31 août 2007

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TUNISNEWS
8 ème année, N° 2656 du 31.08.2007

 archives : www.tunisnews.net

 

C.R.L.D.H. Tunisie: Le bureau du défenseur tunisien des droits humains, Maître Ayachi HAMMAMI, est incendié ATF: SOLIDARITE AVEC Maître Ayachi HAMMAMI LTDH Section de Mehdia: Communiqué Libération: Le procès de sept marins accusés d’avoir aidé des immigrants pourrait remettre en cause les secours maritimes. Le bureau du MEPI à Tunis s’active … Le Temps : Najib Halouani réagit à l’interview d’Ahmed Brahim (premier secrétaire) accordée au Temps Réalités: Quel avenir pour la gauche tunisienne ? Réalités: L’œuvre et la vie de Paul Sebag Le Monde : Entre affection et franchise Le Monde : La France et l’OTAN


C.R.L.D.H. Tunisie Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie membre du Réseau Euro méditerranéen des Droits de l’Homme 21ter rue Voltaire – FR-75011 PARIS  – Tel/Fax : 00.33. (0)1.43.72.97.34 contact@crldht.org  / www.crldht.org

Un acte criminel d’une extrême gravité : Le bureau du défenseur tunisien des droits humains, Maître Ayachi HAMMAMI, est incendié.

 
Aujourd’hui 31 août 2007, un pas d’une gravité inouï a été franchi dans le harcèlement des  opposants et des défenseurs des droits humains en Tunisie : le cabinet de Me Ayachi HAMMAMI situé au 23, rue Mokhtar Ataya à Tunis (à proximité de la Banque Centrale tunisienne) dans un immeuble d’habitation alimenté au gaz, a été l’objet d’un acte criminel de pyromanie. Vers 08H00, lorsque Me Ayachi HAMMAMI arrive à son Cabinet il constate bizarrement que la porte principale n’est pas fermée à clef (alors qu’il l’avait fermée la veille). Une fois à l’intérieur il découvre des traces de feu dans le bureau de la secrétaire. Il se précipite vers son bureau lequel était, à la différence du premier, fermé à clef (sans doute dans le but de retarder l’intervention des pompiers !). La fumée était tellement dense et toxique que l’avocat n’a pas pu entrer. Il appelle immédiatement les pompiers, lesquels arrivent plutôt rapidement mais pas assez pour « sauver » les dossiers des clients ainsi que l’ordinateur professionnel de l’avocat, que les criminels ont pris le temps de lui ôter « le cache » et d’introduire des journaux dans le lecteur dans l’intention manifeste de détruire rapidement l’unité centrale avant l’arrivée de Me HAMMAMI à son cabinet. Vers 11h00 la victime a convoqué une conférence de presse à laquelle ont assisté, outre les journalistes, des personnalités démocratiques (notamment les dirigeants du Collectif 18 Octobre) ainsi que les amis de l’avocat…. Il a été notamment décidé, lors de cette conférence, la création de deux comités : une pour faire la lumière sur cet acte criminel d’une particulière gravité, et l’autre pour secourir matériellement le sinistré et lui apporter le soutien dont il a grandement besoin. Le juge d’instruction et le Substitut du Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis se sont également transportés sur les lieux et ont ouvert une enquête. Le caractère criminel de cet acte ignoble apparaît dans toute sa flagrance lorsque l’on sait par ailleurs que le Cabinet de Me Ayachi HAMMAMI est soumis à une surveillance policière permanente depuis sa participation à la grève de la faim collective qui a donné naissance au Collectif 18 Octobre, et que –par conséquent- sans la complicité des « surveillants » il aurait été impossible aux pyromanes de s’introduire dans le Cabinet de l’avocat. Par ailleurs, il convient de rappeler que le Cabinet de Me AYACHI HAMMAMI est situé dans un quartier soumis à une haute surveillance du fait de l’existence du Bâtiment de la Banque Centrale tunisienne. Autre détail qui mérite d’être mentionné : Me HAMMAMI était chargé de rédiger un rapport sur l’état de la justice tunisienne dans le cadre d’un séminaire organisé par le Réseau euro méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) sur « L’indépendance et l’impartialité de la justice tunisienne » et devant avoir lieu les 8 et 9 septembre prochains à Paris. C’est, probablement,  en vue de détruire les travaux réalisés par l’avocat dans le cadre de cette manifestation que les pyromanes ont mis le feu à son cabinet. Maître Ayachi HAMMAMI est un membre dirigeant du Collectif 18 octobre pour les Droits et les Libertés, secrétaire général de la section de Tunis de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH) et   un  défenseur infatigable  et connu dans le secteur pionnier des avocats. En octobre 2005, à la veille du Somment Mondial sur la société de l’information, il a ouvert ses bureaux pendant plus d’un mois pour accueillir  une grève de la faim illimitée avec sept autres personnalités tunisiennes. Ces locaux sont devenus symbole de la lutte des tunisiens pour les droits et la dignité. Depuis, le cabinet de Maître Ayachi HAMMAMI (et de bien d’autres encore) est assiégé en permanence  par un grand nombre  de policiers en civil dont le rôle est de terroriser les clients en  les poussant à se désister. . Le 31 juillet 2006, il a été victime d’une nouvelle mesure de répression fiscale qui vise à le punir pour ses engagements militants. Il a dû payer la somme de 21 mille dinars (12350 €) faute de quoi le mobilier de son bureau serait  mis aux enchères publiques. Cette punition, parmi d’autres, lui a été infligée pour avoir mis  son cabinet pendant plus d’un mois à la disposition des huit grévistes de la faim en octobre 2005. Cette stratégie d’acharnement, d’intimidation et de harcèlement permanents   mise en oeuvre dans un climat d’impunité totale,  illustre la nature dictatoriale et liberticide de du pouvoir tunisien. Me Hammami se trouve désormais dans l’impossibilité d’exercer sa profession et de faire face à ses obligations familiales, en tant que père de trois enfants, ainsi que sociales et professionnelles. Le CRLDHT dénonce vigoureusement ce crime odieux commis à l’encontre des opposants politiques et des défenseurs des droits humains, un acte d’une extrême gravité qui prédit le pire. Il exige l’ouverture d’une enquête indépendante pour connaître  les criminels, concepteurs et exécutants et les traduire devant la justice. Le CRLDHT attire l’intention des ONG internationales quant à cette situation alarmante qui ne cesse de se dégrader en exigeant l’arrêt immédiat de ces violences. Paris, le 31 août 2007.


L’association des Tunisiens en France

SOLIDARITE AVEC Maître Ayachi HAMMAMI

 
Nous apprenons avec consternation que le cabinet de Maître Ayachi Hammami  situé à Tunis, a fait l’objet d’un incendie, dont le caractère volontaire semble établi, la nuit dernière (jeudi 30 à vendredi 31 août). Secrétaire général de la section de Tunis de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH), cet avocat, militant démocrate  et défenseur des droits humains en Tunisie, s’apprêtait à participer à un colloque sur la justice, organisé à Paris les (8 et 9 septembre 2007) dans un cadre Euro Méditerranéen Faisant part de notre pleine solidarité avec Me Hammami, nous lui exprimons notre amitié La destruction de son matériel informatique, d’une partie de ses dossiers et de son lieu de travail est un nouvel épisode d’une entreprise d’intimidation. Nous lui réaffirmons notre soutien, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, en Tunisie, militent pour la liberté et la démocratie et qui sont victimes de répression et d’intimidations.L’ATF dénonce  dénonce vigoureusement cet acte commis à l’encontre de Me HAMMAMI. L’ATF exige que toute la lumière soit faite pour que les auteurs, de cet acte d’une extrême gravité soient connus et  traduits devant la justice.   
 Le Bureau National  Paris,  vendredi 31 août 2007


Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme
LTDH Section de Mehdia
Mehdia, le 16 juillet 2007
Communiqué
Le comité de section a appris avec une vive inquiétude l’agression abominable qui a été perpétrée contre le jeune Helmy Bouajila le 30 mai 2007 à Mehdia. Elle se serait déroulée ainsi, selon les dires de la victimes, tels qu’ils figurent dans la plainte qu’il nous a montrée le 8 juin 2007, (plainte à laquelle était jointe un certificat médical remis à l’intéressé le 1 er juin 2007 par l’hôpital universitaire de Mehdia) : un groupe de six agents de la Sûreté en civil ont attaqué le jeune Heulmy Bouajila sur la voie publique alors qu’il se rendait, seul, chez un ami à six heures et demi du soir. Sans avoir décliné leur fonction, ou s’être assurés de son identité, ils l’ont jeté à terre et l’ont roué de coups de matraques et abreuvé de grossièretés. Bien que la victime n’ait opposé aucune résistance, ils se sont acharnés sur lui comme s’il en allait d’une vengeance personnelle. Puis ils l’ont jeté dans une voiture, les mains ligotées et l’ont conduit au district de police où ils l’ont présenté à une femme qui a nié le connaître. Ils l’ont alors abandonné dans la salle d’attente sans se préoccuper du sang qui coulait de ses blessures et de son état déprimé.
Au terme d’une longue attente, ils ont pris la décision de le transporter à l’hôpital pour des secours, en qualifiant leur crime odieux de bavure.
Le comité de section, après avoir pris connaissance de ces faits incompréhensibles et du certificat médical qui qualifie les lésions corporelles résultant de cette agression très violente (contusions et blessures à la tête, dont l’une, de dix centimètres, a nécessité une suture, hématomes en divers points du corps, état de santé nécessitant un repos de 21 jours) sans parler des lésions psychiques non qualifiées (obstacles mis aux révisions de la victime qui devait préparer le bac et devra le passer la tête bandée) ne peut que :
1) Condamner (…)
2) Exprimer sa solidarité (…)
3) Exiger l’ouverture d’une enquête indépendante et des poursuites contre les agresseurs (…)
Le comité de section de la Ligue de Mehdia
 
(Source :Tunisnews du 28 août 2007)
(traduction d’extraits ni revue ni corrigée par les auteurs de la version en arabe, LT)


Articles de Juillet et Août

 
 
 
Bernard Ravenel
Bouthaïna Châabane,
Michael Schwartz
Samih Khalaf,
Fayçal Jalloul,
Par Alain Joxe,
Par Philippe Grangereau
Akram Belkaid
Par Faouzia
The Guardian,
PETITION
___________________________________________________________________________
Xavière Jardez
Arthur Lepic,
Salah Anniâmi,
Jerry Kroth
Abdelkader Dehbi
René Naba
REPORTAGE
Jean-Michel Vernochet
 

 
Site dédié à la Résistance des peuples en lutte pour leur indépendance, leur liberté et leur dignité!
 


En Italie, des sauveteurs soupçonnés de jouer les passeurs Le procès de sept marins accusés d’avoir aidé des immigrants pourrait remettre en cause les secours maritimes.

 
Par Eric Jozsef Rome de notre correspondant Ils risquent jusqu’à quinze ans de réclusion. Arrêtés le 8 août alors qu’ils venaient de sauver 44 immigrés à la dérive dans le canal de Sicile, sept marins tunisiens originaires de Teboulba, près de Monastir, comparaissent devant le tribunal d’Agrigente pour avoir «favorisé l’immigration clandestine». Leur procès n’est pas le premier du genre mais l’affaire fait figure de test. Car les sept hommes des deux embarcations rejettent l’accusation de «passeurs» et soutiennent qu’ils n’ont fait que porter secours à un Zodiac en difficulté. «C’est la première fois qu’un procès connaît une telle ampleur. Derrière, il y a apparemment la volonté de dissuader les pêcheurs de porter secours à des personnes en danger, et les immigrants de tenter de venir en Europe», estime Omeyya Seddik, l’un des responsables de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives. «Et cela, ajoute-t-il, alors qu’il est évident que les sept marins ne faisaient pas partie d’une filière de trafiquants.» «Droit maritime».  Selon les Tunisiens inculpés, les immigrés – pour la plupart originaires de la corne de l’Afrique – dont une femme enceinte et quatre enfants parmi lesquels un handicapé, auraient été récupérés le 8 août alors que le vent affichait force 4 et la hauteur des vagues atteignait 2,20 m. Le capitaine de l’une des embarcations aurait alors averti les autorités de Tunis, déclenchant les secours en provenance de la petite île de Lampedusa. Mais à 40 milles des côtes siciliennes, les vedettes italiennes auraient enjoint les deux embarcations de rebrousser chemin sans que celles-ci n’obtempèrent. «Ils ont appliqué le droit maritime sur le sauvetage en mer qui prévoit de rejoindre les côtes les plus proches», insistent les défenseurs des pêcheurs. Mais pour le parquet d’Agrigente, les deux bateaux de pêche ont, au contraire, délibérément cherché à débarquer les clandestins en Italie. Pour preuve, soutient le procureur, les embarcations n’avaient pas de filets à bord. «C’est une technique de pêche, rétorque Leonardo Marino, l’un des avocats. Ces deux chalutiers devaient aider un troisième navire pour remonter les filets. Nous avons demandé au tribunal d’entendre les témoignages du capitaine du troisième navire mais le président a refusé.» Pont.  Deux clandestins ont toutefois confirmé le récit des marins et raconté comment ils avaient été sauvés par les Tunisiens. Quelle que soit l’issue du procès, les organisations humanitaires sont très préoccupées. Elles redoutent que l’affaire des sept Tunisiens ne pousse les marins à ne plus secourir les Zodiac en détresse. Ces derniers jours, plusieurs navires auraient déjà refusé de faire monter sur le pont des clandestins en difficulté de crainte d’être à leur tour accusés de trafic illégal. (Source : « Libération » (Quotidien – France), le 31 août 2007)

Le bureau du MEPI à Tunis s’active …

 
Dans un « Supplément gratuit édité par DEFIMédias et diffusé par le quotidien Le Temps », dont le « Directeur de la publication » n’est autre que M. Raouf CHEIKHROUHOU, le parton de Dar Assabah et dont la « Conception et réalisation » a été assurée par M. Ridha KÉFI et Mme Amel BELHADJ ALI » Table ronde organisée par DEFI-Médias en partenariat avec le MEPI Médias extrémisme Modérateur: Ridha KEFI Organisation: Amel BELHADJALI Lieu: Hôtel Maison Blanche -Tunis – Jeudi 12 juillet 2007 Participants (par ordre alphabétique): -Rafaa BEN ACHOUR :Professeur de Droit public, ancien Président d’Université, ancien secrétaire d’Etat. -Borhane BSAIES: Journaliste chroniqueur au quotidien ‘‘Assabah’’ et présentateur à la chaîne ‘‘ANB’’. -Saloua CHARFI: M aître de Conférence en Information et Communication à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information, chroniqueuse au site‘‘Al-Awan’’. -Larbi CHOUIKHA :M aître de Conférence à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information et chroniqueur au mensuel ‘‘Attariq Al-Jadid’’. -Eduardo CUE :Correspondant à Paris et Washington de la chaîne espagnole ‘‘Televista’’, collaborateur à ‘‘Christian Science Monitor’’ et ‘‘CNN’’ en espagnol. – Ikbal GHARBI : Professeur d’Anthropologie religieuse à l’Institut Supérieur de Théologie,Université Al-Zeïtouna et chroniqueuse au site ‘‘Metransparent’’. -Farhat IDRISSI : Professeur en Civilisation arabo-islamique à l’Ecole normale supérieure. -Khémaies KHAYATI: Journaliste, auteur de l’ouvrage en arabe sur “Le discours fondamentaliste dans les satellitaires arabes”. – Noureddine KRIDIS : M aître de Conférence en Psychologie à la Faculté des Sciences hum aines du 9 avril. -Belkacem MOSTEFAOUI: Maître de Conférence à l’Université d’Alger, chroniqueur au quotidien algérois ‘‘El Watan’’(Algérie). -Hamadi REDISSI: Professeur à la Faculté de Droit de Tunis et auteur de l’ouvrage ‘‘L’exception islamique’’. Pour consulter le contenu intégral des interventions de tous les participants, cliquez sur le lien suivant : http://www.letemps.com.tn/admin/pdf/table-ronde4.pdf

Mouvement Ettajdid – Najib Halouani réagit à l’interview d’Ahmed Brahim (premier secrétaire) accordée au Temps M. Ahmed Brahim veut s’octroyer une légitimité qu’il ne possède pas

 
Après l’interview du premier secrétaire du Mouvement Ettajdid Ahmed Brahim, nous avons reçu de Najib Halouani ex-membre du bureau politique d’Ettajdid et rapporteur de la Commission de vérification des adhésions lors du congrès unificateur d’Ettajdid et des indépendants qui s’est tenu les 27, 28 et 29 juillet 2007, la mise au point suivante. A noter que M. Halouani s’est retiré du congrès. N.S « Suite à l’interview de M. Ahmed Brahim au journal Le Temps du 27/8/2007 concernant le déroulement du Congrès du Mouvement Ettajdid, je tiens, en tant que rapporteur de la Commission de vérification des délégations, à apporter la mise au point suivante : 1) A propos de la validité des délégations, M. Brahim ne peut ignorer, contrairement à ce qu’il prétend, que la Commission de vérification a été dans l’incapacité de procéder à la vérification en bonne et due forme d’un nombre important de délégations du fait de l’absence totale de tout élément sérieux de contrôle. Or, pour qu’un tel contrôle puisse se faire normalement, cela suppose l’existence de supports matériels consistant en des rapports émanant des différentes sections du Mouvement, ou bien des structures représentatives des Indépendants, ce qui ne fut nullement le cas pour l’ensemble des congressistes des deux camps (à l’exclusion des membres du Comité National issus du dernier Congrès pour Ettajdid qui sont membres d’office du Congrès, et des membres du Comité National Paritaire pour la préparation du Congrès suite au consensus établi sur ce point entre les deux parties). Aussi, la liste de 350 personnes établie par M. J. Abdeljaoued, rapporteur de la Commission des adhésions formée par le Comité National Paritaire, avait été présentée au Comité de vérification, mais sans aucun support de vérification crédible. 2) N’ayant pu disposer de moyens de contrôle adéquat, les membres de la Commission de contrôle ont été confrontés au dilemme suivant: – Soit rejeter, pour manque de justification, la délégation de tous les congressistes à l’exclusion de ceux qui ont droit d’office, et être à l’origine pour ainsi dire, de l’avortement du Congrès. – Soit valider, sans aucune exception, mais toujours sans justification, toutes les délégations et sauver ainsi artificiellement la tenue du Congrès. Devant ce dilemme, la Commission a été acculée à retenir la deuxième solution afin d’éviter d’entraver les travaux du congrès. Mais pour cela, elle a dû se rabattre sur des critères d’adhésion évasifs, excluant tout critère qualitatif et se suffisant d’une date butoir, celle du 22/07/2007, pour valider l’appartenance, ainsi que sur des critères non moins équivoques relatifs à la participation au processus d’unification, même s’il était évident pour les membres de la Commission, que de tels critères ne peuvent en aucun cas constituer des supports de vérification valable, surtout si l’on prend en considération la confusion totale qui a précédé et conduit aux adhésions, ainsi que le caractère insaisissable et foncièrement incontrôlable de la participation au processus d’unification. 3) En faisant mine de ne se fonder que sur la stricte littéralité du rapport de la Commission, M. Brahim veut sans doute faire croire aux lecteurs ou à ceux qui veulent bien l’entendre qu’il n’y avait aucun vice de procédure ayant entaché la préparation et le déroulement même du Congrès. Mais le plus grave, est que par cette dénégation, il veut sans doute s’octroyer une légitimité qu’il ne possède pas. Aussi pousse t-il l’aberration à son paroxysme, lorsqu’il escamote systématiquement les vices de procédure ayant induit effectivement un gonflement artificiel du nombre des congressistes en faisant passer ces manquements flagrants pour « des rumeurs fantaisistes dont il entend parler pour la première fois » ( ? !) D’ailleurs, M. A. Brahim sait que le Congrès a débuté avec un nombre effectif d’environ 200 congressistes (et non 350) et que le Conseil Central dont il tire toute sa légitimité n’a été élu qu’au petit matin du 30/7/2007 après le retrait de 65 congressistes membres d’Ettajdid et plus de 13 Indépendants parmi les plus influents et les plus impliqués dans le processus d’unification, et en présence de pas plus de 54 congressistes. Mais sait-il tout de même, puisqu’il se targue d’une légitime majorité, que la liste dans laquelle il figurait n’avait pas fait l’objet d’un vote puisqu’elle a été tout simplement cooptée suite à un marchandage douteux avec quelques anciens dirigeants d’Ettajdid, et cela, à l’insu de tout le monde, surtout des tajdidiens? Décidément, pour M. Brahim, ces faits pourtant têtus, ne sont que des rumeurs fantaisistes et malveillantes. Mais plutôt que de minorer systématiquement ses adversaires pour glorifier sa légitimité factice, n’aurait-il pas mieux fait de méditer sur le sens profond de la légitimité démocratique proprement dite, celle-là même qu’il vient de faire voler en éclats par des coups de main bassement politiques, alors même qu’il se targue de donner la leçon démocratique à tout le monde? Drôle de démocratie que celle-là, et drôle de démocrate!!! » Najib HALOUANI (Source : « Le Temps » (Quotidien – Tunis), le 31 août 2007)

Quel avenir pour la gauche tunisienne ?

 
Par Taïeb Zahar Pendant plusieurs semaines, la vie politique tunisienne s’est polarisée autour du projet de création d’un parti de gauche, laïque et à vocation de représenter des courants appartenant à la gauche démocratique. Ce projet, initié par le mouvement Ettajdid et des personnalités indépendantes, venues d’horizons idéologiques et politiques divers et qui ont appartenu, pour la plupart, à des groupes de gauche dans les années 70 et 80, a suscité une réelle vague d’espoir de la part de ceux, et ils sont nombreux, qui attendent, depuis des années, l’émergence d’un tel parti qui contribuerait à équilibrer davantage le paysage politique tunisien et les rapports de forces qui le déterminent entre le parti au pouvoir qui est celui de la majorité et les courants islamistes. Cet espoir s’explique par deux raisons essentielles. La première est que le besoin de la création d’un tel parti de gauche, ouvert et moderne tout en s’inscrivant dans les choix idéologiques et politiques d’un socialisme qui tente de s’imposer face à des réalités qu’il ne semble pas maîtriser, est bien réel et est partagé par de nombreux Tunisiens. La deuxième raison est que les différentes composantes de la gauche tunisienne, qu’elles soient membres de partis politiques ou qu’elles aient gardé leur indépendance, attendent depuis longtemps la concrétisation d’un tel projet et il était temps de le consacrer dans des structures et un programme politique, économique, social et culturel cohérent. La tâche n’était pas aisée en raison des pesanteurs idéologiques et culturelles, de la survivance de réflexes hérités du passé et de certaines conceptions de l’organisation politique, en plus des différences, profondes dans certains cas, entre des personnalités qui, tout en partageant les mêmes idéaux et des objectifs communs, ont connu des parcours différents. On retrouve, parmi ceux qui ont adhéré au projet, des communistes, d’anciens trotskystes et gauchistes reconvertis aux vertus de la social-démocratie, des indépendants et même des destouriens de cœur… C’est ce qui explique le temps qu’ont pris les réunions, les discussions et les tractations qui ont finalement abouti à un congrès constitutif dont les travaux et les débats ont montré que la politique n’est pas si discréditée dans notre pays. Dès le début des travaux du congrès, l’impression générale a penché du côté du scepticisme tant les positions paraissaient éloignées sur des questions de fond et de principe entre un groupe formé d’anciens communistes et les membres d’Ettajdid acquis à la rupture avec le passé et les indépendants. Cette impression a été confirmée par les interventions, les incidents de séance et les accusations que se sont lancées les deux tendances. On était bien loin de l’esprit de consensus et de l’espoir qui avaient engendré le lancement du projet. La suite est connue. Des membres du congrès se sont retirés en signe de protestation et les déclarations de Thameur Driss, l’un des députés les plus médiatiques de l’opposition, et de Mohamed Ali Halouani ont consacré le point de non retour entre la direction élue par le congrès et ceux qui la contestent. Les critiques de Halouani sont des critiques de fond et ses accusations remettent en cause l’état d’esprit et les choix des nouveaux élus qui seraient, selon lui, porteurs d’un projet de “retour au marxisme-léninisme”. Certains considèrent que le projet était condamné d’avance, tant la tâche était impossible à mener en raison de divergences fondamentales entre ses promoteurs sur les plans idéologique et politique. Nous pensons quant à nous que ce projet était réalisable et qu’il est toujours d’actualité. Il tient à ceux qui y croient de ne pas se démobiliser et de continuer leur action malgré les obstacles et les problèmes qui sont réels et qu’il convient de souligner et de prendre en ligne de compte. La tâche ne sera pas aisée et il faudra beaucoup de courage intellectuel et moral, d’ouverture d’esprit et d’endurance pour la réaliser. Certaines conditions doivent, à notre sens, être réunies. La première est que la gauche tunisienne fasse enfin son autocritique. Toutes les entreprises de refondation des partis de gauche, en Europe notamment, ont commencé par cet acte de courage. A ce propos, il convient de rappeler que la gauche tunisienne a joué un rôle significatif dans le monde étudiant et intellectuel et à travers quelques tentatives d’encadrement de la base ouvrière, mais malgré le courage de ses militants, leur valeur intellectuelle et la répression qu’ils ont subie dans les années 60, 70 et 80, le bilan de la gauche tunisienne est bien en-deçà de ce qu’on attendait d’elle, surtout quand on le compare à d’autres pays, tels que le Maroc par exemple. Ses raisons en ont été analysées et le fait est que si elle veut jouer un rôle politique réel, la gauche tunisienne doit revenir sur son histoire, l’évaluer et en tirer les conséquences. Sans cela elle ne fera que répéter des discours qui ont montré qu’il n’avaient aucune prise concrète sur la société. La deuxième condition est l’élaboration d’une plate-forme idéologique claire et cohérente qui définit la conception que se fait le futur parti des questions essentielles telles que le phénomène islamiste, le rôle de l’opposition, ses rapports avec le pouvoir. Ces positions doivent rompre à la fois avec les tentations de l’opportunisme et de l’adaptation à tout prix aux réalités, et avec les archaïsmes du passé. Sur le plan économique, il est clair que la pensée de gauche, et pas seulement en Tunisie, n’a pas saisi la profondeur des mutations révolutionnaires de l’économie mondiale. Face à la globalisation, qui est devenue une réalité incontournable qui impose ses contraintes et ses lois, elle n’a pas conçu de repères ni de stratégie alternative. Elle doit, si elle ne veut pas être uniquement une force de conservatisme, dépasser l’héritage d’une culture et d’une idéologie qui n’ont plus cours nulle part dans le monde, sans pour autant perdre sa vocation et ses idéaux. Par ces quelques remarques, nous espérons, à Réalités, apporter une première contribution au débat sur l’avenir de la gauche, qui doit concerner tous les Tunisiens et nous ouvrons nos colonnes à tous ceux qui veulent y participer. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1130 du 23 août 2007)

L’œuvre et la vie de Paul Sebag (*)

 
Par El-Mokhtar Bey   Le nom de Paul Sebag s’est mélangé avec l’histoire contemporaine de la Tunisie. Le militant engagé s’est transformé en chercheur de qualité et de talent. Le Professeur Mokhtar Bey retrace la vie et l’œuvre de ce Tunisien d’exception. Paul Sebag naquit à Tunis le dimanche 26 septembre 1919. Son père, Victor (1) fils de Joseph et de Ghazala —Giselle en français— sa cousine, né en la même ville, le 1er octobre 1878, sous le règne de Mohamed es-Sadaq Pacha Bey (1859-1882) dans une Tunisie encore indépendante, était un juif “tounsy” –tunisien– comme l’indique éloquemment son nom arabe “Sabbagh”, signifiant teinturier (2), au contraire de sa mère, Marietta, fille de Nessim Attal et d’Ester (Esther) Chamama (Scemama), une gourniya –livournaise–, descendante des Lumbroso dont Isaac fut le premier grand rabbin de la communauté livournaise de Tunis de 1710 à 1752 sous Husseïn Ben Ali et Ali Pacha (3). Ses parents appartenaient ainsi aux deux composantes historiques de la communauté juive dont les rapports connurent une grave crise en 1710, allant jusqu’à la scission en juillet 1741. Une jeunesse militante Paul, leur quatrième et dernier fils, était donc de confession hébraïque, de sang tuniso-italien et de nationalité française ensuite de la naturalisation de son père en 1914 (3 bis) , en vertu du décret du 3 octobre 1910, avant sa naissance. Licencié en philosophie et en droit, Victor installa son cabinet d’avocat-défenseur au 8 de la rue des Tanneurs à Tunis. Mobilisé (4), il se battit sous la bannière française, à la guerre d’Orient, plus précisément à Salonique et aux Dardanelles, reçut la Croix de Guerre et fut élevé plus tard, au grade d’Officier d’Académie —les Palmes Académiques—, accentuant chez Paul cette profonde admiration qu’il avait pour lui, et qui s’exprimerait par notamment son immuable attachement à la France. Victor marqua profondément son fils par son courage —Paul le montrerait dans son engagement politique au Parti communiste—, par sa francophilie —Paul confierait à son ami Claude Roy, de son vrai nom Claude Orland : «Je suis français par l’état civil…, français par la culture…, français par les sentiments ; j’ai pleuré à chaudes larmes, dans une caserne, le jour de la chute de Paris»—, et par son cursus : philosophie en Sorbonne et droit à la Faculté du Panthéon quoi qu’il rentrât à Tunis, en été 1939, avant la déclaration de guerre des Anglais et des Français à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939, ses études inachevées. Il s’investit aussitôt dans l’action politique au Parti Communiste auquel il adhéra en octobre 1936, à l’âge de 17 ans, alors que sa naissance et son milieu familial israélite aisé, éminemment bourgeois et intellectuel, le destinaient à une carrière paisible, par exemple le barreau, comme son père. Il justifia son appartenance inattendue au marxisme par —écrivit-il— «la synthèse la plus satisfaisante (qu’il réalisa) de la foi des Prophètes de l’Antique Israël et du rationalisme moderne », et au communisme par le but qu’il visait : ne point se limiter à «comprendre le monde», mais le transformer, et son anti-impérialisme par la «tâche numéro 1 du communiste dans un pays colonial : la lutte pour la libération des colonies» (5). Vers la fin de 1943, il épousa Diana (1919-…) d’une «famille d’Italiens de Tunisie républicains, démocrates, partisans de Garibaldi» (6), petite-fille de Sigaglia Gallico, propriétaire de la «Pharmacie beylicale du Lion», de la place de la Bourse à Tunis, et fille de Renato, diplômé des facultés de Naples, Rome et Aix-en-Provence, publiciste, rédacteur de “l’Unione”, journal italophone dont le premier numéro parut le 21 mars 1886, de la “Patria”, de “L’Eclaireur de Tunis”, directeur de “Scettico” et de “Grigio-Verde”…, trésorier du syndicat de la presse tunisienne de 1903 à 1906, représentant des auteurs italiens en Tunisie…, —ce qui lui permit de faire représenter plusieurs chef-d’œuvres du théâtre lyrique moderne italien de Tunis— fondateur en 1898 de la section tunisienne de la Ligue franco-italienne de Paris…, homme d’affaires et avocat à Tunis en 1926. Diana et Paul avaient le même âge, étaient des amis d’enfance, voisins à Carthage, copains à Paris et membres actifs du Parti Communiste de Tunisie. Diana serait d’ailleurs condamnée en 1942 par les tribunaux de Bizerte et de Tunis à 18 mois de détention toutes peines confondues, et ne quitterait la prison de Constantine qu’à la mi-mars 1943(7), quelques mois avant son mariage d’amour. De cette union naquirent Aline et Renée qui épouseraient la première, Cattelin, et la seconde, Robichon. Père de famille en 1945, Sebag dut reprendre en 1946 ses cours à Paris où, à l’instar de son père, il obtint en 1947, ses licences en philosophie et en droit. Il rentra aussitôt à Tunis pour enseigner le latin, le français et l’instruction civique au Lycée Carnot, avant d’entreprendre une prodigieuse activité universitaire. Place à l’essayiste Elle débuta par la publication, en 1951, d’un ouvrage sur la société et l’économie, intitulé “La Tunisie, essai d’une monographie” (8), puis en 1956, “d’une enquête sur les salariés de la région de Tunis” (9) qui lui ouvrirent, en 1957 les portes de l’Institut des Hautes Etudes pour y enseigner une discipline nouvelle : la sociologie urbaine tunisienne dans laquelle il excellerait en publiant de nombreux travaux qui n’épuiseraient cependant pas l’entièreté de son temps. Il le partagea avec l’histoire qu’il honora dans de savants ouvrages et articles dont il publia plusieurs dans “L’Encyclopédie de l’Islam”, la revue de “l’IBLA”, la Revue d’Histoire Maghrébine, la revue de “Céres”, la “Revue africaine” etc… et bien évidemment, dans celle qu’il créa et dirigea trois années durant, “Les Cahiers de Tunisie”. Ses cours de sociologie, il les dispensait à la Faculté des lettres et des sciences humaines du 9 Avril à la création de laquelle il participa (10). En octobre 1977, le gouvernement tunisien ne renouvela pas son contrat de coopération, ni —semble-t-il— son permis de séjour. Il en fut profondément bouleversé —pourquoi une telle mesure à deux années de la retraite ?— désorienté —que faire de son immense bibliothèque?— et meurtri : la Tunisie n’était-elle pas son pays natal ? N’était-il pas —comme il l’écrit à Claude Roy— “un patriote tunisien, enraciné dans ma terre natale… parce que, à vingt ans, j’ai lu les “Déracinés” de Maurice Barrès” .(11) La veille de son départ, il se promena, en guise d’adieu, tristement, aux bras de Diana, dans les thermes d’Antonin à Carthage, sa résidence de toujours —il habitait la villa Belle-Rive sur la route du Kram-Sidi Bou Saïd d’avant l’indépendance—. Là, adossé à un muret de pierres romaines, il regarda silencieusement, au loin, l’horizon marin, les larmes aux yeux… (12). Le lendemain, il quitta le pays de sa naissance, de sa jeunesse, de son épanouissement familial, professionnel, culturel, de son engagement politique aussi, pays à qui il donna tant ! Aucuns officiel, collègue, étudiant ne vinrent le saluer ! Il partit, anonyme d’entre les anonymes, probablement le cœur serré et la gorge nouée ! Il rejoignit la faculté de Rouen, à Mont Saint-Aignan, pour y enseigner, durant deux années, la démographie en qualité de maître-assistant car il n’était ni agrégé, ni docteur quoiqu’il rédigeât, en 1970, une thèse qu’il remanierait et publierait chez l’Harmattan en 1998, sous le titre : “Tunis, histoire d’une ville” (13). Sa retraite, il la consacra à l’histoire des juifs de Tunisie et à celle de la Tunisie. C’était sa façon d’entretenir le lien avec cette terre natale qu’il aimait et pour la connaissance de laquelle il encourageait toutes les initiatives, conseillant, expliquant, fournissant pièces et documents car il était généreux. A preuve, le legs à la Faculté de lettres de la Manouba du tiers de sa bibliothèque, fort belle, à l’image de son immense savoir. Il lisait, en effet, le grec et la latin dans le texte, parlait et écrivait parfaitement l’anglais et l’italien. Il traduisit, par exemple, à Pierre Soumille, des documents en cette langue, intéressant son étude sur “Le cimetière européen de Bab el Khadra à Tunis” (14), et de l’anglais au français les opuscules du chapelain britannique, vivant à Marsa où il reçut Gustave Flaubert, Davis Nathan, sur Tunis au temps d’Ahmed 1er (1837-1855), publié en 1841 (15), et du voyageur israélite roumain, Benjamin II, qui visita le Royaume de Tunis en 1853, sur la minorité juive et son activité économique et agricole, publié en 1859 (16). Il connaissait l’arabe et —dit-on— l’espagnol. Il aimait énormément les lettres et le théâtre, et avait une immense culture littéraire russe et française ; il possédait admirablement, entre autres, Balzac et Stendhal. Il adhéra, vers 1955, à l’association, présidée par le Docteur Ange Guttières, un dentiste féru de littérature, et dont le secrétaire était son ami, Henri Merlène, un communiste professeur de français au Lycée Carnot, et l’objet : l’échange d’universitaires et le développement de la culture. Y exprimèrent leurs talents, des hommes politiques comme le psychologue Henri Wallon (1879-1962) ; des écrivains ou parents d’écrivains telle madame Psichari, petite-fille d’Ernest Renan ; des médecins comme le docteur Lucien Lévy, psychiatre à Tunis ; des romanciers tels l’Algérien Kateb Yassine (1929-1989), auteur notamment du roman “Nedjma” et de la pièce théâtrale “Le cercle des représailles” et Claude Roy (1915-1997), auteur notamment de “La traversée du Pont des Arts”, de poèmes tel “Un seul poème”, et de mémoires avec “Moi je”, paru en 1969, et “Nous” en 1972 (17). Son œuvre est extrêmement variée et riche. Il avait beaucoup de points communs avec Paul Sebag (son engagement de gauche, sa déception du communisme… jusqu’au cancer qui l’emporta !) ; des philosophes comme le Professeur sociologue et orientaliste, Maxime Rodinson, auteur du fameux “Mahomet”… ; des journalistes tel Albert Lentin, qui réalisa de nombreux reportages sur l’Algérie… Il appréciait la musique classique romantique —correspondait-elle à une nature cachée ?— et particulièrement Brahms, le cinéma et ses acteurs John Ford, Jean Gabin, Gérard Philippe… Il s’intéressa aux arts. Ne préfaça-t-il pas “Tunis, naguère et aujourd’hui” (18) du peintre Zoubeïr Turki ? Et ne publia-t-il pas “Tunisie. De Carthage à demain”, en collaboration avec Claude Roy et avec des photographies de I. Morath, A. Martin et M. Biboud (19), “La Grande Mosquée de Kairouan” (20), et “Toute la Tunisie” (21), toutes deux agrémentées de photographies de Martin ? Il ne pratiqua guère de sports collectifs, mais s’adonna à la nage, la mer —symbole de liberté— le fascinant, et au cyclisme individuel, pour se mettre à l’épreuve. Car il fut, tout à la fois, un politique engagé et un savant distingué. Telles sont les deux grandes parties du présent discours, dont nous traiterons successivement. Sebag, un politique engagé : Il était, en effet, membre actif du Parti Communiste de Tunisie de 1936 à 1955, et —a-t-on dit récemment— sioniste. Sebag sioniste. L’était-il vraiment ? Il appartenait à la communauté juive par sa naissance. Il l’écrivit —mais inexpressivement— à son ami, le célèbre homme de gauche, poète, essayiste et romancier français, Claude Roy, dans un document : “Retouches aux figues de Barbarie” de l’essai d’autobiographie, intitulé “Nous”, de cet auteur, paru en 1972. “Je suis juif —y lit-on— parce que je suis né dans une famille juive et que de toute façon, pour reprendre la formule de Sartre, on dit que je le suis” ! A 12 ans, il fit certes sa “barmitsva” —sa communion—, mais il ne pratiqua jamais le judaïsme comme il l’avoua dans le même document : «Je suis juif —écrivit-il— non-pratiquant. Je ne sais pas une seule prière en hébreu. Les seules prières que je connaisse sont les prières chrétiennes en italien, parce qu’une servante, au grand cœur, italienne me les apprit. Juif non-croyant. Aujourd’hui, comme il y a 25 ou 30 ans, je ne crois pas plus au Dieu d’Israël qu’au Dieu des chrétiens ou des musulmans». Il mourut d’ailleurs agnostique et repose laïquement au cimetière de Bagneux, en banlieue parisienne, dans un carré mixte judéo-chrétien. Mais il ne renia jamais sa judaïté et ne fut jamais “un juif honteux”, selon l’expression de sa fille, Renée Sebag-Robichon (22)! Ceci ne se pouvait, d’ailleurs, au regard de son action aux jeunesses communiste et au sein même du parti communiste, et du courage qu’il montra dans des moments particulièrement éprouvants de son engagement. Nous en reparlerons ! Il aima d’ailleurs ses coreligionnaires auxquels il consacra des études savantes telles : “L’évolution d’un ghetto nord-africain. La hara de Tunis”, en collaboration avec Robert Attal (23). “L’histoire des juifs de Tunisie des origines à nos jours” (24), désormais un classique comme les ouvrages de David Cazès (25) et de Maurice Eisenbeth (26). Nous en reparlerons ; “Les juifs de Tunisie. Images et textes” par J-P Allali, A Goldmann et Paul Sebag avec une préface d’Albert Memmi (27) ; “Les noms des juifs de Tunisie, origines et significations (27 bis), analysant près de 600 noms dont il donne le sens, l’origine… ; dégage le particularisme et l’apport culturel, scientifique, politique, économique, etc. “Les juifs de Tunisie au XIXème siècle d’après J.J Benjamin II” (28). Fut-il sioniste pour autant ? En ce que le sionisme était un mouvement tendant à la restauration de la nationalité juive en Palestine, il avait pu souhaiter la création d’un Etat d’Israël en cette terre ou ailleurs en Cyrénaïque, Mésopotamie, Ouganda ou en Patagonie, comme le prévoyaient ceux qu’on appelait —après la parution en 1896 de l’ouvrage “L’Etat juif” du docteur Théodor Hertzl et la création par lui, à l’issue du Congrès de Bâle de 1897, de l’Organisation sioniste mondiale, —les “territorialistes”, par opposition aux “intransigeants” qui, eux, exigeaient la Palestine. Mais communiste, anti-impérialiste luttant pour la liberté des colonies, il ne pouvait, sans se renier et sans méconnaître la position du mouvement communiste international selon lequel “l’établissement du peuple juif en Palestine représente une forme de colonisation qui lèse les intérêts des populations arabes du pays (et que) les juifs doivent partout s’assimiler au peuple au milieu duquel ils vivent et prendre part à son combat pour une transformation révolutionnaire de la société, qui mettra fin à toute forme d’oppression”(29), soutenir la domination d’un peuple par un autre, des Palestiniens par les Israéliens. En vérité, comme le disaient ses proches, il n’était ni pro-israélien, ni pro-palestinien. Observons, à cet égard, qu’il vécut l’entièreté de sa vie en Tunisie et en France où il mourut et est enterré ; qu’il ne se rendit en Israël —ce me semble— qu’une seule fois, en 1984 ou 1985, pour un motif scientifique : discuter avec Robert Attal des recherches que cet ami faisait sur la Tunisie ; que s’il légua un tiers de sa fameuse bibliothèque à l’Alliance Israélite Universelle, il réserva un autre tiers à ses héritiers, et le dernier tiers à son pays natal : la Tunisie, prise en la personne de la Faculté de la Manouba, et qu’enfin, en l’état de ma connaissance de ses œuvres, il ne flatta guère le sionisme. Sebag n’était pas sioniste quoique aimant sa judaïté. Il était, par contre, un communiste actif. Sebag, un communiste actif : C’était un combattant de la liberté déjà à 17 ans aux Jeunesses communistes dont il animait très activement, avec d’autres, le cercle de l’impasse Saint-Jean à la rue Saint-Charles (l’actuelle rue Bach Hamba) (30) et au sein cependant d’un petit Parti communiste de Tunisie qui naquit à l’aube de 1920, ne compta, en moyenne, que quelque 90 militants —30 cadres et 60 membres— (31), français, italiens et tunisiens, ouvriers, employés de banque, de bureau, de magasins, et intellectuels : avocats, médecins, ingénieurs, professeurs, étudiants, surtout après l’adoption de la loi française par le décret beylical du 30 novembre 1940, du statut des juifs institué par la loi française du 3 octobre 1940, majoritairement juifs et très minoritairement musulmans, et dont “l’impact sur l’histoire du pays fut très limité” (32), quoique son action, entre 1939 et 1943, entretînt —il est vrai— dans un milieu restreint, la flamme du combat et de l’espoir. Sebag y participa, au double plan de la conceptualisation, relative, de la politique du parti et de son action, essentiellement à compter de décembre 1940, date charnière de son engagement. Mais alors comment ? Au plan conceptuel, dès lors qu’il adhérait à la doctrine marxiste-léniniste, collait aux positions du Parti communiste français, et adoptait les résolutions de l’Internationale communiste, le Parti communiste de Tunisie visait naturellement l’établissement d’une société sans classe et l’indépendance des peuples colonisés, et était, de ce fait tout à la fois, “un parti ouvrier” et “un parti national” par sa vocation (33). Il lui revenait néanmoins d’adapter cette politique au pays et de définir la stratégie correspondante. Sebag y prit-il part ? Interrogeons son livre “Communistes de Tunisie 1939-1943, souvenirs et documents”, édité par L’Harmattan en 2001. Sebag, qui selon George Adda, adhérent aux Jeunesses communistes en 1936, quoique donnant “l’impression d’un jeune timide… était (déjà à 17 ans) en réalité très actif, faisant toujours des propositions” (34), assista très probablement à tous les moments importants de la vie du parti ; mais participa-t-il à ses décisions ? et à toutes ses décisions ? Alors quels moments et quelles décisions ? Au congrès de l’Ariana des 20-21 mai 1939, adoptant le rapport de son secrétaire général, Ali Jerad (1911-2000 ?), le PC proclama «l’union de la Tunisie avec la démocratie française» (35), arrêta les mesures propres à satisfaire les aspirations légitimes du peuple tunisien et désigna les membres de son Comité central. Sebag n’y figurait pas, mais parce qu’il poursuivait encore ses études à Paris, où il fréquentait d’ailleurs les cellules communistes. Le 6 octobre 1939, la dissolution du Parti communiste étant prononcée par le décret beylical du 6 octobre 1939, Ali Djerad, Georges Scemama et Vilio Spano décidèrent sa reconstitution, alors illégale, et qualifièrent la guerre d’impérialiste que les ouvriers et les peuples colonisés devaient combattre. Sebag participa-t-il à ces décisions ? Il ne le dit pas ! A la suite de la découverte dans une caserne à Sfax, en novembre 1939, d’un tract justifiant d’envahissement de la Pologne par les Soviétiques, le 17 septembre 1939, le secrétaire de la section locale, G. Berrebi, arrêté et torturé, donna ses camarades qu’on emprisonnerait, suivis en février 1940 par Ali Jérad, Hassan Saâdaoui et Georges Adda pour diffusion du journal “L’Avenir Social”, et par d’autres militants en avril de sorte qu’au printemps 1940 ne restât plus de la direction illégale du parti, constituée à l’automne 1939, que Velio Spano. Il décida, avec Robert Meïmon, ex-secrétaire de la section de Tunis, Maurizio Valenzi, membre du Bureau politique et Ferdinand Pauser, sa reconstitution. Ensemble. Ils qualifièrent la guerre, des deux bords, d’impérialiste, considérèrent que la révolution prolétarienne mettrait fin à l’exploitation de la classe ouvrière et à la sujétion des peuples colonisés (36) et décidèrent la constitution des militants en groupes de trois membres chacun pour recevoir une formation historique intéressant le parti communiste de l’URSS et le communisme. Sebag n’y était apparemment pas ! Il émergea en décembre 1940 —date charnière de son engagement— lorsque la direction ayant décidé, d’une part, d’enseigner aux militants les règles de la clandestinité et la conduite à observer lors des arrestations et pendant les interrogatoires, et d’autre part, de préciser “la ligne du parti” à soumettre à la prochaine réunion de la direction, on lui confia les rapports sur l’artisanat et les mines. Les propositions, appelées dans le jargon communiste d’alors, “thèses”, présentées à la “Conférence d’avril 1941”, à laquelle il participa avec Velio Spano, Robert Meïmon, Loris Gallico, Maurice Nisard, Aldo Bessis, Ferdinand Pauser…(37), reçurent leur forme définitive en juin, d’où leur désignation par les termes de “thèses de juin 1941”. Elles visaient, en premier lieu, la conquête du pouvoir par les masses avec constitution d’un gouvernement pour, au principal, accomplir la révolution nationale agraire, procéder aux expropriations et nationalisations, etc., et en second lieu, conquérir l’indépendance grâce à la constitution d’un front unique, conduit par l’alliance fondamentale des partis communiste et Néo-destourien (38). Sebag évoluait ainsi dans la sphère décisionnelle de son parti. Il participa d’ailleurs activement à la réunion de la villa Gallico à Carthage, du 22 juin 1941, au cours de laquelle les responsables encore libres : Spano, Meïmon, Valenzi, Loris Gallico et Ferrucio Bensasson proclamèrent la solidarité des communistes avec l’Union Soviétique qu’Hitler venait d’attaquer, et décidèrent d’engager “l’action directe ouverte” (39) au moyen de ses journaux et de tracts, privilégiant la lutte contre le fascisme, l’indépendance passant au second plan. Il fallait donc investir le terrain, mais avec “des forces… modestes” (40) et des moyens bien restreints : des tracts et les journaux, “L’Avenir Social” en Français, et “at-talyâ” en arabe, ronéotypé, de format 21/26, tirés à quelques centaines d’exemplaires, donnant des informations sur le front et dénonçant le fascisme, développant des thèmes tels “l’URSS vaincra, l’hitlérisme est l’ennemi ; Vichy, c’est le fascisme ; Halte au pillage du pays ; les collaborateurs au pilori”(41), journaux et tracts, que les militants —dont Sebag— glissaient sous les portes ou mettaient dans les boites aux lettres. Il fallait également entretenir la flamme partisane en aidant les camarades vivant dans la clandestinité tel Velio Spano, échappé de justesse à l’arrestation dans sa villa “Le châlet”, appelée également “villa Gallico”, et réfugié dans la garçonnière de Maître Roger Taïeb à Tunis, que Sebag ravitaillait, et poursuivre l’action. A cet égard pour remplacer les dix cadres de la direction illégale : Loris Gallico, Maurizio Valenzi, Silvano Bensasson, Ferdinand Pauser, Robert Meïmon, Jacques Bellaïche, Ali Jerad et Khemaïs el-Kaâbi, arrêtés en novembre 1941, Spano y appela Maurice Nisard, Sebag et plus tard, Hamadi Djellouli pour la rédaction des publications clandestines (42). Sebag assurait la liaison avec les militants des autres villes, Sousse, Sfax et Ferryville, à qui il remettait anonymement et sur un signe convenu, les journaux à distribuer. L’exemplaire de décembre 1941 de “L’avenir social” ayant été découvert à l’Arsenal, il fut arrêté le 21 janvier 1942 à la sortie de son domicile sur dénonciation de Ferdinand Pauser (43), amené dans les locaux des Renseignements Généraux à la Casbah, et tabassé, mais nia farouchement en être le fournisseur. Transféré le 22 à Ferryville, il fut atrocement et longuement torturé à l’électricité sans jamais défaillir. Son tortionnaire, un ancien capitaine de corvette faisant fonction de commissaire de Police, Pierre Marty, le déféra quand même au tribunal maritime de Bizerte qui le condamna le 28 février 1942 aux travaux forcés à perpétuité. On l’incarcéra avec Meïmon, Valenzi et Ruggero Gallico, au pavillon E puis G de la prison civile de Tunis où Habib Thameur et Taïeb Slim rencontreraient, pendant leur promenade, Robert Meïmon et Maurizio Valenzi plaidant pour la constitution d’un front commun, mais vainement, les Destouriens craignant de compromettre les négociations en cours pour la libération des détenus de Fort Saint-Nicolas (44). Puis vinrent la défaite d’el-Alamein du 3 novembre 1942, l’opération Torch du 8 novembre 1942 et les débarquements allemands consécutifs, d’El Aouina des 9 et 10 novembre 1942 et l’occupation de Tunis le 14 du même mois.. Les prisonniers, notamment anti-fascistes italiens, craignant pour leur vie, demandèrent leur libération près le surveillant chef Sisco, tandis que Nadia Spano et Diano Gallico, puis Maître Albert Bessis, vice-président de la section tunisienne du Grand Conseil, intervenaient près le délégué à la Résidence, Pierre Lafond, qui obtint du Résident Général, l’Amiral Estéva, leur transfert au Kef. L’opération n’ayant pu se réaliser pleinement, Sebag fut libéré le 14 novembre sur ordre de l’Amiral, mais vivrait dans la clandestinité et ne figurerait pas dans la nouvelle direction clandestine du parti, élue le 15 novembre 1942. Il poursuivit néanmoins son action informative et dénonciatrice, puisant pour vivre dans les réserves d’une famille particulièrement généreuse des souks de Tunis, les Souissi, qui abandonna aux militants Khemaïs el-Kaâbi, Edouard Mamou, Michel Joulin et Paul Sebag, sa maison de la rue Sidi Ali Azzouz, avec ses provisions. La presse du parti poursuivit son combat, dénonçant les bombardements de Tunis de 1942, le pillage du pays par les forces de l’Axe, la persécution des juifs, le travail forcé, appelant la population à la désobéissance, au sabotage du recensement et des transports… Mais elle tirait à quelques exemplaires et sa plume portait peu. Le 7 mai 1943, Tunis était cependant libérée. “L’Avenir Social” annonça aussitôt l’évènement, rappela le programme du parti, mais l’indépendance n’y figurait plus ! Elle était pourtant prévue à l’article VII des thèses de juin 1941(45). Sebag y participa-t-il ? Ali Jerad sûrement ! Les journaux communistes étant autorisés à reparaître en mai 1943, Sebag devint rédacteur en chef, selon George Adda (46)— de “L’Avenir Social”, rebaptisé “L’Avenir de la Tunisie”, avec à ses côtés Ali Jérad, Maurice Nisard, Robert Meïmon, alors secrétaire du syndicat des banques, Zana, George Adda, et mènerait une campagne de séduction vers les masses, appuyant leurs revendications nationalistes et allant jusqu’à réclamer le retour de Moncef Bey (1942-1943, m. 1948), contrairement à l’opinion d’Ali Jérad, Secrétaire général du parti, qui répondant à une question que lui posèrent des zeïtouniens (47) au meeting du 7 novembre, qualifia le souverain détrôné par le Général français Giraud, sur proposition du Général Juin, Résident général par intérim, de “collaborateur et de fasciste” (48), avant de partir à Paris pour suivre ses études. Mais il devenait de plus en plus critique du communisme —une illusion, dirait-il— (49) et du stalinisme —n’hésitant pas à s’opposer à Georges Adda— avant même le 20ème congrès de 1956. Il quitta d’ailleurs le parti avec sa tunisification en 1955. Il se consacra alors à son activité universitaire. Mais alors comment ? C’est l’objet de la deuxième grande partie de notre discours intitulée: “Sebag, un savant distingué”. (*)Ce texte reproduit la conférence sur Paul Sebag, donnée le 8 février 2007 à la Médiathèque Charles de Gaulle de Tunis, par le professeur Mokhtar Bey, ancien avocat à la Cour d’Appel de Paris, professeur en la Faculté de Droit de Montpellier 1 et à la Faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis 2. Notes: 1— Il convient de ne pas le confondre avec son homonyme l’industriel-minier, conseiller municipal de la Marsa en 1932, fondateur de l’asile de nuit israëlite, de la maternité israëlite, de l’Alliance sportive etc …, et son autre homonyme Victor Meyer Sebag, rédacteur en chef du service photographique au journal “Petit Matin” et correspondant, pour les illustrations, de nombreux journaux tels le “New-York Times”, “L’Afrique du Nord Illustrée”… 2— Son existence est attestée en 1800 : Paul Sebag, Les noms des juifs de Tunisie. Origine et significations. Paris, L’Harmattan, 2000, p.127. 3— Paul Sebag, Les noms des Juifs de Tunisie, origines et significations, Paris, L’Harmattan, 2002, voir Samama et Lumbroso. 3 bis— En vertu du décret français du 3 octobre 1910. Victor Sebag déposa sa demande en 1911. Sur les juifs en Tunisie avant 1914 : Elie Cohen-Adria, “Le mouvement social”, juillet-septembre 1967.. 4— De 1914 à 1918, l’armée française comptait quelque 171 juifs dont 99 engagés en 1914, 35 en 1915, 25 en 1916, 6 en 1917 et 2 en 1918. a cette date, on dénombrait à Tunis 60.000 juifs —51.000 tunisiens et 9.000 étrangers : Archives des Affaires Etrangères Françaises, Tunisie 1917 –1929, Note sur les juifs en Tunisie, août 1918, vol. 61. Les juifs n’étaient pas astreints au service militaire. 5— Renée Sebag-Robichon, “Paul Sebag par lui-même”, précité. 6— George Adda, “Hommage à Paul Sebag” in Réalités on Line, précité. 7— Paul Sebag, “Communistes”…, op. cit., p.171. 8— Paris, Editions Sociales, 1951. 9— Paris, PUF, 1956. 10— Communication de Renée Sebag-Robichon, à Paris en novembre 2006. 11— Renée Sebag-Robichon, “Paul Sebag par lui-même”, texte communiqué à l’auteur de la présente étude par elle-même. 12—Témoignage vécu de Mika Ben Miled, confirmé par d’autres sources. 13— Paris, L’Harmattan, 1998. Témoignage de Diana Sebag et de Renée Sebag-Robichon à Paris chez Paul Sebag en novembre 2006. 14— Pierre Soumille. “Le cimetière européen de Bab el-Khadra” in Etudes Historiques et Sociales, p.131 et note 2. 15— Davis Nathan, Tunis, Malta, 1841. 16— J.J. Benjamin, “Eight Years in Asia and Africa”… Hanover, 1859. 17— Gallimard, Folio, 1980. Le premier tome de son autobiographie “Moi, je” paru également chez Gallimard. 18— Adaptation de Claude Roy, Tunis, 1967. 19— Paris, Delpine, 1961. 20— Photographie d’A. Martin, Delpine, Paris, 1963. 21— Cérès Production, 1968. 22— Entretien avec Renée Sebag-Robichon à Paris en novembre 2006. 23— Paris, PUF, 1959. 24— Paris, L’Harmattan, 1991. 25— David Cazès, “Essai sur l’histoire des Israëlites de Tunis”, Paris, 1889. —David Cazès, “Notes bibliographiques sur la littérature juive tunisienne”, Tunis, 1893. 26— Maurice Eisenbeth, “Les Juifs d’Afrique du Nord. Démographie et onomastique”, Alger, 1936. —Maurice Eisenbeth, “Les Juifs en Algérie et en Tunisie à l’époque turque” (1516-1830) in Revue Africaine, 1952. 27— Paris, Biblieurope, 1997. 27 bis— Paris, L’Harmattan, 2002. 28— In Cahiers de Tunisie, n°28, 1959, pp.489-510. 29— Paul Sebag, “Histoire des Juifs de Tunisie”, op. ci, p.207. 30— George Adda, “Hommage à Paul Sebag, Paul Sebag combattant de la liberté” in Réalités on line, www.realites.com.tn 31—Paul Sebag, “Communistes”…, op. cit., p.155. 32— Paul Sebag, “Communistes”…, op. cit., p.7. 33— Ibidem, p.153. 34— George Adda, “Hommage à Paul Sebag”… in Réalités on line précité. 35— “Communistes”… p.12. 36—Ibid, p.31. 37— Idem, .35 et note 1. 38— Idem, p.43. 39— Idem, p.46. 40— George Adda, “Hommage à Paul Sebag. Paul Sebag combattant de la liberté et du savoir” in Réalités : www.com.tn (voir archives). 41— Paul Sebag, “Communistes de Tunisie” 1939-1943. “Souvenirs et documents”. Paris. L’Harmattan, pp.49-53. 42— Idem, p.69. 43— George Adda, “Hommage à Paul Sebag”, voir Réalités on line précité. Adde, P. Sebag, “Communistes”… 44— Paul Sebag, Communistes…,op. cit. p.98. 45— Idem, pp.151-152. 46— George Adda, “Hommage à Paul Sebag”, in Réalités on line précité. 47— “Etudiants de la Grande Mosquée ez-Zitouna” —l’Olivier— de Tunis. 48— Casemajor (R), “L’action nationaliste en Tunisie ; Du Pacte Fondamental de M’Hamed Bey” à la mort de Moncef Bey (1857-1948), Tunis, 1948, p.231. 49— Communication de Renée Sebag-Robichon de novembre 2006. (Source : « Réalités » (Magazine hebdomadaire – Tunis), N° 1130 du 23 août 2007)

L’édito d’Ahmed Benchemsi Entre affection et franchise

 
Par Abdelaziz Nouaydi* J’ai lu le fameux éditorial d’Ahmed Benchemsi qui lui vaut, aujourd’hui, d’être poursuivi en justice pour « manquement au respect dû au roi ». J’ai pour ma part retiré de ce texte deux impressions majeures : l’affection du journaliste pour son roi, et une réelle franchise dans l’analyse – la franchise d’un citoyen féru de valeurs démocratiques et de modernité. Monarchie de proximité Il est possible, à première vue, de considérer que cet éditorial bouscule les traditions et les discours convenus, l’utilisation de la darija dans de tels textes étant une pratique inhabituelle. Certains, et notamment les conservateurs les plus radicaux, pourront sans doute y voir un caractère subversif. Mais sachant l’état d’esprit et la vision des jeunes Marocains modernes dont Ahmed Benchemsi fait partie, il est permis de voir les choses tout à fait autrement. L’usage d’expressions comme « Fine ghadi bina khouya » (« Où nous emmènes-tu, mon frère ? » – tirée de la célèbre chanson éponyme des Nass El Ghiwane) révèle plutôt un sentiment d’affection et de proximité, et pourquoi pas de fraternité ; un sentiment nourri de la  conviction que le monarque est proche de ses sujets, surtout les jeunes. Que cette conviction soit justifiée ou non, le journaliste qui la nourrit était sans aucun doute convaincu, en écrivant son éditorial, que ce dernier « cadrait » avec l’état d’esprit du souverain. Depuis son accession au trône, en effet, ce dernier n’a cessé d’encourager les valeurs de démocratie et de modernité, ainsi que de promouvoir une monarchie citoyenne, une monarchie de proximité. C’est donc l’affection envers leur monarque qui pousse beaucoup de jeunes férus de valeurs démocratiques et citoyennes à espérer que Mohammed VI, en roi moderne, leur tendra la main à eux plutôt qu’aux opportunistes et aux corrompus. Ces jeunes ont la conviction qu’avec leur roi, ils feront du Maroc, Etat et société, un pays moderne dans la forme comme dans le fond ; un pays de bonne gouvernance où le pouvoir s’exerce dans la responsabilité et en rendant des comptes ; un pays qui n’admet plus les situations de rente, aussi bien économiques que politiques ; un pays où, en fin de compte, n’exerceront des responsabilités que ceux qui en seront dignes. C’est cette conviction qui pousse à la franchise. Que l’on partage son opinion ou pas, il est indéniable qu’Ahmed Benchemsi l’a exprimée librement (ce qui est son droit le plus absolu) et avec franchise. Benchemsi n’est pas de ceux qui n’analysent ou ne commentent les discours royaux que pour en encenser le génie et la sagesse. Ceux-là n’expriment que très rarement leurs convictions réelles, applaudissent une chose aujourd’hui et son contraire demain, espérant en tirer profit à mesure qu’ils font la claque. Ceux qui entretiennent le culte de la personnalité ont toujours mené leurs leaders à leur perte, se retournant contre eux dès qu’ils sentaient le vent tourner. Ces gens-là ne sont mus que par leurs intérêts égoïstes, certainement pas par une affection sincère envers leur leader, et encore moins par leurs principes (en ont-ils, d’ailleurs ?). Liberté et sincérité dans l’analyse Benchemsi et ses confrères n’ont pas hésité à applaudir plusieurs initiatives courageuses du roi, notamment la réforme de la Moudawana et tout ce qui contribue à l’ouverture de leur pays. S’ils l’ont fait, c’est par conviction et non par peur, ni par intérêt. Partant de son vœu de voir la monarchie se parer d’atours modernes, dans la forme comme dans le fond, Benchemsi a cette fois-ci relevé, toujours avec franchise, ce qu’il considère comme des contradictions dans le dernier discours du trône, et a marqué son désaccord avec certaines des idées qui y ont été exprimées. Il est naturel que les discours du roi fassent l’objet de débats, comme en témoignent les milliers d’éditoriaux qui leur ont été consacrés durant des décennies, les encensant soit à juste titre soit uniquement pour flatter le monarque. Faut-il en conclure que les discours royaux ne peuvent être commentés que lorsqu’il s’agit de les approuver ? Ce serait inconcevable. Certains font une interprétation erronée de l’article 28 de la Constitution qui stipule : « Le roi peut adresser des messages à la Nation et au Parlement. Les messages sont lus devant l’une et l’autre Chambre et ne peuvent faire l’objet d’aucun débat ». Cet article rappelle l’article 18 de la Constitution française. Il signifie que le chef de l’Etat, spécifiquement dans sa relation avec le Parlement, peut s’adresser aux députés pour différentes raisons : accueillir les nouveaux venus parmi eux, exprimer une prise de position sur une problématique nationale ou internationale, informer d’une décision importante qui relève de sa compétence, fêter un événement heureux ou encore faire part de ses priorités politiques générales ou relevant du domaine législatif. Ces discours royaux n’engagent pas la responsabilité du gouvernement, et le Parlement n’est pas habilité à prendre position sur leur contenu. Etant donné que la finalité de ces discours n’est pas leur adoption en tant que textes législatifs, il n’est donc pas nécessaire ni utile de les voir discutés dans l’une ou l’autre des Chambres. Voilà le sens réel de l’article 28 de la Constitution. La Constitution n’interdit donc pas aux citoyens de discuter les discours du roi, ni d’exprimer leur accord ou leur désaccord avec leurs contenus. Comprendre de l’article 28 de la Constitution qu’il interdit purement et simplement de discuter les discours royaux, consiste à s’aveugler sur les très nombreux commentaires et analyses qui fleurissent dans la presse nationale comme internationale, après chacun de ces discours. Mais cela consiste aussi, et surtout, à nier aux citoyens un de leurs droits fondamentaux : la liberté d’expression et d’opinion. * Avocat, membre fondateur de l’OMDH (Organisation marocaine des droits de l’homme) et dirigeant de Transparency Maroc, A. Nouaydi a créé en 2005 l’association Adala qui œuvre à l’indépendance de la justice. (Ce texte sera publié dans le magazine hebdomadaire marocain « Tel Quel), N° 287 (la semaine prochaine) et dans Nichane (version Arabe).

La France redéploie ses avions de combat dans le Sud afghan

 
Laurent Zecchini La France a décidé de s’impliquer davantage en Afghanistan. Le ministre français de la défense, Hervé Morin, doit effectuer un voyage au Tadjikistan et en Afghanistan, du 6 au 8 septembre. Il profitera de cette occasion pour annoncer que les avions de combat Mirage 2000 D et Mirage F-1, qui se livrent à des missions de bombardement dans le sud de l’Afghanistan à partir de l’aéroport de Douchanbé au Tadjikistan, vont être prochainement stationnés sur celui de Kandahar, la grande ville du sud afghan. Cette décision, prise à la mi-août et officiellement présentée comme un « redéploiement technique », souligne la volonté politique de la France de répondre favorablement aux appels pressants lancés par l’Alliance atlantique et Washington pour une plus grande implication militaire des pays européens en Afghanistan, en particulier dans le Sud et l’Est où se déroule l’essentiel des combats contre les talibans. Elle confirme aussi de facto la volonté de rapprochement avec les Etats-Unis, récemment affirmée par le président Nicolas Sarkozy. Sur les six avions de chasse actuellement basés à Douchanbé, trois auront rejoint Kandahar à la fin du mois de septembre, et trois autres mi-octobre. Les quelque 150 personnels de soutien de ce dispositif aérien les rejoindront progressivement. Il n’est cependant pas question d’abandonner le site de l’aéroport de Douchanbé, chèrement négocié par Paris avec les autorités du Tadjikistan et convoité par les Etats-Unis. « Douchanbé, précise un officier, reste le cordon ombilical, le point d’entrée sur le théâtre afghan. » Les deux avions de transport C-160 Transall y resteront donc, et la France maintiendra un ou deux avions de ravitaillement C-135 à Manas, au Kirghizstan. L’aéroport de Kandahar est désormais le principal site militaire pour les opérations que l’OTAN poursuit en Afghanistan, via sa Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) : 11 000 soldats étrangers y sont stationnés, ainsi qu’une centaine d’avions de combat, notamment américains, britanniques, néerlandais, australiens et canadiens. Si la France ne modifie pas la mission de ses avions, ni l’ampleur de ses moyens, les Mirage vont cependant gagner en efficacité, dans la mesure où ils pourront mener des missions de plus longue durée, en économisant le temps du trajet aller-retour de Douchanbé au sud de l’Afghanistan, soit plus de deux heures. Sur le plan diplomatique, il est significatif que la France accepte de positionner ses avions de combat dans le sud de l’Afghanistan, qui plus est sur une base qui est sous la responsabilité des forces américaines. PAS DE DÉSENGAGEMENT Début juin, recevant son homologue américain Robert Gates, Hervé Morin avait réaffirmé que les soldats français n’ont pas vocation « à rester éternellement » en Afghanistan, un propos tenu par M. Sarkozy pendant la campagne électorale présidentielle, qui avait été interprété outre-Atlantique, comme une volonté française d’amorcer un désengagement du « théâtre afghan ». Il n’en est rien. Comme l’a récemment annoncé M. Sarkozy, la France va augmenter de 150 soldats le nombre de ses instructeurs militaires, qui seront affectés auprès du 201e corps de l’armée afghane, dans la région de Kaboul. Au total, un millier de soldats français sont présents en Afghanistan. Fin 2007, 20 % de cet effectif devrait être consacré à des tâches de formation et d’encadrement de l’armée afghane. La décision de Paris de stationner son groupe aérien à Kandahar sera bien reçue à l’OTAN, où l’on y verra une volonté de Paris d’accélérer son retour complet au sein de l’Alliance atlantique. (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 31 août 2007)

Edito du Monde

La France et l’OTAN

 
Présentée à Paris comme une « mesure technique » destinée à accroître l’efficacité des avions de combat français qui participent aux opérations militaires de l’OTAN en Afghanistan, la décision de redéployer les Mirage de Douchanbé, au Tadjikistan, à Kandahar, la grande ville du Sud afghan, signifie une plus grande implication française dans une opération militaire dont dépend la crédibilité de l’Alliance atlantique. Les avions français vont pouvoir remplir des missions de bombardement de plus longue durée contre les positions des talibans. Sur le plan militaire, c’est une avancée. Elle n’est pas sans risques, au moment où les opérations aériennes de l’Alliance atlantique provoquent un nombre sans cesse plus élevé de victimes civiles, et un ressentiment croissant de la population afghane envers des troupes étrangères en passe d’être assimilées à une force d’occupation. Sur le plan politique et diplomatique, la France répond de facto positivement à l’appel des Etats-Unis, qui pressent leurs alliés européens de s’impliquer davantage sur le « théâtre afghan ». La raison est évidente : confrontée au sanglant fiasco de la guerre en Irak, l’administration Bush cherche par tous les moyens à présenter un succès en Afghanistan avant l’élection présidentielle de novembre 2008. A l’OTAN, la décision de Paris sera analysée comme un signe supplémentaire de la volonté de la France d’amorcer un retour complet au sein d’une alliance où elle est l’un des principaux acteurs, tant sur le plan militaire que financier. Dans son discours devant la conférence des ambassadeurs, le 27 août, Nicolas Sarkozy a souhaité que l’Europe de la défense et la rénovation de l’OTAN soient renforcées. « Une Europe de la défense indépendante et une organisation atlantique où nous prendrions toute notre place », avait-il résumé. La question d’un retour de la France au sein des structures militaires intégrées de l’OTAN est récurrente depuis plusieurs années. La France participe pleinement à la vie de l’Alliance atlantique. Mais, depuis la décision de retrait du général de Gaulle, en mars 1966, elle n’est pas présente dans deux comités d’importance marginale, le Comité des plans de défense et le Groupe des plans nucléaires. Cette absence est jugée anachronique par la plupart des diplomates et des militaires. Si M. Sarkozy veut illustrer sa volonté de rapprocher la France des Etats-Unis, le retour au sein de la structure militaire intégrée de l’OTAN est le moyen idoine. Mais une telle concession ne saurait être gratuite. S’il n’est pas question de reprendre la polémique de 1997 sur le commandement sud de l’OTAN, Paris devra obtenir des responsabilités supplémentaires au sein de l’Alliance et choisir le bon moment, à l’issue de négociations avec la prochaine administration américaine. (Source : « Le Monde » (Quotidien – France), le 31 août 2007)

 


 

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