4 janvier 2012

 

 

TUNISNEWS
11 ème année, N°4206 du 04.01.2012
archives : www.tunisnews.net

 
 


Le Soir: Printemps arabe, Noël islamiste – Quand l’islam politique triomphe…

Jeune Afrique: Marzouki prêt à extrader l’ex-Premier ministre libyen Mahmoudi

Gnet: Tunisie/Libye : Des relations incertaines, dans un climat confus

Business News: Après les palais, le président veut « vendre » la République

L´Union: Le choix tunisien

Espace Manager: Lamine Chakhari et Abdelwaheb Maatar à l’écoute des gafsiens

WMC: Tunisie: Inégalités régionales et du genre… Ces chiffres qui font froid dans le dos!

Courrier International: Les Chiffres noirs de la Tunisie

 
Printemps arabe,
Noël islamiste
 
 

Quand l’islam politique triomphe…

 
 
Les Arabes ont surpris tout le monde en cette année 2011. A commencer par eux-mêmes sans doute ! Qui eût pu, en effet, anticiper les événements qui se sont succédé depuis l’immolation par le feu d’un obscur jeune vendeur au noir de fruits et légumes dans un coin perdu de Tunisie le 17 décembre 2010 ? Personne, à vrai dire. Personne n’avait prévu la chute rapide du despote local, Ben Ali, un mois plus tard, ni celle de l’Egyptien Moubarak quatre semaines et demie plus tard, ni la révolte libyenne qui s’ensuivit, la contestation yéménite, les événements en Syrie, etc.
Qui plus est, ces révoltes et ces révolutions se sont épanouies sans chefs et (presque) sans islamistes ! Mais, lorsqu’elles aboutirent dans un second temps à des scrutins libres, assurément les premiers de l’Histoire en ce qui concerne la Tunisie et l’Egypte, elles donnèrent lieu à un déferlement électoral islamiste… Une surprise également ? Pas pour tout le monde !
Nous allons examiner ce troublant phénomène islamiste à travers cinq chapitres cette semaine, à commencer par la plus simple des questions : pourquoi donc ce triomphe de l’islam politique ? Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons à l’échec cinglant des laïques, modernistes autoproclamés que nous tenterons d’expliquer. Un troisième volet s’intéressera à l’ambiguïté qui, pour d’aucuns, prévaudrait entre islamisme et démocratie. Le quatrième angle nous permettra d’envisager le paramètre économique (comment les islamistes géreront-ils la crise socio-économique ?). Enfin, le dernier chapitre nous amènera à nous demander quelle attitude l’Occident adoptera-t-il face à cet islamisme qu’il connaît si mal et craint tant.
 
B. L.
 
 
 
1 – Des militants perçus comme légitimes et intègres
 
Quarante pour cent des voix en Tunisie en octobre, deux tiers même en Egypte dans un processus électoral complexe qui n’est pas encore terminé, première formation au Maroc lors des législatives anticipées de novembre : les partis se revendiquant plus ou moins ouvertement de l’islam politique engrangent des succès électoraux impressionnants. Que se passe-t-il donc dans le monde arabe après cette série incroyable de révoltes et de révolutions auxquelles les islamistes locaux n’avaient pourtant que peu participé (voire quasiment pas du tout dans le cas tunisien) ? Pourquoi donc ce triomphe de leurs listes ?
En réalité, ce succès n’est guère surprenant. Comme l’observait le 3 décembre dans le quotidien britannique The Guardian le chroniqueur Peter Beaumont, « si ces élections avaient eu lieu n’importe quand durant les deux dernières décennies, elles eussent presque certainement produit un même résultat traduisant à la fois le niveau d’organisation d’Ennahda (en Tunisie) et des Frères musulmans (en Egypte), et les dynamiques culturelles et socio-économiques de ces pays ».
Certes, d’éminents chercheurs français comme Olivier Carré, Oliver Roy ou Gilles Keppel avaient depuis longtemps annoncé le déclin puis même l’agonie de l’islamisme. Mais ils n’avaient pas convaincu tout le monde. Le plus résistant, sur cette question, s’appelle François Burgat. Il n’a jamais douté de ses thèses sur la persistance ou la rémanence de l’islam politique. « L’explication, dit-il maintenant, que j’ai avancée dans mes principaux ouvrages (1) est que la capacité de mobilisation des islamistes vient du caractère ‘endogène’ c’est-à-dire ‘home made’ du langage et des références qu’ils entendent réhabiliter, bien plus que de leur dimension ‘religieuse’ ou ‘sacrée’. »
Ces mêmes mouvements islamistes ont pu aussi compter, si l’on ose dire, sur la répression dont ils ont été victimes. « Les islamistes, poursuit Burgat, ont été privés d’existence légale dans la plupart des pays concernés. La puissante dynamique identitaire qu’ils exploitent les place actuellement, un peu partout, au premier rang des choix des électeurs. Ils retrouvent donc la place qu’ils avaient dans la société et que leur déniait le système politique. »
On ajoutera que la posture de victimes d’une répression perçue comme injuste et souvent ultra-violente (arrestations abusives, torture généralisée, exécutions sommaires, etc.) contribua à leur attirer la sympathie populaire. Cette répression poussa par ailleurs une petite frange de ces victimes à rejoindre les rangs clairsemés des ultras adeptes de la lutte armée.
Autre atout majeur des islamistes : leur organisation. Comme le disait le 5 décembre au Haaretz le professeur américano-palestinien Rashid Khalidi, de l’Université de Columbia, « les élections ne se gagnent pas avec de l’enthousiasme, mais grâce à des structures pyramidales, de l’argent et de l’organisation, les élections se gagnent avec des machines ». Et là, les islamistes n’ont pas leur pareil.
Enfin, dernier élément majeur : la perception populaire. Dans le cas des organisations islamistes qui travaillent sur le terrain social depuis des décennies alors que l’Etat central a depuis longtemps fait la preuve de son impéritie et de sa corruption, les militants islamistes, souvent des notables connus, jouissent du respect général associé à leur image de citoyens certes très croyants, ce qui ne gâte rien en terre d’islam, mais surtout honnêtes, intègres, qui contraste avec la corruption endémique du « système ».
Un reportage de l’AFP à Imbaba, au Caire, soit un des quartiers les plus défavorisés, donnait la parole le 15 décembre aux innombrables électeurs qui donnaient leurs voix au parti salafiste Al-Nour. Un prêcheur musulman volontaire pour assurer la sécurité du bureau de vote analysait ainsi la situation : « Les gens, disait Hicham Abdel Moneim, en ont assez de la corruption et ils ne font pas confiance aux autres courants politiques. Et les Egyptiens sont en majorité des gens religieux. Ils font confiance en la loi de Dieu ».
Dès le 26 mars cette, année, Vincent Geysser, l’un des meilleurs spécialistes français de la Tunisie, prévoyait le succès électoral islamiste sur France 24. « Ils apportent un sentiment de sécurité à une société déstructurée par la dictature grâce à un discours d’ordre, d’ordre moral, assené sur le registre à la fois populiste et identitaire. »
BAUDOUIN LOOS
 
(1) Son oeuvre maîtresse plusieurs fois revue et rééditée entre 1995 et 2007 à la Découverte : « L’islamisme en face ».
 
 
 
 
 
 
 
 
 
2 – Un réveil amer pour les laïques
 
Gueule de bois, envie de contrition ou assaut de mauvaise foi : le clan des laïques se morfond en Tunisie et en Egypte, après des échecs électoraux magistraux. Les chiffres sont pathétiques. En Tunisie, ils sont définitifs, après les élections pour l’assemblée constituante du 23 octobre dernier. La seule liste qui militait ouvertement pour la laïcité (et, d’ailleurs, contre « l’obscurantisme religieux »), le Pôle démocratique moderniste, a décroché 5 sièges sur 217. Avec quelques autres élus, on arriverait peut-être à 7 ou 8% du corps électoral… Tout indique qu’en Egypte le phénomène se révélera pire encore.
Comment comprendre ces chiffres alors même que la révolution tunisienne avait semblé rassembler certes une majorité de mécontents, laissés-pour-compte du développement, etc., mais qui se trouvaient être souvent aussi d’innombrables jeunes diplômés, les adeptes des technologies modernes de l’information, unis derrière un slogan hurlé en français à la face du régime prédateur honni : « Dégage ! » ?
A l’issue du premier tour des élections législatives algériennes en décembre 1991, le docteur Saïd Sadi, dont le parti laïque avait été écrasé par les islamistes du FIS (un coup d’Etat militaire s’ensuivra), s’était laissé aller à une réflexion édifiante : « Je me suis trompé de peuple », avait-il amèrement déclaré. Mutatis mutandis, ce qui s’est passé en Tunisie octobre et ce qui est en train de se passer en Egypte ressemble à cette tragique méprise du clan laïque.
Dans l’hebdomadaire français Marianne, un célèbre écrivain égyptien francophile analysait l’échec laïque le 3 décembre : « Je vis un mélange de dépression tenace et de certitude de la victoire finale des libertés, disait Sonallah Ibrahim (73 ans). Mais au bout de combien d’années…Il est clair que les libéraux et la gauche ont commis de lourdes fautes pour ces élections. D’une part, ils étaient divisés. De l’autre, tandis qu’ils étaient occupés à se battre contre les militaires, les islamistes consolidaient leurs rangs et leur proximité avec les plus démunis. Désormais, les démocrates, les activistes, les intellectuels doivent se confronter avec la réalité. Ils savent parler mais ils ne savent pas militer… »
Dans le quotidien israélien Haaretz, l’historien américano-palestinien Rashid Khalidi allait plus loin dans le même sens deux jours plus tard : « Les partis laïques ont un prolème depuis longtemps dans le monde arabe, car ils sont associés aux échecs du nationalisme, du socialisme, du communisme et même des vieilles idéologies laïques libérales, et ils ne s’en sont clairement pas remis. Ceux qui n’ont pas encore eu la chance de subir un échec sont les partis islamistes ». Sous-entendu : ils ne perdent rien pour attendre…
Les raisons mêmes du succès électoral islamiste (voir Le Soir du 26 décembre) incarnent en miroir les explications de l’échec laïque. Organisation, discipline, foi, intégrité, image de victimes du régime honni, perception de représentation de valeurs endogènes : autant d’atouts dans le jeu islamiste introuvables chez les laïques.
Battue le 23 octobre, la Tunisienne Maya Jeribi, secrétaire générale du parti démocratique progressiste – pourtant impeccable dans sa longue opposition à la dictature – l’admettait avec réalisme sur le site businessnews le 5 décembre : « Ces résultats m’ont conduite à un vrai questionnement en tant que dirigeante : où est la faille ? Comment pallier les lacunes de la stratégie du parti ? Je crois qu’il faut user d’un discours basé sur la rupture totale avec le passé. Il faut savoir parler au peuple, savoir l’écouter et répondre à ses attentes ».
Mais tout le monde n’aborde pas la défaite avec humilité. En attestent ces nombreux débordements auxquels on assiste sur internet. Une certaine blogosphère se déchaîne en effet contre « les barbus » à qui sont prêtés les pires intentions totalitaires, contre les femmes, contre la démocratie, etc. D’autres restent combatifs malgré tout. Ils veulent croire en l’optimisme d’un Ziyad Majed, de l’Université américaine de Paris, pour qui « le processus démocratique est irréversible, et il n’y aura plus de retour aux coups d’Etat et au despotisme ».
BAUDOUIN LOOS
 
 
 

3 – Le « modèle turc » tente les islamistes modérés

 
Que va-t-il se passer dans les deux pays qui ont chassé leur despote et où des parlements à dominance islamiste sont sortis des urnes ? Les électeurs de Tunisie, depuis le 23 octobre, et d’Egypte, dans un processus électoral encore en cours, ont décidé de faire confiance à des partis qui se fondent leur programme sur les valeurs de la religion musulmane. Avec des nuances : dans le premier cas, Ennahda ne jouit pas de la majorité absolue et a dû composer une coalition avec deux partis de gauche, alors qu’en Egypte les Frères musulmans pourraient disposer de cette majorité absolue mais en s’alliant avec les salafistes d’El Nour ; on leur prête toutefois d’autres intentions.
Mais quel visage vont montrer les islamistes ? L’écrivain égyptien francophile Sonallah Ibrahim résumait dans Marianne le 3 décembre sa façon de percevoir les enjeux : « L’islamisme ne peut se modérer qu’en fonction de l’équilibre des forces. En Tunisie, le parti Ennahda n’a réussi en fin de compte qu’à obtenir 40% des voix. Autrement dit, le reste de la société n’en veut pas. Et les islamistes seront obligés d’en tenir compte. Les laïques vont les pousser à la modération. C’est une lutte ! Ici, en Egypte, nous sommes plongés dans une situation beaucoup plus grave. Les salafistes sont devenus une force politique. Les Frères musulmans seront donc poussés, non pas vers la modération, mais vers l’extrémisme. »
Encore faut-il voir comment l’armée égyptienne, source du pouvoir jusqu’ici depuis le renversement de la monarchie en… 1952, va réagir, elle qui n’hésite pas à user d’une violence choquante pour maintenir l’ordre ces derniers temps, même si elle prétend accompagner la démocratisation. « Les généraux ont suscité beaucoup d’espoir avec ce parlement, disait à l’AFP le militant de gauche Hossam el-Hamalaoui le 13 décembre. Beaucoup de gens vont compter sur cette assemblée pour résoudre des problèmes qui ne relèvent pourtant pas d’elle. La désillusion ser encore plus grande. Alors il ne restera plus qu’à descendre dans la rue ».
Une vision plus nuancée des choses nous est donnée par l’ex-diplomate français Jean-Pierre Filiu, qui évoque pour l’AFP « la » référence brandie par Ennahda en Tunisie et les Frères musulmans en Egypte : l’AKP du Premier ministre turc Erdogan. « Si les islamistes parviennent à imiter le modèle turc et réaliser même 50% des acquis de leurs homologues turcs, le processus démocratique se poursuivra. En revanche, s’ils s’accrochent au pouvoir et refusent de passer dans l’opposition (s’ils sont battus aux élections suivantes, NDLR), alors nous reviendrons au despotisme. »
Une question sans réponse concerne la dispersion de voix islamistes évoquées plus haut par Sonellah Ibrahim. Les salafistes auront 20% des sièges au Caire et, en Tunisie, s’ils ne sont pas représentés au parlement, ils agissent dans la rue avec une détermination qui fait froid dans le dos (agressions verbales et parfois physiques pour des exigences de non-mixité, d’autorisation du niqab, etc.). Comment Ennahda et les Frères musulmans réagiront-ils ?
Une alliance semble problématique. « La position salafiste est historiquement une position de refus, expliquent les politologues Stéphane Lacroix et Patrick Haenni dans Le Monde du 14 décembre. Pour eux, la démocratie est contre l’islam (…). Ils vont dire que la démocratie est un moyen intermédiaire pour parvenir à l’Etat islamique (…). Les Frères musulmans, au contraire, évoluent dans un sens où la plupart d’entre eux ont fait une profession de foi démocratique crédible. »
Il est vrai que, comme l’observe avec acuité Jean-Pierre Filiu pour le site Rue89, « les formations islamistes vont partout être obligées de faire l’apprentissage accéléré du pluralisme externe et interne, alors que des années de répression, voire de clandestinité, ont ancré en elleS une culture et une pratique du monolithisme ». On le verra aussi, les contingences socio-économiques, leur imposeront vite des priorités très prosaïques.
BAUDOUIN LOOS
 
 
 
4 – L’économie dictera les choix
 
L’économie va-t-elle brider les velléités conservatrices prêtées aux islamistes qui dirigeront les gouvernements tunisien et égyptien ? Le fait est que d’aucuns s’inquiètent de ces succès électoraux islamistes au regard des enjeux économiques d’une lourdeur exceptionnelle. Mais, à bien y regarder, les partis islamistes eux-mêmes paraissent conscients des difficultés qui les attendent. Car ils savent que, avant même la communauté internationale, ce sont leurs propres ouailles qui les jugeront sur leur performances économiques.
Les indicateurs économiques sont inquiétants. En décembre, deux agences de notation, Moody’s et Standard & Poors, ont dégradé la note de l’Egypte, désormais placée sous perspective négative. Et pas un seul dollar de l’aide massive annoncéE par le G8 en mai pour Tunis et Le Caire (35 milliards de dollars) n’est encore arrivé dans les caisses.
En Egypte comme en Tunisie, le soulèvement populaire qui a eu raison des deux tyrans s’est accompagné de scènes de désordre violent voire de chaos qui ont éloigné les touristes. Or le tourisme, pour les deux pays, constitue un atout économique majeur, et pourvoit notamment à un dixième des emplois. Or l’irruption des islamistes pourrait achever de convaincre les touristes de bouder les plages égyptennes et tunisiennes.
Au sein de la mouvance islamiste, l’ascension des salafistes, qui militent avec beaucoup de zèle pour une pratique très rigoriste de l’islam, alourdit encore le climat. Car ceux-là réclament la prohibition totale de l’alcool, du port de maillot par les femmes, de la mixité sur les plages, etc., des exigences qui, mises en oeuvre, donneraient le coup de grâce à l’industrie touristique.
Le slogan populiste « l’islam est la solution » ne peut résister à l’épreuve du terrain. La doctrine économique propre aux partis d’inspiration islamique n’a pourtant rien de révolutionnaire. Elle se base sur la libre entreprise, les lois du marché, avec des accommodements nécessaires quant à la protection par l’Etat des groupes sociaux dans le besoin.
Le réalisme sera nécessairement de mise. Même chez les salafistes, si l’on en croit Mohammed Nour, porte-parole des salafistes égyptiens en plein essor. « Notre parti, déclarait-il le 7 décembre dans Le Monde, ne veut pas faire perdre du temps au Parlement dans des questions liées à la doctrine religieuse, alors qu’il y a dans le pays des questions vitales ; comme la possibilité d’un effondrement de l’économie, les dettes publiques, le déficit budgétaire et le tourisme qui est dans une situation catastrophique et qui nécessite une reprogrammation et une refonte totale »
Comment s’y prendre pour rassurer les investisseurs devenus frileux et donc attentistes ? Il n’y a pas de recette miracle, même pour les islamistes, adeptes déclarés de la « bonne gouvernance ». Ceux-ci entendent certes moraliser l’économie, vérolée dans la région par une corruption endémique à tous les étages de la société. Mais le besoin d’argent va se faire très pressant pour financer la relance de l’économie et des indispensables projets sociaux. L’Europe, elle-même en crise financière profonde, ne pourra guère collaborer que de manière superficielle. Reste les Etats et les grandes fortunes du Golfe, bien intentionnés vis-à-vis de l’islamisation en cours…
A court terme, les inquiétudes perceptibles sont compréhensibles. Un reportage de l’Agence France-Presse près des pyramides de Guizeh le 14 décembre narrait une conversation entre deux guides touristiques. Le premier était désespéré par la disparition des touristes que l’avènement des islamistes ne pouvait qu’accentuer, pensait-il. Son collègue lui répliquait alors : « On n’a encore rien vu des islamistes. Dans quatre ans, on pourra les juger. S’ils ne nous plaisent pas, ils dégagent. Maintenant, on a des élections transparentes, c’est cela la démocratie ! ».
 
BAUDOUIN LOOS
 
 
 
5 – L’Occident mise sur la carte du pragmatisme
 
Quelle attitude les Occidentaux vont-ils adopter vis-à-vis des nouveaux dirigeants islamistes, en Tunisie, en Egypte, voire ailleurs dans le monde arabe ?
Le passif est immense. Qui était lourd d’un soutien veule mais bien réel aux dictateurs grâce à un marché tacite de type mafieux (tu fais ce que tu peux contre de l’immigration clandestine, tu luttes contre le terrorisme islamique et nous fermons les yeux sur tes méthodes barbares tout en t’assurant une collaboration économique du moins si tu libéralises consciencieusement).
Bon, il y a volonté de repentir. Mais jusqu’à quel point ? Des précédents récents ont donné à réfléchir. L’Europe avait laissé faire sans broncher le coup d’Etat militaire de janvier 1992 en Algérie qui priva le Front islamique du salut d’une victoire acquise par les urnes (dont coût : une « sale guerre » qui fit sans doute 200.000 morts). En 2006, l’UE s’est jointe aux Etats-Unis et à Israël pour saborder le gouvernement palestinien issu d’un scrutin remporté par les islamistes du Hamas (après que tout le monde eut insisté pour que ce parti participât au scrutin !).
Désormais, l’heure est au pragmatisme. Il n’y a pas vraiment le choix. A Tunis comme au Caire, les islamistes sont là. Demain, peut-être, seront-ils à Tripoli, à Damas ou ailleurs… Alain Juppé, qui n’est pas le moins avisé sur cette question, et cela depuis plus de quinze ans, a affiché la nouvelle donne. « On ne peut partir du principe que tout parti qui fait référence à l’islam doit être stigmatisé, ce serait une erreur historique », déclarait le ministre français des Affaires étrangères le 28 novembre, soit au lendemain de la victoire électorale des islamistes du parti marocain de la Justice et du Développement.
Le même homme a donné dès avril 2011 la consigne à ses ambassadeurs de nouer des contacts avec les mouvements islamiques « dès lors qu’ils renoncent à la violence et respectent les règles du jeu démocratique ».
Les Etats-Unis, de même, ont choisi cette voie, avant même les Européens, sans doute. C’est qu’un nouvel ordre géostratégique s’impose peu à peu. Et chacun se croit tenu d’y tisser ses alliances. Certains se disent qu’un axe sunnite fort et militant va résulter des révoltes et révolutions arabes et ils invitent ou incitent cet axe à voir dans le croissant chiite (Iran, régime syrien, Hezbollah) l’ennemi à vaincre à tout prix. Les Turcs et les Egyptiens seront-ils convaincus ?
Dans l’opinion publique européenne, la volonté de soutenir les nouveaux dirigeants arabes n’a par ailleurs rien d’évident. Les ravages des formules simplistes demeurent. Quand un Occidental entend cette assertion : « il n’y a d’islamistes modérés comme il n’y avait pas de nazis modérés », cela sonne bien à ses oreilles. Malgré le contenu clairement trompeur, manipulateur, de la sentence chère à certains intellectuels français aux indignations sélectives.
Car enfin, le mot « islamisme », imprécis, convient à un spectre de postures politiques qui couvre au moins 180° d’amplitude : depuis les « fous de Dieu » suicidaires nihilistes à la Al-Qaïda jusqu’à l’AKP du Turc Erdogan qui milite pour l’intégration de la Turquie à l’Union européenne, en passant par de nombreuses déclinaisons à travers le monde arabo-musulman…
Il reste que la prudence s’impose. Qu’il faut juger sur pièce. Les femmes seront-elles les premières victimes de ces nouveaux dirigeants ? Beaucoup le craignent mais il est urgent d’attendre les actes suspects avant de crier haro sur le baudet.
Enfin, il y a sans doute lieu de bien examiner le double discours occidental, comme l’observe sur Facebook ce 22 décembre François Burgat, grand spécialiste français de l’islamisme : « Sur le terrain de la rencontre entre religion et politique, il est révélateur de noter qu’en fait, seule la religion de ceux qui nous résistent nous pose des problèmes de conscience. Celle du Dalaï-lama, celle du « Commandeur des croyants » marocain, tous deux souverains à la fois temporel et spirituel, ne choquent pas les principes de nos éditorialistes. Celle des Arabes « combattants de la foi », lorsqu’ils nous aidaient à contrer la présence soviétique en Afghanistan, ne nous en posait pas davantage, quand bien même ils étaient parfaitement « barbus » et, sur le terrain de la modernité sociale et politique, ne se situaient pas particulièrement à l’avant-garde ».
BAUDOUIN LOOS
 
(Source: “Le Soir” (Quotidien – Belgique) le 26 decembre 2011)


 

Marzouki prêt à extrader l’ex-Premier ministre libyen Mahmoudi

 
Le président tunisien Moncef Marzouki a annoncé lundi 2 janvier 2012 qu’il était disposé à mettre en œuvre la décision de la justice tunisienne d’extrader l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi. En contrepartie, le chef de l’État demande à Tripoli de mèner un procès juste et impartial, dans un pays qui applique toujours la peine de mort.
 
Changement de président, changement de discours… Si l’ex président par intérim Fouad Mebazaa avait suspendu la décision de la justice tunisienne d’extrader l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, son successeur Moncef Marzouki, en poste depuis la mi-décembre, semble, lui, adopter la position inverse.
 
Moncef Marzouki a en effet déclaré depuis Tripoli, où il s’est rendu pour son premier voyage à l’étranger lundi 2 janvier 2011, être prêt à rendre le prisonnier aux autorités libyennes. Une condition pour cela, et non des moindres : le chef de l’État a décrété vouloir « être sûr à 1000% qu’il y aura un procès équitable et une justice indépendante ».
 
« Je suis certain que cette équation sera résolue (…) ce qui signifie que vous nous garantirez un procès juste et impartial à Tripoli et que nous vous garantissons votre droit d’obtenir cette personne », s’est-il expliqué. « Tout comme nous, en Tunisie, avons le droit de réclamer que Ben Ali nous soit remis pour qu’il réponde de ses crimes dans notre pays, vous avez le droit de demander que Mahmoudi vous soit remis », a ajouté le président tunisien.
 
Peine capitale
 
Nommé chef du gouvernement libyen en 2006, Mahmoudi a fui son pays peu après l’effondrement du régime Kaddafi en août. Arrêté à Djerba pour franchissement illégal des frontières, Baghdadi Mahmoudi est sous le coup d’une extradition prononcée par la cour d’appel de Tunis le 8 novembre 2011, et suspendue par Fouad Mebazaa.
 
Accusé d’abus de pouvoir, il risque la peine capitale dans son pays. Le discours de Moncef Marzouki, ancien président de la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH), soulève donc des interrogations et des critiques : la LTDH a toujours combattu la peine de mort.
 
D’autant que, indique le site tunisien Kapitalis, Baghdadi Mahmoudi se trouverait « dans un état agonisant, selon son avocat, à la prison de Mornaguia, banlieue de Tunis ».
 
Source : « Jeune Afrique » Le 03-01-2011
Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20120103143841/diplomatie-libye-tunisie-mouammar-kaddafitunisie-marzouki-pret-a-extrader-l-ex-premier-ministre-libyen-mahmoudi.html
 

 

Tunisie/Libye : Des relations incertaines, dans un climat confus

 
La Tunisie doit-elle trop compter sur la Libye pour sortir de ses difficultés économiques ? Le marché libyen peut-il constituer un réservoir d’emplois pour nos chômeurs, et une terre d’investissements pour notre capital ? Rien n’est moins sûr à ce stade, où la situation semble plutôt confuse, et les contours des relations tuniso-libyennes encore obscurs.
 
Les relations internationales qu’elles soient avec pays frères ou amis, obéissent à la logique des intérêts. Dans le cas d’espèce, la Tunisie et la Libye ont certes besoin l’une, de l’autre ; loi de la géographie oblige. La révolution et la guerre en Libye l’ont confirmé. Pour fuir les bombardements, nos voisins libyens ont trouvé en masse refuge en Tunisie, où nos compatriotes du sud les ont accueillis avec toutes les marques d’hospitalité. Une osmose est donc née, tout au long de cette période difficile, entre les deux peuples, preuve qu’ils sont liés par une communauté de destins, dans le meilleur, comme dans le pire. Cela va-t-il se confirmer dans l’avenir ? Les relations entre les deux pays sont-elles vouées à s’affermir davantage ? Si oui, dans quelle direction, et selon quelles règles ?
 
Il est encore tôt de prévoir de quoi demain sera fait, au regard du climat d’incertitude qui prévaut en Libye. D’autant plus que ses nouveaux dirigeants reconnaissent leur impuissance devant le chaos, et leur incapacité à permettre un regain de sécurité, préalable à la reprise du cours normal de la vie. Les tensions sur nos frontières, avec les agressions récurrentes des insurgés libyens contre les patrouilles tunisiennes, même si elles sont minimisées par les politiques des deux côtés, pèseront d’une manière, ou d’une autre sur les relations tuniso-libyennes.
 
Plus longtemps durera l’instabilité en Libye, plus la situation à nos frontières sera précaire. Or, le volet sécuritaire est primordial, c’est lui qui déterminera l’évolution des relations économiques entre les deux pays. Les quatre libertés pour lesquelles plaide la Tunisie, lors de cette visite présidentielle, comme l’a déclaré la Présidente de l’UTICA, à savoir les libertés de déplacement, de séjour, de travail et de propriété ne pourront être consacrées dans les faits sans un retour au calme en Libye. Une libre circulation des marchandises et des personnes entre la Tunisie et la Libye ne peut, tout aussi, intervenir sans stabilité.
 
La Libye s’apprête à entamer dans un temps encore indéterminé l’œuvre de reconstruction. Les candidats aux juteux marchés de reconstruction sont nombreux. Selon certaines indiscrétions, dans les milieux des affaires tunisiens, les Français ont raflé la mise, et n’ont laissé que des miettes aux autres prétendants. La France veut être « récompensée » pour ses efforts dans la chute du régime du défunt colonel Kadhafi. La Grande-Bretagne espère aussi avoir sa part du butin. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont fait le déplacement en Libye dès septembre 2011, alors que Kadhafi courait toujours, et ont assuré les autorités libyennes de leur soutien indéfectible pour reconstruire l’avenir. Sarkozy avait alors joué les bons samaritains, récusant tout but mercantile de l’assistance française à la Libye. Mais, personne n’est dupe , a fortiori que l’économie française est fortement éreintée par la crise, et que le candidat Sarkozy aurait à cœur à montrer, à moins de quatre mois des présidentielles, les bienfaits de son intervention en Libye sur l’économie de l’Hexagone.
 
Tout compte fait, le marché libyen est loin de nous être acquis. D’où l’intérêt de tempérer les aspirations tunisiennes envers ce qui nous est présenté comme la panacée libyenne. La situation chez notre voisin du Sud reste l’otage de nombreux impondérables, et l’Etat tunisien ne peut planifier son développement, et penser sa croissance, sur la base de potentialités hypothétiques. Selon plusieurs indices, la Libye ne va pas constituer, du moins dans l’immédiat, une terre d’accueil et de travail pour les Tunisiens. Mais, n’insultons pas l’avenir, et laissons du temps au temps.
 
D’ici là, nos dirigeants gagneraient à trouver des solutions locales aux multiples problèmes qui nous guettent. Car, à voir l’état actuel de nos pays frères et amis, ce serait un leurre que de croire qu’ils vont nous venir à la rescousse d’aussitôt. Le monde traverse actuellement un épisode du « chacun pour soi, et Dieu pour tous ». Cela ne veut pas dire que les pays vont rétablir les barrières et vivre en autarcie, loin s’en faut, mais, les relations internationales continueront à être nouées et dénouées, au gré du rapport bénéfice/risque. C’est-à-dire, si un pays trouve dans ses rapports avec un autre une manière d’y perdre, plus que d’y gagner, il ira chercher ailleurs. C’est l’heure des Etats solitaires et non solidaires, même les unions que l’on croyait solides, sont en train de vaciller au point que leur pérennité soit remise en cause.
 
Source : « GlobalNet » Le 03-01-2012
Lien : http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisie/libye-des-relations-incertaines-dans-un-climat-confus/id-menu-325.html
 

 

Après les palais, le président veut « vendre » la République

 
Par Noureddine HLAOUI
 
Le 12 janvier 1974, nombreux étaient les Tunisiens à se présenter leurs condoléances suite à l’annonce de la Déclaration de Djerba par Mohamed Masmoudi, ministre des Affaires étrangères de l’époque, signifiant l’instauration de l’union entre la Tunisie et la Libye de Kadhafi et la naissance, ainsi, d’un nouvel Etat dénommé « la République arabe islamique ».
Ceux qui présentaient ces condoléances n’avaient, finalement, pas tort, puisque le projet qui devait être soumis à un referendum dans les deux pays, a vite fait d’être enterré.
 
A peine 37 ans après, voilà que le président provisoire de la République, Moncef Marzouki, débarqué, par un concours de circonstances très particulier, au Palais de Carthage, nous ressort la même trouvaille d’une « fusion » ou d’une « intégration » entre la Tunisie et la Libye (selon le sens et l’interprétation que l’on peut attribuer au mot arabe « indimaj »).
En effet, lors de sa première visite à l’étranger, M. Marzouki, apparemment subjugué par l’euphorie d’un entretien avec le nouveau numéro 1 libyen, dont la tenue impeccable en costume et cravate contrastait avec le fameux burnous « marzoukien », n’a pas hésité à lancer un appel solennel à la fusion entre les deux pays.
Moncef Marzouki a la prétention de voir dans sa visite en Libye une sorte de tournant et une entame d’une nouvelle ère dans les relations bilatérales.
 
En 1974, ce fut Kadhafi qui avait failli entraîner Bourguiba, via Mohamed Masmoudi, dans la mésaventure de l’union. En 2012, c’est encore l’homme au burnous qui ne s’appelle plus Kadhafi, mais Marzouki qui émet le vœu de dépasser l’étape de la coopération pour atteindre celle de l’intégration et de la fusion, le tout enveloppé dans des slogans réclamant, ni plus ni moins, « l’Union des peuples arabes indépendants ».
 
En 1974, l’ex-ministre des Affaires étrangères, Mohamed Masmoudi, architecte avec Kadhafi, de ce projet d’union, était limogé, 48 heures après, soit un certain 14 janvier. Mais, à cette époque, il y avait des responsables lucides et patriotes, tels le Premier ministre, Hédi Nouira, et le leader syndicaliste, Habib Achour, pour faire le contrepoids et empêcher la réalisation d’une pareille bêtise.
A l’époque, Bourguiba avait le charisme pour se permettre des volte-face et faire renverser la vapeur en sa faveur sans perdre la face. Grâce à un savant dosage, il avait réussi à faire dénoncer ledit traité et le rendre caduc en l’espace d’à peine une quinzaine de jours.
 
Aujourd’hui, avec un Marzouki qui verse dans le populisme et dont toutes les actions semblent destinées à plaire à la galerie, quelles garanties avons-nous pour éviter d’éventuels dérapages, voire des faits accomplis irréversibles ?
Qu’on nous cite une seule activité de Moncef Marzouki qui ne soit pas chargée de symbolique ! De l’annonce de la vente aux enchères publiques des palais présidentiels à celle d’une intégration/fusion avec la Libye, en passant par les multiples visites aux tombes des morts ou aux familles d’anciens détenus ou de blessés, il multiplie les déclarations de bonnes intentions et les décisions démagogiques sans mûre réflexion et sans étude préalable de faisabilité, aussi bien pratique que juridique.
Bien entendu, il y aura des voix qui vont s’élever pour critiquer notre approche et faire de nombreuses louanges à l’action de Marzouki qui pourrait nous ouvrir grandes les portes du marche libyen à nos travailleurs et les mannes pétrolières à notre économie.
Mais en Libye, il n’y a pas encore de pouvoir clair (on le constate à nos dépens aux frontières à Ben Guerdane), personne ne sait encore quel type de régime va-t-on avoir à Tripoli sans oublier l’écart monstre qui sépare le niveau d’instruction et les mentalités des citoyens dans les deux pays.
 
Marzouki ne cache pas son penchant pour le nationalisme arabe et ses rêves pour l’aboutissement à une Nation arabe unique. Et c’est bien de rêver car tout grand projet commence par un rêve, mais il est aussi impératif que, par les temps de progrès scientifiques et technologiques, il faut être pragmatique et réaliste dans le sens où il faut se doter des moyens nécessaires et d’une vision claire et méthodique pouvant mener à la concrétisation dudit rêve.
Or, dans le cas d’espèce du monde arabe, pas un seul être humain sensé et raisonnable, ne peut miser un seul millime sur la faisabilité d’une pareille union. Même les Européens, avec leurs structures et leur pragmatisme, se débattent afin de faire survivre cette entité qu’est l’Union européenne et leur monnaie unique, l’euro. Et dire que ces pays ont mis près de 60 ans pour parvenir à ce statut, loin quand même de toute idée de fusion.
 
Il faut dire que depuis quelques temps, on essaie de nous faire miroiter les bienfaits de l’Eldorado libyen. Ainsi, après l’annonce de l’éventualité de l’embauche de 200 mille Tunisiens pour la reconstruction de la Libye, on nous dit que le marché libyen peut absorber jusqu’à un million de travailleurs tunisiens. Autrement dit, adieu chômage, adieu pauvreté, adieu grèves, sit-in et bienvenue paix sociale, progrès et prospérité ! Rêvons… Rêvons.
Marzouki semble oublier qu’il n’est plus le militant d’antan et qu’il se trouve, désormais, dans la peau d’un des premiers responsables de la destinée de la Tunisie et, qu’à ce titre, il est tenu d’être rationnel, concret et sans droit à l’erreur.
Le peuple n’accepte plus les déclarations endormantes et les discours de haute voltige, mais il veut, plutôt, des actes et des stratégies minutieusement planifiées dont les retombées sont bien palpables par le commun des citoyens.
 
Le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, censé détenir le principal des prérogatives de l’exécutif, observe un silence étrange quant aux comportements et autres déclarations de son président provisoire de la République.
Dans cet ordre d’idées, on aimerait bien connaitre la position du chef du gouvernement, M. Jebali, concernant les agissements et les multiples déclarations du président Marzouki ! Car d’aucuns estiment que le président provisoire de la République ne cesse de dépasser ses prérogatives. Il serait bon de savoir l’avis de M. Jebali sur la proposition de fusion avec la Libye, faite par Marzouki.
En ce même moment, on relève la coïncidence avec la visite de Rached Ghannouchi au Qatar où il n’hésite pas à discuter avec Cheikh Youssef Qardhaoui des choses de l’Etat tunisien. Le chef d’Ennahdha est-il habilité à traiter de ces sujets avec des parties étrangères ou dépasse t-il, lui aussi, ses prérogatives ?
A relever, également, que la proposition de fusion tuniso-libyenne, n’a été rapportée que par l’agence libyenne d’information alors que l’agence nationale de Tunis Afrique Presse, n’y a pas fait allusion jusqu’à présent.
 
Il est temps que les choses se clarifient, que chaque responsable se limite à ses attributions pour éviter les confusions et que l’actuel président provisoire de la République s’en tienne à son rôle protocolaire comme le lui stipule la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs.
 
Source : « Business News » Le 03-01-2011
Lien : http://www.businessnews.com.tn/details_article.php?a=28543&temp=1&lang=fr&t=519
 

 

Le choix tunisien

 
Une cartographie majeure de certaines zones les plus reculées de la Tunisie est actuellement en cours d’élaboration avec le concours des dernières technologies. Une meilleure connaissance de l’espace indispensable au développement du pays.
Alors que de nombreuses plates-formes ont été étudiées, ce sont les propositions de l’IGN France International et de Reims Aviation qui ont été retenues.
Au cours de l’année 2011, plusieurs techniciens tunisiens sont venus en France pour se former aux techniques de cartographies avant qu’un avion totalement équipé ne soit acheminé en Afrique du Nord.
Cet avion spécialement équipé était le 97e appareil qui sortait des chaînes de production de Prunay. Et plusieurs mois après le début du travail, l’État tunisien souligne « toute l’utilité de l’appareil » et ses capacités d’adaptation à toutes les conditions. « L’avion s’est également montré très performant dans la lutte contre les pollutions et la surveillance des zones de pêche, des frontières. »
 
Source : « L’union » Le 03-01-2011
Lien : http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/le-choix-tunisien
 

 

Lamine Chakhari et Abdelwaheb Maatar à l’écoute des gafsiens

 
Le Gouvernement oeuvre à régler la question de l’emploi dans la région du bassin minier, a déclaré M.Mohamed Lamine Chakhari, ministre de l’Industrie et du Commerce.
 
Lors d’une réunion tenue, samedi à Tunis, avec des cadres de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et du Groupement Chimique Tunisien (GCT), le ministre a précisé qu’outre les recrutements directs, les efforts seront axés sur la création de sociétés de développement et des entreprises environnementales qui permettront d’employer le plus grand nombre de jeunes de la région.
 
Pour sa part, M.Abdelwaheb Maatar, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a pris connaissance, au cours de sa rencontre avec des jeunes du gouvernorat de Gafsa, de leurs préoccupations et attentes relatives aux perspectives d’emploi dans la région, outre leurs propositions sur la question des recrutements au sein de la CPG.
 
Les deux ministres ont présidé une séance de travail, en présence du PDG de la CPG-GCT, axée sur les différents mécanismes à même de régler les dossiers en suspens.
 
Cette réunion s’inscrit dans le cadre de la concrétisation de la décision du conseil des ministres (du 28 Décembre 2011), relative à la constitution d’une commission composée du ministère de l’Industrie et du Commerce en tant que coordinateur, du ministère des Affaires sociales, du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle et des partenaires sociaux, outre la société civile et des représentants des gouvernorats de Gafsa, de Gabès et de Sfax et de la direction générale du Groupe chimique Tunisien (GCT), afin d’examiner la situation dans le bassin minier et la zone industrielle de Gabès.
 
Source : « Espace Manager » Le 03-01-2011
Lien : http://www.espacemanager.com/macro/tunisie-lamine-chakhari-et-abdelwaheb-maatar-a-l-ecoute-des-gafsiens.html
 

 

Tunisie: Inégalités régionales et du genre… Ces chiffres qui font froid dans le dos!

 
Le vécu tunisien montre que chaque fois généralement que l’on s’éloigne de la bande côtière et que l’on raisonne en termes de genre, les inégalités apparaissent. Un débat, organisé le 29 décembre 2011, par une nouvelle association, AVEC, qui entend œuvrer pour que tous les citoyens aient des chances égales, a permis, sans doute, de mieux cerner la question.
 
Y a pas phot! L’expression, connue par les turfistes, pour signifier qu’il n’y a pas de doute sur le vainqueur, peut être utilisée pour évoquer les inégalités en Tunisie. La communication de Mourad Gachem, vice-président d’AVEC (Association Vigilance et Egalité des Chances), consultant international et ancien représentant assistant du FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population) à Tunis, se passe de commentaires.
 
Le propos clair et le verbe précis, son intervention faite au cours de la table ronde, organisée par l’AVEC, jeudi 29 décembre 2011, au complexe de Bir Belhassan, à l’Ariana, montre que chaque fois généralement que l’on s’éloigne de la bande côtière et que l’on raisonne en termes de genre les inégalités apparaissent.
 
Commençons par les indicateurs de santé. Le taux de mortalité maternelle est de 44,8 pour 100 mille nouveaux nés en Tunisie (moyenne nationale et chiffres de l’Institut national de santé publique). Mais, il est de 30,5 dans le nord-est et de 67 dans le nord-ouest.
 
45 médecins pour 1000 habitants à Kasserine
 
La densité médicale ne fait pas mieux: 45 médecins pour 1000 habitants à Kasserine et 363 à Tunis et 175 à Sfax. Même constat concernant les services des SSB (Soins de Santé de Base): 8,9% des centres des SSB offrent des prestations 6 jours par semaine à Sidi Bouzid, 11,4 à Jendouba, 26% à Sousse, 55% à Ben Arous et 100% à Tunis.
 
Le taux d’analphabétisme marque également cette inégalité régionale. Et là aussi les chiffres se passent de tout commentaire. Le taux d’analphabétisme est de 23% dans l’ensemble de la Tunisie (dernier chiffre connu du taux de recensement de l’Institut national des statistiques de 2004). Mais il est de 38,1% à Kairouan et de 35% à Kasserine alors qu’il est de seulement… 18,3% à Sousse et de 14,5% à Tunis.
 
Une autre inégalité apparaît à la lecture des chiffres présentés par M. Gachem: celle qui existe entre les deux sexes: 48,4% des femmes sont analphabètes dans le gouvernorat de Kairouan alors que ce taux n’est que de 27,3% pour les hommes. Idem pour Kasserine: 46,7% pour les femmes et 22,8% pour les hommes.
 
88,2% des entreprises dans le centre-est et le centre-ouest
 
On ne s’étonnera pas en apprenant que les inégalités sont frappantes en matière de tissu entrepreneurial et d’emploi. 88,2% des entreprises sont concentrées dans les régions du nord-est et du centre-est de la Tunisie. Il faut dire aussi que ces deux régions concentrent un peu plus que 60% de la population.
 
Le taux de chômage, qui était quant à lui de 18,3%, en mai 2011 (toujours chiffres de l’INS), est, comme suit, lorsqu’il est réparti par région: 28,6% dans le centre-ouest, 26,9% dans le sud-ouest, 24,8% dans le sud-est, 17,3% dans le nord-est et 11,1% centre-est.
 
Inégalité également entre les deux sexes: le taux de chômage est de 24,7% pour les femmes et de 15% pour les hommes.
 
Côté chômage des jeunes (18-29 ans), les régions de l’intérieur collectionnent, pour ainsi dire, les mauvais chiffres: 50% dans le sud-ouest, 45% dans le nord-ouest, 35% dans le centre-ouest, 30% dans le Grand Tunis et 26% dans le centre-est.
 
Présentant à son tour une intervention, Senim Ben Abdallah, universitaire, spécialisé en Sociologie, et consultant, abondera dans le même sens. En faisant observer, à cet effet, que 64% des diplômés-chômeurs sont des femmes et que ces dernières n’ont pas du fait qu’elles sont des femmes les mêmes chances que les hommes: elles ont notamment moins de possibilités d’être mobiles et ne peuvent faire certains métiers pour lesquels elles ont été pourtant formées. Il fera remarquer, à ce propos, que les organismes de formation «s’entêtent» à former du personnel qui ne trouve pas toujours, au sortir des cycles de formations, un métier.
 
Une révolution contre les institutions
 
Apportant une lecture pertinente du contexte tunisien et notamment des bouleversements politiques et sociaux de la Tunisie, depuis le 17 décembre 2010, lorsque le martyr Mohamed Bouazizi s’immole par le feu, Senim Ben Abdallah estime que la révolution tunisienne est «une révolution contre les institutions qui n’ont pas réussi à donner du travail à la jeunesse».
 
Un constat regrettable. Parce que, souligne M. Ben Abdallah, un pays, comme la Tunisie, où les jeunes pèsent démographiquement de tout leur poids, devrait vivre une «période en or» de son histoire s’il réussit évidement à utiliser les potentialités de cette jeunesse.
 
Un débat initié par AVEC et qui montre bien que l’association qui a inscrit notamment pour objectifs d’«œuvrer pour que tous les citoyens aient des chances égales indépendamment de leur appartenance sexuelle, géographique ou sociale et de comptabiliser et dénoncer les discriminations et les obstacles» a du pain sur la planche.
 
Pour ce faire, l’équipe qui entoure Mme Khédija Madani, présidente de cette association et avocate, a inscrit à son programme de l’année 2012 un ensemble d’activités aux premiers rangs desquels figurent la mise en place d’un réseau de veille sur les écarts entre hommes et femmes et entre les régions dans le processus de transition et l’instauration d’un partenariat avec les ONG, avec des points focaux dans les régions, concernant les activités de l’AVEC.
 
Souhaitons-leur bonne chance!
 
Source: ”WMC” Le 03-01-2011
Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-114425-tunisie-inegalites-regionales-et-du-genre-ces-chiffres-qui-font-froid-dans-le-dos
 

 

Les Chiffres noirs de la Tunisie

 
La vérité chiffrée sur la situation économique et sociale de la Tunisie commence à circuler. Sous Ben Ali et Bourguiba, la Tunisie se résumait au Grand Tunis et à Hammamet. Le reste des régions était ignoré, méprisé. Désormais, démocratie oblige, ceux qui ont fait la révolution – la jeunesse de ces régions – intéressent démographes, sociologues… Lors d’une conférence tenue à l’Ariana, une batterie d’indices à été rendu publique. Ils font froid dans le dos et mettent en relief la difficulté à les rectifier. Les chantiers à mettre en oeuvre sont légion.
 
Tout comme les élections du 23 octobre ont permis d’obtenir une photographie politique du pays, ces chiffres permettent de comprendre ce qui ne fonctionne pas au royaume de Tunisie. Les statistiques sont effrayantes tant elles montrent que Tunis est survalorisé dans tous les domaines (santé, éducation, travail…).
 
Ces chiffres ont été dit par Mourad Gachem, vice-président d’AVEC (Association Vigilance et Egalité des Chances), consultant international et ancien représentant assistant du FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population) à Tunis.
 
 
 
Taux de mortalité maternelle (pour mille)
 
National: 44,8.
 
Nord: 30,5
 
Nord-Ouest: 60,7.
 
Densité médicale
 
45 médecins pour 100.000 habitants à Kasserine.
 
363 à Tunis.
 
175 à Sfax.
 
Taux d’analphabétisme
 
National: 23%.
 
Kairouan: 38%.
 
Kasserine: 35%.
 
Tunis: 14,5%.
 
Taux de chômage (chiffres Mai 2011)
 
National: 18,3%.
 
Centre-ouest: 28,6%.
 
Sud-ouest: 26,9%.
 
Sud-est: 24,8%.
 
Nord-est (Tunis): 17%.
 
Source : « Courrier International » Le 03-01-2011
Lien : http://lewesternculturel.blogs.courrierinternational.com/archive/2012/01/03/les-chiffres-noirs-de-la-tunisie.html

 

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