4 février 2006

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TUNISNEWS
6 ème année, N° 2084 du 04.02.2006

 archives : www.tunisnews.net


Les diplômés chômeurs occupent le siège de l’union régionale de l’UGTT de Gafsa Le Monde: Les gouvernements européens appellent à la « responsabilité » NouvelObs: Toutes les réactions concernant les caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse scandinave. Taïeb Moalla: De mauvais goût, mais… Neila Charchour Hachicha: Commentaires à l’attention de l’auteur anonyme du journal Alchourouk Réalités: Bourguiba avait raison Omar Mestiri: L’arme absolue de la STASI: « Objectif désintégration »

 
 

Les diplômés chômeurs occupent le siège de l’union régionale de l’UGTT de Gafsa

 

Afef Ben Naceur, Nouredine Hidouri, Samir Boubaker, Ghzala M’hamdi et Yaâkoub Ben Mabrouk, tous diplômés chômeurs, organisent un sit in depuis 10h00 ce matin au siège de L’union régionale du Travail de Gafsa. Ils revendiquent le droit au travail et comptent poursuivre leur action toute la journée d’aujourd’hui. Gafsa, M’dhilla, Redeyef, Metlaoui, Oum Laâraïes, ainsi que d’autres villes de la région de Gafsa, qui enregistrent un taux de chômage très élevé, ont connu plusieurs mouvements de chômeurs ces derniers mois. Les actions de protestation organisées ont pris des frormes différentes (occupations, manifestations, grève de la faim, etc.) et ont atteint une dimension régionale. Elles ont été couronnées le 4 janvier dernier par la création du « comité régional de défense des diplômés chômeurs » à Gafsa.
 
Ce comité se compose de: Afef Ben Naceur, Anis Chaâbane, Bouali Tabbabi, Mehrez Zidi, Nouredine Hidouri, Boukhari Khlifi, Ghzala M’hamdi et Mahmoud Hadj Brahim.
 
(Source: Alerte electronique de M. Adel Thabet le 4 fevrier 2006)

 

 

Les gouvernements européens appellent à la « responsabilité »

 

Les gouvernements européens sont de plus en plus embarrassés par les réactions suscitées dans le monde musulman par les caricatures du prophète publiées au Danemark. A Bruxelles et dans les capitales européennes, on s’efforce d’apaiser les esprits et d’appeler à la retenue. Vendredi 3 février, Ursula Plassnik, la ministre autrichienne des affaires étrangères, dont le pays assure la présidence de l’Union, s’est dite « préoccupée par l’escalade ». Elle avait, deux jours plus tôt, condamné « des déclarations et des activités qui dénigrent une religion de manière offensante ».
Tout en rappelant que la liberté d’expression est un des principes fondamentaux des Vingt-cinq, le commissaire européen à la justice et aux libertés, Franco Frattini, considère « personnellement la publication des dessins en question comme peu opportune », mais dénonce « les violences, les chantages, les appels à boycotter les produits danois ou même à limiter la liberté de la presse ».
En Allemagne, le débat a jusqu’à présent été marqué par la retenue mais des responsables politiques et religieux s’inquiètent d’un possible dérapage. Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung avait publié, dès le 3 novembre 2005, l’un des croquis faisant scandale au Danemark, sans provoquer de réactions. Ils ont été repris ces derniers jours par le journal conservateur Die Welt et quelques autres titres. Les réactions de la communauté musulmane restent limitées. Une majorité des 3,2 millions de musulmans résidant en Allemagne sont originaires de Turquie, pays de tradition séculaire depuis Kemal Atatürk.
« La majorité d’entre eux acceptent le fait qu’on puisse, en Europe, représenter le prophète Mahomet sous forme de caricature, même s’ils ne sont pas d’accord avec cela », estime Salim Abdullah, directeur d’un institut de documentation sur l’islam. Un porte-parole du gouvernement a déclaré que l’Allemagne « comprenait » que les musulmans se soient sentis blessés dans cette affaire, tout en réprouvant le recours à la violence. Mais des voix alarmistes se sont élevées, comme celle de Wolfgang Thierse, vice-président (SPD) du Bundestag, qui met en garde contre « un moment de confrontation dangereux ». Paul Spiegel, qui dirige la communauté juive d’Allemagne, a lui aussi critiqué la presse.
A LONDRES, LA MODÉRATION
A Londres, le gouvernement veut éviter que la polémique ne vienne ruiner les efforts de rapprochement avec la communauté musulmane après la crise provoquée par les attentats du 7 juillet 2005 contre le métro de Londres. La communauté musulmane officielle a également joué la carte de la modération. La presse écrite britannique s’est, il est vrai, abstenue de publier les caricatures, y compris les quotidiens populaires. Selon un sondage réalisé par Sky News, les trois quarts de ses téléspectateurs critiquent cette attitude.
En Scandinavie, les dessins ont raison de la solidarité nordique. La Suède, la Finlande et la Norvège expriment leur défiance sur la gestion de l’affaire par le gouvernement danois. Le ministre finlandais des affaires étrangères a critiqué le Danemark pour ne pas avoir réagi à l’indignation causée par les dessins. « Une excuse n’aurait violé la liberté d’expression de personne. Ce n’est vraiment pas le moment d’aggraver délibérément la méfiance entre de grandes cultures et religions et de provoquer les extrémistes des deux bords », a-t-il déclaré. En Suède, le premier ministre, Göran Persson, a reproché à son homologue danois d’avoir refusé de recevoir les ambassadeurs de pays musulmans en octobre 2005.
En Espagne, frappés par les attentats du 11 mars 2004, le gouvernement a défendu le respect simultané des croyances et de la liberté d’expression. « Nous sommes sûrs qu’il n’y a pas lieu d’hypothéquer aucune des deux », a assuré la vice-présidente du gouvernement socialiste, Maria Teresa Fernandez de la Vega, en appelant à « la responsabilité » de chacun. Deux journaux, le Periodico de Catalunya et le quotidien conservateur ABC ont publié des photos des caricatures.
En Italie, de nombreuses personnalités politiques et religieuses ont critiqué la publication de ces caricatures. « Les symboles religieux de quelque religion que ce soit doivent être respectés et ne peuvent faire l’objet de sarcasmes, de satire ou de moqueries », a déclaré le ministre de l’intérieur, Giuseppe Pisanu. En revanche, le responsable de la Fédération nationale de la presse italienne, Paolo Serventi Longhi, a estimé que « le monde religieux doit apprendre à respecter le droit à l’information ». Le quotidien de droite Libero a publié en Une, vendredi 3 février, l’ensemble des dessins en cause, comme l’a déjà fait La Padania, l’organe officiel de la Ligue du Nord, le parti xénophobe membre de la coalition de Silvio Berlusconi. Avec nos correspondants en Europe (Source: Le journal Le Monde du 5 fevrier 2006)


 
 

Les réactions à travers le monde

Toutes les réactions concernant les caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse scandinave.

Voici toutes les réactions en France concernant les caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse scandinave. Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) : « Je rends hommage au président de la République d’avoir bien voulu faire cette déclaration dans un but évident d’apaisement. Je souhaite qu’elle soit entendue ». La déclaration du chef de l’Etat « me paraît un appel opportun pour que la liberté ne soit absolument pas remise en cause mais pour que l’usage de cette liberté se fasse dans le sens de la responsabilité, de la sérénité et de la paix sociale ». (Déclaration, samedi 4 février) Robert Ménard, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), a lancé un nouvel appel au calme tout en affirmant que la liberté d’expression n’est pas un principe négociable. « Il faut trouver un moyen de renouer les possibilités de débattre, parce qu’il faut éviter cette espèce d’affrontement global entre deux conceptions du monde ». « La liberté de la presse, elle n’est pas discutable où que ce soit. Mais en même temps on dit il faut tout faire pour calmer les esprits ». « Evidemment les journalistes font ce qu’ils veulent, mais je pense qu’aujourd’hui il faut marquer une pause. Il faut dire explicitement que ces dessins étaient de piètre qualité et certains profondément stupides, au moins pour un… Montrer Mahomet avec à la place du turban, une bombe, c’est stupide et imbécile. Reste qu’on a le droit de publier ça. On a le droit de publier des choses qui sont stupides et imbéciles, et même qui sont choquantes pour les gens ». « Il faut que du côté en particulier des médias arabes les gens fassent la différence entre leur sensibilité (…) et un principe qui est essentiel pour eux parce qu’ils doivent en bénéficier, et de notre côté en Occident il faut marquer une pause pour ne pas faire des gestes qui peuvent être dans le climat d’aujourd’hui interprétés comme de la provocation ». (Déclaration, samedi 4 février) Philippe de Villiers, le président du Mouvement pour la France, a déclaré qu’il faut « stopper l’islamisation de la France ». « En France et en Europe, il y a une règle, la liberté, tempérée par la justice en cas d’excès ». « S’il y a excès (…) la justice est là pour trancher. Mais chez les islamistes il semble que ce soit une autre règle, la liberté tempérée par le meurtre rituel, le chantage ou l’intimidation. C’est inacceptable ». « Il faut que nous imposions, nous la France, nous les Français, nous les hommes politiques trop souvent lâches et peureux, notre conception de la liberté. Ou la charia ou la République, mais pas les deux ». « Il faut stopper l’islamisation de la France ». « Ce n’est pas à la France de s’adapter à l’islam, c’est à l’islam de s’adapter à la France ». (Déclaration, samedi 4 février) Le Parti radical de gauche (PRG) a affirmé son attachement à la fois à « la liberté d’expression » et au « respect de la pensée de l’autre ». Le PRG a souligné les « principes directeurs de la conscience républicaine ». Il s’agit de « la liberté de l’expression publique » et aussi de « la tolérance à l’égard de toutes cultures, convictions ou croyances dont la mise en oeuvre ne porte pas atteinte aux principes qui fondent la société républicaine ». « La caricature est libre. Elle doit être librement critiquée ». « Il doit ainsi pouvoir être dit que la représentation de Mahomet en poseur de bombes est tout à la fois le travestissement d’une religion » et « l’offense à ceux qui en sont les fidèles ». (Communiqué, vendredi 3 février) Jean-Claude Gaudin, le maire UMP de Marseille, a estimé « qu’une religion ne peut pas interdire à une presse libre » de publier des caricatures. « Si on peut éviter de caricaturer, c’est mieux mais si on caricature, nous sommes dans un pays de liberté, par conséquent ce n’est pas acceptable qu’on fasse ce procès d’une manière incroyable ». « Nous sommes des gens qui défendons la liberté et il faut accepter la caricature ». (Déclaration, vendredi 3 février) Le Collectif des musulmans de France a dénoncé une nouvelle « instrumentalisation du sentiment d’humiliation ressenti par les musulmans », en France comme dans les pays arabo-musulmans, après la publication de caricatures du Prophète Mahomet assimilant l’islam au terrorisme. « Il serait naïf de croire que la provocation n’était pas calculée, ou bien qu’il s’agirait de l’expression d’une liberté », selon un communiqué du Collectif, situé dans la mouvance de Tariq Ramadan, « la vague de solidarité exprimée par d’autres journaux nationaux ou européens cache mal en réalité une tendance islamophobe devenue politiquement correcte chez nous ». Jacques Chirac a affirmé vendredi que « la liberté d’expression » était un « des fondements de la République », mais appelé chacun « au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure », après s’être entretenu avec le recteur de la Mosquée de Paris de l’affaire des caricatures du prophète Mahomet. Il a « appellé chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure pour éviter tout ce qui peut blesser les convictions d’autrui ». Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) : « Tout musulman est devenu une bombe aux yeux de l’opinion publique, maintenant que notre prophète a été représenté comme un terroriste. Nous sommes très attachés à la liberté de la presse, mais ne pouvons admettre qu’au nom de cette liberté 1,5 milliard de musulmans soient insultés »[…] il « demandait à la Commission européenne et aux Etats de l’Union européenne de faire des lois qui protègent mieux les minorités musulmanes », car ces dernières ne « jouissent pas » à ses yeux de « la protection des autres minorités ». « Les musulmans, dans cette affaire (des caricatures), paient toujours la facture des attentats de New York (le 11 septembre 2001) et de Madrid (le 11 mars 2004) » (Déclaration, vendredi 3 février) François Bayrou, président de l’UDF : « naturellement la liberté de la presse » est un des fondements d' »une société comme la nôtre ». Il a ajouté que « la laïcité consiste à ne pas offenser les religions autant qu’on puisse » et que « c’est entre ces deux pôles qu’il faut trouver un équilibre ». François Bayrou a expliqué que s’il avait été à la tête d’un journal, il n’aurait pas publié ces dessins car « nous vivons un temps explosif ». « Toutes les communautés sont en éruption, souvent les unes contre les autres, et l’islam est dans une zone de fragilité plus grande encore ». (Déclaration, BFM, vendredi 3 février) Le Premier ministre Dominique de Villepin a appelé vendredi à « concilier » l' »exigence de liberté et l’exigence de respect », en commentant la polémique sur les caricatures du prophète Mahomet. « Nous sommes attachés à l’exigence de liberté, de démocratie qui est à la base de ce qui fonde notre pays mais aussi à l’exigence de respect », a déclaré M. de Villepin lors d’une conférence de presse, à l’occasion d’une visite à Troyes axée sur l’emploi. « Nous souhaitons concilier les deux et éviter bien sûr tout ce qui blesse inutilement et en particulier dans le domaine des convictions religieuses », a-t-il ajouté. Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la justice, députée de Seine-Saint-Denis, a affirmé que « la liberté de la presse est un principe absolu » mais elle a jugé les dessins de Mahomet publiés en Europe « pour la plupart médiocres » et l’un d’eux « franchement odieux ». « La liberté de la presse est un principe absolu avec lequel on ne peut pas transiger. Il n’y a pas en France et dans les pays européens de censure administrative et politique. Seuls les tribunaux peuvent trancher s’il y a violation des lois ». Les dessins à l’origine de la polémique sont « pour la plupart médiocres ». L’un d’eux est « franchement odieux, celui qui assimile l’islam au terrorisme », a-t-elle dit. Il s’agit d' »un amalgame absolument inadmissible et je comprends qu’il choque et blesse les musulmans, car l’islam est une religion de paix », a-t-elle ajouté. Elisabeth Guigou a estimé « aussi important de regarder les répercussions politiques » de cette polémique et « pourquoi aussi cette affaire explose quatre mois après la publication des dessins ». (Déclaration, France 2, vendredi 3 février) Pascal Clément, ministre de la justice a affirmé qu’une démocratie devait « accepter » les caricatures, mais qu’il fallait aussi faire « attention à ne pas blesser » les musulmans, moins « habitués » que les pays de culture chrétienne. « Comme citoyen, je trouve que dans un pays de liberté, il faut accepter bien évidemment les caricatures », a dit le Garde des Sceaux, rappelant que depuis trente ans, en France, « Charlie Hebdo et d’autres journaux » avaient égratigné « tout le monde, en particulier ceux qui sont chrétiens ». Cependant, il a dit rejoindre l’avis de l’archevèque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, qui a affirmé jeudi qu’il comprenait la « blessure » des musulmans. « Il faut bien comprendre que si, nous, pays catholique, on est habitué, il faut peut-être admettre que ceux qui sont de culture musulmane ne (le) sont pas, et cela les choque profondément » (Déclaration, RTL, Vendredi 3 février) Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères : « Il n’est pas normal de caricaturer l’ensemble d’une religion, (de l’amalgamer, NDLR) à un mouvement extrémiste voire terroriste »[…] » »Attention à l’escalade ». Mais « je suis choqué et trouve inacceptable que des extrémistes puissent, parce qu’il y a eu des caricatures en Occident, venir brûler des drapeaux ou prendre des positions intégristes ou extrémistes qui viendraient donner raison aux caricaturistes »[…] »Que ceux qui se sentent caricaturés posent des questions à la justice. C’est leur liberté ». Appelant « au respect des croyances, des religions, de la spiritualité de chacun », M. Douste-Blazy a observé que « religion et politique sont deux choses différentes ».[…] « C’est aux lois de la République de décider, ce n’est pas à un homme politique de faire censure ou qui que ce soit », a ajouté le ministre des Affaires étrangères. « Il y a des lois sinon ce ne serait pas une démocratie ». Le chef de la diplomatie française a noté que « l’action de la France dans le monde c’est de respecter l’autre, le dialogue » qui permet de « connaître l’autre » et d’aller vers « la paix » contrairement à « l’escalade à partir d’une caricature de Mahomet avec une grenade ». (Déclaration, Lci, Vendredi 3 février) Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication : En tant que ministre de la Communication, je suis le garant du respect de la liberté de la presse qui ne peut en aucun cas être menacé ou bafoué car il est l’un des piliers de notre démocratie »[…]S’agissant de France Soir, si nous sommes très attentifs au sauvetage de ce journal qui connaît de graves difficultés financières, j’estime qu’il est aussi du devoir de ce quotidien de respecter les convictions religieuses et philosophiques de nos concitoyens », a précisé le ministre. Cependant, a ajouté Renaud Donnedieu de Vabres « rien ne justifie le limogeage » du directeur de la publication de France Soir, Jacques Lefranc, annoncé mercredi soir par le propriétaire du journal Raymond Lakah. « Cette décision incompréhensible est contraire aux valeurs de liberté et d’indépendance de la presse », a estimé le ministre.[…] « Alors que chaque jour le monde est davantage marqué par la montée des intégrismes et de la violence, les journalistes doivent être les sentinelles de la démocratie afin que chaque identité, chaque culture et chaque religion ait une égale dignité ». Mgr Gaillot, évêque : « Dans notre pays, tellement de gens se sont battus pour la liberté d’expression, a ajouté l’ancien évêque d’Evreux. Ce n’est pas acceptable qu’une religion, quelle qu’elle soit, puisse imposer ses croyances, ses manières de faire, dans un Etat laïc ». « S’il y a des gens qui ne sont pas contents de ces caricatures, qu’il fassent un procès et qu’on en discute devant les tribunaux. On est dans un état de droit ». (Déclaration, jeudi 2 février) Mgr Stanislas Lalanne, secrétaire général de la Conférence des évêques de France : « Liberté d’expression, oui, à condition de respecter ce qui fait les convictions profondes et intimes des croyants », a dit Mgr Lalanne. « On n’a pas le droit de toucher à ce qui peut blesser et offenser des croyants. Il y a une dimension sacrée à laquelle on n’a pas le droit de toucher: la preuve, tout de suite cela engendre la violence ».[…] « La liberté d’expression constitue l’un des fondements essentiels d’une société démocratique, c’est normal qu’il puisse y avoir des critiques sur telle ou telle position des religions, mais cette liberté d’expression comporte des devoirs et des responsabilités »[…] »Il y a une ligne de partage entre des critiques qui peuvent alimenter un débat d’idées et des expressions gratuitement offensantes, entre l’humour et la dérision », a ajouté Mgr Lalanne, « je dis cela pour l’islam mais pour les autres religions aussi ». (Déclaration, jeudi 3 février) Mgr Philippe Barbarin, l’archevêque de Lyon : « Je n’aimerais pas qu’on fasse cela avec le visage de Jésus. Si je vois ça dans une publication à propos de Jésus, je reconnais que cela me blesse. Donc je comprends la blessure des musulmans et je trouve que ce n’est pas respectueux », a-t-il déclaré à des journalistes. « Moi ça me choque qu’on se moque ainsi de la religion des musulmans »[…] »Quand il y a eu ces grandes affiches qui ont caricaturé la Cène, pour nous c’était une blessure profonde (…), nous avons attaqué en justice »[…] »On ne peut pas faire n’importe quoi avec des visages et avec des scènes qui touchent les convictions très intimes des personnes », a jugé le cardinal Barbarin. « De même que je n’ai pas envie que ça se passe pour les chrétiens, je trouve complètement indigne que ça se passe avec les juifs ou avec les musulmans »[…] »Les autorités politiques seraient bien inspirées de prendre très au sérieux le respect (…) des convictions religieuses intimes. Les gens ont le droit d’être respectés »[…] »La liberté de la presse c’est quelque chose de très important, la liberté d’expression aussi, l’esprit critique aussi, mais ce n’est quand même pas le droit de faire n’importe quoi ». (Déclaration, jeudi 2 février) Corinne Lepage (cap 21) : « On peut comprendre que certains aient pu se sentir blessés dans leur croyance par les dessins publiés dans le quotidien France Soir. Mais il existe des tribunaux pour sanctionner l’excès quand il existe (…) Ce n’est pas ici le fond qui est en cause, mais la violence et le terrorisme intellectuel, voire physique qui est utilisé pour interdire ces publications ». (Déclaration, jeudi 3 février) Philippe de Viliers (MPF) : le limogeage du directeur de la publication de France Soir « porte gravement atteinte à la liberté d’expression ». « Il s’agit du premier acte de censure islamique dans notre pays ». (Déclaration, jeudi 2 février) Jacques Myard(UMP) : La polémique sur les caricatures « donne la mesure du fossé grandisssant entre les sociétés occidentales et les pays d’Islam (…) où règne en maître le sacré de la foi, dogme intangible et inattaquable ». « Dans ces conditions, sans céder à l’intimidation (…), il n’est peut-être pas toujours opportun de tomber dans le piège de la provocation et de blesser en son coeur la foi religieuse de l’autre ». Le limogeage du directeur de la publication de France Soir est « inadmissible ». (Communiqué, Jeudi 2 février) Michel Hunault, député UDF, indique « comprendre l’émotion suscitée » par la publication des caricatures, expliquant que « la liberté d’expression n’exonère pas du respect envers l’islam ». « Il s’agit, ajoute-t-il d’une « provocation inutile, à l’égard d’une religion qui est une religion d’amour et de paix ». Il annonce son intention de proposer au président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, la création d’un groupe parlementaire sur le thème de la « laïcité » et du « respect de toutes les croyances et sensibilités ». « Les discours de haine prennent souvent racine dans l’incompréhension et les provocations inutiles », fait valoir Michel Hunault, estimant qu' »il y a des principes qui devraient être rappelés dans les plus hautes instances de l’Etat ». (Communiqué, jeudi 2 février) Jean-Marie Le Pen, président du Front national : « Les croyants ont droit au respect de leurs croyances, qu’ils soient musulmans, juifs ou chrétiens »[…] »Si l’on condamne, à juste titre, de blessantes caricatures du Prophète des musulmans, à plus forte raison doit-on condamner les ignobles et permanentes caricatures du Dieu incarné des chrétiens »[…]Le président du FN regrette que le débat sur les caricatures de Mahomet mette avant tout aux prises « ceux qui ne croient en rien et prônent le droit absolu à la dérision de tous les fondements de la civilisation », et « ceux qui prônent le respect absolu des croyants, mais seulement quand il s’agit des musulmans »[…] »Les nécessaires limites de la liberté d’expression (…) ne peuvent être à sens unique ». (Déclaration, jeudi 2 février) René Pétillon, dessinateur de presse et de bande dessinée : « La riposte à ces dessins est complètement disproportionnée. Ceux qui n’ont pas aimé, et on peut les comprendre, auraient pu porter plainte contre le journal devant les tribunaux danois et point barre ». « Ce boycott, c’est absolument délirant ». René Pétillon a également qualifié les sanctions prises à France-Soir pour avoir publié ces caricatures d' »histoire de fou ». « Là encore, on nage en plein délire. Ces dessins ont été vus partout à la télévision, sur internet et personne n’a été viré pour autant. Alors que signifie? Est-ce un prétexte cachant d’autres intentions? ». Considérant qu’il serait « extrêmement grave » de ne plus pouvoir se moquer de rien, il a souligné : « Moi, dans le Canard, je me moque des curés, des rabbins, des imams… comme de tant d’autres depuis des années et je n’ai jamais eu de problèmes ». (Déclaration, jeudi 2 février) Reporters sans frontières lance « un appel au calme et à la raison alors que la polémique suscitée par la publication de plusieurs caricatures du prophète Mahomet prend une tournure inquiétante ». « Si nous comprenons que de nombreux musulmans aient été choqués par ces publications – l’islam interdisant toute représentation humaine du Prophète – rien ne saurait justifier des appels à la violence ni quelques menaces que ce soit ». « Dans l’affaire actuelle, poursuit l’association, il est nécessaire de ramener les faits à leur juste dimension. Les journaux qui ont publié ces caricatures appartiennent à des pays où la religion relève de la sphère privée : dans cette tradition, la liberté religieuse va de pair avec une liberté d’expression qui inclut le droit de brocarder les convictions que l’on ne partage pas. Il est également nécessaire de rappeler que, dans ces mêmes pays, la presse est indépendante des pouvoirs en place. Ses prises de position, ses choix éditoriaux n’engagent qu’elle et donc, en aucune manière, les autorités de ces pays ou leurs concitoyens ». Reporters sans frontières « appelle les responsables politiques et religieux des pays musulmans ainsi que la presse du monde arabe à tout faire pour calmer les esprits, de manière à entamer un débat sur les conceptions des uns et des autres ». RSF demande aussi « à chacun en Occident de jouer l’apaisement et d’éviter ce qui peut être vécu comme des provocations inutiles ». (Communiqué, jeudi 2 février) François Fillon, sénateur UMP de la Sarthe s’est déclaré « très choqué » par la décision « préoccupante » du propriétaire de France Soir. « La montée de ce fondamentalisme musulman, de cet intégrisme, de cette intolérance est extrêmement dangereuse, extrêmement grave ». (I>TELE, jeudi 2 février) Pierre Lellouche, député UMP de Paris : Sur le limogeage à la tête de France Soir : « Quand on arrive à sanctionner de manière aussi brutale un journaliste, on rentre dans une logique liberticide, et on ne rend pas service à la communauté musulmane ». « Cette escalade accrédite l’idée d’une confusion entre islam et intolérance (…) Nous sommes dans un pays où le droit d’être athée existe, où la critique religieuse existe ». (Déclarations, jeudi 2 février) Claude Goasguen, député UMP de Paris: « Dans nos démocraties, la liberté d’expression est totale. Il ne faut pas céder, même si je comprends tout à fait les réticences religieuses. On ne peut pas accepter qu’il y ait deux poids et deux mesures et que certaines religions soient épargnées par les caricaturistes et d’autres non, parce que certains pays appellent immédiatement au boycott ». « La réaction d’un certain nombre de pays arabes est tout à fait disproportionnée. Certains chefs d’Etat arabes, qui sentent la poussée des fondamentalistes dans leurs propres pays, essaient d’attirer le calme chez eux par des déclarations de ce genre ». A propos de la publication des dessins par France Soir: « Je trouve que c’est très bien d’être solidaire, et ce serait bien que la presse du monde entier en fasse autant ». (Déclaration, mercredi 1er février) Marielle de Sarnez, députée européenne, vice-présidente de l’UDF: « La liberté de la presse, d’expression, de caricature est une liberté fondamentale, c’est un droit constitutionnel en France, et évidemment un pilier de l’Union européenne et de la démocratie. Par ailleurs, il y a la laïcité et la laïcité, c’est aussi éviter de blesser des sensiblités, mais l’essentiel c’est la liberté d’expression, fondement de nos démocraties ». (Déclaration, mercredi 1er février) Maurice Leroy, député UDF du Loir-et-Cher: « Je suis pour qu’on conjugue la liberté de création et la liberté d’expression avec le respect des croyances, qui sont un domaine sensible. On peut aller jusqu’à la provoc –tous les grands créateurs à un moment ont provoqué– mais je ne crois pas qu’on puisse tout faire. Je crois au point moyen, à la mesure. On doit en appeler à l’intelligence des gens. Je pense vraiment qu’il faut faire attention avec ces sujets, d’autant plus dans cette période troublée au plan international ». « Je conçois que de bonne foi des croyants aient pu être heurtés, mais je me méfie aussi des manipulations intégristes. La croisade à laquelle on assiste est démesurée ». (Déclaration, mercredi 1er février) Le ministère des Affaires étrangères : « Les caricatures publiées ce jour dans France-Soir n’engagent que la responsabilité du journal qui les a publiées », a dit le porte-parole du ministère, Jean-Baptiste Mattéi. « Le principe de liberté de la presse, que les autorités françaises défendent partout dans le monde, ne saurait être remis en cause ». « Il doit s’exercer dans un esprit de tolérance et dans le respect des croyances et des religions ». (Point presse, Paris, mercredi 1er février) Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) : « C’est odieux, nous désapprouvons totalement cela, c’est une vraie provocation vis-à-vis des millions de musulmans en France ». (Déclaration, mercredi 1er février) Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) a accusé France Soir de vouloir « régler ses problèmes financiers sur le dos des musulmans ». (Déclaration ,mercredi 1er février) Le Mrap: « Après la parution des caricatures de Mahomet publiées ce jour dans France-Soir, le Mrap, profondément attaché à la liberté d’expression, ciment de toute démocratie, exprime néanmoins sa consternation devant une inquiétante et piteuse provocation », écrit le président Mouloud Aounit. « Tout comme dans les années 30 les caricatures antisémites ont participé à l’excitation et à la banalisation de l’antisémitisme, ces caricatures, dans un contexte marqué par une islamophobie rampante, au-delà de l’offense aux musulmans, ne peut en la circonstance que servir à déculpabiliser et légitimer les tenants et partisans de la caricaturale équation: arabes=musulmans=islam-intégrisme ». « Si la liberté d’expression légitime, à juste titre, la critique de toutes les religions, y compris l’islam, il est des moments et des contextes où la prudence et la vigilance s’imposent pour l’utilisation de certains mots –exemple: Kنrcher et racaille– et de certaines images –exemple: celles publiées ce jour sur Mahomet– qui doivent être utilisées avec un sens particulier de la responsabilité. » (Communiqué, 1er février) Le Conseil des muftis, une des plus importantes instances de représentation des musulmans de Russie, par la voix de son responsable Farid Assadouline, a estimé qu’un boycottage des produits danois, déjà pratiqué par plusieurs pays arabes, n’était pas envisageable par les musulmans de Russie. La Russie « n’est pas un pays musulman, c’est pourquoi il ne faut pas attendre de mesures exceptionnelles (de boycottage) à l’égard du Danemark », a déclaré Farid Assadouline. (Déclaration, mercredi 1er février) Ghaleb Bencheikh, présentateur de l’émission sur l’islam du dimanche matin sur France 2 et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, a lancé « une supplique au sens des responsabilités » « Nous sommes résolument et viscéralement attachés à la liberté d’expression ». « Toutefois nous appelons, pour des raisons éthiques, au respect fondamental de ce qui fonde les croyances des uns et des autres, quels qu’ils soient ». « On aura toujours des opportunistes, des sermonnaires doctrinaires qui sautent sur ce genre de comportements pour aggraver la situation ». En France « les esprits commencent à peine à s’apaiser après ce qui s’est passé à la mosquée de Clichy en novembre ». (Déclaration, mercredi 1er février) Jean-François Kahn, fondateur et président du conseil d’administration de Marianne : « Dans l’affaire des caricatures, ce n’est pas les réactions musulmanes en soi qui sont préoccupantes : finalement si on se moque de façon outrancière de Jésus Christ ou des rabbins, on a le droit à des réactions catholiques ou juives du même type. Mais c’est le fait qu’ait été évoqué le concept de blasphème. Or en France par exemple, depuis 1830, tout le combat démocratique, libéral et progressiste a été mené contre ce concept de blasphème. Le réhabiliter au point de voir des gouvernements s’excuser pour des dessins, c’est en effet un formidable retour en arrière. » (Forum du nouvelobs.com, mercredi 1er février) Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, regrette que dire « que Mahomet est un imposteur (soit) un délit », alors que « dire ‘Bouddha, Jésus sont des imposteurs’ est une opinion. On doit pouvoir en France briser le tabou et pouvoir parler des religions, et notamment de l’islam ». « La liberté du culte est essentielle, dans l’islam, il n’y a pas la liberté de changer de religion », a dit encore le député européen, pour qui « c’est ou l’islam ou la République ». Il a affirmé enfin qu' »il faut stopper l’islamisation de la société française », demandant de « ne plus accorder d’horaires séparés dans les piscines », ni de « nourriture spéciale dans les cantines », de même qu’il faut, selon lui, « dire non aux mariages forcés » et « à la polygamie ». (Canal +, mercredi 1er février) France Soir, qui a publié les douze caricatures, par la voix de son rédacteur en chef Serge Flaubert: « Nous voilà sommés, nous, citoyens de sociétés démocratiques et laïques, de condamner une douzaine de caricatures jugées offensantes pour l’Islam. Et sommés par qui ? Par les Frères musulmans, la Syrie, le Jihad islamique, les ministres de l’intérieur des pays arabes, la Conférence islamique… Que des parangons de tolérance, d’humanisme et de démocratie (…) Puisque ces dicteurs auto-proclamés de la foi en font une question de principe, il faut être ferme. Clamons-le autant qu’il le sera nécessaire, on a le droit de caricaturer Mahomet, Jésus, Bouddha, Yavé et toutes les déclinaisons du théisme. » (France Soir, mercredi 1er février) Nicolas Sarkozy, « La caricature, c’est l’excès. A tout prendre, je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure », a affirmé M. Sarkozy. « Quand je vois qu’il y a des fatwas qui sont lancées sur les Danois (…) et que l’on prend pour cible la totalité des ressortissants et des soldats danois, c’est rien moins qu’extrêmement choquant », a-t-il dit. « Ca en dit long sur les conceptions démocratiques d’un certain nombre d’acteurs ». Pour lui, « la démocratie, c’est la possibilité de la critique, de l’échange des arguments et de la caricature, surtout par le biais des dessins. C’est ça, la démocratie, et ça, ce n’est pas négociable », a-t-il ajouté. Parfois, « l’église catholique a été soumise au feu de la caricature », a reconnu le ministre de l’Intérieur également chargé des cultes. « Elle a protesté intellectuellement pour défendre ses convictions, mais enfin, ça n’a pas été au-delà, on n’a pas été jusqu’à demander l’interdiction d’un journal parce qu’on avait offensé l’église catholique », a-t-il ajouté. Et « lorsque la caricature va au-delà du raisonnable, ce sont les tribunaux qui en jugent et pas les autorités religieuses, et pas les gouvernements des pays musulmans », a encore estimé M. Sarkozy. Bien sûr, « il faut éviter de blesser les convictions des personnes », a-t-il relevé, mais « encore une fois, je préfère qu’on prenne le risque de blesser que le risque de la censure ». (Déclaration sur LCI, jeudi 2 février)


Voici toutes les réactions dans le reste du monde concernant les caricatures du prophète Mahomet publiées dans la presse scandinave. Les représentants de la communauté musulmane tchèque ont dénoncé dans la presse la publication en Europe des caricatures qu’ils jugent « outrageantes » et voulant « ridiculiser » la religion musulmane. « Je suis toujours contre quand quelqu’un veut humilier les autres. Et je pense que cette fois-ci, l’objectif a été d’outrager », a indiqué Mohamed Ali Silhavy, ancien président de la Centrale des communautés religieuses musulmanes en République tchèque. « Beaucoup de gens en Occident luttent pour la liberté de parole en voulant que l’on puisse publier n’importe quoi. Mais ceci est-il compatible avec les lois interdisant la diffamation raciale, de la nation ou des convictions? », s’interroge de son côté le directeur du Centre islamique à Prague, Vladimir Sanka. Le président de la Fondation Islamique à Brno (est), Muneeb Hassan, estime quant à lui que « ces caricatures n’apportent rien d’utile, ni du point de vue culturel ni du point de vue social » et ont eu pour objectif de « ridiculiser la religion musulmane ». (Déclaration, samedi 4 février) Le Vatican par la voix de son porte-parole Joaquin Navarro-Valls : « La cohabitation des hommes exige un climat de respect mutuel pour favoriser la paix entre les hommes et les nations ». Le droit à la liberté d’expression ne comprend pas « le droit de heurter les sentiments religieux des croyants », quelle que soit la religion concernée. Il a toutefois qualifié de « déplorable » les manifestations violentes de protestation qui ont eu lieu dans le monde islamique. Il a estimé que les actes d’une personne ou d’un journal ne pouvaient pas être imputés à l’ensemble d’un pays ou de ses institutions. « L’intolérance, d’où qu’elle vienne, qu’elle soit réelle ou verbale, action ou réaction, constitue toujours une menace grave pour la paix ». Il a ajouté que « certaines formes de critiques extrêmes ou de dérisions d’autrui montraient une absence de sensibilité humaine et dans certains cas pouvaient constituer une provocation inacceptable ». « L’histoire nous enseigne que cela ne constitue pas le moyen de refermer les vieilles blessures dans la vie des peuples ». « Le droit à la liberté de pensée et d’expression, tel qu’inscrit dans la Déclaration des droits de l’homme, ne peut comprendre le droit de heurter les sentiments religieux des croyants ». « Des protestations violentes sont toutefois également déplorables ». (Communiqué, samedi 4 février) Abdullah Gül, le ministre turc des Affaires étrangères : « Au moment où des efforts sont entrepris pour rapprocher les civilisations et accroître le dialogue entre les religions, nous voyons combien l’attitude irresponsable de ceux qui sont inconscients des développements du monde peut provoquer de graves problèmes ». « La liberté de la presse devrait bien sûr exister partout mais les valeurs des peuples devraient être respectées ». « Ces (caricatures) s’apparentent presque à une provocation — soit inconsciente soit délibérée de la part de certains ». « J’espère que cette affaire va se terminer sans autre escalade et que chacun comprendra les fautes commises ». (Déclaration, samedi 4 février) José Socrates, le Premier ministre portugais, a estimé que la liberté d’expression implique « le respect de la dignité des autres ». « L’utilisation gratuite et sans limites » de la liberté d’expression « conduit à la loi du plus fort ». « Or, dans les sociétés démocratiques la liberté (d’expression) implique son utilisation de manière responsable et dans le respect de la dignité des autres ». (Déclaration, samedi 4 février) Mgr Antonio Marto, évêque portugais responsable de la commission épiscopale pour la doctrine de la foi : « La culture islamique est différente ». La publication de ces dessins « ont été interprétés comme un manque de respect religieux inacceptable ». « A présent on est entré dans une spirale dont il sera difficile de sortir ». (Déclaration, samedi 4 février) Angela Merkel, la chancelière allemande a condamné les actions violentes de musulmans protestant contre la publication en Europe de caricatures sur l’islam, estimant que « la légitimation du recours à la violence est inacceptable ». « Je peux comprendre que le sentiment religieux ait été blessé. Je veux aussi dire nettement que je trouve inacceptable sur cette base une légitimation du recours à la violence ». « L’Etat, le gouvernement allemands n’ont pas de raison d’intervenir, la liberté de la presse doit être garantie ». « J’ai le sentiment que c’est la position des Etats membres » de l’Union européenne, observant que le Danemark « ne doit pas se sentir abandonné ». (Déclaration, samedi 4 février) Nadeem Elyas, le président du Conseil des musulmans d’Allemagne, a demandé plus de respect et de compréhension pour les croyants. Dans un entretien au quotidien Die Welt am Sonntag à paraître dimanche, il salue le principe d’inaliénabilité de la dignité humaine mais se demande « pourquoi beaucoup de démocrates ignorent que la foi de leurs prochains fait partie de leur dignité? ». (Déclaration, samedi 4 février) Karl Lehmann, le cardinal-archevêque et président de la conférence épiscopale allemande, a estimé que « la liberté d’expression devenait problématique quand elle touchait le coeur d’une confession religieuse », déplorant en l’espèce un « manque de sensibilité ». (Déclaration, samedi 4 février) Wolfgang Huber, le président du conseil de l’Eglise protestante allemande : « même les caricaturistes devraient traiter le sujet sensible de la religion avec respect ». « Je peux comprendre que ces dessins aient provoqué la colère des musulmans », mais « nul ne devrait jamais, au nom de la religion, menacer de violence, ou se comporter de manière violente ». Ce serait, selon lui, « un détournement des sentiments religieux ». (Déclaration, samedi 4 février) Joanne Leedom-Ackerman, la secrétaire du Pen International, association mondiale d’écrivains présente dans 99 pays, a soutenu le droit à la libre expression et la publication dans la presse des caricatures du prophète Mahomet. « Nous sommes certainement conscients du fait que certains se sentent offensés par ces caricatures ». « D’un autre côté, nous pensons aussi que des individus dans le monde entier profiteront de la liberté d’expression ». « L’idée que quelqu’un ne puisse pas parler, discuter ou s’exprimer nous inquièterait énormément ». « C’est de cette façon que le nationalisme fanatique est arrivé dans le passé ». « Il y a un vrai besoin pour les individus de pouvoir s’exprimer et de dire ce qu’ils veulent même si c’est offensant ». (Déclaration, samedi 4 février) Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, a protesté auprès du Danemark contre la publication dans un quotidien des caricatures du prophète Mahomet. Il a qualifié « d’offensantes et inacceptables » les caricatures et a souligné toutefois la volonté des Palestiniens de « préserver les relations amicales » avec Copenhague. (Déclaration, samedi 4 février) Le cheikh Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais chiite : « J’invite les Etats islamiques à oeuvrer de concert en direction des Parlements et des gouvernements européens afin qu’ils décrètent une loi interdisant aux médias de porter atteinte à Dieu et aux prophètes (…) afin qu’une telle crise ne se répète pas ». Il a appelé les musulmans du monde entier à « multiplier leurs protestations par tous les moyens » contre les pays ayant autorisé la publication des dessins incriminés. Il a en outre annoncé une importante manifestation pour le dixième jour de la Achoura, le 9 février, sur le thème de la « défense de la dignité de notre religion et de notre prophète quel qu’en soit le prix ». « Nous sommes devant un nouvel exemple de l’hypocrisie et de la duplicité de l’Occident (…) qui adopte là aussi une politique des deux poids, deux mesures ». Il a cité l’exemple du philosophe français, Roger Garaudy, poursuivi en justice pour avoir écrit un livre contestant l’holocauste, ainsi que la télévision du Hezbollah, Al Manar, interdite de diffusion en Europe « pour antisémitisme parce qu’elle parle des crimes perpétrés par les sionistes et remet en cause leur droit d’usurper un Etat ». « La justice européenne est intervenue » dans ces cas, a-t-il rappelé, jugeant que « la liberté d’expression qui fait partie des droits de l’Homme s’arrête pour elle chez les Juifs et pas chez le 1,4 milliard de musulmans ». (Déclaration, samedi 4 février) Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, s’est déclaré à nouveau « peiné » et « préoccupé » par la controverse sur les caricatures du prophète Mahomet et a appelé ses « amis musulmans » à accepter les excuses présentées par le journal danois. « Je partage la détresse de mes amis musulmans qui estiment que ces caricatures offensent leur religion. Je défends aussi la liberté de la presse. Mais cette dernière n’est jamais absolue, elle comprend une responsabilité. Ce qui est important c’est que le journal qui avait publié ces caricatures a présenté des excuses ». Kofi Annan avait affirmé jeudi que « la liberté de la presse devrait toujours être exercée dans le plein respect des croyances et des piliers de toutes les religions ». Il a appelé aujourd’hui « ses frères musulmans à pardonner, au nom d’Allah le miséricordieux », à « accepter les excuses formulées par le journal qui avait publié les caricatures » et à « aller de l’avant ». « J’appelle tout le monde à s’abstenir de prendre des mesures propres à envenimer la situation ». « Il ne faudrait pas que des mesures soient prises pour punir toute la nation danoise ou l’Europe entière pour les actions de particuliers ». « Je crois donc que mes frères musulmans devraient accepter les excuses ». (Déclaration, samedi 4 février) Susilo Bambang, le président d’Indonésie : « La publication des caricatures marque clairement un manque de sensibilité à l’égard des croyances d’un groupe religieux ». Les dessins représentent « une insulte aux symboles de la religion et ils blessent les sentiments des musulmans ». Le président a toutefois appelé les Indonésiens à rester calmes et ajouté que son gouvernement avait accepté des excuses présentées par la direction du journal danois et pris note de la volonté d’apaisement exprimée par le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen. (Déclaration, samedi 4 février) Javier Solana, le Haut représentant de l’Union Européenne pour la politique étrangère, a appelé « au respect mutuel ». « La tolérance et le respect mutuel jouent un rôle tout aussi important que le principe de la liberté d’opinion ». « Je me trouve en contact permanent avec des responsables des pays islamiques et des gouvernements arabes. J’essaie de calmer la situation et appelle au dialogue et au respect mutuel ». (Déclaration, samedi 4 février) Le mufti Mustafa Ceric, chef religieux des musulmans de Bosnie a affirmé que l’Europe était « malade d’islamophobie », tout en qualifiant d' »erreur » les protestations violentes de musulmans contre la publication en Europe de caricatures du prophète Mahomet. L’Eglise orthodoxe russe, par la voix du porte-parole du patriarcat de Moscou, Mikhaïl Doudko, cité par l’agence Itar-Tass, a condamné la publication « inacceptable » en Norvège et au Danemark de caricatures du prophète Mahomet. « Il est très dangereux d’insulter les sentiments religieux, dans la mesure où ils sont exceptionnellement profondément ancrés dans l’âme humaine ». « On ne peut pas parler de guerres de religions », a ajouté Mikhaïl Doudko, estimant cependant « inacceptable, l’outrage aux sentiments religieux ». Le responsable religieux ajoute que les orthodoxes russes ont été confrontés au même problème par le passé avec l’exposition à Moscou d’oeuvres d’artistes russes que le patriarcat, et la mairie de Moscou, avaient qualifié de blasphématoires. Saïd Branine, responsable d’Oumma.com, site internet de débats sur l’islam, a illustré les protestations des responsables associatifs musulmans qui se sont dits indignés par les caricatures de Mahomet assimilant l’islam au terrorisme mais ils incriminent le racisme et l’islamophobie plutôt que le blasphème. « En tant que musulmans, bien sûr nous sommes indignés »,a-t-il déclaré. »Mais c’est un acte raciste, rien d’autre ». Jack Straw, le ministre britannique des Affaires étrangères. La publication des caricatures du prophète Mahomet dans la presse européenne est « indélicate ». »Je pense que la nouvelle publication de ces caricatures n’était pas nécessaire, qu’elle a été indélicate, manquant de respect et que c’est quelque chose de mal », a-t-il dit. « Il y a la liberté de la presse, nous la respectons tous. Mais il n’y a pas d’obligation d’insulter ou d’être gratuitement incendiaire », a ajouté le ministre en recevant à Londres son homologue soudanais Lam Akol. M. Straw a également rendu hommage à la « responsabilité » et à la « délicatesse » des médias britanniques, dont aucun n’a publié les images, à l’exception de très courts passages dans des journaux télévisés de la BBC et de Channel 4 jeudi. Un porte-parole du Premier ministre Tony Blair avait estimé jeudi qu’il était « entièrement du ressort des médias de décider s’ils veulent ou non » publier les caricatures. L’Imam Abdullah Hussein dans la principale mosquée de Stone Town à Zanzibar, archipel dont 98% de la population est musulmane: « Les ennemis de l’islam se servent de journalistes pour publier des articles dans le but de ternir (l’image de) l’islam et d’insulter le prophète ». « La punition la plus convenable pour les rédacteurs en chef des journaux qui ont insulté le prophète est la mort », a déclaré de son côté,Sheikh Khalid Azan, militant d’un groupe religieux zanzibari, l’organisation pour la promotion de l’islam. « Il est inacceptable d’utiliser la liberté de la presse pour insulter la foi des autres », a-t-il ajouté. Wadah Khanfar, directeur de Al-Jazihra, estime que cette publication « est une insulte pour un milliard de musulmans qui pensent qu’on ne doit pas toucher à certains sujets sacrés ». Il assure que sa chaîne respecte « profondément la liberté d’expression, qui est un besoin très important, notamment dans le monde arabe ». « Mais, ajoute-t-il, ces images ne donnent aucune information et ne livrent aucune opinion. Elles sont purement insultantes ».Wadah Khanfar précise que sa chaîne parlera des images en question, mais qu’elle ne les montrera pas à l’écran. Akbar Hachémi Rafsandjani, le chef du Conseil de discernement en Iran, a espéré vendredi que les réactions de colère des musulmans à la publication de caricatures du prophète Mahomet « sera une leçon pour ces gens ». « Les musulmans eux-mêmes ont réagi. Les gouvernements ont réagi après les manifestations. J’espère que cela sera une leçon pour ces gens », qui ont publié ces caricatures, a-t-il dit lors du sermon de la prière du vendredi, à Téhéran. Gerhard Haderer, caricaturiste autrichien, qui avait été condamné en 2003 en Grèce pour une bande dessinée sur la « Vie de Jésus », a demandé vendredi que « la liberté de la presse soit, à tout prix, préservée » en Europe. « Il ne faudrait pas que (dans l’affaire des caricatures du prophète Mahomet) le lampiste (le dessinateur danois ayant réalisé les caricatures) paie ». Le caricaturiste autrichien estime cependant que la publication par un journal danois de dessins mettant en scène le prophète Mahomet avait été « une idée farfelue ». « Je ne ferai jamais une caricature de Mahomet parce que je sais qu’il s’agit d’un tabou pour les musulmans. Mais maintenant que le mal est fait, il faut être solidaire des collègues pour éviter le pire », ajoute-t-il. (Déclaration, vendredi 3 février) La communauté juive de Turquie s’oppose à toute forme d' »attaque et d’humiliation visant les croyances et les valeurs religieuses ». Le communiqué appelle, en outre, les autorités des pays où les caricatures ont été publiées, avec en tête le Danemark, à « entreprendre les démarches nécessaires afin d’apaiser les sentiments blessés » des musulmans. (Communiqué, vendredi 3 février) Abdallah II, roi de Jordanie a affirmé que « l’insulte » au prophète de l’islam était un « crime injustifiable », après la publication par les médias, dont un journal jordanien, des caricatures controversées de Mahomet. C’est « un crime que ne peut justifier le prétexte de la liberté d’expression », a affirmé le roi dans un communiqué reproduit par l’agence officielle Pétra. Le roi « ne tolèrera aucune insulte à la religion musulmane ou à toute autre religion divine. La Jordanie (…) est attachée au respect des principes de l’islam fondés sur le respect des religions et de leurs prophètes ». (Communiqué, vendredi 3 février) Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU : « Il estime que la liberté de la presse doit toujours s’exercer d’une manière qui respecte pleinement les croyances et les principes de toutes les religions », ajoute le communiqué. « Le secrétaire général (Kofi Annan) estime également qu’il est important de surmonter les malentendus et les animosités entre les peuples de traditions culturelles et de croyances différentes par le dialogue pacifique et le respect mutuel » Les Eglises chrétiennes en Turquie : dans un communiqué commun, signé notamment par le patriarche oecuménique orthodoxe de Constantinople Batholomée 1er et le patriarche arménien Mesrob II, ces Eglises expriment « leur affliction et leurs regrets pour l’irrespect (manifesté) à l’égard du prophète de l’islam ». « Nous prions pour que l’amour divin règne dans le monde », déclarent les signataires parmi lesquels figurent les chefs spirituels d’autres petites communautés chrétiennes de Turquie. (Communiqué, jeudi 2 février) Tariq Ramadan, intellectuel musulman : « Il est impératif de bannir la passion dans ce genre d’affaires. Arabes et Européens doivent faire montre de sagesse »[…]Le monde arabe devrait apprendre une certaine « distance critique », a ajouté l’intellectuel, qui souligne que les musulmans sont peu habitués à l’irrévérence. Ils doivent savoir que l’Occident nourrit une longue pratique de la satire en matière de religion, « une tradition de la moquerie qui remonte au siècle des Lumières, à Voltaire ou Diderot »[…] »Tout le monde doit prendre de la distance avec ce genre d’incident, les Danois comme les musulmans. Mais les médias européens devraient ménager les sensibilités arabes, exacerbées dans le contexte actuel, et user de la liberté d’expression avec plus de discernement ». (Déclaration, jeudi 2 février) Tony Blair, premier ministre britannique, a fait savoir par la voix de son porte-parole qu’il était « entièrement du ressort des médias de décider si ils veulent ou non » publier les caricatures controversées du prophète Mahomet diffusées au départ par un quotidien danois. « Ce serait totalement erroné de la part du gouvernement de dicter par avance aux médias ce qu’ils peuvent et ce qu’ils ne peuvent pas faire », a insisté le porte-parole de Downing Street. »C’est aux personnes concernées de se forger leur propre jugement quant à ce qui est légal ou ne l’est pas, ce n’est pas à nous de le faire », a-t-il précisé. « Dans ce pays, les médias ont une certaine façon de se forger un jugement et ils savent qu’ils doivent le faire dans le cadre de la loi ». (Déclaration, jeudi 2 février) Peter Mandelson, le commissaire européen pour le Commerce : « Le fait pour d’autres journaux européens de republier ces caricatures ne fait que jeter de l’huile sur le feu de l’insulte initiale »[…] »J’estime cette initiative plutôt grossière et plutôt immature, et j’estime, dans le cas de telles caricatures, qu’elles sont presque insultantes »[…] « Je peux comprendre la motivation de ces journaux, à un certain point, ils veulent (…) défendre la liberté d’expression, mais ils doivent aussi comprendre l’offense causée par la publication de caricatures de cette nature » (Déclaration, Jeudi 2 février) Franco Frattini, le commissaire européen à la Justice, à la Sécurité et aux Libertés : « Je considère, personnellement, la publication des dessins en question comme peu opportune, même en tenant compte du fait que la satire en question visait une interprétation déformée et manipulatrice de la religion »[…] »Je comprends les sentiments d’affront, de frustration, voire de chagrin, que les communautés musulmanes ressentent (…) Des faits de ce genre ne facilitent certainement pas le dialogue entre religions et cultures ni le processus d’intégration, long et fatigant, dans lequel de nombreux Etats membres de l’Union sont engagés »[…]Ces considérations « ne peuvent ni veulent en aucune manière justifier » les réactions contre le Danemark et d’autres pays européens. « Les violences, les chantages, les appels à boycotter les produits danois ou même à limiter la liberté de la presse, tout cela est totalement inacceptable » Le Maroc, par la voix de son premier ministre, Driss Jettou : « Le gouvernement dénonce ces caricatures qui portent atteinte au prophète et heurtent les sentiments de musulmans », a déclaré le Premier ministre lors d’un conseil gouvernemental. « Nous dénonçons ce qui a été publié sous le prétexte de la liberté » (Déclaration, jeudi 2 février) Mahmoud Ahmadinejad le président iranien : « Les musulmans doivent opposer une réaction de fermeté à de tels actes scandaleux » (Déclaration, Télévision iranienne, Jeudi 2 février) Hosni Moubarak, le président égyptien, a averti contre une mauvaise gestion du scandale des caricatures de Mahomet, publiées par la presse européenne, qui pourrait profiter aux « forces extrémistes et terroristes ». « La poursuite de cette campagne (de publication, ndlr) aura des retombées dangereuses et attisera les sentiments dans le monde musulman et au sein des communautés musulmanes en Europe ». « La mauvaise gestion des retombées de cette campagne donnera davantage de prétextes aux forces extrémistes et terroristes ». « La liberté d’expression et de la presse, que nous garantissons et respectons, ne doit pas être un prétexte pour porter atteinte aux religions et aux croyances ». (Déclaration, jeudi 2 février) Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah : « S’il s’était trouvé un musulman pour exécuter la fatwa de l’imam Khomeyni contre le renégat Salman Rushdie, cette racaille qui insulte notre prophète Mahomet au Danemark, en Norvège et France n’aurait pas osé le faire ». « Nous ne comprenons pas la logique des autorités danoises qui refusent de s’excuser invoquant la liberté d’expression (…). qu’elles sachent qu’il y a des millions de musulmans prêts à défendre l’honneur de leur religion et de leur prophète ». (Déclaration, jeudi 2 février) Peter Mandelson commissaire au commerce, par la voix de son porte-parole Peter Power : « Un boycottage du Danemark serait un boycottage de l’UE. Si le gouvernement saoudien encourage le boycottage, le commissaire aura le regret de devoir saisir l’OMC ». (Déclaration, lundi 30 janvier) Bill Clinton, ancien président américain : « Il y a eu cet exemple affreux en Europe du Nord, au Danemark (…), ces caricatures totalement outragantes pour l’islam. Vous savez en Europe que la plupart des batailles que nous avions menées durant les 50 dernières années étaient destinées à combattre les préjugés contre les juifs, à combattre l’antisémitisme. Et maintenant, que sommes-nous en train de faire ? Remplacer les préjugés antisémites par des préjugés anti-islamiques ? Lorsque les gens voient des informations qu’ils n’aiment pas, vont-ils s’en prendre à l’ensemble d’une religion, d’une foi, d’une région et d’un peuple? ». (Déclaration, lundi 30 janvier) Le Danemark, par la voix du ministre des Affaires étrangères, estime que la publication par des pays européens des caricatures controversées de Mahomet peut renforcer le boycott actuel des produits danois dans les pays arabes. « On peut s’attendre à ce que le boycott se répande encore davantage. Il y a des pays qui n’ont pas encore arrêté (leur position) … et maintenant, des pays comme la France, l’Allemagne, l’Autriche ont publié les dessins ». « Cela peut alimenter les choses ». (Déclaration, jeudi 2 février) L’Algérie, par la voix du ministère des Affaires étrangères a qualifié d' »atteintes outrancières et inadmissibles portées à la sainte figure du Prophète de l’Islam » les caricatures de Mahomet. Ces caricatures soulèvent « une indignation légitime », déclare le ministère dans une déclaration. « L’Algérie partage pleinement cette indignation avec les pays membres de la Ligue des Etats arabes et de l’Organisation de la Conférence islamique (…) Elle appelle les gouvernements des deux pays concernés à prendre toutes les mesures appropriées pour mettre un terme (à ces) pratiques répréhensibles qui doivent fait l’objet d’une ferme condamnation universelle », ajoute la déclaration. Le ministère estime que ces caricatures nuisent à « un dialogue des religions respectueux de leurs spécificités » respectives ainsi qu’à « une alliance des civilisations garante d’une convivialité harmonieuse entre toutes les nations ». Le ministère précise que l’Algérie a déjà présenté des « réactions fermes à l’adresse des autorités gouvernementales concernées par les canaux bilatéraux depuis le mois d’octobre dernier ». (Déclaration, mardi 31 janvier) Le Liban, par la voix du ministre des Affaires étrangères Fawzi Salloukh : « On ne peut se taire face à ces pratiques, notamment dans les circonstances internationales actuelles qui nécessitent les efforts de tous pour apaiser les tensions. Les musulmans font désormais partie intégrante des sociétés occidentales, ce qui nécessite l’adoption d’un système de valeurs (…) qui tienne compte des sentiments de cette communauté. Si le critère de la lutte contre l’antisémitisme était appliqué (pour les musulmans), les musulmans, sémites pour la plupart (…), verraient leurs valeurs sacrées protégées ». « Le Liban, fondé sur le respect de toutes les religions (…), leurs symboles et leurs croyances, et également sur le respect de la liberté de pensée, considère que cette liberté s’arrête aux frontières de l’atteinte aux valeurs sacrées des autres », a-t-il assuré. (Déclaration à la presse, lundi 30 janvier) La Libye par la voix du ministère des Affaires étrangères : « Après les atteintes portées contre le prophète Mahomet et le silence des autorités danoises, la Libye a décidé de fermer sa représentation diplomatique à Copenhague. La Libye prendra des mesures de rétorsion économiques contre le Danemark ». (Communiqué, dimanche 29 janvier) Les Emirats arabes unis, par la voix du ministre émirati de la Justice, Mohammad Nakhira Al-Zahira : « Les offenses publiées relèvent de l’extrémisme culturel, et non pas de la liberté d’expression. Tout en les dénonçant, nous mettons en garde contre leurs conséquences imprévisibles ». Il a appelé l’Onu et ses organismes à « réactiver les lois internationales de dissuasion, qui incriminent toute atteinte au caractère sacré des religions ». Ces lois stipulent « la liberté de culte et de foi, la non discrimination sur une base religieuse », comme elles appellent à « la tolérance ». (Déclaration, dimanche 29 janvier) Le Bahreïn, par la voix du le ministre d’Etat pour les Affaires du cabinet, cheikh Ahmed ben Attiyatallah al-Khalifa : « Le Bahreïn rejette fermement et dénonce les caricatures publiées récemment au Danemark et qui portent atteinte intentionnellement au Glorieux prophète Mahomet et qui ont provoqué les musulmans aux quatre coins de la planète. Le Conseil des ministres dénonce et condamne ces pratiques contraires à tous les principes et les valeurs et met en garde contre leurs répercussions négatives ». (Déclaration, dimanche 29 janvier) L’Organisation de la conférence islamique (OCI), par la voix du secrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu : L’organisation va « demander à l’Assemblée générale de l’ONU d’adopter une résolution interdisant toute atteinte aux religions ». (Déclaration, dimanche 29 janvier) La ligue arabe, par l’intermédiaire du secrétaire général adjoint : La Ligue mène « actuellement des contacts au plus haut niveau avec les pays arabes et l’OCI pour demander à l’ONU d’adopter une résolution contraignante, interdisant le mépris des religions et prévoyant des sanctions contre les pays ou les institutions qui enfreindraient cette résolution ». (Déclaration, dimanche 29 janvier)

 

De mauvais goût, mais…

 
Taïeb Moalla
 
L’auteur est journaliste indépendant. Il réside à Québec.
 

Les 12 caricatures, publiées le 30 septembre dernier par le quotidien conservateur danois Jyllands- Posten, sont insultantes pour les musulmans. L’une d’elles, montrant Mahomet avec un turban en forme de bombe dont la mèche est allumée, cultive l’amalgame entre l’islam et le terrorisme. Elle choque ceux qui croient profondément que toute effigie du prophète relève de l’idolâtrie. Si le but premier du dessinateur était de faire rire, il a clairement raté son coup. Cela dit, il convient de poser les seules questions qui vaillent. Depuis quand le mauvais goût est-il devenu un crime? Le nécessaire respect des religions peut-il justifier que l’on renonce à des principes tout aussi fondamentaux que la liberté d’__expression et de création?

 

Le climat passionnel autour des dessins rend difficile toute tentative de dialogue rationnel. Après tout, les protestataires ont des arguments solides pour justifier leur colère.

 

Le  » deux poids deux mesures  » de la communauté internationale est bien réel. La France adopte une  » loi sur les signes religieux dans les écoles publiques « , généralement perçue comme visant à priver les musulmanes d’exercer librement les principes liés à leur foi. En moins d’un an, les puissances occidentales ont obligé la Syrie à appliquer une décision onusienne, alors qu’Israël viole allégrement des dizaines de résolutions du même organisme, depuis une quarantaine d’années. Sans parler des États-Unis qui bombardent le Soudan et l’Afghanistan, occupent l’Irak, pratiquent la détention illégale et la torture à Guantanamo et à Abou Ghraib, puis menacent la Syrie et l’Iran de sanctions économiques et de frappes militaires.

 

Sans vouloir minimiser ces données, il convient de revenir aux faits. La publication des caricatures est vieille de quatre mois. S’il y a effectivement eu quelques protestations au moment de la parution du journal, l’affaire n’a été relancée qu’à la suite de la demande, faite le 31 janvier par les ministres de l’Intérieur des pays arabes, de  » sanctionner fermement  » les auteurs des dessins.

 

Osons donc une hypothèse. Ces ministres réunis à Tunis représentent pour la plupart des régimes illégitimes, arrivés au pouvoir grâce à l’héritage ou à des élections truquées. Le travail de ces dignitaires consiste, pour l’essentiel, à réprimer les voix discordantes et à brimer toute tentative de libre __expression. En jouant sur la fibre religieuse, ces représentants étatiques tentent uniquement de camoufler l’échec politique, économique et social des régimes qu’ils représentent. Quoi de mieux qu’une polémique portant sur l’islamophobie des  » méchants  » Occidentaux pour détourner le peuple de ses velléités contestataires?

 

Un exemple édifiant

 

Prenons l’exemple de la Tunisie. Voici le pays le plus séculier du monde arabe. Tout en restant présente, la religion ne guide pas tous les pas des citoyens dans leur vie quotidienne. Dans cette contrée, deux acteurs politiques ont réagi de façon prévisible. Le mouvement islamiste (non reconnu) a condamné les caricatures offensantes. Les autorités, coutumières des réponses sécuritaires, ont tout simplement choisi de censurer le numéro du quotidien France Soir qui reprenait les dessins.

 

Par contre, les mouvements démocratiques et laïques ont observé un silence aussi prudent qu’assourdissant. Alors que cette élite condamne, depuis 50 ans, la mainmise de l’État sur les affaires publiques et les différentes interdictions faites aux journaux de la place, personne n’a osé s’élever contre la saisie d’un journal. Pourtant, chacun sait que cette mesure est totalement inutile (et populiste). N’importe quel quidam peut consulter les dessins incriminés, sur Internet.

 

Cet unanimisme de façade entre les acteurs politiques tunisiens (cet exemple reflète parfaitement la situation dans les autres pays arabes et musulmans) est extrêmement dangereux. Il conforte une majorité de musulmans dans un préjugé tenace voulant que tous leurs malheurs viennent de l’étranger.

 
Durant le Moyen Âge européen, la civilisation arabo-musulmane traduisait les écrits indiens, perses et gréco-romains. Les penseurs de l’âge d’or musulman apportaient tout leur savoir-faire dans le domaine des mathématiques, de l’astronomie, de l’architecture, de la chimie et de la médecine. Le fait qu’une large partie du monde islamique soit aujourd’hui en ébullition à cause de simples dessins, aussi injurieux soient-ils, montre le marasme politique et culturel dans lequel se trouve cette partie du monde.

(Source: La Presse (Montréal) le 4 4 février 2006, p. A26 )


Commentaires à l’attention de l’auteur anonyme du journal Alchourouk

Si j’ai horreur de répondre à ce genre d’article, je prendrai quand même le soin de commenter celui-ci, puisque c’est le premier auquel j’ai eu droit de la part d’un journal de la Tunisie d’aujourd’hui. Une Tunisie qui se prétend avancer, à pas sûrs, sur le chemin démocratique.

Par ailleurs, je fais le choix de publier mes commentaires sur Tunisnews, car d’une part, je doute fort qu’un journal comme Alchourouk soit en mesure de me publier, et d’autre part, je ne souhaite pas voir mon nom publié dessus.

En effet, le phénomène des auteurs anonymes est devenu un phénomène courrant. Ce genre d’auteurs, s’attaque en toute irresponsabilité et en toute impunité, aux personnes bien plus qu’aux idées, et ce, sans même parler de capacité de dialogue ou même de débat. Comment pourrait-il faire autrement avec un tel niveau intellectuel et telle maturité politique ?

Par conséquent, je commenterai chaque paragraphe dans l’espoir d’aider cette personne à mieux comprendre des positions qui lui sont incompréhensibles.

أحسّ معظم التونسيين بالخجل من امرأة نكرة تظهر على شاشة احدى الفضائيات مؤخرا لتدعو التونسيين إلى قطع كل صلة بالقضية الفلسطينية.  سمعناها تقول دون حياء:  » لا يجب أن نربط مستقبل الشعب التونسي بمستقبل الشعب الفلسطيني.

D’abord je ne sais comment cette personne a pu deviner ce que la majorité des gens ont pensé de moi en m’écoutant. Soit elle se prend elle-même pour la majorité, soit elle a des dons de voyance ou de télépathie.

D’autre part, un ou une journaliste professionnelle, si tel était son cas, se contente de rapporter les informations sans en référer à sa propre opinion. Par contre, si elle souhaite analyser l’information pour établir un débat, la logique veut qu’elle assume ses dires en signant son article. Or il semble clair qu’elle ne soit ni l’un ni l’autre. Juste une poussière d’individu anonyme, en colère ou en mission, écrivant dans un style dénué de toute objectivité et de toute analyse.

En effet, je persiste et signe que nous ne devons plus lier notre avenir à celui du peuple Palestinien. La Tunisie, autant au niveau du gouvernement qu’au niveau du peuple, a offert aux Palestiniens ce que nul autre pays arabe ne leur a offert.

Nous avons abrité tous les membres de l’OLP lorsqu’ils se sont retrouvés, à cause de leurs choix, rejetés de partout. Puis, nous ne les avons lâchés que lorsqu’ils ont pu rentrer dans leur pays avec la promesse de l’établissement d’un Etat Palestinien indépendant. Depuis, ils ont fait du chemin, et sont aujourd’hui, autrement plus avancés que nous politiquement, puisqu’ils ont accès à des élections libres qui leur permettent de choisir leur gouvernants et de déterminer leur destin par eux-mêmes.

Je ne vois donc aucune raison de lier notre propre destin au leur. Il leur revient de construire leur quotidien dans la paix et l’harmonie ou de détruire le peu qui leur reste par la violence. Ce sera leur choix que nous n’avons pas à partager.

 دافعت المدعوة نايلة شرشور في نفس الوقت دون تورّع عن الارتماء الأعمى في أحضان أمريكا بدعوى الوله بالديمقراطية وعشقها للحرية المغشوشة. كانت تتكلّم من واشنطن حيث حاولت إيهام الأمريكان على ما يبدو بأنها زعيمة حزب في تونس.. حزب لم نسمع به أبدا.

Je n’ai absolument jamais appelé quiconque à se jeter dans les bras des Américains. Par contre, j’assume mon choix d’être pro-américaine que j’exprime publiquement, car je considère que c’est un choix fait librement et de manière réfléchie. Le gouvernement tunisien n’étant pas adepte des libertés politiques, que je considère comme étant une valeur universelle, c’est normal que je m’adresse à ceux qui la pratiquent depuis si longtemps pour apprendre à la pratiquer du mieux possible dans un environnement aussi hostile.

Maintenant, si vous n’avez jamais entendu parler du Parti Libéral Méditerranéen, eh bien c’est très grave ! Car si vous êtes journaliste, vous faites très mal votre métier, et si vous ne l’êtes pas, eh bien ceux sont les journalistes qui ne font pas leur métier. Dans les deux cas, c’est bien à vous, de vous poser les questions suivantes: Pourquoi ne suis-je pas au courrant de se qui se passe dans mon pays ? Pourquoi faut-il que Neila Charchour passe par les Américains pour que j’entende parler d’elle et de ce qu’elle fait?

En raisonnant de cette manière votre raisonnement a de plus grandes chances de se retrouver sur la bonne voie.

نحن لا نلومها على محاولة استغلال سذاجة الأمريكان وجهلهم بالعالم.. لكننا لا  نجد لها عذرا في كرهها واحتقارها لذاتها العربية وارتمائها المخجل في أحضان صقور أمريكا ومحافظيها الجدد.

Je vous trouve particulièrement choquant lorsque vous parlez des Américains en de tels termes. Les considérer naïfs et ignorants, relève de votre propre degré d’ignorance, de suffisance et de stupidité, car on ne devient pas la première puissance mondiale en étant ignorant et naïf. C’est bien le tiers monde qui risque de devenir le cinquième monde, s’il continu avec autant d’arrogance à se complaire dans sa propre ignorance.

 

Quant à l’identité Arabe, c’est une identité strictement politique que je rejette catégoriquement. Jamais, nulle part dans le monde, l’identité n’a été liée à une langue. L’identité est liée à un territoire national. Je suis donc Tunisienne. Cette identité Tunisienne, de part notre histoire, est liée tout autant à la culture arabe, qu’aux cultures orientales et occidentales, des plus anciennes aux plus récentes qui ont traversées notre pays. La culture Arabe ne représente qu’une facette de notre identité nationale Tunisienne autrement plus riche que l’identité des Arabes de la péninsule Arabique.

Quand à mes choix politiques et les choix de mes alliances, ils relèvent précisément des libertés politiques dont nous sommes privés et que je revendique. Depuis 50 ans que nous sommes sous l’emprise d’un parti unique et d’une pensée unique, nous avons perdu tout esprit critique constructif et toute tolérance envers toute différence.

وبقدر ما ندافع جميعا في تونس عن حرية التعبير فإننا نعجز عن فهم تصرفات بعض الانتهازيين والانتهازيات الذين يبيعون الاستقلال والهوية والانتماء بأبخس الأثمان ودونما أخلاق أو قيم.

Je crois que votre définition de la liberté d’_expression se réduit à la liberté de s’exprimer et de penser d’une manière identique à la vôtre. Bien sûr, comme vos maîtres à penser, vous êtes seuls à détenir le bon sens et la vérité. C’est normal, 50 ans de pensée unique ne peuvent mener qu’à ce résultat déplorable.

Quant aux principes et aux valeurs que vous m’accuser de renier, je persiste à affirmer que j’épouse les principes et les valeurs de ceux qui produisent la science et le savoir pour construire un monde meilleur, plutôt que d’épouser les principes et les valeurs de ceux qui ne produisent rien tout en consommant la production d’autrui en toute ingratitude.

 

نعجز أن نفهم كيف تتجنّى هذه المرأة النكرة على بلادها وأمتها.. نعجز أن نفهم كيف تجمع بين الجهل والكذب وبيع القيم الوطنية والقومية.. دون وعي بخطورة الخيانة.

إن التصرفات الرعناء واللامسؤولة التي عمدت إليها نايلة شرشور في واشنطن، حيث دافعت بكل حماس عن سياسة حرق وتدمير المنطقة، قد نجد لها تفسيرا في أمية هذه الأخيرة وتطفّلها على السياسة وضحالة فكرها وانتهازية اللوبيات التي تحاول استغلالها، ولكن لا نجد لها تبريرا مهما كانت المصالح التي قد تكون حققتها هذه الطفيلية المتطفّلة.

Concernant ces deux derniers paragraphes, je préfère carrément éviter tout commentaire. Toutefois, pour votre gouverne, sachez que vous me faîtes vraiment pitié.

Mon père   رحمه الله   disait  الجهل مصيبة:

Quant à moi, j’ai réussi, malgré mon peu de savoir, à obtenir l’écoute et la reconnaissance de la première puissance mondiale.

Essayez tout de même de méditer cela, à moins que vous ne pensiez vraiment que les Américains soient devenus la première puissance mondiale en étant stupides et naïfs et en perdant leur temps avec les plus ignorants d’entre nous.

Neila Charchour Hachicha

Tunis, le 3 Février 2006

 


 

Bourguiba avait raison

Mohsen Toumi

 

 Je me trouvais, il y a des semaines, en conférence avec des amis médecins dans un hôpital . Arrive alors un couple : l’ homme est grand , maigre , la barbe taillée à l’afghane , en kamis surmonté d’une parka. Il porte dans ses bras un bébé .

 

La dame est entièrement recouverte de ce que certains appelleraient une burka et que j’appellerai simplement un linceul. Un linceul noir. Le mari s’absente de la salle d’attente. Juste à cet instant arrive le tour de l’enfant. La dame entre dans le cabinet du pédiatre.Quand l’homme revient et ne retrouve ni son épouse ni son bébé ,il enfonce violemment la porte de l’espace “ soins ”, bouscule une infirmière et entre dans le cabinet du médecin. Ses yeux, profondément enfoncés dans les orbites, brillent comme de fièvre. On l’entend hurler : le praticien n’avait pas le droit de recevoir son épouse en dehors de sa présence , à lui. “ Mais monsieur, c’était le tour de votre bébé” — “ Ma femme ne devrait pas être là ”— “ Je ne me suis pas dévoilée ”, répond l’épouse et elle ajoute : “ J’ai gardé aussi mes gants” — “ Tu te tais, sors ”. Elle revient dans la salle d’attente,cherche une rangée de chaises où il n’y aurait pas de démon masculin proche et se recroqueville comme si elle voulait se rendre invisible. C’est là un témoignage. Ce n’est pas une caricature. Ce n’est pas un archétype . J’avais pitié de cette femme et, par avance ,je m’interrogeais sur l’avenir du bébé si c’était une fille. L’un des droits fondamentaux d’un être humain est d’exister et de ne pas être transformé en fantôme.

 

C’est exactement ce qu’a rappelé M. Abou Bakr Lakhzouri, ministre des Affaires religieuses. Ce n’est ni un vieux gâteux qui dit la chose et son contraire, ni un hédoniste qui entre deux agapes, malmène le Prophète, ni un anti-islamiste contaminé par la virulence de ceux qu’il combat . C’est un universitaire spécialiste de l’Islam en tant que matrice de civilisation globale et évolutive. Il est dans son rôle. Je ne vais pas revenir sur ses déclarations. Je les approuve . Je les approuve non pas d’un point de vue religieux, je ne m’occupe pas de théologie; mais d’un point de vue géo-politique, et là c’est mon terrain, ce qui veut dire que je ne vais pas parler de politique intérieure. Ses déclarations ont soulevé un tollé. Que des citoyens tunisiens les discutent , c’est leur droit, tant que dans les faits ils se conforment aux prescriptions de la loi. Mais de partout, du Golfe à Paris en passant par Genève, sans oublier les bureaux de lobbying de Washington, on est tombé à bras raccourcis sur mon pays . Cette synchronisation et ces convergences soulèvent des interrogations : pourquoi ? Comment ? Au profit de qui ?

 

Les Musulmans représentent un milliard trois cents millions de personnes, Les femmes représentent 52% de cet ensemble, c’est-à-dire 676 millions. Or 5 millions de ces femmes ont un statut de citoyennes complètes, égales aux hommes en droits et en devoirs. Ces 5 millions se localisent dans un seul pays, la Tunisie. Nous gênons. La place de la femme tunisienne dans la société, pour certains, est intellectuellement et moralement “contagieuse”. On nous le reproche depuis août 1956. Qui “On”? Les appareils d’Etat d’une majorité de pays musulmans, quand ce ne sont pas leurs opposants. Au nom de quoi nous interpelle-t-on ? Au nom de la “ Oumma islamique ”. Qu’on ne me parle pas de Oumma. Au mieux, ce terme est l’expression d’un sentimentalisme fumeux, et au pire (ce que je retiens) un argument démagogique pour Ben Laden, Zarkaoui et leurs clones. On nous interpelle aussi au nom de la nation arabo-musulmane (en oubliant les Arabes chrétiens). Qu’on ne me parle pas de “ Nation arabe ”.Au mieux c’est un voeu et au pire (ce que je retiens), c’est une stratégie hégémonique dont le Nassérisme et le Baathisme ont usé. On lance des fatwas contre nous. De, quel droit ? De quoi se mêlent ces gens-là. Ils ne connaissent même pas apparemment la signification de cet acte : la fatwa est un “ avis ” religieux et non une prescription. C’est aussi un acte de jurisprudence valable uniquement dans le contexte de la Chariaa.

 

La Tunisie a des lois qui, tout en s’inspirant de l’esprit de l’Islam, en dépassent la lettre par l’ijtihad ,ce que recommande la religion elle-même. Autrement dit, on se mêle de nos affaires de l’extérieur. Nous ne reconnaissons aucune “ autorité religieuse ” dans le monde,qu’elle vienne du Caire ou de Kandahar. Il n’ y a pas d’église dans l’Islam (la rohbaniata fil islam), sauf chez les Chiites et nous sommes sunnites. Pour les “enturbannés” (je reprends un adjectif employé par Bourguiba) nous sommes une grippe aviaire sociale dont ils se prémunissent. Ils oublient que les idées se répandent plus vite que les oiseaux migrateurs. D’ailleurs si des “ frères ” veulent jouer au badmington des fatwas, on en a autant à leur service : ils sont hérétiques en rejoignant la jahilia en éliminant (pas physiquement heureusement) les créatures de Dieu de sexe féminin ; ils sont hérétiques en réduisant la discussion religieuse à une affaire de textile (qu’ils s’adressent à l’OMC!); ils sont hérétiques en détournant la religion de son rôle spirituel pour l’instrumentaliser dans la lutte pour le pouvoir politique.A tout ceci je mettrais un bémol : j’ai , de par le monde, dans des pays occidentaux, des amis islamistes dont je respecte l’attachement à la religion et dont j’apprécie beaucoup la culture et l’intérêt pour les problèmes de notre temps. Leurs épouses portent le khimar . Je peux comprendre que, au milieu d’une population à l’écrasante majorité non-musulmane, elles aient un réflexe identitaire qui passe par cet attribut, et ce n’est pas un “ morceau de ténèbres ” pour reprendre l’expression de Sami Naïar. Mais la même attitude perd toute signification dans un pays musulman, à moins que…à moins qu’il ne s’agisse de provocation politique.

 

Autres intervenants étrangers dans nos affaires de société , la nébuleuse des ONG et des ligues qui ont pour fonds de commerce “ les Droits de l’Homme ”.Une majorité de ces associations postulent un humanisme réel et mettent en pratique la solidarité humaine . Mais une minorité d’entre elles, les moins transparentes financièrement d’ailleurs , mettent en branle une double démarche : d’une part, elles reçoivent, sans esprit critique aucun,sans vérification des faits, les doléances de mouvements d’opposition situés à l’extérieur de leurs pays respectifs; d’autre part, elles installent des comptoirs dans pratiquement tous les pays africains, arabes, asiatiques et latino-américains et à travers ces passerelles, se donnent les moyens de “l’ingérence” ,en réunissant, dans le même attelage , des gens d’extrême – gauche et des intégristes radicaux . Les conquêtes coloniales du 19ème siècle se sont justifiées a posteriori et continuent à le faire (je pense à la loi française sur les “ Bienfaits de la colonisation ”) au nom des “ Lumières ” . Aujourd’hui on nous investit , grâce aux nouveaux moyens de communication, entre autres, au nom de la démocratie et de la défense des Droits de l’Homme. Ces idéaux, en eux-mêmes, ne peuvent que recueillir l’assentiment et je les fais miens. J’ai sacrifié, pour eux , ma chair et mon affect et, dans mes tournées dans des contrées où sévissent les guerres civiles et régionales, je les vois bafoués, ce qui me révolte. Il arrive cependant qu’on les détourne à des fins contraires à leur essence. C’est alors une démarche coloniale. Et un travail de “Rensei- gnements”. Des mounafikin new-look sont là pour leur ouvrir les portes de la cité. Je ne les qualifierai pas de “ Chevaux de Troie ” mais de “ Bourricots Mercenaires ”.

 

Pourquoi cette montée de fièvre ET MAINTENANT , de la hargne récurrente contre mon pays? La Tunisie , depuis une génération, maintient un rythme de croissance régulier (autour de 5%) avec de réelles retombées sur la lutte contre la pauvreté. C’est une exception. De récentes études montrent que la croissance n’induit pas nécessairement la réduction de la pauvreté. L’éducation, et particulièrement celle des filles, atteint 100% des classes d’âges concernées dans le primaire, c’est-à- dire la base de l’insertion sociale. Nous ne tendons pas la main pour qu’on efface nos dettes, ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans les deux bassins de la Méditerranée. Bien qu’il y ait encore beaucoup à faire, nos universités ont bonne réputation. Nous sommes une société de communication qui ne se contente pas d’importer des logiciels mais en exporte. Des Tunisiennes talentueuses y jouent un rôle éminent malgré les réticences de certains milieux. Mais elles tiennent bon. Tout cela génère des jalousies et la crainte des comparaisons. Cela génère aussi des occultations déroutantes : bien des médias arabes battent le bendir pour célébrer çà et là des réalisations juste symboliques et dans lesquelles les autochtones de tel ou tel pays n’ont joué aucun rôle, sauf la signature des chêques. Mais quand la Tunisie s’installe de plain-pied dans le 21ème siècle, et sans complexe, le silence des mêmes médias nous assourdit. On “ magnifie “ ce qui ne marche pas (nous ne sommes pas parfaits ). On ignore ce qui marche. Certains pays “frères” (je commence à détester ce substantif hypocrite) voudraient-ils se dédouaner auprès de leurs peuples en détournant leur attention vers des futilités, comme le hijab et trouvent ,en la matière, un point de fixation , nous ? C’est probable et regrettable. D’autres, tout en rappelant bruyamment leur nationalisme et leur religiosité aussi (je pense aux Frères Musulmans), coopèrent en fait avec les promoteurs de ce non-sens géographique et culturel qu’est le projet du Grand Moyen-Orient. La Tunisie tout en remerciant diplomatiquement—c’est notre style— ceux qui poussent à cette stupidité, la refuse .Il en découle une conjugaison de poussées orientales et occidentales qui aboutissent à des dénigrements sans fondements. Cette piste mérite d’être explorée plus encore.

 

En 1965, les masses arabes étaient encore assommées par le hashish des rêves baasistes et aveuglées par les rodomontades de Choukeiry et d’autres .En mars de la même année, à la fin d’une tournée dans le Moyen-Orient, Bourguiba leur avait tenu ,à Jéricho (Ariha), en Jordanie, un langage d’éveil : “ Sortez de la caverne des silhouettes et affrontez la réalité ”. On nous est tombé dessus à bras raccourcis,on a brûlé nos ambassades, les médias éructaient à notre égard les pires insanités. Pourtant, l’histoire nous a donné raison. 2005/2006: le Président Ben Ali ayant tenu ferme la barre du navire social, on nous gratifie d’un anniversaire de la bêtise et de la rancoeur. Ils se souviennent de l’inutile. N’oublions pas l’essentiel.

 

(Source : « Réalités » N° 1049 du 2 février 2006)

 


L’arme absolue de la STASI: « Objectif désintégration »
Omar Mestiri 30 janvier 2006
Extrait de la directive transmise par le général Mielke à ses services en janvier 1976 pour liquider les groupuscules d’opposition : « les mesures de désintégration doivent viser à provoquer, utiliser, ou renforcer des contradictions ou des divergences apparues au sein des forces hostiles et négatives, afin de les morceler, de les paralyser, de les désorganiser et de les isoler pour entraver préventivement leurs agissements hostiles et négatifs, en réduire considérablement la portée ou les réduire à néant. Les mesures de désintégration peuvent s’appliquer aussi bien à des organisations, des groupes, des groupuscules qu’à des individus » … Pour mettre en œuvre ce mécanisme on se basait sur les taupes : « Les IM [Inoffizielle Mitarbeiter] car ils peuvent le mieux pénétrer au centre de la conspiration de l’ennemi, la dévoiler dans sa totalité, influencer les personnes suspectées et se procurer les informations » … La taupe devait se documenter sur les membres du cercle de contestataires, leurs idées, leur mode de vie, leurs goûts, leurs faiblesses, leur vénalité, et gagner leur confiance. Pour l’y aider, la Stasi ne lésinait pas sur les perquisitions, la pose de micros dans les appartements, la mise en place de caméras et les filatures. Elle avait les moyens de construire une légende autour de son informateur, de le faire passer pour un dissident disposant de bons contacts avec la RFA, ce qui représentait alors un gage de haute respectabilité parmi les opposants. Une fois entrée chez l’ennemi, la taupe entamait la phase suivante. Extrêmement raffinée, celle-ci consistait à « extraire des personnes du groupe hostile », en clair à semer la zizanie au sein du mouvement. Le judas s’employait à mettre le doigt sur les contradictions du groupe, à accuser les divergences entre les participants et à proposer d’autres stratégies de lutte. Les méthodes de désintégration de l’ennemi visaient aussi à compromettre la réputation des indésirables. Les mesures de désintégration répertoriées par le général Mielke dans la circulaire citée plus haut : – « Discréditer systématiquement auprès du public la réputation ou le prestige à l’aide d’éléments véridiques, vérifiés et compromettants ou d’éléments faux mais crédibles et difficilement contestables »… – « Tout faire pour organiser l’échec professionnel et social d’un individu afin de saper sa confiance en lui »… – « Parvenir à ébranler ses convictions, le pousser à remettre en question ses idéaux et ses modèles et semer le doute dans son esprit sur ses propres capacités »… – « Insinuer la défiance et le soupçon au sein d’une organisation, d’un groupe ou d’un groupuscule »… – « Utiliser et renforcer les rivalités au sein d’un groupe en utilisant la faiblesse de ses membres »… – « Faire en sorte que les groupes soient absorbés par leurs problèmes internes dans le dessein d’entraver leurs agissements négatifs et hostiles »… Tous ces passages ont été extraits du chapitre 4 « l’hystérie sécuritaire » (pages 110 à 114)
 
(Source: Le numéro 40 de Kalima)


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