AFP: Tunisie/troubles sociaux: décès du Tunisien qui s’était immolé par le feu Reuters: Mort du marchand tunisien à l’origine des troubles Reuters: Tunisian who sparked rare protests dies-relatives L’express: Tunisie : tension à Sidi Bouzid pour les adieux à Mohamed Bouazizi France2: Tunisie: inhumation sous tension à Sidi Bouzid Le Parisien.fr: Tunisie : tensions lors de l’inhumation de Mohammed Bouazizi Communiqué de presse de Solidarité Tunisienne suite au décès de Mohamed Bouazizi Europe Ecologie-Les Verts appelle à manifester partout en France jeudi 6 janvier Communiqué de presse UJFP Alsace & ATMF : solidarité avec Sidi BOUZID CSI: Tunisie : Les autorités nationales sont appelées à abandonner la répression et à amorcer le dialogue Hélène Flautre, députée européenne – L’Europe doit soutenir le mouvement pour la démocratie en Tunisie Parti « Tunisie Verte »: La colère de la jeunesse en Tunisie Reporters sans frontières: Censure du Net : les autorités passent à la vitesse supérieure AFP: Blocages de sites: internet au centre de la contestation en Tunisie Le Monde.fr: La Tunisie tente de reprendre le contrôle du Web The Tech Herald: Tunisian government harvesting usernames and passwords Europe1: Tunisie : ils osent critiquer sur le web Afrik.com: Internet, une arme pour la jeunesse tunisienne révoltée AP: New unrest breaks out in Tunisia Maghreb-intelligence: Ben Ali monte lui-même au front NPA: L’Intifada tunisienne Slim Bagga: sur LCI, Moncef Marzouki demande a Ben Ali de partir rejoindre sa femme Moncef Marzouki: L’Europe ne doit plus soutenir Ben Ali Mokhtar Yahyaoui : Tunisie: Le temps des défis Amel Djait : Tunisie : Il est temps de remettre les pendules à l’heure! Kamel Mahdhaoui: Hommage à Mohamed Bouazizi décédé le 4 janvier 2011 Ahmed BRAHIM: La réforme politique : une priorité nationale
JEUDI 6 JANVIER 2011 JOURNEE INTERNATIONALE DE SOLIDARITE AVEC LES LUTTES DU PEUPLE TUNISIEN
Tunisie/troubles sociaux: décès du Tunisien qui s’était immolé par le feu
AFP, le 5 janvier 2010 à 11:06 GMT TUNIS, 05 Jan 2011 (AFP) – Le jeune Tunisien, Mohamed Bouazizi, 26 ans, qui s’était immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie) et dont l’acte a déclenché des troubles sociaux, est décédé mardi soir, a-t-on appris de sources concordantes. Ce décès a été annoncé à Paris par Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) et par le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT). « Il est mort hier à 19H00 », a déclaré à l’AFP Mme Belhassen. « Il faut une enquête ou une commission nationale pour déterminer les causes et les solutions à cette protestation sociale qui a pris des formes tragiques », a-t-elle ajouté. « Nous venons d’apprendre le décès du jeune Mohamed Bouazizi à l’hôpital des grand brûlés de Ben Arous en Tunisie », a indiqué par ailleurs dans un communiqué le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT). Deux membres de la famille du jeune homme ont confirmé à l’AFP son décès. « Mohamed est mort hier (mardi) à 17H30 à l’hôpital de Ben Arous », a déclaré son frère Salem Bouazizi, ajoutant que le corps devait être porté mercredi en cortège par la famille à Sidi Bouzid pour y être inhumé. « C’est une tragédie, toute la famille est réunie au domicile parental de Mohamed pour attendre l’arrivée de la dépouille », a dit son oncle Mahdi Horchani. Le ministère tunisien de la Santé a ensuite annoncé le décès mardi soir du jeune homme, dans un communiqué publié par l’agence gouvernementale TAP. Le ministère a indiqué que le jeune homme avait été entouré d’une « grande attention à l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous » et rappelé qu’il avait reçu la visite du président Zine El Abidine Ben Ali. La Tunisie connaît des troubles sociaux depuis le suicide de Mohamed Bouazizi. Le jeune vendeur ambulant de fruits et légumes sans permis s’était immolé par le feu, après s’être fait confisquer sa marchandise par la police.
Mort du marchand tunisien à l’origine des troubles
Reuters, le 5 janvier 2010 à 11:15:07 GMT TUNIS, 5 janvier (Reuters) – Le marchand tunisien dont la tentative de suicide a déclenché une série de manifestations dans le pays est décédé mardi des suites de ses blessures, a annoncé son frère mercredi. Mohamed Bouazizi, marchand de fruits et légumes âgé de 26 ans, s’était immolé le mois dernier devant un bâtiment officiel de Sidi Bouzid, à 200 km au sud-ouest de Tunis, parce que la police lui avait confisqué son chariot de primeurs. Son acte a suscité un élan de solidarité, avec des manifestations à Sousse, Sfax et jusqu’à Tunis où un millier de jeunes protestataires ont été dispersés il y a une huitaine de jours. Mohamed Bouazizi est devenu un symbole pour les chômeurs diplômés, les syndicalistes et les militants des droits de l’homme. « Mohamed a succombé (mardi). Que Dieu ait pitié de lui », a déclaré à Reuters son frère Salem. Le gouvernement tunisien accuse l’opposition de manipuler ces manifestations, rares dans un pays dirigé depuis 23 ans par le président Zine el Abidine ben Ali, pour discréditer le pouvoir. Deux civils ont été tués lors d’affrontements avec les forces de l’ordre dans la ville de Bouziane, dans le sud du pays. Selon la presse française, un diplômé au chômage s’est par ailleurs suicidé par électrocution pour dénoncer « la misère et le chômage ». Mardi, la police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de centaines d’étudiants à Thala, dans l’ouest du pays, ont rapporté des témoins. Le président Ben Ali, qui a nommé un nouveau ministre de la Jeunesse et un nouveau gouverneur de Sidi Bouzid, a prévenu la semaine dernière que toute manifestation violente était inacceptable et contraire à l’intérêt national. La presse tunisienne rapporte que le président a également ordonné le déblocage de 6,5 milliards de dinars (4,5 milliards de dollars) en faveur de l’emploi des diplômés, dont le taux de chômage est d’environ 25%.
Tunisian who sparked rare protests dies-relatives
Reuters, le 5 janvier 2010 à 10:42:16 GMT TUNIS, Jan 5 (Reuters) – A young Tunisian whose attempted suicide by self-immolation sparked a rare wave of violent protests in several areas of the country died on Tuesday of his injuries, his relatives said. Mohammed Bouazizi, 26, set fire to himself last month in front of a government building in the central town of Sidi Bouzid to protest against the confiscation by police of his fruit and vegetable cart. The incident was embraced as a cause by jobless graduates, trade unionists and human right activists, and the protests later spread to other towns including the capital, Tunis. His brother Salem told Reuters: « Mohammed passed away (Tuesday) .. May God have mercy on his soul ». Bouazizi is the fourth person to have died in the protests. Two civilians were killed after police fired in « self-defence » to quell rioters in the southern town of Bouziane. According to French reports, a jobless graduate also killed himself by clinging to a high-voltage electric cable to protest against « misery and unemployment ». Protests have been rare in Tunisia, a country hailed by Western allies as a model of stability and prosperity in the Arab world, and one which has had only two presidents since independence from France 55 years ago. Tunisia has been ruled for the last 23 years by Zine al-Abidine Ben Ali, who works closely with Western governments to combat al Qaeda militants. The government has accused its opponents of manipulating the Sidi Bouzid clashes last month to discredit the authorities, and Ben Ali said that violent protests were unacceptable and would hurt national interests. The wave of protests had died down after Ben Ali named a new youth minister in a minor government reshuffle — the second in 2010 — and a new governor for Sidi Bouzid. Official media said he had also ordered that 6.5 billion dinars ($4.5 billion) be provided to cut graduate unemployment, now at around 25 percent. Tunisia has become a regional focus of attention for financial institutions since announcing a plan to complete current account convertibility during 2010-12, and full dinar convertibility in 2013-14.
Tunisie: inhumation sous tension à Sidi Bouzid
Le vendeur ambulant de 26 ans, qui s’était immolé à Sidi Bouzid le 17 décembre, y a été inhumé mercredi Une foule estimée à 5.000 personnes a marché derrière son cortège funèbre en criant vengeance, a rapporté Kamel Laabidi, un syndicaliste. Des heurts ont éclaté dans cette ville située à 200 km au sud-ouest de Tunis, après le geste de Mohamed Bouazizi, jeune diplômé qui protestait contre la confiscation de la charrette qui lui servait de gagne-pain. Le mouvement, d’une ampleur sans précédent, avait ensuite gagné d’autres villes du pays. Des témoignages Un mouvement de protestation parti de l’acte désespéré de Mohamed a dégénéré provoquant à ce jour quatre morts, dont deux manifestants tués par balles à Menzel Bouzaiane et deux suicides, celui de Mohamed et d’un autre jeune qui s’était jeté d’un pylone sur des cables électriques, en lançant un cri contre la misère et le chômage, selon un autre témoin, Ali Zari. Le gouvernement a contesté la thèse de ce deuxième suicide et affirme mener une enquête. De nombreux blessés et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés au cours de ces protestations. Selon l’oncle de la victime, Mehdi Horchani, la police massivement présente a empêché le cortège de s’approcher du siège du Gouvernerat (préfecture), là où Mohamed s’était aspergé d’essence pour s’immoler par le feu. « Mohamed est devenu le symbole du refus du chômage et du mépris et son décès risque d’exaspérer la tension déjà vive à Sidi Bouzid et dans les régions alentours », a dit à l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat. Le drame est devenu un symbole pour les chômeurs diplômés et au-delà pour les militants des droits de l’homme. Vendeur ambulant de fruits et de légumes, Mohamed Bouazizi s’était fait confisquer sa marchandise et humilier par la police municipale. Grièvement brûlé après sa tentative de suicide, il avait été transporté dans un centre médical près de Tunis. Son décès mardi soir a été confirmé par sa famille. Des sites du gouvernement attaqués Plusieurs sites du gouvernement tunisien ont subi des cyber-attaques de groupes d’internautes solidaires du mouvement de protestation sociale qui se développe dans le pays, et certains d’entre eux demeuraient inaccessibles mercredi, a encore constaté l’AFP. Les sites de l’agence tunisienne de l’internet, le site officiel du gouvernement tunisien ou celui de la banque Zitouna, étaient bloqués mercredi. Ces attaques répondent à un mot d’ordre répandu sur internet par les « Anonymes » (Anonymous) qui se présentent comme un groupe d’internautes attachés à la liberté d’expression et reprochent aux grands médias de ne pas évoquer suffisamment la situation en Tunisie. « Il est de la responsabilité de la presse libre et ouverte de relater ce que la presse soumise à la censure ne peut pas rapporter. Le peuple de Tunisie nous a demandé son aide et nous avons répondu en lançant une nouvelle opération, Opération Tunisie », annonce une lettre ouverte des « Anonymes » sur internet. Plusieurs sites internet tunisiens non-officiels se faisaient l’écho mercredi de cette cyber-attaque. Les manifestations Deux civils ont été tués lors d’affrontements avec les forces de l’ordre dans la ville de Bouziane, dans le sud du pays. Selon Libération, un jeune s’est par ailleurs suicidé le 22 décembre « sous les yeux de la foule à Menzel Bouzaiane, en s’accrochant à une ligne haute tension: ‘Je ne veux plus de la misère et du chômage' », a-t-il crié à la foule. Le mouvement a ensuite gagné d’autres villes comme Soss, Sfax et Tunis, la capitale, où un millier de jeunes protestataires ont été dispersés il y a une semaine. Mardi 4 janvier, la police a fait usage de lacrymogènes pour disperser une manifestation de plusieurs milliers d’étudiants à Thala (ouest). « Des chômeurs se sont joints à la manifestation qui s’est transformée en affrontements avec la police », selon deux témoignages recueillis par Reuters. La réponse du pouvoir Le gouvernement accuse ses opposants de manipuler ces rassemblements pour discréditer le pouvoir. Des rassemblements rares dans un pays dirigé depuis 23 ans d’une main de fer par le président Ben Ali. Ce dernier avait averti la semaine dernière que toute manifestation violente était inacceptable et contraire à l’intérêt national. Le président tunisien a nommé un nouveau ministre de la Jeunesse et un nouveau gouverneur de Sidi Bouzid. Selon la presse locale, il a ordonné le déblocage de 6,5 milliards de dinars (3,4 milliards d’euros) en faveur de l’emploi des diplômés. Leur taux de chômage pourrait atteindre 30 %. (Source : « France2.fr » Le 05-01-2011) Lien : http://info.france2.fr/monde/tunisie-inhumation-sous-tension-a-sidi-bouzid-66554974.html
Tunisie : tensions lors de l’inhumation de Mohammed Bouazizi
L’inhumation de Mohammed Bouazizi s’est déroulée mercredi dans une ambiance tendue dans la région de Sidi Bouzid, en Tunisie. Le vendeur ambulant s’était immolé le 17 décembre après la saisie musclée de son étal de fruits et légumes qu’il vendait sans permis pour faire vivre les siens. Grièvement brûlé lors de sa tentative de suicide, le jeune homme de 26 ans est décédé mardi soir. Il est devenu une symbole de la protestation. Son geste a déclenché un mouvement social dans de nombreuses villes de Tunisie. Entre tristesse et colère, une foule estimée à 5 000 personnes a marché derrière son cortège funèbre en criant vengeance, jusqu’au cimetière de «Garaat Bennour», à 16 km de Sidi Bouzid, a rapporté à l’AFP Kamel Laabidi, un syndicaliste. «Adieu Mohamed nous te vengerons !», «Nous te pleurons ce jour, nous ferons pleurer ceux qui ont causé ta perte», ont scandé les habitants. Ils ont aussi crié leur colère contre la cherté de la vie «qui a conduit Mohamed au suicide», répétant «Honte au gouvernement !», selon le syndicaliste.
Tunisie : tension à Sidi Bouzid pour les adieux à Mohamed Bouazizi
Le jeune Tunisien, dont l’immolation par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid (centre-ouest) a déclenché une révolte contre le chômage, a été inhumé mercredi dans un climat de tension, après avoir succombé à ses blessures la veille dans un hôpital de Tunis.
Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’était immolé devant les bureaux du gouverneur (préfet) de Sidi Bouzid (260 km de Tunis) pour protester contre la saisie musclée par la police de son étal de fruits et légumes qu’il vendait sans permis pour faire vivre les siens.
Entre tristesse et colère, une foule estimée à 5.000 personnes a marché derrière son cortège funèbre en criant vengeance, jusqu’au cimetière de « Garaat Bennour« , à 16 km de Sidi Bouzid, a rapporté à l’AFP Kamel Laabidi, un syndicaliste.
« Adieu Mohamed nous te vengerons!« , « ton sang n’aura pas coulé pour rien« , « Nous te pleurons ce jour, nous ferons pleurer ceux qui ont causé ta perte« , ont scandé les habitants, a ajouté ce témoin présent dans le cortège.
La foule a aussi crié sa colère contre la cherté de la vie « qui a conduit Mohamed au suicide« , répétant « Honte au gouvernement!« , a dit M. Laabidi.
Selon l’oncle de la victime, Mehdi Horchani, la police massivement présente a empêché le cortège de s’approcher du siège du Gouvernerat (préfecture), là où Mohamed s’était aspergé d’essence pour s’immoler par le feu.
« Mohamed a sacrifié sa vie pour attirer l’attention sur sa condition et celle de ses frères« , a-t-il ajouté, décrivant « une douleur immense et un sentiment d’injustice ressentis par tous » à Sidi Bouzid en ce jour de « deuil« .
Mohamed est devenu le symbole du refus du chômage et du mépris et son décès risque d’exaspérer la tension déjà vive à Sidi Bouzid et dans les régions alentours« , a dit à l’AFP un diplomate sous couvert d’anonymat.
Bien qu’il ne soit pas diplômé de l’université, « son acte est symptomatique du malaise des jeunes diplômés acculés à gagner leur vie dans le commerce informel« , a-t-il analysé.
Le mouvement de protestation parti de l’acte désespéré de Mohamed a dégénéré provoquant à ce jour quatre morts, dont deux manifestants tués par balles à Menzel Bouzaiane et deux suicides, celui de Mohamed et d’un autre jeune qui s’était jeté d’un pylone sur des cables électriques, en lançant un cri contre la misère et le chômage, selon un témoin, Ali Zari.
Le gouvernement a contesté la thèse de ce deuxième suicide et affirme mener une enquête.
De nombreux blessés et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés au cours de ces protestations .
Le décès du jeune vendeur ambulant a été annoncé à Paris par Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) et par le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT).
« Il faut une enquête ou une commission nationale pour déterminer les causes et les solutions à cette protestation sociale qui a pris des formes tragiques« , a déclaré à l’AFP Mme Belhassen.
Sa mort a été ensuite confirmée à l’AFP à Tunis par sa famille, avant que le ministère de la Santé n’en fasse état dans un communiqué diffusé par l’agence gouvernementale TAP.
Le ministère y affirmait que le jeune homme avait été entouré d’une « grande attention à l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous » et rappelé qu’il avait reçu le 28 décembre la visite du président Zine El Abidine Ben Ali.
Fin décembre, M. Ben Ali avait regretté les événements de Sidi Bouzid et dénoncé une « instrumentalisation politique de certaines parties » et avait reçu sa famille au palais de Carthage.
Des mesures d’urgences étaient annoncées au profit de la population, alors que le président procédait à un mini remaniement de son gouvernement marqué pâe la nomination de nouveaux ministres, notamment à la Communication et au Commerce.
Source : « L’express » Le 05-01-2010
Point de presse MAE 05 /01/2011
3 – TUNISIE Q – Après la mort de Mohamed Bouazizi, dont l’acte a déclenché une vague de troubles sociaux, appelez-vous les autorités à étendre les droits économiques et sociaux des Tunisiens ? R – Nous avons appris avec émotion le décès, hier soir, du jeune Mohamed Bouazizi. Nous continuons de suivre de très près la situation en Tunisie et souhaitons que les tensions, qui ne sont dans l’intérêt de personne, s’apaisent. Il n’appartient pas à la France, pas plus qu’à un autre Etat, de conseiller les autorités tunisiennes dans le domaine économique et social.
Communiqué de presse de Solidarité Tunisienne suite au décès de Mohamed Bouazizi
Communiqué de presse 5 janvier 2011
Solidarité avec la mobilisation citoyenne en Tunisie
Europe Ecologie-Les Verts appelle à manifester partout en France jeudi 6 janvier
Ce mardi 4 janvier à 19h, Mohamed Bouazizi est mort à la suite de ses blessures. Mohamed Bouazizi est ce jeune Tunisien de 26 ans, vendeur de fruits et légumes, qui s’est immolé en signe de protestation devant la préfecture de Sidi Bouzid (ville du centre ouest de la Tunisie), le 17 décembre dernier. Après s’être fait confisqué sa marchandise par la police locale faute d’autorisation administrative, monsieur Bouazizi, s’est aspergé d’essence devant la préfecture en guise de désespoir et de contestation. Son geste a déclenché une immense vague de manifestations dans tout le pays. Celles-ci ont alors été sévèrement réprimées par la police. Trois autres personnes ont trouvé la mort au cours de ses troubles:
-Houcine Néji, 24 ans (suicidé lors d’une manifestation le 22 décembre)
-Mohammed Ammari, 18 ans (tué par la police lors d’une manifestation le 22 décembre)
-Chawki Hidri, 43 ans (blessé par la police lors d’une manifestation, il a succombé des suites de ses blessures le 31 décembre). Sans compter les dizaines de blessés, dont un militant du parti Tunisie Verte.
Combien faudra-t-il de morts et de blessés pour que le pouvoir de Ben Ali prenne enfin en compte les revendications de son peuple?
Une nouvelle fois, après Gafsa et Ben Guerdane, le gouvernement tunisien réprime dans le sang la révolte légitime de toute une population mobilisée contre la corruption du régime, la hausse des prix des matières premières et le chômage, notamment celui des jeunes diplômés.
Europe Écologie – Les Verts réaffirme sa solidarité avec le peuple tunisien et appelle à manifester demain, jeudi 6 janvier, un peu partout en France.
A Paris, rendez-vous à partir de 18h, place des Innocents, en présence de Cécile Duflot, secrétaire nationale EELV, Karima Delli, eurodéputée EELV, Alima Boumediene-Thiery, sénatrice EELV de Paris et Jacques Boutault, maire du 2ème arrondissement
A Toulouse, rendez-vous devant le Consulat de Tunisie, 19 allée Jean Jaurès, à partir de 18 h, en présence de Catherine Grèze, eurodéputée EELV et Antoine Maurice, Président du groupe des élus Verts à la Communauté urbaine du Grand Toulouse.
A Strasbourg, rendez-vous devant le consulat de Tunisie à 18h, en présence d’Alain Jund, maire-adjoint EELV, Andrée Buchmann conseillère régionale.
A Lille, Hélène Flautre, députée européenne EELV.
Et dans de nombreuses autres villes françaises.
Soyons nombreux à manifester contre la sanglante répression menée par le pouvoir tunisien de Ben Ali et contre le silence trop pesant, parce que complice, du gouvernement français!
Djamila sonzogni, Jean-Louis Roumegas porte-parole Europe Ecologie Les Verts
Le 6 janvier 2011, journée de solidarité avec Sidi BOUZID, pour le respect des droits de l’homme en Tunisie et ailleurs.
Aux familles et proches de toutes les victimes de la misère et de la répression, nos pensées ! A partir du 17 décembre 2010, la Tunisie fût secouée par des évènements gravissimes. De la ville de Sidi Bouzid, Mohamed Bouaziri. 26 ans, s’est immolé par le feu. Mohamed venait de se faire confisquer sa marchandise par la police municipale de la première ville agricole. Chômeur-diplômé, Mohamed avait recours pour faire vivre sa famille à la vente ambulante de fruits et légumes. Pour s’indigner de cette situation désespérante et dramatique poussant au suicide, des habitants de la ville majoritairement des jeunes sont descendus dans la rue. Après les villes environnantes de Sidi Bouzid, cette indignation a gagné toute la Tunisie du Nord au Sud qui a vu ses jeunes, chômeurs, déshérités, précaires et travailleurs mis en mouvement pour réclamer le droit à la vie et à la dignité, à commencer par le droit au travail. Et l’hécatombe a continué ! Le 22 décembre 2010, les forces de répression ont tué par balles un jeune, Mohamed Ammari, aussi diplômé et manifestant pour le droit au travail. Un autre jeune Houcine Neji, 24 ans, se suicide en escaladant un pylône électrique. A notre connaissance, un état digne de ce nom n’a-t-il pas pour obligation d’assurer à ses citoyens protection et justice sociale ? A notre connaissance, les droits économiques, sociaux et culturels et les droits civils et politiques ne sont-ils pas définis comme « base dont tous les êtres humains devraient jouir» ?1 Pourquoi ces 2 pactes restent-ils dans beaucoup de pays lettre morte ? Bien sûr ce ras le bol généralisé de la misère n’est pas l’apanage de la seule Tunisie. D’autres populations maghrébines, moyen-orientales et africaines… subissent depuis longtemps le même sort d’étranglement fait de faim et de répression. Que d’échec ! Avec Stéphane Hessel, il nous paraît légitime de nous questionner par rapport au non respect des « principes » déclarés il y a plus d’un demi-siècle par l’Organisation des Nations Unies. Nations Unies ou nations dés-unies ? Le système monétaire marchand marche sur la tête; système qui fait plutôt la part belle aux riches toujours plus riches, alors que les pauvres sont toujours plus pauvres. Nous, nous indignons et nous estimons que, la mise en œuvre urgente de politiques publiques pour l’égalité des droits et les libertés; le droit à la santé, à l’éducation, à la justice sociale, à la liberté d’opinion et d’expression, le droit de circuler librement… c’est une exigence citoyenne. Nous remercions cordialement les médias qui le peuvent de bien vouloir diffuser ce communiqué de solidarité avec Sidi Bouzid et pour le respect des droits de l’homme en Tunisie et ailleurs. Que 2011 soit porteuse de meilleurs horizons. A Strasbourg le 5 janvier 2011 ATMF (Association des Travailleurs maghrébins de France), Strasbourg UJFP (Union Juive Française pour la Paix d’Alsace) 1 « tous les êtres humains naissent… égaux en dignité et en droits » et peuvent se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la déclaration universelle des droits de l’homme, sans distinction aucune ».
Tunisie : Les autorités nationales sont appelées à abandonner la répression et à amorcer le dialogue
4 janvier 2011 : La CSI a appelé le gouvernement tunisien à mettre un terme à la répression violente contre des manifestants qui demandent des mesures sur l’emploi et à engager un dialogue de bonne foi avec la centrale syndicale nationale UGTT en réponse à la crise sociale croissante que traverse le pays. L’immolation par le feu d’un jeune tunisien sans emploi le 17 décembre suivi du suicide d’un autre jeune dans la ville de Sidi Bouzid ont été à l’origine d’une série de manifestations aux quatre coins du pays auxquelles ont participé les fédérations régionales de l’UGTT, affiliée à la CSI. Les interventions policières auraient donné lieu à de nombreux coups de feu tirés contre les manifestants avec des munitions réelles. Les manifestants demandent que des mesures soient prises concernant l’emploi et la corruption, ainsi que pour le respect des droits fondamentaux. Deux jeunes manifestants ont été tués et des dizaines d’autres blessés. La police a assiégé les locaux de l’UGTT. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées, y compris des avocats et des journalistes. « La CSI appelle instamment les autorités à engager un dialogue et des négociations de bonne foi pour répondre aux problèmes qu’affronte le pays au lieu de se livrer à une répression brutale. Les personnes détenues doivent être relâchées sur-le-champ et le gouvernement doit s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu du droit international en ce qui concerne le respect des droits syndicaux et des libertés fondamentales. Nous soutenons pleinement les démarches entreprises par le Comité exécutif de l’UGTT pour obtenir la libération des personnes détenues », a déclaré la secrétaire générale de la CSI, Sharan Burrow. (Source: CSI La Confédération syndicale internationale le 4 janvier 2011) Lien:http://www.ituc-csi.org/tunisie-les-autorites-nationales.html?lang=fr
L’Europe doit soutenir le mouvement pour la démocratie en Tunisie
LA COLÈRE DE LA JEUNESSE EN TUNISIE
La colère de la jeunesse a éclaté à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010. Le jeune Mohamed Bouazizi s’est suicidé par le feu. Il est décédé le 02/01/2011, d’autres jeunes chômeurs l’ont suivi, dans le même gouvernorat et à Gafsa. Le mouvement des jeunes chômeurs, s’est vite transformé en un mouvement social de contestation pacifique sans précédent, et dans tout le pays. Parce qu’il n’a pas été entendu dans le bassin minier de Gafsa et a été sauvagement réprimé, le mouvement des jeunes est radical aujourd’hui et ressenti profondément par toute la jeunesse et le peuple tunisien. De Sidi Bouzid, à Kasserine et Gafsa en remontant vers la capitale politique (Tunis) les jeunes ont repris des mots d’ordre politique contre le despotisme, la corruption du pouvoir et le népotisme. Plusieurs manifestations d’avocats à Kasserine, Jendouba et Tunis et dans d’autres villes ont soutenu le mouvement de la jeunesse. Les avocats ont dénoncé la répression de la police et la garde nationale sous la direction du général Boudrigua, ancien général d’armée, la répression a duré 12 jours au gouvernorat de Sidi bouzid, deux morts sont annoncés par la presse à Menzel Bouzayene. Le 27 décembre 2010, un rassemblement syndical central de soutien aux jeunes a eu lieu à la place Mohamed Ali devant le siège de l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens (UGTT). Les six syndicats qui ont appelé à cette manifestation, sont considérés comme les structures les plus avancées. Ils sont dirigés par des militants aguerris à l’Union Générale des Etudiants Tunisiens (UGET) qui jouent aujourd’hui un rôle crucial pour la radicalisation du mouvement social, et renforcent le mouvement syndical. Ainsi comme toujours l’UGTT a soutenu le mouvement d’émancipation politique en Tunisie. Mais encore une fois le pouvoir a refusé de dialoguer avec la jeunesse. Il a choisi la répression, comme il l’a déjà fait dans le bassin minier de Gafsa !! Le langage du pouvoir, relayé par une presse aux ordres, a rejeté son échec économique et politique sur « l’ennemi externe » et l’opposition non inféodée à la dictature « qui a trahi son pays ». Notre parti « Tunisie Verte » : 1. Confirme son soutien au mouvement de la jeunesse de Sidi Bouzid et dans tout le pays. 2. Condamne le recours à la violence contre les jeunes manifestants et les avocats et demande la libération immédiate de tous les manifestants arrêtés. 3. Considère que le pouvoir est dans l’obligation, selon ses responsabilités constitutionnelles et politiques, de promouvoir ces régions marginalisées. 4. Demande l’ouverture d’une enquête sur la corruption et la traduction des responsables devant la justice. 5. Exige la libéralisation de la presse, la démocratisation de la vie politique et la légalisation des partis qui ont en fait la demande conformément à la loi comme notre parti « Tunisie Verte » qui a été victime d’un hold-up politique de la part de la dictature.
Ben Ali monte lui-même au front
Les Tunisiens ainsi que les observateurs internationaux ont été étonné par le fait que le président tunisien monte lui-même sur le front médiatique et social. Après les événements survenus dans la région de Sidi Bouzid qui ont vu des centaines de jeunes défier les autorités et manifester dans la rue, le président tunisien a pris les devants en effectuant un remaniement ministériel et en s’adressant directement aux tunisiens pour leur annoncer de grandes mesures pour soulager l’atmosphère tendue de ces derniers jours en Tunisie. Certains cadres du RCD-parti au pouvoir- n’ont pas hésité parler d’un retour aux sources, faisant allusion au 7 novembre 1987 quand Ben Ali prit le pouvoir à Tunis. D’ailleurs, le président aurait sermonné, en privé, les grands groupes industriels du pays qui ont boudé, ces dernières années, l’intérieur du pays au profit du littoral, mieux connecté et plus attractif. Aujourd’hui, tout le monde note que le mouvement social qui a traversé la Tunisie est plus du fait d’une jeunesse mal encadrée, voire pas du tout, et en mal de projet d’avenir. Les partis de l’opposition qui ont essayé de surfer sur la vague de mécontentements n’ont pas réussi pour le moment à s’imposer chez les manifestants. Ceux-ci agissent de leur propre chef et répondent à des injonctions plus sociales que politiques. D’après des sources à Tunis, de plus grands changements devraient être opérés par le président Ben Ali de manière progressive et toucheront dans un premier temps le parti au pouvoir et certains cercles proches du pouvoir qui se sont beaucoup enrichis ces dernières années. (Source : le site « TunisiaWatch » (censuré en Tunisie) d’aprés « Maghreb-intelligence » (France), le 5 Janvier 2011)
TUNISIE Censure du Net : les autorités passent à la vitesse supérieure
Reporters sans frontières dénonce le renforcement de la censure en ligne suite aux événements de Sidi Bouzid et aux nombreuses manifestations sociales et politiques qui ont lieu dans le pays. L’organisation demande aux autorités tunisiennes de mettre un terme au filtrage de sites et aux intimidations contre les net-citoyens et blogueurs. Loin d’étouffer la couverture des événements, la censure donne libre cours à toutes sortes de rumeurs qui peuvent envenimer la situation. Les autorités tunisiennes, qui censurent déjà largement les sujets sociaux et politiques sensibles sur le Net, ont décidé de contrôler plus étroitement et plus rapidement encore la circulation de l’information relative aux troubles. Les réseaux sociaux ont joué un rôle clé dans la transmission d’informations sur la situation à Sidi Bouzid et dans d’autres régions, contrairement aux médias traditionnels, inféodés au pouvoir. Les médias internationaux sont, quant à eux, empêchés d’accéder aux lieux sensibles. Les pages des médias étrangers qui relaient la couverture des troubles actuels sont bloquées en Tunisie, par exemple des articles de France 24 ou du Nouvel Observateur. Autres exemples de médias bloqués : Deutsche Welle :http://www.dw-world.de/dw/article/9799/0,,14741313,00.html BBC :http://www.bbc.co.uk/afrique/nos_emissions/2010/12/101227_cinvite.shtml Rue89 :http://www.rue89.com/2010/12/29/en-tunisie-on-ira-tres-loin-pour-defendre-nos-droits-182692 AlJazeera :http://english.aljazeera.net/news/africa/2010/12/20101224235824708885.html Les réseaux sociaux, en particulier Facebook, qui compte près de deux millions d’utilisateurs dans le pays, sont les premiers visés par la censure. Si le régime ne bloque pas l’accès à Facebook dans son intégralité, comme il avait tenté de le faire brièvement en 2008, une stratégie particulière a été mise en place afin d’activer des blocages ciblés et d’intimider les blogueurs et journalistes citoyens qui se révèlent être les principaux relais d’informations. D’après le site Assabilonline, plus de cent pages Facebook relatives à la contestation de ces dernières semaines sont bloquées en Tunisie. Parmi lesquelles le groupe Facebook, en langue arabe, “M. Le Président, les Tunisiens s’immolent par le feu”, qui compte déjà plus de 12 000 membres. Autres exemples de pages Facebook bloquées :http://www.facebook.com/pages/Les-Traitres-Qui-Ont-Vendu-la-Tunisie-alkhwnt-ally-bawa-twns/180005465358832?bcode=aT9vr http://www.facebook.com/pages/lnthrr-mn-bwdyt-altrablsyt-w-alab-alrwhy-bn-ly/141676325886813?bcode=Ygx18 Les utilisateurs de Facebook ne peuvent accéder à la version ‘https’ du site, qui leur permet de s’identifier et de rentrer leur mot de passe de manière sécurisée. Pour le site d’informations Nawaat, il s’agit d’une véritable “Campagne de piratage des comptes Facebook” par la police tunisienne”, une manière pour les autorités de tenter de récupérer les codes d’accès des militants afin d’infiltrer les réseaux de journalistes citoyens qui se sont constitués autour des événements de Sidi Bouzid. Afin de contrer cette mesure, le site donne plusieurs conseils pour activer néanmoins les requêtes en https.http://nawaat.org/portail/2011/01/03/tunisie-campagne-de-piratage-des-comptes-facebook-par-la-police-tunisienne/ De nombreux militants et blogueurs ont dénoncé le piratage de leurs comptes email et Facebook. Dans un post daté du 3 janvier 2010, intitulé “Vous ne pouvez pas nous empêcher d’écrire” (http://atunisiangirl.blogspot.com/2011/01/you-cant-stop-us-from-writing.html), Lina Ben Mhenni, l’une des victimes de ces hackers, fait part de son indignation. Elle évoque le sort similaires de blogueurs et journalistes tels Sofiene Chourabi et Azyz Amami. Plusieurs sources contactées par Reporters sans frontières confirment l’impossibilité, depuis quelques jours, de télécharger des photos et des vidéos sur Facebook depuis la Tunisie. Ceci est une nouveauté dans ce pays où les sites de partage vidéos et photos les plus connus, comme Flickr, YouTube, Dailymotion et Vimeo, sont bloqués depuis des mois. Les autorités cherchent ainsi à limiter la diffusion des images des manifestations et de leur répression. Enfin, les censeurs s’intéressent de près aux proxies, utilisés par les internautes pour contourner la censure du Web. Hotspot Shield serait particulièrement visé ces jours-ci. La vitalité de la blogosphère tunisienne permet aux internautes du pays de soutenir courageusement le bras de fer avec “Ammar”, surnom donné à l’appareil de censure. Ils sont prêts à le défier, en témoigne le slogan utilisé dans les manifestations et repris par le blogueur Anis le 30 décembre dernier : “Nous n’avons plus peur !” Sur Twitter, le hashtag #sidibouzid s’est largement répandu parmi les utilisateurs tunisiens, mais aussi les net-citoyens de la région et du monde entier, témoignant d’un mouvement de solidarité internationale. Même si des pages du site de microblogging, liées à Sidi Bouzid, sont aussi rendues inaccessibles en Tunisie, Le groupe de hackers militants Anonymous a conduit, sous le nom “Operation : Tunisia”, une série de cyberattaques contre des sites gouvernementaux, notamment ceux du Président et du Premier ministre, afin de dénoncer la censure du Net en Tunisie. (http://www.anonnews.org/uploads/1522092096_anon_manifesto.png). Le correspondant du site d’informations Albadil.org, Ammar Amroussia, arrêté le 29 décembre 2010, est incarcéré à la prison de Gafsa (400 km au sud de la capitale). Il est poursuivi en vertu des articles 42, 44 et 49 du code de la presse, des articles 121, 131, 132, 220 bis, 315 et 316 du code pénal et de l’article 26 de la loi n°4 du 24 janvier 1969 relative à l’« organisation de réunions publiques, convois, expositions, manifestations et rassemblements ». Il risque plus de douze ans de prison. Ammar Amroussia dénonçait notamment la corruption dans le pays et appelait à combattre « la dictature ». Il assurait la couverture des évènements récents à Sidi Bouzid pour le quotidien Al-Badil, interdit dans le pays, et avait participé à de nombreuses manifestations de solidarité à Gafsa. La Tunisie fait partie de la liste des pays considérés par Reporters sans frontières comme des “Ennemis d’Internet”.
Blocages de sites: internet au centre de la contestation en Tunisie
La Tunisie tente de reprendre le contrôle du Web
Tunisian government harvesting usernames and passwords
The Tunisian Internet Agency (Agence tunisienne d’Internet or ATI) is being blamed for the presence of injected JavaScript that captures usernames and passwords. The code has been discovered on login pages for Gmail, Yahoo, and Facebook, and said to be the reason for the recent rash of account hijackings reported by Tunisian protesters.
ATI is run by the Tunisian Ministry of Communications. They supply all of the privately held Tunisian ISPs, making them the main source of Internet access in the country. They’ve been under scrutiny for years, due to the fact that they make use of their authority to regulate the entire national network. Last April, ATI earned international attention by blocking access to sites such as Flickr,YouTube, and Vimeo.
According to Reporters Without Borders, authorities claim to target only pornographic or terrorist websites. “However, censorship applies above all to political opposition, independent news, and human rights websites.”
“When an Internet user attempts to access a prohibited website, the following automatic error message appears: “Error 404: page not found,” without displaying the familiar “Error 403” more typical of a blocked site…This strategy equates to a disguised form of censorship.”
As for the JavaScript itself, The Tech Herald has seen examples of the embedded script during live surfing sessions with sources in Tunisia, and in posted source code made available to theWeb. The source for the GMail injection ishere, the Yahoo injection ishere, and Facebook ishere.
Four different experts consulted by The Tech Herald independently confirmed our thoughts; the embedded code is siphoning off login credentials.
On Twitter, security researcher Gerry Kavanagh and Errata Security CTODavid Maynor told us that you can tell the code is capturing login information by how it references the login element for the form.
“Suffice to say, the code is definitely doing something surreptitious,” Kavanagh noted.
Daniel Crowley, Technical Specialist for Core Security, and Rapid7’s Josh Abraham, broke the code down further. Crowley explained that the JavaScript is customized for each site’s login form. It will pull the username and password, and encode it with a weak crypto algorithm.
The newly encrypted data is placed into the URL, and a randomly generated five character key is added. The randomly generated key is meaningless, but it is assumed that it’s there to add a false sense of legitimacy to the URL.
The random characters and encrypted user information are delivered in the form of a GET request to a non working URL. In the Gmail example, you see this URL listed as http://www.google.com/wo0dh3ad. Abraham noted that the encryption makes it easy to capture usernames and passwords that would include special characters such as ‘%’ or ‘/’.
Considering that the backbone of the Tunisian Internet is full of state run filters and firewalls designed to block access, configuring one to log the GET commands with the harvested data would be trivial. But is this a government sponsored action?
The likelihood that a group of criminals compromised the entire Tunisian infrastructure is virtually nonexistent. Code planting on this scale could only originate form an ISP. With their history of holding an iron grip on the Internet, ATI is the logical source of the information harvesting.
There is an upside however, as the embedded JavaScript only appears when one of the sites is accessed with HTTP instead of HTTPS. In each test case, we were able to confirm that Gmail and Yahoo were only compromised when HTTP was used. For Facebook on the other hand, the default is access is HTTP, so users in Tunisia will need to visit the HTTPS address manually.
Another interesting note is that it appears the embedded code has targeted Tunisian users for several months. Slim Amamou, of the Global Voices Advocacy blog, reported his findings on the code last July, and at the time, ATI was blocking Google’s HTTPS port, forcing users to default to HTTP.
The information surrounding the embedded JavaScript came to our attention thanks to a user on the IRC server where supporters for Anonymous’ Operation: Tunisia gathered to show support for Tunisian protesters. When word spread of embedded code and account hijackings, Anonymous offered Tunisian users help via Userscripts.org, with abrowser add-on that strips the added JavaScript code.
The ATI website has been offline for more than a day. The outage started after Anonymous launched Operation.
(Source: “The Tech Herald” Le 04-01-2011)
Ils contournent la censure en utilisant les réseaux sociaux. Mais la critique a un prix : la peur.
Chaque mot est pesé, réfléchi…mais presque aussi vite effacé. Sur Facebook ou Twitter, les Tunisiens se mobilisent, échangent, réagissent et s’émeuventdes derniers évènements qui secouent leur pays, depuis deux semaines et demie.
Tout a commencé le 17 décembre dernier quand un Tunisien de 26 ans, Mohamed Bouazizi,s’est immolé par le feu dans la région de Sidi Bouzid. Le jeune homme – qui voulait protester contre la saisie musclée par la police de son étal de fruits et légumes qu’il vendait sans permis pour faire vivre les siens – est décédé mardi soir. C’est par les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter que la nouvelle de son acte s’est propagée, déclenchantdes mouvements de protestation un peu partout dans le pays. Et c’est surces mêmes réseaux sociaux que les Tunisiens continuent à se mobiliser face au pouvoir et à Zine el Abidine ben Ali, à la tête du pays depuis 23 ans. Les commentaires et les posts se font de plus en plus nombreux. Mais ces internautes restent extrêmement prudents, car la critique peut coûter cher.
« Dis à ta femme de fermer sa bon dieu de gueule »
Malika* le raconte sur Facebook. Après avoir posté des liens vers différents articles sur les manifestations dans la région de Sidi Bouzid, la jeune femme écrit sur son mur : « mes amis, un « monsieur au numéro masqué » a appelé mon mari hier au téléphone et lui a dit : pour ton intérêt, dis à ta femme « tsakkar rab fommha » (de fermer sa bon dieu de gueule). Je fais quoi ? ». Les amis du couple ont été nombreux à répondre à ce message. Certains lui conseillent de faire attention à ses propos ou même de faire « le tri dans ses amis », d’autres la rassurent en lui disant qu’elle n’a fait que poster des liens vers des articles ; d’autres encore saluent son courage.
« Cela ne m’étonne pas du tout », confie Chaza*, une amie de Malika, à Europe1.fr. « Ce sont sûrement les sbires du ministère de l’Intérieur tunisien qui sont derrière ce coup de fil », estime la jeune femme. Chaza et son époux ont, eux, fait le choix de se taire. « Ce n’est pas qu’on n’est pas révoltés, bien au contraire, mais nous ne voulons pas faire vivre à nos enfants ce que nous avons subi », explique cette Tunisienne qui vit en France. Car Chaza a peur des représailles.
» Ils ne peuvent quand même pas toutes les arrêter »
« Je fais du business avec la Tunisie et pour moi, l’évolution de mon pays passe par le développement économique. Je préfère donc me taire sur Internet et être sûre que mon projet verra le jour. C’est ma manière d’aider mon pays », estime la femme d’affaires, qui confie faire attention, « et pas seulement sur Facebook. Nous sommes très prudents dans les discussions quand nous ne sommes pas sûrs de qui se trouve dans l’assistance ».
Sur Twitter, également, les échanges sont nombreux. Mais le risque est moindre sur le site de micro-blogging car les auteurs de messages peuvent se réfugier derrière des pseudonymes. « Il s’agit surtout d’échanger des informations, des liens vers des articles, il n’y a pas forcément de commentaires personnels », explique Noujoud, une Tunisienne qui vit à Paris. « Mais on sent que phénomène prend de l’ampleur sur Internet. Je me dis que si 5.000 personnes se mettent à poster des messages de contestation, ils [les services de sécurités tunisiens] ne peuvent quand même pas toutes les arrêter », analyse la jeune femme, qui espère que « le nombre fera la force ».
C’est également l’espoir des créateurs de la page Facebook « Soutien Tunisie » qui appellent à « un grand rassemblement contre la répression en Tunisie » à Paris le week-end prochain. « Après avoir réussi à contourner la censure de certains médias complices de la dictature criminelle et corrompue de Ben Ali, les citoyens tunisiens et leurs amis doivent manifester pour que la vérité soit connue de tous ! », écrit le comité sur le mur de sa page. « L’invitation » a été envoyée à plus de 3.000 personnes. Mais pour le moment seules 315 ont osé répondre qu’elles viendraient.
* Tous les prénoms ont été changés par sécurité pour les personnes qui témoignent dans cet article.
(Source : « Europe1 » Le 05-01-2011) Lien :http://www.europe1.fr/International/Tunisie-ils-osent-critiquer-sur-le-web-361631/
Internet, une arme pour la jeunesse tunisienne révoltée
Le bras de fer continue. Après plusieurs semaines de protestation contre la dégradation des conditions de vie, les jeunes tunisiens ne semble pas décidés à désarmer. De violents heurts ont opposé hier, pour la deuxième journée consécutive, dans la ville de Thala, à environ 250 km de la capitale, Tunis, les forces de l’ordre à des centaines de lycéens, étudiants et chômeurs. Le pays est secoué par une vague de manifestations contre le chômage, le coût de la vie et l’absence de liberté d’expression, qui ont débuté le 17 décembre. Date à laquelle, Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu. Ce chômeur diplômé de 26 ans n’ayant pas trouvé d’emploi, s’était décidé à vendre des fruits et légumes. Sans permis, sa marchandise a été confisquée par la police municipale. Pour contester cet acte il a tenté de se suicider. Houcine Neji, 24 ans, sans emploi, s’est aussi donné la mort le 22 décembre en s’électrocutant au contact d’un câble de haute tension. Avant de mourir il a crié « Non à la misère ! Non au chômage ! ». De même pour Lotsi Guadri, un autre jeune tunisien qui a plongé dans un puits quelques jours après.
Mohamed Bouazizi est décédé des suites de ses brûlures mardi soir au Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous. Une marche est prévue mercredi dans toutes les régions du pays pour lui rendre hommage, et les appels qui circulent sur le web engagent même les Tunisiens vivant à l’étranger comme ceux qui souhaitent un changement politique en Tunisie à manifester. En effet, les réseaux sociaux constituent un important moyen d’organisation des manifestations, pour les jeunes tunisiens en particulier. Ainsi, 10 000 lycéens ont relayé un appel à la grève et à la désobéissance civile lundi sur Facebook et Twitter. Ils ont exprimé leur colère dans plusieurs villes : Sidi Bouzid, Tunis, Grombalia, Sfax,Thala…
Les évènements ont été très peu couverts par les journalistes qui ont été exclus des manifestations. Le gouvernement a interdit aux journaux d’opposition Tareeq-al Jadid et Al Mawqif de paraître pour avoir couvert les protestations. Les réseaux sociaux constituent donc actuellement les premiers relais d’informations.
« Cyberguerre contre la censure »
Mais les autorités tunisiennes sont extrêment répressives vis-à-vis d’internet [1]. Les sites de partage de photos et vidéos comme FlickR et YouTube sont interdits, tout comme les sites de blogueurs dissidents et ceux faisant référence à WikiLeaks. D’ailleurs, en représailles, un collectif baptisé Anonymous s’est attaqué à plusieurs sites officiels tunisiens. Depuis lundi, son « Opération Riposte » a bloqué, entre autres, le site officiel du gouvernement et la totalité des sites web des ministères. Dans une lettre ouverte, le groupe informel déclare que « Le gouvernement tunisien, dirigé par le président Ben Ali, a montré un niveau de censure outrageant ».
De même, le mouvement de protestation des jeunes, qui était au départ uniquement tourné contre le chômage et la vie chère, a évolué. Désormais, ces derniers sont nombreux à contester ouvertement la censure établie par le pouvoir sur les médias. Ils demandent plus de liberté d’expression. Parmi eux, Selim Ben Hassen, qui a créé le « mouvement citoyen » Byrsa il y a un an. Ses membres participent aux manifestations.
Une pluie de commentaires contre la censure s’est également abattue sur Facebook, Twitter et les blogs. Un agrégateur de twitts comme Babtounes informe minute par minute de l’évolution de la situation en Tunisie. D’autre part, plusieurs groupes se sont constitués sur les réseaux sociaux pour dénoncer la situation actuelle. Face à cet engouement, le gouvernement a bloqué une centaine de pages Facebook, interdisant d’y poster des photos et vidéos. Mais ces restrictions importent peu aux jeunes qui créent de nouvelles pages quand les anciennes sont censurées. Ils donnent la possibilité à tous d’être informé sur les manifestations à travers des vidéos et articles. « M. le président, les Tunisiens s’immolent par le feu », rédigé en arabe, est l’un d’eux. En moins de 24 heures, le groupe comptait 2500 membres, et a attiré plus de 11 000 soutiens. Mais les autorités l’ont censurée.
Les blogueurs passent aussi à l’attaque. « Sidi Bouzid brûle » est, par exemple, le titre d’un article écrit dans le blog intitulé A Tunisan Girl. « Dernièrement, les immolations par le feu se sont multipliées en Tunisie. Les acteurs de ces actions sont généralement des citoyens tunisiens qui ont perdu tout espoir en une vie descente. Chômage et pauvreté sont au rendez-vous et ont envenimé leur existence. Certains de ces incidents sont médiatisés- et par médiatisés je parle de médias citoyens blogs, Facebook, Twitter puisque nos médias officiels se contentent de nous présenter les activités du président, les activités du parti au pouvoir, celles des associations liées au parti au pouvoir », raconte un article posté par Lina Ben Mhenni.
Un autre blogueur, Boukachen a écrit, par exemple, un billet en arabe intitulé « L’holocauste de Sidi Bouzid » : « Ce qui s’est passé n’est pas nouveau. Cette situation misérable persiste depuis de nombreuses années dans les régions à l’écart. C’est le résultat d’une combinaison de conditions climatiques et de la marginalisation de ces régions, à quoi s’ajoute la totale indifférence des autorités. Mais l’histoire ne s’arrête pas là puisque nos médias dépravés exercent un black-out complet sur cet incident ».
Face à cette situation de crise, le président Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, est sorti de son mutisme le 28 décembre et s’est exprimé à la télévision. « J’ai suivi, avec inquiétude et préoccupation, les événements survenus ces derniers jours à Sidi Bouzid. Nous comprenons le sentiment de tout chômeur, en particulier lorsque sa quête d’un emploi se prolonge, que ses conditions sociales sont difficiles et que sa structure psychologique est fragile, ce qui peut le conduire à recourir à des solutions désespérées pour attirer l’attention sur sa situation » a-t-il déclaré. Il s’était aussi rendu le jour même au chevet de Mohamed Bouazizi. Une grande mascarade, estiment beaucoup de jeunes. Dans le but de renforcer la communication officielle, le président tunisien a aussi nommé hier un porte-parole officiel du gouvernement. Mais le mouvement de protestation continue. Les avocats appellent à la grève générale ce jeudi, pour dénoncer l’attitude des autorités à leur égard et soutenir l’action des jeunes. La révolte sociale dans la rue et sur la toile ne semble pas avoir dit son dernier mot.
[1] Afrik.com, par exemple, n’y est plus accessible depuis trois ans
(Source: Afrik.com le 5 janvier 2011)
New unrest breaks out in Tunisia
Reuters, le 4 janvier 2010 à 20:12 GMT By BOUAZZA BEN BOUAZZA, Associated Press TUNIS, Tunisia (AP) _ Police and high school students have clashed for two days in a small city of Tunisia, with protesters setting fire to the local headquarters of President Zine El Abidine Ben Ali’s ruling party, a union representative said Tuesday. The North African nation has been gripped by more than two weeks of protests over unemployment that were sparked when a young man set himself on fire, in despair after police confiscated the fruits and vegetables he sold without a permit. The unrest has led to three deaths. The latest protests broke out in Thala, 250 kilometers (150 miles) southwest of the capital. As classes resumed after winter vacation Monday, hundreds of high school students and other protesters clashed withpolice, who used tear gas, said a union official who was present. The man spoke on condition of anonymity, fearing problems in a country where the media is heavily controlled by the state. Amid the clashes, demonstrators set fire to tires and to the local ruling party headquarters on Monday, the official said. The unrest continued on Tuesday. Several people were arrested, and others were hospitalized with injuries, the union official said. The protests shuttered local schools. France’s LCI television broadcast video of Thala that showed packs of shouting young men roaming the streets and clouds of smoke in the air. Such overt clashes are rare in Tunisia, a popular tourist destination on the Mediterranean where the government brooks little dissent and is routinely criticized for its human rights record. Tunisia’s unemployment rate is around 14 percent, a figure believed much higher in rural areas. The protests started on Dec. 17 after 26-year-old Mohamed Bouazizi doused himself with gasoline and set himself on fire in public. Bouazizi had a university degree but no steady work and sold produce in the street to earn money for his family _ a story that resonated with many. Bouazizi is still hospitalized. In one protest, police opened fire, killing two people. In another, an unemployed youth electrocuted himself on an electricity pylon. Reacting to the unrest, the president has ordered a 6.5 billion dinar ($4.5 billion) plan to create jobs for Tunisians with university diplomas. The opposition says the government’s response has been inadequate and that the protests are fueled not only by unemployment but by a lack of personal freedoms.
À la suite de l’immolation par le feu d’un jeune chômeur le 17 décembre, se déroule en Tunisie la révolte la plus importante depuis les « émeutes du pain » de 1984. L’Intifada tunisienne est née dans un contexte de paupérisation de la population et de chômage de la jeunesse, notamment diplômée. Face à cela, une première réaction a été la fuite dans l’émigration, et pour des destinations qui en disent long, l’Algérie étant devenue pour certaines populations frontalières une terre d’exil économique. Une seconde conséquence a été le suicide de jeunes chômeurs dont plusieurs par immolation (onze suicides de chômeurs pour la seule ville de Bousalem en 2010). Une troisième en a été une remontée des luttes ouvrières, avec un pic de grèves en mars dernier et des révoltes pour l’emploi et contre le chômage. Ces dernières ont notamment secoué de janvier à juin 2008 la région du bassin minier de Gafsa-Redeyef et, en 2010, la ville de La Skhira ainsi que la région de Ben Guerdane. Dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, une région agricole, les paysans de Regueb ont les premiers occupé les terres dont ils étaient menacés d’être chassés en juin dernier par les banques. Regueb, d’où vient la famille du jeune Bouazizi dont l’immolation, le 17 décembre, a été l’étincelle qui a mis le feu à la Tunisie. Le mouvement est parti du centre du pays, mais actuellement la population manifeste partout spontanément pour l’emploi. Y participent de nombreux diplômés chômeurs et des syndicalistes. Le mouvement s’est élargi aux avocats, catégorie en pointe dans la lutte contre la dictature, et la reprise des cours devrait permettre l’entrée en lutte des lycéens et des étudiants, promis au chômage. Les manifestants réclament des emplois. Ils dénoncent la corruption, le parti au pouvoir, la « Trabelsia », c’est-à-dire la famille au pouvoir qui a pillé la richesse du pays. Ils exigent le départ de Ben Ali, président depuis 23 ans. Des locaux honnis sont attaqués, mis à sac ou incendiés : police, garde nationale, stèles érigées à la gloire de la dictature, locaux des chefs-lieux de délégations. La réponse du pouvoir est la même depuis 23 ans : déploiement policier, arrestations, torture, procès et agressions physiques, notamment des journalistes et des avocats voulant briser l’omerta. Mais la révolte spontanée s’est transformée en résistance. Trois semaines après le déclenchement du mouvement, les populations continuent de descendre dans la rue, malgré les morts, les blessés et l’état de siège et en dépit de la faiblesse, voire de l’inexistence de l’auto-organisation. La seule force qui maille le pays, faute d’opposition en capacité de le faire, est l’UGTT, la centrale syndicale unique. On retrouve en pointe dans les mobilisations les mêmes fédérations que celles qui avaient pleinement soutenu les inculpés de Gafsa-Redeyef : enseignement, poste et télécommunications, certains secteurs de la santé, etc. Nombre d’unions locales et régionales soutiennent la population, mais ne l’organisent pas, comme l’avaient fait en 2008 les syndicalistes et les militants de Redeyef, permettant au mouvement d’être centralisé dans cette région, afin de se construire dans la durée. Reste à déplorer l’attitude de la direction confédérale de l’UGTT qui s’est désolidarisée officiellement de mobilisations organisées par certaines de ses structures et des slogans hostiles au régime qui y étaient scandés. Ben Ali sait qu’il peut compter sur les puissances impérialistes. Pour sa part, le NPA est pleinement engagé dans l’élargissement du mouvement de solidarité qui s’est déjà manifesté à Paris, Londres, Genève, Montréal, Berne, Bonn, Munich et au Caire. (Source : « NPA » Pour un Nouveau Parti Anticapitaliste Le 05-01-2011) Lien : http://www.npa2009.org/content/l%E2%80%99intifada-tunisienne
SUR LCI, MONCEF MARZOUKI DEMANDE A BEN ALI DE PARTIR REJOINDRE SA FEMME
Slim BAGGA Sur LCI, ce soir, Moncef Marzouki était l’invité du plateau de Michel Field. Tout au long de la journée, la chaîne a été prise d’assaut par les appels d’un monsieur se présentant comme l’ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO. Vous l’aurez deviné, il s’agissait de l’inénarrable Mezri Haddad dont on peut imaginer la frayeur de voir le régime vaciller, et son Président rejeté par toute une population. Bref, il fut mis un point d’honneur afin qu’aucun débat n’ait lieu entre cette girouette, voix de son maître, Mezri Haddad, et Moncef Marzouki. Il obtient néanmoins de la chaîne une intervention que je ferais l’effort de résumer en une phrase, tant la méthode et l’argument puent la mauvaise foi et la manipulation de l’opinion nationale et internationale… En effet, « le philosophe » de la fin des temps soutint que ce qui se passe actuellement en Tunisie n’est rien qu’une technique insurrectionnelle mise sur pied par les islamistes. Par conséquent, il faut soutenir Ben Ali. Cette attitude réductrice et déformatrice mérite-t-elle d’être commentée? N’est-elle pas pour le moins une insulte à Mohamed BOUAZIZI que l’on vient à peine d’enterrer cet après midi? N’est-elle pas une insulte aux dizaines, voire les centaines de blessés encore enregistrés ce soir dans les fac et les foyers universitaires? L’APPEL DE MONCEF MARZOUKI Au cours de son intervention , Moncef Marzouki a réitéré son appel à Ben Ali de s’en aller rejoindre sa femme, Leila Ben Ali, « Marie-Antoinette tunisienne », qui est à Dubaî avec ses filles Nestine, épouse El Materi, Halima et le petit dernier. Interrogé sur le poids réel de l’opposition que l’on a tendance à qualifier d’inexistante, le Président du CPR soutint que les événements de ces derniers jours prouvent que 4 mensonges d’Etat au moins sont tombés. Depuis 20 ans, le régime soutient que la Tunisie est en prédémocratie. On voit que ce sont l’etouffement des libertés, le musellement de la société civile, le baîllonnement de la presse qui sont aujourd’hui devenus insupportables. Depuis 20 ans également, on loue le développement et le miracle économique tunisien. Or, l’on remarque que c’est le chômage, l’absence de perspectives d’avenir, la faim qui ont été les moteurs de cette explosion. Depuis 20 ans, on agite l’épouvantail islamiste. Or, les islamistes ne sont pour rien dans ces mouvements de rue. Les revendications sont laiques, les slogans aussi. Enfin, depuis 20 ans, le régime prétend qu’il n’y a pas d’opposition porteuse de projet. Comment peut-on faire de l’opposition dans une dictature? L’opposition ne peut s’épanouir et jouer son rôle que dans un cadre démocratique. Mais il y a une résistance, composée de tous ceux qui n’ont pas courbé l’échine à l’intérieur ou dans l’exil, une résistance qui a enduré tous les blocages et fait sauter les verrous. Cette résistance est debout et continuera de construire la démocratie authentique en Tunisie… Compte-rendu de Slim BAGGA
L’Europe ne doit plus soutenir Ben Ali
Par MONCEF MARZOUKI Médecin, écrivain, opposant tunisien
Tunisie: Le temps des défis
Mokhtar Yahyaoui Il est difficile de comprendre les raisons ou l’intérêt qui ont amené le président Ben Ali à créer un nouveau poste de porte parole du gouvernement. Le régime présidentiel (totalitaire) que nous connaissons a déjà son porte parole attitré et le gouvernement n’est qu’un instrument parmi d’autres aux mains du président. Le moment est-il approprié pour instaurer deux portes parole d’un seul pouvoir alors que la rue revendique haut est fort son droit à la parole pour la première fois depuis plus de deux décennies sans trouver auprès du pouvoir l’échos susceptible de le calmer ? Si les questions sont si nombreuses qu’on peut ne pas finir de les énumérer, l’expérience et la nature même du système nous interdise de tomber dans la naïveté d’espérer que ça pouvait peut être commencé à changer de ce coté. Le régime commence certes à montrer les signes de tiraillements intérieure et tout le monde sais qu’il est encore très tôt pour savoir vers quel coté les choses vont se stabiliser. Si les changements promis depuis 23 ans vont pouvoir cette fois l’emporter ce n’est ni le changement d’un porte parole ni l’ajout d’un nouveau ou la démission de quelques responsables marginaux qui va le signer, on ne peut pas garder le Roi et ne sacrifiant que des pions. Ainsi, on ne peut voir là qu’un signe d’hésitation. Un de plus comme cette émission consacré à Sidi Bouzid diffusée la nuit et censurée le lendemain ou comme chaque jour partout dans le pays des manifestations tolérés ici et sauvagement réprimé ailleurs. On ne peut que noter qu’il y a dans le discours comme dans les actes du pouvoir face aux événements en cours une contradiction flagrante qui fait douter de ses véritables fins : dépasser la crise ou apporter les solutions appropriées à questions posées. Les dernières sorties du président sont révélateur sur cette résistance au changement A vingt jours du déclanchement des événements, il devient clair que le choix de l’attente et de l’observation l’emporte sur celui de l’implication et de l’engagement. Si les protestations en cours n’ont pas tourné à l’émeute généralisée ils ont bel et bien dessiné les acteurs et les contours d’une remise en question bien définie appelée à s’inscrire dans l’histoire de notre pays. Le régime donne l’impression de se barrer en solitaire dans ses derniers tranchets derrière sa machine de répression. Qu’a-t-il arrivé à cette marée de supporters qui nous inondaient juste quelques jours auparavant, par leur appel au président sollicitant sa présentation au-delà de son mandat définit par la constitution. Qu’est-il advenue de ces médiats du paradis qui ont fait profession de bercer le pays dans l’illusion. Ou sont passés ces hommes d’affaire bayeurs de l’hypocrisie et corrupteurs du pouvoir. Ces voix sont devenues tellement inaudibles qu’on dirait qu’ils croyaient pour de bon à leur théorie du complot orchestré par des médias étranger pour remonter le petit peuple tunisien contre ses grands dirigeants. Ils laissent le sal travail à la police, les juges et si besoin l’armée… Conduisant son présent mandat sous le signe de « relever les défis », le président Ben Ali est en présence d’un véritable défi lancé par les contestataires de tout part et dont la survie même de son régime peut en dépendre de sa stratégie pour le relever. Il a face à lui deux stratégies concurrentes sans être opposés. Une stratégie de déstabilisation pour un changement globale de régime à n’importe quel prix ses initiateurs ne voie de salut pour le pays que par son départ. Ils considèrent que le mouvement en cours a sonné le glas de la fin. L’autre stratégie s’inscrit dans une logique de pression. L’ampleur et la nature des contestations populaire ne supportent qu’une seule interprétation. Elles signifient au président Ben Ali que les vrais changements, promis par lui un certain 7 novembre 1987, c’est aujourd’hui qu’il doit tenir ou jamais… La Tunisie attend des signes forts, c’est le seul moyen de lui redonner confiance et lui rendre sa cohésion. Yahyaoui Mokhtar – Tunis le 05 Janvier 2011 (Source : le blog de Mokhtar Yahyaoui, le 5 janvier 2011) Lien: http://networkedblogs.com/cCkeE
Tunisie : Il est temps de remettre les pendules à l’heure!
Par Amel Djait «Liberté, ordre, justice» sont notre devise nationale. A la lumière des récents événements qui secouent la Tunisie, il est important de passer par un bilan et un «mea culpa» pour affronter demain et conserver les innombrables acquis du pays. La justesse de nos choix fondamentaux ne fait pas de doute. Ils constituent notre force et vigueur. Répondre aux nombreuses interrogations qui se posent et s’imposent est crucial dans une conjoncture où des mouvements de contestation, de révoltes et de famines secouent le monde entier, dessinant l’avenir. Parmi ces questions, celles se rapportant aux jeunes et aux moins jeunes, également. Elles interpellent les manifestants, les observateurs, les silencieux, les passifs, les modérés, les enthousiastes, les engagés, les gouvernés et les gouvernants. Qui sont ces Tunisiens que l’on n’a pas su voir ou entendre? Comment pourrions-nous prospérer et offrir au monde la meilleure image du modèle tunisien? Quel avenir sommes-nous encore capables de construire ensemble? Douter du modèle tunisien bâti sur l’éducation, la santé pour tous et la laïcité –au sens administratif du terme, cela s’entend- deviendrait dangereux. Il n’est pas permis de remettre en question ces précieux acquis. La Tunisie est ouverte, résolument tournée vers l’avenir. Outillés pour affronter la modernité, ce sont ses jeunes qui en représentent la principale richesse. Les condamner, sous prétexte de négation, alors qu’ils affrontent une conjoncture socioéconomique ardue, est autodestructeur. Rompre toute forme de dialogue reviendrait à pousser le pays à se réfugier dans le radicalisme, qui n’est que l’autre version d’un même péril. La Tunisie est un pays d’inattendus, tant la véritable nature du Tunisien est devenue difficile à cerner. Pacifiste, belliqueux, docile, rebelle, individualiste ou communautariste? Qui de nous s’attendait à ce que l’acte désespéré d’un jeune homme dégénère les manifestations que nous avons observées dans différentes régions du pays? Qui s’attendait à ce qui vient de se passer? Personne n’ose une réponse négative. Pourtant, nous le faisons. Par ce qui s’est passé à Gafsa, Ben Guerdan, Sidi Bouzid… Par la violence qui s’amplifie, le chômage qui explose, les médias qui se taisent, la corruption qui se décentralise, les valeurs qui disparaissent, le trouble devenu malaise se transforme en révolte. Les signes avant coureurs étaient là. Le pays a commencé par murmurer. Aujourd’hui, il hurle la pauvreté, la pauvreté, la corruption, le non respect des lois… Il n’est de pire aveugle que celui qui ne veut voir et de pire sourd que celui qui ne veut entendre. Aujourd’hui, nous devons prêter une oreille attentive à toutes ces voix qui s’élèvent pour mesurer la teneur des contestations. Elles réclament moins de discrimination, plus de justice sociale, travail et égalité, justice, développement… Ces revendications ne sont plus une surprise pour personne. Construire des alternatives en répondant autrement aux défis d’un pays où les chances sont à deux vitesses devient inéluctable. Toutes les forces vives du pays doivent s’engager à mettre tout en œuvre pour répondre aux requêtes d’une population instruite, éduquée, civilisée et responsable. L’avenir est notre responsabilité et notre droit à tous. La Tunisie n’est (ou ne devrait) pas scindée en riches et pauvres, travailleurs et chômeurs, jeunes et vieux, politiques et apolitiques, pratiquants et non pratiquants ou sceptiques… Le pays est formé d’une population unie, de forces vives, qui a le sentiment qu’une partie de son avenir est hypothéquée, de citoyens refusant toutes formes de manipulations, d’associations impliquées dans la société civile, de stratégies d’Etat bâtisseur… Un peuple qui fait face aux épreuves, se révèle progressiste et mature. La Tunisie que l’on chérit ne peut reprendre d’une main ce qu’elle a donné de l’autre. Il n’y a pas plus Tunisien qu’un autre. Le nationalisme, le patriotisme, et la citoyenneté ne sont pas mesurables, monnayables ou convertissables. La colère gronde. Mais justement, comprendre sa nature et ses raisons représente une part de l’équation et des réponses. C’est dans une Tunisie plurielle que nous devons envisager l’avenir. Le retour sur investissement dans l’éducation, la santé et l’égalité sont des éléments centraux du modèle social tunisien qui est actuellement en péril. Des institutions et une constitution qu’on respecte –ou qu’on devrait respecter- sont au cœur de notre survie. «Liberté, ordre, justice» en sont les plus importants garants. Il est temps de remettre les pendules à l’heure. (Source : « Webmanagercenter.com » (Tunis), le 5 janvier 2011) Lien : http://www.webmanagercenter.com/management/article.php?id=100077
Hommage à Mohamed Bouazizi décédé le 4 janvier 2011
Sayyidouna Ibrahim, alyhi essalam, était tellement croyant qu’il était capable d’obéir à n’importe quel ordre venant de Dieu. Il faisait ce qu’il pouvait faire, au delà du possible, pour être fidèle à son Dieu. Un jour Ibrahim, alyhi essalam, a voulu sacrifier son fils pour satisfaire la volonté de Dieu. Mais arrivé sur le lieu du sacrifice, Dieu a donné un contre ordre. Il a demandé à Ibrahim, alyhi essalam, de scarifier un mouton à la place de son fils. Cet épisode que tout le monde connait, peut indiquer, peut être, deux enseignements intéressants : Le premier est que Dieu a fait comprendre à Ibrahim, alyhi essalam, qu’il n’est point utile d’aller jusqu’à tuer son fils pour être bon, croyant ou fidèle. Le deuxième sens est que la Raison ne doit jamais quitter le croyant surtout quand l’acte est grave même s’il croit servir Dieu. L’Aïd venant, chaque année, le plus important, peut être, est de penser, fermement, à ne jamais sacrifier la jeunesse pour se croire fidèle à sa charge, à Dieu ou se croire dans le droit sur le plus faibles ! Le miracle d’Ibrahim est juste un symbole pour nous tirer de la fatalité collective et de la bêtise individuelle ! A chaque Aïd on se rappellera qu’Il est indispensable d’œuvrer, encore et encore, pour une organisation sociale adéquate et un comportement individuel qui ne pousse pas les jeunes au désespoir et au sacrifice. Sans idolâtrie, on peut sacrifier alors un mouton, c’est un symbole sans conséquence si les moyens le permettent, pour célébrer dans une bonne joie la Raison collective et individuelle dans une paix civile et une justice sociale. Comment donc laisse-t-on notre enfant, Mohamed Bouazizi, s’immoler dans la rue et quelle Raison avons-nous employée pour éviter ce martyre. ? Maintenant qu’il est martyr de la corruption, de l’indifférence et de l’arbitraire, qu’il repose en paix. Paix à son âme. Il restera vivant d’une certaine manière, Il n’arrêtera pas de revenir, comme l’Aïd, pour nous rappeler que nous devons quelque chose aux vivants , à la collectivité et à la jeunesse Tunisienne qui souffre et qui doit prendre son destin en main. Kamel Mahdhaoui 5 janvier 2011.
DOCUMENT
La réforme politique : une priorité nationale
Par Ahmed BRAHIM
Nous présentons ci-après le texte intégral de la conférence présentée par Ahmed Brahim, premier secrétaire du mouvement Ettajdid, en guise d’introduction aux débats de la rencontre organisée le 12 décembre 2010 à Tunis par l’Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité qui regroupe, outre Ettajdid, le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés, le Parti Démocratique Patriotique du Travail, le courant « Réforme et Développement » et des militants démocrates et progressistes indépendants. Les travaux de cette rencontre étaient présidés par Dr Mustapha Ben Jaafar, secrétaire général du FDLT, accompagné à la tribune par MM. Abderrazak Hammami, président du comité constitutif du PTPD, Mohamed Goumani, animateur du courant R&D, Zouhair Khouildi, indépendant, ainsi qu’Ahmed Brahim.
Chers camarades et amis, mesdames, messieurs,
Cette rencontre est la première manifestation publique organisée sur un thème de portée politique générale qu’organise l’Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité, dont la constitution a été annoncée lors de la conférence de presse du 10 juin 2010. De nombreuses rencontres-débats se sont tenues ensuite à Tunis et dans différentes régions du pays autour du projet de la « plate-forme » fondatrice. Ces réunions qui se poursuivront et permettront d’approfondir davantage le débat autour de ce projet.
On sait que les parties constituantes de cette alliance convergent sur l’analyse de la situation, les objectifs de leur action ainsi que sur et leur orientation commune. Il s’agit d’une orientation :
– démocratique, qui tient la citoyenneté pour le fondement de l’appartenance nationale et refuse toute instrumentalisation de la religion dans les conflits politiques ;
– patriotique, pour laquelle notre identité nationale commune doit être maintenue à l’écart des surenchères ;
– progressiste, qui s’inscrit dans la continuité avec tout ce qui est rationnel et éclairé dans notre histoire, et est pleinement consciente de la nécessité de protéger les acquis progressistes, notamment dans le domaine de l’égalité totale entre les citoyens et entre les hommes et les femmes conformément aux conventions internationales et aux principes universels.
Cette alliance se caractérise également par une démarche politique commune, fondée sur le réalisme et le souci du dialogue avec toute les parties concernées – au pouvoir et dans l’opposition – et de l’ouverture sur toutes les opinions démocratiques et progressistes, ce qui explique que notre projet de plate-forme fondatrice demeure ouverte à tout amendement positif.
On sait aussi que ce projet de plate-forme inscrit en tête des priorités nationale de l’Alliance la réalisation de la réforme politique .C’est la raison pour laquelle nous avons consacré à cette question la présente rencontre, en espérant que les interventions porteront sur les trois axes suivants que je présente ici sous forme de trois questions, auxquelles j’essaierai de répondre dans la suite de mon exposé :
– .Pourquoi? (Quelles sont les raisons qui font de la réforme politique une priorité nationale?)
– Quoi ? (Quel contenu doit avoir la réforme politique ?)
– Comment ? (Quels sont les moyens de réaliser la réforme politique ?)
I- Pourquoi la réforme politique est-elle une priorité nationale?
A- La réforme politique démocratique : une exigence permanente depuis des décennies
La relation dialectique entre la souveraineté de la patrie et la souveraineté du peuple a caractérisé le mouvement national tunisien depuis sa naissance. Ainsi la revendication de l’indépendance et celle d’un Parement Tunisien ont-elles été très tôt intimement liées. Ce lien organique est également resté présent dans la seconde moitié des années cinquante du siècle dernier lors de la mise en place des institutions de l’Etat nouveau, dans les débats sur les fondements et les principes du Régime républicain, en premier lieu le principe de la souveraineté nationale basée sur la souveraineté du peuple dans la diversité de ses composantes politiques et sociales et sur sa participation effective dans le choix des orientations et le contrôle de leur application à travers des institutions démocratiques représentant sa volonté.
Mais ces principes sont restés lettre morte, ce qui a donné l’impression que la libération de la Tunisie n’a pas été accompagnée par la liberté des Tunisiens : l’Etat, au lieu de représenter la société et d’être l’expression de sa volonté et de ses aspirations, l’a rapidement soumise à son hégémonie. C’est ainsi qu’on a vu s’instaurer au début des années soixante le système du parti unique, lequel a réduit la société à l’Etat, l’Etat à un parti, et le parti à un individu. C’est ce système autoritaire qui a prévalu durant toutes les décennies ultérieures, car la reconnaissance du pluralisme, intervenue au début des années quatre-vingts, est restée formelle et limitée.
En somme, on peut dire que c’est la réforme politique qui constitue le principal maillon manquant dans l’histoire de la Tunisie depuis une soixantaine d’années, et que le développement intégral présent et à venir de notre pays demeure tributaire de la réalisation d’une connexion organique entre :
– La souveraineté nationale et la démocratie
– Le développement et la démocratie
– La modernité et la démocratie
– La justice sociale et la démocratie
C’est essentiellement l’action pour le succès de notre pays dans l’intégration positive de ces quatre connexions dialectiques qui fonde la convergence entre les parties constituantes de l’Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité. Nous pensons que cela peut également constituer une base pour l’unification de l’ensemble du mouvement démocratique et progressiste, et même pour un large consensus de la majorité de la société tunisienne.
Je dis cela parce qu’il est désormais clair, pour de larges secteurs de l’opinion publique, que la réforme politique démocratique est le préalable incontournable pour le traitement et la solution adéquate des problèmes posés au pays.
B- Le rejet de cette réforme ou le report de sa réalisation a entravé et continue d’entraver la marche du pays
L’expérience a montré que planifier pour le développement dans le cadre de l’autoritarisme et du déni du droit qu’a la société de participer librement à l’élaboration des choix et de demander des comptes à ceux qui sont chargés de les mettre en œuvre, c’est planifier pour l’échec, les crises et les soubresauts.
Cela s’est vérifié à la fin des années soixante et soixante-dix, et aussi lors des « événements du pain » en 1984 et lors de la « crise de la Succession » qui a perduré jusqu’à l’automne de 1987.
Cela s’est vérifié et se vérifie également :
– dans les effets de l’absence de transparence et d’institutions garantissant l’application des lois à tous sans discrimination sur la stagnation des investissements ;
– dans la fragilité des acquis progressistes en l’absence de la démocratie, seule à même de les protéger contre les risques de régression et de les développer ;
– dans la précarité des acquis et des droits sociaux des travailleurs, des jeunes, des catégories défavorisées et de l’ensemble du peuple en ce qui concerne l’emploi, la santé l’enseignement, etc. en l’absence des instances de consultation démocratique et des outils de défense des revendications, et ce alors même qu’on laisse libre cours aux phénomènes d’enrichissement facile et rapide de certains milieux aux dépens de l’intérêt national ;
– dans la persistances des disparités excessives entre les régions et la réponse par la répression aux mouvements sociaux pacifiques pour l’égalité des chances en matière de développement, d’emploi et de dignité comme cela a été le cas dans le Bassin minier; etc.
Les exemples des retombées négatives du refus de répondre à l’exigence de réforme politique sont trop nombreux pour être énumérés ici. C’est pourquoi je ne fais que rappeler en passant comment l’obstination dans l’hégémonisme et la fermeture avait conduit à hypothéquer le destin du pays en le livrant à une seule personne par la décision d’instaurer la présidence à vie au milieu des années soixante-dix du siècle dernier, avec l’état de blocage et de détérioration bien connu qui en a résulté.
Après ce rappel, et loin de toute résignation à l’adage selon lequel « l’Histoire se répète », je passe maintenant au troisième et dernier point de cette première partie de mon exposé, où je tenterai de répondre à la question :
C- Pourquoi la réforme politique est-elle une nécessité urgente ?
Nul doute que la mise en œuvre de réformes politiques profondes constitue aujourd’hui une nécessité nationale trop longtemps ajournée et qui ne peut plus souffrir aucun report, surtout en cette période critique caractérisée par des risques croissants de détérioration lourds de dangers pour le présent et l’avenir du pays.
De tels dangers, qui ne sont nullement imaginaires, sont source de grande préoccupation. Le pays ne saurait supporter l’obstination sur la voie de l’autosatisfaction. Il ne lui est plus possible de faire l’économie d’une évaluation sérieuse du bilan des 23 années du mode de gouvernance actuel afin de voir où il en est avec ses promesses de rupture avec les anciennes pratiques et de respect de la maturité du peuple et de son droit légitime à une vie politique qui lui permette la libre participation à la gestion des affaires du pays à travers des institutions conformes aux principes et au valeur de la République…
Que l’actuel mandat présidentiel soit le cinquième – et le dernier selon la Constitution – aurait pu être une occasion pour une page nouvelle. Mais la manière dont ont été organisées les élections présidentielles et législatives de 2009, puis les élections municipales de 2010, en a fait une occasion manquée. La situation de fermeture s’est aggravée et on a continué de plus belle à faire la sourde oreille face aux appels au dialogue…
C’est dans cette atmosphère que s’est déclenchée, l’été dernier, la campagne des « adjurations », en tant que tentative de maintien du statu quo et de la prorogation sine die du mode dominant de gestion des affaires du pays.
Il apparaît clairement, vu la forme qu’a prise cette campagne et l’identité de ses promoteurs, qu’il y a des groupes de pression déterminés qui multiplient les efforts, de l’extérieur des institutions, pour avoir le monopole absolu des décisions concernant le destin du pays et son avenir, comme si le peuple n’avait pas son mot à dire sur la question de l’alternance à la tête de l’Etat, ou plutôt comme si la nécessité de la réforme politique profonde qui permettrait au peuple de s’exprimer là-dessus était tout simplement hors de propos.
Aussi l’Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité refuse-t-elle fermement ces tentatives de contournement de la Constitution et d’évitement des revendications légitimes de réforme politique, car cela nuit gravement à l’intérêt du pays, qui doit demeurer au-dessus des groupes quelle que soit leur influence, et des individus quels que soient leurs mérites.
Il n’est pas d’autre choix que la réforme politique. Celle-ci doit intervenir d’urgence, avant que ne s’aggravent encore plus la crise et le risque de détérioration.
II- La réforme politique souhaitée: ses conditions et son contenu
A- Créer un climat propice à une réforme politique globale
1- Il est indispensable de prendre des mesures de détente urgentes, qui puissent être aux yeux de l’opinion publique le signe clair d’une volonté politique d’ouverture.
– Ce message d’ouverture que le pouvoir peut envoyer à l’opinion doit commencer par le règlement rapide de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme, en ordonnant l’ouverture immédiate des locaux de ses sections et en prenant d’autres décisions à même de tranquilliser les membres sur le destin de leur association et son indépendance ;
– Un autre message doit également être adressé aux journalistes concernant leur représentation au sein de leur syndicat, à l’abri des interférences et des tentatives de déstabilisation de la légitimité ;
– Idem pour d’autres messages consistant à :
- lever les obstacles devant la tenue du congrès de l’UGET par l’annulation des mesures injustes prises contre son Secrétaire général ;
- mettre un terme à l’injustice faite aux membres du Bureau légitime de l’Association des magistrats en renonçant aux tentatives de domestication de cette association ;
- réintégrer dans leur travail les militants du Bassin minier qui avaient été libérés tout en ordonnant la libération de ceux qui sont encore détenus en rapport avec ce dossier et de toutes les personnes emprisonnées pour leur opinion ou leur activité estudiantine ou journalistique ;
- faciliter le retour au pays des Tunisiens condamnés pour des raisons politiques, etc.
2- Parallèlement, il convient de mettre fin à la monopolisation des medias publics en les ouvrant aux différentes sensibilités, de lever les obstacles qui entravent la liberté d’expression y compris sur Internet, d’expurger le Code de la presse de toutes ses dispositions répressives, de lever la censure imposée aux livres, d’instaurer des critères clairs, objectifs et équitables, pour l’édition des publications et la création de stations de radios et de télévision , et de confier enfin la responsabilité de la liberté de l’information à une autorité indépendante.
3– De même il faut lever les restrictions à l’encontre des activités des associations et des partis indépendants, en leur permettant l’accès aux espaces publics et aux medias et en les associant aux instances consultatives. Il faut mettre fin à toutes les formes de discrimination pour ce qui des subventions accordée aux partis et à leurs journaux. Il faut lever les obstacles à l’exercice du droit d’organisation en autorisant les associations et les partis qui l’ont demandé à mener librement et légalement leur action.
Il s’agit là, pour nous, de mesures qui sont d’une nécessité urgente que le pouvoir est en mesure de décider de son propre chef pour peu qu’il prenne conscience que la sagesse politique implique le dépassement de l’état de blocage qui prévaut actuellement.
Il est possible, grâce à ces mesures, de créer un climat politique nouveau, propice à la consultation et au dialogue entre les différentes parties, au pouvoir et dans l’opposition, sur les éléments constitutifs de la réforme politique, dont le plus urgent est à notre sens :
B- La nécessité de modifier radicalement le Code électoral
Il est évident pour tout observateur impartial que la Tunisie est malade de ses élections et qu’elle n’a pas connu jusqu’ici dans son histoire des élections transparentes et crédibles, qui soient véritablement une expression de la volonté des citoyens, un reflet fidèle des rapports de force en présence dans le paysage politique et un fondement sérieux pour donner la légitimité aux institutions du pouvoir.
C’est pourquoi il est urgent de procéder à la refonte radicale de l’ensemble du système électoral. Cette urgence n’est pas uniquement dictée par le paradoxe qui prévaut actuellement et qui fait qu’en cas de vacance à la tête de l’Etat, seul le parti au pouvoir serait en mesure de réunir les signatures de trente députés ou maires exigées par la loi pour la candidature aux présidentielles, puisque les opportunités de candidature extrêmement limitées qui ont été données lors d’élections précédentes n’ont été possibles qu’en vertu d’amendements ad hoc valables une fois seulement. Cette exigence est dictée aussi par le fait que le système électoral dans son ensemble a été conçu et minutieusement élaboré de manière à rendre quasi impossibles des élections véritablement pluralistes et transparentes.
Il y a donc une nécessité urgente de modifier ce système de sorte qu’il:
– garantisse le droit de libre candidature aux présidentielles ;
– permette le pluralisme – effectif et non de façade – au sein de la chambre des députés, de la chambre des conseillers, des conseils municipaux, etc., et ce en instaurant le principe du scrutin proportionnel.
– reconnaisse aux partis le droit de conclure des alliances électorales ;
– garantisse les droits d’inscription, de candidature et de vote, et protège les voix des électeurs contre tous risques de manipulation ou de falsification, exigence qui ne peut se réaliser qu’en retirant la responsabilité de diriger l’opération électorale au ministère de l’Intérieur et en confiant la supervision de toutes les étapes des élections à une Commission indépendante et neutre.
Il s’agit là d’une tâche d’une grande complexité étant donné l’accumulation, pendant des décennies, des aspects négatifs aussi bien dans les textes que dans les comportements. Mais il ne saurait être question de laisser le pouvoir fixer unilatéralement les « règles du jeu ». Celles-ci doivent être objet de consultation et de négociation entre toutes les parties concernées sans exception.
C- L’examen des autres mécanismes législatifs
Je veux dire par là des dispositions qui exigent, pour être débattues et traitées de manière positive, un consensus préalable sur la mise en œuvre des réformes susmentionnées. Parmi ces dispositions, je citerai la levée des obstacles qui empêchent la liberté de candidature aux présidentielles, la séparation des pouvoirs, la limitation de l’hégémonie du pouvoir exécutif, la garantie de l’indépendance de la justice, etc.
Ces mécanismes législatifs constituent un point problématique que je vous propose de discuter dans la présente rencontre, en tenant compte du fait que s’y trouve directement impliquée d’une manière ou d’une autre la question de la Constitution, dont certains envisagent la modification limitée et sur mesure, juste pour permettre la candidature pour un sixième mandat souhaitée par les « adjurateurs ». Cette demande entre dans la même logique d’évitement des réformes fondamentales, c’est-à-dire la logique qui a été derrière le déclenchement précoce de la campagne de conjuration et la tentative de tout réduire dès maintenant à la question de la « prolongation », alors que quatre années nous séparent encore de la prochaine échéance. Cela exprime clairement une volonté de court-circuiter la revendication de vraies réformes qui seraient de nature à changer les fondements du mode de gouvernance autoritaire.
C’est pourquoi je pense qu’il faut être vigilant à l’égard de la logique biaisée dans laquelle les initiateurs de la campagne ont cherché à enfermer le pays : conjuration, puis acceptation souhaitée, puis des réformes restreintes et secondaires qui seraient ou ne seraient pas décidées, mais qui, dans tous les cas de figure, ne toucheraient pas l’essence du modèle de fermeture en cours jusqu’ici.
Ce sont les réformes de fond qui devraient être le point de départ, dans un processus progressif qui suivrait une gradation du type de celle que je viens de présenter, de sorte que nous puissions nous trouver, avant 2014, dans une situation politique différente, à même d’éviter à notre pays le risque de maintenir pendant des décennies le mode de gouvernement actuel.
III- Comment réaliser la réforme politique ?
Au début de cette troisième partie, je voudrais dire que je suis conscient que le processus progressif que je viens d’exposer – mesures d’apaisement, réforme du Code électoral, dispositions législatives nouvelles, qui doivent être accompagnés d’une amnistie générale et de la séparation entre l’Etat et le parti au pouvoir – cette progression peut apparaître comme relevant d’un optimiste excessif. C’est une impression compréhensible vu la réalité politique tangible d’un pouvoir enfermé sur lui-même et nullement disposé à réagir positivement aux attentes de la société. Mais cela ne change rien à une vérité indiscutable, à savoir que :
A- L’avenir de la Tunisie nous concerne tous, et aucune partie – quelle que soit sa force – ne doit ni ne peut s’arroger indéfiniment le droit de décider seule des règles du jeu, et de tracer seule et selon son bon plaisir le devenir du pays. D’où :
B- La nécessité d’un dialogue nationalpour parvenir à un consensus sur les leviers de la réforme politique. Le dialogue national est pour nous le cadre qui permet de répondre aux exigences de l’étape historique actuelle et de fournir les mécanismes sans lesquels ne peut se réaliser aucune réforme durable. La volonté d’une seule partie ne doit pas bloquer cette réforme, tout comme le désir d’une seule partie ne suffit pas à l’accomplir. Il est donc urgent d’instaurer un débat libre et franc sur les fondements de la réforme politique globale et les moyens de la faire aboutir. Quiconque essaierait d’entraver ce processus de réforme nuirait inconsciemment à ses propres intérêts à long terme, et consciemment aux intérêts immédiats et à venir de notre pays.
C- Mais, malgré ces évidences, ni les mesures de détente, ni le débat sur la réforme du code électoral, ni les autres réformes n’auront lieu du simple fait qu’elles sont dictées par la logique et la sagesse. Un tel objectif a besoin d’un nouveau rapport de forces, différent de celui qui prévaut actuellement, et qui nécessite l’action pour:
1- Mettre fin aux handicaps qui entravent la réforme et en premier lieu l’hégémonie totale de l’appareil de l’Etat et du parti au pouvoir, l’état de faiblesse et de marginalisation de la société face à l’Etat en raison de l’absence des espaces d’expression et de participation, ainsi que des possibilités pour les citoyens de choisir leurs représentants et d’exercer pleinement leur citoyenneté, ce qui explique le désintérêt et l’indifférence pour la chose publique;
2- Dépasser l’état de division et d’émiettement dont souffre encore l’opposition démocratique du fait de l’isolement de ses forces les unes par rapport aux autres et de l’isolement de tous par rapport à la société ; accroître les capacités de ces forces sur des bases claires et autour d’un programme réaliste à même d’impulser la citoyenneté et de rassembler les plus larges milieux et catégories sociales ;
3- Mettre le politique au service du social en exprimant les préoccupations et aspirations des diverses catégories – jeunes, femmes ; travailleurs, intellectuels, etc. – et en œuvrant pour dépasser la déconnexion qui prévaut aujourd’hui entre le mouvement syndical et les aspirations démocratiques des salariés et de l’ensemble du peuple ;
4- Adopter une démarche rationnelle, à la fois pondérée et audacieuse, qui évite la fuite en avant par rapport au réel mais sans se résigner à ses limites; agir avec souplesse en veillant à convaincre les couches les plus larges de la société, dans le cadre d’une vision graduelle fondée sur l’élaboration d’un programme démocratique commun suffisamment crédible et possédant un agenda politique, avec une feuille de route contraignante, dont l’une des étapes est l’obtention d’élections transparentes.
Chers camarades et amis, mesdames, messieurs,
Tels sont quelques axes que j’ai présentés brièvement en guise d’introduction au débat. Ce sont des idées, des propositions et des problématiques par lesquelles j’ai essayé d’exposer ce que je pense être la vision qu’a l’Alliance pour la Citoyenneté et l’Egalité de la situation politique actuelle et des réformes immédiates et à long terme qu’elle exige.
Mon espoir est que vous réagirez positivement à cette vision qui reste, comme l’ensembles des positions des analyses de notre Alliance, ouverte sur tous les apports sérieux, toutes les critiques constructives et toutes les propositions pratiques qui sont de nature à faire avancer la lutte de notre peuple pour la démocratie, le progrès et la justice sociale.
Traduit de l’arabe par Ahmed Ouercheffani
Attariq AL Jadid n°212 daté du 1 janvier 2011
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