrétaire générale du Parti des Travailleurs Algériens, Maya Jribi, élue, le 24 décembre dernier, à la tête du Parti Démocratique Progressiste (PDP), est la deuxième à occuper ce poste au Maghreb et dans le monde arabe.

Elle a bien voulu  nous accorder l’interview suivante.

 

Succéder à Néjib Chebbi, est-ce une tâche facile ?

La vie et l’action politiques ne sont pas faciles étant donné la situation et la marge d’activités limitée. Ce n’est pas facile, mais la succession s’inscrit, au PDP, dans le cadre de l’alternance. Nous avions toujours milité pour l’alternance à tous les niveaux, c’est donc normal qu’on commence par l’appliquer chez nous. A ce titre je crois que la succession est une manière d’assumer sa responsabilité envers le parti. Ce n’est pas la question de savoir si c’est facile ou non, c’est une question de devoir.

 

Mais cette succession va-t-elle apporter des changements au sein du parti, ou s’inscrit-elle dans la continuité ?

Ce nouveau mandat du PDP s’inscrit dans la continuité. Le programme politique du parti, approuvé, après un débat très animé, par le congrès, prône la consolidation de la ligne politique du parti, qui revendique la libéralisation de la vie politique. Nos revendications essentielles en ce sens sont le droit d’association, la liberté de la presse et l’amnistie générale.

 

Ces revendications vous les partagez avec d’autres formations et notamment ceux appartenant à la mouvance islamiste. Est-ce normal que le PDP, un parti de gauche, noue une alliance avec des éléments de cette mouvance que beaucoup classent plutôt à droite ? N’est-ce pas une alliance contre nature ?

Non, c’est un des principes de l’action politique : pour être efficace, il faut s’unir. Ce n’est pas une alliance, c’est un pacte conclu sur des revendications précises et urgentes. On a entamé un débat de fonds avec les parties concernées. Les revendications qui nous unissent sont le droit à l’organisation, la liberté de la presse et l’amnistie générale, c’est un pacte que nous avions conclu et nous travaillons pour établir à partir de ce noyau, un programme politique.

 

Pensez-vous que votre élection à la tête du PDP va renouer le dialogue avec les autorités ?

Nous avons toujours été pour le dialogue et nous avons toujours tendu la main. Mais nous sommes pour un dialogue qui tienne compte de nos principes, de nos revendications et de nos spécificités.

 

M. Néjib Chebbi a été choisi par les congressistes au poste de délégué du parti pour les relations extérieures et politiques.  Ne va-t-il pas piétiner sur vos prérogatives ?

Absolument pas. Je vais assumer totalement mes responsabilités à la tête du parti. Les congressistes ont tenu à rendre un hommage à Néjib Chebbi pour son apport au parti et au pays. Nous lui devons beaucoup, et ce poste de délégué aux relations internationales et politiques, lui convient tout à fait, de par sa grande expérience. Cela n’a rien à voir avec le poste de secrétaire général. C’est une fonction spécifique.

 

Comment avez-vous ressenti ce qu’on a fait subir à Saddam ?

C’est un crime barbare qui, en plus, a été commis le jour de l’Aïd. C’est une absence totale de valeurs et une nouvelle agression visant à humilier les Musulmans. Mais ce crime ne va pas arrêter la résistance irakienne.

 

(Source : « le Journal » (hebdomadaire électronique tunisien), N° 56, le 6 janvier 2007)

Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=1038&gpl=56

 


 

 Une Algérienne se suicide après la pendaison de Saddam Hussein

 

Une Oranaise de 35 ans s¹est suicidée de chagrin en se jetant du 3e étage à la suite de l¹exécution par pendaison de l¹ancien président irakien Saddam Hussein, rapporte AP citant sa famille.

 

La jeune femme, identifiée par ses seules initiales A.C, avait été «traumatisée par les images de la pendaison» de l¹ex-chef d¹Etat irakien diffusées en boucle samedi et dimanche par des télévisions satellitaires arabes, a affirmé un proche qui a requis l¹anonymat.

 

«Elle était dans un état dépressif et n¹avait pas mangé» depuis l¹exécution samedi de Saddam Hussein, a-t-il ajouté. «Elle s¹est jetée mardi du 3e étage de l¹appartement de ses parents dans le quartier populaire de Yaghmourassen» (Oran), a-t-il précisé.

 

Grièvement blessée au bassin et aux membres, elle est morte lors de son admission à l¹hôpital, a ajouté la source.

 

Par ailleurs, selon le quotidien arabophone Sawt Al-Ahrar, plusieurs nouveau-nés de la région d¹El-Oued (sud algérien) ont été baptisés du nom de l¹ancien président irakien supplicié «en hommage au défunt leader arabe».

 

Le comité local de soutien au peuple irakien a organisé une veillée de condoléances à la mémoire de Saddam Hussein, selon cette source.

 

Selon un autre quotidien arabophone, Ech-Chourouk, en apprenant l¹exécution de Saddam Hussein, un Algérien de la région de Chlef (ouest) a «affranchi le mouton qu¹il devait sacrifier pour l¹Aïd, aux cris de «ce n¹est pas un jour pour fêter l¹Aïd par des sacrifices» (de fête)».

 

Ech-Chourouk a annoncé qu¹il allait offrir très prochainement à ses 150.000 lecteurs un poster du chef de l¹Etat irakien «afin de perpétuer le souvenir du leader défunt», a-t-il précisé.

 

El Khabar rapporte de son côté qu¹un commerçant d¹Oum El-Bouaghi (est) a transformé son magasin en salon de condoléances affichant sur la devanture une banderole sur laquelle on pouvait lire: «Algérien libre et fier, l¹exécution de M. le président Saddam Hussein est un assassinat de la dignité de la nation arabo-islamique».

 

(Source : le journal « Al Bayane » (Maroc), le 5 janvier 2007)


 

Pendaison de Saddam

QUI SEME LE VENT RECOLTE LA TEMPETE

Par Hmida BEN ROMDHANE

 

Décidément, rien de ce que font Bush et ses collaborateurs en Irak ne réussit. Ils n’ont même pas été capables d’exécuter un homme qu’ils ont condamné à mort après une parodie de justice sans provoquer de scandale. De l’arrestation de Saddam le 12 décembre 2003 à sa pendaison le 31 décembre 2006, l’administration américaine et ses collaborateurs en Irak n’ont fait que multiplier les abus. Ils étaient aveuglés par la haine profonde qu’ils témoignaient envers l’homme qu’ils tenaient prisonnier et, par conséquent, ils n’étaient pas en mesure de faire la différence entre les sentiments personnels et les devoirs d’une puissance occupante et du gouvernement local à sa solde.

 

D’abord l’arrestation. Le 12 décembre 2003, les forces d’occupation américaines s’étaient livrées à une mise en scène malsaine dès les premières minutes de la capture de l’ancien président. Ils ont présenté l’homme devant les caméras en clochard qui ressemblait plus à Jean Valjean après son arrestation par l’inspecteur Javert qu’à un ancien président. Les lois de la guerre, les Conventions de Genève et les devoirs de la puissance occupante imposent le strict respect des prisonniers de guerre en fonction de leur grade. Un général ne peut pas être traité comme un simple soldat ni un président comme n’importe quel criminel ou bandit. Ils ont droit au respect dû à leurs fonctions antérieures indépendamment des abus et des crimes dont ils sont accusés. Une puissance occupante qui se respecte et qui respecte ses engagements envers les Conventions de Genève qu’elle a signées depuis plus de cinquante ans, se serait abstenue de présenter son prisonnier dans l’état où elle l’a capturé si son but n’était pas d’humilier l’homme et ses partisans, et de donner libre cours à l’assouvissement des désirs de vengeance. La mise en seine a tourné à la farce quand les forces d’occupation ont tenté de maquiller cette violation des Conventions de Genève en une attitude «humanitaire» en faisant consulter devant les caméras la dentition de leur prisonnier par un dentiste de l’armée américaine.

 

On ne sait pas grand-chose des conditions de détention de l’ancien président irakien dans la base américaine de Camp Cropper, près de l’aéroport de Bagdad, sinon qu’il fut détenu dans l’isolement, que le Comité International de la Croix Rouge le visitait de temps en temps, qu’il pouvait fumer ses cigares et lire et que, pendant ses rares moments de sortie de sa cellule, il nourrissait les oiseaux avec des miettes de pain et arrosait les plantes, selon les confidences du médecin américain chargé par les forces d’occupation de «maintenir Saddam en vie coûte que coûte».

 

 Ensuite le procès. C’était plutôt une parodie de justice qu’un procès digne de ce nom et respectueux des procédures, des lois et des droits des accusés. Le premier président du tribunal, le Kurde, Rizgar Amine, a été forcé de démissionner parce qu’il n’a pas été suffisamment dur avec les accusés, qu’il respectait leurs droits et leur donnait le temps nécessaire pour s’exprimer et se défendre. Celui qui l’a remplacé était aussi un Kurde, mais cette fois, les metteurs en scène ont choisi le «bon juge», celui qui s’est montré arrogant, impitoyable et très peu tolérant avec les accusés, et en particulier avec Saddam. Son comportement n’était guère étonnant puisque ce juge était originaire de Halabja, «la ville martyr», et qu’il était condamné à deux reprises à perpétuité au temps de Saddam.

 

Ce juge avait une revanche à prendre et il ne s’en était pas privé. Il a également été l’instrument par lequel les metteurs en scène du procès, Américains et gouvernement chiite de Nouri al-Maliki, se sont vengés. Le juge se comportait en tyran, bafouant toutes les règles de procédure et violant tous les droits des accusés et de la défense qu’il expulsait très fréquemment de la salle d’audience quand bon lui semblait.

 

La condamnation à mort n’a étonné personne. Mais l’on croyait naïvement que Saddam n’allait pas être exécuté par ce qu’il était déjà accusé dans le second procès, déjà en cours, et qui traitait l’affaire du bombardement des Kurdes par des armes chimiques. Toujours naïvement, on croyait que Saddam allait être condamné une seconde fois à mort, mais qu’il ne sera pas exécuté là aussi pace qu’il y’aura d’autres procès qui lui seront intentés, comme par exemple l’invasion du Koweït et la guerre Iran-Irak.

 

Beaucoup de journalistes commençaient même à saliver à l’idée des révélations que pourrait faire Saddam sur les vraies raisons qui l’avaient poussé vers l’occupation du Koweït, sur ses entretiens avec l’ambassadrice américaine, April Glaspie, qui servait à Bagdad en ces temps troublés. Beaucoup de journalistes commençaient même à se frotter les mains à l’idée des révélations que pourrait faire Saddam sur les raisons qui l’ont amené à s’engager dans la guerre contre l’Iran en septembre 1980, sur les puissances qui l’avaient encouragé, les compagnies occidentales qui lui avaient vendu des armes de toutes sortes, y compris les armes chimiques avec lesquelles les Kurdes de Halabja auraient été bombardés, ou encore sur la rencontre qu’il avait eu avec ce Donald Rumsfeld que l’ancien président américain, Ronald Reagan, avait envoyé à Bagdad en 1983.   

 

Non, on ne saura rien de tout ça, parce que les metteurs en scène s’étaient contentés d’un seul procès, le moins embarrassant et le moins important, celui de l’affaire de Doujail, du nom de cette ville où Saddam était la cible d’une tentative d’attentat à la suite de laquelle un certain nombre d’habitants ont été condamnés à mort par le régime baathiste. Saddam a donc été condamné à mort pour avoir réagi contre ceux qui ont failli le tuer dix neuf ans plus tôt, et l’appel interjeté par ses avocats rejeté.

 

Enfin l’exécution. Dans son arrêt rejetant l’appel, la cour du même nom a donné au gouvernement irakien un délai d’un mois pour exécuter la sentence. Il restait alors quatre ou cinq jours pour l’Aïd Al Idha. L’occasion était trop belle pour les revanchards pour être ratée. Ils commencèrent aussitôt, face à un monde incrédule, leurs préparatifs pour faire coïncider l’exécution avec la fête de l’Aïd. Pour le faire, il fallait une quantité de haine et de rancœur si immense qu’on a de la peine à croire qu’un cœur humain puisse la contenir. Pour les revanchards, choquer un milliard de Musulmans a peu d’importance face au désir malsain de se venger d’un vieillard qui a déjà payé lourdement ses erreurs.

Mais pendre Saddam le jour de l’Aïd ne semblait pas assez suffisant pour ces gens. Il fallait aussi qu’ils aillent le provoquer au moment où il a la corde au cou. Qu’ils lui troublent l’ultime minute de sa vie en le maudissant et en criant «au diable» à un homme qui récitait sa profession de foi. Le bourreau a ouvert la trappe sans même laisser le temps au condamné de terminer la récitation de sa profession de foi. Son cou s’est brisé sous les «hourras» et les cris de joie de hooligans dont on ne sait ni qui ils sont, ni ce qu’ils faisaient dans cet endroit, ni qui les a envoyés, ni qui les a laissé entrer…

 

Le jour de l’Aïd est une occasion pour pardonner et se réconcilier. Les revanchards ont choisi d’en faire une occasion d’approfondissement des divisions ethniques et d’exacerbation des haines entre chiites et sunnites. Ils ont joué à fond les apprentis sorciers. Ils ont choisi de continuer à semer le vent, ils continueront à récolter la tempête.

 

(Source : « le Journal » (hebdomadaire électronique tunisien), N° 56, le 6 janvier 2007)

Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=1034


 

REACTIONS EN TUNISIE

 

Position officielle de la Tunisie

Le ministère des Affaires étrangères a rendu publique, samedi 30 décembre, la déclaration suivante : «A la suite de l’exécution de l’ancien président irakien, Saddam Hussein, la Tunisie exprime son profond regret que cette exécution ait eu lieu le jour de l’Aïd el Idha.

La Tunisie considère que l’application de cette sentence, en ce jour, est une grave atteinte aux sentiments des peuples musulmans, au moment où ils célèbrent une fête religieuse sacrée.

Tout en réaffirmant la nécessité de préserver l’unité, l’intégrité et la stabilité de l’Irak, la Tunisie forme l’espoir que cette exécution n’entraînera pas une escalade de la tension et de la violence et que le peuple irakien frère parviendra à réaliser la réconciliation nationale, dans le cadre de l’entente et de la concorde.»

 

Le Parti de l’Unité Populaire : «Une provocation à l’égard de ceux qui ont foi en la paix»

Le Parti de l’Unité Populaire (PUP) a rendu public, mardi 2 janvier, un communiqué dans lequel il fait part de sa «consternation et profond mécontentement suite à l’exécution du Président légitime Saddam Hussein par l’administration américaine avec la complicité de ceux qu’elle a placés à la tête de l’Irak».

L’exécution, ajoute le PUP, qui coïncide avec la célébration de l’Aïd El-Idha et de la naissance du Christ constitue une provocation à l’égard de ceux qui ont foi en la paix et en le dialogue des civilisations afin de dépasser les relations de domination et d’instaurer une plateforme de nature à éliminer toutes les formes d’ostracisme et d’extrémisme.

Tout en se recueillant, lit-on dans le communiqué, à la mémoire du martyr et de tous les Irakiens qui sont tombés sur le champ d’honneur, pour contrecarrer les plans américain, sioniste et iranien visant la division de l’Irak, l’exploitation de ses richesses et la mise en place de cantons ethniques, le PUP considère également que l’exécution de Saddam est un nouvel indicateur que le projet américain s’embourbe dans la région, sous le couvert de la démocratie qui ne cache plus le désordre et la gabegie qui prévalent en Irak.

Le PUP formule enfin l’espoir que les Irakiens dépasseront cette étape douloureuse pour un programme national qui libérera le pays de l’occupation.

 

UDU : un crime ignoble marquant le martyr de Saddam

Dans un communiqué rendu public, mercredi 3 janvier, l’Union démocratique unioniste (UDU) développe sa position quant à la pendaison de l’ancien président irakien Saddam Hussein le jour de l’Aïd, estimant à ce propos que cet acte indigne fait de Saddam un martyr dont la mort illuminera la voie devant mener à la libération de l’Irak arabe. L’UDU précise que la pendaison de Saddam constitue bel et bien un crime ignoble dont les commanditaires endossent l’entière responsabilité devant l’Histoire, appelant le peuple irakien à appuyer la résistance héroïque et provoquer l’échec des menées visant l’instauration d’une guerre civile à dominante confessionnelle. L’objectif demeurera, conclut l’UDU, de se mobiliser, partis et forces vives, afin de soutenir la résistance pour libérer le pays.

 

Le parti des Verts pour le Progrès : une provocation et une atteinte aux sentiments des peuples musulmans et arabes

Le bureau politique du Parti des Verts pour le Progrès (PVP) a tenu, dimanche 31 décembre, une réunion extraordinaire au siège du parti, à Tunis, sous la présidence de M. Mongi Khamassi, secrétaire général du parti.

Le parti a exprimé son profond regret que l’exécution de l’ancien président irakien, Saddam Hussein, ait eu lieu le jour de l’Aïd El-Idha, considérant que l’application de cette sentence, le jour d’une fête religieuse, est une provocation et une grave atteinte aux sentiments des peuples musulmans et arabes.

 

Les Syndicats tunisiens : Rassemblement ouvrier imposant à la Place Mohamed Ali

Un grand rassemblement ouvrier a été organisé, mardi 2 janvier, à la Place Mohamed Ali à l’initiative des syndicats de l’enseignement en signe de contestation de l’exécution de l’ancien président irakien Saddam Husseïn.

Certains membres du Bureau exécutif de l’UGTT comme Moncef Ezzahi, Mouldi Jendoubi et Mohamed Trabelsi ainsi que de nombreux représentants des partis d’oppositions et des organisations non gouvernementales ont également participé à ce rassemblement qui a pris les allures d’une cérémonie de condoléances.

Des slogans contestant l’acte barbare et réaffirmant le soutien à la résistance irakienne et au parti «Baâth» ont été scandés à cette occasion. De nombreux portraits du Raïs et des drapeaux irakiens ont flotté partout.

Prenant la parole, Moncef Ezzahi, membre du Bureau exécutif et ancien secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base qui regroupe la majorité des courants d’obédience nationaliste arabe a indiqué que le rassemblement n’est que «le début d’une série d’activités visant à condamner l’assassinat politique du président irakien». Il a également annoncé qu’un registre de condoléances sera ouvert aux syndicalistes jusqu’à vendredi.

Les syndicalistes ont ensuite récité la «Fatiha» à la mémoire du président irakien avant de présenter les condoléances à son avocat Me Ahmed Seddik. Ce  dernier a précisé dans son allocution que «Saddam Husseïn est mort en martyr alors que les principes auxquels il croyait dur comme fer ne mourront jamais dans les cœurs des militants sincères pour la liberté». L’avocat tunisien de Saddam a signalé en outre que le président irakien qui a sacrifié sa vie et celle de ses deux fils sur l’autel de la liberté restera à jamais le symbole de la résistance et l’incarnation de la conscience de la nation arabe meurtrie.

La cérémonie de condoléances s’est achevée par des slogans dans lesquels les travailleurs promettent à Saddam de continuer son combat contre l’impérialisme et l’occupation…

 

Association tunisienne des jeunes avocats : «Une exécution qui constitue une humiliation pour les Arabes et les musulmans»

Suite à l’exécution par pendaison de l’ancien président irakien, Saddam Hussein, le comité directeur de l’Association tunisienne des jeunes avocats, réuni, mardi 2 janvier, au Palais de justice à Tunis, a publié un communiqué dans lequel l’Association :

– Condamne énergiquement la décision politique d’exécution qui a été prise par les forces d’occupation américaines et soutenues par les complicités ethniques,

– Dénonce les actes qui ont accompagné l’exécution politique, à savoir les slogans sectaires qui dénotent la rancune et la vengeance et confirment que le procès n’a été que l’affirmation de cette vengeance politique loin des critères internationaux auxquels doit répondre un procès équitable garantissant les droits de l’homme les plus élémentaires, ainsi que ceux de la défense,

– Considère que l’exécution expéditive du jugement le jour de l’Aïd El-Idha constitue un véritable mépris pour les sentiments des Arabes et des musulmans et une humiliation à leur égard.

 

Me Abdelwahab El Béhi, membre de la Chambre des Conseillers, ancien bâtonnier et militant des droits de l’homme : «Une humiliation pour les peuples arabo-musulmans»

«L’exécution de la sentence contre l’ancien président irakien Saddam Hussein est une agression non seulement contre l’ordre public juridique, mais également et surtout contre l’ordre public moral. (…)

En effet, le fait d’exécuter la pendaison contre un musulman dans un pays musulman lors d’une fête religieuse musulmane sacrée est une atteinte délibérée aux sentiments des musulmans. C’est une honte pour ceux qui l’ont commise et une humiliation pour les peuples arabo-musulmans. Et je suis persuadé que des musulmans ne prendraient pas une décision pareille qui aurait été, probablement, dictée par des forces étrangères.

Nonobstant le cadre juridique du procès et de la sentence, il y a lieu de souligner que l’exécution de la sentence ne revêtait aucun caractère urgent. Elle ne peut que contribuer, malheureusement, à davantage de déstabilisation de l’Irak. Et c’est ainsi qu’on apprécie la sagesse de la position tunisienne à sa juste valeur dans le sens où elle prône la réconciliation nationale, l’entente et la concorde en Irak.»

 

M. Mondher Thabet, S. G du Parti Social Libéral (PSL) : «La sécurité arabe est gravement menacée»

«Le Parti social libéral appelle la Ligue des Etats arabes et les gouvernements du monde arabe à se mobiliser pour prendre part au règlement du conflit irakien et œuvrer énergiquement à l’arrêt du génocide perpétré contre des citoyens innocents.

La situation est grave et la sécurité arabe est gravement menacée.»

 

M. Mongi Khammassi, S.G. du Parti des verts pour le progrès (PVP) : «Saddam pendu, l’Irak, lui survit et survivra»

«Le Parti des verts pour le progrès ne peut qu’exprimer sa profonde indignation face au timing d’exécution de Saddam Hussein qui a eu lieu à l’aube d’un jour de fête sacrée pour toute la nation arabe et musulmane. (…)

Le PVP s’indigne que la sentence ait eu lieu au moment où l’Irak est encore occupé, renforçant par là même la thèse de la politisation du procès et du jugement émis contre Saddam. Le PVP s’indigne, aussi, que l’humanité ait accueilli, à la veille de l’année 2007, cette exécution avec indifférence et que les démocraties occidentales tolèrent la peine capitale par pendaison, une pratique condamnée, prohibée et bannie dans plus d’un pays depuis plus d’une décennie.

Le PVP appelle, incessamment, chiites et sunnites à dépasser les clivages internes et à instaurer un climat de réconciliation pour concrétiser l’unité nationale. Saddam pendu, l’Irak, lui survit et survivra. Nous le souhaitons.»

 

M. Thameur Idriss, député et membre du BP d’Ettajdid : «Contraire à toute éthique morale»

«La pendaison de l’ancien président irakien Saddam Hussein est un événement et un nouveau crime commis contre l’Irak. Et l’exécution de la sentence le jour-même de l’Aïd El-Idha est une volonté délibérée de la part de l’administration américaine d’humilier toute la nation arabe et musulmane, à savoir près d’un milliard 300 millions de personnes. Et c’est une grande honte.

(..) C’est une exécution contraire à toute éthique morale.»

 

(Source : « le Journal » (hebdomadaire électronique tunisien), N° 56, le 6 janvier 2007)

Lien : http://www.gplcom.com/journal/fr/article.php?article=1042

 


LES TUNISIENS DE QOM….

RAPPEL UTILE DU TEMOIGNAGE EXCLUSIF (PASSE INAPERCU) DE SAMI BEN GHARBIA DANS SON LIVRE INTITULE « Borj Erroumi XL » PUBLIE DEPUIS QUELQUES ANNEES SUR LE WEB SUR NOS JEUNES CONCITOYENS QUI ONT VECU ET ETUDIE AU COURS DES ANNEES 90 A LA VILLE SAINTE (POUR LES CHIITES) DE QOM EN IRAN.

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Après avoir passé deux semaines à Téhéran, comme ils l’avaient programmé, ils s’étaient rendus à Qom chez l’un de leurs amis tunisiens afin d’entamer la longue et très bureaucratique procédure d’inscription au centre des études islamiques (al-Hawza al-‘Ilmiyya). Leur ami, un père de famille dont deux des enfants étaient nés en cette ville chiite, leur avait réservé son vaste sous-sol comme lieu de résidence temporaire. Chamseddine et Halim comptaient rester deux ou trois semaines, le temps de s’inscrire et d’accéder à une chambre au foyer du joyau des écoles de Qom, la très moderne et la coquette Hawazat al-Imam Khomeyni accueillant principalement des étudiants étrangers venus des quatre coins du monde.

Or, pendant ce temps, l’Iran était en train de changer, et la volonté du régime Khatami d’instaurer un état de droit, de faire respecter les lois ainsi que son grand souci de normaliser les relations de son pays avec le reste du monde, surtout avec les pays arabes, avait influencé la vie iranienne y compris celle des résidents étrangers ou des nouveaux venus. Dans la foulée de ce changement, le centre des études théologiques n’était pas resté à l’abri car pour s’inscrire il fallait désormais présenter, avec le dossier, une attestation délivrée par l’ambassade tunisienne certifiant la régularité de la résidence en Iran du requérant. Chose qu’il était impossible d’obtenir surtout pour des Tunisiens en fuite. La procédure de l’admission soumettait aussi le demandeur à une entrevue avec des mollahs, responsables au sein du bureau de l’admission du centre, portant sur des sujets variés, allant des informations personnelles jusqu’aux circonstances relatives à la conversion de l’intéressé au chiisme duodécimain. Il n’était pas souhaitable, par exemple, de citer les livres d’Ali Chariati comme références ayant eu un rôle dans le processus de conversion au chiisme, car il était considéré par les plus conservateurs des mollahs qui dominent Qom, comme un intellectuel laïc au style occidentalisé.

Beaucoup de facteurs, y compris politiques, notamment la fuite des jeunes Tunisiens de leur pays et les problèmes politiques causés par leur dernier voyage en Iran, contribuèrent à ce que leur demande d’inscription soit rejetée sans aucun recours. Le mobile du rejet avancé par l’administration était l’âge ‘avancé’ des requérants : nos amis avaient trente ans. Un motif risible, surtout dans cette ville d’études où les vieillards constituaient une bonne partie du corps des étudiants et où les étrangers étaient inscrits sans tenir compte de leur âge ou de leur situation familiale et sensibilité idéologique. Ce qui fut déterminant fut d’avoir cité Ali Chariati lors de leur entretien, quant à leur dossier, auquel manquait l’attestation consulaire, il poserait un casse-tête pour un Iran en quête d’une ‘pacification’ de ses liaisons avec le monde arabe qui souvent l’accuse de servir de refuge aux islamistes en fuite.

La situation des Tunisiens résidant en Iran est l’une des plus dramatiques et des plus représentatives, au Machrek, de la stratégie du régime tunisien à soumettre la citoyenneté aux aléas politiques. Bien que leur nombre n’a presque jamais dépassé la douzaine et que dans leur quasi-totalité il s’agissait exclusivement d’étudiants dans le centre théologique de Qom ou à l’université de Téhéran, le régime tunisien, par le biais de son ambassade à Téhéran, n’a jamais cessé de manier le bâton et la carotte pour les maintenir sous sa tutelle. Craignant, à tort ou à raison, que leur conversion au chiisme ne les pousse à adhérer à l’idéologie du régime iranien, dont les rapports avec la Tunisie n’étaient jamais idylliques, le personnel de l’ambassade de la Tunisie avait recours à toute une panoplie de moyen pour forcer les résidents tunisiens à fournir le maximum d’informations sur leurs activités en Iran, sur celles des chiites en Tunisie, sur leur nombre et sur la nature de leur engagement politique. Conscient que le phénomène du chiisme en Tunisie est extrêmement limité voire insignifiant pour influencer le pays, le régime essaye néanmoins de suivre son évolution surtout dans son fief iranien où un groupe d’étudiants tunisiens avait durant les années quatre-vingts démontré leur allégeance à l’idéologie khomeyniste voire même à l’Iran lors des attentats qui avaient alors secoué la France.

C’était alors une période marquée par la guerre du Liban, les prises d’otages, les détournements d’avions et l’arrière plan du conflit Irak-Iran quand plusieurs Tunisiens avaient pris part durant les années 1985-1986 à une série d’attentats destinés à contraindre la France à stopper son soutien militaire à Saddam Hussein. Formant un réseau dit « réseau Foued Ali Salah » ils ont été arrêté grâce aux informations d’un des leurs, Taoufik Bel Kahla alias Hicham alias Lotfi Shami, manipulé et infiltré comme ‘taupe’ par la DST contre un million de francs et un voyage aux Etat-Unis sous les auspices de la CIA [1]. Depuis cet incident les chiites tunisiens ayant résidé à Qom sont sous le coup d’un contrôle rigoureux.

De plus, l’Etat tunisien a toujours accusé l’Iran puis le Soudan de soutenir logistiquement, moralement et financièrement la version tunisienne de l’islamisme, particulièrement le mouvement de la tendance islamique (MTI) rebaptisé Annahdha. Ce qui explique en partie les tensions et les crises chroniques qu’avaient connu les relations de la Tunisie avec ces deux derniers pays. Or, depuis que le régime tunisien, après son expérience avec Annahdha, a eu la conviction que les rapports entre l’Iran et ce parti étaient inexistants vu les distances et religieuses et idéologiques qui les séparent, et après avoir aussi remarqué que les membres en fuite de ce parti ou du UGTE (Union Générale Tunisien des Etudiants- organe proche d’Annahdha) s’étaient réfugiés principalement en Europe ou s’étaient enfuis au Soudan, ses rapports avec l’Iran, surtout après l’élection du réformateur Mohammed Khatami, s’étaient sensiblement améliorés.

On a assisté depuis l’arrivée du président Khatami, qui pour faire sortir l’Iran de son isolement s’était mis à promouvoir ses relations diplomatiques avec le monde arabe, à une normalisation des relations avec la Tunisie. De multiples visites d’officiels entre les deux pays avaient eu lieu avec des signatures d’accords de coopération économique et sociale. En dépit de la divergence des visées politiques et stratégiques entre les deux pays et en dépit du fait que l’islam politique, fondement du régime iranien, soit sauvagement réprimé en Tunisie, les deux pays ont multiplié leurs efforts pour consolider leurs relations sur la base d’une politique pragmatique mise au service de leurs intérêts communs. Toutefois le régime tunisien refuse de voir ses ressortissants résider ou étudier dans un Iran perçu comme le centre le plus raffermi de l’islam politique. Il reste sur la liste noire non seulement de la Tunisie mais presque de tous les Etats arabes qui voient en lui le centre du raz de marée islamiste qui menace de les déstabiliser et d’emporter leurs régimes impopulaires.

Fidèle à sa politique purement sécuritaire basée sur le principe de la traque de ses ennemis politiques et des citoyens dissidents, principalement les islamistes, l’ambassade tunisienne s’ingénie à rendre la vie des Tunisiens en Iran impossible. Du non renouvellement des passeports périmés, au non enregistrement des mariages contractés avec des Iraniennes jusqu’à la non reconnaissance de la nationalité tunisienne pour les enfants nés en Iran, rien n’avait été épargné pour pousser les quelques Tunisiens à revenir au pays pour ‘clarifier’ et ‘régler’ leur affaire avec le ministère de l’Intérieur. Ainsi un nombre de parents tunisiens se sont vu refuser l’octroi de certificat de naissance pour leurs enfants, ce qui privait ces derniers, depuis leur jeune âge, d’une vie normale en les confrontant à la nature cruelle du régime de leur pays. Leur nationalité reste indéterminée, d’un côté, parce que l’Iran, qui se voulait islamique, n’accorde la nationalité que sur le critère non islamique du sang, le jus-sanguini, et de l’autre, la Tunisie ne l’accorde que sur les critères et les appréciations de ses services de police. Ainsi ces enfants sont condamnés à passer le reste de leur vie dans un no man’s land juridique où même leur scolarisation devient impossible dans les établissements publics de la république islamique. Ils sont obligés de faire leurs études dans les écoles construites, gérées et financées par la diaspora arabe de Qom, un affront à cette révolution qui a pourtant tout fait pour s’exporter tout en se révélant incapable d’accueillir ou d’offrir le minium de citoyenneté à ceux que l’appel révolutionnaire ou chiite avait amené au pays.

Cela ne voulait point dire que la république islamique avait définitivement tourné le dos aux étrangers qui se sont succédé à Qom pour faire d’elle, en dépit de son infrastructure archaïque et inadaptable, la première ville cosmopolite du pays. L’Iran avait toléré l’existence de milliers de clandestins, Afghans, Irakiens ou autres. Pourtant une forte volonté, à la fois officielle et sociale, de plus en plus insistante désirait alléger le poids des quelques millions de réfugiés Afghans et Irakiens sur l’économie du pays par leur simple rapatriement. L’éthique islamique, un sentiment de fraternité et de compassion avec ses opprimés chiites, qui ont cherché refuge dans le pays des chiites, ainsi que de simples calculs politiciens se rapportant à la profondeur stratégique que veut assurer l’Iran dans les communautés chiites en Irak et en Afghanistan et persophone en Tadjikistan, ont souvent retardé l’exécution de cette exigence plus ou moins populaire. Il est même arrivé que des étudiants Africains soient agressés à Qom par une jeunesse iranienne osant manifester parfois un racisme acerbe à l’encontre des Siyâh Poustân (peau noire), des Afghans et des Arabes qu’on nomme en Iran Malakh Khôr (les mangeurs de criquets).

Qom qui signifie en arabe : soulève-toi, avait encore une allure conforme aux histoires qui la décrivaient comme ayant été une ville sans aucune importance, à l’eau si salée qu’elle n’était pas potable, et évitée même par les caravanes d’autan. C’était grâce au pèlerinage vers le mausolée d’Al-Ma’sûma[2] et les quelques écoles théologiques qui avaient fleuri tout autour du mausolée que cette ville austère avait assuré sa survie. Depuis que la révolution islamique avait reformulé le rapport entre la religion et la politique en introduisant le clergé au sein de l’Etat, Qom était devenu une sorte de capitale idéologique d’où provenaient la quasi-totalité des juges, des Imams, des hommes politiques, des hauts administrateurs. Les arrivages constants d’étudiants étrangers avaient fini par faire d’elle l’unique ville cosmopolite de l’Iran où toute les races et les couleurs se réunissaient autour d’un seul objectif : l’étude, l’enseignement, la recherche et l’édition. Ainsi l’activité économique de Qom est destinée principalement à la satisfaction des besoins des pèlerins, des étudiants, des enseignants, des personnels de la Hawza Al-‘ilmiyya¸des maisons d’édition, des centres de recherches et des libraires. Qom n’est pas uniquement la fabrique de l’élite politique et idéologique du régime islamique, elle est aussi le laboratoire le plus évolué et le plus parfait de l’islam politique -chiite- dans le monde.

Traditionnellement indépendante de l’Etat, l’institution religieuse avait été poussée, parfois contre son gré, à investir le champ social, politique, économique, et diplomatique munie d’un héritage et d’une tradition inadaptable et inadaptée à la vie moderne. L’islam qui n’avait pas gouverné depuis des siècles a été confronté à une réalité que ses textes touchant le côté pratique de la gouvernance n’avaient pas prévue puisqu’ils concernaient une situation différente de la complexe réalité moderne. Des notions comme la liberté, les droits de l’homme, l’émancipation de la femme, la citoyenneté, l’Etat-Nation, la séparation des pouvoirs…etc. avaient constitué les principaux défis moraux lancés à une jeune république islamique rêvant d’instaurer une société révolutionnaire et oeuvrant à exporter son modèle et son expérience au-delà même des frontières de l’Oumma, vers le monde des opprimés. Or, à côté de ces défis moraux, cette nouvelle forme de système politique avait fait face à d’autres défis physiques que constituait la situation géostratégique du monde dominé par la civilisation occidentale d’où provenaient la totalité des défis moraux cités ci-dessus. Ainsi, que ce soit sur le plan moral ou physique, qu’il soit sur le plan externe qu’interne, l’occident paraît être la « menace » par excellence qui guette la survie et l’expansion du projet révolutionnaire islamique.

L’Occident était un élément intériorisé, perçu, par tous les hommes politiques iraniens – mis à part les esprits extrêmement occidentalisés – des plus progressistes aux plus conservateurs en passant par les récents réformateurs, à la fois comme un défi et un stimulant. C’est de lui que proviennent les écoles de pensée (maktab) à l’instar du socialisme, du nationalisme, du libéralisme, qui menacent la spécificité culturelle de ce pays qui représente à lui seul une quintessence de cet orient mystérieux, riche en histoire et en culture, et résistant aux convoitises des puissances étrangères. L’Iran qui avait joué un rôle important dans la propagation et la défense de l’islam en Asie centrale et qui avait donné à la civilisation musulmane les plus brillants philosophes, hommes de religion, mystiques et scientifiques s’était vu concurrencé sur son terrain même par un mode de pensée et de vie qui contraste avec beaucoup de ses normes et ses valeurs. C’est aussi de ce même Occident que les conspirations les plus hostiles à ses intérêts nationaux avaient été ourdies pour venir à bout du gouvernement nationaliste de Mossadaq en 1953 et réinstaller une monarchie absolutiste assurant d’un côté l’écoulement du pétrole vers un Occident de plus en plus dépendant de l’or noir pour son économie d’après-guerre et de l’autre côté stoppant l’avancée de l’union soviétique vers l’alléchant Golfe persique. C’était aussi cet Occident qui soutenait ouvertement le régime tyrannique du Chah et qui bénissait l’alliance entre Israël et l’Iran au détriment du monde arabe. C’était bien cet Occident qui avait présenté la révolution islamique comme un danger et soutenu inlassablement l’Irak dans sa tentative de la faire avorter en lui accordant une assistance militaire, logistique et morale qui fut décisive lors de la reprise du Faou par l’armée de Saddam et la « gorgée de poison » qui poussa l’Imam Khomeyni à la capitulation. L’occident avait depuis plus d’un siècle tout fait pour s’assurer de l’hostilité d’un Iran de plus en plus à l’écoute d’un discours islamiste fortement influencé par un tiers-mondisme et un sentiment anti-américain.

Or, de ce même Occident provenait aussi les produits les plus modernes, les connaissances les mieux établies, le progrès le plus convoité et le bien-être le plus resplendissant. Et c’était cette dualité double nature d’«ennemi convoité » qu’on retrouve dans tous le discours des intellectuels iraniens :

« Oh Dieu, libère-moi des prisons de la traduction et de la tradition, car je veux briser les moules de l’héritage afin de résister à l’Occident ! »[3] priait, à sa façon inédite, Ali Chariati. « Ce que nous devons admettre est que la stagnation intellectuelle et la rigidité qui ont dominé le monde musulman durant les derniers siècles, surtout la régression du fiqh islamique, et l’expansion de l’obstination à s’agripper au passé et à résister à l’adaptation à l’esprit moderne font partie des causes de la défaite. Le monde musulman a besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’une renaissance constitutionnelle et législative, munie d’une vision nouvelle, large et globale qui découle des préceptes islamiques afin de briser les liens de l’invasion culturelle occidentale opprimant les musulmans. »[4] prévenait déjà le mollah et philosophe Ayatollah Motahhari. « …Bien plus, on peut dire franchement qu’aucun changement patent ne peut s’épanouir, dans le cadre d’une vie qui tend à l’élévation et à la renaissance, tant qu’il n’a pas traversé les tréfonds de la civilisation occidentale, tant qu’il n’a pas assimilé ses connaissances et sa conscience et tant qu’il n’a pas touché son âme débordante de renouvellement…Oui la condition du changement fondamental est le dépassement de la civilisation occidentale… »[5] affirmait quant à lui Mohamed Khatami.

Ainsi, plus on parcourt la pensée laissée par les intellectuels, les religieux et les hommes politiques iraniens, plus on rencontre cette reconnaissance franche du déficit de l’Islam en tant que pratique du pouvoir, en dépit de l’héritage gigantesque qu’il avait laissé, à gérer une vie moderne sans une certaine assimilation appropriée de l’Occident. Et c’est autour de cette assimilation, de sa portée, de son degré et de ses impacts sur la société révolutionnaire ou islamiste, selon la définition des uns et des autres, que se font toutes les tensions entre les conservateurs, les réformateurs, les démocrates, les libéraux, les révolutionnaires et les laïcs. Comment assimiler le savoir et le progrès de l’Occident tout en sauvegardant la spécificité culturelle ? Comment s’ouvrir à la culture occidentale qui a tant enrichi la civilisation humaine tout en se préservant de se dissoudre en elle ? Comment assurer la pérennité des valeurs piétistes et morales de l’islam tout en étant envahi par les moyens de communication modernes de plus en plus incontrôlables qui menacent à la longue la ‘sécurité culturelle’ du pays ? Qu’est-ce qui doit prévaloir, la liberté individuelle qui peut mener vers la dépravation et le rejet des valeurs morales ou l’ordre islamique qui se consolide par un moyen non islamique, la coercition, et qui heurte le principe coranique : « Pas de coercition dans la religion » ? Quel rôle peut jouer l’intellectuel dans une société régie par le clergé et le sacré ? Comment faire la distinction entre l’immuable et le ponctuel dans les préceptes islamiques ? Si Khomeyni même avait déclaré que « la volonté du peuple découle de la volonté de Dieu » y a t-il donc une incompatibilité entre la souveraineté de Dieu et celle du peuple ? Peut-on être citoyen sans être religieux ? Comment et par quel moyen peut-on rendre flexible et actuel un fiqh, qui n’a pas été conçu pour gouverner un pays dans la situation actuelle du monde, pour le mener à trouver des réponses aux défis modernes tout en respectant l’esprit musulman et non l’esprit canon ?

En dehors du cercle des laïcs occidentalisés, où le problème a été résolu par un simple renvoi de l’islam à la sphère privée, la divergence fondamentale se joue entre l’idéologie des réformateurs religieux et des conservateurs sur la lecture de l’Islam. Le problème a donc une nature et une profondeur philosophique qui néanmoins touche pratiquement tous les domaines de la vie sociale. Cette divergence n’est pas, comme le veulent certains analystes ou commentateurs étrangers, le fruit de l’élection de Khatami et l’étouffement de la révolution islamique, mais remontent principalement à la Révolution constitutionnelle du début du vingtième siècle. Et c’est pour cette raison que la solution présentée par les laïcs qui excluent carrément l’islam du champ politique ne peut être réaliste puisqu’elle ne prend pas en compte la profondeur de la problématique dans la raison contemporaine iranienne et musulmane en général.

Ces même questionnements animent aujourd’hui le débat mené pour soulever le défi lancé à un régime islamique né dans un moment historique marqué par l’obstination occidentale à parachever son hégémonie sur tous les champs de la vie des autres civilisations, de leurs richesses naturelles à leur système politique, culturel et religieux. L’expérience de la république islamique d’Iran, qui peut être considérée comme la première pierre posée dans le chemin de la renaissance d’un monde musulman indépendant et résistant aux visées hégémoniques de l’Occident, revêt une allure sérieuse et extrêmement délicate pour la nature du monde de demain. De par son histoire et sa position géopolitique, de par son potentiel démographique et ses richesses naturelles, l’émergence d’un bloc islamique puissant assurerait une bonne gestion des musulmans de leur propre quotidien et une résolution de leurs crises en respectant leur identité et culture. Cela risquerait de menacer sans aucun doute l’emprise de l’Occident sur la destinée économique et politique de cette région du monde et aurait une influence déterminante pour les tenants de la puissance mondiale. Son ouverture sur l’Afrique, sur l’Asie et sur l’Europe, son importante ceinture autour de la méditerranée, sa détention des réseaux vitaux pour le transit maritime mondial, et sa possession de la plus grande réserve pétrolière, l’émergence d’une expérience de la taille de la république islamique en Iran au risque de se reproduire ailleurs en cette immense terre d’Islam a de quoi inquiéter les puissances occidentales.

C’est en ayant à l’esprit ce schéma néfaste pour l’hégémonie de l’Occident mais prometteur et bénéfique pour l’autogestion du monde musulman de sa destinée et de ses richesses qu’il faut essayer de se faire une idée sur la révolution islamique et sa république. C’est autour de la volonté de l’opposition à la puissance hégémonique de l’Occident ou selon le terme islamique « l’arrogance mondiale (al-istikbâr al-‘alamî) » que la révolution islamique et la république qui en était issue avaient su rassembler autour d’elles des sympathisants. Le régime islamique d’Iran a été construit sur des bases islamiques, internes, mais aussi sur une vision géostratégique du monde, et donc externe, par laquelle l’Iran islamique tente de défaire la main-mise occidentale sur son destin et ses richesses. Aucune lecture objective de l’Iran islamique ne peut prétendre être cohérente sans la prise en compte de la situation géostratégique du monde. La compréhension des difficultés que rencontre l’expérience de la république islamique d’Iran ne peut se contenter d’une analyse introvertie qui perd de vue le contexte régional et international dans lequel elle évolue et avec qui elle diverge et s’oppose.

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Définitivement persuadés qu’ils ne seraient pas admis en tant qu’étudiants au sein du centre théologique et de perdre ainsi toute chance d’avoir un lieu de résidence et un minimum de revenus que représente la bourse d’études, nos deux amis n’avaient d’autre alternative que de quitter le pays ou d’accepter de rester clandestinement comme des milliers d’autres, de trouver n’importe quel travail de fortune et de passer le reste de leur vie otages de l’incertitude en attendant le pire. Comme plusieurs citoyens des pays du Golfe avec lesquels l’Iran était en train de normaliser ses relations, ils seraient poussés à quitter de leur gré l’Iran ou à être reconduits en Tunisie, négociés comme du bétail pour les beaux yeux d’un marché politicard ou d’une basse manœuvre diplomatique entre services de sécurité. Cette réalité décevante qu’ils venaient de faire l’expérience dans une république islamique était pénible à avaler pour des islamistes ayant longtemps cru en la juste cause de ce régime. Que de désillusions pour des islamistes ayant fui leur pays vers un pays islamique où ils n’avaient aucune place ni aucune chance de reconstruire leur vie perdue. Ce constat était suffisant pour qu’ils prennent l’amère décision de quitter le pays de la révolution islamique. Rancuniers, pas exactement, puisqu’ils comprenaient la situation dans laquelle se trouvait l’Iran. Déçus, certainement, car comment expliquer que ce genre de situation, où des milliers de musulmans étrangers payaient la facture en cet Iran islamique, n’ait pas été suffisamment débattu par l’intelligentsia, le clergé ou même les médias iraniens. Un silence sournois et suspect plane sur la situation tragique des minorités ethniques vivant en Iran. L’exclusion des réfugiés Irakiens pourtant chiites qui avaient combattu aux côtés de l ’ Iran contre leur propre régime baasiste, la discrimination tolérée et passée sous silence des pauvres réfugiés Afghans, persanophones et chiites, inhumainement exploités et opprimés sous le joug d’un état de non-droit et d’un arbitraire presque esclavagiste, n’incitent qu’à l’indignation et la réprobation contre un système prétendant réaliser l’idéal islamique de fraternité et de solidarité. Alors qu’il était plus facile pour un musulman de se voir naturalisé dans un pays européen ou américain, l’Iran avait adopté une politique nationaliste frôlant le racisme et la discrimination sur la base de la race, de l’ethnie, de la secte et de la religion. Si le chiisme ajusté à l’idéologie khomeyniste était, selon les idéologues de la république, la base de la meilleure citoyenneté, pourquoi des musulmans chiites non iraniens complètement engagés pour la révolution et résidant depuis une vingtaine d’années en Iran n’étaient-ils pas admis comme citoyens à part entière ? Pourquoi étaient-ils contraints de passer le reste de leur vie comme des sujets de seconde zone n’ayant pas le droit de voter, de posséder des biens, d’avoir un passeport et de participer activement à la gestion d’un pays qui véhiculait le slogan d’être la kaaba des opprimés sur terre ? Un disfonctionnement énorme frappe en fait tous les domaines de ce pays encore en quête d’une harmonisation de ses lois avec un islam imaginaire, une iranité affermie et une citoyenneté en sursis. Les beaux slogans révolutionnaires de l’Iran jurant justice sociale et fraternité musulmane ainsi que les bonnes intentions de ses leaders politiques et religieux ne peuvent en aucun cas occulter la situation dramatique dans laquelle se trouvent quelques millions de réfugiés, d’étrangers et même d’Iraniens d’origine arabe, kurde ou baloutche.

La vie à Qom pour ceux qui poursuivent les études théologiques est rythmée par les cours, l’étude, la prière, les serments, les débats et les oraisons. On avait l’impression qu’à Qom les étudiants en théologie, ceux qui étaient en fait des candidats à devenir mollahs, vivaient en marge des événements du monde. Entre les temps de la prière, les talabeh (étudiants) se regroupaient généralement dans des cercles (halaqa) de trois pour réviser les cours selon une vielle méthode chiite qu’on appelle al-moubahatha où chaque étudiant faisait l’exposé du cours en répondant aux questions et aux commentaires de ses deux camarades ; ce qui l’aidait à mieux mémoriser les informations et à mieux maîtriser l’art de la rhétorique, de l’argumentation et de la contre-argumentation. En dehors de cette vie vouée entièrement à l’étude et au culte, il n’y avait presque rien à faire dans cette ville sans loisir. La seule salle de cinéma de la ville était tellement miséreuse et désertée qu’elle paraissait boycottée par la quasi-totalité des habitants depuis que Fajr-é Enqelâb, un groupe paramilitaire apparu durant la décennie soixante-dix, avait incendié l’ancienne salle de cinéma, transformée depuis en une école religieuse par l’Ayatollah Mar’achi Najafi. Le seul divertissement consistait à se promener dans le minuscule parc de la ville ou dans le cimetière des martyrs où on se rendait souvent pour avoir la bénédiction des jeunes Bassiji et Pasdaran qui ont donné leur vie pour sauver la révolution et le régime islamiques. Même les étudiants maghrébins avaient leur visite périodique aux tombes des martyrs algériens et du seul franco-tunisien morts pour défendre la cause khomeyniste contre l’agression irakienne. Le seul défoulement disponible à Qom était l’oraison hebdomadaire du do’â komeyl qui se tenait au mausolée d’Al-ma’souma où on venait pleurer et implorer Dieu ou bien lors des rawz-é commémorant la tragédie de Karbala ou des autres anniversaires du martyre des Imams où le deuil et les larmes battaient la mesure.

Il n’est pas exagéré de dire que le deuil était le principal moyen de distraction en Iran et la principale raison des jours de repos ; on compte en Iran huit jours chômés, sur vingt-quatre, liés au deuil. Ainsi on a le jour de la mort du prophète Mohamed ; le neuvième et le dixième jour de Moharrem -calvaire de Karbala- en plus de la quarantaine du martyre de l’Imam Hossein ; le jour du martyre de l’Imam Ali ; celui du sixième Imam Ja’afar Sadeq ; celui du huitième Imam Ridha, qui coïncide avec le jour du décès de l’Imam Khomeyni ; le jour du martyre de Fatima Zahrâ ( la resplendissante) – selon la version chiite, la fille du prophète a succombé à ses blessures causées lors de l’assaut de sa maison, par entre autres Omar, pour obliger son mari Ali et certains de ses partisans, dont Abou Dhar et Salman, à faire allégeance au premier Khalife Abou Baker.

Cela ne voulait pas dire que l’Iran ne connaissait pas des moments d’euphorie ou d’expressions populaires de joie, car à l’instar du reste de pays musulmans, l’Iran avait ses fêtes religieuses et nationales. A côté des fêtes que célèbrent les musulmans à travers le monde comme l’anniversaire de la naissance du prophète, de son émigration à Médine, ou des deux jours d’aïd, l’Iran dont le chiisme était la religion d’Etat avait ses propres fêtes : la commémoration du jour où Mohamed fut déclaré prophète (mab’ath), l’anniversaire de la naissance de l’Imam Ali et celle de l’Imam Mahdi, la fête du Ghadîr célébrant le jour où, selon les chiites, le prophète a nommé Ali comme successeur. Le reste des fêtes en Iran célébrait des occasions nationales et une vielle fête persane qui a résisté à l’islamisation de l’Iran : Nowrûz [6], (le nouveau jour) que fêtent les Perses mais aussi les Kurdes pour célébrer le nouvel an iranien.

Qom était le genre de ville consacrée entièrement aux études. Pour les esprits religieux avides de savoir religieux et de morale, la vie à Qom valait vraiment la peine d’être vécue. On pouvait comparer Qom à un monastère, version chiite, ayant pour axe le mausolée de Fatima al-ma’souma autour duquel tournaient toutes sortes d’activités, de commerces et de services ayant vocation à satisfaire les besoins de la machine à akhund [7] qu’est al-hawza al-‘ilmiyya, devenue depuis le 22 Bahman[8] une sorte d’ENA (école nationale d’administration) fabriquant les cadres indispensables au fonctionnement de l’Etat religieux et de la religion étatisée. Les passionnés de sciences islamiques, de philosophie, de mystique, de sagesse orientale, de gnose et des débats les plus rénovateurs traitant l’épineux sujet de l’islam politiques seraient très ravis de vivre à Qom. Dans cette ville, les maisons d’édition et les libraires étalaient leur marchandise sur les trottoirs. Les chaires d’enseignement étaient tenues par les plus éminents théologiens et exégètes du monde chiite. Contrairement au monde sunnite où presque n’importe qui ayant acquis une modeste connaissance de la religion et des textes sacrés peut prêcher dans les mosquées et rassembler autour de lui un cercle de sympathisants, chez les chiites on ne peut ouvrir la bouche et parler de religion que si on a suivi des dizaines d’années d’études et que l’on posséde, en plus des sciences islamiques traditionnelles, une profonde connaissance de la philosophie musulmane et de la logique et que si l’on est qualifié par l’institution religieuse. En plus de la vie d’ascète du savoir et de la piété, on avait aussi la chance de pratiquer un sport, particulièrement les arts martiaux. En dehors de ces activités, il ne fallait rien demander de plus à Qom et il valait mieux être marié et avoir un bon porte-monnaie pour s’assurer le minimum de gaieté en se concentrant bien sur les études pendant les quelques dizaines d’années à venir. Ici, il faut le rappeler, l’enseignement ne s’arrête jamais, et comme le veut la tradition, l’islam est un océan de savoir où chacun puise selon ses besoins.

En fait, le montant de la bourse mensuelle versée par les marâja-é taqlîd [9]ne permettaient pas aux étudiants de mener une vie convenable : à raison de huit mille toumans pour un célibataire et seize mille pour une personne mariée, on ne pouvait envisager une vie convenable et indépendante vis-à-vis du haut clergé. La seule solution réside dans l’emprunt ou un emploi religieux rémunéré, qu’on ne trouve qu’à des lieux comme Qom.

Selon le chiisme, le fils aîné a le devoir de solder les prières non accomplies par son père (qadhâ) au cas où la mort aurait empêché ce dernier d’acquitter personnellement son devoir. Le fils a le choix de faire lui-même les prières ou de louer le service d’un tiers contre un prix et ce selon les tarifs en vigueur. On est autorisé de louer le même service pour l’acquittement du jeûne de ramadan qu’on a manqué (kaffara)[10] ou le jeûne qu’on a promis de faire dans le cadre du nadhr[11]. L’engagé n’est responsable que devant Dieu, le seul témoin capable de savoir si le contractant a acquitté ou non son engagement. L’engagement est généralement verbal ; il ne peut être résilié et peut être prolongé dans le temps. De la sorte, on a vu s’installer un vrai marché avec ses lois de l’offre, de la demande, et, bien sûr, la concurrence s’est installée entre communautés et groupes ethniques les plus déshérités. Une année de prière coûtait durant cette année, 1998, entre quatre-vingts et cent dollars et pouvait atteindre les cent cinquante dollars chez certains individus.

Il était naturel que de telles pratiques se généralisent dans un milieu dominé par l’obligation d’acquitter les devoirs cultuels comme par la volonté des nécessiteux de subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. Cette apparente marchandisation du culte religieux, était en réalité légitimée et issue d’une pratique inédite chiite celle de la (al-hîla al-Char’iyya), la ruse légale, ou selon le terme populaire iranien le chapeau légal (Kolâh-é char’î). Elle consistait à trouver une sortie légale conforme à la charia à une situation anormale contradictoire à première vue avec l’esprit religieux. Ce ‘business’ pragmatique résolvait en réalité plusieurs problèmes à la fois : il aidait d’un côté les pratiquants à acquitter leur devoir envers Dieu tout en rendant un service social à une couche de démunis qui ne se recrutait que parmi le corps des étudiants en sciences islamiques. Il constituait un soutien financier informel à l’institution religieuse. Le montant encaissé aidait les étudiants à subvenir à leurs besoins vitaux ou à s’offrir le luxe relatif de Qom : acquérir plus de livres ou mettre entre parenthèse leur ascétisme souvent volontaire dans lequel ils se trouvaient en se rafraîchissant en temps estival par la limonade et les glaces (bastanî), ou en achetant des fruits et parfois du souhân, le fameux gâteau originaire de Qom, fait de sucre caramélisé, de safran et de pistache.

En dehors de ce rythme alourdi par un climat sec suffocant durant l’été et glacial durant l’hiver, rien dans cette ville ne pouvait charmer des étudiants étrangers habitués aux souffles marins ou aux panoramas verdoyants de leurs pays d’origine. Même l’unique rivière traversant Qom était condamnée à une perpétuelle stérilité qui l ’ avait transformée en une sorte de camping et de parking gigantesque pour les pèlerins et leurs véhicules. Pour nos amis tunisiens originaires d’une ville côtière à l’air tiède, entourée à l’ouest par des étendues de dunes boisées, au sud par les champs les plus fertiles de la Tunisie et au nord et à l’est par une côte qui embrase la haute mer par des petites plages de sable blanc et fin séparées par des caps rocheux, la résidence à Qom était une sorte de châtiment cruel. Comment ne pas se sentir écœurés par l’atmosphère et l’allure de cette ville alors qu’ils avaient toujours vécu à quelques mètres d’un vieux port garni de barques et de filets à la senteur marine avec comme toile de fond l’ambiance joyeuse des terrasses des cafés et le charme pittoresque des maisons cubiques de la Ksiba[12], blanchies à la chaux, aux portes et aux fenêtres azurées.

En plus de leur aversion à l’égard du milieu géographique, climatique et architectural, nos amis avaient éprouvé une sorte de malaise culturel. Il n’est pas exagéré de dire que si une année d’études à Qom enrichissait le côté mystique et oriental du Tunisien autant elle lui ôtait en même temps l’opportunité du métissage culturel qu’offre un pays comme la Tunisie. Le voyage d’un jeune maghrébin en Iran est à la fois choquant et intriguant car il le replonge dans un milieu qui provoque en lui curiosité, étonnement, et, rejet. Si, en Iran les mollahs voulaient accréditer l’idée rigide que porter un t-shirt à manche courte ou un jean est incompatible avec les valeurs de la morale islamique, les plus islamistes des Tunisiens, des Algériens ou des Libanais n’hésiteraient pas à se moquer d’une telle présomption. Il est difficile de convaincre un Tunisien que le simple fait d’échanger une poignée de main avec sa cousine, sa voisine ou avec n’importe quelle femme étrangère est un péché alors que la bise est tellement toléré même chez les familles conservatrices de la zone méditerranéenne. On ne convaincra jamais, peut être que rarement, une Tunisienne islamiste ou même une Libanaise chiite et pratiquante que le Tchador iranien est la meilleure forme vestimentaire pour une musulmane et que le foulard coloré représente une provocation. D’autres exemples illustraient le fait que la spécificité culturelle de chaque pays influence l’acuité de l’engagement religieux qu’il serait aberrant de vouloir imposer ou importer une version de l’islam issue d’un espace culturel fermé voire machiste et intransigeant.

Il est donc naturel, voir évident, que les Maghrébins, même convertis au chiisme ou simplement ouverts sur le chiisme, qui s’étaient installé à Qom, aient connu d’énormes difficultés d’adaptation. Les étrangers issus d’une zone ouverte comme les pays du bassin méditerranéen ne viennent à Qom que dans leur quête de savoir religieux ou mystique. Beaucoup d’entre eux ont fui l’austérité de cette ville qu’on peut considérer comme l’antonyme de l’ambiance des villes côtières du Maghreb et en particulier celles de la Tunisie.

En dépit de l’augmentation du nombre d’étudiants originaires d’Europe, d’Amérique, d’Asie, d’Afrique et du monde arabe, la presse internationale est rare, hormis celle de langue arabe, seconde langue à Qom. Les étudiants anglophones ou francophones ont du mal à se résoudre à passer, pour la quête de l’information, par le filtre officiel de la république islamique, tant ils éprouvent le besoin d’entendre l’autre version des choses et de compléter ainsi la construction de l’être universel ouvert à toutes les cultures du monde. Il est certain que ceux qui ne maîtrisent pas au moins une langue occidentale sont condamnés à vivre borgnes puisqu’ils sont privés d’accompagner l’essor qui touche tous les domaine du monde occidental. Si la sagesse orientale dit que celui qui a perdu un sens a perdu au même titre une connaissance, la sagesse moderne démontre que quinconce rate une langue rate, par-là, toute une culture.

Et pourtant c’est à Qom que l’on prend conscience que le français a une place importante dans l’imaginaire maghrébin, y compris celui des islamistes qui ont pourtant développé un rejet de tout ce qui vient de la France. En effet, nombre d’entre eux perçoivent la langue du colonisateur comme le vecteur du maintien de sa domination culturelle. La dépendance à l’égard de la langue et donc de la culture française, ajoutée à l’adaptation au calendrier chrétien et l’adoption du week-end judéo-chrétien en lieu et place du calendrier musulman et du vendredi, pérennisent la mauvaise image de soi inculquée par le colon. La langue, le calendrier et le repos hebdomadaire constituent des éléments déterminants de l’identité de chaque nation et démontrent à quel point le mal de la colonisation (isti’mâr) et de l’abêtissement (istihmâr) avaient sévi. On comprend pourquoi il est révoltant pour ceux qui se considèrent comme appartenant à l’espace culturel arabo-musulman de se voir obligés d’inscrire l’histoire selon l’ère chrétienne, d ’ utiliser le français comme une langue quasi-officielle et de chômer le samedi-dimanche tout en travaillant le vendredi, le jour par excellence des musulmans.

Nos amis Tunisiens qui faisaient partie de ceux qui détestaient l’utilisation du français dans l’administration ou dans l’enseignement de certaines matières et soutenaient l’arabisation en cours en Tunisie, étaient pour la maîtrise du français et de toute autre langue vivante capable de relier la Tunisie au monde. La priorité donnée à la langue nationale est la condition sine qua non de sa survie ; il faut stimuler le processus de son actualisation afin qu’elle puisse accompagner la prompte évolution du monde et la pousser à l’activité enrichissante de la traduction. L’utilisation de la langue nationale assure aussi la survie de l’identité nationale, du patrimoine culturel et de l’accroissement de la sémiologie par l’élaboration de nouveaux termes traduisant des situations et des inventions nouvelles. Toutefois, cela risque de produire un peuple isolé du monde puisque les ponts qui le relient aux autres cultures, que sont les langues, ne sont pas édifiés. L’Iran vit cette situation : tout en étant contraint à traduire le savoir étranger, il est privé de parenté actualisée avec le monde extérieur, ce qui freine ses tentatives à exporter les débats très intéressants qui pourtant l’animent.

Ce fut pour nos amis l’occasion de méditer sur leur «Tunisianité» et d’admettre que la Tunisie malgré les procédés inhumains de sa police et la panoplie de ses moyens répressifs, était mille fois plus accueillante et plus ouverte pour les étrangers que cet Iran refermé sur lui-même. C’était sûrement le secret du métissage culturel qu’offre la Méditerranée aux peuples qui l’enclavent. Le bilinguisme affirmé, la cohabitation entre divers groupes ethniques et religieux, les échanges millénaires entres les divers espaces culturels avaient fini par former une sorte d’être inédit et presque introuvable dans les autres coins du monde. Le sentiment d’être Maghrébin ne peut être éprouvé qu’au Machrek ; celui d’être un méditerranéen ne peut être ressenti que lorsqu’on quitte le bassin méditerranéen vers des pays ou des villes culturellement enclavés, à l’instar de Qom.

Deux ans auparavant nos amis avaient fui volontairement l’austérité de Qom, après une année d’étude, préférant retourner dans leur ville natale. Cette fois ils furent confrontés à une situation différente puisqu’ils venaient de fuir la Tunisie et qu’ils seraient désormais condamnés à un exil forcé jusqu’à l’amélioration de la situation des droits de l’homme en Tunisie, qui, selon les estimations les plus optimistes, ne serait possible qu’avec le départ de Ben Ali. La question pour eux n’était plus de revenir en Tunisie mais de se réfugier dans un pays tiers. En leur for intérieur, Chamseddine et Halim rêvaient de s’installer dans un pays donnant sur la Méditerranée où ils auraient la chance de toucher cette mer qui de l’autre côté de l’horizon caressait les pieds des plages blanches de leur ville natale, Bizerte. C’était comme si la méditerranée était devenue une sorte d’élixir ayant la vertu de soigner en eux les chagrins de la nostalgie. Ils avaient développé une sorte d’axiomatisation affective selon une logique enfantine déduisant que : « Je touche la Méditerranée, et la Méditerranée touche ma ville, je touche donc ma ville. » Ce sentiment singulier et étrange ne pouvait être ressenti que par ceux qui avaient passé la majorité de leur enfance et de leur jeunesse en contact permanent avec la mer, soit par la pêche, la natation, la navigation et le simple voisinage soit par toutes ces activités à la fois.

Restait à savoir comment et avec quel moyen ils allaient financer un nouveau voyage vers un des pays du bassin méditerranéen. Lors de leur long périple ils avaient épuisé presque toute leur bourse. Et, sans l’hospitalité de leur ami qui avait pris à sa charge tous les frais de leur séjour chez lui, ils n’auraient jamais pu subsister un seul mois dans cette ville.

Ils devaient en premier lieu déterminer leur pays de destination. Car, ils étaient convaincus et conscients qu’aucun pays au monde ne voulait les accueillir. Ils réunissaient tout ce qui les rendait universellement indésirables : ils étaient pauvres, musulmans, Maghrébins et par dessus le marché islamistes en cavale. Un mélange explosif que personne au monde ne souhaitait avoir en même temps. Si dans ces conditions ils comptaient demander un asile politique quelque part en Europe, ils seraient tenus de fournir les preuves justifiant la véracité de l’histoire de leur fuite, de la persécution ou du danger que représenterait l’éventualité de leur retour en Tunisie. Ils n’avaient également pas la moindre chance, en tant que Tunisiens, d’obtenir un visa ni pour l’Europe ni pour l’Amérique ni même pour les pays du Golfe, et ce d’autant qu’ils feraient leur départ d’Iran où ils n’étaient pas officiellement résidents ! Il leur restait quelques pays d’Asie qui n’acceptaient de laisser entrer les Tunisiens que s’ils étaient munis d’un billet de retour vers leur pays d’origine ou vers le pays de leur résidence officielle, ce qui leur était impossible. Les deux choix qui leur restaient consistaient, ou bien, à retourner en Syrie avec tous les risques que représenterait pour eux un retour vers le monde arabe, spécialement après l’amère expérience qu’ils venaient de vivre, ou bien d’aller vers la Turquie et de là essayer de passer clandestinement en Europe. La dernière option était pour eux la plus plausible. Mais comment allaient-ils rassembler deux mille cinq cent dollars chacun pour financer un tel périple qui durait des mois ?

Et voilà qu’au lieu de penser à se stabiliser à Qom, ils étaient à nouveau contraints de planifier leur départ vers une nouvelle destination. Comme des nomades, ils seraient condamnés à avaler l’idée qu’aucune terre ne sera le lieu de leur résidence définitive. Le sentiment qu’il n’y avait pas pour eux de terre promise et qu’ils seront partout traités comme des indésirables n’était pas du tout facile à accepter surtout depuis que l’Iran islamique avait refusé, de la façon la plus ingénieuse, de les accueillir. Leur décision de quitter l’Iran avait provoqué en eux à la fois un sentiment de tristesse et de satisfaction. Ils étaient contents d’aller tenter leur chance ailleurs dans un pays européen. Qui sait, peut être parviendraient-ils à acquérir un statut de réfugiés politiques ce qui ouvrirait devant eux les portes du savoir dans l’un des espaces les plus libres du monde. Tristes, parce qu’ils seraient privés de parfaire leur connaissance du Persan, qu’ils aimaient tant, et au moyen duquel ils pouvaient suivre le débat intellectuel passionnant sur l’islam politique et accéder au même moment à l’héritage persan regorgeant de chef-d’œuvre de littérature mystique.

  1. Voir La Taupe d’Allah, Patrice Trapier, Plon. [Back]
  2. Littéralement l’infaillible, qualificatif attribué à Fatima, la sœur de l’Imam Ridha, huitième Imam chez les chiites duodécimains. [Back]
  3. La philosophie de la supplication, Ali Chariati. [Back]
  4. La source d’imitation et les oulémas (al-Marja’iyya wa ‘Ulémâ Al-Dine), Ayatollah Mortadha Motahhari, Centre d’édition de l’Unité de l’Information du Centre Théologique de Qom, 2e édition p. 95. [Back]
  5. Lectures dans la religion, l’islam et le temps moderne, Mohamed Khatami. Dâr al-Jadîd, Beyrouth, 1998, p. 146,147. [Back]
  6. Le 20 mars de chaque année correspond avec le début de Farvardîn, le premier mois du calendrier iranien. [Back]
  7. Substitut d’un ancien terme turco-iranien agha-khundeh, qui signifie ‘nommé agha’. Akhund, comme d’ailleurs le terme mollah, est employé selon le contexte pour désigner un homme « fanatique » et « rigoriste » (le régime des Mollahs) ou bien pour désigner un homme respectueux et érudit comme pour le mollah Sadra (le philosophe Sadreddine Chirazi). [Back]
  8. 11 février 1979 date de la révolution. [Back]
  9. Sources ou références d’imitation que les chiites sont tenus d’imiter dans l’observance des devoirs cultuels et religieux. Normalement on ne peut qu’imiter qu’un marja’ vivant qui devrait répondre aux qualités requises par l’école ja’farite ou le chiisme duodécimain. [Back]
  10. Al-Kaffara est une forme islamique de réparation d’un abus religieux ou d’un manquement volontaire à un devoir religieux. Si par exemple, une personne qui saute volontairement un jour de jeûne durant le mois de ramadan sans raison réelle (‘othr char’î), telle maladie ou voyage, est tenue de réparer ce manquement par un jeûne de soixante jours ou en nourrissant soixante pauvres ou un seul pauvre pendant une période de soixante jours. [Back]
  11. Est considéré comme nadhr tout engagement, selon une formule prescrite, envers Dieu d’accomplir un acte de prière, d’aumône ou de jeûne contre la réalisation d’un souhait formulé lors de l’engagement. Ainsi, si quelqu’un promet à Dieu de donner cent dinars d’aumônes aux pauvres s’il réussit à ses examens d’étude ou s’il est guéri d’une maladie, il n’est engagé d’acquitter sa promesse que si son souhait a été exaucé. [Back]
  12. Quartier populaire de marins, situé sur la rive orientale du vieux port à Bizerte. [Back]

(Source : Extraits du 5éme chapitre du livre « Borj Erroumi XL » du réfugié politique tunisien Sami Ben Gharbia)

Lien : http://www.kitab.nl/borj-erroumi-xl/les_larmes_politiques1/les_larmes_politiques4/

 

 

(*) l’e-livre de Sami Ben Gharbia

Borj Erroumi XL Voyage dans un monde hostile.

L’e-livre, comme son sous-titre l’indique, est un récit de voyage. Fuyant la Tunisie vers la Libye, puis le Niger, le Tchad, l’Arabie, la Syrie, l’Iran et les Pays-Bas, les personnages traversent la complexité de ce monde. Bien que l’histoire soit vraie, cela n’a pas empêché la fiction littéraire, l’analyse théologique, le débat politique, la prose et la poésie mystique de se glisser pour faire de l’œuvre une sorte de littérature de tiroir : chaque tiroir contient sa propre histoire. Toutes les histoires sont reliées par le fil du voyage qui mène les personnages, dont les noms ont été modifiés, à travers des pays, des villes, des événements, des souvenirs qui tous retracent leur rapport avec la fin d’un siècle et le début d’un autre.

Pour télécharger Borj Erroumi XL en format PDF


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