TUNISNEWS
6 ème année, N° 2084 du 04.02.2006
Les diplômés chômeurs occupent le siège de l’union régionale de l’UGTT de Gafsa Le Monde: Les gouvernements européens appellent à la « responsabilité » NouvelObs: Toutes les réactions concernant les caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse scandinave. Taïeb Moalla: De mauvais goût, mais… Neila Charchour Hachicha: Commentaires à l’attention de l’auteur anonyme du journal Alchourouk Réalités: Bourguiba avait raison Omar Mestiri: L’arme absolue de la STASI: « Objectif désintégration »
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Les diplômés chômeurs occupent le siège de l’union régionale de l’UGTT de Gafsa
Les gouvernements européens appellent à la « responsabilité »
Toutes les réactions concernant les caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse scandinave.
Voici toutes les réactions en France concernant les caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse scandinave. Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) : « Je rends hommage au président de la République d’avoir bien voulu faire cette déclaration dans un but évident d’apaisement. Je souhaite qu’elle soit entendue ». La déclaration du chef de l’Etat « me paraît un appel opportun pour que la liberté ne soit absolument pas remise en cause mais pour que l’usage de cette liberté se fasse dans le sens de la responsabilité, de la sérénité et de la paix sociale ». (Déclaration, samedi 4 février) Robert Ménard, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), a lancé un nouvel appel au calme tout en affirmant que la liberté d’expression n’est pas un principe négociable. « Il faut trouver un moyen de renouer les possibilités de débattre, parce qu’il faut éviter cette espèce d’affrontement global entre deux conceptions du monde ». « La liberté de la presse, elle n’est pas discutable où que ce soit. Mais en même temps on dit il faut tout faire pour calmer les esprits ». « Evidemment les journalistes font ce qu’ils veulent, mais je pense qu’aujourd’hui il faut marquer une pause. Il faut dire explicitement que ces dessins étaient de piètre qualité et certains profondément stupides, au moins pour un… Montrer Mahomet avec à la place du turban, une bombe, c’est stupide et imbécile. Reste qu’on a le droit de publier ça. On a le droit de publier des choses qui sont stupides et imbéciles, et même qui sont choquantes pour les gens ». « Il faut que du côté en particulier des médias arabes les gens fassent la différence entre leur sensibilité (…) et un principe qui est essentiel pour eux parce qu’ils doivent en bénéficier, et de notre côté en Occident il faut marquer une pause pour ne pas faire des gestes qui peuvent être dans le climat d’aujourd’hui interprétés comme de la provocation ». (Déclaration, samedi 4 février) Philippe de Villiers, le président du Mouvement pour la France, a déclaré qu’il faut « stopper l’islamisation de la France ». « En France et en Europe, il y a une règle, la liberté, tempérée par la justice en cas d’excès ». « S’il y a excès (…) la justice est là pour trancher. Mais chez les islamistes il semble que ce soit une autre règle, la liberté tempérée par le meurtre rituel, le chantage ou l’intimidation. C’est inacceptable ». « Il faut que nous imposions, nous la France, nous les Français, nous les hommes politiques trop souvent lâches et peureux, notre conception de la liberté. Ou la charia ou la République, mais pas les deux ». « Il faut stopper l’islamisation de la France ». « Ce n’est pas à la France de s’adapter à l’islam, c’est à l’islam de s’adapter à la France ». (Déclaration, samedi 4 février) Le Parti radical de gauche (PRG) a affirmé son attachement à la fois à « la liberté d’expression » et au « respect de la pensée de l’autre ». Le PRG a souligné les « principes directeurs de la conscience républicaine ». Il s’agit de « la liberté de l’expression publique » et aussi de « la tolérance à l’égard de toutes cultures, convictions ou croyances dont la mise en oeuvre ne porte pas atteinte aux principes qui fondent la société républicaine ». « La caricature est libre. Elle doit être librement critiquée ». « Il doit ainsi pouvoir être dit que la représentation de Mahomet en poseur de bombes est tout à la fois le travestissement d’une religion » et « l’offense à ceux qui en sont les fidèles ». (Communiqué, vendredi 3 février) Jean-Claude Gaudin, le maire UMP de Marseille, a estimé « qu’une religion ne peut pas interdire à une presse libre » de publier des caricatures. « Si on peut éviter de caricaturer, c’est mieux mais si on caricature, nous sommes dans un pays de liberté, par conséquent ce n’est pas acceptable qu’on fasse ce procès d’une manière incroyable ». « Nous sommes des gens qui défendons la liberté et il faut accepter la caricature ». (Déclaration, vendredi 3 février) Le Collectif des musulmans de France a dénoncé une nouvelle « instrumentalisation du sentiment d’humiliation ressenti par les musulmans », en France comme dans les pays arabo-musulmans, après la publication de caricatures du Prophète Mahomet assimilant l’islam au terrorisme. « Il serait naïf de croire que la provocation n’était pas calculée, ou bien qu’il s’agirait de l’expression d’une liberté », selon un communiqué du Collectif, situé dans la mouvance de Tariq Ramadan, « la vague de solidarité exprimée par d’autres journaux nationaux ou européens cache mal en réalité une tendance islamophobe devenue politiquement correcte chez nous ». Jacques Chirac a affirmé vendredi que « la liberté d’expression » était un « des fondements de la République », mais appelé chacun « au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure », après s’être entretenu avec le recteur de la Mosquée de Paris de l’affaire des caricatures du prophète Mahomet. Il a « appellé chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure pour éviter tout ce qui peut blesser les convictions d’autrui ». Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) : « Tout musulman est devenu une bombe aux yeux de l’opinion publique, maintenant que notre prophète a été représenté comme un terroriste. Nous sommes très attachés à la liberté de la presse, mais ne pouvons admettre qu’au nom de cette liberté 1,5 milliard de musulmans soient insultés »[…] il « demandait à la Commission européenne et aux Etats de l’Union européenne de faire des lois qui protègent mieux les minorités musulmanes », car ces dernières ne « jouissent pas » à ses yeux de « la protection des autres minorités ». « Les musulmans, dans cette affaire (des caricatures), paient toujours la facture des attentats de New York (le 11 septembre 2001) et de Madrid (le 11 mars 2004) » (Déclaration, vendredi 3 février) François Bayrou, président de l’UDF : « naturellement la liberté de la presse » est un des fondements d' »une société comme la nôtre ». Il a ajouté que « la laïcité consiste à ne pas offenser les religions autant qu’on puisse » et que « c’est entre ces deux pôles qu’il faut trouver un équilibre ». François Bayrou a expliqué que s’il avait été à la tête d’un journal, il n’aurait pas publié ces dessins car « nous vivons un temps explosif ». « Toutes les communautés sont en éruption, souvent les unes contre les autres, et l’islam est dans une zone de fragilité plus grande encore ». (Déclaration, BFM, vendredi 3 février) Le Premier ministre Dominique de Villepin a appelé vendredi à « concilier » l' »exigence de liberté et l’exigence de respect », en commentant la polémique sur les caricatures du prophète Mahomet. « Nous sommes attachés à l’exigence de liberté, de démocratie qui est à la base de ce qui fonde notre pays mais aussi à l’exigence de respect », a déclaré M. de Villepin lors d’une conférence de presse, à l’occasion d’une visite à Troyes axée sur l’emploi. « Nous souhaitons concilier les deux et éviter bien sûr tout ce qui blesse inutilement et en particulier dans le domaine des convictions religieuses », a-t-il ajouté. Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la justice, députée de Seine-Saint-Denis, a affirmé que « la liberté de la presse est un principe absolu » mais elle a jugé les dessins de Mahomet publiés en Europe « pour la plupart médiocres » et l’un d’eux « franchement odieux ». « La liberté de la presse est un principe absolu avec lequel on ne peut pas transiger. Il n’y a pas en France et dans les pays européens de censure administrative et politique. Seuls les tribunaux peuvent trancher s’il y a violation des lois ». Les dessins à l’origine de la polémique sont « pour la plupart médiocres ». L’un d’eux est « franchement odieux, celui qui assimile l’islam au terrorisme », a-t-elle dit. Il s’agit d' »un amalgame absolument inadmissible et je comprends qu’il choque et blesse les musulmans, car l’islam est une religion de paix », a-t-elle ajouté. Elisabeth Guigou a estimé « aussi important de regarder les répercussions politiques » de cette polémique et « pourquoi aussi cette affaire explose quatre mois après la publication des dessins ». (Déclaration, France 2, vendredi 3 février) Pascal Clément, ministre de la justice a affirmé qu’une démocratie devait « accepter » les caricatures, mais qu’il fallait aussi faire « attention à ne pas blesser » les musulmans, moins « habitués » que les pays de culture chrétienne. « Comme citoyen, je trouve que dans un pays de liberté, il faut accepter bien évidemment les caricatures », a dit le Garde des Sceaux, rappelant que depuis trente ans, en France, « Charlie Hebdo et d’autres journaux » avaient égratigné « tout le monde, en particulier ceux qui sont chrétiens ». Cependant, il a dit rejoindre l’avis de l’archevèque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, qui a affirmé jeudi qu’il comprenait la « blessure » des musulmans. « Il faut bien comprendre que si, nous, pays catholique, on est habitué, il faut peut-être admettre que ceux qui sont de culture musulmane ne (le) sont pas, et cela les choque profondément » (Déclaration, RTL, Vendredi 3 février) Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères : « Il n’est pas normal de caricaturer l’ensemble d’une religion, (de l’amalgamer, NDLR) à un mouvement extrémiste voire terroriste »[…] » »Attention à l’escalade ». Mais « je suis choqué et trouve inacceptable que des extrémistes puissent, parce qu’il y a eu des caricatures en Occident, venir brûler des drapeaux ou prendre des positions intégristes ou extrémistes qui viendraient donner raison aux caricaturistes »[…] »Que ceux qui se sentent caricaturés posent des questions à la justice. C’est leur liberté ». Appelant « au respect des croyances, des religions, de la spiritualité de chacun », M. Douste-Blazy a observé que « religion et politique sont deux choses différentes ».[…] « C’est aux lois de la République de décider, ce n’est pas à un homme politique de faire censure ou qui que ce soit », a ajouté le ministre des Affaires étrangères. « Il y a des lois sinon ce ne serait pas une démocratie ». Le chef de la diplomatie française a noté que « l’action de la France dans le monde c’est de respecter l’autre, le dialogue » qui permet de « connaître l’autre » et d’aller vers « la paix » contrairement à « l’escalade à partir d’une caricature de Mahomet avec une grenade ». (Déclaration, Lci, Vendredi 3 février) Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication : En tant que ministre de la Communication, je suis le garant du respect de la liberté de la presse qui ne peut en aucun cas être menacé ou bafoué car il est l’un des piliers de notre démocratie »[…]S’agissant de France Soir, si nous sommes très attentifs au sauvetage de ce journal qui connaît de graves difficultés financières, j’estime qu’il est aussi du devoir de ce quotidien de respecter les convictions religieuses et philosophiques de nos concitoyens », a précisé le ministre. Cependant, a ajouté Renaud Donnedieu de Vabres « rien ne justifie le limogeage » du directeur de la publication de France Soir, Jacques Lefranc, annoncé mercredi soir par le propriétaire du journal Raymond Lakah. « Cette décision incompréhensible est contraire aux valeurs de liberté et d’indépendance de la presse », a estimé le ministre.[…] « Alors que chaque jour le monde est davantage marqué par la montée des intégrismes et de la violence, les journalistes doivent être les sentinelles de la démocratie afin que chaque identité, chaque culture et chaque religion ait une égale dignité ». Mgr Gaillot, évêque : « Dans notre pays, tellement de gens se sont battus pour la liberté d’expression, a ajouté l’ancien évêque d’Evreux. Ce n’est pas acceptable qu’une religion, quelle qu’elle soit, puisse imposer ses croyances, ses manières de faire, dans un Etat laïc ». « S’il y a des gens qui ne sont pas contents de ces caricatures, qu’il fassent un procès et qu’on en discute devant les tribunaux. On est dans un état de droit ». (Déclaration, jeudi 2 février) Mgr Stanislas Lalanne, secrétaire général de la Conférence des évêques de France : « Liberté d’expression, oui, à condition de respecter ce qui fait les convictions profondes et intimes des croyants », a dit Mgr Lalanne. « On n’a pas le droit de toucher à ce qui peut blesser et offenser des croyants. Il y a une dimension sacrée à laquelle on n’a pas le droit de toucher: la preuve, tout de suite cela engendre la violence ».[…] « La liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique, c’est normal qu’il puisse y avoir des critiques sur telle ou telle position des religions, mais cette liberté d’expression comporte des devoirs et des responsabilités »[…] »Il y a une ligne de partage entre des critiques qui peuvent alimenter un débat d’idées et des expressions gratuitement offensantes, entre l’humour et la dérision », a ajouté Mgr Lalanne, « je dis cela pour l’islam mais pour les autres religions aussi ». (Déclaration, jeudi 3 février) Mgr Philippe Barbarin, l’archevêque de Lyon : « Je n’aimerais pas qu’on fasse cela avec le visage de Jésus. Si je vois ça dans une publication à propos de Jésus, je reconnais que cela me blesse. Donc je comprends la blessure des musulmans et je trouve que ce n’est pas respectueux », a-t-il déclaré à des journalistes. « Moi ça me choque qu’on se moque ainsi de la religion des musulmans »[…] »Quand il y a eu ces grandes affiches qui ont caricaturé la Cène, pour nous c’était une blessure profonde (…), nous avons attaqué en justice »[…] »On ne peut pas faire n’importe quoi avec des visages et avec des scènes qui touchent les convictions très intimes des personnes », a jugé le cardinal Barbarin. « De même que je n’ai pas envie que ça se passe pour les chrétiens, je trouve complètement indigne que ça se passe avec les juifs ou avec les musulmans »[…] »Les autorités politiques seraient bien inspirées de prendre très au sérieux le respect (…) des convictions religieuses intimes. Les gens ont le droit d’être respectés »[…] »La liberté de la presse c’est quelque chose de très important, la liberté d’expression aussi, l’esprit critique aussi, mais ce n’est quand même pas le droit de faire n’importe quoi ». (Déclaration, jeudi 2 février) Corinne Lepage (cap 21) : « On peut comprendre que certains aient pu se sentir blessés dans leur croyance par les dessins publiés dans le quotidien France Soir. Mais il existe des tribunaux pour sanctionner l’excès quand il existe (…) Ce n’est pas ici le fond qui est en cause, mais la violence et le terrorisme intellectuel, voire physique qui est utilisé pour interdire ces publications ». (Déclaration, jeudi 3 février) Philippe de Viliers (MPF) : le limogeage du directeur de la publication de France Soir « porte gravement atteinte à la liberté d’expression ». « Il s’agit du premier acte de censure islamique dans notre pays ». (Déclaration, jeudi 2 février) Jacques Myard(UMP) : La polémique sur les caricatures « donne la mesure du fossé grandisssant entre les sociétés occidentales et les pays d’Islam (…) où règne en maître le sacré de la foi, dogme intangible et inattaquable ». « Dans ces conditions, sans céder à l’intimidation (…), il n’est peut-être pas toujours opportun de tomber dans le piège de la provocation et de blesser en son coeur la foi religieuse de l’autre ». Le limogeage du directeur de la publication de France Soir est « inadmissible ». (Communiqué, Jeudi 2 février) Michel Hunault, député UDF, indique « comprendre l’émotion suscitée » par la publication des caricatures, expliquant que « la liberté d’expression n’exonère pas du respect envers l’islam ». « Il s’agit, ajoute-t-il d’une « provocation inutile, à l’égard d’une religion qui est une religion d’amour et de paix ». Il annonce son intention de proposer au président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, la création d’un groupe parlementaire sur le thème de la « laïcité » et du « respect de toutes les croyances et sensibilités ». « Les discours de haine prennent souvent racine dans l’incompréhension et les provocations inutiles », fait valoir Michel Hunault, estimant qu' »il y a des principes qui devraient être rappelés dans les plus hautes instances de l’Etat ». (Communiqué, jeudi 2 février) Jean-Marie Le Pen, président du Front national : « Les croyants ont droit au respect de leurs croyances, qu’ils soient musulmans, juifs ou chrétiens »[…] »Si l’on condamne, à juste titre, de blessantes caricatures du Prophète des musulmans, à plus forte raison doit-on condamner les ignobles et permanentes caricatures du Dieu incarné des chrétiens »[…]Le président du FN regrette que le débat sur les caricatures de Mahomet mette avant tout aux prises « ceux qui ne croient en rien et prônent le droit absolu à la dérision de tous les fondements de la civilisation », et « ceux qui prônent le respect absolu des croyants, mais seulement quand il s’agit des musulmans »[…] »Les nécessaires limites de la liberté d’expression (…) ne peuvent être à sens unique ». (Déclaration, jeudi 2 février) René Pétillon, dessinateur de presse et de bande dessinée : « La riposte à ces dessins est complètement disproportionnée. Ceux qui n’ont pas aimé, et on peut les comprendre, auraient pu porter plainte contre le journal devant les tribunaux danois et point barre ». « Ce boycott, c’est absolument délirant ». René Pétillon a également qualifié les sanctions prises à France-Soir pour avoir publié ces caricatures d' »histoire de fou ». « Là encore, on nage en plein délire. Ces dessins ont été vus partout à la télévision, sur internet et personne n’a été viré pour autant. Alors que signifie? Est-ce un prétexte cachant d’autres intentions? ». Considérant qu’il serait « extrêmement grave » de ne plus pouvoir se moquer de rien, il a souligné : « Moi, dans le Canard, je me moque des curés, des rabbins, des imams… comme de tant d’autres depuis des années et je n’ai jamais eu de problèmes ». (Déclaration, jeudi 2 février) Reporters sans frontières lance « un appel au calme et à la raison alors que la polémique suscitée par la publication de plusieurs caricatures du prophète Mahomet prend une tournure inquiétante ». « Si nous comprenons que de nombreux musulmans aient été choqués par ces publications – l’islam interdisant toute représentation humaine du Prophète – rien ne saurait justifier des appels à la violence ni quelques menaces que ce soit ». « Dans l’affaire actuelle, poursuit l’association, il est nécessaire de ramener les faits à leur juste dimension. Les journaux qui ont publié ces caricatures appartiennent à des pays où la religion relève de la sphère privée : dans cette tradition, la liberté religieuse va de pair avec une liberté d’expression qui inclut le droit de brocarder les convictions que l’on ne partage pas. Il est également nécessaire de rappeler que, dans ces mêmes pays, la presse est indépendante des pouvoirs en place. Ses prises de position, ses choix éditoriaux n’engagent qu’elle et donc, en aucune manière, les autorités de ces pays ou leurs concitoyens ». Reporters sans frontières « appelle les responsables politiques et religieux des pays musulmans ainsi que la presse du monde arabe à tout faire pour calmer les esprits, de manière à entamer un débat sur les conceptions des uns et des autres ». RSF demande aussi « à chacun en Occident de jouer l’apaisement et d’éviter ce qui peut être vécu comme des provocations inutiles ». (Communiqué, jeudi 2 février) François Fillon, sénateur UMP de la Sarthe s’est déclaré « très choqué » par la décision « préoccupante » du propriétaire de France Soir. « La montée de ce fondamentalisme musulman, de cet intégrisme, de cette intolérance est extrêmement dangereuse, extrêmement grave ». (I>TELE, jeudi 2 février) Pierre Lellouche, député UMP de Paris : Sur le limogeage à la tête de France Soir : « Quand on arrive à sanctionner de manière aussi brutale un journaliste, on rentre dans une logique liberticide, et on ne rend pas service à la communauté musulmane ». « Cette escalade accrédite l’idée d’une confusion entre islam et intolérance (…) Nous sommes dans un pays où le droit d’être athée existe, où la critique religieuse existe ». (Déclarations, jeudi 2 février) Claude Goasguen, député UMP de Paris: « Dans nos démocraties, la liberté d’expression est totale. Il ne faut pas céder, même si je comprends tout à fait les réticences religieuses. On ne peut pas accepter qu’il y ait deux poids et deux mesures et que certaines religions soient épargnées par les caricaturistes et d’autres non, parce que certains pays appellent immédiatement au boycott ». « La réaction d’un certain nombre de pays arabes est tout à fait disproportionnée. Certains chefs d’Etat arabes, qui sentent la poussée des fondamentalistes dans leurs propres pays, essaient d’attirer le calme chez eux par des déclarations de ce genre ». A propos de la publication des dessins par France Soir: « Je trouve que c’est très bien d’être solidaire, et ce serait bien que la presse du monde entier en fasse autant ». (Déclaration, mercredi 1er février) Marielle de Sarnez, députée européenne, vice-présidente de l’UDF: « La liberté de la presse, d’expression, de caricature est une liberté fondamentale, c’est un droit constitutionnel en France, et évidemment un pilier de l’Union européenne et de la démocratie. Par ailleurs, il y a la laïcité et la laïcité, c’est aussi éviter de blesser des sensiblités, mais l’essentiel c’est la liberté d’expression, fondement de nos démocraties ». (Déclaration, mercredi 1er février) Maurice Leroy, député UDF du Loir-et-Cher: « Je suis pour qu’on conjugue la liberté de création et la liberté d’expression avec le respect des croyances, qui sont un domaine sensible. On peut aller jusqu’à la provoc –tous les grands créateurs à un moment ont provoqué– mais je ne crois pas qu’on puisse tout faire. Je crois au point moyen, à la mesure. On doit en appeler à l’intelligence des gens. Je pense vraiment qu’il faut faire attention avec ces sujets, d’autant plus dans cette période troublée au plan international ». « Je conçois que de bonne foi des croyants aient pu être heurtés, mais je me méfie aussi des manipulations intégristes. La croisade à laquelle on assiste est démesurée ». (Déclaration, mercredi 1er février) Le ministère des Affaires étrangères : « Les caricatures publiées ce jour dans France-Soir n’engagent que la responsabilité du journal qui les a publiées », a dit le porte-parole du ministère, Jean-Baptiste Mattéi. « Le principe de liberté de la presse, que les autorités françaises défendent partout dans le monde, ne saurait être remis en cause ». « Il doit s’exercer dans un esprit de tolérance et dans le respect des croyances et des religions ». (Point presse, Paris, mercredi 1er février) Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) : « C’est odieux, nous désapprouvons totalement cela, c’est une vraie provocation vis-à-vis des millions de musulmans en France ». (Déclaration, mercredi 1er février) Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) a accusé France Soir de vouloir « régler ses problèmes financiers sur le dos des musulmans ». (Déclaration ,mercredi 1er février) Le Mrap: « Après la parution des caricatures de Mahomet publiées ce jour dans France-Soir, le Mrap, profondément attaché à la liberté d’expression, ciment de toute démocratie, exprime néanmoins sa consternation devant une inquiétante et piteuse provocation », écrit le président Mouloud Aounit. « Tout comme dans les années 30 les caricatures antisémites ont participé à l’excitation et à la banalisation de l’antisémitisme, ces caricatures, dans un contexte marqué par une islamophobie rampante, au-delà de l’offense aux musulmans, ne peut en la circonstance que servir à déculpabiliser et légitimer les tenants et partisans de la caricaturale équation: arabes=musulmans=islam-intégrisme ». « Si la liberté d’expression légitime, à juste titre, la critique de toutes les religions, y compris l’islam, il est des moments et des contextes où la prudence et la vigilance s’imposent pour l’utilisation de certains mots –exemple: Kنrcher et racaille– et de certaines images –exemple: celles publiées ce jour sur Mahomet– qui doivent être utilisées avec un sens particulier de la responsabilité. » (Communiqué, 1er février) Le Conseil des muftis, une des plus importantes instances de représentation des musulmans de Russie, par la voix de son responsable Farid Assadouline, a estimé qu’un boycottage des produits danois, déjà pratiqué par plusieurs pays arabes, n’était pas envisageable par les musulmans de Russie. La Russie « n’est pas un pays musulman, c’est pourquoi il ne faut pas attendre de mesures exceptionnelles (de boycottage) à l’égard du Danemark », a déclaré Farid Assadouline. (Déclaration, mercredi 1er février) Ghaleb Bencheikh, présentateur de l’émission sur l’islam du dimanche matin sur France 2 et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, a lancé « une supplique au sens des responsabilités » « Nous sommes résolument et viscéralement attachés à la liberté d’expression ». « Toutefois nous appelons, pour des raisons éthiques, au respect fondamental de ce qui fonde les croyances des uns et des autres, quels qu’ils soient ». « On aura toujours des opportunistes, des sermonnaires doctrinaires qui sautent sur ce genre de comportements pour aggraver la situation ». En France « les esprits commencent à peine à s’apaiser après ce qui s’est passé à la mosquée de Clichy en novembre ». (Déclaration, mercredi 1er février) Jean-François Kahn, fondateur et président du conseil d’administration de Marianne : « Dans l’affaire des caricatures, ce n’est pas les réactions musulmanes en soi qui sont préoccupantes : finalement si on se moque de façon outrancière de Jésus Christ ou des rabbins, on a le droit à des réactions catholiques ou juives du même type. Mais c’est le fait qu’ait été évoqué le concept de blasphème. Or en France par exemple, depuis 1830, tout le combat démocratique, libéral et progressiste a été mené contre ce concept de blasphème. Le réhabiliter au point de voir des gouvernements s’excuser pour des dessins, c’est en effet un formidable retour en arrière. » (Forum du nouvelobs.com, mercredi 1er février) Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, regrette que dire « que Mahomet est un imposteur (soit) un délit », alors que « dire ‘Bouddha, Jésus sont des imposteurs’ est une opinion. On doit pouvoir en France briser le tabou et pouvoir parler des religions, et notamment de l’islam ». « La liberté du culte est essentielle, dans l’islam, il n’y a pas la liberté de changer de religion », a dit encore le député européen, pour qui « c’est ou l’islam ou la République ». Il a affirmé enfin qu' »il faut stopper l’islamisation de la société française », demandant de « ne plus accorder d’horaires séparés dans les piscines », ni de « nourriture spéciale dans les cantines », de même qu’il faut, selon lui, « dire non aux mariages forcés » et « à la polygamie ». (Canal +, mercredi 1er février) France Soir, qui a publié les douze caricatures, par la voix de son rédacteur en chef Serge Flaubert: « Nous voilà sommés, nous, citoyens de sociétés démocratiques et laïques, de condamner une douzaine de caricatures jugées offensantes pour l’Islam. Et sommés par qui ? Par les Frères musulmans, la Syrie, le Jihad islamique, les ministres de l’intérieur des pays arabes, la Conférence islamique… Que des parangons de tolérance, d’humanisme et de démocratie (…) Puisque ces dicteurs auto-proclamés de la foi en font une question de principe, il faut être ferme. Clamons-le autant qu’il le sera nécessaire, on a le droit de caricaturer Mahomet, Jésus, Bouddha, Yavé et toutes les déclinaisons du théisme. » (France Soir, mercredi 1er février) Nicolas Sarkozy, « La caricature, c’est l’excès. A tout prendre, je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure », a affirmé M. Sarkozy. « Quand je vois qu’il y a des fatwas qui sont lancées sur les Danois (…) et que l’on prend pour cible la totalité des ressortissants et des soldats danois, c’est rien moins qu’extrêmement choquant », a-t-il dit. « Ca en dit long sur les conceptions démocratiques d’un certain nombre d’acteurs ». Pour lui, « la démocratie, c’est la possibilité de la critique, de l’échange des arguments et de la caricature, surtout par le biais des dessins. C’est ça, la démocratie, et ça, ce n’est pas négociable », a-t-il ajouté. Parfois, « l’église catholique a été soumise au feu de la caricature », a reconnu le ministre de l’Intérieur également chargé des cultes. « Elle a protesté intellectuellement pour défendre ses convictions, mais enfin, ça n’a pas été au-delà, on n’a pas été jusqu’à demander l’interdiction d’un journal parce qu’on avait offensé l’église catholique », a-t-il ajouté. Et « lorsque la caricature va au-delà du raisonnable, ce sont les tribunaux qui en jugent et pas les autorités religieuses, et pas les gouvernements des pays musulmans », a encore estimé M. Sarkozy. Bien sûr, « il faut éviter de blesser les convictions des personnes », a-t-il relevé, mais « encore une fois, je préfère qu’on prenne le risque de blesser que le risque de la censure ». (Déclaration sur LCI, jeudi 2 février)
De mauvais goût, mais…
(Source: La Presse (Montréal) le 4 4 février 2006, p. A26 )
Commentaires à l’attention de l’auteur anonyme du journal Alchourouk
Si j’ai horreur de répondre à ce genre d’article, je prendrai quand même le soin de commenter celui-ci, puisque c’est le premier auquel j’ai eu droit de la part d’un journal de la Tunisie d’aujourd’hui. Une Tunisie qui se prétend avancer, à pas sûrs, sur le chemin démocratique.
Par ailleurs, je fais le choix de publier mes commentaires sur Tunisnews, car d’une part, je doute fort qu’un journal comme Alchourouk soit en mesure de me publier, et d’autre part, je ne souhaite pas voir mon nom publié dessus.
En effet, le phénomène des auteurs anonymes est devenu un phénomène courrant. Ce genre d’auteurs, s’attaque en toute irresponsabilité et en toute impunité, aux personnes bien plus qu’aux idées, et ce, sans même parler de capacité de dialogue ou même de débat. Comment pourrait-il faire autrement avec un tel niveau intellectuel et telle maturité politique ?
Par conséquent, je commenterai chaque paragraphe dans l’espoir d’aider cette personne à mieux comprendre des positions qui lui sont incompréhensibles.
أحسّ معظم التونسيين بالخجل من امرأة نكرة تظهر على شاشة احدى الفضائيات مؤخرا لتدعو التونسيين إلى قطع كل صلة بالقضية الفلسطينية. سمعناها تقول دون حياء: » لا يجب أن نربط مستقبل الشعب التونسي بمستقبل الشعب الفلسطيني.
D’abord je ne sais comment cette personne a pu deviner ce que la majorité des gens ont pensé de moi en m’écoutant. Soit elle se prend elle-même pour la majorité, soit elle a des dons de voyance ou de télépathie.
D’autre part, un ou une journaliste professionnelle, si tel était son cas, se contente de rapporter les informations sans en référer à sa propre opinion. Par contre, si elle souhaite analyser l’information pour établir un débat, la logique veut qu’elle assume ses dires en signant son article. Or il semble clair qu’elle ne soit ni l’un ni l’autre. Juste une poussière d’individu anonyme, en colère ou en mission, écrivant dans un style dénué de toute objectivité et de toute analyse.
En effet, je persiste et signe que nous ne devons plus lier notre avenir à celui du peuple Palestinien. La Tunisie, autant au niveau du gouvernement qu’au niveau du peuple, a offert aux Palestiniens ce que nul autre pays arabe ne leur a offert.
Nous avons abrité tous les membres de l’OLP lorsqu’ils se sont retrouvés, à cause de leurs choix, rejetés de partout. Puis, nous ne les avons lâchés que lorsqu’ils ont pu rentrer dans leur pays avec la promesse de l’établissement d’un Etat Palestinien indépendant. Depuis, ils ont fait du chemin, et sont aujourd’hui, autrement plus avancés que nous politiquement, puisqu’ils ont accès à des élections libres qui leur permettent de choisir leur gouvernants et de déterminer leur destin par eux-mêmes.
Je ne vois donc aucune raison de lier notre propre destin au leur. Il leur revient de construire leur quotidien dans la paix et l’harmonie ou de détruire le peu qui leur reste par la violence. Ce sera leur choix que nous n’avons pas à partager.
دافعت المدعوة نايلة شرشور في نفس الوقت دون تورّع عن الارتماء الأعمى في أحضان أمريكا بدعوى الوله بالديمقراطية وعشقها للحرية المغشوشة. كانت تتكلّم من واشنطن حيث حاولت إيهام الأمريكان على ما يبدو بأنها زعيمة حزب في تونس.. حزب لم نسمع به أبدا.
Je n’ai absolument jamais appelé quiconque à se jeter dans les bras des Américains. Par contre, j’assume mon choix d’être pro-américaine que j’exprime publiquement, car je considère que c’est un choix fait librement et de manière réfléchie. Le gouvernement tunisien n’étant pas adepte des libertés politiques, que je considère comme étant une valeur universelle, c’est normal que je m’adresse à ceux qui la pratiquent depuis si longtemps pour apprendre à la pratiquer du mieux possible dans un environnement aussi hostile.
Maintenant, si vous n’avez jamais entendu parler du Parti Libéral Méditerranéen, eh bien c’est très grave ! Car si vous êtes journaliste, vous faites très mal votre métier, et si vous ne l’êtes pas, eh bien ceux sont les journalistes qui ne font pas leur métier. Dans les deux cas, c’est bien à vous, de vous poser les questions suivantes: Pourquoi ne suis-je pas au courrant de se qui se passe dans mon pays ? Pourquoi faut-il que Neila Charchour passe par les Américains pour que j’entende parler d’elle et de ce qu’elle fait?
En raisonnant de cette manière votre raisonnement a de plus grandes chances de se retrouver sur la bonne voie.
نحن لا نلومها على محاولة استغلال سذاجة الأمريكان وجهلهم بالعالم.. لكننا لا نجد لها عذرا في كرهها واحتقارها لذاتها العربية وارتمائها المخجل في أحضان صقور أمريكا ومحافظيها الجدد.
Je vous trouve particulièrement choquant lorsque vous parlez des Américains en de tels termes. Les considérer naïfs et ignorants, relève de votre propre degré d’ignorance, de suffisance et de stupidité, car on ne devient pas la première puissance mondiale en étant ignorant et naïf. C’est bien le tiers monde qui risque de devenir le cinquième monde, s’il continu avec autant d’arrogance à se complaire dans sa propre ignorance.
Quant à l’identité Arabe, c’est une identité strictement politique que je rejette catégoriquement. Jamais, nulle part dans le monde, l’identité n’a été liée à une langue. L’identité est liée à un territoire national. Je suis donc Tunisienne. Cette identité Tunisienne, de part notre histoire, est liée tout autant à la culture arabe, qu’aux cultures orientales et occidentales, des plus anciennes aux plus récentes qui ont traversées notre pays. La culture Arabe ne représente qu’une facette de notre identité nationale Tunisienne autrement plus riche que l’identité des Arabes de la péninsule Arabique.
Quand à mes choix politiques et les choix de mes alliances, ils relèvent précisément des libertés politiques dont nous sommes privés et que je revendique. Depuis 50 ans que nous sommes sous l’emprise d’un parti unique et d’une pensée unique, nous avons perdu tout esprit critique constructif et toute tolérance envers toute différence.
وبقدر ما ندافع جميعا في تونس عن حرية التعبير فإننا نعجز عن فهم تصرفات بعض الانتهازيين والانتهازيات الذين يبيعون الاستقلال والهوية والانتماء بأبخس الأثمان ودونما أخلاق أو قيم.
Je crois que votre définition de la liberté d’_expression se réduit à la liberté de s’exprimer et de penser d’une manière identique à la vôtre. Bien sûr, comme vos maîtres à penser, vous êtes seuls à détenir le bon sens et la vérité. C’est normal, 50 ans de pensée unique ne peuvent mener qu’à ce résultat déplorable.
Quant aux principes et aux valeurs que vous m’accuser de renier, je persiste à affirmer que j’épouse les principes et les valeurs de ceux qui produisent la science et le savoir pour construire un monde meilleur, plutôt que d’épouser les principes et les valeurs de ceux qui ne produisent rien tout en consommant la production d’autrui en toute ingratitude.
نعجز أن نفهم كيف تتجنّى هذه المرأة النكرة على بلادها وأمتها.. نعجز أن نفهم كيف تجمع بين الجهل والكذب وبيع القيم الوطنية والقومية.. دون وعي بخطورة الخيانة.
إن التصرفات الرعناء واللامسؤولة التي عمدت إليها نايلة شرشور في واشنطن، حيث دافعت بكل حماس عن سياسة حرق وتدمير المنطقة، قد نجد لها تفسيرا في أمية هذه الأخيرة وتطفّلها على السياسة وضحالة فكرها وانتهازية اللوبيات التي تحاول استغلالها، ولكن لا نجد لها تبريرا مهما كانت المصالح التي قد تكون حققتها هذه الطفيلية المتطفّلة.
Concernant ces deux derniers paragraphes, je préfère carrément éviter tout commentaire. Toutefois, pour votre gouverne, sachez que vous me faîtes vraiment pitié.
Mon père رحمه الله disait الجهل مصيبة:
Quant à moi, j’ai réussi, malgré mon peu de savoir, à obtenir l’écoute et la reconnaissance de la première puissance mondiale.
Essayez tout de même de méditer cela, à moins que vous ne pensiez vraiment que les Américains soient devenus la première puissance mondiale en étant stupides et naïfs et en perdant leur temps avec les plus ignorants d’entre nous.
Neila Charchour Hachicha
Tunis, le 3 Février 2006
Bourguiba avait raison
Mohsen Toumi
Je me trouvais, il y a des semaines, en conférence avec des amis médecins dans un hôpital . Arrive alors un couple : l’ homme est grand , maigre , la barbe taillée à l’afghane , en kamis surmonté d’une parka. Il porte dans ses bras un bébé .
La dame est entièrement recouverte de ce que certains appelleraient une burka et que j’appellerai simplement un linceul. Un linceul noir. Le mari s’absente de la salle d’attente. Juste à cet instant arrive le tour de l’enfant. La dame entre dans le cabinet du pédiatre.Quand l’homme revient et ne retrouve ni son épouse ni son bébé ,il enfonce violemment la porte de l’espace “ soins ”, bouscule une infirmière et entre dans le cabinet du médecin. Ses yeux, profondément enfoncés dans les orbites, brillent comme de fièvre. On l’entend hurler : le praticien n’avait pas le droit de recevoir son épouse en dehors de sa présence , à lui. “ Mais monsieur, c’était le tour de votre bébé” — “ Ma femme ne devrait pas être là ”— “ Je ne me suis pas dévoilée ”, répond l’épouse et elle ajoute : “ J’ai gardé aussi mes gants” — “ Tu te tais, sors ”. Elle revient dans la salle d’attente,cherche une rangée de chaises où il n’y aurait pas de démon masculin proche et se recroqueville comme si elle voulait se rendre invisible. C’est là un témoignage. Ce n’est pas une caricature. Ce n’est pas un archétype . J’avais pitié de cette femme et, par avance ,je m’interrogeais sur l’avenir du bébé si c’était une fille. L’un des droits fondamentaux d’un être humain est d’exister et de ne pas être transformé en fantôme.
C’est exactement ce qu’a rappelé M. Abou Bakr Lakhzouri, ministre des Affaires religieuses. Ce n’est ni un vieux gâteux qui dit la chose et son contraire, ni un hédoniste qui entre deux agapes, malmène le Prophète, ni un anti-islamiste contaminé par la virulence de ceux qu’il combat . C’est un universitaire spécialiste de l’Islam en tant que matrice de civilisation globale et évolutive. Il est dans son rôle. Je ne vais pas revenir sur ses déclarations. Je les approuve . Je les approuve non pas d’un point de vue religieux, je ne m’occupe pas de théologie; mais d’un point de vue géo-politique, et là c’est mon terrain, ce qui veut dire que je ne vais pas parler de politique intérieure. Ses déclarations ont soulevé un tollé. Que des citoyens tunisiens les discutent , c’est leur droit, tant que dans les faits ils se conforment aux prescriptions de la loi. Mais de partout, du Golfe à Paris en passant par Genève, sans oublier les bureaux de lobbying de Washington, on est tombé à bras raccourcis sur mon pays . Cette synchronisation et ces convergences soulèvent des interrogations : pourquoi ? Comment ? Au profit de qui ?
Les Musulmans représentent un milliard trois cents millions de personnes, Les femmes représentent 52% de cet ensemble, c’est-à-dire 676 millions. Or 5 millions de ces femmes ont un statut de citoyennes complètes, égales aux hommes en droits et en devoirs. Ces 5 millions se localisent dans un seul pays, la Tunisie. Nous gênons. La place de la femme tunisienne dans la société, pour certains, est intellectuellement et moralement “contagieuse”. On nous le reproche depuis août 1956. Qui “On”? Les appareils d’Etat d’une majorité de pays musulmans, quand ce ne sont pas leurs opposants. Au nom de quoi nous interpelle-t-on ? Au nom de la “ Oumma islamique ”. Qu’on ne me parle pas de Oumma. Au mieux, ce terme est l’expression d’un sentimentalisme fumeux, et au pire (ce que je retiens) un argument démagogique pour Ben Laden, Zarkaoui et leurs clones. On nous interpelle aussi au nom de la nation arabo-musulmane (en oubliant les Arabes chrétiens). Qu’on ne me parle pas de “ Nation arabe ”.Au mieux c’est un voeu et au pire (ce que je retiens), c’est une stratégie hégémonique dont le Nassérisme et le Baathisme ont usé. On lance des fatwas contre nous. De, quel droit ? De quoi se mêlent ces gens-là. Ils ne connaissent même pas apparemment la signification de cet acte : la fatwa est un “ avis ” religieux et non une prescription. C’est aussi un acte de jurisprudence valable uniquement dans le contexte de la Chariaa.
La Tunisie a des lois qui, tout en s’inspirant de l’esprit de l’Islam, en dépassent la lettre par l’ijtihad ,ce que recommande la religion elle-même. Autrement dit, on se mêle de nos affaires de l’extérieur. Nous ne reconnaissons aucune “ autorité religieuse ” dans le monde,qu’elle vienne du Caire ou de Kandahar. Il n’ y a pas d’église dans l’Islam (la rohbaniata fil islam), sauf chez les Chiites et nous sommes sunnites. Pour les “enturbannés” (je reprends un adjectif employé par Bourguiba) nous sommes une grippe aviaire sociale dont ils se prémunissent. Ils oublient que les idées se répandent plus vite que les oiseaux migrateurs. D’ailleurs si des “ frères ” veulent jouer au badmington des fatwas, on en a autant à leur service : ils sont hérétiques en rejoignant la jahilia en éliminant (pas physiquement heureusement) les créatures de Dieu de sexe féminin ; ils sont hérétiques en réduisant la discussion religieuse à une affaire de textile (qu’ils s’adressent à l’OMC!); ils sont hérétiques en détournant la religion de son rôle spirituel pour l’instrumentaliser dans la lutte pour le pouvoir politique.A tout ceci je mettrais un bémol : j’ai , de par le monde, dans des pays occidentaux, des amis islamistes dont je respecte l’attachement à la religion et dont j’apprécie beaucoup la culture et l’intérêt pour les problèmes de notre temps. Leurs épouses portent le khimar . Je peux comprendre que, au milieu d’une population à l’écrasante majorité non-musulmane, elles aient un réflexe identitaire qui passe par cet attribut, et ce n’est pas un “ morceau de ténèbres ” pour reprendre l’expression de Sami Naïar. Mais la même attitude perd toute signification dans un pays musulman, à moins que…à moins qu’il ne s’agisse de provocation politique.
Autres intervenants étrangers dans nos affaires de société , la nébuleuse des ONG et des ligues qui ont pour fonds de commerce “ les Droits de l’Homme ”.Une majorité de ces associations postulent un humanisme réel et mettent en pratique la solidarité humaine . Mais une minorité d’entre elles, les moins transparentes financièrement d’ailleurs , mettent en branle une double démarche : d’une part, elles reçoivent, sans esprit critique aucun,sans vérification des faits, les doléances de mouvements d’opposition situés à l’extérieur de leurs pays respectifs; d’autre part, elles installent des comptoirs dans pratiquement tous les pays africains, arabes, asiatiques et latino-américains et à travers ces passerelles, se donnent les moyens de “l’ingérence” ,en réunissant, dans le même attelage , des gens d’extrême – gauche et des intégristes radicaux . Les conquêtes coloniales du 19ème siècle se sont justifiées a posteriori et continuent à le faire (je pense à la loi française sur les “ Bienfaits de la colonisation ”) au nom des “ Lumières ” . Aujourd’hui on nous investit , grâce aux nouveaux moyens de communication, entre autres, au nom de la démocratie et de la défense des Droits de l’Homme. Ces idéaux, en eux-mêmes, ne peuvent que recueillir l’assentiment et je les fais miens. J’ai sacrifié, pour eux , ma chair et mon affect et, dans mes tournées dans des contrées où sévissent les guerres civiles et régionales, je les vois bafoués, ce qui me révolte. Il arrive cependant qu’on les détourne à des fins contraires à leur essence. C’est alors une démarche coloniale. Et un travail de “Rensei- gnements”. Des mounafikin new-look sont là pour leur ouvrir les portes de la cité. Je ne les qualifierai pas de “ Chevaux de Troie ” mais de “ Bourricots Mercenaires ”.
Pourquoi cette montée de fièvre ET MAINTENANT , de la hargne récurrente contre mon pays? La Tunisie , depuis une génération, maintient un rythme de croissance régulier (autour de 5%) avec de réelles retombées sur la lutte contre la pauvreté. C’est une exception. De récentes études montrent que la croissance n’induit pas nécessairement la réduction de la pauvreté. L’éducation, et particulièrement celle des filles, atteint 100% des classes d’âges concernées dans le primaire, c’est-à- dire la base de l’insertion sociale. Nous ne tendons pas la main pour qu’on efface nos dettes, ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans les deux bassins de la Méditerranée. Bien qu’il y ait encore beaucoup à faire, nos universités ont bonne réputation. Nous sommes une société de communication qui ne se contente pas d’importer des logiciels mais en exporte. Des Tunisiennes talentueuses y jouent un rôle éminent malgré les réticences de certains milieux. Mais elles tiennent bon. Tout cela génère des jalousies et la crainte des comparaisons. Cela génère aussi des occultations déroutantes : bien des médias arabes battent le bendir pour célébrer çà et là des réalisations juste symboliques et dans lesquelles les autochtones de tel ou tel pays n’ont joué aucun rôle, sauf la signature des chêques. Mais quand la Tunisie s’installe de plain-pied dans le 21ème siècle, et sans complexe, le silence des mêmes médias nous assourdit. On “ magnifie “ ce qui ne marche pas (nous ne sommes pas parfaits ). On ignore ce qui marche. Certains pays “frères” (je commence à détester ce substantif hypocrite) voudraient-ils se dédouaner auprès de leurs peuples en détournant leur attention vers des futilités, comme le hijab et trouvent ,en la matière, un point de fixation , nous ? C’est probable et regrettable. D’autres, tout en rappelant bruyamment leur nationalisme et leur religiosité aussi (je pense aux Frères Musulmans), coopèrent en fait avec les promoteurs de ce non-sens géographique et culturel qu’est le projet du Grand Moyen-Orient. La Tunisie tout en remerciant diplomatiquement—c’est notre style— ceux qui poussent à cette stupidité, la refuse .Il en découle une conjugaison de poussées orientales et occidentales qui aboutissent à des dénigrements sans fondements. Cette piste mérite d’être explorée plus encore.
En 1965, les masses arabes étaient encore assommées par le hashish des rêves baasistes et aveuglées par les rodomontades de Choukeiry et d’autres .En mars de la même année, à la fin d’une tournée dans le Moyen-Orient, Bourguiba leur avait tenu ,à Jéricho (Ariha), en Jordanie, un langage d’éveil : “ Sortez de la caverne des silhouettes et affrontez la réalité ”. On nous est tombé dessus à bras raccourcis,on a brûlé nos ambassades, les médias éructaient à notre égard les pires insanités. Pourtant, l’histoire nous a donné raison. 2005/2006: le Président Ben Ali ayant tenu ferme la barre du navire social, on nous gratifie d’un anniversaire de la bêtise et de la rancoeur. Ils se souviennent de l’inutile. N’oublions pas l’essentiel.
(Source : « Réalités » N° 1049 du 2 février 2006)
Extrait de la directive transmise par le général Mielke à ses services en janvier 1976 pour liquider les groupuscules d’opposition : « les mesures de désintégration doivent viser à provoquer, utiliser, ou renforcer des contradictions ou des divergences apparues au sein des forces hostiles et négatives, afin de les morceler, de les paralyser, de les désorganiser et de les isoler pour entraver préventivement leurs agissements hostiles et négatifs, en réduire considérablement la portée ou les réduire à néant. Les mesures de désintégration peuvent s’appliquer aussi bien à des organisations, des groupes, des groupuscules qu’à des individus » … Pour mettre en œuvre ce mécanisme on se basait sur les taupes : « Les IM [Inoffizielle Mitarbeiter] car ils peuvent le mieux pénétrer au centre de la conspiration de l’ennemi, la dévoiler dans sa totalité, influencer les personnes suspectées et se procurer les informations » … La taupe devait se documenter sur les membres du cercle de contestataires, leurs idées, leur mode de vie, leurs goûts, leurs faiblesses, leur vénalité, et gagner leur confiance. Pour l’y aider, la Stasi ne lésinait pas sur les perquisitions, la pose de micros dans les appartements, la mise en place de caméras et les filatures. Elle avait les moyens de construire une légende autour de son informateur, de le faire passer pour un dissident disposant de bons contacts avec la RFA, ce qui représentait alors un gage de haute respectabilité parmi les opposants. Une fois entrée chez l’ennemi, la taupe entamait la phase suivante. Extrêmement raffinée, celle-ci consistait à « extraire des personnes du groupe hostile », en clair à semer la zizanie au sein du mouvement. Le judas s’employait à mettre le doigt sur les contradictions du groupe, à accuser les divergences entre les participants et à proposer d’autres stratégies de lutte. Les méthodes de désintégration de l’ennemi visaient aussi à compromettre la réputation des indésirables. Les mesures de désintégration répertoriées par le général Mielke dans la circulaire citée plus haut : – « Discréditer systématiquement auprès du public la réputation ou le prestige à l’aide d’éléments véridiques, vérifiés et compromettants ou d’éléments faux mais crédibles et difficilement contestables »… – « Tout faire pour organiser l’échec professionnel et social d’un individu afin de saper sa confiance en lui »… – « Parvenir à ébranler ses convictions, le pousser à remettre en question ses idéaux et ses modèles et semer le doute dans son esprit sur ses propres capacités »… – « Insinuer la défiance et le soupçon au sein d’une organisation, d’un groupe ou d’un groupuscule »… – « Utiliser et renforcer les rivalités au sein d’un groupe en utilisant la faiblesse de ses membres »… – « Faire en sorte que les groupes soient absorbés par leurs problèmes internes dans le dessein d’entraver leurs agissements négatifs et hostiles »… Tous ces passages ont été extraits du chapitre 4 « l’hystérie sécuritaire » (pages 110 à 114)
(Source: Le numéro 40 de Kalima)
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