31 mars 2011

TUNISNEWS
10 ème année,  N°3964 du 31.03.2011
archives : www.tunisnews.net 


Hélène Flautre: Lampedusa: l’urgence d’activer les mécanismes de protection et de solidarité européenne 

AFP:Tunisie/clandestins : 27 corps repêchés

AP:Libération d’un journaliste tunisien d’Al-Jazira détenu en Libye

Larbi Guesmi

: Touches pas à mon frère, touches pas à ma révolution Hasni : Au journal « Le Temps » –Où est votre étique ?


REVUE DE PRESSE


 
COMMUNIQUÉ DE PRESSE – Bruxelles, le 30 mars 2011
 
Italie/Immigration

Lampedusa: l’urgence d’activer les mécanismes de protection et de solidarité européenne


En réaction aux propos tenus par Silvio Berlusconi sur l’évacuation des tunisiens de Lampedusa, Hélène Flautre, eurodéputée du Groupe des Verts-ALE, membre de la Commission des Libertés civiles, estime que:
 
 » Voilà ce qui arrive quand on ne se saisit pas des nombreux outils pourtant à la disposition des Etats membres: Lampedusa est aujourd’hui dans une situation rendue volontairement ingérable, montée de toutes pièces au détriment de milliers de migrants laissés dans des conditions totalement inhumaines. Et ce, alors même que parlementaires et ONGs n’ont eu de cesse d’alerter ces dernières semaines sur la nécessité de mettre en œuvre la directive sur la protection temporaire et d’activer la réinstallation des réfugiés. »
 
 » Il est donc urgentissime que le Conseil active les mécanismes de protection et de solidarité européenne. Berlusconi confronté à une situation organisée par l’inaction européenne et la politique de son gouvernement a donc les mains libres pour imposer ‘sa solution’. »
 
 » Au lieu de s’évertuer – comme le fait l’Italie-  à mettre de la pression sur les autorités tunisiennes pour qu’elles reprennent les migrants et qu’elles en empêchent d’autres de partir, l’Union devrait accompagner le désir de ces personnes, leur droit à vivre en famille et à travailler, notamment par l’octroi de permis de séjour et de travail. L’heure est à l’ouverture d’un dialogue migratoire renouvelé pour une circulation apaisée et fructueuse entre les deux rives de la méditerranée. Ce serait là une contribution décisive et un soutien effectif à la transition démocratique en cours »
 
Isabelle Zerrouk
Attachée de presse
Verts/ALE au PE
Tél fixe 00 32 2 284 27 42
Tél portable 00 32 477 319 474
Site internet: www.greens-efa.org

Tunisie/clandestins : 27 corps repêchés


AFP 31/03/2011 |
Les corps de vingt-sept clandestins tunisiens ont été repêchés après le naufrage de leur embarcation au large de l’île de Kerkennah devant le port de Sfax (sud), a annoncé aujourd’hui l’agence TAP.
 
Agées entre 19 et 42 ans, les victimes étaient originaires de Sfax, Kairouan (centre) et Tunis, a précisé la TAP.
 
La poursuite des recherches effectuées conjointement par les unités de la garde maritime, de la marine militaire et de la protection civile ont permis de trouver 15 autres cadavres s’ajoutant au douze repêchés hier. Selon le ministère de l’Intérieur, l’embarcation aurait fait naufrage avec une trentaine de personnes à bord.
 
Deux jeunes ont été secourus, précise le ministère qui a également annoncé l’arrestation de passeurs par la garde nationale de Sfax, ville d’où étaient partis les clandestins.
 

Libération d’un journaliste tunisien d’Al-Jazira détenu en Libye


AP 31/03/11 19:17
 
TUNIS (AP) — Le journaliste tunisien Lotfi Massoudi, envoyé spécial en Libye de la chaîne qatarie Al-Jazira, a été libéré jeudi, a annoncé l’agence de presse tunisienne TAP, citant une source au ministère des Affaires étrangères.
 
Joint au téléphone par l’Associated Press, l’ambassadeur de Tunisie à Tripoli, Slaheddine Jemmali, a confirmé la libération de Lotfi Massoudi, qui était détenu par les autorités libyennes depuis le 20 mars.
 
Le diplomate a précisé que les trois collègues du reporter de la même chaîne, un journaliste mauritanien et deux photographes, l’un norvégien et l’autre britannique, avaient été également relâchés.
 
Le journaliste tunisien devait quitter le territoire libyen dans la journée pour la Tunisie, a-t-il ajouté. AP

 

Bonjour à toutes et à tous, Nous vous informons que les amis du FDTL à Paris organisent un meeting sous le thème

« Tunisie, la Transition Démocratique ».

Avec la participation du Dr Mustapha Benjaafar, Secrétaire Général du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) Le meeting aura lieu le jeudi 7 avril de 19h à 21h à Mairie du 14ème arrondissement de Paris (Annexe de la Mairie) 12 rue Durouchoux, 750014 Paris, M° Mouton Duvernet Le programme politique du FDTL y sera présenté et discuté avec toutes les personnes présentes. Merci de diffuser cette information de manière élargie pour aider nos amis tunisiens à se construire une idée claire du paysage politique en Tunisie. Amitiés Citoyennes. Cordialement, Le webmaster du FDTL (www.fdtl.org)  


Touches pas à mon frère, touches pas à ma révolution


 
Notre sagesse et notre patriotisme nous ont dicté de ne pas trop demander pour ne pas avorter la révolution et nous ont appris que nous ne devons jamais ni trop admirer ni trop mépriser! Et cela s’avère très très juste avec M. Béji Kaïd Sebsi et son gouvernement provisoire.
 
Les erreurs répétées de ce gouvernement n’ont fait que renforcer les soupçons des plus méfiants et dévoiler la vraie tendance de ce gouvernement: On a gagné plusieurs décennies de gouvernement avec la police et non avec la politique, pourquoi donc changer??? L’expérience de ces dinosaures de la scène tunisienne et sûrement aussi les informations des coulisses leur ont montré qu’ils n’ont aucune chance dans un combat purement politique donc ils ont opté à combattre le politique par la police … et ça commence déjà: après les menaces répétées et à peine dévoilées de M. Kaïd Sebsi sous le prétexte du « prestige de l’état » voilà que vient l’arrestation de l’ingénieur Abdelhamid Jlassi, membre du bureau exécutif de Nahdha, parti qui exerce dans la légalité et la transparence totales, pour déclencher soit un test de bras de fer soit un processus de muselage de l’opposition.
 
Personnellement je m’attendais à de semblables manières policières et j’en étais même sûr que ça ne va pas tarder, dès que j’ai appris la destitution inexpliquée et sans raison du ministre de l’intérieur le respectable M. Farhat Rajhi.
 
M. Kaïd Sebsi est en train de mettre le feu au poudre en se moquant du peuple tunisien qui a payé cher sa révolution inédite et qui a acquis ainsi une réputation et une renommée internationales qu’il n’est prêt à abandonner devant ni contre rien.
 
Après tant de tentatives échouées d’avorter la révolution de la dignité du peuple tunisien ce gouvernement apprendra-t-il la leçon et prendra-t-il un jour la bonne décision de ne plus jouer ce jeu! Sans quoi le peuple est là pour lui tirer les tripes et lui crier de voix vive en plein visage : TOUCHES PAS À MA RÉVOLUTION, TOUCHE PAS À MON FRÈRE !
 
 
Larbi Guesmi / Neuchâtel – Suisse le 30 mars 2011
 

Au journal « Le Temps »

Lettre ouverte d’un apprenti journaliste et cyber activiste.

Où est votre étique ?


30 mars 2011

 

 

Monsieur le rédacteur en Chef,  

Monsieur Badreddine Ben Hidia,  

Aux lectrices et aux lecteurs du journal « Le Temps »,

 

Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’ai pris connaissance du n°12 224 paru le 29 mars 2011. Une image parue en Une, illustrant un article titré « Le sens de la famille … comme chez la Mafia ! » sous la plume de M. Badreddine Ben Hidia a attiré mon attention. Cette image est un photomontage du couple Ben Ali se servant amplement d’argent et sous titrée « ensemble pour le meilleur et pour le fric ».

 

On peut la consulter à cet endroit :

http://www.letemps.com.tn/pdf/1301342872_P%20UNE%2029%2003.pdf

 

Ce photomontage a été réalisé par Reveiltunisien.org et publié le 6 septembre 2006 sous le titre « Les bons côtés de la Suisse ».

 

L’original peut lui être consulté à cette adresse :

http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article2291

 

Effectivement sous la dictature, les journaux officiels et autorisés par le pouvoir ne pouvant réaliser un réel travail, un groupe de citoyens a décidé de créer ce site internet, reveiltunisien.org, dans les années 2000 afin de diffuser les informations censurées en Tunisie, de promouvoir la liberté d’expression en donnant la parole à l’ensemble des personnes qui en était privé.

 

Comme aucun journaliste en Tunisie ne pouvait le faire, nous l’avons fait. Comme aucun caricaturiste ne pouvait faire son travail, nous l’avons fait. Nous avons mené les enquêtes, les interviews, les photos en lieu et place de ceux qui ne faisaient ou ne pouvaient pas faire leur travail de journalistes.

Nous avons aussi donné la parole aux opposants, aux familles de prisonniers politiques, aux internautes et à toutes celles et ceux qui voulaient s’exprimer. Ce travail de 10 ans a été mis à rude épreuve par la censure, par les piratages du site, … Et pourtant il est toujours là et servira, comme par le passé, de lieux de ressources et de consultation d’archives.

 

Aujourd’hui si notre tâche est achevée et que les médias dotés de réels moyens sont là, il nous semble qu’un journal comme le Temps devrait avoir l’honnêteté intellectuelle de citer ses sources et en aucun cas recadrer les images utilisées afin de faire disparaître la signature des auteurs aussi modestes soient-ils à leurs yeux. Cet acte délibéré ne saurait être considéré comme une négligence. Si l’ensemble de notre travail est en « copyleft », c’est-à-dire qu’il pouvait être utilisé et reproduit sans avoir à verser de quelconque droit afin que les rares personnes à avoir œuvré contre la dictature puissent avoir des outils de communication, l’étiquette implique le respect du travail de l’autre.

 

Un journaliste qui ne donne pas le sens réel d’un photomontage tronque l’information comme au temps de la dictature. La pratique reste la même et c’est regrettable. Il suffit donc pas de changer la devanture pour que l’arrière boutique soit propre.

 

Certes, la presse Tunisienne revient de loin et le chemin à parcourir est encore long mais il y une valeur fondamentale à respecter au plus vite : l’étique.

 

Hasni  

Administrateur de reveiltunisien.org

http://www.reveiltunisien.org/spip.php?article3568

 


Les 10 mots de la révolution tunisienne

8. « La bise »


 

T’as vu ça? Il m’a fait la bise! » affirme, médusée, une amie, ancienne syndicaliste, qui m’accompagne à une rencontre avec le bâtonnier de Tunisie.

(Je fais mine de m’inquiéter) – « Oui, et il ne fallait pas? »

– « Mais tu te rends compte, c’est un islamiste, c’est un membre d’Ennahda. Il faut qu’ils avancent bien masqués en ce moment pour en arriver là… »

Un autre jour, assez tard, un ami Tunisien me raccompagne à pied à travers la ville. A une terrasse, deux hommes discutent, debout, une bière à la main. Le ton monte. Ils semblent se disputer en arabe. Je demande à mon ami de quoi ils parlent. Est-ce une dispute personnelle ou parlent-ils politique? « Ils parlent des femmes » –hautement politique donc– « le plus virulent affirme au second que la femme n’est pas l’égal de l’homme, que c’est écrit dans le Coran. Il se demande « comment certains peuvent autoriser leurs filles ou leurs sœurs à aller manifester » m’explique-t-il. Je l’interroge : « Une bière à la main? » « Oui, c’est ça la Tunisie, c’est ça nos islamistes », rit-il.

Place de la Kasbah. Discussion avec des étudiants.

– « Peur de l’islamisme?

– Non pas en Tunisie. Ici nous sommes presque tous musulmans, sunnites, mais même si certains sont pratiquants, beaucoup aussi ne le sont pas. Tu sais, avec Ben Ali nous n’avions pas le droit de pratiquer librement notre religion et il y avait beaucoup de discrimination. Ce n’est pas normal que mon ami ne trouve pas de travail parce qu’il est plus religieux que moi, non? Regarde ces deux filles là-bas. »

(L’une est en pantalon, ni spécialement moulant ni spécialement large, à la mode. L’autre porte un hijab et une robe longue. Elles rient toutes les deux, semblent être de bonnes amies.)

Et l’étudiant de poursuivre :

– « Tu vois, c’est ça la Tunisie: ces deux filles qui rient ensemble et moi et mon ami, l’un religieux et l’autre non qui discutons avec toi ».

Source : « Le Nouvel Observateur » Le 31-03-2011

Lien:http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/les-revolutions-arabes/20110324.OBS0183/les-10-mots-de-la-revolution-tunisienne-8-la-bise.html


Tunisie : opération déminage pour Caïd Essebsi, avant un nouveau sit-in à la Kasbah


 

Le Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi s’est exprimé mercredi soir pour tenter de rassurer l’opinion tunisienne sur l’évolution de la transition. Mais un nouveau rassemblement est prévu à la Kasbah à partir du 1er avril.

Un mois après sa nomination, lePremier ministre du gouvernement de transition, Béji Caïd Essebsi, s’est évertué à rassurer les Tunisiens, même si, de son propre aveu, la situation dans le pays est « alarmante ». Interrogé mercredi soir par trois chaînes de télévision, il a d’abord adopté des postures bourguibiennes en soulignant avec fermeté son indépendance.

« Je suis un homme d’État et en tant que tel, je n’accepte pas qu’on empiète sur mes prérogatives et je n’ai pas à consulter le Conseil de protection de la révolution avant de prendre une décision ou de procéder à une nomination. » Une manière de répondre à ceux qui lui reprochent l’éviction de l’ex-ministre de l’Intérieur, Farhat Rajhi. Il a d’ailleurs indiqué que celui-ci serait appelé à une nouvelle haute fonction et que seules les circonstances sécuritaires expliquaient son départ de l’Intérieur.

En arabe dialectal, Béji Caïd Essebsi a répondu aux nombreuses critiques auxquelles son gouvernement fait face. « Les avocats et les magistrats qui sont venus devant le premier ministère pour scander le slogan de l’indépendance de la justice se trompent d’adresse », a-t-il affirmé, avant d’inviter les esprits au calme. « Tous ceux qui ont nui au pays et ont sali sa réputation seront poursuivis », a-t-il assuré.

Relance économique

Sur le plan sécuritaire et diplomatique, le Premier ministre a expliqué qu’il comprenait les inquiétudes italiennes et annoncé une surveillance accrue des frontières maritimes afin d’endiguer l’immigration clandestine vers l’Europe. Quant àla situation en Libye, il s’est montré très prudent. « Il s’agit d’un pays voisin avec lequel nous avons des relations étroites et des intérêts sociaux et économiques d’où notre position équilibrée en faveur du peuple libyen, tout en nous conformant à la légalité internationale et aux résolutions onusiennes », a-t-il dit. Sans se prononcer sur la détention, en Libye, du journaliste Lotfi Messaoudi, sur Al-Jazira…

Les questions économiques n’ont pas été non plus oubliées. Béji Caïd Essebsi a annoncé une refonte du budget de l’État, dès le mois de mai, et la création de 40 000 emplois dans les régions défavorisées, selon un projet public-privé qui sera présenté le 1er avril. Mais il a insisté sur la nécessité de stopper les grèves. « Il est inadmissible que des personnes sans emploi empêchent les autres de travailler », a-t-il assené.

L’intervention du Premier ministre a cependant laissé nombre d’acteurs de la vie politique sur leur faim. « Il y a un malentendu entre le gouvernement et la haute commission de surveillance de la révolution sur le rôle que cette dernière doit jouer », remarque Abdelaziz Belkhoja du Parti Républicain. « Par ailleurs, la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur ayant appartenu à l’ancien régime est très maladroite. Comme souvent en tant de crise le Premier ministre aurait pu assumer ce portefeuille, d’autant qu’il le connaît pour y avoir exercé », note-t-il.

Réactions mitigées

Noureddine Ketari, ex-secrétaire d’État de Bourguiba et Ahmed Bouazi, membre du bureau du Parti démocrate progressiste (PDP, Ahmed Néjib Chebbi) adhèrent à la pondération de Béji Caïd Essebsi. « Le respect des échéances électorales prévues est fondamental car désormais le pays est dans l’urgence de sa reconstruction », insiste Bouazi.

Abdelwaheb Jounaidi, du parti Ettajdid, souligne pour sa part « la question de la transparence et de la nécessité de faire un inventaire des biens confisqués au clan Ben Ali. Il faut également plus de concertation du gouvernement avec les partis de l’ancienne opposition et veiller à ce que l’ensemble des forces progressistes puisse protéger les acquis de la révolution comme ceux de la Tunisie moderne ».

Enfin, les déclarations de Béji Caïd Essebsi ne semblent pas avoir freiné la rue tunisienne dans ses élans. La tenue d’un sit-in à la Kasbah – dont les deux précédentes éditions avaient conduit à la chute des deux premiers gouvernements de transition – est toujours prévue pour le 1er avril.

Source : « Jeune Afrique » Le 31-03-2011

Lien : http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110331141946/diplomatie-libye-justice-securitetunisie-operation-deminage-pour-caid-essebsi-avant-un-nouveau-sit-in-a-la-kasbah.html


Tunisie, Maya Jribi dénonce « les prêches politiques » dans les mosquées


 

« Aujourd’hui, la seule légitimité possible est la légitimité consensuelle pour pouvoir passer ce cap et parvenir à la légitimité par le scrutin », affirme Maya Jribi dans un entretien avec Gnet.La SG du PDP s’attèle à transformer sa formation, d’un parti de résistance à un parti de masse prêt à assumer des responsabilités nationales, et s’estime être déjà en campagne. Elle se dit favorable  au maintien de la date du 24 juillet pour le prochain scrutin. « Cette échéance électorale est un rendez-vous national et ne doit pas être tributaire des intérêts des uns et des autres ». La patronne du PDP prédit une concurrence rude lors des élections, et considère le foisonnement des partis comme un bon signe. « La distinction se fera au niveau du double-langage ou du langage unique ». Le PDP qui reconnaît à Ennahdha son droit d’exister, « dénonce vigoureusement que le mouvement islamique utilise les mosquées pour des prêches politiques », affirme sa SG qui s’engage pour que les mosquées restent en dehors de la compétition politique. Interview. Vous êtes à la tête du PDP depuis le 24 décembre 2006, est-ce que vous pouvez nous parler brièvement de votre parcours politique ? J’ai commencé mon parcours dans les années 80 dans le cadre de l’UGET, à l’époque interdit, et puis au sein de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), ainsi que dans le cadre de commissions chargées des études sur la condition féminine au club Tahar Haddad. Grosso modo, j’avais trois pistes d’intervention : la piste étudiante et militante, celle des droits humains et la piste des actions dédiées à la femme ou à caractère social.En 1983, nous avons fondé le RSP avec Nejib Chebbi et d’autres militants. En 1986, j’ai accédé au bureau politique, quelques années après, j’étais chargée des structures, poste qui m’a beaucoup rapprochée des militants, et qui m’a beaucoup aidée dans ma carrière politique. Je suis de nature, une femme de terrain, j’ai sillonné tout le pays dans des conditions de répression pour être à l’écoute des avis des uns et des autres. Cette phase était extrêmement importante pour accéder à l’autre phase, soit mon accession au secrétariat général du parti en décembre 2006. Depuis sa fondation en 1983, le PDP, ancien RSP, a beaucoup évolué… Notre parti a connu deux congrès importants, ceux de 2001 et de 2006. En 2001, le RSP a été rebaptisé PDP (parti démocrate progressiste), dont le fondement central était la démocratie. Ce congrès a marqué l’ouverture à toutes les écoles idéologiques, et nous avons passé d’un parti à  base idéologique à un parti programmatique. Le congrès de 2006 est également très important, car il a marqué l’alternance au sein du parti. Nous nous sommes dits que le PDP qui prônait l’alternance à l’échelle nationale, devait se l’appliquer à lui-même. L’idée de l’alternance a été acceptée avec réserves même au sein de notre parti. Certains militants pensaient que ce n’était pas le moment, vu la situation difficile qu’on traversait, de remplacer Nejib Chebbi, le charismatique, le rassembleur, et l’homme des missions difficiles. Et là, le PDP s’est clivé en deux : la tendance conduite par la ligne dure et radicale, qui sentait que le pays vivait déjà une période de fin de règne et que le parti devrait se préparer et concevoir sa politique en fonction de cela, et la deuxième tendance qui prônait l’apaisement pour pouvoir mettre en avant les questions de démocratie et des libertés. Il y avait une compétition entre les deux lignes. A ce moment là, moi-même qui défendais la première ligne, ai décidé de me présenter au Secrétariat général, je sentais que j’avais une mission en tant qu’élément fédérateur pour garantir la continuité du parti. Comment a été accueillie votre candidature au secrétariat général, y’avait-il des réserves, ou plutôt une unanimité autour de votre personne ? Il y avait certaines réserves exprimées au congrès au moment du vote ; certains pensaient que le moment était mal choisi pour l’alternance. Le clivage politique au sein du parti était très fort. Finalement, c’est la tendance que je défendais  qui a pris le dessus, et l’histoire nous donne maintenant raison. Depuis, le PDP était devenu un parti programmatique organisé autour des principes de démocratie et de transparence. Tous les points, et ce bien avant le 14 janvier, sont soumis à un débat transparent et approfondi, et sont tranchés par le vote. Au PDP, la direction est collégiale, c’est-à-dire qu’on prône la démocratie participative. Il n’y a pas de différence entre anciens et nouveaux militants. La différence se fait par la compétence, le mérite, le volontarisme et l’implication, ce qui fait qu’on est en  permanence à l’écoute, ce qui créé une écoute dynamique, la direction n’est pas fermée sur elle-même. Lorsqu’il y a un désaccord quelconque au sein du PDP. Qui est-ce qui tranche, est-ce vous-même ou Nejib Chebbi ? Nejib Chebbi est un leader reconnu, avéré et crédible. Il est respecté tant par ses amis que par ses adversaires, qui lui reconnaissent son apport à la vie politique. En cas de conflit quelconque, il peut jouer le rôle de référent informel, et non institutionnel. Sur le plan de la représentativité, la décision revient aux instances du parti. Maintenant que le PDP a quitté le gouvernement, en la personne de Nejib Chebbi, pensez-vous être dans l’opposition ? Je pense qu’être dans l’opposition face à un gouvernement de transition, chargé de l’expédition des affaires courantes, est du non-sens. Nous soutenons toutes les décisions que nous estimons positives, et qui conduisent à la mise en place d’une dynamique en vue de la construction d’une légitimité le 24 juillet, et nous nous opposons aux décisions négatives. Dès la nomination de Béji Caïd Essebsi, j’ai exprimé une position positive et j’ai dit que tous les Tunisiens, tous les partis politiques et les associations de la société civile doivent soutenir cette dynamique à même d’écourter au maximum cette période de transition.

Nejib Chebbi a annoncé récemment que le PDP a entamé une mission de modernisation en vue de se transformer en un parti prêt à gouverner. Vous en êtes où dans ce processus ? A l’instar de la Tunisie qui est en train de vivre une mutation profonde, tous les partis d’opposition sérieuse et de résistance doivent opérer leur mue. Le PDP est un parti programmatique ; nous avons nos visions sur la Tunisie sur les plans social, économique, politique et culturel. Notre parti a participé à tous les rendez-vous électoraux, malgré la répression. Aux législatives de 2009, toutes nos listes ont été invalidées et nous avons fini par nous retirer des élections. Notre rôle était de dénoncer la dictature, d’attirer l’attention des Tunisiens sur la répression et de mobiliser les opinions éprises de liberté dans le monde entier. Maintenant, le parti est appelé à vivre une vraie mutation. Je me sens investie d’une mission importante, celle de transformer le PDP, d’un parti de résistance à un parti de masse concerné par les questions électorales, un parti prêt à assumer des responsabilités nationales et à apporter des réponses concrètes aux attentes de son peuple. Dès le lendemain du 14 janvier, nous avons commencé à recevoir des Tunisiens qui demandent à adhérer. C’est quelque chose de spectaculaire, cet élan des Tunisiens qui ont exprimé le désir de participer réellement à la vie politique à travers leur adhésion à des partis politiques ou à des associations. Le PDP est un parti militant, syndicaliste, celui de la classe moyenne, des jeunes et des femmes. Je suis fière de dire que depuis mon accession au secrétariat général, le PDP a drainé beaucoup plus de femmes et de jeunes qui répondaient à deux messages : le premier est celui du changement, destiné aux jeunes qui cherchent à prendre le flambeau et qui trouvent que l’alternance est possible. Et le deuxième, qui attirait les femmes, est celui de « Yes we can ». Le PDP a commencé donc à rajeunir et à se féminiser bien avant le 14 janvier, grâce à cette souplesse et cette transparence. Après le 14 janvier, nous avons enregistré des demandes d’adhésion très fortes des femmes et des jeunes, de la classe moyenne, des syndicalistes. Il y a aussi la classe moyenne supérieure et le monde des affaires qui manifestent de l’intérêt pour le PDP.  Notre parti offre un cadre à tous les Tunisiens pour se rassembler et construire la Tunisie nouvelle, réellement démocratique et libre. Le PDP prône la justice sociale, l’équité, et la valorisation des  compétences, et œuvre à inscrire la Tunisie dans ce parcours réformiste entamé depuis Khereddine Pacha. Mais, toutes ces valeurs, vous les avez en partage avec tous les autres partis. Tous se proclament de cet héritage. Qu’est ce qui vous distingue vous, en tant que PDP ? Le PDP s’est inscrit dès le départ dans ce parcours, cette démarche n’est pas née après le 14 janvier. La distinction peut se faire au niveau du double-langage ou du langage unique. Je pense, que plus on avance vers le 24 Janvier, plus la distinction se fera sur les propositions concrètes que nous faisons. Comment évaluez-vous la prestation du gouvernement transitoire ? Je dois tout d’abord souligner que nous sommes dans une phase transitoire, à laquelle correspondent des concepts provisoires. La mission principale du gouvernement est de préparer le pays à appeler les Tunisiens aux urnes pour construire une légitimité. D’emblée, Monsieur Caïd Essebsi a réussi à envoyer des messages d’apaisement pour instaurer un climat de confiance et d’espoir. Je pense qu’il est appelé à activer le processus et à faire preuve de plus de rigueur pour une réelle rupture avec le passé. Il doit également faire montre de plus de transparence en vue de clarifier certaines questions qui demeurent entourées d’ambigüité, par exemple qui est derrière la défaillance sécuritaire ? Les snipers ? Le gouvernement a besoin d’envoyer des messages de plus en plus forts, et de rompre avec les symboles de répression. Mais, nous sommes conscients au PDP que cela doit se faire progressivement. Comment réagissez-vous au limogeage surprise de Farhat Rajhi ? Cela ne s’est pas fait dans la transparence. Peu importe les personnes, l’essentiel est que ce ministère extrêmement important, qui a un héritage très lourd derrière lui arrive à changer les rapports entre ses représentants et les citoyens et que ses mesures soient prises dans la transparence, le respect des libertés, et qu’il rompe petit à petit avec tous ceux qui ont contribué à la répression et à la corruption. Ce n’est pas normal que des militants des droits de l’homme continuent à ce jour à être poursuivis. C’est votre cas ? Non, mais je prends acte, et je souhaite, que si c’est réellement le cas, qu’on mette fin à ces pratiques, et j’espère que ça soit fait dans la transparence. Le PDP fait partie de l’instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Pensez-vous qu’elle va parvenir réellement à surmonter ses points de discorde, et à se remettre  au travail ? Elle doit dépasser ses différends, c’est un impératif. Cette instance est investie d’une mission historique. Aujourd’hui, nous sommes conscients au PDP, et tous les partis doivent l’être, que la seule légitimité possible est la légitimité consensuelle pour pouvoir passer ce cap et parvenir à la légitimité par le scrutin. Avez-vous commencé votre campagne électorale ? Depuis le discours du Président par intérim du 3 mars dernier, j’ai réuni les militants et leur ai dit que notre campagne électorale commence ce soir. Nous allons œuvrer à réussir la mutation du parti, à avoir plus de visibilité et une meilleure communication. Il y aura du nouveau en matière de communication du parti sur le net, de l’organisation des structures, des programmes ; des ateliers planchent actuellement sur l’élaboration de propositions concrètes par secteur. Nous allons opter pour la démarche de convention. Les travaux seront rendus publics et mis en ligne, dans une démarche participative et interactive. La commission santé va organiser un séminaire auquel prendront part les intervenants du secteur. Nous allons présenter notre programme santé et y apporter d’éventuelles modifications à la lumière des suggestions et critiques des uns et des autres. Cette même démarche sera adoptée pour les autres secteurs : l’éducation, le développement régional, etc. Cette manière de procéder est un appel aux compétences dont regorge la Tunisie. Par ailleurs, le PDP tiendra son conseil national le 9 avril prochain, au palais des Congrès, à l’occasion de la fête des martyrs. Nous annoncerons le démarrage de notre campagne électorale à l’ouverture de ce conseil. Etes-vous pour le maintien de la date du 24 juillet pour les élections de l’assemblée constituante ? Personnellement, je suis pour le maintien de cette date. La reporter à chaque fois revient à renvoyer le scrutin aux calendes grecques. Cette échéance électorale est un rendez-vous national et ne doit pas être tributaire des intérêts des uns et des autres. Le report des élections aura des conséquences négatives non seulement sur le plan politique, mais aussi économique ; ça va altérer la confiance des investisseurs en notre pays, et empêcher la reprise économique. La  date du 24 juillet est donc jouable ? Elle doit-être jouable. Cette date doit être la priorité de tout le monde, les partis politiques, les médias qui doivent jouer leur rôle de sensibilisation, de conscientisation, et de clarification sans tomber dans la démagogie et les dérapages. Le tissu associatif doit jouer son rôle de relais afin de sensibiliser les citoyens et vulgariser les concepts politiques. La Tunisie compte actuellement 50 partis politiques. Comment réagissez-vous à cette pléthore de partis ? Nous traversons une situation postrévolutionnaire. Cela ne doit pas nous faire peur, c’est un signe de bonne santé. Ce foisonnement de partis traduit cet élan participatif des Tunisiens, tous veulent contribuer à la construction de la Tunisie. Même si cela donne un sentiment d’effritement, je pense que c’est un passage obligé, une effervescence postrévolutionnaire. Si tous les partis jouent leur rôle dans le respect mutuel, je pense qu’on va pouvoir passer cette phase avec succès. Pensez-vous faire des alliances en prévision des prochaines élections ? Théoriquement, une phase électorale peut stipuler une démarche de coalition. Mais, il y a un appel citoyen à la spécificité ; les citoyens ont envie de découvrir les partis un à un. Nous devons respecter cette demande, présenter nos programmes, apporter des réponses aux questions cruciales. Nous serons dans une phase de rude compétition, et c’est tant mieux pour notre pays. J’ai confiance en notre peuple, à nous partis politiques d’être à la hauteur de ses attentes et aspirations. Ce faisant, après le 24 juillet, une coalition programmatique au sein de l’assemblée constituante demeure envisageable. Quelle est votre position envers Ennahdha, d’autant plus que le PDP a rallié des militants islamiques depuis sa mue de 2001 ? Le PDP a toujours défendu le droit d’Ennahdha d’exister, et il en a payé le prix fort. Nous pensons que la Tunisie est appelée à s’ouvrir à tous ses enfants. Je pense que l’islam politique modéré a toute sa place en Tunisie, et c’est là notre position de principe. Depuis le 14 janvier, nous sommes, néanmoins, en compétition l’un par rapport à l’autre. Nous n’avons pas été sur les mêmes positions d’Ennahdha sur de nombreux sujets. Par ailleurs, nous lui reprochons cet amalgame et cette interférence de la politique dans les mosquées, alors que nous avons signé un document historique dans le cadre de l’alliance du 18 octobre, qui stipule une séparation entre Etat et religion dans la société démocratique à laquelle on aspire. Nous dénonçons clairement et vigoureusement l’utilisation des mosquées par Ennahdha pour des prêches politiques. Le PDP œuvrera pour que les mosquées soient en dehors de la compétition politique. Nous sommes tous des musulmans, et nous nous adressons à un peuple musulman qui fera son choix selon un programme politique et un projet de société. Quelle est votre ambition immédiate ? Mon ambition est que la Tunisie réussisse sa transition. Je souhaite voir une participation massive à l’échéance électorale, en vue d’une constituante qui traduit la pluralité, et qui porte les attentes des Tunisiens, et d’une constitution qui garantit les libertés sur tous les plans et la séparation des pouvoirs, afin que la Tunisie soit inscrite résolument dans son processus réformiste.

Source : « GlonalNet » Le 31-03-2011

Lien : http://www.gnet.tn/temps-fort/tunisie-maya-jribi-denonce-les-preches-politiques-dans-les-mosquees/id-menu-325.html


Tunisie : Après l’euphorie révolutionnaire, le vertige des lendemains incertains


 

Un parfum de Trafalgar Square flotte sur l’avenue Habib Bourguiba. Enivrant et libertaire. Un souffle germinal parcourt l’avenue la plus emblématique de Tunis, rebaptisée symboliquement avenue Mohamed Bouazizi, du nom du premier martyr de la révolution tunisienne. La Tunisie entière vit au rythme de la révolution depuis ce cathartique vendredi 14 janvier qui a vu la chute de Ben Ali.

Zine Al Haribine Ben Ali (Ben Ali, le fuyard), quolibet sentencieux parmi d’autres par lequel les Tunisois se vengent de l’ancien maître de Carthage, leur ancien bourreau. «Ethaoura tounssia» est sur toutes les lèvres. Disséquée, analysée, vantée, et parfois même vilipendée, la «révolution tunisienne» est portée au firmament, fonde le nouvel orgueil et la fierté nationale. Dans les bars-cafés transformés en QG de partis politiques, dans les médias publics et privés, la «révolution» est servie sous toutes ses coutures, encensée à satiété, et consommée avec boulimie.

Des débats houleux, sur la laïcité, la nouvelle Constitution, le nouveau code électoral, les élections (de la Constituante) du 24 juillet prochain, la nature du régime : parlementaire ou présidentiel… occupent l’espace public de plus en plus gagné par l’effervescence. On débat aussi de la composante et prérogatives de l’Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la dette tunisienne (14,4 milliards de dollars) et les biens détournés par les clans Ben Ali/Trabelsi. Pas un jour ne passe sans qu’il ne charrie ici son lot de manifestations publiques. Les sempiternelles «Iatissamate» (manifestations) agacent commerçants, taximen, hôteliers… et les nostalgiques de l’ordre policier de Ben Ali. Juges, communaux, avocats, enseignants, hospitalo-universitaires, chômeurs diplômés (plus de 100 000 universitaires sans emploi) travailleurs des régies privés de transports, rapatriés de Libye (Plus de 50 000 Tunisiens travaillent en Libye), étudiants, etc. Tous les corps de métiers sont pris de convulsions, battent le pavé dans l’espoir d’améliorer un pouvoir d’achat, un rattrapage salarial. La cité administrative de La Casbah mitoyenne à l’avenue Habib Bourguiba, l’Hôtel de ville, l’esplanade du Théâtre communal, «edakhilia», le bâtiment du ministère de l’Intérieur aux allures de bunker – et où se trouvent les bureaux des polices politiques – entouré de fils barbelés et gardé par les blindés de l’armée, sont pris d’assaut quotidiennement par des centaines de manifestants.

La révolution permanente

«Thour thour ya chaâb, alla bakia edictatour» (peuple, révolte-toi encore et encore contre les restes de la dictature), scandent des Tunisiens. «C’est une révolution permanente», s’égosille Nizar Amami, syndicaliste PTT et porte-parole de la Ligue de la gauche ouvrière. Très influent au sein de la centrale UGTT et cheville ouvrière du «Front du 14 janvier», le premier conseil de la révolution tunisienne formé d’une dizaines de partis et associations corporatistes et organisations de la société civile, le groupuscule trotskiste est sur tous les fronts.  Des cercles de débats passionnés et passionnants se forment presque toutes les après-midi le long de l’avenue principale et durent jusqu’au milieu de la nuit. Des noria de militants, sympathisants de tous les courants politiques : Baâth, nationalistes nassériens, «khouanjia» (les Frères) BCBG de Nahda, ou les salafistes hard du mouvement Tahrir – interdit –, jusqu’aux mouvements hétéroclites de la gauche et de l’extrême gauche radicale qui s’essaient à l’exercice nouveau de la politique. Une cinquantaine de formations politiques – sur plus de 105 demandes déposées au niveau du ministère de l’Intérieur – dispose désormais d’un agrément en bonne et due forme.

L’inflation démocratique  

«Une inflation de projets politiques. Un supermarché à idées et programmes dans lequel se perdent les Tunisiens trop longtemps sevrés d’expression libre», fait observer Moufida Belghith du conseil de l’Ordre des avocats. «Avant la chute de Ben Ali, nombre de mes amis n’osaient même pas me serrer la main en public. Maintenant, ils le font volontiers, un peu comme pour demander pardon», disait amusé Kamel Comba. A l’instar de centaines d’opposants aux régimes de Bourguiba et Ben Ali, Kamel est passé plusieurs fois par la case prison. De ces endroits «lugubres, noirs et froids» dont regorgeait le régime de Zaba et Bourguiba. Et pas n’importe laquelle : la sinistre prison de Tunis de Gorjani où l’ex-militant clandestin de la gauche radicale et membre fondateur des Patriotes démocrates à l’université (Wadaj) a été embastillé une première fois en 1982, puis en 1985. «Ma mère en est morte de chagrin», ajoute-t-il d’une voix éraillée. Nombre de ces partis qui activaient dans la clandestinité n’ont effectué leur première sortie publique que la semaine dernière. Au cinéma Mondial ou à l’espace El Teatro pour les plus modestes financièrement, le Palais des congrès pour les plus nantis.

Une pléthore de personnages politiques sort de l’ombre, un foisonnement de partis microscopiques nés de la chape de plomb qui n’est plus, de la parole libre. Libre à telle enseigne qu’elle nourri chez certains Tunisiens de l’agacement, de la peur, des appréhensions. «C’est un saut dans le vide et sans parachute», décrit le cinéaste Mohamed Adjbouni. «La révolution tunisienne n’a rien de douce ni de romantique, ajoute-t-il. Ce sont les médias français qui nous ont collé cette appellation absurde de révolution du Jasmin. Mais avaient-ils seulement croisé une seule fois les couronnes de jasmin ? Je me le demande encore !». Peu de touristes se hasardent encore en Tunisie et ce en dépit des offres alléchantes et racoleuses des tour-operators. Et pour cause ! Les braquages, rixes, vols… sont légion – 10 000 prisonniers de droit commun s’étaient évadés des bagnes tunisiens pendant les événements de janvier – écornant la réputation lisse et doucereuse de la capitale tunisienne, jadis mecque des bourses moyennes européennes.

La ville sent assurément moins la rose et le jasmin d’antan. On grille les feux rouges, chose quasi inimaginable il y a à peine 40 jours ; stationnement sauvage de véhicules, ramassage défaillant des ordures ménagères… et à l’image des villes d’Algérie, une armée de vendeurs à la sauvette squattent en toute quiétude les grands boulevards. Le blocage de centaines de municipalités, dont les «élus» RCD ont soit démissionné et/ou se sont volatilisés dans la nature, a installé la ville dans un état de non- gestion. La police et la garde nationale qui suscitent encore la méfiance des Tunisiens se sont mis en mode veille ou presque. L’intervention mercredi dernier des «hakem», les policiers, pour déloger des manifestants qui se sont rassemblés à La Casbah étaient à deux doigts de raviver les tensions.  

Le come-back du RCD

L’euphorie et le triomphalisme révolutionnaires ont cédé peu à peu la place au vertige des lendemains incertains. La peur de l’inconnu. La peur du «retour» du RCD, l’ancien parti au pouvoir, officiellement dissous, mais qui sous d’autres sigles revient au devant de la scène.

Le nouveau Parti national, notamment, à sa tête un ancien ministre de l’Intérieur de Ben Ali. «Le RCD est une bombe à fragmentation. Mille et un éclats peuvent encore nous atteindre», déclarait, dimanche lors d’un meeting, le leader du Congrès pour la République, le neurologue Moncef Merzouki.

La crainte, dit Mustafa Ben Ahmed, syndicaliste et membre de l’exécutif de l’UGTT, est que la Tunisie devienne le nouveau laboratoire de l’internationale islamiste ou du grand capital. Tout est ouvert sur tout dans la conjoncture où nous sommes, y compris une guerre civile, car il suffit de quelques camions d’armes qui entrent par les frontières pour… . «En définitive, si l’insécurité persiste, la situation économique se détériorera davantage, cela ne fera qu’inciter l’armée et sa junte militaire, qui est en train de se former, à l’intervention directe ou indirecte pour la prise du pouvoir. C’est un scénario auquel se prépare sérieusement la nouvelle élite militaire et c’est d’autant plus plausible qu’il rejoint une demande populaire certes pas expressément formulée, mais qu’elle appelle de ses vœux.»

Source: “Elwatan” Le 31-03-2011

Lien: http://www.elwatan.com/reportage/tunisie-apres-l-euphorie-revolutionnaire-le-vertige-des-lendemains-incertains-31-03-2011-118498_117.php


Allons-nous vers une crise du pain ?


 

La récolte du blé d’hiver et des céréales secondaires en mai-juin 2011 en Afrique du Nord sont « généralement favorables », sauf en Tunisie où le temps sec, en janvier, a éteint les espoirs d’un redressement de la production de blé.

Au Maroc et en Algérie, on s’attend à une bonne production céréalière cette année grâce au temps favorable depuis le début de la saison et surtout au soutien de ‘Etat en faveur de l’agriculture. En Egypte, l’on prévoit une production céréalière supérieure aux attentes. Les pays d’Afrique du Nord sont fortement tributaires des importations de blé du pour couvrir leurs besoins. L’Egypte est le premier importateur mondial de blé, avec environ 10 millions de tonnes en 2009/10 (Juillet /Juin). L’Algérie, le Maroc et la Tunisie ont importé respectivement 5,2 millions; 2,3 millions et 1,4 million de tonnes, en dépit des récoltes abondantes enregistrées en 2009. D’après les premières estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production mondiale de blé en 2011 s’élèvera à 676 millions de tonnes, soit une croissance de 3,4 % par rapport à 2010. Ce niveau serait encore inférieur aux récoltes exceptionnelles de 2008 et 2009. La conjoncture actuelle en Afrique du Nord a entraîné de vastes déplacements de population entraînant l’interruption des flux de marchandises et de services, fortement dépendante des importations de céréales.

Source : « Investir en Tunisie » Le 31-03-2011

Lien :http://www.investir-en-tunisie.net/index.php?option=com_content&view=article&id=9472


Le cinéma tunisien se branche sur la révolution


 

Le gouvernement de transition de la Tunisie place le cinéma en première ligne dans sa défense d’une « nouvelle culture de la citoyenneté ». La ministre des Affaires de la femme, Lilia Labidi, nous explique le rôle du cinéma dans l’après révolution.

En Tunisie, où le mouvement populaire débuté en décembre 2010 a fait tomber le régime de Ben Ali, l’après révolution se joue aussi sur le front de la culture. Passée la suppression de la censure (à l’origine de quelques unes des images les plus stimulantes vues depuis longtemps : des livres interdits que l’on remet en vitrine des librairies, des acteurs bannis qui réinvestissent les théâtres), le gouvernement de transition annonce sa volonté de « consolider les acquis de la révolutionen menant une politique volontariste sur le terrain de la culture et des médias » – le cinéma aux avant-gardes.

Dans cette perspective, la ministre des Affaires de la femme, Lilia Labidi, recevait récemment une délégation de réalisateurs tunisiens (parmi lesquels Anis Lassoued et Salma Baccar, auteur de Fleur d’oubli). Son objectif : amorcer une coopération avec les artistes en vue de « créer une nouvelle culture de citoyenneté et de démocratie ». En bref, relayer par l’image les idées révolutionnaires. En étroite collaboration avec le ministère de la Culture, Lilia Labidi présentera dans quinze jours son plan stratégique et espère mobiliser la communauté du cinéma tunisien.

Documenter la révolution

 « La période de transition après la révolution donne le vertige, confie la ministre. Nous sommes face à une inconnue, mais c’est un moment très exaltant, où nous devons profiter du mouvement pour faire avancer les mentalités ». En poste depuis les premières nominations du gouvernement d’Union nationale tunisien le 17 janvier, Lilia Labidi a résisté aux différents remaniements et compte bien mener son projet à terme.

« Notre première priorité est d’informer les femmes, les jeunes, et tous les tunisiens sur ce que sont précisément la constitution, la démocratie, notre code et statut personnel en vigueur depuis 1956, et dont nous souhaitons approfondir les acquis. La création artistique est le meilleur moyen de sensibiliser le plus large public sur ces sujets », explique la ministre.

 Pour le lancement de son plan stratégique, le ministère de Lilia Labidi prévoit donc une grande campagne d’information, articulée autour de « témoignages de proches de martyrs », de lectures publiques, de concerts, et de projections de films documentaires sur la révolution (accompagnées de débats sur la constitution). La ministre souhaite aussi, avec cette « nouvelle culture de citoyenneté », faire évoluer la représentation de la femme dans les médias, en donnant la parole à ces « militantes très actives pendant la révolution ».

 « La Tunisie est connue pour être un pays tolérant, mais l’image des femmes dans les médias souffre encore d’un certain conservatisme, précise Lilia Labidi. Un effet carte postale très souvent critiqué dans certains films qui, face aux contraintes de la censure, favorisaient les belles images plutôt qu’un propos réaliste. Le cinéma n’a pas vraiment aidé à la libération des femmes. »

Une situation d’autant plus étonnante, selon Lilia Labidi, que le cinéma tunisien est composé de beaucoup de femmes, productrices, scénaristes, et réalisatrices. Comme Raja Amari, porte- étendard de la « troisième génération de cinéastes tunisiennes », auteur de Satin Rouge et plus récemment de Les Secrets, qui a été invitée au ministère de Lilia Labidi pour participer à son projet.

 Une réforme du cinéma

Mais cette politique culturelle menée en partenariat avec le ministre de la Culture, Azedine Beschaouch, passe surtout par une réforme de fond du cinéma tunisien. « Notre première difficulté est de retrouver la parole, de retrouver un langage cinématographique. La création, dans le cadre de la censure, et plus encore de l’autocensure, a été très compliquée », confirme  Lilia Labidi.

Baisse des subventions, contrôlea priori sur le contenu des scénarios, autorisations de tournage suspendues : la censure s’était accélérée ces dernières années en Tunisie, particulièrement sous le mandat du ministre de la Culture Mohamed el-Aziz Ben Achour (2004-2008). Période noire de la production nationale, marquée par les contestations du cinéaste Ibrahim Letaïef et par le blocage des projets d’auteurs réputés comme Nouri Bouzid (Making Of) pour « atteinte à la morale ».

Mais le contrôle obsessionnel du pouvoir n’a pas empêché la création d’une scène indépendante, en marge de l’establishment, autour de jeunes réalisateurs et d’amateurs réunis dans des associations, comme la FTCA (Fédération tunisienne des cinéastes amateurs). Ce sont eux qui seront appelés à participer au projet du gouvernement :

« Il y a depuis quelque temps un mouvement de jeunes cinéastes passionnant, qui s’autorisent des propos plus subversifs. On les a vus pendant les manifestations, ils tournaient des films documentaires dans la clandestinité, et aujourd’hui on a besoin de ces artistes pour toucher le public », confirme la ministre.

 Ces jeunes cinéastes devraient bénéficier, en plus de la levée de la censure, des nombreuses réformes promises par le gouvernement dans le domaine de la création. Le ministère de la Culture annonçait ainsi récemment une hausse des financements publics, et des mesures en faveur des techniciens du cinéma, en particulier ceux exclus ou marginalisés par le passé. Le président déchu Ben Ali ne s’était trompé que de quelques mois,lui qui déclarait aux Journées nationales de la culture que « 2010 serait l’année du cinéma tunisien« .

Source : « LesInRocks » Le 31-03-2011

Lien : http://www.lesinrocks.com/cine/cinema-article/t/62439/date/2011-03-31/article/le-cinema-tunisien-se-branche-sur-la-revolution/


Politique : Faut-il avoir peur de Abdelfattah Mourou?


 

Ce n’est pas ‘Ennahdha’ qui nous est venue à l’esprit mais ‘Hizb-ut-tahrir’ quand nos lecteurs, par dizaines, nous ont envoyé des commentaires (le plus souvent passionnés) sur notre dernier papier à propos de Abdelfattah Mourou,  »L’autre illusionniste du Mouvement Ennahdha ! »

Car l’inquiétude des Tunisiens concernant les islamistes d’Ennahdha n’est rien comparée à ce qu’ils pourraient ressentir s’ils se penchaient sur l’étude des thèses de ‘Hizb-ut-tahrir’… et voici pourquoi.

Les Tunisiens font aujourd’hui, plus que jamais, de la politique et comprennent qu’avoir l’opportunité, comme Abdelfattah Mourou, de tout dire à la télévision pour faire de la promo, séduisant au passage les journalistes supposés plutôt le pousser à se dévoiler est un signe sensiblement alarmant. Car, comme dit l’un de nos lecteurs, “…les Tunisiens sont modérés en général mais ils peuvent être influencés par le radicalisme religieux car tout simplement on est un peuple croyant“, et comme pousse un autre “Je vous prie d’avoir un minimum de respect pour vos lecteurs qui sont convaincus par les idées d’Ennahdha ou qui sont en quête pour connaître tous les partis politiques présents en Tunisie“.

Ceci étant dit, la plupart ne sont pas dupes:  »Effectivement le chaikh mourou est un illusioniste. Mais il ne peut tromper beaucoup de monde très longtemps. Lui qui s’est acharné à nous expliquer le besoin de ne pas confondre foi et politique, s’est empressé 2 jours après d’aller à la mosquée de Mégrine parler d’élections et de constitution“. Et une autre: “Je ne suis pas contre les islamistes mais je suis très méfiante envers eux“.

Plus loin, les cartes sont découvertes: “Le pire c’est pas Ennahdha, c’est plutôt les imams autoproclamés et qui font de la politique dans les mosquées, c’est le mec barbu qui a agressé ma voisine il y a deux jours parce qu’elle vend du maquillage, c’est le chauffeur de taxi qui s’est fait tabasser par ses deux clients barbus il y a une semaine car il a refusé de changer de chaîne à la radio…“.

Tout ce que nous devons avoir le courage de dire, c’est qu’il faut reconnaître que les gens d’Ennahdha annoncent qu’ils font de la politique en suivant ses règles établies par les lois de la République. Ils savent que les plus honnêtes d’entre nous ne veulent pas les juger sur les intentions que nous leur accordons et ils jouent là-dessus. Et la polémique à ce sujet est évidemment loin d’être terminée!

Mais revenons maintenant à la raison qui nous a fait dire au début de ce papier que ce n’était pas ‘Ennahdha’ qui nous était venue à l’esprit mais ‘Hizb-ut-tahrir’ quand nous avons lu les réactions de nos lecteurs.

Les gens du ‘Hizb-ut-tahrir’ tunisien ont présenté une demande de visa légal au ministère de l’Intérieur mais il a été refusé. Mais que tout cela aboutisse ou non, ils disent que cela ne les empêchera pas de dormir (et d’occuper le terrain) car ils sont déjà membres d’une immense nébuleuse multinationale présente dans plus de 70 pays dans le monde. Et tous les ‘Hizb-ut-tahrir’, y compris cette branche tunisienne qui nous intéresse, sont adeptes d’un extrémisme politique (mais, quand même, ils ne professent pas la violence, disent-ils) s’inspirant directement des auteurs maudits des années ’70-’80 ; Mortadha Mottahiri, Ali Chariâti, Taqeyy Eddine Ennabahani (c’est lui le fondateur du Hizb dans les années 50)… Ceux qui ne croient ni à la démocratie (qu’ils décrivent comme une illusion entretenue par le système capitaliste) ni aux institutions modernes de l’Etat auxquelles ils opposent purement et simplement un Califat… Si vous voulez apprendre des choses, faites un petit tour sur le site de ce parti multinational :

Source: “wmc” Le 31-03-2011

Lien: http://www.webmanagercenter.com/management/article-103924-opinion-tunisie-politique-faut-il-avoir-peur-de-abdelfattah-mourou


Classement des médias tunisiens sur internet à la date du 31 mars 2011


 

A quelques exceptions près, la majorité des médias tunisiens sur internet ont enregistré un net recul en ce mois de mars, comparativement au mois précédent. L’euphorie de la Révolution commençant à s’estomper, les Tunisiens semblent moins férus d’informations instantanées. En revanche, en comparant ces mêmes chiffres du mois de mars 2011 à ceux deseptembre 2010, on remarquera que la majorité des médias tunisiens sur internet ont vu le nombre de leurs visites (selon Google ad Planner) triplé, voire quadruplé et quintuplé pour quelques uns. En d’autres termes, la révolution a fait découvrir à beaucoup de Tunisiens ce qu’est l’internet et ce que sont les journaux électroniques et ces Tunisiens sont restés fidèles à ces nouveaux médias, après l’euphorie. Concernant le classement des 100 premiers sites web visités en Tunisie, et après la disparition de la censure de l’internet tunisien, il y a lieu de remarquer l’arrivée de pas moins de 7 sites pornographiques. Et cinq de ces sites figurent au top 50 des sites tunisiens les plus visités. C’est, somme toute, chose tout à fait normale et ordinaire puisque c’est la même tendance partout dans le monde. Cela confirme, pour ceux qui continuent à en douter, que la tendance montrée par les chiffres d’Alexa est bel et bien réelle, bien que ces chiffres et ce classement ne soient pas scientifiquement exacts.

Source: “Business News” Le 31-03-2011

Lien: http://www.businessnews.com.tn/Classement-des-m%C3%A9dias-tunisiens-sur-internet-%C3%A0-la-date-du-31-mars-2011,520,24152,1


Béji Caïd Essebssi déboussolé


 

Le premier ministre tunisien, Béji Caïd Essebssi ne sait plus à quel saint se vouer. Sur le plan interne, il n’arrive pas à s’en sortir avec les différentes forces politiques et syndicales qui, au fil des jours, multiplient les revendications et les pressions. Ils insistent pour participer à tous les comités mis en place par le gouvernement et cela « sans avoir ni des idées précises ni l’expérience requise », avouait Essebssi à un chef d’Etat maghrébin qu’il a rencontré récemment. De plus, ces nouvelles figures de la scène tunisienne  ne cessent de critiquer vivement l’équipe gouvernementale. Jugée « incompétente », ils l’accusent d’avoir recours aux « Tunisois » pour remplacer les « Sahillis » alors que les gens de la Tunisie profonde sont toujours exclus du pouvoir, eux qui ont été à l’origine de la « révolution du jasmin ». Un fait illustre les difficultés du gouvernement Essebssi, c’est le départ précipité du ministre de l’Intérieur, obligé de quitter son poste au bout d’un mois seulement. Sur un autre plan, Caïd Essebssi est, à l’heure actuelle, dans la ligne de mire de plusieurs forces politiques, notamment le parti Ennahda du cheikh Rached Ghannouchi, et ce après que le gouvernement tunisien se soit totalement aligné aux côtés des Occidentaux contre le régime libyen. Ces forces n’ont guère apprécié l’annonce du gel des avoirs libyens en Tunisie. Ces avoirs, d’après eux ne sont que des investissements dans plusieurs secteurs, qui ont fait travailler des milliers de Tunisiens, et non des capitaux revenant à la famille de Kadhafi. Dès cette annonce, les villes et les villages frontaliers avec la Libye ont montré des signes de rébellion vis à vis du gouvernement en place à Tunis. D’autre part, la participation de la Tunisie à la réunion de Londres sur l’avenir de la Libye, n’a fait que compliquer les choses. « Nous devons prendre la même position que l’Algérie, en nous abstenant », a laissé entendre, dans une réunion restreinte, Moustapha ben Jâafar, ancien opposant qui a démissionné du gouvernement de Caïd Essebssi. Et Ben Jâafar d’ajouter: « Et s’il y a demain un compromis entre les Libyens, qui va alors payer le prix ? Sûrement pas Si Béji ».

Source : « Maghreb Intelligence » Le 31-03-2011

Lien : http://www.maghreb-intelligence.com/tunisie/1083-beji-caid-essebssi-deboussole.html

 


Tunisie : Zoom sur l’accident de l’hélicoptère militaire de 2002


 

La plate-forme audiovisuelle du Mouvement Ettajdid a recueilli des témoignages et a mis en ligne une vidéo qui relate les circonstances de la chute de l’hélicoptère de l’armée tunisienne en 2002, du côté du village de Ouerfella, près de Mejez El Bab.

Treize militaires, dont le chef d’état-major de l’armé de terre tunisienne de l’époque, le général Abdelaziz Skik, ont trouvé la mort dans l’accident. Les douze autres victimes sont des officiers et des sous-officiers. Les militaires tunisiens  ont été tués dans cet accident au retour d’une mission d’inspection dans la région du Kef.

Source :  http://www.tekiano.com/ness/20-n-c/3549-tunisie-zoom-sur-laccident-de-lhelicoptere-militaire-de-2002.html#


Politique et religion


 

Par Lotfi OUENNICHE

Le pays vit une métamorphose sans précédent. C’est comme si la Révolution du 14 Janvier a injecté un sang nouveau dans les veines et permis une prospection de l’avenir avec de réelles chances de changement vers une vraie démocratie et un avenir meilleur.

L’immobilisme dans lequel il s’est figé durant plusieurs décennies laisse la place à une dynamique et à un déchaînement des passions, perceptibles surtout sur la scène politique.

Rien de plus normal avec la libéralisation de la vie politique, la reconnaissance de nouveaux partis, le retour des opposants à l’activité après avoir été longtemps confinés à militer dans la clandestinité ou à se muer dans un rôle de spectateur ou de figurant.

La classe politique se revigore et chaque partie veut faire valoir ses idées et s’affirmer comme une force capable de mobiliser et influer sur les futures orientations du pays.

A voir ce formidable foisonnement de tribunes, de débats et d’idées, on ne peut qu’être assurés quant à l’avenir de la démocratisation de la vie politique. Seulement, les dangers menacent encore et avec eux le spectre des déviations du retour des vieux démons.

Ceci exige une honnêteté à toute épreuve et le respect de l’idée contraire sans chercher à imposer une prédominance par tous les moyens même illégaux et contraires aux mœurs politiques.

C’est dans ce cadre que le communiqué du ministère des Affaires religieuses appelant les imams-prédicateurs « à garantir la neutralité des mosquées, à ne pas exploiter les lieux du culte à des fins politiques, à se limiter aux aspects religieux et à éviter d’appeler à l’adhésion aux partis », revêt toute son importance.

La religion est une profession de foi qui ne concerne que l’individu. Elle ne doit en aucun cas être mêlée aux confrontations d’idées ni d’être une source d’influence ou de recrutement pour tel ou tel autre parti.

La politique a ses propres missions qui touchent aux différents aspects  de la vie de la société.

Un mélange entre les deux ne peut qu’engendrer une déflagration aux conséquences incalculables.

Source : « Le Temps » Le 31-03-2011

Lien : http://www.letemps.com.tn/article-54576.html


Nouvelle journée de manifestations dans le monde arabe vendredi


 

Manifestation à Deraa, en Syrie, vendredi 25 mars.REUTERS/KHALED AL-HARIRI

La journée de vendredi, au cours de laquelle ont lieu la majorité des manifestations dans le monde arabe, s’avérera cruciale dans de nombreux pays de la région où l’opposition réclame des réformes politiques et un changement de régime à l’image de la Tunisie et de l’Egypte.

Dans la capitale égyptienne, une manifestation est prévue place Tahrir, haut lieu de la révolte qui fit tomber le président Hosni Moubarak en février, à l’appel de mouvements ayant participé au soulèvement, afin de« sauver la révolution ». La Coalition des jeunes de la révolution, un mouvement très actif sur Internet qui a pris l’initiative de cet appel, a présenté des « revendications urgentes », parmi lesquelles un « jugement rapide » du président déchu, de sa famille proche et de plusieurs figures de l’ancien régime. La Coalition réclame aussi une lutte plus déterminée contre la corruption, avec « des mesures plus efficaces pour récupérer les milliards pillés au peuple » sous l’ère Moubarak.

APPELS SUR FACEBOOK

En Syrie, où le président Bachar Al-Assad s’est exprimé mercredi sans annoncer les mesures de libéralisation du régime attendues pour calmer la contestation grandissante, des appels à manifester ont à nouveau été lancés via Internet. « Vendredi, tous les citoyens et les hommes libres (sont invités à venir) de toutes les maisons, de tous les lieux de culte, vers toutes les places, pour une Syrie libre », est-il écrit sur la page Facebook « Révolution syrienne 2011 », l’un des groupes Internet à l’initiative de la contestation déclenchée le 15 mars.

Des dizaines de personnes ont été tuées et des dizaines d’autres arrêtées dans le pays depuis le 15 mars selon des militants des droits de l’homme, lors de la répression de manifestations à Deraa, dans le Sud, et de heurts à Lattaquié, le principal port du pays.

RASSEMBLEMENTS SPONTANÉS

En Jordanie voisine, où le week-end dernier a été marqué par l’attaque d’un rassemblement réformiste par des loyalistes, qui a fait un mort et 160 blessés, des jeunes membres des Frères musulmans prévoient un sit-in devant la mairie d’Amman. Les loyalistes, que le gouvernement n’autorise désormais à manifester qu’en dehors de la capitale pour éviter des frictions, ne prévoient pas de manifestation pour leur part.

Dans le Golfe, aucun appel à manifester n’a été lancé à Bahreïn ni à Oman, théâtres de manifestations ces dernières semaines. Des rassemblements spontanés pourraient cependant se former à l’issue de la prière hebdomadaire en milieu de journée. Dans le sultanat d’Oman, l’armée a délogé mardi une poignée de protestataires qui observaient depuis un mois un sit-in pour réclamer des réformes à Sohar, à 200 km au nord de Mascate.

A Bahreïn, où la dynastie sunnite au pouvoir était depuis mi-février la cible de manifestations essentiellement animées par les chiites, majoritaires parmi la population autochtone, les forces de l’ordre ont mis fin au mouvement mi-mars après le déploiement d’une force commune des pays du Golfe. Selon le ministre bahreïni de l’intérieur, les troubles à Bahreïn ont fait 24 morts, dont quatre policiers.

CRAINTE DES VIOLENCES

En revanche, au Yémen, le président contesté Ali Abdallah Saleh a appelé ses partisans à une nouvelle démonstration de force vendredi, alors que ses opposants poursuivent leur mobilisation. Selon l’agence officielle Saba, « les dignitaires religieux, les chefs de tribu, les représentants de la société civile, les jeunes et les agriculteurs ont commencé à affluer à Sanaa pour participer » à une journée d’appui au président, très isolé après une série de défections.

Pour leur part, les contestataires qui campent sur la place de l’Université à Sanaa ont proclamé vendredi « Jour du salut », mais ont abandonné leur projet initial de marcher sur le palais présidentiel par crainte de violences.

Source: “ Le Monde.fr” Le 31-03-2011

Lien: http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/03/31/nouvelle-journee-de-manifestations-dans-le-monde-arabe-vendredi_1501455_3218.html

أعداد أخرى مُتاحة

Langue / لغة

Sélectionnez la langue dans laquelle vous souhaitez lire les articles du site.

حدد اللغة التي تريد قراءة المنشورات بها على موقع الويب.