TUNISNEWS
6 ème année, N° 2054 du 05.01.2006
LTDH – Section de Bizerte: Kabil Naceri condamné à trois mois d’emprisonnement ferme AFP: Naissance d’une coalition démocratique en rupture avec les islamistes AP: Tunisie : création d’une « alliance démocratique progressiste » Le Temps: Ettajdid et des personnalités indépendantes : « Refus absolu de toute alliance avec les porteurs d’un projet fondé sur l’instrumentalisation et l’exploitation de la religion» AFP: Effondrement d’un immeuble à La Mecque: 15 morts AP: Effondrement à La Mecque d’un hôtel accueillant des pèlerins: au moins 15 morts L’Audace: Cartes sur table avec Moncef Marzouki Me Kamel Chaabouni: Charte du musulman moderne Mourad Dridi: Les Syndicalistes Radicaux Le Temps: Janvier 1908: Mouvement anti-colonialiste à travers les Ulémas et les Marabouts Le Temps: Le Contrat de Mariage en Tunisie jusqu’en 1956 Le Temps: L’IACE et ses jeunes membres débattent de la nouvelle loi de finances: C’est bon, c’est incitatif mais c’est aussi…fiscal AFP: Douze Marocains présentés devant un juge antiterroriste MAP: ِALGERIE: Deux partis de la majorité votent contre la déclaration du patrimoine Babelmed : Shkoun ZeMeKen?
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Kabil Naceri condamné à trois mois d’emprisonnement ferme
Pour infraction au contrôle administratif
Naissance d’une coalition démocratique en rupture avec les islamistes
AFP, le 04.01.2006 à 18h58
TUNIS, 4 jan 2006 (AFP) – Des opposants au régime du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali ont annoncé mercredi à la presse à Tunis la création d’une nouvelle « coalition démocratique » en rupture avec l’opposition islamiste.
Cette alliance autour d’Ettajdid (Renouveau), parti légal fondé il y a douze ans par des ex-communistes et militants de la gauche démocratique, regroupe en son sein des personnalités indépendantes et deux groupuscules de gauche.
Ses promoteurs se démarquent de l’islamisme en déclarant leur « refus absolu de toute action commune avec les (islamistes) porteurs d’un projet fondé sur l’instrumentalisation et l’exploitation de la religion », ont-ils indiqué dans une déclaration écrite.
« La Tunisie est un pays musulman et aucun parti politique ne peut parler au nom d’Allah! », a noté Mohamed Harmel, chef d’Ettajdid, affirmant son opposition à toute collaboration politique avec le parti islamiste Ennahda (interdit).
« Il ne s’agit pas de religion, mais de projet politique », a affirmé Mohamed Kilani, chef des « Communistes Démocrates », membre de la coalition, évoquant notamment le danger que constitue la remise en question par les islamistes du statut juridique libéral des femmes instauré il y a 50 ans en Tunisie.
« Nous refusons de collaborer aux initiatives intégrant les islamistes car nous rejetons leur projet de société totalitaire », a souligné Mahmoud Ben Romdhane, économiste représentant des indépendants au sein de la coalition.
« Il est de notre devoir de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers qui guettent aujourd’hui la Tunisie », a-t-il poursuivi, dénonçant dans l’ordre « le verrouillage politique grandissant et les thèses islamistes rétrogrades ».
La création de cette coalition intervient suite au ralliement d’Ennahdha au rang de l’opposition démocratique dans le sillage de la grève de la faim d’un mois commencé le 18 octobre par des opposants, dont des islamistes, pour réclamer le respect des libertés publiques et l’élargissement des prisonniers.
AFP
Tunisie : création d’une « alliance démocratique progressiste »
Associated Press, le 04.01.2006 à 19h05
TUNIS (AP) — Des personnalités politiques tunisiennes de diverses sensibilités ont annoncé mercredi la création d’une « Alliance démocratique progressiste » qui se prononce en faveur de « réformes radicales » du régime politique actuel tout en rejetant tout lien avec les islamistes.
Les dirigeants de cette alliance se disent disposés à « un dialogue sérieux » avec le pouvoir. Ils préconisent à cet effet des « réformes radicales » en vue de mettre fin à la situation actuelle marquée, selon eux, par « le verrouillage sur tous les plans », « un pluralisme de forme » et « la levée du bouclage sécuritaire et médiatique sur les partis d’opposition et les composantes de la société civile ».
Le nouveau pôle renferme le mouvement Ettajdid, une formation légale, le Parti du travail patriotique et démocratique (non reconnu), le courant des Communistes démocrates et des indépendants.
Lors d’une conférence de presse, le chef d’Ettajdid, Mohamed Harmel, a expliqué que la nouvelle coalition qui prône « une démarche rationnelle accessible au peuple », vise à « édifier un noyau démocratique fort » qui puisse conduire à une alternative démocratique au service du pays. Ses promoteurs en excluent toutefois les islamistes du mouvement Ennahdha (interdit) eu égard aux « profondes divergences idéologiques » qui séparent les uns et les autres.
La nouvelle Alliance démocratique progressiste se démarque par ailleurs du « Mouvement du 18 octobre » enclenché par une grève de la faim observée pendant plus d’un mois par huit personnalités de l’opposition pour réclamer plus de libertés. Ils reprochent aux dirigeants des partis politiques et des associations impliqués dans cette grève d’avoir fait alliance avec les islamistes.
Ettajdid et des personnalités indépendantes tiennent une conférence de presse
« Refus absolu de toute alliance avec les porteurs d’un projet fondé sur l’instrumentalisation et l’exploitation de la religion »
*Constitution d’une coalition démocratique
Dans une conférence de presse tenue hier, le secrétaire général du Mouvement Ettajdid Mohamed Harmel a annoncé la constitution de ce qu’il appelé : « L’initiative – coalition démocratique et progressiste » en tant que noyau ouvert sur d’autres composantes concernées par la construction du Pôle Démocratique et Progressiste ».
Harmel a souligné « que cette coalition constitue un pas en avant et une nouvelle étape pour la concrétisation du rassemblement des forces démocratiques et progressistes. Après l’initiative démocratique qui a participé activement aux élections législatives et présidentielle d’octobre 2004 la constitution de cette coalition va œuvrer pour construire un Pôle Démocratique et Progressiste.
Les membres de cette coalition vont élaborer dans les meilleurs délais la charte et la plate-forme de la coalition, ainsi qu’un programme de travail comportant un certain nombre d’activités et d’initiatives touchant aux domaines culturel, politique, social et économique et qui seront organisées au cours des prochains mois ».
Rejet
Cette « coalition » regroupe, outre le Mouvement Ettajdid, des personnalités politiques et des indépendants qui ont affirmé dans un communiqué rendu public le 18 décembre à la suite d’une réunion de la commission de l’initiative Démocratique « leur refus absolu de toute action commune avec les porteurs d’un projet fondé sur l’instrumentalisation et l’exploitation de la religion et qui représente une grande menace pour les acquis réalisés par notre peuple ».
Harmel a aussi annoncé qu’il a envoyé une lettre à M. Zakaria Ben Mustapha chargé par le président de la République des contacts avec les partis et qu’il attend la fixation d’un rendez-vous pour rencontrer M. Zakaria.
Néjib SASSI
(Source : « Le Temps » du 5 janvier 2006)
Effondrement à La Mecque d’un hôtel accueillant des pèlerins:
au moins 24 morts selon Al-Jazira
Associated Press, le 05.01.2006 à 13h46
LA MECQUE, Arabie saoudite (AP) — Un hôtel de La Mecque accueillant des pèlerins s’est effondré jeudi, ont annoncé des responsables de la sécurité. Selon la chaîne panarabe par satellite Al-Jazira il y aurait au moins 24 morts et 60 blessés.
Le drame a eu lieu à l’hôtel Al-Ghaza alors que des millions de musulmans sont à La Mecque pour le pèlérinage, le hajj, qui culmine lundi prochain avec le début de l’Aïd al-Adha, fête qui dure quatre
jours.
Selon les responsables de la sécurité, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, la plupart des victimes seraient originaires d’Egypte, de Tunisie et des Emirats arabes unis.
L’hôtel Al-Ghaza se trouve à 60 mètres de la Grande Mosquée, située porte de la Paix, et où se trouve la Kaaba, un des principaux hauts lieux du pèlerinage. Dans tout le quartier, une quantité de marché locaux restent ouverts 24 heures sur 24 pendant la durée du hajj.
Le hajj a été maintes fois endeuillé par des tragédies, la pire ayant eu lieu en 1990, lorsque 1.426 personnes avaient trouvé la mort dans une bousculade dans un tunnel piéton reliant entre eux divers lieux saints de La Mecque.
Associated Press
Effondrement d’un immeuble à La Mecque: 15 morts
Effondrement à La Mecque d’un hôtel accueillant des pèlerins: au moins 15 morts
Cartes sur table avec Moncef Marzouki
Interview réalisée par Slim Bagga
L’Audace , numéro 131- Janvier 2006
L’Audace: Vous venez de rentrer en Tunisie où vous avez passé près d’un mois. Les détracteurs parlent d’une cure à Sousse (informations circulant bien sûr dans les milieux tunisiens de la propagande, mais malheureusement parfois véhiculés par une certaine opposition). Quel climat politique général avez- vous trouvé dans ce pays?
MM : J’avais programmé mon retour en octobre pour accompagner la grève de la faim des huit et participer au contre sommet de l’information. Malheureusement des problèmes de santé inopinés m’obligèrent à passer sur la table d’opération en quasi urgence le jour même de l’Aïd. Les médecins me prescrivirent six semaines de repos absolu. Mais Une semaine après l’intervention, je suis rentré en Tunisie pour rendre visite aux grévistes, accompagner Samia Abbou au Kef, recevoir chez moi à Sousse beaucoup de monde, aller avec une délégation du CPR à la rencontre de tous les chefs de partis pour débattre de l’avenir de l’opposition.
Voilà pour la cure. Quant au climat politique du pays, je suis toujours envahi par l’image du marigot. Tout est calme en surface, mais tout pourrit en dessous.
De plus , il y a toutes les incertitudes et les dangers à propos d’une fuite en avant du régime ou d’ un prochain 7 bis . Oui le pays est en grand danger et en grande détresse. Cela m’inquiète profondémént.
L’Audace: Vous êtes arrivés au moment où le déclenchement de la grève a déjà eu son impact. Tant mieux pour la Tunisie. Mais quel est le climat de l’intérieur de cette opposition.
L’Audace compte sur votre réponse pour éviter la langue de bois…
MM : La dernière action de l’opposition c’est-à-dire la mise au point d’un organe de rencontre et de concertation commune, n’excluant que ceux qui s’excluent eux-mêmes, est certainement une chose extrêmement positive et une avancée par rapport à la situation antérieure . Il faut appuyer cette initiative.
L’Audace: Qu’est ce qui vous semble prometteur dans cette nième unification de l’opposition ?
MM : Il y a une avancée par rapport aux tentatives antérieures et elle est de taille , permettre aux forces politiques qui comptent de se rencontrer sans exclusion et sans tutelle. Je compte sur les évènements et sur les erreurs du pouvoir pour radicaliser le groupe . J’ai aussi beaucoup d’espoir dans les comités régionaux qui pourraient être le véritable noyau dur d’un mouvement d’émancipation nationale. Le problème c’est qu’ il faut faire vite , les choses pouvant basculer à n’importe quel moment.
L’Audace: Comment jugez –vous l’idée de débat national que la nouvelle structure entend promouvoir pour faciliter une action commune à long terme ?
MM : On me dit que ce débat national est le prélude nécessaire à l’appel de la conférence nationale démocratique pour laquelle je milite depuis une décennie ? Soit .
Mais cela fait vingt ans au moins qu’on débat avec passion de la place des islamistes, de la qualification du régime, des droits et libertés que nous voulons, de grandes lignes de l’Etat démocratique. On a débattu de ces questions en privé, en public, dans des réunions nationales et internationales. Progressivement le consensus s’est fait autour des grands choix : le changement par les voies pacifiques, la non exclusion de tous ceux qui adhèrent au pacte démocratique , l’attachement à la personnalité arabo- musulmane du pays, le respect des droits de l’homme notamment l’intégrité physique et l’égalité absolue des deux sexes, la mise en place d’un vrai régime démocratique sous l’égide d’une vraie République. Tout cela a déjà été entériné par les grandes tendances politiques à Tunis le 12 mai 2002 , à Paris le 18 mai 2002 A Aix le 25 mai 2003 un texte fondamental a été signé par un large spectre . Le fait qu’on reprenne ces débats, pour aboutir à un texte qui ne sera pas très loin de celui d’Aix ne me parait pas pertinent et surtout prioritaire Car pendant que d’un côté de la barrière on discute, on palabre, on se cherche la petite bête, on se rassure mutuellement, on se gargarise de concepts , de l’autre côté on se gargarise de contrats , on vole, on pille, on engrange et on prépare tranquillement le scénario Poutine.
Ce n’est pas de débat national que nous avons besoin mais de projet national de libération et de sa mise en application décidé par la CND qui doit être convoquée le plus rapidement possible…..et ce avant qu’on ne se réveille avec un 7 bis et qu’on reprend pour vingt ans de dictature new-look.
L’Audace: Vous ne faites vous pas partie de la nouvelle structure qui réunit pourtant les chefs de partis politiques et des indépendants ? Est-ce une marque de défiance de votre part ou une tentative de marginalisation de la part de certains qui ne vous portent pas dans leurs cœurs ?
MM : En plus de Raouf Ayadi membre de facto car parmi les huit grévistes , Le CPR avait droit à un deuxième représentant désigné en la personne de Fethi Jerbi ,après refus catégorique de Oum Ziad. Deux raisons m’ont dissuadé de faire partie du groupe. La première est d’ordre personnel. Ma présence aurait hérissé certains. Je tiens absolument à rester en dehors de toute querelle de leadership, querelle que j’ai toujours jugée comme prématurée. Ce n’est que dans un cadre démocratique, avec un peuple souverain pour arbitre, qu’une telle question pourra être posée et tranchée.
La seconde est d’ordre politique.
A la tête d’une délégation du CPR,J’ai fait le tour de tous les partis et j’ai posé à leurs dirigeants la même question. Ce comité a-t-il pour objectif final de s’attaquer aux questions de fond :l’illégitimité du pouvoir ,le système policier et maffieux , le droit de notre peuple à l’autodétermination , la mobilisation de la rue en vue d’une révolution démocratique pacifique . Tous, y compris les Islamistes m’ont dit que non, et que l’on ne quittera pas le champ des trois revendications.
J’ai posé une deuxième question : Les partis sont-ils prêts ,comme le CPR ,à se fondre dans un front démocratique ? Là aussi la réponse a été négative. Les partis garderont leurs structures .Or vous connaissez les thèses que je défends depuis toujours : Rassembler soit, mais il ne faut pas que cela se fasse ni sur le minimum, ni sur le maximum mais sur ce qu’exige la situation politique. Ce qu’exige cette situation c’est un front politique contre la dictature se posant clairement comme une alternative politique. Si tout le monde ne s’occupe plus que de ces trois problèmes , qui va maintenir ouverts les dossiers de la corruption , du naufrage du système éducatif, des 100.OOO diplômés chômeurs , du doublement par les maffias du prix du litre d’huile d’olive pour les citoyens etc
Voilà pourquoi le CPR appuiera honnêtement la nouvelle structure de coordination sur les trois revendications , mais ne pourra s’arrêter là. Il se réserve le droit de continuer à militer pour ses thèses et ses choix.
L’Audace: Il semblerait que certains grévistes voudraient récupérer le mouvement du 18 octobre, condamnant les absents, utilisant les réticents et se voyant déjà porte-parole d’une opposition qui reste à définir? Est ce vrai selon vous?
MM : Je refuse d’entrer dans les procès d’intention. Il faut attendre comment les choses évoluent et se prononcer sur des faits. Inutile de vous dire que je ne souhaite rien de tout cela. Il ne faut jamais perdre de vue que nous n’avons qu’un seul ennemi : la dictature et que nous devons tout faire pour renforcer tout ce qui la combat.
L’Audace : Le premier des combats ne serait-il pas de reconstruire l’opposition? Se regrouper devient pour ‘L’Audace » quasiment un vain mot puisque certains autres réflexes persistent…
MM : C’est un problème mal posé depuis toujours . Il ne s’agit pas de rassembler pour rassembler , car plus vous rassemblez plus vous mettez ensemble des gens aux projets et aux stratégies politiques les plus contradictoires. En général un tel rassemblement ne peut se faire qu’autour du minimum et du moindre agir . Avec une dictature cela ne donne rien. Ce qu’exige la situation c’est de rassembler autour d’un projet politique de rupture et de lutte .
L’Audace : Les propositions de Moncef Marzouki en marge de ce mois tumultueux?
MM : Construire un front politique qui réclame et prépare l’alternance , qui ne laisse pas un nouveau 7 bis rouler le pays encore une fois, qui s’adresse au peuple lui redonne confiance et espoir , tout le reste est perte de temps , évitement et report d’échéances inévitables .
L’Audace : Que demandez-vous au peuple tunisien? Quel est votre projet dans l’opposition ou avec l’opposition ?
MM : Les Tunisiens ont fait trop d’attentisme , après tout c’est de leur pays , de leur avenir et de celui de leurs enfants qu’il s’agit . Ils faut qu’ils s’engagent ,autrement on n’arrivera à rien. Pour l’opposition , je vous l’ai dit , il faut construire un front dont la ligne de partage regroupe d’un côté tous ceux que le sort actuel de pays indigne et angoisse – ils peuvent être dans tous les partis y compris celui prétendument au pouvoir , de l’autre côté tous ceux qui s’accommodent d’une façon ou d’une autre de la situation actuelle.
L’Audace : Croyez- vous que des alliances contre-nature visant à médiatiser telle tendance de telle autre pour faire faire plus crédible en excluant certaines autres est porteuse quand on sait que depuis 1994, vous-même et le docteur Ben Jaafar par exemple aviez prévenu contre l’exclusion?
MM : Cà c’est de la politique politicienne. Elle fait partie de la réalité . Inutile de s’en offusquer ou de jouer la vertu outragée. La question est comment la contenir dans des limites pour qu’elle ne freine pas ou détruise le grand projet politique collectif qu’est le nôtre , c’est-à-dire la fin de la dictature et l’instauration de la République et du régime démocratique.
L’Audace : Une question de curiosité de journaliste: Qu’est ce qui vous distingue aujourd’hui de Ben Jaafar? Le timing? Le tempérament? Ou (ce que je ne crois pas) une approche plus globale des choses? Les gens, pour vous connaître et définir vos mouvements ont besoin de savoir…
MM : Il ne faut pas confondre les niveaux et il yen a trois. Le premier est celui des personnes. MBJ et moi-même sommes au coude à coude dans tous les combats pour la démocratie depuis 25 ans. Nous nous apprécions et nous nous respectons.
Le deuxième niveau est celui des structures. Le forum est un parti légal – il a pignon sur rue, il est aussi légaliste – il participe ou essaye de participer aux élections organisées par le dictateur. Le CPR est un parti non reconnu et traqué. Je vous rappelle que je suis condamné à un an de prison avec sursis pour maintien d’une organisation illégale et que l’an dernier on a ouvert contre moi une nouvelle affaire judiciaire pour diffusion de communiqués interdits. Tous les militants du CPR sont logés peu ou prou à la même enseigne.
Il y a enfin le niveau des lignes politiques. Le forum croit à la possibilité de réformes progressives, au jeu des institutions etc. Le CPR n’en croit rien. Il croit qu’une dictature n’est pas réformable, qu’elle doit être affrontée, que le seul moyen de s’en débarrasser est de mobiliser le peuple et les élites contre elle . Nos les lignes politiques sont donc aux antipodes. D’où l’échec d’une tentative de fusion entreprise en 2003.
L’audace: Comment expliquez-vous qu’après la réussite de la grève de la faim que l’on sait et la mobilisation tant sur le plan national qu’international qu’elle a suscitée, certaines parties de la société civile en soient encore au problème de l’existence d’Ennahdha et des rapports avec les islamistes?
MM : le problème dans toute société politique ce sont les extrémistes. En Tunisie nos extrémistes sont les intégristes islamistes et les des intégristes laïcs . Ils sont ,par leur rejet de l’autre, leur aliénation à des phantasmes idéologiques , leur paranoïa , les facteurs d’instabilité , les promoteurs de la violence politique qui peut entraver le développement d’une société , voire la détruire. Nous devons en prendre notre parti , continuer à construire au centre un consensus national autour de la coexistence pacifique de tous les courants idéologiques sous l’égide su système démocratique , et tant pis pour ceux qui s’excluent eux-mêmes.
L’audace: Cela veut-il dire qu’après 20 ans de terreur du régime de Ben Ali, le problème central concernant le rapport aux islamistes demeure entier?
MM : Pour quelques attardés oui , par contre pour beaucoup d’hommes et de femmes de gauche la question est réglée. Aujourd’hui la démarcation est claire entre ceux qui sont pour un front uni contre la dictature mettant entre parenthèses leurs divergences avec les islamistes modérés et ceux qui sont pour un front uni contre l’islamisme même modéré mettant entre parenthèse leurs divergences avec la dictature . C’est le cas de ce nouveau groupe appelé je crois coalition démocratique et organisé autour de solide allié et faire valoir de l’Etat policier qu’est Ettajdid .
L’audace : Quid de cette nouvelle querelle du foulard islamiste suscitée par les déclarations incendiaires du ministre des affaires religieuses ?
MM : Un truc pour entretenir les faux débats , dévier l’attention , se chercher de nouvelles complicités nationales et internationales . Il ne faut pas dans le piège , nous devons rester sur le seul registre de l’alternative démocratique et son avancement. Pour ce qui est de la question elle-même ma réponse n’a jamais varié . Il est tout aussi inacceptable d’imposer le voile aux femmes par la force comme c’est le cas en Iran , que de le leur refuser par la même force comme c’est le cas en Tunisie. C’est une question de liberté de conscience , de liberté de la femme . Toute interférence de l’Etat dans un sens ou dans l’autre est une violation des droits de la personne.
L’audace: Que faut-il entreprendre, selon vous, pour que la rue soit moins inerte, plus consciente des enjeux touchant à son avenir?
MM :La rue n’existe pas , ce qui existe c’est un peuple brimé , atomisé , maintenu consciemment dans la peur , le découragement et la désespérance. Son réveil se fera mais il faut que le maximum de gens en stand-by s’engagent , il faut que circule la parole libre , il faut plus d’exemples et de figures d’identification . Alors viendra le jour où il ne faudra pas être dans les pénates de tous ces êtres cyniques et sans honneur qui ont cru s’enrichir en volant leur peuple ,se valoriser en le dévalorisant, se glorifier en l’humiliant .
L’audace Quel est votre voeu le plus cher pour 2006?
MM :Que les Tunisiens retrouvent le sens de la fierté , la fierté d’eux-mêmes et de leur pays . Tout le reste nous sera donné de surcroît.
Charte du musulman moderne
Les Syndicalistes Radicaux
Entreprise et investissement:
L’IACE et ses jeunes membres débattent de la nouvelle loi de finances
C’est bon, c’est incitatif mais c’est aussi…fiscal
**Slim Zarrouk : « Il est impératif de faire de cette loi un moteur de croissance et de création d’emplois »
**Les décideurs souhaitent moins de pesanteurs administratives et moins d’impôt
Une présentation exhaustive suivie d’interprétations pertinentes sur les nouvelles dispositions de la loi de Finances 2006, a été exposée hier, lors d’un déjeuner débat organisé à l’initiative de la Cellule des jeunes membres de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises.
En dépit des éléments occultés par les nouvelles mesures de la loi de finances 2006, cette dernière qui a été promulguée juste après la loi de finances complémentaire de 2005, concourt à limiter le déficit budgétaire provoqué, essentiellement, par une lourde facture énergétique.
A cet égard, M.Slim Zarrouk, a affirmé dans son allocution d’ouverture que la loi de finances tente de disposer des ressources nécessaires à l’atténuation du déficit et à la réduction de l’endettement, bien que, les ressources de l’Etat soient de moins en moins considérables.
Il a par ailleurs, mis l’accent sur l’impératif de faire de cette loi un moteur de croissance et de création d’emplois, tout en élargissant les opportunités d’investissements en faveur des chefs d’entreprises.
Tout en présentant analytiquement les nouvelles dispositions et en avançant les quelques commentaires explicatifs afférents à la loi n°2005-106 du 19 décembre 2005, M. Fayçal Derbal, Expert, a passé en revue les quelques aspects occultés par ladite loi à savoir : le problème relatif au régime forfaitaire d’imposition, vu que le nombre des personnes soumises à ce régime s’accroît en continu, sans pour autant omettre les affaires jugées par les tribunaux et non dénouées, relatives au lourd contentieux qu’il faut assainir.
Faut-il rappeler qu’outre les mesures de maîtrise de l’énergie ; de la protection de l’environnement et les mesures à caractère social et les mesures portant amélioration des procédures fiscales et le rendement de l’impôt, la loi de finances 2006 prévoit des mesures intéressant le financement de l’économie, la relance de l’investissement et l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Ces différentes dispositions cadrent avec les priorités de l’action de développement.
Dans l’objectif de dynamiser l’investissement, la loi de Finances 2006 a étendu les avantages attribués au profit des fonds à risque, qu’ils soient constitués sous forme de SICAR ou de FCP (Fonds commun de placement) et a élargi le champ d’intervention du régime des garanties des crédits en y intégrant les crédits accordés aux petites entreprises, les participations effectuées par les FCP à risque ainsi que celles effectuées par les fonds d’amorçage.
Cette dernière mesure, vise notamment à accélérer le rythme de création d’entreprises et d’emplois.
Pour ce qui est de la promotion de l’exportation, la loi de Finances a procédé à l’amélioration de l’intégration des entreprises totalement exportatrices dans le tissu économique à travers la possibilité offerte à ces entreprises de participer aux appels d’offres internationaux lancés en Tunisie. Notons que l’avantage est accordé en sus du plafond de 30% fixé pour les ventes sur le marché local.
Par ailleurs, et afin de promouvoir la création de projets innovants et à forte valeur ajoutée, essentiellement dans le secteur des TIC, la loi offre au promoteur le choix entre la prise de participation de la SICAR dans le capital de la société ou le recours aux dotations remboursables mises à la disposition des établissements bancaires et gérés par ces derniers.
En ce qui concerne les établissements de crédits, la loi de Finances pour la gestion 2006, a relevé le taux des provisions déductibles de 85% à 100%. Ce taux de 100% s’applique au titre des bénéfices réalisés à compter du 1 er janvier 2005 jusqu’au 31 décembre 2009 et cette déduction s’inscrit dans le cadre de la consolidation de la capacité des Banques et des établissements financiers de leasing pour faire face aux risques.
A la lumière de cette palette de mesures qui visent à consolider l’œuvre de développement sur tous ses angles, une entente entre l’entreprise et l’administration fiscale demeure escomptée et un compromis entre les besoins de l’un et de l’autre reste à accomplir.
Yosr GUERFEL
(Source : « Le Temps » du 5 janvier 2006)
Le Contrat de Mariage en Tunisie jusqu’en 1956
Par Nazli Hafsia
La Tunisie va commémorer le 50e anniversaire de la promulgation du Code du Statut Personnel, droit fondamental qui a été sans cesse consolidé par le Changement du 7 Novembre 1987.
Cette étude, où l’auteur analyse les contrats de mariage en Tunisie jusqu’en 1956, à partir de nombreux contrats collectés dans différentes régions du pays, est en fait l’historique de ce Statut avant-gardiste, spécificité de la société tunisienne qui, tout en étant fondamentalement arabo-musulmane, a évolué vers toujours plus de modernité. Cet essai s’insère dans l’ensemble de la législation tunisienne et des études afférentes à ces textes portants sur le mariage, en apportant la touche d’un regard contemporain.
Une réflexion sur la juridiction traditionnelle musulmane dans sa modernité.
Nazli Hafsia est une juriste chevronnée, en théorie et en pratique, et surtout une intellectuelle humaniste qui a puisé largement à toutes les sources de la culture universelle.
C’est dire que Nazli Hafsia est tout à fait qualifiée, comme elle le fait dans cet ouvrage, pour traiter d’un sujet aussi sensible et ardu que le régime du contrat de mariage en Tunisie, à la fois sur le plan historique et sur le plan juridique, et d¹en retracer l’évolution jusqu’à son aboutissement au Code du Statut Personnel de 1956. Ce faisant, elle a accompli un travail d’historien et d’érudit, sans négliger, à l’occasion, de mentionner une multitude de cas d’espèces qu’elle a eu le mérite de découvrir, en fouillant méthodiquement des archives privées et publiques, avec la curiosité et la persévérance de l’historien, s’ingéniant à les décrire en détail pour illustrer son exposé.
« Je voudrais souligner combien cet ouvrage peut être lu avec profit, non seulement pour les spécialistes de l’Université, de la Magistrature et du Barreau, mais aussi par bon nombre de nos concitoyens de toutes conditions, confrontés aux problèmes liés aux relations conjugales et, plus généralement, à ceux de la famille dans la société ».
Si Ahmed Mestiri, ancien ministre de la Justice
Préface de Ahmed Mestiri
112 p. illustré de nombreux contrats anciens – 12 dt
ISBN : 9973-704-00-2
novembre 2005
Editions cartaginoiseries
mika ben miled
2 rue sophonisbe, 2016 Carthage
Tel (+216) 71 732 594 (répondeur) / 98 64 73 56
Email :
mikabenmiled@gnet.tn
(Source : www.webmanagercenter.com , le 05/01/2006 )
Janvier 1908
Mouvement anti-colonialiste à travers les Ulémas et les Marabouts
Ahmed YOUNES
Une lettre assez pittoresque adressée par le ministre français des Affaires étrangères au résident général de France en Tunisie A. Lapetite, en date du 15 janvier 1908, avait pour but d’appeler son attention sur un nommé : Le cheikh Sidi El Mekki Ben Azouz un Uléma d’origine tunisienne qui était influent et avait des relations avec la Turquie qui l’encourageait discrètement à mener une campagne anti-coloniale.
Il était le descendant d’une famille d’Ulémas et son père Mustapha Ben Azouz était un marabout d’origine algérienne et avait fondé dans le Djerid une Zaouia (lieu de culte où se tiennent des offices religieux) pour les adeptes de la confrérie des Rahmania.
Or, dans la lettre précitée, le ministre attirait l’attention du résident général français à Tunis sur les activités « anti-françaises » qui avaient commencé à se pratiquer dans la Zaouia, depuis que le cheikh El Mekki Ben Azouz fils du fondateur s’était mis en relation avec plusieurs personnalités musulmanes de Tunis.
Car au départ il avait été nommé en 1880 Mufti à Nefta par le Premier ministre de l’époque : Mustapha Ben Ismaïl.
Cependant il ne rejoignit pas son poste pour résider à Tunis jusqu’en 1885. Ce ne fut qu’en cette année et lorsqu’il fut nommé Mufti avec un grade supérieur (deuxième mufti) qu’il se rendit à Nefta.
Toutefois, il adressa sa démission prétextant l’éloignement du lieu où il gérait ses propres biens.
Sa démission n’ayant pas été acceptée, il demanda l’autorisation de pouvoir parcourir les tribus pour recevoir les offrandes, pour la confrérie des Rahmania.
Ce fut par ce biais qu’il put parcourir les tribus où il faisait en réalité de la « propagande anti française » comme l’avait mentionné le ministre dans la lettre précitée.
Il voulait en fait rectifier le tir, car son père Mustapha Ben Azouz, qui avait fondé la Zaouia au Djerid, avait mis à profit ses relations avec Ben Ghedhahem pour le livrer à Sadok Bey lors de la révolte de 1864.
Cet acte était considéré comme une trahison.
En 1888, El Mekki Ben Azouz fut révoqué de son poste. Car on s’était aperçu de ses activités clandestines.
A partir de cette date on commença à suivre discrètement ses activités mais dès 1896, date à laquelle il entame un voyage à travers l’Algérie, toujours au prétexte de recueillir des dons pour la Zaouia, on le perdit de vue. On sut par la suite qu’il s’était fixé en Algérie.
Son campagnon, un certain El Mezkour Sadok revint en Tunisie ne 1898 et publia des récits de voyage et des journaux en langue arabe. C’était à travers ces journaux clandestins réalisés par les moyens de bord, qu’il lança une campagne anti-coloniale.
Le Cheikh Mekki Ben Azzouz quant à lui était resté à Constantinople où il avait voyagé dès 1900.
Il fut ainsi réputé en Turquie comme étant l’un des chefs les plus influents du mouvement panislamiste.
(Source : « Le Temps » du 5 janvier 2006)
Critique Tunisie rêvée
Douze Marocains présentés devant un juge antiterroriste
ِALGERIE
Deux partis de la majorité votent contre la déclaration du patrimoine
MAP, le 4 janvier 2006
Les députés du Front de libération nationale (FLN) et du Mouvement pour la société de la paix (MSP), faisant partie de la coalition gouvernementale, ont rejeté mardi, les dispositions sur la déclaration du patrimoine contenues dans un projet de loi relatif à la lutte contre la corruption.
Les députés FLN et MSP à l’Assemblée nationale populaire (APN- première chambre) ont voté contre l’article 7 de cette loi , alors que l’autre partenaire de la coalition gouvernementale, le Rassemblement national démocratique (RND- minoritaire) a voté pour.
La polémique sur l’article 7 révèle les divergences d’approches et des suspicions au sein de la coalition gouvernementale, des cadres du FLN s’étant précédemment plaints qu’une campagne « mains propres » avait principalement ciblé des édiles du parti.
L’article en question prévoit, en cas de non déclaration des biens et fortune, la levée de l’immunité pour les élus et la suspension des cadres supérieurs de l’Etat. Il stipule que la déclaration du patrimoine est obligatoire et doit se faire dans les délais fixés par la loi.
Devant le refus des députés du FLN et du MSP de voter une première fois, l’article a été lu aux députés par le rapporteur à la demande du président de l’APN, M. Ammar Sadani, avant d’être soumis au vote qui s’est avéré négatif.
Le ministre de la justice, Tayeb Belaïz a beau expliqué que l’article 7 est lié a l’article 4 qui a déjà été adopté, les députés des deux partis de la majorité sont restés fermes sur leur position et la loi est passée sans cet article controversé.
Le parti des Travailleurs ( gauche) a été le seul a rejeter en bloc le projetde loi en question qu’il considère dicté par « des organismes internationaux ».
La Banque mondiale, rappelle la presse algérienne, est liée avec l’Algérie notamment par une convention de coopération visant la modernisation du système du budget. L’institution internationale avait considéré qu’en Algérie « la performance des institutions du gouvernement est perçue comme étant faible ».
Par ailleurs, il est à relever que l’ONG Transparency International, a dans son rapport pour 2005, classé l’Algérie à la 97 ème place, sur 158 pays avec une note de 2,8 sur 10 en matière de corruption. TI a notamment recommandé de faciliter l’accès public aux informations sur le budget, les revenus et les dépenses.