5 décembre 2009

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TUNISNEWS

9 ème année, N° 3483 du 05.12.2009

 archives : www.tunisnews.net  


Liberté et Equité: Nouvelles des libertés en Tunisie

Comité National de Soutien aux Populations du Bassin Minier: Report du jugement dans l’affaire de Fahem Boukaddous

Comité Vérité et Justice pour Farhat Hached: Communiqué

Luiza Toscane: Les cinq de Lukavica sont en grève depuis deux mois

Abdel Wahab Hani: La question des Rerotrnados s’introduit au Parlement, dans le débat sur le Budget de l’Etat Abdel Wahab Hani: Le Retornado / Aïd Abdessalem Bouchadekh s’adresse à AIDOUN ILA TOUNES

RABAM: TERRORISME OCCIDENTAL, par procuration !

Jeune Afrique: Les limites du modèle tunisien

AFP: Sahara/Haidar: Madrid « déplore profondément » l’obstruction du Maroc

AFP: L’Iran avertit la Suisse des « conséquences » du vote anti-minarets

Le Temps Suisse: Il était une fois  – Suisses chrétiens contre Suisses israélites


La

4ème édition du blog « L’illusion républicaine » a été illégalement censurée en Tunisie.

Pour consulter l’édition libérée de ce blog, prière de vous rendre à l’adresse suivante : http://assarab-attounsi5.blogspot.com


Liberté pour Sadok Chourou, le prisonnier des deux décennies Liberté pour tous les prisonniers politiques Liberté et Equité 33 rue Mokhtar Atya, 1001, Tunis Tel/fax : 71 340 860 Liberte.equite@gmail.com Tunis, le 3 décembre 2009

 Nouvelles des libertés en Tunisie

 

[…] 2) Encore un groupe de jeunes de Nabeul déférés en justice Le procureur de la République du Tribunal de Première Instance de Tunis a décidé de déférer Salem Zayed, Marouane Nassef, Taïssir Frouja et Amir Mrabet devant la sixième chambre correctionnelle qui examinera les charges retenues contre eux le 14 décembre 2009. Les inculpés ont été arrêtés le 19 novembre et les domiciles de leurs familles ont fait l’objet de perquisitions minutieuses . Nombre de livres et de CD ont été saisis. […] Pour le bureau exécutif de l’Organisation Le Président Maître Mohammed Nouri (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

Comité National de Soutien aux Populations du Bassin Minier

Report du jugement dans l’affaire de Fahem Boukaddous

 

Mardi 2 décembre 2009 Le Tribunal de Première Instance de Gafsa a reporté aujourd’hui l’examen de l’affaire de Fahem Boukaddous le journaliste du Canal du Dialogue condamné par défaut à six ans d’emprisonnement […], au 1 décembre 2009* La cour d’appel, réunie mardi dernier pour examiner la même affaire a décidé d’un report au 21 décembre 2009. Fahem Boukaddous a été déféré aujourd’hui en présence de ses avocats Ridha Raddaoui et Ali Kelthoum, pour leurs confrères. […] Le comité national de soutien aux populations du bassin minier * [sic, LT] (traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


 

« Depuis   sept ans , un comité pour la vérité sur l’assassinat du leader syndicaliste et du mouvement national tunisien Farhat Hached, s’est constitué  à Paris avec l’appui de l’UGTT.

A l’occasion de ce 57e anniversaire , le comité réitère sa demande, que les archives relatives à cette affaire soit ouvertes pour permettre enfin la justice et que la vérité sur l’assassinat de Farhat Hached éclate.

Nous publions ci dessous l’appel lancé le 5 décembre 2002 à Paris. »

Paris le 5 décembre 2009 

Comité Vérité et Justice pour Farhat Hached

57 ans après le 05 décembre 1952 nous réclamons : Vérité et Justice pour Farhat Hached, leader syndicaliste tunisien assassiné des mains de   « l’escadron colonial de la mort »  

Cinquante ans après l’indépendance de la Tunisie, l’assassinat de Farhat Hached demeure un grand mystère. Alors que quelques dossiers noirs de l’époque coloniale commencent à s’entrouvrir comme les massacres du 17 octobre 1961 ou l’affaire Ben Barka, le silence entoure toujours l’affaire Hached. Silence des  archives, silence de la « République », silence et haussement d’épaules de l’Etat tunisien. « Laissons les morts enterrer les morts », voilà le commun mot d’ordre. En Tunisie, la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance a pris la tournure protocolaire prévisible loin du souci de vérité et de justice qu’on était en droit d’attendre pour la  mémoire du fondateur de l’UGTT. De ce côté-ci de la Méditerranée, le vent mauvais du révisionnisme et de  la nostalgie de l’Empire souffle sur le parlement tenté de magnifier l’histoire coloniale et de célébrer le rôle positif de « la plus grande France ». Pourtant les faits sont les faits : le 5 décembre 1952, Farhat Hached est froidement assassiné. Le leader syndicaliste était devenu une figure emblématique du mouvement national dans son ensemble, à cette époque de grandes tensions qui préludait à l’indépendance. Les tueurs de la « Main rouge » courent toujours et les commanditaires n’ont toujours pas été démasqués. Il est pourtant établi que cet « escadron colonial de la mort » est lié aux services secrets français et devait s’illustrer par une série d’autres sales besognes tout au long des années 50 et 60 contre des combattants maghrébins. L’implication des autorités coloniales et de la Métropole dans l’assassinat est avérée et soutenue par d’éminents historiens. Comme tout crime d’Etat, cet acte est imprescriptible. C’est pourquoi, nous, citoyens de tunisie : syndicalistes, historiens, juristes, militants des droits de l’Homme, associatifs des deux côtés de la Méditerranée… : Conscients qu’une histoire partagée doit  être assumée, que la mémoire commune pour être pacifiée exige un devoir de vérité. Demandons que les archives relatives à cette affaire soit ouvertes pour permettre enfin à la justice et aux  historiens de procéder aux investigations nécessaire.  Comité Vérité et Justice pour Farhat Hached verité.assassinat.fhached@gamil.com


 

Les cinq de Lukavica sont en grève depuis deux mois

 Luiza Toscane
Le 5 octobre 2009, six ex-Bosniaques retenus au centre pour étrangers de Lukavica se mettaient en grève de la faim pour exiger leur réintégration dans la nationalité bosniaque, et à tout le moins le droit de pouvoir vivre en Bosnie, leur terre d’élection depuis de longues années. Ils entendaient aussi dénoncer le régime de la rétention auquel ils sont soumis, qui les prive des droits élémentaires auxquels aurait accès toute personne incarcérée. Eux sont innocents et n’ont jamais été poursuivis.   Le 6 octobre 2008, Imad El Houssine, un Bosniaque d’origine syrienne, était placé au centre de rétention pour étrangers de Lukavica, dans l’attente de son renvoi en Syrie. Un an plus tard, il est toujours au centre, déchu officiellement de sa nationalité bosniaque, confirmé dans le rejet de sa demande d’asile et de titre de séjour. A la suite de sa plainte au niveau de la CEDH, différentes juridictions bosniaques se sont renvoyées la balle, dans une interminable partie de ping-pong dont on imagine mal le dénouement. Au cours de l’année 2009, il a été rejoint par cinq compagnons d’infortune : le 10 février : Omar Frendi, un ex Bosniaque d’origine algérienne, le 24 avril : Amar Al Hanchi, un ex Bosniaque d’origine tunisienne, le 4 mai : Zeyad Algertani, un ex Bosniaque d’origine irakienne, le 5 mai : Aïssa Benkhira, un ex-Bosniaque d’origine algérienne et le 23 juin : Fadhil Saaied Awad Al-Hamdani, un ex-Bosniaque d‘origine irakienne. Deux d’entre eux sont venus en Yougoslavie, -c’est le cas de Fadhil Al Hamdani et Imad El Houssine-, pour y suivre leurs études. Les autres sont arrivés plus tard en Bosnie, pour des prêter main forte aux musulmans bosniaques. Tous sont mariés à des ressortissantes bosniaques et ont des enfants bosniaques. En application de la nouvelle loi sur la nationalité, cette dernière leur a été retirée et ils n’ont pas eu droit au séjour au Bosnie. Les retenus vivent de plus dans l’angoisse d’un renvoi vers leurs pays d’origine, pays où ils seraient torturés et emprisonnés, dans la crainte d’une séparation définitive d’avec leurs épouses et enfants. A ce jour, seul Aïssa Benkhira a obtenu gain de cause devant la Cour de Bosnie et a quitté le centre de rétention. Quant aux cinq qui sont toujours en grève de la faim, ils n’ont reçu à ce jour aucune réponse des autorités bosniaques. Le 4 décembre, le quotidien Dnevni Avaz a publié des extraits de la lettre  [1]rendue publique par Munuvera Al Hamdani, l’épouse de Fadhil Saaïed Awad Al Hamdani,  qu’elle a adressée à la Présidence de la Bosnie Herzégovine, au conseil des ministres, au ministre de la Sécurité ainsi qu’à l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le Haut Commissariat aux Réfugiés  de l‘ONU (HCR) et l’Office of the High Représentative (OHR). Elle y rappelle que son mari est toujours citoyen de la Bosnie Herzégovine car la décision le privant de sa citoyenneté bosniaque n’est pas encore juridiquement contraignante, la Cour de Bosnie n’ayant pas encore statué à son sujet. Elle y rappelle que Fadhil Al Hamdani est arrivé en « Yougoslavie » le 14 octobre 1979 en provenance d’Irak pour y faire ses études de métallurgie et de langues. Madame Munuvera Hamdani, qui est de nationalité bosniaque, rappelle aussi que le couple a eu cinq enfants. Cinq enfants de nationalité bosniaque. Si Fadhil Al Hamdani est le vétéran des ex Bosniaques privés de leur nationalité, sa situation juridique, sociale et familiale est en tous points semblable à celle des autres ex Bosniaques, qui se comptent par centaines et pourraient eux aussi être interpellés et placés au centre de rétention. L’appel de Munuvera Al Hamdani pose donc une question politique auquel les autorités se doivent d’apporter une réponse collective.   [1] http://www.dnevniavaz.ba/dogadjaji/teme/munevera-al-hamdani-moj-muz-je-jos-drzavljanin-bih


La question des Rerotrnados s’introduit au Parlement, dans le débat sur le Budget de l’Etat

Par: Abdel Wahab Hani

 
Un député de l’opposition a remis la question du Retour des Exilés, les Retornados / Aïdoun, à l’occasion de la discussion du Budget du Ministère de la Justice et des droits de l’homme mercredi 2 décembre 2009. L’Agence officielle Tunisie Afrique Presse TAP a fait état de la réponse du Ministre dans une dépêche du même jour, reprise depuis par les journaux de la place.
 
Cet après-midi, le magazine Fi Rihab Al Barlaman, de la télévision d’Etat TV7, a passé la question de l’honorable député Vert et la réponse du Ministre.
 
Certains députés, notamment MDS, Verts et UDU avaient empporté avec eux, dans l’Hémicycle, un exemplaire du n° 126 de l’hebdomadaire Mouatinoun, organe du FDTL, ayant contenu une interview de nous, Abdel Wahab Hani, sur laquestion du retour des Exilés et la démarche qui anime les Retornados / Aïdoun Ila Tounes.
 
Ce pas, bien que timide, de la part de la télévision nationale, est encourageant, sur la voie de permettre aux citoyens d’accéder aux informations concernant la Nation. Espérons que notre télévision nationale TV 7 invitera dans les jours à venir l’un des Retornados pour éclairer l’opinion et équilibrer l’information.
 
Nos remerciements les plus sincères à l’honorable Député, audelà des divergences politiques que l’on pourrait avoir, pour son courage, sa liberté d’esprit et son geste hautement loyal et appréciable par l’ensemble des Retornados.
 
Concernant la réponse, somme toute attendue, de Si Béchir Tekkari, Ministre de la Justice et des droits de l’homme, il est temps que ses deux autres collègues de l’Intérieur et des Affaires étrangères s’expriment sur ce dossier.
 
La dimension judiciaire et juridique est aujourd’hui claire, avec les multiples précisions du Ministre de la Justice. Mais le dossier des Retorndaos souffre, en ce 5 décembre 2009, d’un long retard inexplicable dans les Consulats et les Ambassades.
 
Prenant deux exemples:
 
Le premier concerne le Retornado / Aïd Abdessalem Bouchadekh, Doyen des exilés tunisiens en France (voir témoignage vidéo et photos récé-pissé sur AIDOUN ILA TOUNES) , a déposé sa demande de passeport le 20 mai 1990 et l’a réactivé le 3 septembre 2007, alors qu’il ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire, hormis sa condamnation, par contumace, à 4 ans de prison, en 1981, les délais de prescription sont largement dépasés!
 
Le deuxième cas est celui du Retornado / Aïd Adel Ghannouchi, victime d’un délit de patronyme, depuis 1997, date du premier dépôt de sa demande de renouvellement de passeport au Consulat général à Paris. Adel n’est pas réfugié mais immigré ‘normal’ et ne fait l’objet d’aucune poursuite.
 
Il est temps aujourd’hui qu’après le Ministre Tekkari, les Ministres Abdallah et Haj Kacem, ou leurs successeurs aux Affaires étrangères et à l’Intérieur, se conforment aux récentes déclarations du Chef de l’Etat, le jour de sa prestation de serment au Bardo, devant les deux chambre réunies, le 12 novembre denier, garantissant Une Tunisie sans exclusion aucune pour tous les tunisiens, rappelant à tous que « la dignité des personnes est indissociable de la dignité de leurs patries et que leur invulnérabilité est indissociable de la leur ».
 
 
Vincennes, le 5 décembre 2009,
57e Anniversaire de la disparition de feu le Zaïm Farhat Hachad, assassiné par les doigts crimniels du groupe terroriste, raciste et colonialiste « La Main rouge »
Abdel Wahab Hani
+33 6 17 96 00 37


 Le Retornado / Aïd Abdessalem Bouchadekh s’adresse à AIDOUN ILA TOUNES  

Le Doyen des exilés tunisiens en France apporte sa part de vérité dans l’histoire de l’Exil tunisien et évoque les grands moments, collectifs et individuels, du Retour

Par Abdel Wahab Hani

Le Retornado / Aïd Si Abdessalem Bouchadekh, doyen des exilés tunisiens en France, a eu la gentillesse de s’adresser à AIDOUN ILA TOUNES, dans une longue interview de 11 épisodes. Ce djerbien de 63 ans revient sur les moments forts de son exil qui a consommé près de la moitié de sa vie d’homme.

Né en 1946 à Djerba, Si Abdessalem a passé son enfance à Tunis, sous occupation française, dans la quartier de Bab Mnara. Jeune, il intègre la fonction publique puis le cabinet du Ministre de l’Intérieur Si Ahmed Mestiri, l’un des représentants de l’aile libérale du Parti Socialiste Destourien (PSD), héritier du Parti Libéral Destourien (Le Néo Dstour).

A la fois, adhérent actif de la cellule Al Aswaq du PSD, membre du Cercle des études socialistes, réunissant la crème libérale du parti au pouvoir, militant syndicaliste de la glorieuses Union générale tunisienne du travail (UGTT) et homme pieux proche des milieux des Cheikhs de la glorieuse université Zietouna, Si Abdessalem forge une réputation d’homme intègre ayant la congfiance de ses supérieurs. Il fonda l’une des premières maisons d’édition du livre religieux et se consacre à la diffusion de la revue Al-Maarifah (Le Savoir), étendard des idées islamistes dans la Tunisie des années 1970. Ce sont les débuts de l’Islamisme authentique tunisien, celui qui est né de l’intérieur même de la société tunisienne.

Si Abdessalem évoque, à titre anecdotique, dans cette interview, ses premiers conflits dans le monde du travail, liés à la pratique religieuse: l’habit traditionnel, la Djebba tunisienne, puis la prière du Vendredi, avant que ces conflits ne prennent la forme de la suspiscion lors des émeutes du jeudi noir 26 janvier 1978.

Si Abdessalem demande alors une mise à disposition d ela Fonction publique et regagne Paris, où il s’exile volontairement et se noie dans la foule des travailleurs maghrébins sans papiers. Avec l’arrivée de François Mitterrand et du rêve socialiste, Si Abdessalem dépose sa demande de régularisation et peut alors rentrer au pays.

C’était l’été 1981 et le début du premier affrontement politique de l’Etat tunisien avec le courant islamiste, représenté par so aile dominante le Mouvement de la tendance islamique (MTI).

Et Si Abdessalem découvre, dans sa douce Djerba natale, à la lecture du quotidien arabophone Assabah, sa condamnation, dans le procès du MTI, à 4 ans de prison ferme pour Appartenance à une association non autorisée. Il écrit son étonnement au Procureur et prend le chemin de la capitale. Ses amis le conseillent de partir et il part, pour une longue nuit d’exil, le le 25 septembre 1981..

A Alger, il prend une photo banale, qui deviendra la photo souvenir-symbole de son errance et de de son exil. Elle est datée du 26 septembre 1981. Elle marque un point terriblement noir dans notre mémoire collective de tunisiennes et de tunisiens. Cette photo du jeune Bouchadekh illustre notre incapacité de s’intégrer mutuellement et d’intégrer une partie de la Nation, depuis plus de 28 ans après.

Ils étaient 5 premiers exilés en tout: Abdessalem Bouchadekh, Ahmed Ben Amor, Fadhel Baldi, Habib Mokni et Salah Taggaz. « Impossible, des tunisiens demandeurs d’asile! » s’exclamaient le fonctionnaire de la Préfecture de police de Paris face au jeune Abdessalame Bouchadekh. La même exclamation fut rapportée par des centaindes de compatriotes.

Les 5 premiers exilés de 1981 ont été rejoints plus tard; en 1983 par près d’une centaine, feu Abderraouf Laaribi, feu Sohnon Jouhri, membre du Bureau directeur de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH)… Puis par plus d’un millier en 1991-1992.

Ainsi, au fil des ans, de 28 longues années, Si Abdessalem retrace, durant ces 9 épisodes filmées, l’histoire de notre exil, ce malheur qui a frappé une branche de notre maison Tunisie, de notre Zeitouna commune.

A la première visualistion, nous ne pouvons que retenir ces quelques passages, en guise de tristes « bonnes feuilles » de l’exil:

« En 1986, j’ai envoyé le cercueil de ma fille, décédée à 12 ans, personne de la famille n’a pu l’accompagner. J’attends le jour où je peux me recueillir devant sa tombe. Je n’ai plus jamais connu le goût des vacances depuis 1986. Je veux voir mon père vivant, il a plus de 90 ans »

« J’ai envoyé un télégramme de condoléances au Chef de l’Etat, suite au décès de sa maman le 5 novembre 1988 à l’Hôpital Farhat Hachad. Son Directeur de Cabinet m’a répondu », du temps où le Directeur du Cabinet présidentiel prenait la peine de répondre; même à un exilé.

« J’ai déposé ma demande de passeport le 20 mai 1990, le récé-pissé mentionnait le 20 juin 1990 et je n’ai reçu aucune réponse depuis. J’ai relancé ma demande le 3 septembre 2007, sans aucune réponse. »

« Le 9 juillet 1991, deux conseillers de la Présidence de la République, Abdelmajid Chaabane et Abdelkader Jebali, sont venu me voir chez moi, pour saluer mes positions. Depuis, aucun contact »

« En 1984, il y a eu des négocitations avec le Premier Ministre Si Mohamed Mzali, pour facilier le retour des exilés, sur la base de 4 points: i-Point de retour collectif, mais un retour individuel; ii-Un membre de la direction politique du MTI, en l’occurence Maître Si Abdelfattah Mourou l’avocat serait à la réception de l’exilé à son retour; iii-Ainsi qu’un membre de la LTDH, en l’occurence Si Slaheddine Jourchi; iv-Une conovcation de la police pour régularisation de la situation et opposition du juegement serait transmise à l’exilé. »

« Tournons la page, la Tunisie est dans mes veines. J’ai refusé la natuionalité française. J’ai refusé le statut de réfugié pour ma femme et mes enfants, pour ne pas rompre le sliens avec la Patrie… »

Ainsi que d’autres moments forts devant lesquels nous ne pouvons que nous incliner devant la bravoure et le courage, hors norme, de cette famille tunisienne qui a tant souffert.

Merci à Si Abdessalem et à tous les Bouchadekh, qui ont supporté notre intrusion dans leur vie, l’espace d’un dimanche après midi. Les Bouchadekh mènent une vie modeste dans la banlieue de Paris, à Noisy Le Sec, contrairement aux idées reçues sur les exilés.

Merci au Retornado / Aïd Abdeljelil Saïdi, l’un des Initiaiteurs de l’Appel por le Retour des Exilés tunisiens en ce début des nouveaux mandats présidentiel et législatif, qui a su, avec les moyens modestes et dans le bénévolet et l’anonymat total, rélaiser ce travail. Inna Allaha Youhibbou Al Atqiyaa Al Akhfiyaa Alladhina Idha Ghabou Lam Yomftaqadou Wa Idha Hadharou Lam Yorafou.

Qu’il soit rmercié pour tous ses efforts, notamment l’animation du groupe AIDOUN ILA TOUNES / Retornados en Tunisis sur FaceBook.

Les vidéos sont visibles sur les liens suivants, FaceBook AIDOUN ILA TOUNES et YouTube:

FaceBook: AIDOUN ILA TOUNES:

http://www.facebook.com/search/?ref=search&q=AIDOUN%20ILA%20TOUNES&init=quick#/group.php?gid=216677883568&ref=search&sid=100000484151507.944755671..1

YouTube:

Partie 1: http://www.youtube.com/watch?v=fFnqFUL_siA

Partie 2: http://www.youtube.com/watch?v=iOFjYVlTCws

Partie 3: http://www.youtube.com/watch?v=LCkyfrWqLd4

Partie 4: http://www.youtube.com/watch?v=OkwXqGlDBUQ&feature=related

Partie 5: http://www.youtube.com/watch?v=oyR42fyIaJo&feature=autofb

Partie 6: http://www.youtube.com/watch?v=Dj7HwPk-STo&feature=related

 

Partie 8: http://www.youtube.com/watch?v=V42qk1sgEwc&feature=related

Partie 9: http://www.youtube.com/watch?v=yeNLMbicNww&feature=related

Partie 10: http://www.youtube.com/watch?v=vdD_aZJ5ouE&feature=related

Partie 11 et fin: http://www.youtube.com/watch?v=ec_LWE5RK-I&feature=related

Pour les internautes tunisiens, ayant du mal à accéder à YouTube, le Retornado / Aïd Abdel Jelil Saïdi est en train d’étudier les solutions de migration des vidéos du Dr Eleuch 5 épisodes et de Si Bouchadekh 11 épisodes sur d’autres sites de partage de vidéo.

D’autres enregistrements sont en cours de migration et d’autres sont en propgrammation. Cela rejoint les efforts loyaux déployés par notre ami le journaliste Retornado / Aïd Tahar Labidi dans la transmission, sur supports écrits, des expériences et de la mémoire de l’asile.

Que la Saison du Retour commence à apporter ses fruits;

Vincennes, le 5 décembre 2009

Jour anniversaire de la disparition de feu le Zaïm Farhat Hachad, par les doigts criminels du groupe terroriste raciste et colonilaiste « La Main rouge »

Abdel Wahab Hani

awhani@yahoo.fr

+33 6 17 96 00 37


TERRORISME OCCIDENTAL, par procuration !

 Il est plus qu’urgent, alors que l’homme a fait beaucoup et continue, dans pas mal de domaines attestant de son intelligence, de s’entraider pour abolir définitivement l’esclavage. Le minimum de liberté, de dignité et d’humanité, continue à être banni, encore de nos jours, du dictionnaire de pas mal de responsables politiques de pays « libres ». A telle enseigne, qu’ils persévèrent eux mêmes, curieusement, à cautionner la tyrannie exercée encore, dans de nombreuses contrées de notre planète commune, sous prétexte de leur Intérêt National (intérêts tout court).

Je dois avouer que cette visée de l’ « intérêt » ne peut susciter que dégoût. Elle exprime un esprit mafieux indigne d’une « démocratie ». De toute démocratie. Comment peut-on accepter l’étouffement de tout souffle survivant sous la botte de despotes, hors du temps et de l’espace, pour en tirer profit personnel, et de se prétendre en même temps humain, démocrate, voire bâtisseur de dignité et de progrès, ou sauveur de l’humanité?

Tout être humain digne, ne peut accepter un tel mépris de l’existence.  L’humanité doit être solidaire, avec tout quidam écrasé sous le joug de l’absurde, n’ayant que très peu de marge pour se défendre. 11 millions de tunisiens survivent, à deux pas de l’Europe, sous une dictature rare, qui se pavane de (faux) chiffres de « Miracle Economique »…De la smala « Royale » et consorts, peut être. D’ailleurs, je défie quiconque de permettre une étude indépendante sur toute prétendue réussite sociale, de quelque sorte qu’elle soit, mise à part celle de la CAMORRA locale, et de ses suppôts nationaux ou étrangers (surtout occidentaux, souvent au pouvoir, chez eux). Nous, nous survivons dans notre pays, colonisés toujours, dans des conditions aussi graves que celles infligées par le fascisme aux pays qu’il soumettait à son absurdité, au cours des 2 guerres mondiales. Mais ici, cela se passe sans bruit, sous blanc seing d’associés dans la sale besogne, genre CHIRAC,  SARKOSY, SEGUIN, RAOULT et autres charognards. Seulement voila que des journalistes autochtones et sympathisants, ont découvert le pot aux roses du « sarkosysme » tunisien, français et occidental, à l’occasion de subterfuges renouvelés (amendements de la constitution, élections, référendum, sondage d’opinion…). La guerre leur est alors  toujours brutalement déclarée, comme à tout révolté contre la soumission.

   Quand un politique occidental en faction, déclare que BEN ALI n’a pas besoin d’emprisonner BEN BRIK, pour faire régner sa terreur, tout est dit. Comble du culot, le tyran parle d’ingérence étrangère, dans sa cuisine charognarde. Piqué au vif, il est allé, « noblesse » tardive et hypocrite oblige, jusqu’à demander réparation à la France, de sa période coloniale. Si cette requête est légitime, pour le peuple tunisien,  le roitelet ne lui est point représentatif. Et pourquoi la fait-il maintenant seulement. D’autre part, qui réparera de l’occupation de la Tunisie, par BOURGUIBA et sa clique, depuis le 20/03/1956, et dont le baudet en chef « BENAVI », a pris la relève depuis le 07/11/1987 ?  Il est clair là, qu’on se partage les rôles, entre clans mafieux complémentaires.

   L’article suivant du journal madrilène El Pais, dont je salue l’esprit et l’auteur, est fort étayant, partant de faits vérifiés actuels. Je n’ai pas désiré ici encore, étaler mon habituel « pessimisme », mais laisser à d’autres humains, le soin de décrire une réalité de choses, dans mon pays :

« « Tunisie : Sous la pression de Ben Ali

(Madrid) – Le journaliste tunisien dissident Taoufik Ben Brik a été condamné le 26 novembre à six mois de prison ferme par la justice de Ben Ali. La veille, il avait été privé de visites : ni sa famille ni ses avocats n’ont eu le droit de le rencontrer. Alors qu’ils protestaient devant l’entrée de la prison contre le refus des autorités – tous les détenus ont normalement le droit de recevoir leurs familles et leurs avocats -, ses principaux soutiens ont été chassés par les forces de l’ordre.

Le 24 novembre, les avocats d’un autre journaliste emprisonné, Zouhaïer Makhlouf, n’ont quasiment pas pu plaider au cours de la deuxième audience de son procès. Lorsqu’elle se déplace à pied, Sihem Bensedrine, une autre journaliste, a toujours une moto qui la suit. Quelquefois, le motard s’approche très près et va même jusqu’à la bousculer avec son engin. C’est justement ce qui s’est passé le 23 novembre. Plus tard, elle n’a pas pu aller jusqu’au journal El-Tejdid, la police lui en ayant interdit l’accès. Même chose lorsqu’elle a voulu rendre visite à Sana Ben Achour, une autre militante de l’opposition. La surveillance autour des domiciles des journalistes, des avocats et de presque tous les militants est devenue impressionnante. Des véhicules, des équipes qui se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, des filatures, des écoutes. Tout y passe !

En empêchant les opposants de se rendre visite les uns aux autres, non plus seulement sur les lieux de travail mais maintenant à leurs domiciles, Ben Ali veut les empêcher de communiquer. Ce harcèlement concerne Lotfi Hadji, le correspondant d’Al-Jazira, Lotfi Sidouni, Omar Mestiri, Ziad Elhani, les avocats Raouf Ayadi et Mohamed Abou, la militante des droits des femmes Khedidja Cherif, et bien d’autres…. Aucun n’a accès à Internet, tous leurs téléphones sont sur écoute. Même lorsque l’on tente de les joindre de l’étranger, les appels sont détournés et sonnent dans le vide pour les priver de tout soutien international et les empêcher de décrire la situation en Tunisie.. Leurs courriels, quand ils parviennent à leurs destinataires, sont lus par la police politique, et il n’est pas rare que le contenu soit changé par les sbires de Ben Ali. On y trouve des vulgarités, des insultes, des menaces… Bref, le harcèlement est permanent et tourne à la persécution. Les capitales occidentales ne réagissent toujours pas. Prompte à donner des leçons de démocratie et de respect des droits de l’homme partout sur la planète, la France de Sarkozy et de Kouchner se mure dans un silence assourdissant face aux agissements du dictateur Ben Ali.

El País

(Source: nawaat.org d’après “Courrier international”, N° 996, jeudi 3 décembre 2009) » » 

   J’en appelle donc à  l’Humanité Libre, dans ce bas monde (Oppositions, ONG, syndicats, intellectuels, victimes, sympathisants, …et surtout JOURNALISTES), de dénoncer  cette association de malfaiteurs et de présenter au Tribunal Pénal International (CPI), les dossiers pénaux les concernant.

Un jugement, outre des sanctions pénales qu’il devrait émettre, doit signifier aussi la libération, de tout individu ou peuple de quelque esclavage que ce soit.

  Que cela soit clair une fois pour toutes, ces régimes chapes de plomb, créés par l’Occident politique, doivent être déposés par lui. Il doit impérativement réparer son crime, et se repentir.

Le petit grand peuple tunisien, comme ses semblables, a plus que jamais besoin de la conscience universelle, pour enfin pouvoir s’affranchir. Le laisser seul, face à un terrorisme conjugué, serait indécent. Où etes-vous  donc mr  Barak OBAMA ?

 Ne nous trompons donc pas de cible, dans notre combat pour l’Indépendance, toujours pas réalisée.

 

RABAM, survivant  et voulant exister en Tunisie.

 


 

Les limites du modèle tunisien

Par : Alain Faujas, envoyé spécial à Tunis

Le pays semble tenir le choc face à la récession mondiale. Le chômage des jeunes et la baisse des investissements sont toutefois deux signaux inquiétants.

La Tunisie se porte comme un charme. Cette année, la pluie a été au rendez-vous et les agriculteurs se frottent les mains. Les touristes algériens ont remplacé les Européens et les hôteliers ont poussé un soupir de soulagement. Les primes à la casse de Paris, Berlin et Rome ont fait repartir à la hausse la production des pièces détachées pour l’automobile, domaine dans lequel Tunis excelle avec ses salaires trois fois inférieurs aux rémunérations européennes.

La crise ne pointe guère son nez, et la fameuse classe moyenne qui compose 80 % de la population tunisienne sacrifie allègrement aux délices de la société de consommation. Les supermarchés sont pleins, la circulation est intense. On se bouscule sur l’artère principale de la capitale, l’avenue Habib-Bourguiba, mais aussi dans les lieux branchés des Berges du Lac.

Abondance, joie de vivre, pari sur le futur: jamais la Tunisie n’a mieux mérité de figurer parmi les pays émergents, catégorie enviée car composée de champions lancés à la poursuite du peloton de tête des pays industrialisés.

C’est vrai, la plupart des feux sont au vert. Le Fonds monétaire international (FMI) le dit dans son rapport de juin 2009: « La Tunisie jouit d’une position relativement favorable pour faire face à la crise mondiale. » Ses réserves de change sont « confortables », l’inflation ramenée à 3,3 % et l’endettement public à 47,5 % du produit intérieur brut.

Elle ne connaîtra pas la récession, même si son potentiel de croissance de 5 % par an pourrait tomber à 1 % ou 2 % en 2009, selon certains experts qui contredisent les projections du FMI (voir infographies). L’indice boursier Tunindex a progressé de plus de 40 % depuis le mois de janvier.

La Banque mondiale le confirme par la voix de son représentant résident Ndiamé Diop: « C’est une économie qui se porte plutôt bien, dit-il, même mieux que ce qui avait été anticipé. » Les impôts rentrent sans problème (+ 9,5 % au cours des sept premiers mois de 2009). Le taux de chômage semble stoppé à 14 %.

« Doing Business », le classement de la Banque mondiale pour la facilité des affaires, place une fois de plus la Tunisie dans le peloton de tête des pays africains et lui fait gagner quatre places, à la 69e des 183 pays passés en revue. La Banque centrale laisse astucieusement filer la monnaie de quelques pour cent chaque année afin de préserver la compétitivité des produits nationaux.

Menaces sur les banques?

Mais un observateur tunisien privilégié et qui se veut anonyme pense que le pays aurait tort de se croire immunisé contre la crise. « Les sphères officielles nous disent que nos banques sont à l’abri parce qu’elles n’ont pas commis les folies de leurs consœurs occidentales. C’est vrai… parce que le dinar n’est pas convertible. » Mais il ajoute: « Nous serons affectés tout de même, non via nos banques comme en Europe et aux États-Unis, mais par le ralentissement économique venu du Nord qui fragilisera nos établissements financiers obligés de provisionner et de ralentir leurs activités d’ici à la fin de l’année. »

Norbert de Guillebon, administrateur-délégué de la Compagnie générale des salines de Tunisie et président de la section des conseillers du commerce extérieur de la France en Tunisie, est optimiste après avoir fait un tour d’horizon de la situation des entreprises françaises dans le pays. « Elles rembauchent dans l’équipement automobile, confirme-t-il. Le textile a fait sa mue après la crise de la fin des quotas européens d’importations et amélioré sa valeur ajoutée tout comme son recours à la haute technologie. En plus, les produits tunisiens se trouvent à deux jours de mer de l’Europe quand les produits textiles bon marché chinois mettent un mois pour y parvenir. L’arrivée du pôle aéronautique d’Airbus a été obtenue grâce à une meilleure compétitivité salariale (30 % de mieux qu’au Maroc) et grâce à la bonne formation et aux capacités d’adaptation des Tunisiens. »

« Les procédures s’améliorent en douane; les kilomètres d’autoroute se multiplient vers Sfax ou vers l’Algérie, poursuit-il. La paix sociale est garantie par les fameuses conventions triennales que nous négocions pendant des mois avec le syndicat UGTT [Union générale tunisienne du travail]. » Les deux seuls vrais points noirs, selon Guillebon, sont les télécommunications et le coût du transport maritime.

Ce tableau colle avec les statistiques qui décrivent un pays en voie de décollage économique. Le père de l’Indépendance, Habib Bourguiba, a légué à son peuple un système éducatif généralisé qui a permis d’alphabétiser les quatre cinquièmes de la population. L’électricité arrive partout et l’eau presque partout. Avec une espérance de vie de 74,8 ans et deux enfants en moyenne par femme, le plus petit des pays du Maghreb ressemble de plus en plus aux vieux et riches pays de la rive nord de la Méditerranée.

Quand, par malheur, les foules se mettent en colère, comme à Gafsa, dans le Sud, au début de l’année 2008, parce que le chômage et le favoritisme y ont formé un mélange détonnant, le pouvoir réagit au quart de tour. Certes, des protestataires ont été envoyés en prison et pour longtemps, mais infrastructures, subventions et projets d’implantations d’entreprises ont germé à toute vitesse dans la région afin d’éteindre l’incendie en apportant à la population de quoi se sentir moins pauvre et moins oubliée.

Autant l’on trouve pléthore de témoins pour vanter les bienfaits de cette économie où il fait bon vivre, consommer et entreprendre, autant l’anonymat est systématiquement requis par les interlocuteurs qui mettent le doigt sur les défauts du système et les souffrances qui en résultent. Devant ce phénomène, on se demande parfois comment les responsables peuvent piloter un pays où certains écrans de contrôle semblent avoir été désactivés pour n’effrayer personne!

Les seules critiques qui s’expriment à visage découvert proviennent d’horizons connus – le syndicalisme et l’opposition politique –, que le pouvoir peut aisément contourner.

Abdeljelil Bédoui enseignait l’économie à l’université; il est conseiller chargé des études à l’UGTT et pointe, au-delà des statistiques – « pas mauvaises », reconnaît-il –, les causes de l’inquiétude sourde qui taraude les Tunisiens: « Ils ont un PIB par tête de 3210 dollars [3800 dollars selon le FMI] que l’on peut juger élevé, souligne-t-il, mais ils n’ont plus de repères, les valeurs de solidarité ayant été supplantées par l’individualisme et la logique marchande. Le travail, le savoir et le mérite ont cédé le pas au clientélisme, aux lobbies et au piston. Nous étions une société de juste milieu et de modération et voilà que nous assistons à des enrichissements rapides et scandaleux. La propriété privée n’est plus respectée. Notre apparente opulence est assise sur un dumping social, puisque les Tunisiens participaient, en 1990, à leurs dépenses de santé pour 37 % et qu’aujourd’hui les familles doivent prendre en charge la moitié de ces dépenses. On dit que notre pouvoir d’achat progresse, mais uniquement parce qu’il est calculé à partir d’un panier de prix qui date de 1990 et qui ne tient pas compte de l’irruption de l’ordinateur, de la voiture et du téléphone portable dans la vie des ménages. Certes, l’endettement de ceux-ci soutient l’activité, mais il a atteint un niveau dangereux. Les Tunisiens sentent ces dérives et cela nourrit leurs angoisses. »

La plaie de la Tunisie, c’est le chômage de ses jeunes diplômés. Des statistiques officieuses parlent d’un taux situé entre 30 % et 35 %. 25000 diplômés d’avant 2005 seraient toujours à la recherche d’un premier emploi, ce qui est impressionnant pour un pays qui a conduit pendant cinquante ans une politique exemplaire en matière d’éducation et où la quasi-totalité d’une classe d’âge est scolarisée dans le primaire. Les quelque 350000 jeunes en cours d’études supérieures peuvent se faire du souci pour leur entrée dans la vie active. Pourquoi cette impasse?

La première explication est comparable à ce que l’on entend en Europe: le système éducatif baisserait en qualité. « Tous les tests (TIMSS, Unesco, Pisa) qui mesurent les acquis des élèves placent la Tunisie en queue de peloton, loin derrière la Corée du Sud par exemple, et même la Jordanie », explique Mahmoud Ben Romdhane, professeur d’université émérite et membre du mouvement d’opposition Ettajdid.

Deuxième explication: le système éducatif ne serait pas adapté aux besoins des entreprises. La Banque mondiale le pense en partie: « Le gouvernement a prévu de s’impliquer sur ce sujet au cours du XIIe Plan, souligne Ndiamé Diop, son représentant. Par exemple, le secteur bancaire crée chaque année entre 200 et 300 emplois, ce qui n’est même pas le dixième du nombre annuel des diplômés en finances! »

Un spécialiste du chômage dans le Bassin méditerranéen, qui demande l’anonymat, enfonce le clou: « Nos entreprises sont trop petites et spécialisées dans le textile pas cher ou dans la sous-traitance, qui ne nécessitent pas une main-d’œuvre de haut niveau comme celle que produit l’enseignement supérieur. »

Troisième explication: la croissance tunisienne est trop faible. De l’avis général, l’augmentation du PIB de 5 % sur une longue période est insuffisante pour absorber les nouveaux diplômés. Pour ce faire, il manque deux points de croissance à la Tunisie, un véritable plafond de verre auquel se heurte le pays depuis des années.

Pratiques parasitaires

Les experts se grattent surtout la tête pour comprendre pourquoi l’investissement domestique figure aux abonnés absents, car c’est lui qui pourrait à la fois améliorer la productivité du pays, donc sa compétitivité, et accélérer la croissance. Les uns jugent que l’attrait de la spéculation immobilière empêche de précieux capitaux de s’investir dans l’industrie, les services et les technologies de pointe. D’autres pensent que l’entreprise tunisienne n’est pas assez attractive. « Le handicap historique qui l’accable est sa structure de capital familial très fermée qui aggrave sa faible exposition à l’international, juge Wassel Madani, directeur associé à Tunis de l’agence Fitch basée à Londres. Dans un rapport publié le 17 septembre, Fitch parle d’une gouvernance « immature, en dépit de plusieurs réformes institutionnelles et d’une solide croissance durant une décade ».

Elle critique l’habitude prise par bien des entrepreneurs tunisiens de fragmenter leur société en un réseau opaque de PME, afin de profiter de subventions et de réductions d’impôt. La transparence n’y trouve pas son compte et les investisseurs éventuels non plus.

L’explication culturelle a ses partisans. « Nous avons toujours vécu dans une logique de parcimonie qui a été l’une de nos forces, affirme Hassan Zargouni, directeur du bureau d’études économiques et statistiques Sigma Conseil. Aujourd’hui, cela se change en handicap, car lorsque la Turquie pense ses investissements de façon offensive pour desservir 450 millions d’Européens, mais aussi les pays arabes, nous, nous déclarons investir pour protéger nos positions sur notre marché. Cette mentalité défensive ne permet pas de faire progresser le niveau de vie, et l’arrimage à l’Union européenne est quasiment impossible au rythme actuel. »

Enfin, beaucoup estiment que les pratiques parasitaires tendent à se répandre et qu’elles amputent la croissance annuelle de ces deux fameux points manquants. Ce qui réduit automatiquement l’offre d’emplois. « Notre taux d’investissement est tombé de sa moyenne historique de 26,2 % à 23,5 % du PIB aujourd’hui, parce qu’il n’y a plus chez nous de chefs d’entreprise schumpétériens, par définition audacieux, commente Mahmoud Ben Romdhane, mais une bourgeoisie frustrée qui redoute de miser de gros investissements parce que sa réussite pourrait susciter des convoitises. Corruption et prédation nous coûtent des points de croissance et des dizaines de milliers d’emplois. »

Esprit d’entreprise contrarié

Un chef d’entreprise qui requiert l’anonymat: « Cela devient très compliqué à gérer pour nous. Les liaisons avec la sphère politique sont vivement conseillées pour développer ses activités, dénonce-t-il. Il faut miser sur le bon cheval! Sans oublier que les règles élémentaires des affaires et du droit de propriété ne pèsent pas lourd: il suffit à certains d’un coup de téléphone pour fixer un prix très bas pour racheter des actions – et/ou faire nommer un dirigeant – d’une entreprise totalement privée dans laquelle ils ne sont rien et ne possèdent rien. » Il estime que le taux d’investissement est tombé, de ce fait, à 18 %.

« Cela fait peur! » estime un entrepreneur. Or, quand les chefs d’entreprise ont peur, ils sont beaucoup moins entreprenants, et les salariés trinquent.

Dans une Tunisie bien pilotée en termes macroéconomiques, ce mal-être semble dû, selon l’ironie douce-amère d’un autre patron, « à l’absence de signaux de transparence et d’équité », autrement dit à la gouvernance globale. Les soins qui doivent lui être prodigués ne relèvent donc ni des plans ni des budgets, mais de la politique au sens noble du terme.

(Source : « Jeune Afrique » (Magazine hebdomadaire – France), N° 2549 du 9 au 15 novembre 2009)

 


 

  

Sahara/Haidar: Madrid « déplore profondément » l’obstruction du Maroc

    AFP, le 5 décembre 2009 à 17h57 L’Espagne « déplore profondément » l’obstruction du Maroc au retour au Sahara occidental de la militante sahraouie Aminatou Haidar, a déclaré samedi le chef de cabinet du ministre espagnol des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos à Lanzarote (Canaries). Cette décision est « contraire au droit international », a déclaré Agustin Santos à des journalistes à l’aéroport de Lanzarote. Les autorités marocaines ont refusé une nouvelle fois samedi le retour par avion d’Aminatou Haidar, en grève de la faim sur l’île espagnole, après un premier rejet vendredi soir, l’affaire prenant des allures de crise diplomatique. « Le gouvernement espagnol invite Mme Haidar à poursuivre sa lutte pour les droits de l’Homme et réitère sa proposition, si elle le juge utile à son combat, de lui accorder un statut de réfugiée ou la nationalité espagnole, jusqu’à ce qu’elle puisse retourner à Laâyoune (principale ville du Sahara occidental, ndlr), avec des documents marocains », a ajouté M. Santos. Le chef de cabinet de M. Moratinos a dit ne pas avoir « le moindre doute » que la militante sahraouie rejettera les conditions posées par Rabat à son retour au Sahara, à savoir demander pardon et reconnaître sa nationalité marocaine. Il a souligné que l’Espagne mettait à sa disposition un logement et ferait en sorte qu’elle puisse recevoir ses enfants qui vivent à Laâyoune. Mme Haidar a été expulsée le 14 novembre du Sahara occidental par les autorités marocaines qu’elle accuse de lui avoir retiré son passeport marocain, et observe depuis le 16 novembre une grève de la faim à Lanzarote. Selon Rabat, elle a refusé d' »accomplir les formalités habituelles de police et renié sa nationalité marocaine » à son arrivée le 13 novembre à Laâyoune. Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, a été annexé en 1975 par le Maroc qui l’administre depuis cette date. Rabat propose pour cette région un plan de large autonomie sous la souveraineté marocaine, auquel s’oppose le Polisario, soutenu par Alger, qui réclame un référendum d’autodétermination. AFP : 05.12.2009 – 16:56:40

 


 

L’Iran avertit la Suisse des « conséquences » du vote anti-minarets

AFP 05.12.09 | 15h59 L’Iran a averti samedi la Suisse des « conséquences » du vote contre la construction de minarets et l’a exhortée à empêcher l’application de cette interdiction, a rapporté l’agence de presse officielle Irna. Irna a ajouté que l’ambassadeur de Suisse à Téhéran avait été convoqué samedi au ministère des Affaires étrangères qui entendait protester contre les résultats du référendum du 29 novembre en Suisse. « Le référendum va à l’encontre du prestige d’un pays qui se targue de défendre la démocratie et les droits de l’Homme », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki à son homologue suisse Micheline Calmy-Rey lors d’une conversation téléphonique, selon Irna. « Des valeurs comme la tolérance, le dialogue et le respect des autres religions ne devraient jamais être soumises à référendum », a-t-il estimé, mettant en garde la Suisse contre les conséquences d’actes anti-musulmans, selon Irna. Il a espéré que le gouvernement suisse prendrait « bientôt les mesures nécessaires et trouverait un moyen constitutionnel pour empêcher la mise en oeuvre de l’interdiction ». Toujours selon l’agence Irna, Mme Calmy-Rey a indiqué que le référendum avait été mené contre la volonté du gouvernement suisse, qui utiliserait tous les moyens pour soutenir les droits des musulmans. Mardi, devant les ministres de l’OSCE, Mme Calmy-Rey s’était dit préoccupée par ce vote. Le référendum « va au contraire nous motiver à poursuivre davantage à rechercher l’ouverture, et le partenariat entre pays musulmans et non musulmans », avait-elle ajouté. Les Suisses ont voté dimanche dernier à une large majorité de 57,5% pour l’interdiction de la construction des minarets à l’appel de la droite populiste. Ce résultat a suscité un très vif émoi en Europe et dans des pays musulmans.


Il était une fois  Suisses chrétiens contre Suisses israélites

Par Joëlle Kuntz En août 1893, la première initiative populaire de l’histoire suisse prend pour cible les pratiques israélites d’abattage des animaux et l’emporte par une large majorité. Introduite dans la Constitution en 1891, l’initiative populaire a été inaugurée deux ans plus tard par un vote populaire interdisant l’abattage des animaux selon le rituel israélite d’égorgement. Les défenseurs des animaux, instrumentalisés par les courants antisémites, ont réussi, contre l’espoir de la «classe politique» qui comptait sur le discernement du peuple, à introduire dans la Constitution un article 25 bis: «Il est expressément interdit de saigner les animaux de boucherie sans les avoir étourdis préalablement.» «Passions, haines et préjugés d’une part; indifférence et mollesse de l’autre; ce n’est certes pas brillant pour les débuts du droit d’initiative», écrivit la Gazette de Lausanne au lendemain du scrutin. Elle mettait la faute sur les ­ «marchands et usuriers juifs» qu’elle ne se gênait pas de traiter d’«engeance». C’était l’époque. ­Gouvernements, parlements, journaux n’en étaient pas moins consternés. Un monstre leur avait échappé. L’affaire avait commencé sans tambour. Deux communes du canton d’Argovie, Baden et Bremgarten, avaient demandé de pouvoir bénéficier de l’exception à la loi cantonale de 1854 sur l’abattage des animaux de boucherie dont jouissaient les deux premières communes israélites de Suisse, Endingen et Lengnau. Elles avaient expliqué que, pour exister dans leur foi, elles avaient besoin d’un boucher autorisé à leur fournir de la viande kasher. Le canton avait refusé et les quatre communes israélites d’Argovie, bientôt suivies de celles de Berne, victimes des mêmes restrictions, avaient recouru auprès du Conseil fédéral. Elles argüaient du caractère sacré de leur rite pour demander à la Confédération de protéger leur liberté religieuse. Statuant sur ces recours, le Conseil fédéral arrêta, le 17 mars 1890, qu’ils étaient fondés. Il reconnaissait aux cantons le droit de légiférer en matière d’abattage des animaux de boucherie mais il n’estimait pas qu’une interdiction «absolue» de pratiques différentes fût justifiée. Le Conseil fédéral, présidé cette année-là par le Vaudois Louis Ruchonnet, responsable du Département de justice et police, appuyait ses dires sur une enquête approfondie. Aux sociétés suisses de protection des animaux qui voulaient voir la Confédération «ramener dans les bornes de la morale et de l’ordre public une pratique rituelle qui scandalise à bon droit la majorité des citoyens», le Conseil opposa des avis d’experts. Ceux-ci affirmaient ne pas pouvoir prouver que le mode d’abattage hébraïque occasionnait aux animaux des tourments excessifs et inutiles. Le gouvernement avait demandé aux légations suisses en Allemagne, en France, en Italie, aux Etats-Unis, de lui communiquer l’état de la question dans ces pays. Aucun n’en faisait grand cas. Partout, les pratiques israélites étaient libres ou dûment autorisées. En Angleterre, où avaient eu lieu les premières tentatives d’interdiction, les tribunaux avaient refusé d’entrer en matière. Genève venait activement au secours du Conseil fédéral. Le grand rabbin Joseph Wertheimer s’était mis d’accord avec la Société genevoise pour la protection des animaux sur un règlement, qui avait été approuvé en 1886 par le Conseil d’Etat. Le texte détaillait précisément les opérations d’abattage dans le but de le rendre le moins douloureux possible pour l’animal. La préparation rituelle, en particulier, faisait problème puisque pendant ce temps, parfois long, la bête subissait en pleine connaissance l’angoisse du sort qui l’attendait. Mais les deux parties avaient convenu qu’un acte préparatoire plus bref résoudrait partiellement la difficulté. La SPA de Genève le fit savoir au Conseil fédéral, heureux alors de pouvoir affirmer que «le point de vue auquel se placent les amis des animaux peut se concilier avec celui des israélites». Les autres SPA de Suisse virent la solution genevoise comme un compromis piégé et répétèrent leur détermination à n’avoir sur sol suisse qu’une seule méthode d’abattage: l’étourdissement du bétail de boucherie avant la saignée. C’était leur dernier mot, sans quoi, annonçaient-elles, Carthage serait détruite par une initiative populaire. Le Conseil fédéral ne céda pas. L’initiative passa. Zurich, Berne, l’Argovie, la Thurgovie fournirent les gros bataillons d’assaillants contre les «bouchers juifs». Tous les cantons romands refusèrent l’initiative, ainsi que les deux Appenzells et Uri. Il y eut la question de savoir si les 11 cantons et demi qui avaient voté pour l’initiative constituaient une majorité. Il fallut admettre que oui. Louis Ruchonnet avait perdu. Il avait fustigé les amis des animaux qui s’occupaient si fort de la saignée du bétail et si peu du sort des grenouilles. Il les avait mis en garde quand ils avaient commencé à s’en prendre à l’Autorité fédérale, coupable d’«avoir palpé l’or des juifs». Il n’avait pas pu arrêter la vague antisémite. Carthage n’a pas été détruite, pourrait-on dire aujourd’hui. Mais dans quel état moral a-t-elle été laissée pour ce qui allait venir? (Source: « Le Temps » (Quotidien – Suisse), le 5 décembre 2009)

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