Bush régne à Damas
par Gari John
Interceptés sur leur route vers l’Irak par la Syrie, qui donne des gages aux USA, des djihadistes sont renvoyés à…Tunis
Les geôles de Ben Ali en Tunisie sont pleines à craquer… et les 700 islamistes qui peuplent les prisons de Tunis ne sont pas des plus tendres. Ce sont des activistes violents qui ont été livrés aux autorités tunisiennes par les pays « amis » que sont l’Algérie et la Syrie. Et le tout avec la bénédiction des Américains. Première surprise, le syrien Assad voué hier aux gémonies par Bush a donné depuis des gages. Les combattants d’Allah, qui espèrent rejoindre les maquis irakiens via Damas sont capturés par la police syrienne et renvoyés via leurs pays d’origine. Bush est peut-être sur la défensive à Washington, mais il a réussi une Sainte Alliance, de Damas à Tunis et Alger, contre le péril terroriste. Deuxième surprise, les tunisiens sont particulièrement nombreux parmi les « combattants » qui partent pour la guerre Sainte à Bagdad. « Un tiers de djihadistes d’Irak viennent de Tunisie » estime un expert français. Ce sont ces Tunisiens qui s’attaquent en 2006 à la mosquée Najafou ceux-là encore qui firent exploser les locaux de l’Onu à Bagdad où le secrétaire général adjoint trouvait la mort le 29 août 2003. Les fusillades à Tunis à la fin de 2006 entre la police et les groupes armés ont été le signe évident de la montée des périls. Autant dire qu’à Tunis l’accueil est plutôt frisquet pour ces soldats perdus à la cause intégriste. Quatre chambres criminelles les jugent sans précaution particulière. Vingt affaires sont jugées à chaque audience… avec, à la clé, des peines qui vont de trente à quarante ans d’emprisonnement. Peu ou pas de peines de mort à Tunis, afin de ne pas heurter l’opinion internationale pourtant Ben Ali ne se vante pas trop des 700 activistes détenus à Tunis. Après tout, ses amis à Paris croient encore avec ce sot de Denis Jeanbar, ancien patron de l’Express que « mieux vaut Ben Ali que Ben Laden ». Aujourd’hui, on écope des deux ! (Source : « Bakchich » (hebdomadaire Satirique – France), N° 20 du 6 février 2007) Lien : http://www.bakchich.info/article743.html
Les hommes clefs du pouvoir en Tunisie
Mokhtar YAHYAOUI Si l’étude du pouvoir se fait à travers l’observation du fonctionnement des institutions et de leurs mécanismes de prise de décisions ainsi que la gestion de leurs conflits de compétences et de pouvoirs qu’ils sont amenés à gérer. Dans certains pays intermédiaires comme le notre le pouvoir se manifeste et se définit essentiellement par les hommes qui ont la charge de l’exercer. Ainsi tout changement dans le groupe des hommes au pouvoir peut se répercuter par un changement politique et refléter la stabilité, l’homogénéité et la force ou l’effritement du pouvoir entant qu’autorité. De ce point de vue, le dernier remaniement effectué par le président Ben Ali sur le gouvernement ressemble plutôt à un simple réajustement de la formation gouvernementale qu’a un ajustement rependant à un changement d’orientation. Le remaniement attendu que prédit certains pour annoncer un redéploiement politique profond qui repend aux défis des événements du début de l’année, à l’entrée en application du 11ème plan, à l’ouverture du marché sur l’UE et au lancement prématuré de la campagne d’investiture pour un cinquième mandat présidentiel sans parler d’ouverture politique et des droit de l’homme ne semble pas être encore prêt. A son 20ème année de pouvoir le président a déjà procédé à 74 remaniements. Malgré cette forte cadence d’un remaniement tous les trois mois, ces changements n’ont pas laissés d’effet sur l’orientation politique hésitante et crispée du gouvernement, ni donner le sentiment de parvenir à une formation complètement libérée du poids de la crise intérieure qui l’a amené [1]. En fait plus de la moitié de ces remaniements n’ont concerné qu’un seul membre du gouvernement, alors que 80% ont affecté moins de quatre membres du gouvernement. Cette méthode a conforté un sentiment d’immobilisme auquel le pouvoir est en train de s’identifier. Un aspect qui de plus est en totale contradiction avec les virages à 180° auxquels son prédécesseur le président Bourguiba a habitué le pays avec chaque nouveau gouvernement [2] L’actuel Gouvernement est présidé par le premier ministre Mohammed Ghannouchi depuis le 17 novembre 1999. Il continu dans la même voie suivie par son prédécesseur H Karoui qui à présider le gouvernement pendant dix ans de 1989 à 1999 après une éphémère période transitoire du gouvernement présidé par Hadi Baccouch au lendemain du 7 Novembre 1987. Aujourd’hui, un sentiment d’impatience prévaut partout dans le pays de voir les choses en fin changer et emprunter un ascendant d’évolution politique concret. Ce sentiment ne tient pas particulièrement à la personne du président, beaucoup ne reconnaissent plus à la majorité de ses collaborateurs une légitimité qui leurs donnent le droit d’hypothéquer le pouvoir qu’ils détiennent à perpétuité. Cette longévité au pouvoir est en train de devenir synonyme de blocage et d’inefficacité de leur part. Ce sentiment de désenchantement se fond sur une croyance dominante qu’un changement de décors ne peut plus être que pour le meilleur et dans le sens de l’ouverture politique et d’une gestion plus propre et plus transparente des affaires publiques. En réalité les choses ne sont pas aussi simples qu’ils semblaient. Les événements qui sont entrain de se passer au moyen orient nous enseigne que le pire n’a pas de fond et les derniers affrontements armés qu’a connus le pays en ce début d’année sont venus nous le rappeler. La possibilité d’un raidissement du pouvoir encore est aussi plausible qu’elle semblait constituer dans la logique de son évolution respecter le sens qu’il a adapté jusqu ‘a présent. Une telle évolution, si elle se confirmait, aura besoin d’un nouveau discours de mobilisation pour un nouveau combat que le pouvoir est sensé appeler le pays à engager. L’ennemi semble déjà désigné, les salafistes jihadistes n’auront qu’a occuper la position que les islamistes d’Ennahdha ont tenu jusqu’à présent. La réunion du prochain comité centrale du parti RCD à l’appel du président au milieu de ce mois doit permettre de rependre à la question de savoir si le pays essoufflé des séquelles non encore guéries de la précédente confrontation intérieure peut aujourd’hui se prêter à la nécessité d’une telle mobilisation.
* * * D’un autre coté les indices d’une prise de conscience au sommet du pouvoir de la nécessité d’une remise en question des choix et des priorités de sa politique antérieure ne sont pas moins insistantes. La façon par laquelle à été gérée la dernière surprise du début d’année des affrontements armés, malgré tous les critiques qui lui ont été faites, a démontré que les va-en guerre n’ont pas trouvé libre voie à leur discours de surenchère et qu’une volonté d’apaisement peut se cacher derrière la confuse gestion de l’événement. On peut aussi détecter dans les échos que les chefs des partis qui on rencontrer le président ont donné de leurs entretiens avec lui une volonté d’attirer l’attention sur un autre aspect de la situation que présente la fracture qui est entrain de s’opérer dans notre société et dont le processus dominant est cette marginalisation des jeunes générations qui est entrain de mettre notre jeunesse totalement au banc de la société. Les donnés publiés dernièrement des résultats d’une enquête nationale sur la jeunesse semblent corroborer cette prise de conscience de la gravité de la situation et des véritable défis quelle mettait en avant, des défis qui ne peuvent plus être résolu que par une politique de participation à l’opposé de toute nouvelle confrontation. Une jeunesse ne peut qu’occuper l’avant-garde d’une société et constituer la dynamo de son progrès. Le pire des drames qui peut arriver aujourd’hui à notre pays est de cataloguer sa jeunesse au chapitre du terrorisme et de l’identifier en ennemi. À l’examen de la situation, peut-on espérer qu’un changement peut cacher un autre plus important ? Beaucoup de haine et de mépris se sont accumulés ces derniers temps instaurant des rapports aigris et un climat malsain dont seule la retraite de ses symboles des deux coter peut permettre de le dépasser. La république en son cinquantième anniversaire à peut être besoin, avant toute autre chose, d’un nouveaux gouvernement. Aujourd’hui avec le premier ministre Mohammed Ghannouchi trois autres aussi ont fait partie du gouvernement depuis le 7 Novembre 1987. Il s’agit de Abdelwahab Abdallah actuel ministre des affaires etrangéres, Mondher Znaidi ministre du commerce et Abderrahim Zouari ministre du transport. A coté de ces quatre doyens du gouvernement, Trois autres membres du premier gouvernement occupent les plus hautes responsabilités. Hamed el Karoui ancien premier ministre est vice président du parti, Fouad Mbazzaa est président de la chambre des députés et abdallah Kallal est président de la chambre des conseillers. La palme de longévité de tous les temps revient au ministre conseillé porte parole du président. Abdelaziz Ben Dhia fait partie du pouvoir depuis le gouvernement Hédi Nuira des années 70 et à travaillé avec tous les premiers ministre depuis. Avec le président ben Ali le pouvoir est partagé entre huit hommes clefs auxquels il s’identifie aussi bien qu’a lui et perd par là son unité que le président doit seul symboliser. Cette fidélité que personne ne croit plus qu’elle bénéficie à la Tunisie est devenue le véritable handicap face au président pour exprimer pleinement sa politique à lui et réussir à la faire percevoir en tant que tel par le pays.
Yahyaoui Mkhtar – Tunis le 05 Février 2007 [1] – En 1989 le remplacement du premier ministre Hédi Baccouch par Hamed karoui s’est produit dans la foulée de la crise avec les islamistes et annonçait la politique d’éradication du mouvement Ennahdha. [2] – le président Bourguiba dont la présidence a durée 31 ans (1956-1987) a changé de l’expérience du coopérativisme au libéralisme économique avec le gouvernement Hédi Nouira pour changer ensuite de la tendance pro-occidentale de ce dernier à l’expérience panarabe avec le gouvernement M. M’zali et de l’ouverture politique avec ce dernier à la politique sécuritaire avec les gouvernement R. Sfar et Z. Ben Ali. (
Source : le blog « TunisiaWatch », le 5 février 2007 à 16h00) Lien : http://tunisiawatch.rsfblog.org/
Inégalité dans l’héritage,
héritage d’une préférence divine*
Raja Ben Slama Avant la réforme de 2001 en France, l’enfant « adultérin » voyait sa part successorale amputée de moitié. En application du verset coranique « Au mâle, portion semblable à celle de deux filles » (VI/11), une fille tunisienne « légitime » subit actuellement le même sort, c’est-à-dire la même réduction à la moitié. La réforme qui accorderait les mêmes droits successoraux aux héritiers sans distinction de genre ou de nature de la parenté n’a pas eu lieu en Tunisie. Mais ce qui est à souligner toutefois, c’est que l’enfant « adultérin » d’un système équivaut à la fille légitime d’un autre. Cet amalgame de deux systèmes juridiques différents peut paraître incongru, mais il est une sorte de traduction qui nous révélerait d’abord un aspect indicible du dispositif d’exclusion sur lequel reposent les systèmes successoraux traditionnels. La réduction des droits successoraux se fondant sur le sexe et celle qui se base sur la nature de la parenté ont un point commun : elles résultent de la même crainte d’un certain trouble de la filiation et de la transmission des biens du père de la famille. L’enfant adultérin est le rejeton issu de l’étrangère, quant à la fille, et même si elle est légitime, elle demeure l’étrangère qui ne portera pas le nom du père et qui épousera l’étranger, cet étranger qui s’immiscera indirectement dans l’héritage du père. La femme introduit l’étranger dans le clan ou transmets les biens du clan à un étranger tout en étant, paradoxalement la gardienne de l’identité. Un même culte du propre et de la propriété privée agnatique, de la patrilinéarité et du patronyme semble présider à cette discrimination successorale. Cette « traduction » met aussi en valeur la violence douce et froide émanant de la discrimination institutionnalisée. Le partage de l’héritage est ce moment mystérieux où se cristallisent l’être et l’avoir et où l’on peut se dire en secret : « on a ce qu’on est », femme ou enfant illégitime, on a la moitié parce qu’on n’est qu’une moitié… Et c’est dans les moments cruciaux du deuil, de la séparation et du partage que ces deux exclus auront vécu ce qui leur marque comme des êtres hybrides, compromettant la lignée et la transmission des biens. Mais l’étrangeté de la femme est encore plus fondamentale que celle de l’enfant adultère, puisqu’elle ne résulte pas des faits contingents de la vie des parents, mais est inhérente à son identité sexuelle même, c’est-à-dire à son être de femme. Il est d’ailleurs hautement significatif que l’interdit successoral est aujourd’hui organisé autour de la femme, puisqu’un enfant illégitime tunisien peut être traité comme ses frères légitimes si le père le veut, alors que l’égalité successorale entre les sexes fait l’objet d’une opposition virulente et accrue. Or l’équivalence qu’on vient d’établir entre l’enfant illégitime et la femme, même si elle révèle la nature et la gravité d’une maltraitance juridique, ne rend pas compte de l’interdit qui la maintient et la pérennise quand il s’agit des femmes musulmanes. La théorie lévi-straussienne de l’échange des femmes telle qu’elle a été reprise par Simone de Beauvoir peut-elle présenter un fondement anthropologique à cet interdit successoral qui pèse sur les femmes musulmanes? « Le lien de réciprocité qui fonde le mariage n’est pas établi entre des hommes et des femmes, mais entre des hommes au moyen de femmes qui en sont seulement la principale occasion. » écrit Lévi-Strauss. La conséquence en est que « les femmes font partie des biens que ceux-ci (les hommes) possèdent et qui sont entre eux un instrument d’échange », écrit Simone de Beauvoir[1]. Cette institution avait représenté une avancée vers la culture et la pacification des relations entre les hordes humaines, puisqu’elle avait nécessité l’interdit de l’inceste et permis l’exogamie et l’alliance entre les groupes. Selon la logique en découlant, la femme, à priori, ne devrait pas hériter puisqu’elle est un bien qu’on hérite, que les maîtres héritent. Mais l’échange des femmes et leur déshéritement total semble appartenir à une époque plus reculée et n’existe déjà plus à l’état pur quand l’Islam est apparu. Certes, la femme de condition libre était souvent « vendue » contre une dot, et elle appartenait au mari et à son clan. Elle était vendue contre du bétail ou comme des esclaves, mais elle n’était pas un simple bien et ne faisait pas l’objet des opérations qui découlaient de l’esclavage total (vente, donation, louage… ) Très souvent même, c’était elle qui endossait le prix de sa vente. Elle avait le pouvoir d’engendrer, mais elle disposait aussi d’un autre pouvoir : elle parlait et se défendait d’être une chose, réclamait des droits, déclamait parfois des poèmes et tombait amoureuse au lieu d’épouser l’homme choisi par les clans. Disons que son activité de sujet humain, parlant et désirant, ce dont le schéma abstrait de l’échange des femmes ne rend pas compte, ni même celui de la domination masculine chez Bourdieu, créait des résidus qui grignotaient sans cesse le système de l’échange des femmes dans sa logique implacable qui fait de la femme une propriété du père léguée au mari. L’historienne tunisienne Latifa Lakhdhar a montré que le prophète avait privilégié la tradition mecquoise en légiférant en matière d’héritage : « …Dans cette ville de négoce vers laquelle revient le prophète, et contrairement à la tradition médinoise où les femmes étaient exhérédées au même titre que les enfants, à la Mecque la femme avait droit à l’héritage (comment d’ailleurs sinon Khadija la première femme du prophète aurait-elle eu sa richesse si connue ?), voilà pourquoi pour beaucoup d’orientalistes, ces nouveaux acquis prescrits aux femmes par le Coran au niveau de la possession des biens par l’héritage étaient inspirés par le régime successoral mecquois. » Mais Latifa Lakhdhar a montré aussi que « l’attitude revendicative des femmes qui étaient dans l’entourage du prophète » avait joué un rôle considérable dans cette décision. Autrement dit, l’égalité successorale n’était pas de l’ordre de l’impensable, malgré la loi de l’échange des femmes. N’ayant pas droit au butin remporté des conquêtes prophétiques, les femmes voulaient avoir leur part successorale, réclamaient parfois même une part égale à celle de l’homme. On rapporte qu’Oum Salama, une des épouses du prophète avait dit au prophète « Ô prophète : on ne nous donne pas d’héritage et on ne nous permet pas de participer à la guerre Sainte !? Dieu a alors fait descendre le Verset »[2]. Le verset dont il est question rétablit l’ordre statutaire duquel dépend le régime successoral : « N’aspirez pas à ce dont Dieu avantage les uns sur les autres. Les hommes auront une part de ce qu’ils se seront acquis, les femmes une part de ce qu’elles se seront acquis ».(IV/ 32) La donnée anthropologique de l’échange des femmes ne suffit donc pas à rendre compte des régimes successoraux, puisque les femmes pouvaient être échangée sans être héritées ou déshéritées. On pourrait même avancer que le principe de l’échange des femmes, avec comme corrélat l’interdit de l’inceste peut s’exercer selon une modalité qui ne contrevient pas aux principes égalitaires, comme dans les sociétés démocratiques modernes. Le facteur déterminant dans l’inégalité successorale islamique est bien la suprématie des hommes qui n’était ni implicite, ni sans conséquence juridique. Elle était clairement proclamée par le Coran, rappelée par le verset 34 de la même Sourate : « Les hommes ont autorité sur les femmes du fait qu’Allah a préféré certains d’entre vous à certains d’autres, et du fait que [les hommes] font dépense sur leurs biens [en faveur de leurs femmes]…. » (VI, 34, Blachère II, 935).[3] Ce verset institue donc le principe religieux et juridique de l’autorité et de la prévalence des hommes sur les femmes, en réponse à la revendication de ces femmes. Cheikh Mohamed Tahar Ben Achour, qui compte parmi les plus illustres exégètes de la première moitié du XXe siècle, est peut-être l’un des derniers savants musulmans à avoir reconnu l’importance capitale du principe de l’autorité des hommes sur les femmes, sans nier le présupposé sur lequel il repose, à savoir la prévalence des hommes sur les femmes : « Quant au verset « Les hommes ont autorité sur les femmes », il constitue un fondement juridique dont se ramifient les jugements des versets suivants. C’est comme un préambule […] La préférence émane des privilèges innés qui font que la femme a besoin de l’homme pour sa défense, pour sa protection, sa survie […] Les signes de cette préférence se sont manifestés à travers les âges et elle est devenue un droit acquis pour les hommes. Cela constitue une preuve éclatante de ce que les hommes ont autorité sur les femmes. Le besoin des femmes pour les hommes de ce point de vue perdure, bien que son intensité soit plus ou moins forte. »[4] La première musulmane aurait donc gagné la moitié de la bataille : elle ne serait pas totalement déshéritée comme les médinoises, mais elle ne pouvait être l’égale de l’homme dans un régime qui reposait sur ce principe religieux et juridique. Par la suite, avant d’en arriver au déni moderne dont nous essaierons de rendre compte, nous trouverons des rationalisations du système successoral chez des penseurs comme les Frères de la Pureté qui, au IVe siècle de l’Hégire voulaient défendre la justice divine en arguant que la dot est l’équivalent de la moitié de la part successorale dont les femmes sont privées et qu’elle est une récompense équitable aux femmes[5]. Mais ce qui échappait à ces théologiens qui n’avaient pas les mêmes réflexes que les docteurs de la loi, c’est que tout d’abord la dot n’est pas l’équivalent de l’héritage, puisqu’elle est, « juridiquement » parlant, le prix payé pour la possession sexuelle du corps des femmes dans l’échange matrimonial et que l’inégalité successorale est strictement liée à la hiérarchie des statuts juridiques telle qu’elle a été posée par le Coran et affinée par le droit musulman. Les musulmans étaient supérieurs aux non- musulmans, les hommes et les femmes de condition libre étaient supérieurs aux esclaves, mais les hommes étaient supérieurs aux femmes. Les « hermaphrodites avérés » étaient même supérieurs aux femmes eu égard à leur moitié masculine supposée. Cette hiérarchie conditionnée par les différentes inégalités n’est que reproduite par le système successoral. Vue sous cet angle, la société se composait des héritiers à part entière (les hommes libres), de ceux qui héritaient l’équivalent de la moitié de la part des femmes et de la moitié de la part des hommes (les « hermaphrodites »), des demi-déshérités (les femmes donc), des déshérités (les femmes non musulmanes qui ont épousé des musulmans, les enfants adultérins et les criminels), ceux dont on hérite pas (les apostats et les non-musulmans) et ceux qui étaient hérités mais qui n’héritaient pas (les esclaves). Si la part successorale de la femme est réduite à la moitié, c’est bien parce qu’une femme valait la moitié d’un homme. C’est ce que révèle le droit pénal qui considère que le prix du sang d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme. C’est la raison pour laquelle aussi le témoignage de deux femmes vaut celui d’un seul homme. Nous retrouvons là une modalité de l’échange des femmes qui considère que la femme n’est pas un simple bien échangé et c’est ce qui fait qu’elle hérite. Mais le principe de l’autorité des hommes et de leur prévalence est à l’œuvre dans cette modalité, puisque la femme, tout en n’étant pas un simple bien, est la propriété d’un père qui la cède à un mari auquel elle appartiendra et obéira. Le contrat de mariage est d’ailleurs conçu comme un contrat de vente et le mariage comme une sorte d’esclavage[6]. Bref, si l’esclave participait de la chose et de la personne humaine, la femme participait de l’esclave et la personne libre à la fois. La conséquence en est que la femme valait la moitié d’un homme et héritait de la moitié de la part d’un homme. Le système de l’autorité des hommes et de leur prévalence sur les femmes est aujourd’hui mis à mal par la modernisation sociale et ce, pour plusieurs raisons : 1/ la femme se prend en charge et prend la famille en charge par son travail. L’obligation de dépense par laquelle on justifiait le principe de l’autorité des hommes n’est donc plus valable. L’autorité parentale se substitue ainsi à l’autorité paternelle. De plus, la dot est devenue une affaire symbolique, en Tunisie du moins, car lors de la rédaction du contrat de mariage par un officier d’Etat civil ou un huissier de justice, le mari tunisien est tenu de donner à sa future épouse un dinar (à peu près 0,7 euro). Ce dinar très symbolique est souvent gardé jalousement dans l’album photo des jeunes mariés. En souvenir de la cérémonie, mais peut-être aussi en souvenir de l’époque lointaine où les femmes étaient en quelques sortes vendues au clan du mari. 2/ l’institution du voile est abolie, puisque les femmes sont sortis de leurs gynécées et que le voile islamique vestimentaire, même s’il est une relique de ces temps immémoriaux, n’empêche pas cette sortie. 3/ le postulat de l’infériorité statutaire des femmes ne tient plus puisque la constitution du pays et les conventions ratifiées par l’Etat proclament l’égalité des sexes. Les femmes tunisiennes ont eu la chance de vivre sous le régime qui s’est le plus démarqué du principe de l’autorité des hommes sur les femmes qui porte plus loin que la simple loi de l’échange des femmes. Elles ont aussi bénéficié des allégements apportés par le Code du Statut Personnel (CSP) tunisien concernant les filles uniques et la prise en compte de l’agnat dans certains cas. Mais l’ombre de ce système de l’autorité et de la prévalence des hommes continue à peser sur leurs destinées et le passé de l’avilissement des femmes continue à hanter leur présent. Ce système, bien que mis à mal, tient encore, et l’inégalité successorale en est un résidu. Ce résidu étant à la fois « mystique » et matériel, il touche la destinée des femmes en profondeur. Le plaidoyer édité par l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) et l’Association Tunisienne des femmes pour la recherche sur le Développement (AFTURD) [7], le montre bien par des données réelles et des arguments diversifiés. La brèche est ouverte par les acquis précédents et les revendications actuelles, puisque les revendications donnent cours à ce qu’on a appelé « la marche providentielle de l’égalité ». Mais l’on peut être sceptique quant au déroulement de cette marche. Fellag, l’humoriste algérien, avait dit un jour : « Quand on est au fond du trou, on ne peut que remonter. Les Algériens, quand ils sont au fond du trou, continuent de creuser… » On est tenté de le paraphraser en disant que, quand une brèche est ouverte par l’impératif égalitaire, généralement, la réforme qui apaise et répare l’injustice suit. Les algériens, les tunisiens et les musulmans actuels, lorsqu’une brèche est ouverte, ils la rebouchent, ils la colmatent en édifiant à la place une masse de conjurations et d’impostures de toutes sortes, en oubliant même les possibles qui ont été écartés pour qu’une version de l’origine s’impose. La brèche s’ouvre mais la réforme tarde à venir. Entre les revendications des femmes qui négociaient avec le prophète et celle de Taher Hadded, premier réformiste moderne à avoir aspiré, en 1930, à une égalité successorale, treize siècles se sont déjà écoulés. Quarante quatre ans après Hadded, Bourguiba a tenté une réforme en 1974 mais a été très vite dissuadé, suite à une fatwa l’incriminant, promulguée par Ibn Baz, le mufti saoudien officiel à l’époque[8]. Actuellement, cette réforme est appelée par la Ligue tunisienne des droits de l’homme, les deux Associations citées plus haut (ATFD et AFTURD), quelques intellectuels comme Mohammed Charfi et Afif Lakhdhar. Mais un amendement du CSP dans ce sens ne semble pas à l’ordre du jour, puisque les décideurs politiques, le parti au pouvoir (Rassemblement Constitutionnel Démocratique), l’Union Nationale des Femmes tunisiennes ainsi que les partis d’opposition gardent le silence. Les islamistes, quant à eux, ont fini par reconnaître la valeur du CSP mais récusent l’égalité successorale. Une campagne contre la réforme successorale a même vu le jour dans des tribunes comme Assabeh et Tunisnews, avant même la publication du Plaidoyer en Août 2006. Quels sont les arguments avancés contre cette réforme ? Je ne reprendrai pas l’argument tactique qui se fonde sur la traditionnelle logique des priorités, car il a été bien développé par le Plaidoyer. Ce que l’on peut constater, c’est qu’il ne s’agit pas de véritables arguments, mais de mécanismes de défense qui tentent d’imposer des lignes rouges et de dérober des regards les idées devenues insupportables à notre époque. Nous retrouvons d’abord cette stratégie discursive qui installe l’interdit de toucher au cœur de la pensée. L’égalité dans l’héritage serait une atteinte à la sensibilité religieuse des musulmans[9], une atteinte aussi à ce qu’on appelle vaguement « les intangibilités de l’islam ». Ainsi les femmes qui ont plaidé pour l’égalité successorale ne seraient même pas des femmes, mais des monstres asexués et des « extrémistes ». Elle ne sont pas habilitées à parler de la science des « Fara’idh » (droit successoral en Islam), car il y a des spécialistes de la question, formés par la Faculté de théologie. L’interdit de toucher touche évidemment aux versets coraniques ayant trait à l’héritage et qui, nous dit-on, sont « clairs et catégoriques ». Pourtant que de versets clairs et catégoriques ne sont pas appliqués ni en Tunisie ni parfois ailleurs : ceux qui recommandent la loi du talion et les châtiments corporels, ceux qui interdisent l’usure (riba), ceux qui concernent les esclaves et qui sont simplement tombées en désuétude, tous ceux qui concernent les domaines de la législation autres que le statut personnel… ![10] Ce que protège l’interdit de toucher aux versets coraniques ne me semble pas se réduire aux versets coraniques. La crainte de la non- application des versets coraniques masque d’autres craintes et d’autres objets qui semblent s’emboîter les uns dans les autres. Ce qu’on interdit de toucher est à priori le verset coranique. Mais ce que protège le verset coranique et porte en son sein, c’est le privilège masculin, c’est précisément l’institution familiale qui garantit l’héritage religieux donnant lieu au pouvoir temporel des hommes. Mais ce que le privilège masculin protège, dérobe et préserve, c’est la prédilection divine pour les hommes exprimée de la manière la plus claire dans le Coran. Nous en arrivons à la deuxième série d’arguments qui sont, curieusement, partagés par les détracteurs et la plupart des défenseurs de l’égalité des sexes. Ces arguments reposent sur l’oubli organisé et le déni dont fait l’objet la chose la plus précieuse qui se trouve dans la plus petite des boîtes gigognes, c’est-à-dire le présupposé majeur de la prédilection divine pour les hommes. D’un côté, cette préférence est sciemment ou inconsciemment isolée de la question de l’égalité des sexes. On n’évoque pas la question des anciens statuts juridiques, on évite de citer les versets qui proclament la supériorité des hommes, on tord le cou à la langue arabe pour réinterpréter le principe de l’autorité des hommes. De l’autre côté, on déclare que l’islam a révéré la femme, pas seulement à l’époque du prophète qui a tenu compte malgré tout de la revendication des femmes, mais dans l’absolu, puisque le prophète est à la fois et paradoxalement le chef politique qui n’échappait pas aux contingences historiques et le chef exemplaire supposé y échapper. On affirme que la femme est l’égale de l’homme même si ses droits successoraux sont réduits à la moitié. On cultive l’art de loger à la même enseigne l’égalité et l’inégalité et on confond la logique de l’équité ou de la complémentarité et celle de l’égalité.[11] On affirme que la femme hérite dans la plupart des cas plus que l’homme, en donnant des exemples où la fille hérite plus que son oncle, c’est-à-dire en interférant le degré de parenté et le sexe. Par ces cafouillages et ce déni, l’amnésie est produite et entretenue, l’inégalité est maintenue active, comme un spectre revenant. Or c’est là où il y a oubli qu’il faut se remémorer. Se remémorer pour pouvoir inventer un autre oubli. Ce dont on produit l’amnésie est toujours essentiel, et l’essentiel qu’on essaie de recouvrir en récusant l’égalité des sexes ou parfois même en la défendant obscurément, c’est la lésion de la préférence divine, c’est la blessure du prix du sang de la femme qui ne vaut qu’une moitié de vie. La question de l’héritage égalitaire se heurte donc à cet héritage impossible où l’histoire d’une femme croise l’histoire de l’origine dans un effarement muet qui fait que l’avenir tarde à s’ouvrir. * Texte présenté lors d’un débat organisé par L’Association du Manifeste des Libertés (Paris, 26 Janvier 2007). [1] -Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1976, éd. , p122. [2] – Latifa Lakhdhar, «La femme et la question successorale en Islam : la vérité divine n’est-elle pas aussi contextuelle ?», Alternatives Citoyennes, n° 3, 10 Juillet 2001, www. Alternatives-citoyennes.sgdg.org. [3]-Voir aussi II/228 : « Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. Mais les hommes ont cependant une prédominance sur elles. Et Allah est Puissant et Sage. » [4]- Ben Achour Mohamed Tahar : Exégèse Tahrir wa Tanwir, Dar Sahnoun, Tunis, III/39. Ce paragraphe est à comparer aux textes récents qui affirment symptomatiquement la chose et son contraire. Dans le chapitre « La Femme en islam » publié dans l’élégante Encyclopédie arabe internationale, on peut lire : «La femme a obtenu ses droits naturels en islam, la charia lui a confié les responsabilités qui conviennent à sa nature et à son rôle dans la vie et l’a mise sur le même pied d’égalité que l’homme en matière de droits publics. Dieu dit : «« Quant à elles, elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. Mais les hommes ont cependant une prédominance sur elles » (La Génisse, 228). Au chapitre « La femme dans la jurisprudence musulmane », on peut lire : « Dieu a fait que les hommes ont autorité sur les femmes : « Les hommes ont autorité sur les femmes du fait qu’Allah a préféré certains d’entre vous à certains d’autres, et du fait que [les hommes] font dépense sur leurs biens [en faveur de leurs femmes] » (Les Femmes, 34). Mais cette caractéristique de l’homme ne signifie pas une préférence absolue des hommes, conformément à ce que la nature même de la vie l’exige sans aucun doute. Le prophète que la paix soit sur lui dit « les femmes sont les sœurs des hommes » (hadith rapporté par Ahmed, Abu Daoud et Muslim) ». L’Encyclopédie arabe universelle, Riadh. XXIII/68-69. [5]-Epîtres des Frères de la Pureté, p 629, www. al warraq. com. [6] -« Le mariage est une forme d’esclavage dans lequel la femme est esclave et doit obéissance totale et don de soi, en quoi il n’y a pas désobéissance à Dieu … », dit Ghazali (Revivification des sciences de la religion, Beyrouth, 1986, II/62sqq. [7] -Cf. le site du Manifeste des Libertés : www.manifeste.org/rubrique. [8] – Lotfi Hajji, Bourguiba et l’Islam (en arabe) , Tunis, Maison du Sud, 2004, pp191-224. [9] -Voir à titre d’exemple : Maître Abdessalem Haj Kassim : «L’ Association des Hommes démocrates (Jam’iyyat an-Nisa’ ad-Dimoqratiyyoun) et la polémique sur l’égalité dans l’héritage », As-Sabeh du 11 Août 2006. [10]-Des textes sacrés ont été au contraire inventés et appliqués, comme le verset inexistant dans la vulgate actuelle, celui qui prévoit la lapidation des adultères et qui, nous dit-on, a été dévoré par une chèvre ou un mouton. C’est ce verset fictif qui a abrogé le verset réel recommandant seulement la flagellation. (XXIV/2). [11]-Voir à titre d’exemple : Abderrazek Chaabani : “Contrairement à ce que prétendent les Femmes démocrates : L’Islam a rendu justice à la femme en matière d’héritage et lui a accordé des privilèges », Assabeh du 10 Août 2006.
POUVONS-NOUS ETRE FIERS?
BALHA BOUJADI Pouvons nous, un jour, être fiers de nous même et regarder nos enfants dans les yeux et leur dire : «Voilà notre œuvre, à vous de continuer maintenant» ? Personnellement, moi qui suis le dernier optimiste sur terre, j’en doute fort. J’ai honte de voir que la dite « œuvre » qu’on va transmettre à nos enfants n’est qu’un monstre bâtard sans tête ni pieds, prêt à cracher le feu pour détruire tout ce qui bouge. Exemple à l’appui : les évènements de Soliman. Ces incidents terrifiants d’une guerre déclarées par notre armée, nos gendarmes et nos policiers contre une trentaine de gosses ont dû nous faire réfléchir, même un petit peu, sur l’amère réalité de notre système et de nos institutions, mais nous n’avons rien fait, comme d’habitude après chaque secousse, sauf, comme les autruches, nous avons caché nos têtes entre nos cuisses charnues à la Botero. Une trentaine des jeunes garçons de 19 à 30 ans se sont « suicidés » pour nous montrer à quel point ce pays est vulnérable, à quel point cette société est fragile, à quel point ce système est caduque. Une trentaine de jeunes venus de nulle part, armés jusqu’aux dents, se sont barricadés dans les montagnes de l’Atlas pour préparer leur « révolution islamique » qu’ils ont étudiée chez les « intellectuels » de cette nation, les barbus abrutis d’Afghanistan, d’Algérie, d’Egypte, du Soudan, et mêmes ceux de Londres et de Paris (Ghannouchi and Co). Ces jeunes, nos enfants, ont vécu, pourtant, chez nous dans nos familles, ils se sont formés dans nos écoles, ils ont regardé notre télévision, ils ont lu nos journaux et ils ont pratiqué leur religion dans nos mosquées. Malheureusement la famille est sans repères ni racines ni idéaux ; cette école où l’on apprend tout sauf à devenir des citoyens libres, autonomes, avertis et émancipé des dogmes et des doctrines ; cette télévision qui déverse des tonnes de médiocrité et de connerie fabriquées dans les bas fonds de la culture des esclaves et des lâches en Orient et en Occident ; ces journaux écris par les flics et lèches bottes ; ces mosquées gouvernées par les gourous de la haine et présidées par les momies et les gens des cavernes. Le résultat est là, une génération perdue dans les montagnes prête à tuer et à se faire massacrer pour défendre des pseudo idéaux sur le Califat ou le Panislamisme ou le Djihad ou n’importe quelle idéologie qui préconise la violence comme unique chemin vers la « justice » divine et la nirvana spirituel sacro sacrée. Une trentaine des pauvres gosses ont mis à nu un régime qui prétend avoir tout sous contrôle, ils se sont baladés du nord au sud avec leurs kalachnikovs et leurs RPG, sans que les 130 milles flics ni les 500 milles mouchards s’en rendent compte. Un régime qui n’a pas osé ni donner une conférence de presse pour expliquer ce qui s’est passé aux pauvres sujets-citoyens. Ceux-ci, d’ailleurs, depuis longtemps, n’attendent plus rien de ce régime au niveau de l’information sauf pour rigoler des mises en scène ridicules et grotesques de nos ministres de l’Intérieur telles que les bombonnes à gaz de Djerba ou les plans des ambassades de Soliman. Peut-on être fiers ? Nous qui allons léguer à la génération future un système corrompu et sanguinaire ; une famille disloquée qui ne jure que par le dinar ; une école sans âme ni saveur qui fabrique des incultes aux têtes bourrés des formules et de axiomes mais sans attaches ni amour à cette terre ; une société sans culture, ni citoyenneté, ni justice, ni principes, ni idéaux ; une élite « intellectuelle » qui théorise sur le culte des dictateurs et des démagogues, qui mâche sans cesse des discours sur le sexe des anges et les féeriques paradis célestes, qui glorifient un passé plein des guerres et du sang ; une nation qui a perdu toutes les batailles contre l’ennemi physique, Israël, et l’ennemi qui nous habite : la pauvreté, l’ignorance, l’analphabétisme, la dictature des militaires et des prêtres, le terrorisme intellectuelle, l’esclavage des femmes et des enfants, la discrimination des minorités, la haine, le dédain, l’arrogance, le mépris des autres, le narcissisme idiot, les bas instincts, la culture de la mort et des kamikazes… Au lieu de réfléchir, débattre, discuter… pour sauver ce pays et ce qui reste de cette œuvre de modernité que la génération Bourguiba nous a légué, cette œuvre qui a donné les bases d’une société tunisienne avant-gardiste et qui se trouve aujourd’hui mise en question par les polygames, les charlatans, les auteurs des livres jaunes, les sourciers qui soignent le cancer par les versets du livre saint dilués dans l’eau et bu à jeun… au lieu de ça, on cache nos têtes dans nos cuisses charnus, et on continue à psalmodier et à dansotter à la gloire des sauveurs qui ont réservé déjà leurs sièges dans le palais au-delà de 2009. BALHA BOUJADI, le 6 / 2 / 2007 balhaboujadi@yahoo.es
Anvers braque les immigrés en voulant interdire le foulard au guichet
AFP, le 6 février 2007 à 11h44
Par Philippe SIUBERSKI ANVERS (Belgique), 6 fév 2007 (AFP) – La nouvelle majorité municipale d’Anvers, qui a bénéficié du vote immigré pour battre l’extrême droite, veut interdire à ses employées musulmanes de porter le foulard au guichet, suscitant l’incompréhension dans les quartiers où Turcs et Marocains sont nombreux. Le bourgmestre (maire) socialiste d’Anvers, le très populaire Patrick Janssens, a bâti sa victoire sur le parti d’extrême droite Vlaams Belang aux municipales d’octobre dernier autour du slogan: « Anvers est à tout le monde ».
« Patrick Janssens a fait le tour des mosquées. Beaucoup ont voté pour lui en pensant qu’il allait prendre en compte les demandes des musulmans. Aujourd’hui, il veut interdire le foulard aux guichets. C’est une véritable gifle », affirme Laila Ekchouchou, de l’association « Laisse mon foulard en paix! ». Alors que l’autorisation du port du voile dans les administrations ou les écoles fait débat dans d’autres pays, parfois au niveau national comme en France avec la loi sur les signes religieux à l’école, la Belgique considère que la question relève des autorités directement concernées (direction d’école, communes, etc…). Quelques communes flamandes et bruxelloises interdisent ainsi le voile intégral dans les rues. La capitale, Bruxelles, proscrit depuis plusieurs années le port du foulard à tous ses fonctionnaires.
« Nous engageons très régulièrement des femmes voilées. Mais nous leur demandons d’enlever leur voile sur leur lieu de travail. Et cela n’a jamais posé le moindre problème ni la moindre plainte », assure l’échevin (adjoint au maire) bruxellois Philippe Close. A Anvers, deuxième ville de Belgique avec 460.000 habitants, le conseil municipal est décidé à approuver bientôt, probablement en mars, une interdiction du voile et de tout autre signe religieux pour les seuls « fonctionnaires qui ont des contacts avec le public », explique l’échevin chargé du personnel, le chrétien-démocrate Marc Van Peel.
Cette mesure était prévue dans l’accord négocié entre socialistes, libéraux et chrétiens-démocrates après les élections d’octobre, pour former une coalition excluant l’extrême droite, arrivée deuxième juste derrière les socialistes lors du scrutin. « Nous voulons un personnel d’origines les plus diverses possibles, mais lorsque l’autorité locale se manifeste –dans l’enseignement, les centres culturels, au guichet d’une administration–, il faut que l’on soit neutre », explique M. Van Peel.
La question est surtout symbolique puisque seules trois ou quatre fonctionnaires musulmanes servant le public portent actuellement le foulard. « Mais il y a eu des plaintes » du public, affirme l’échevin. « Soit elles retirent leur foulard, soit on leur trouve un autre poste, mais elles ne perdront pas leur boulot », assure-t-il. Le 15 janvier, quelque 200 personnes, en majorité des femmes, ont protesté contre la future interdiction en formant une chaîne humaine autour de l’Hôtel de ville d’Anvers, à l’appel d’associations de musulmans ou d’immigrés, mais aussi de mouvements féministes.
« On nous parle de neutralité, mais ce qui compte, c’est la façon de travailler. Ces femmes ont toujours bien rempli leurs missions », explique Saida El Fekri, responsable d’une association de femmes musulmanes. « Aller travailler, c’est une étape importante vers l’émancipation. Si on leur interdit de porter le foulard au boulot, on balaie tout ça. Elles vont penser qu’il vaut mieux rester à la maison », assure la jeune femme, qui porte elle-même le foulard depuis quelques années. « Si cela continue, regrette-t-elle, les musulmans vont vouloir ouvrir leurs propres crèches, leurs propres écoles. Je ne veux pas de ça pour notre ville mais j’ai peur qu’on aille dans cette direction ». AFP
USA: relance de la plainte contre le refus de visa opposé à Tariq Ramadan
AFP, le 5 février 2007 à 00h36 WASHINGTON, 5 fév 2007 (AFP) – Des associations américaines ont relancé lundi devant un tribunal fédéral américain leur plainte contre le gouvernement pour son refus d’accorder un visa à l’universitaire musulman suisse controversé Tariq Ramadan. Fin 2004, M. Ramadan avait dû renoncer à venir enseigner à l’Université Notre-Dame (Indiana, nord-est). Depuis, les autorités ne sont pas revenues sur leur décision, et M. Ramadan n’a pas pu honorer plusieurs invitations aux Etats-Unis. Saisi par plusieurs associations, parmi lesquelles le puissant groupe de défense des libertés civiles ACLU ou l’Association américaine des professeurs d’université (AAUP), un juge de New York avait ordonné en juin au gouvernement de justifier son refus. En septembre, le gouvernement avait expliqué que sa décision était motivée par le fait que M. Ramadan a versé 600 euros au « Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens », placé en 2003 par Washington sur une liste noire. Lundi, les mêmes associations ont relancé leur plainte: « le gouvernement utilise les lois sur l’immigration comme un moyen de censurer le débat académique et politique à l’intérieur des Etats-Unis », a expliqué l’ACLU dans un communiqué. Selon l’ACLU, de nombreux autres intellectuels ont été empêchés de se rendre aux Etats-Unis ces derniers mois, parmi lesquels un professeur sud-africain pacifiste, un historien bolivien défenseur des peuples indigènes, un professeur grec marxiste et un historien militant de la cause basque. Intellectuel controversé, petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens, Tariq Ramadan vit à Genève et enseigne notamment à l’Université britannique d’Oxford. AFP
Les services de renseignement attentifs à l’hypothèse d’un attentat pendant la campagne électorale
Le facteur « T » peut-il chambouler la campagne électorale française ? Derrière cette lettre, issue du mot « terrorisme », se concentrent les craintes des services de renseignement français. Le souvenir du scénario espagnol – en mars 2004, les attentats de Madrid avaient bouleversé les élections législatives et précipité la chute de José Maria Aznar – est dans tous les esprits. Pour l’heure, les policiers ne disposent d’aucune information sur des préparatifs concrets d’attentat. Toutefois, les récentes synthèses, classées « confidentiel-défense », dont
Le Monde a eu connaissance, témoignent de l’attention soutenue portée au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), organisation algérienne revendiquant son affiliation à Al-Qaida.
Rassemblant des informations des Renseignements généraux (RG), de la direction de la surveillance du territoire (DST) et de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), ces notes ont été signées, le 15 janvier, à l’occasion du comité interministériel du renseignement, réuni autour du premier ministre, Dominique de Villepin. Deux alertes y sont citées. La première, apparue en décembre 2005, concerne des menaces d’attentat liées à « des cadres d’Al-Qaida en zone pakistano-afghane« , sans plus de précision ; la seconde est surnommée « menace d’automne ».
Mise au jour en mai 2006, elle supposerait « la planification, depuis le Moyen-Orient, d’une vague d’attentats-suicides contre un pays européen non identifié, entre septembre 2006 et avril 2007 ». Cette dernière hypothèse serait « particulièrement représentative des connexions et de la démultiplication des capacités entre le Maghreb, le théâtre irakien et les réseaux implantés en Europe. »
Selon les services français – qui ont arrêté 140 personnes en 2006, dont 17 ont été écrouées -, la menace ne viendrait pas forcément d’une éventuelle cellule du GSPC installée en Europe. Deux évolutions sont redoutées, compliquant la surveillance policière : la transformation de structures consacrées au soutien logistique en vrais groupes opérationnels ; le passage à l’acte d’individus isolés ou de groupes très hétéroclites, influencés par la propagande du GSPC, notamment via Internet.
Tous les services ont constaté un usage de plus en plus assidu des forums islamistes, même si certains ont décidé d’en restreindre l’accès, se privant d’une partie de leurs abonnés. Preuve du succès grandissant : un site francophone a triplé le nombre d’inscrits en six mois. Les policiers ont remarqué une diffusion fréquente de vues satellites, obtenues par le moteur de recherche Google Earth. Ainsi, le groupe islamiste démantelé en Tunisie, en janvier, « disposait de vues des ambassades britannique et américaine à Tunis et des images de l’ambassade de France à Rabat », mises en ligne le 26 décembre 2006.
« PACTE DU MAL »
Un autre site, connu pour la diffusion de données opérationnelles – aide à la fabrication d’explosifs… -, a même mis à disposition de ses « adeptes » un documentaire sur les égouts de Paris, cible ou moyen de fuite possibles. Enfin, le Global Islamic Media Front, organe proche d’Al-Qaida, a annoncé, sur plusieurs forums, « la sortie imminente du premier logiciel de chiffrement islamique », pour sécuriser les échanges en ligne.
Depuis que le GSPC a été officiellement reconnu comme affilié à Al-Qaida, sa volonté d’internationaliser ses actions a été confirmée. Le numéro deux d’Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, a explicitement désigné la France comme une cible dans sa vidéo du 31 décembre 2006. Le 3 janvier, le chef du GSPC, Abdelmalek Droukdal, a dénoncé le « pacte du mal » liant les Etats-Unis et la France. « Nos services estiment surtout que Droukdal, en rappelant la guerre d’indépendance contre la « France croisée » puis en s’attribuant, pour la première fois, l’héritage du GIA, s’approprie une stratégie qui avait conduit à frapper les ressortissants français, aussi bien en Algérie qu’en France », note la synthèse.
A en croire la police algérienne, le GSPC accentuerait son déploiement vers l’étranger en raison de la pression, en Algérie, des services de sécurité et de la charte de réconciliation nationale : l’amnistie a officiellement pris fin le 28 août 2006, mais elle se poursuivrait discrètement. Les services français suivent avec attention la rivalité au sein du GSPC entre Droukdal et Mokhtar Belmokhtar, qui dirige sa branche sahélienne. La conduite d’un attentat à l’étranger pourrait donner un avantage décisif à l’un des deux. Selon la synthèse, Belmokhtar aurait été chargé par l’état-major du GSPC « de fabriquer, à partir de 20 litres d’acide nitrique, un explosif qui pourrait être du TATP », à l’usage non précisé.
Pour l’heure, le GSPC essaie surtout d’étendre son champ d’action dans le Maghreb. En Tunisie, deux opérations conduites entre le 23 décembre 2006 et le 3 janvier dans la région de Tunis ont causé la mort d’au moins 12 activistes et permis l’arrestation d’une quinzaine d’autres, selon la synthèse française. Ces individus « très déterminés et d’un niveau intellectuel élevé » étaient de nationalités algérienne et mauritanienne. Au Maroc, fin décembre, une cellule islamiste souhaitant viser des cibles étrangères dans le pays et implanter un camp d’entraînement en Algérie a été démantelée.
Explosion d’une lettre piégée à Londres
Une femme a été légèrement blessée à la main, lundi 5 février, par l’explosion d’une lettre piégée dans le centre de Londres. Les faits ont eu lieu dans les bureaux de la société Capita, qui contrôle la mise en oeuvre du système de péage imposé aux automobilistes londoniens. Cette compagnie, qui emploie 26 000 personnes dans le monde, gère aussi la base de données des archives de la police britannique. L’immeuble qu’elle occupe se trouve sur Victoria Street, une rue qui relie la gare de Victoria à l’abbaye de Westminster, et à quelque 200 mètres du quartier général de Scotland Yard.
L’attentat n’a pas été revendiqué. La victime, employée de la compagnie, a été hospitalisée avec des blessures mineures.
Les lettres piégées sont une technique à laquelle l’Armée républicaine irlandaise (IRA) avait recouru dans les années 1970, et qui n’a jamais provoqué de mort d’homme. La poste britannique est normalement équipée pour détecter ce type d’explosifs. – (Corresp.)
(Source: Le Monde l’édition du 07.02.07)
Le choc des ignorances: entretien avec Bruno Etienne Propos recueillis par Irane Belkhedim
Bruno Etienne «Arabes et Européens sont les enfants de la même civilisation» Pourquoi rejetez vous la théorie du choc des civilisations? Je ne crois pas au choc des civilisations. Le slogan Islam contre Occident masque les véritables enjeux des problèmes géopolitiques stratégiques qui concernent le contrôle du Proche-Orient, des intérêts purement énergétiques et qui sont légitimés des deux côtés par des références culturelles et religieuses. Mais cette théorie met en évidence les différences culturelles et religieuses qui sont une réalité, non? Oui, je ne renie pas ces différences, mais je dis seulement que les Arabes et les Européens sont les enfants d’une même civilisation, ils partagent beaucoup de choses communes. D’abord, la bible, le coran et l’évangile. Savez- vous que dans le Coran, il y a 180 occurrences qui renvoient aux textes bibliques et évangéliques ? Dans le coran, il existe un verset qui énonce que le prophète Mohamed est venu confirmer ce qu’ont révélé les autres messies, Abraham, Moise… ..Il n’efface pas ce qui a été dit mais le complète. Musulmans et Chrétiens croient aussi à la prophétie. Secundo, leur mode de raisonnement a comme base le raisonnement grec. Agnostiques, athées, juifs, musulmans, pratiquant ou pas, chrétiens, raisonnent par analogie, par déduction et induction, par la chaîne de légitimité de ceux qui ont écrit. Nous appartenons donc à une seule civilisation, nous dire Islam contre Occident, c’est nous prendre pour des idiots! Comment expliquez-vous que ce slogan déstabilise alors les ces deux mondes? Ce slogan fonctionne sur la méconnaissance réciproque. Certains Européens et peut-être Arabes aussi, construisent leur imaginaire sur ce qu’est l’Islam et sur ce qu’il devrait être. Ce sont les fantasmes qui définissent l’Islam car ce qui est important ce n’est pas ce qui est vrai mais c’est ce que les gens croient et ce n’est pas du tout la même chose. La quasi-totalité de ceux qui craignent l’Islam comme ceux qui le défendent dit que l’Islam est un. Ainsi, dans la tête de ceux qui ont peur, les musulmans se ressemblent, qu’ils soient de Samarkand, de Casablanca ou de la banlieue parisienne, dès qu’ils ont attrapé l’Islam ou que l’Islam les a attrapés, ils ont les mêmes comportements : ils violent les femmes, égorgent les gens… Ce sont des fantasmes! Un jour une dame me dit que les Européens ne connaissent pas l’Islam, j’ai répondu: Que connaissent les musulmans sur le christianisme et le judaïsme? Ils disent aussi n’importe quoi! Les illusions sociales produisent des effets sociaux! Comment voyez vous certains incidents qui ont provoqué la colère des musulmans, par exemple, ceux de l’aéroport de Roissy? Il ne faut pas céder à l’événementiel. Cette histoire présente des faits cohérents et logiques, il est normal que la police surveille de près des bagagistes qui ont été dans des camps d’entraînement en Afghanistan et au Pakistan et qu’elle renforce les mesures de sécurité! Et ce n’est pas contre l’Islam. C’est une information qui n’a pas d’intérêt, par contre, pourquoi on ne parle jamais des 85% des musulmans en France qui se disent laïcs, républicains et qui veulent vivre tranquillement, travailler et emmener leurs enfants à l’école?! Je n’invente rien, ce sont des enquêtes qui l’attestent. Comment analyser vous le discours du pape Benoît XVI qui a provoqué la colère du monde musulman? Je n’ai pas pu obtenir son discours traduit de l’allemand au Français que quatre jours plus tard. Et je parie que la plupart des gens qui ont protesté à Munich ce jour-là ne l’avaient pas lu ! C’est l’exemple même de l’immédiateté de l’information qui a poussé ces personnes à manifester sur des fantasmes! Pourtant, dans son discours Benoît XVI a posé un véritable problème, le débat qui secoue actuellement la société européenne, celui de la compatibilité de la foi et de la raison. L’archéologie de la culture européenne et la nécessité de la modernité: l’Europe a-t-elle une culture judéo-chrétienne, laïque ou moderne? Le pape a adressé un discours virulent envers l’Europe en affirmant que les Européens n’arrivent plus à assumer leur chrétienté car l’Europe a égaré ses valeurs centrales de cohésions. Le pape s’est alors adressé aux Européens avant tout? Oui. Disons que le pape a décidé de faire de la Daâwa (prédication) auprès des chrétiens européens car son prédécesseur les a abandonnés pour s’intéresser au monde entier. Son intervention est une stratégie politico-religieuse du Vatican qui croit que l’Europe doit se replier sur elle-même et oublier le reste de la planète. Il y a aussi une autre raison qui explique ce discours, le catholicisme est désormais majoritaire en Amérique latine et en Afrique, le prochain Pape sera vraisemblablement de ces deux régions, mais la vieille Europe résiste! Il faut comprendre ces enjeux! Dire que l’Islam n’a pas fréquenté la rationalité universelle grecque est une erreur, une bêtise car nulle n’ignore que les Chrétiens ont connu la pensée et la philosophie grecque grâce aux traductions des savants arabes. Que doit-on faire pour instaurer des rapports plus confiants et solides entre les deux rives? La relation Islam Occident se base sur l’ignorance. Les mœurs des uns et des autres ont des cohérences anthropologiques. Au nom de quoi je vais dire à quelqu’un qu’il n’a pas le droit de faire la circoncision ou de manger le cochon!? Je veux dire que celui qui n’est pas dans la même culture devrait essayer de comprendre pourquoi il est cohérent pour l’Autre de manger du cochon et de ne pas être circoncis. C’est important de comprendre car la méconnaissance favorise les fantasmes. Cependant, la connaissance n’est pas non plus facile. Il existe des mécanismes très complexes des deux côtés pour expliquer exactement ce qu’est la culture ou la civilisation. Il faut donc travailler, animer des rencontres, lire des livres des deux rives et former des gens. Toute ma gloire est d’avoir formée des chercheurs qui sont capables d’écouter l’Autre et d’avoir réussi à les déconstruire sur leurs propres préjugés. Il y a aussi la question historique, l’histoire n’est pas écrite de la même façon. En France, un manuel d’histoire franco-allemand vient d’être édité et de signer ainsi la réconciliation entre les deux pays après trois guerres et des millions de morts. Quand est-ce l’Algérie et la France feront pareille? Irane Belkhedim (02/02/2007) (*) Bruno Etienne est membre de l’Institut universitaire de France, directeur de l’Observatoire du religieux à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. (Source : www.babelmed.net , le 6 février 2007) Lien : http://www.babelmed.net/index.php?menu=31&cont=2470&lingua=fr