Home – Accueil – الرئيسية
TUNISNEWS
7 ème année, N° 2292 du 31.08.2006
Communiqué: Constitution d’un Comité National de soutien à la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme Salaheddine El- Alaoui: To free people of the world – Auction Announcement Amnesty international: communiqué de presse AP: Ain: trois clandestins retrouvés dans un conteneur en attente d’une décision administrative TNA: Nouvelles très brèves Jeune Afrique : tunisie : 1956-2006 : la cause des femmes Jeune Afrique: Psychiatrie occidentale et colonialisme AFP: Collaboration avec la Securitate: le clergé dans la tourmente AFP:Les dessous de la censure de Hollywood dévoilés par un documentaire incisif Réalités: Béji Caïd Essebsi parle de la guerre du Liban, des Occidentaux, de l’Iran et des Arabes Eric S. Margolis: The big lie about `islamic fascism’
|
Cliquez ici pour accéder au reportage exceptionnel de l’AISPP sur la catastrophe humanitaire des prisonniers politiques Tunisiens
Communiqué
Constitution d’un Comité National de soutien à la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l’Homme
Nous, militantes et militants des Droits de l’Homme, Anciens présidents de la LTDH, Anciennes et anciens responsables membres du Comité Directeur de la LTDH Anciennes présidentes et présidents d ‘ONG, universitaires, syndicalistes, journalistes, médecins, avocats… hommes et femmes du monde de la culture, Répondant à l’appel lancé par l’ Association Tunisienne des Femmes Démocrates au cours de la journée de solidarité avec la LTDH organisée le 6 mai 2006 à Tunis pour la constitution d’un Comité National de soutien à la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme.
Constatant que la Ligue est placée encore une fois dans une situation de paralysie qui l’empêche de remplir sa mission dans des conditions normales.
Indignés par les campagnes de harcèlement, de désinformation et d’intimidation de la LTDH et notamment par le blocage de ses locaux qui entrave son libre fonctionnement.
Préoccupés par les procédures judiciaires intentées par certains responsables et adhérents contre le Comité directeur de la Ligue.
Après avoir pris connaissance de toutes les initiatives et de tous les appels pour trouver une solution satisfaisante, nous regrettons que les propositions formulées en mars dernier par les personnalités tunisiennes, au nombre desquelles figurent d’anciens présidents et dirigeants de la LTDH, n’aient pas trouvé d’écho auprès des plaignants. Nous affirmons notre engagement à défendre l’institution de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme et à préserver son autonomie et son caractère pluraliste.
Nous appelons l’ensemble des plaignants à retirer les plaintes déposées auprès de la justice comme prélude à la recherche d’une solution équitable afin de favoriser la tenue du sixième congrès de la LTDH.
Nous rappelons que le congrès doit être pour tous les militants de la Ligue sans exclusive la seule instance habilitée à examiner et à trancher les questions qui les préoccupent et engagent le présent et l’avenir de la Ligue.
Nous demandons à ce qu’il soit mis fin à toutes les entraves qui empêchent le libre fonctionnement de la LTDH, de son Comité directeur et de ses sections.
Nous rappelons que le dialogue entre les autorités publiques et la LTDH est une condition indispensable pour que la Ligue puisse remplir pleinement sa mission.
Nous invitons les organisations de la société civile, notamment l’UGTT, et tous les militants des droits de l’Homme, à contribuer à la résolution de la crise qui menace l’intégrité et la pérennité de la Ligue. Nous déclarons nous constituer en Comité National de soutien de la LTDH.
CONSTITUTION DU COMITE NATONAL DE SOUTIEN A LA LIGUE TUNISIENNE DE DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME (LTDH)
A la suite de l’appel lancé par l’ATFD à l’occasion de la journée de solidarité avec la LTDH organisée le 06 Mai2006, un comité national de soutien à la LTDH a été constitué.
Les membres fondateurs de ce comité (cf. liste ci-dessous) sont d’anciens dirigeants des comités directeurs successifs de la LTDH (1977-2000) et d’ancien(ne)s président(e)s d’associations membres de la société civile tunisienne. EX PRESIDENTS DE LA LTDH – Dr Saadeddine ZMERLI – Pr Mohamed CHARFI – M° Taoufik BOUDERBALA EX MEMBRES DES C.D. -Dr Fethi HAFSIA -Mr Khémaîs CHAMMARI -Dr Kamel ABDENNEBI -Dr Hella ABDELJAOUAD -Mr Hichem GRIBAA -Mme Khédija CHERIF -Mme Sihem BEN SEDRINE -Mr Mohamed Salah FLISS -Mr Frj FENNICHE -Mr Mehdi MESSAOUDI -Mr M’hamed KRICHENE -Mr Abdelkrin ALLAGUI -Mr Tahar CHAGROUCH -Dr Fethi TOUZRI -Mr Habib HAMDOUNI EX PRESIDENT DES 3ieme ET4ieme CONGRES DE LA LTDH -Pr Taîeb BACCOUCHE MEMBRE DE LA COMMISSION DE BONS OFFICES -Mr Ahmed OUNAÏES EX PRESIDENT(E)S D’ASSOCIATIONS -Mme HEDIA JRAD (ATFD) -M° Bochra BEL HAJ HAMIDA (ATFD) -Mme Ahlem BELHAJ (ATFD) -Mme Dorra MAHFOUDH ( AFTURD) -M° Raouf AYADI (ATJA) -M° Abderrazak KILANI (ATJA) -M° Chawki TABIB (ATJA) -Mr Hichem OSMAN (section tunisienne de A.I) -Mr Chokri BEN JANET(section tunisienne de A.I) ONT DONNE LEUR SOUTIEN A CET APPEL -Dr Moncef MARZOUKI EX PRESIDENT de la LTDH -Dr Mustapha BEN JAAFAR EX VICE PRESIDENT de la LTDH Actuellement responsables de formations politiques. LA LISTE DES SIGNATAIRES, SOLLICITES, PRESIDENTS D’ASSOCIATIONS DE LA SOCIETE CIVILE, UNIVERSITAIRES, SYNDICALISTES, JOURNALISTES, MEDECINS, AVOCATS ( ETC….), HOMMES ET FEMMES DU MONDE DE LA CULTURE, SERA PUBLIEE ULTERIEUREMENT. . Le Groupe de suivi Pour tout contact, c/o ATFD
To free people of the world Auction Announcement
After spending thirteen and a half years in prison, I left this terrible Guantanamo-Abu Ghraib-like place on the 27th of June 2004 to find myself burdened with 16 years administrative control as a complimentary punishment. This reprehensible measure has disabled my freedom of movement and closed all doors before me despite my numerous and repeated attempts to overcome these difficulties, but all my attempts have failed miserably. I tried to present my situation in the columns of the Tunisian press perchance there may be an attentive ear, but in vain. I sent a letter to the President of the Republic, dated 09.06.2005, informing His Excellency that we were going to perish of starvation, but unfortunately my hopes were dashed and my appeal was not given any consideration, forcing me to start a regular awareness-raising hunger strike for three days of every week, on Friday, Saturday and Sunday. In July 2005, the local authorities in Bousalem sent us its social affairs advisor who studied our situation and observed the truth of our difficult conditions, of meager means and collapsing furniture. That day, I thought that my case was finally to be given serious consideration. However, unfortunately, the advisor only exposed and observed our hardship but did nothing to alleviate it, rejecting my modest appeal for a source of income to preserve our dignity. Despite the repeated calls in view of the continuation of our tragedy, the authorities remain adamant not to respond to my simple request to have a source of income. With time, the situation of the family has deteriorated, and with it my health too, as a result of the regular hunger strikes I engage in every week. I wrote again to the President, on 15.09.2005. Despite the distress and deprivation conveyed by the letter, nothing changed. Thus I write to you, with my own blood, in view of the continuation of this tragedy: Auction Announcement I, Salaheddine El-Alaoui, prisoner of conscience born 01.09.1951, of Tunisian nationality, with national identity card number 02368952, resident in the town of Bousalem in the governorate of Jendouba in Tunisia, announce to you, free people of the world, if this decision does not contravene any international conventions or laws that: I am putting the members of my family up for sale by auction A synopsis of my life: – Salaheddine El-Alaoui. Assistant engineer in an agricultural firm – Prisoner of conscience, arrested on 23 September 1990 during a night raid – Date of entering prison: 05 January 1991 – Sentence: 14 years imprisonment and 16 years of administrative control – I completed 13 and a half years imprisonment, with 6 months reduction in my sentence – Secretary-general of the local trade union in Bousalem, and former member of the executive committee of the regional trade union in Jendouba – Dismissed from work due to my trade union activity following the crisis between the trade union and the government in 1985 – Human rights activist, with interest in issues of liberties – Head of a family of 5 daughters, 2 of whom are married, and 3 still under my maintenance, one a university student and the other 2 secondary students. Salaheddine El- Alaoui 26/08/06
AMNESTY INTERNATIONAL
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Index AI : MDE 02/018/2006 (Public) Bulletin n° : 219 ÉFAI 23 août 2006
Embargo : 23 août 2006 00h01 TU
Israël/Liban. Des éléments montrent que des infrastructures civiles ont été délibérément détruites Amnesty International a rendu publics ce mercredi 23 août 2006 les résultats d’investigations montrant qu’Israël a mis en ouvre lors du conflit récent une politique délibérée de destruction d’infrastructures civiles libanaises, qui s’est traduite dans certains cas par des crimes de guerre.
Les dernières informations publiées par l’organisation montrent que la destruction par Israël de milliers d’habitations, ainsi que les frappes qui visaient de nombreux ponts et routes et des installations de stockage de l’eau et du carburant, faisaient partie intégrante d’une stratégie militaire au Liban et ne constituaient pas des «dommages collatéraux» résultant de la prise pour cibles légitime d’objectifs militaires.
Le rapport renforce la nécessité de l’ouverture urgente par les Nations unies d’une enquête exhaustive et indépendante sur les graves violations du droit international humanitaire dont se sont rendus coupables le Hezbollah et Israël pendant le conflit qui les a opposés un mois durant.
«L’affirmation par Israël que les attaques des infrastructures étaient légales est de toute évidence erronée, a déclaré Kate Gilmore, secrétaire générale adjointe exécutive d’Amnesty International. Nombre de violations décrites dans notre rapport, telles que des attaques disproportionnées et menées sans discrimination, constituent des crimes de guerre. Les éléments suggèrent fortement que la destruction massive de centrales d’eau et d’électricité et d’infrastructures indispensables au transport de la nourriture et de l’aide humanitaire était délibérée et s’inscrivait dans une stratégie militaire.»
Le gouvernement israélien a affirmé qu’il prenait pour cibles les positions et les installations auxiliaires du Hezbollah et que les autres dommages occasionnés aux infrastructures civiles étaient dus au fait que le Hezbollah avait utilisé la population civile comme «bouclier humain». «Le mode, l’étendue et l’intensité des attaques ôtent toute crédibilité à l’affirmation d’Israël selon laquelle il s’agirait de dommages collatéraux», a déclaré Kate Gilmore. «Les victimes civiles des deux parties au conflit ont droit à la justice. La gravité des violations commises rend d’autant plus urgente la tenue d’une enquête sur la conduite des deux parties. Il faut que les auteurs de crimes de guerre rendent des comptes et que les victimes obtiennent réparation.»
Intitulé Deliberate destruction or ‘collateral damage’? Israeli attacks against civilian infrastructure, le rapport s’appuie sur des informations de première main que l’organisation a rassemblées lors des entretiens avec des dizaines de victimes, de représentants des Nations unies, des Forces de défense d’Israël (FDI) et du gouvernement libanais qu’elle a réalisés au cours de missions de recherche récentes au Liban et en Israël. Certaines informations du rapport proviennent de déclarations officielles et de la presse.
Le rapport contient des éléments faisant état :
– de la destruction massive par les forces israéliennes de quartiers et de villages civils ; – d’attaques de ponts dans des zones n’ayant pas d’importance stratégique flagrante ; – d’attaques de stations de pompage et de traitement des eaux et de supermarchés, en dépit de l’interdiction de prendre pour cibles des objectifs indispensables à la survie de la population civile ; – de déclarations de responsables militaires israéliens indiquant que la destruction d’infrastructures civiles faisait effectivement partie des objectifs de la campagne militaire israélienne visant à dresser la population et le gouvernement libanais contre le Hezbollah.
Le rapport décrit un modèle d’attaques disproportionnées et menées sans discrimination, qui ont provoqué le déplacement de 25 p. cent de la population civile. Ce modèle, rattaché aux déclarations officielles, montre que les attaques sur les infrastructures étaient délibérées et non pas inhérentes à la poursuite d’objectifs militaires légaux.
Amnesty International lance un appel en faveur de l’ouverture de toute urgence par les Nations unies d’une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur les violations du droit international humanitaire commises par les deux parties au conflit. L’enquête devra porter en particulier sur les conséquences de ce conflit sur la population civile ; elle devra avoir pour objectif de déterminer la responsabilité des individus dans les crimes de droit international qui ont été commis et d’accorder des réparations aux victimes.
Le rapport Deliberate destruction or ‘collateral damage’? Israeli attacks against civilian infrastructure (index AI : MDE 18/007/2006) est disponible sur le site de l’organisation, à l’adresse suivante :
Document public Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter le Service de presse d’Amnesty International à Londres, au +44 20 7413 5566
Ain: trois clandestins retrouvés dans un conteneur en attente d’une décision administrative
AP | 30.08.06 | 21:05
LYON (AP) — Trois clandestins découverts déshydratés mardi dans un conteneur d’un camion en provenance de Tunisie qui s’était arrêté sur l’aire de Mionnay (Ain) sur l’A46 ont été remis à la police aux frontières (PAF) puis placés en garde à vue en attendant une décision administrative sur leur sort, a-t-on appris mercredi auprès des CRS du peloton autoroutier. C’est le chauffeur du camion qui a entendu du bruit dans son véhicule alors qu’il faisait une pause. Il a immédiatement prévenu les policiers qui ont découvert les trois clandestins. Le conteneur de vêtements devait être acheminé jusqu’en Belgique. Une enquête de la PAF est en cours pour déterminer si ces trois hommes transitaient par l’intermédiaire d’une filière d’immigration. AP
Fiction 6:48 am
Nouvelles très brèves
TNA- (Nouvelles très brèves) 1- Zaba a donné l’ordre de changer le nom de Cité Zouhour . Les Zouhouriens se demandent pourquoi? C’est apparemment à cause de la « Zouh »phobie [1] de Zaba…
2- Le ministre de l’Education Nationale a envoyé une circulaire concernant les cours de physique. Dorénavant on ne dit plus « chute libre » mais « chute non contrôlée ».
3- Le ministre des Transports a donné l’ordre aux chauffeurs de taxi de remplacer le signe « LIBRE » par « NON OCCUPÉ ».
4- Les « locataires » du Zoo du Belvédère ne sont plus nourris par les gardiens du zoo. Ce sont maintenant des vétérinaires stagiaires qui donnent à manger à ces pauvres esclaves. Tout le monde se demande: pourquoi ce changement? Le gouvernement veut démentir le délire d’un poète…[2]
5- La loi tunisienne interdit le bannissement des citoyens tunisiens. En effet, aucun citoyen ne peut être expulsé de son pays pour quelque motif que ce soit. Un grand nombre d’intellectuels (journalistes, écrivains, poètes etc.)pensent que cette loi est caduque et doit être abrogée…
6- Certains visiteurs étrangers au Palais de Carthage ont été intrigués par un spectacle surréel. La Présidence a pris une mesure unique dans l’histoire des palais: Excepté les hauts cadres du cabinet présidentiel, tout le personnel de la Présidence (chauffeurs, cuisiniers, serveurs, plongeurs, femmes de chambre, jardiniers etc.) doivent désormais porter des casques anti-bruit.
Selon une source anonyme non autorisée, c’est Leila Trabelsi, la femme du président – elle coiffe maintenant tous les services de la Présidence – qui serait derrière cette décision. Le but recherché est évident: le personnel doit être protégé des bruits du Palais. On ne sait pas si cette mesure touche aussi les palais de Hammamet et Sidi Bou Saïd. Dans ce cas le silence des palais serait assourdissant…
7- Puisque le proverbe zabatien dit: » Jamais six sans sept », je conclurai par cette dernière nouvelle: Slim Chiboub, le gendre du président, a été interpellé à sa sortie de la mosquée Saheb Ettabaâ par la police politique, après la prière du vendredi.
Le motif? Sa carte de prieur mentionne uniquement la mosquée Al- Abidine. Une affaire à suivre…
— 1- Zouh(air) Yahyaoui, créateur de TUNeZINE 2- « La Tunisie est un zoo dont les pensionnaires sont nourris et logés par les gardiens. » Le poète Ouled Ahmed.
TUNISIE : 1956-2006 : LA CAUSE DES FEMMES
Le code du statut personnel, promulgué en 1965, a représenté une avancée majeure dans l’émancipation de la femme tunisienne. Un cas à part par ABDELAZIZ BARROUHI Le 13 août, la Tunisie a célébré LE CINQUANTENAIRE de la promulgation du code du statut personnel (CSP), recueil de textes juridiques révolutionnaires en faveur de la femme et sans équivalent dans le monde arabo-musulman. Dressant à cette occasion le bilan des cinquante années qui ont suivi cette initiative prise par l’ex-président Habib Bourguiba quelque quatre mois après l’indépendance du pays en 1956, le président Zine el-Abidine Ben Ali, qui lui a succédé en 1987, a réaffirmé sa volonté de préserver cet acquis et d’en poursuivre l’enrichissement. « Le CSP, a-t-il souligné dans un discours au palais présidentiel de Carthage, n’est que le reflet de cette marche nationale exemplaire sur la voie de l’émancipation, de l’ouverture sur les idées éclairées, de la promotion, de l’innovation, du dialogue et du consensus, dans laquelle la femme en particulier et la famille en général ont bénéficié d’une position avancée du point de vue des droits et des acquis. Elle est aujourd’hui citée avec beaucoup d’éloges et d’admiration dans notre environnement régional et international. » Le CSP est surtout connu dans le monde pour l’abolition de la polygamie et de la répudiation. Ce sont là des réformes de première génération qui, bien qu’elles aient précédé la transformation des mentalités, sont aujourd’hui acceptées par la quasi-totalité des Tunisiens. Moins connu est le fait que le CSP, combiné avec les effets de l’éducation et des principes constitutionnels d’égalité entre les genres, a servi de socle à des réformes de deuxième génération qui sont en train de permettre à la femme de devenir réellement majeure, de partager le pouvoir avec les hommes et de se propulser sur le devant de la scène nationale. Symbole de cette montée en puissance, le rôle joué par l’épouse du chef de l’État, Leïla Ben Ali, très présente lors des célébrations du cinquantenaire et active dans la promotion de la femme depuis qu’elle a lancé, il y a une dizaine d’années, un appel pour que les Tunisiennes aient leur place dans les institutions politiques et dans l’administration. Cet appel commence à être entendu : les femmes représentent aujourd’hui 15 % des membres du gouvernement, 27 % des décisionnaires dans les structures ministérielles, 23 % des députés, 23 % des conseillers municipaux, 20 % des diplomates, 27 % des magistrats, 35 % des journalistes et 40 % des enseignants du secondaire et du supérieur. Que de progrès réalisés en cinquante ans ! Mais il reste encore du chemin à parcourir pour se rapprocher de la parité et de la pleine égalité qui, il est vrai, n’existe nulle part dans le monde. C’est notamment le cas en matière d’héritage, la règle actuelle de partage étant de deux parts au garçon contre une part à la fille. Notons toutefois que des avancées ont été enregistrées en matière d’accès au travail et d’égalité des rémunérations à qualification équivalente. Quant à l’accès d’une femme à la magistrature suprême, il faudra certainement attendre encore pour le voir.
(Source : Jeune Afrique Plus, N°2381 du 27/08/2006)
Psychiatrie occidentale et colonialisme
PAR MUSTAPHA NASRAOUI * Si l’on se souvient des actes criminels perpétrés par des biologistes nazis, testant sur des êtres humains les armes biologiques et chimiques nouvelles, stérilisant de force les individus considérés comme « tarés », on a tendance à considérer la psychiatrie, science de la santé mentale, comme au-dessus de tout soupçon. Malheureusement, ce n’est pas toujours vrai. Cependant, il serait injuste d’accuser tous les psychiatres occidentaux de l’époque coloniale d’avoir justifié « scientifiquement » le colonialisme. Des tendances humanistes ont animé l’esprit de certains psychiatres tels que Pinel (1745-1826), qui délivra pour la première fois les malades mentaux de leurs chaînes, et Esquirol (1772-1840), qui était à l’origine du traitement de ces malades dans les hôpitaux français, les libérant ainsi des affres de l’enfermement à vie dans les asiles. Le plus grand mérite revient toutefois à quelques autres qui étaient non seulement des humanistes mais aussi des militants anticolonialistes comme le psychiatre français Frantz Fanon. Par son engagement contre toutes les formes de racisme, son plaidoyer pour l’émancipation des peuples opprimés, Fanon a laissé des traces indélébiles dans le long et douloureux chemin de la délivrance du joug colonial. D’autres psychiatres avaient des positions équivoques, hésitant entre la neutralité scientifique et le désir de faire des concessions aux pressions politiques, tels que le neuropsychiatre autrichien Sigmund Freud (1850-1939), fondateur de la psychanalyse. Juif d’appartenance mais athée de conviction, Freud a été sollicité en 1930 par L’Agence juive pour signer un appel exhortant la Grande-Bretagne à favoriser l’immigration juive en Palestine. Appel qu’il refusa de signer, redoutant le danger de transformation « d’un pan de mur de l’époque d’Hérode en relique nationale, ce qui aurait pour effet d’offenser les sentiments de la population locale », mais cinq ans plus tard il écrivit au Fonds national juif pour lui dire qu’il était un « instrument magnifique et béni […] de la mission qui lui était impartie sur l’ancienne terre de nos ancêtres ». Il faut toutefois signaler qu’aucune trace de racisme n’apparaît dans les écrits de Freud. Ce qui n’était pas le cas d’autres spécialistes de la psychiatrie marqués par la théorie de l’inégalité des races. Les tares et les déficiences psychologiques portaient parfois des appellations se référant à des peuples considérés comme arriérés, telle l’entité clinique identifiée par le médecin anglais Longdon Down en 1866, largement admise par la suite, et qu’il désigna, à cause des faciès asiatiques des malades, par le terme « mongolisme ». Cette déficience mentale congénitale porte aujourd’hui le nom de trisomie 21, mais la première appellation lui reste toujours collée (enfants mongoliens). En 1924, Crookshank reprenait les idées de Down sur les stigmates de la dégénérescence raciale pour écrire un livre au titre provocateur : Les Mongols parmi nous. Le mongolisme étant considéré comme une régression à une race inférieure, il fallait donc concevoir une prophylaxie, d’où l’apparition d’une nouvelle science : l’eugénique, spécialité qui étudie les moyens d’améliorer la race et surtout de l’empêcher de « dégénérer ». Le colonialisme, lui, se présentait en termes plus édulcorés, vantant « la mission civilisatrice de la colonisation ». Mais avant de « civiliser » l’indigène il fallait d’abord le comprendre. Ce qui a donné naissance à des travaux médico-psychologiques considérables s’inspirant tous des thèses en vogue à l’époque sur la mentalité primitive telles que les idées du sociologue français Lévy-Bruhl (1857-1939) qui oppose la pensée européenne logique à la pensée non européenne mythique, magique et déraisonnable. Durant l’époque coloniale et pendant plus de trente ans, les psychiatres de la faculté de médecine d’Alger ont travaillé sous la direction du professeur Porot pour préciser, à partir d’un présupposé sur le « primitivisme de l’Algérien », les modalités d’expression de ses caractères négatifs. S’il y avait des aspects dans les attitudes et les comportements des colonisés qu’on pourrait considérer comme défavorables, ils n’étaient pas perçus comme des réactions naturelles à des situations extrêmement difficiles (pauvreté, maladie, ignorance…), susceptibles d’être atténuées par l’éducation et le développement socio-économique, mais comme des propriétés inaliénables de leur personnalité. La justification de la colonisation par des pseudo-arguments scientifiques relève soit de la complicité avec le pouvoir politique, ce qui est contraire à la déontologie médicale, soit des préjugés, ce qui est opposé à la démarche scientifique. Dans les deux cas, l’attitude est regrettable. (*) Professeur de psychologie, président de l’université de Jendouba (Tunisie) (Source : Jeune Afrique, N°2381 du 27/08/2006)
Collaboration avec la Securitate: le clergé dans la tourmente
Par Mihaela RODINA AFP, le 30 août 2006 à 13h04
BUCAREST, 30 août 2006 (AFP) – L’ouverture des archives de la Securitate, qui a révélé la collaboration avec les services secrets communistes de plusieurs hommes politiques roumains, fait désormais trembler le clergé, nombre de ses hiérarques étant soupçonnés d’avoir « signé un pacte avec le diable ».
Lancée la semaine dernière par le ministre de la Culture Adrian Iorgulescu, l’idée de démasquer les prêtres informateurs de l’ancienne police politique a aussitôt suscité un tollé, des religieux comme des laïcs estimant qu’il s’agissait d’un « blasphème » contre l’Eglise orthodoxe, majoritaire en Roumanie.
Pour Cazimir Ionescu, membre du Conseil d’étude des archives de la Securitate (CNSAS), dévoiler les noms des prêtres collaborateurs aboutirait à décrédibiliser la « dernière institution à laquelle font encore confiance les Roumains ». « Dieu seul peut et doit juger l’Eglise », a-t-il lancé.
Même son de cloche chez le patriarche orthodoxe Teoctist, selon lequel « il appartient à l’Eglise, et non pas au monde politique, de porter jugement sur les actions des prêtres ». Selon Mgr Teoctist, le synode orthodoxe « s’est déclaré dès 2001 en faveur de l’ouverture des archives de la Securitate ». Nombre d’analystes et d’historiens rappellent toutefois que l’Eglise orthodoxe a tout fait pour mettre les religieux à l’abri de toute révélation embarrassante issue de ces dossiers.
Le patriarche a lui-même été accusé ces derniers temps d’avoir été un collaborateur de la Securitate, ce qu’il a toujours nié. Ses critiques lui reprochent également son mutisme devant les destructions d’églises ordonnées dans les années 1980 par Nicolae Ceausescu ainsi que la « lettre de soutien » qu’il avait envoyée à l’ancien dictateur au moment de la répression du soulèvement anti-communiste de Timisoara (ouest du pays), en décembre 1989.
Les catholiques se sont pour leur part déclarés « d’accord » avec l’idée de rendre publics les liens entre le clergé et la police politique, une démarche qui « fera également la lumière sur les souffrances » dont ont été victimes nombre de croyants et de prêtres de ce culte sous le régime communiste.
Mais, s’est insurgé un porte-parole de l’Eglise catholique, « dire que les prêtres ont trahi le saint secret de la confession, cela est hallucinant et jette une ombre inacceptable sur notre foi ».
Au contraire, s’est défendu M. Iorgulescu, « mon initative vise à renforcer le prestige de l’Eglise, une institution qui jouit de la confiance d’une grande majorité de la société roumaine, mais qui doit passer elle aussi par ce purgatoire ».
Selon lui, les rapports rendus par des prêtres aux officiers de la Securitate « risquent d’épouvanter les fidèles ». « Ces gens ont transigé avec leur propre conscience et avec leur mission spirituelle », a martelé le ministre.
Le président Traian Basescu, qui a fait pression depuis le début de son mandat en faveur de l’ouverture des archives, a toutefois appelé à la « modération » lorsqu’on évoque la collaboration des prêtres avec la Securitate. « Sous le régime communiste, lorsque l’athéisme était devenu politique d’Etat, les cultes ont dû survivre », a-t-il déclaré, laissant entendre que le clergé avait été contraint à des compromissions afin de pouvoir poursuivre sa mission.
Le métropolite du Banat à Timisoara, Nicolae Corneanu, une figure très respectée de l’Eglise orthodoxe qui a eu le courage d’avouer aussitôt après la révolution de 1989 avoir collaboré avec la Securitate, s’est quant à lui félicité de la décision de rendre publics les dossiers des prêtres. « Le clergé ne peut pas être exempté de cette démarche qui vise à assainir la société », a-t-il souligné. AFP
Les dessous de la censure de Hollywood dévoilés par un documentaire incisif
Par Tangi QUEMENER AFP, le 30 août 2006 à 06h11
LOS ANGELES, 30 août 2006 (AFP) – Opaque, parfois contestée mais très puissante, la censure que s’impose le cinéma américain est disséquée dans un documentaire féroce posant la question de la pertinence et des buts d’un système en place depuis près de 40 ans. « This film is not yet rated », littéralement « Ce film n’a pas encore reçu de visa d’exploitation », qui sort vendredi à New York et Los Angeles, est construit comme une enquête policière: le réalisateur Kirby Dick a d’ailleurs engagé des détectives privés pour percer les secrets de l’Association du cinéma américain (MPAA). Cette organisation, qui réunit les grands studios (20th Century Fox, Paramount, Sony pictures, Universal, Walt Disney pictures et Warner Bros) pour défendre leurs intérêts, est aussi celle qui a la mainmise sur les visas d’exploitation des films, le but étant de protéger les enfants d’images qui pourraient les perturber. Selon le degré de violence, de langage grossier ou de nudité des acteurs, le visa peut être « G » (toutes audiences) « PG » (présence d’un adulte conseillée aux côtés des jeunes spectateurs), « PG-13 » (idem, mais pour les enfants de moins de 13 ans), « R » (les moins de 17 ans doivent être accompagnés d’un majeur) ou « NC-17 » (interdit au moins de 17 ans, anciennement « X »). Ce système a été créé en 1968 par Jack Valenti, à la tête de la MPAA de 1966 à 2004. Il s’agissait selon lui d’éviter que le gouvernement américain n’impose sa propre censure aux studios à un moment où la contestation grandissante de la jeunesse commençait à se refléter dans certains films. Mais l’oeuvre de M. Dick, qui fait parler des réalisateurs, experts et d’anciens membres du groupe de notation de la MPAA, affirme que le processus s’opère dans le secret, selon des critères contestables et par des anonymes cooptés dont le film met en cause la représentativité. Extraits de longs métrages à l’appui, M. Dick souligne notamment que les oeuvres montrant des actes homosexuels, même suggérés, sont bien plus susceptibles que ceux présentant des relations hétérosexuelles d’être marqués d’un « NC-17 », un handicap commercial très difficile à surmonter. « Ce qui frappe immédiatement de la part de la MPAA, c’est à quel point ils semblent être inquiets de voir du sexe, plus que de la violence », note pour sa part l’un des intervenants, le critique de cinéma de l’hebdomadaire Newsweek David Ansen. Pour une autre experte, Dotty Hamilton, la MPAA « utilise la peur d’une censure d’Etat pour garder le pouvoir et le contrôle sur l’industrie du cinéma », alors que la liberté d’expression est l’une des pierres d’angle du système politique américain. Grâce à l’opiniâtreté des détectives, M. Dick réussit à connaître le nom des membres du conseil de notation de la MPAA et de son instance d’appel interne, allant jusqu’à… fouiller dans leurs poubelles. Il révèle aussi que deux membres du clergé siègent aux côtés de représentants des grands studios dans la seconde instance, ce que la MPAA reconnaît, en insistant sur le fait qu’ils n’ont pas le droit de vote. Interrogée par l’AFP, la porte-parole de la MPAA Kori Bernards pointe d’autres « inexactitudes » dans le film. Défendant la « transparence, autant que possible, des procédures » de notation, elle souligne que ses règles sont disponibles sur le site internet de l’organisation et assure que les grands studios ne sont pas favorisés, contrairement à ce qu’affirme M. Dick. La MPAA dit en outre être confortée par des sondages annuels qui montrent selon elle que 80% des parents américains interrogés trouvent ses visas utiles. En raison des scènes crues qu’il a employées pour illustrer sa démonstration, M. Dick a vu son film classé « NC-17 ». Mme Bernards note qu’il a décidé, et réussi, à l’exploiter sans visa, ce qui indique selon elle que la MPAA n’est pas une instance de censure. AFP
Béji Caïd Essebsi parle de la guerre du Liban, des Occidentaux,
de l’Iran et des Arabes
Les armes se sont, momentanément, tues au Liban. Place à l’analyse politique et géostratégique. Quelles répercussions de la demi-défaite d’Israël sur la région? La paix est-elle encore possible ? Quelles sont les visées américaines ? Que peuvent faire les Arabes ? Faut-il avoir peur de l’Iran ?
Sur toutes ces questions, Béji Caïd Essebsi, ancien ministre des Affaires étrangères de Bourguiba, nous livre une analyse fine et circonstanciée.
Que pensez-vous de la fameuse Résolution 1071 du Conseil de Sécurité mettant fin à la guerre israélienne au Liban ?
La Résolution 1071 du Conseil de Sécurité ne règle aucun problème et peut être remise en cause à tout moment. En effet, la résolution ne comporte aucune disposition :
– qui condamne Israël pour son agression armée et pour la violation des règles et normes de droit international ;
– qui condamne Israël à réparer les dommages qu’il a causés au Liban, qui ordonne un cessez-le-feu immédiat et sans condition et le retrait des troupes israéliennes sur les lignes qu’elles occupaient au moment du déclenchement des hostilités.
N’y a-t-il que des aspects négatifs dans cette résolution ?
Le Conseil a cependant décidé la cession complète, mais non immédiate, des hostilités et chargé la FINUL (Force d’Interposition des Nations Unies au Liban) renforcée d’épauler l’armée libanaise dans son déploiement à la frontière libano-israélienne, et non une force multinationale comme le souhaitaient les auteurs du projet de résolution. Le Conseil a également décidé la communication par Israël des plans et cartes d’implantation des mines disséminées sur le territoire libanais. Malgré son ambiguïté et ses insuffisances, la résolution à tout de même le mérite d’exister, elle permet l’arrêt des destructions et l’arrêt de l’hémorragie en pertes humaines des deux côtés de la frontière.
Mais ne nous berçons pas d’illusions, c’est maintenant que les difficultés commencent et que les divergences vont apparaître :
– désarmement ou non du Hezbollah ;
– levée ou non des embargos aérien et maritime ;
– maintien ou retrait des troupes israéliennes au Liban ;
– libération ou non des soldats israéliens capturés et des militants libanais emprisonnés en Israël etc.
Comment analysez –vous les répercussions de cette guerre sur l’Etat hébreu ?
Pour la première fois de son histoire, Israël n’est pas sorti vainqueur d’une guerre israélo-arabe. Malgré la supériorité numérique des hommes engagés sur le théâtre des opérations et la supériorité technologique dont il a pu disposer, Israël n’a pas été capable de réaliser sur le terrain les objectifs fixés par ses stratèges militaires et politiques selon des plans minutieusement préparés à l’avance. Seul le soutien de son allié américain lui a permis d’obtenir par la diplomatie ce qu’il n’a pu réaliser sur le terrain.
Outre le fait qu’ils se sont rendus coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, les dirigeants israéliens ont politiquement failli en sous- estimant l’adversaire et en engageant des hostilités d’une telle envergure au motif futile que deux soldats israéliens ont été capturés par le Hezbollah sur le territoire libanais des fermes de Chebaa, à moins que le véritable motif n’ait été de préparer le terrain à l’avènement du “nouveau Moyen Orient” dont Israël serait le pivot et qui nécessite de ramener les pays récalcitrants (Irak, Liban, Syrie et Iran) à la situation de pré- Etat pour pouvoir remodeler la région sur d’autres bases.
De surcroît, les dirigeants israéliens ont commis la faute d’engager, le 12 août 2006, au lendemain du vote de la Résolution 1701, une opération militaire d’envergure, aérienne et terrestre, pour essayer d’atteindre coûte que coûte des positions de force : “aller jusqu’au bout du fleuve Litani et au-delà si nécessaire”. Ils n’ont pu qu’apporter la preuve par l’absurde de leur incapacité de gagner sur le terrain.
Aujourd’hui, à l’évidence, un problème de gouvernance est posé en Israël. Que les Israéliens et leur allié américain le déplorent et que le reste du monde s’en réjouisse, la page du peuple que de Gaulle a qualifié de “arrogant et dominateur” est bel et bien tournée.
Beaucoup d’analystes déplorent le fait que l’Europe est incapable de peser sur les conflits armés. Cela a-t-il encore été le cas au Liban ?
La France, sous l’impulsion de Jacques Chirac, a été fortement présente dans cette guerre israélo-libanaise et a pesé de tout son poids dans la rédaction et la reformulation du projet de résolution finalement approuvé le 11 août à l’unanimité du Conseil de Sécurité. Son poids aurait été plus important si elle avait pu entraîner avec elle le reste des pays de l’Union Européenne. Mais l’Europe se cherche et la majorité des Etats membres souffrent du complexe de culpabilité qui marque la conscience européenne à l’égard de l’Etat d’Israël, comme le reconnaît dans son livre “Quel avenir pour Israël ?” Shlomo Ben Ami, l’ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Barak. Il ajoute que ce complexe explique en partie le comportement européen. En réalité, si les Européens doivent éprouver un complexe de culpabilité, cela ne peut être qu’envers le peuple juif, ils ne devraient pas nourrir ce genre de complexe vis-à-vis d’Israël. Mais la conscience occidentale ne sait pas distinguer clairement Judaïsme et israélisme et cette confusion fait problème.
Pourtant un rôle plus actif de l’Europe est non seulement souhaitable mais nécessaire pour mettre fin au tête-à-tête américano-israélien, Tant que durera ce tête-à- tête, toute tentative pour apporter une solution définitive au conflit israélo-arabe n’aurait d’autre résultat que de transformer problème difficile en problème insoluble, comme le souligne Henry Kissinger dans son livre “La nouvelle puissance américaine”.
Et les Arabes dans tout cela ?
Depuis le déclenchement des hostilités, les Arabes ont, dans leur majorité, adopté un profil bas. Certains d’entre-eux ont, par leurs déclarations, donné l’impression de se poser en “alliés objectifs” des agresseurs. C’est sans doute devant le comportement héroïque inattendu des hommes et de la Résistance libanaise et le front uni présenté par les Libanais, toutes tendances confondues, que les pays arabes se sont ressaisis pour déclarer unanimement leur solidarité avec le peuple libanais et sa Résistance et pour soutenir le plan en sept points du gouvernement libanais. Il reste à espérer que la belle unanimité des pays arabes comme celle des Libanais, ne s’effritront pas dès que les armes se seront tues.
Des manifestations de rue en soutien du peuple libanais – plus ou moins tolérées par les régimes en place – ont été organisées dans la quasi-totalité des pays arabes. Ces manifestations ont mis encore une fois en évidence la césure qui existe entre les réalités populaires et le comportement des gouvernants qui, dans leur majorité, souffrent d’un déficit de légitimité publique et démocratique. Il est peut-être encore temps d’en prendre conscience et d’essayer d’y remédier en réduisant le fossé qui se creuse de plus en plus entre le pouvoir officiel et le pouvoir populaire.
Retenons cependant un grand sujet de satisfaction : la seule grande réalisation arabe de ces dernières années qui a permis de gagner la première bataille contre l’agresseur, la bataille de l’image et de l’information. AL JAZIRA, a réalisé cet exploit. Il est juste de rendre un vibrant hommage à l’Emir de Qatar et a son talentueux ministre des Affaires étrangères qui sont à l’origine de cette belle et grande réalisation.
Comment jugez-vous le comportement militaire du Hezbollah pendant la guerre ?
Fer de lance de la Résistance libanaise, Hezbollah a été la grande révélation de la sixième guerre israélo-arabe. A la surprise générale, il n’a pas perdu la guerre en quelques jours comme le pensaient ou l’espéraient certains, mais il a au contraire résisté avec succès pendant plus d’un mois aux assauts des forces israéliennes d’invasion, sans plier genou, rendant coup pour coup, et a su porter le danger en territoire israélien.
Les hommes de la Résistance libanaise ont réalisé l’exploit peu banal de démystifier la légende de l’invincibilité des formations d’élite de l’armée israélienne en apportant la preuve que ces formations perdent de leur efficacité lorsqu’elles affrontent une résistance populaire organisée en guérilla. Le succès de la Résistance libanaise est un hommage posthume à Habib Bourguiba qui a constamment soutenu, contre l’avis de ses pairs, que si l’armée israélienne a toujours, dans une guerre classique, marqué sa supériorité face à toutes les armées arabes réunies, elle ne pourra jamais arriver à vaincre une organisation de guérilla agissant au milieu d’une population sympathisante qui lui apporte son soutien.
La non-défaite du Hezbollah est une non-défaite arabe ou iranienne?
Cela n’est pas important. Cette guerre n’est pas israélienne, elle est israélo-américaine. Les Etats-Unis, depuis le 11 septembre 2001, ont présenté plusieurs projets pour la région, dont le Grand Moyen-Orient. Cette notion n’est pas géographique, elle est géopolitique. Pour la première fois le Maghreb se retrouve avec l’Afghanistan et le Pakistan et évidemment l’Iran. Ce projet s’inscrit dans une stratégie à long terme dans la perspective des confrontations futures avec la Chine. La réussite de cette stratégie nécessite une présence militaire permanente américaine dans les pays arabes. Cela a été clairement explicité par Colin Powel en 2002. L’objectif est de sécuriser la présence américaine dans l’Océan Indien.
Les USA n’ont pas réussi leur projet de Grand Moyen-Orient parce qu’ils l’ont conçu en dehors des Arabes. Pour eux seuls trois pays comptent : Israël, la Turquie et l’Iran. Israël est le pivot de l’organisation américaine et la Turquie est l’allié traditionnel. Le “fauteur de troubles” est bien évidemment l’Iran.
Ils ont conçu la politique de containment de l’Iran, mais cela n’était pas suffisant. Ils ont pensé, ensuite, à un double containment de l’Iran et de la Syrie.
Après l’échec du grand Moyen-Orient (GMO), qui s’est cassé les dents en Irak, on a eu droit à un Nouveau Moyen-Orient. On est passé du règlement du conflit israélo-palestinien, même si ce n’était pas la priorité du GMO, à sa liquidation fin d’affronter un Iran affaibli. Pour cela il y a deux obstacles: le Hezbollah et le Hamas. Pour le Hamas, sa liquidation est déjà entamée mais le Hezbollah est un os. La tâche de destruction a été confiée à Israël qui n’est pas tenu par une opinion publique très regardante.
Pour les Américains et les Israéliens, le Hezbollah est une excroissance iranienne. Seulement on ne retrouve dans le discours du Hezbollah aucune revendication non libanaise.
Je répète ma question : une non défaite des Arabes ou de l’Iran?
Les Iraniens et les Arabes, dans cette affaire, sont des alliés objectifs. Il est certain que les militants du Hezbollah sont des Arabes. Ils sont d’inspiration iranienne, cela est indiscutable. Ils sont des alliés de l’Iran. Ils ont eu, au moins, l’intelligence d’être les alliés d’un pays qui ne les a pas lâchés. L’Iran a bien manœuvré dans cette crise. Les Arabes n’ont pas perdu grâce au Hezbollah et à l’Iran.
Les Arabes sont en train d’être ridiculisés par les Américains et les Occidentaux. On veut leur faire croire qu’ils sont en danger à cause de l’Iran. En réalité l’Iran n’est pas capable de menacer aucun pays arabe. La grande menace iranienne était la Révolution islamique de Khomeïni qui voulait s’exporter. Le mérite de Saddam Husseïn, il faut le dire, était d’avoir stoppé cette menace et d’avoir protégé tous les pays fragiles de la région. Ce sont les Irakiens qui ont donné leurs enfants pour contenir cette furia révolutionnaire. La bataille de l’exportation et du rayonnement de la Révolution islamique a été perdue par l’Iran.
N’est-on pas entré dans une seconde phase de messianisme iranien?
L’Iran serait dans une seconde phase dangereuse si rien ne change dans le Monde arabe. Des régimes qui souffrent d’un déficit de légitimité politique, où il n’y a pas d’espace de liberté.
Certains pensent que le soutien américain à Israël n’a jamais été aussi total et inconditionnel. Qu’en pensez-vous ?
La spécificité des liens qui unissent les Etats-Unis et Israël est connue. Il suffit de rappeler que les Etats-Unis ont été un facteur primordial dans la création de l’Etat d’Israël, et que les présidents des Etats-Unis commencent leur mandat en faisant le serment de défendre l’existence de l’Etat d’Israël, ce qui fait dire à Geoffre Kemp, membre du Centre Nixon pour la Paix : “Les Américains soutiendront Israël à tout prix, qu’il fasse la paix ou la guerre”. Mais en dépit de la spécificité et de l’intimité des liens qui unissent les deux pays, le soutien des Etats- Unis à Israël a été dans le passé souvent nuancé et n’avait jamais atteint le degré de l’identification surtout lorsque la position d’Israël manque de teneur morale.
Tout le monde a en mémoire le rôle joué par le Président Eisenhower pour arrêter en 1956 l’agression tripartite anglo-franco-israélienne contre l’Egypte Recevant l’ambassadeur de France Hervé Alphand, le Président s’est adressé à lui en ces termes : “Il faut vous retirer d’Egypte. Notre position est celle que nous dicte la Charte des Nations Unies. Elle est inviolable… La vie est une échelle dressée vers le ciel. Je suis au dernier échelon et je tiens à me présenter devant mon créateur les mains non souillées”. Le jour des élections américaines, les armes se sont tues et Eisenbower a été réélu.
Quand vous étiez ministre des Affaires étrangères, il y a eu, en octobre 1985, le bombardement israélien de Hammam Chatt. Comment se sont comportés les Américains à l’époque ?
J’ai personnellement encore à l’esprit l’attitude américaine lors du bombardement de Hammam Chatt par l’aviation israélienne, le 1er octobre 1985. Sur la foi d’éléments d’information fournis par Israël le Président Reagan déclarait le jour même de l’agression: “Le bombardement du quartier général de l’OLP est un acte légitime d’auto-défense ; j’ai toujours eu confiance dans les services spéciaux israéliens”. Le lendemain, l’Administration américaine nuançait la déclaration en qualifiant l’attaque de “compréhensible, expression de self defense, mais déplorable et contraire aux objectifs des Etats Unis pour la paix au Moyen-Orient”.
Le 4 octobre 1985, lors de la session décisive du Conseil de Sécurité, les Etats-Unis décident de ne pas user de leur droit de veto, mais de s’abstenir et de laisser passer la Résolution 573 (1985) du Conseil qui “condamne énergiquement l’acte d’agression armée perpétré par Israël contre le territoire tunisien en violation flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit et des normes de conduite internationaux”. Cette résolution est approuvée par quatorze voix y compris le Royaume Uni. Dans une lettre adressée au Président Bourguiba, le Président Reagan a exprimé les regrets des Etats-Unis à la Tunisie et lui a donné l’assurance formelle que les Etats-Unis n’ont joué aucun rôle dans cette affaire et n’ont été informés par les Israéliens qu’après que l’attaque eut été perpétrée.
Aujourd’hui, face à l’agression israélienne contre le Liban, la position des Etats-Unis s’est au contraire identifiée à celle d’Israël. Les Etats-Unis se sont positionnés en première ligne, agissant non en allié mais en partie prenante. Ils ont tout d’abord, sans hésitation, légitimé l’agression en épousant la thèse d’Israël qui considère la capture des deux soldats israéliens par Hezbollah comme un casus belli justifiant le déclenchement d’une guerre de destruction massive contre un Etat qui a n’était pas directement impliqué dans l’acte incriminé. Le Président Bush a même été plus loin que le Premier ministre d’Israël : alors que ce dernier a trouvé intéressante la proposition du gouvernement libanais de déployer 15.000 soldats libanais au Sud Liban, le Président des Etats-Unis l’a devancé par une déclaration rejetant la proposition. L’identification des positions américaine et israélienne pose problème. Elle porte atteinte à la crédibilité de ce grand pays lorsqu’il est appelé à assumer le rôle qui lui est dévolu en tant que première puissance mondiale dont le leadership est indispensable pour parvenir aux compromis nécessaires pour le règlement des conflits qui éclatent dans le monde.
Comment expliquez-vous l’alignement inconditionnel des Américains au profit d’Israël ?
On peut spéculer longtemps sur les raisons qui expliquent ce changement de la politique américaine, spécialement dans ce récent conflit. L’explication tient dans la décision prise par l’Administration américaine d’aller de l’avant dans la mise en œuvre du projet de nouveau Moyen- Orient en donnant la priorité au règlement du conflit israélo-arabe. C’est la leçon tirée de l’échec du projet du Moyen-Orient élargi, où les Américains n’ont cessé de répéter qu’ils ont “un intérêt national, profond et constant de mettre fin à ce conflit” sans prendre aucune initiative crédible dans ce sens. Plutôt qu’un règlement, il s’agit d’une liquidation de la cause palestinienne selon les plans israéliens, et qui nécessite au préalable la liquidation du Hamas et du Hezbollah pour passer enfin, une fois le terrain déblayé, à l’Iran et à la Syrie. La tâche de liquider les deux mouvements chiites est confiée à Israël qui, avec son arrogance coutumière et par l’usage immodéré de la force a, sans motif légitime, déclenché la guerre contre le Liban, commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, violé les lois et les normes de conduite internationaux : un comportement voyou. Tandis qu’Israël poursuit la liquidation du Hamas, le Hezbollah a dressé un obstacle, il a simplement mis en échec le projet américano-israélien. Quelle humiliation pour la première puissance mondiale et pour l’armée qui se prétend plus puissante que toutes les armées arabes réunies !
Il semble qu’Américains et Israéliens n’aient pas tiré toutes les leçons de l’échec du projet mort-né du Moyen-Orient élargi. Ils doivent se rendre à l’évidence que la puissance militaire ne suffit pas pour réaliser les objectifs que l’on se fixe unilatéralement, même pour la première puissance militaire mondiale qui en a déjà fait l’expérience en Irak. Quant à la puissance militaire israélienne, elle savait mieux que quiconque qu’elle n’était pas arrivée à maîtriser l’Intifadha. Elle apprend aujourd’hui, après sa défaite contre Hezbollah, qu’il est impossible de vaincre une organisation de guérilla lorsqu’elle est au service d’une cause juste et qu’elle agit au milieu d’une population qui lui apporte un soutien inconditionnel.
Au Moyen-Orient, il ne s’agit pas de remporter des victoires militaires mais de gagner la paix politique pour arriver à la paix véritable. Pour cela, il faut parvenir à un règlement du problème palestinien, non pas en faveur du seul Israël mais un règlement équitable pour toutes les parties, au règlement juste. On est tenté de mettre cet échec des deux alliés stratégiques américain et israélien sur le compte de leur gouvernance ou, comme dirait de Gaulle, “sur le compte de l’inexpérience surtout”. La revue Time Magazine a élu le Président Bush “l’homme de l’année 2004“ mais la même année 2004, Zbigniew Brzezinski, dans son livre, “Le vrai choix” présenté au monde l’image d’une Amérique qui domine tout mais qui, seule, ne peut tout. Jamais sa puissance militaire n’a été plus impressionnante, mais jamais sa crédibilité politique n’a été plus discutée.
Zyed Krichen
(Source : « Réalités » N° 1079 du 31 août 2006)
THE BIG LIE ABOUT `ISLAMIC FASCISM’
Eric S. Margolis, Foreign Correspondent / Defense Analyst & Columnist 28 August 2006 The latest big lie unveiled by Washington’s neoconservatives are the poisonous terms, `Islamo-Fascists’ and `Islamic Fascists. They are the new, hot buzzwords among America’s far right and Christian fundamentalists. President George W. Bush made a point last week of using `Islamofacists’ when recently speaking of Hezbullah and Hamas – both, by the way, democratically elected parties. A Canadian government minister from the Conservative Party compared Lebanon’s Hezbullah to Nazi Germany. The term `Islamofascist’ is utterly without meaning, but packed with emotional explosives. It is a propaganda creation worthy Dr. Goebbles, and the latest expression of the big lie technique being used by neocons in Washington’s propaganda war against its enemies in the Muslim World. This ugly term was coined – as was the other hugely successful propaganda term, `terrorism’ – to dehumanize and demonize opponents and deny them any rational political motivation, hence removing any need to deal with their grievances and demands. As the brilliant humanist Sir Peter Ustinov so succinctly put it, `Terrorism is the war of the poor, and war is the terrorism of the rich.’ Both the terms `terrorism’ and `fascist’ have been so abused and over used that they have lost any original meaning. The best modern definition I’ve read of fascism comes in former Colombia University Professor Robert Paxton’s superb 2004 book, `The Anatomy of Fascism.’ Paxton defines fascism’s essence, which he aptly terms its `emotional lava’ as: 1. a sense of overwhelming crisis beyond reach of traditional solutions; 2. belief one’s group is the victim, justifying any action without legal or moral limits; 3. need for authority by a natural leader above the law, relying on the superiority of his instincts; 4. right of the chosen people to dominate others without legal or moral restraint; 5. fear of foreign `contamination.’ Fascism demands a succession of wars, foreign conquests, and national threats to keep the nation in a state of fear, anxiety and patriotic hypertension. Those who disagree are branded ideological traitors. All successful fascists regimes, Paxton points out, allied themselves to traditional conservative parties, and to the military-industrial complex. Highly conservative and militaristic regimes are not necessarily fascist, says Paxton. True fascism requires relentless aggression abroad and a semi-religious adoration of the regime at home. None of the many Muslim groups opposing US-British control of the Mideast fit Paxton’s definitive analysis. The only truly fascist group ever to emerge in the Mideast was Lebanon’s Maronite Christian Phalange Party in the 1930’s which, ironically, became an ally of Israel’s rightwing in the 1980’s. It is grotesque watching the Bush Administration and Tony Blair maintain the ludicrous pretense they are re-fighting World War II. The only similarity between that era and today is the cultivation of fear, war fever and racist-religious hate by US neoconservatives and America’s religious far right, which is now boiling with hatred for anything Muslim. Under the guise of fighting a `third world war’ against `Islamic fascism,’ America’s far right is infecting its own nation with the harbingers of WWII totalitarianism. In the western world, hatred of Muslims has become a key ideological hallmark of rightwing parties. We see this overtly in the United States, France, Italy, Holland, Denmark, Poland, and, most lately, Canada, and more subtly expressed in Britain and Belgium. The huge uproar over blatantly anti-Muslim cartoons published in Denmark laid bare the seething Islamophobia spreading through western society. There is nothing in any part of the Muslim World that resembles the corporate fascist states of western history. In fact, clan and tribal-based traditional Islamic society, with its fragmented power structures, local loyalties, and consensus decision-making, is about as far as possible from western industrial state fascism. The Muslim World is replete with brutal dictatorships, feudal monarchies, and corrupt military-run states, but none of these regimes, however deplorable, fits the standard definition of fascism. Most, in fact, are America’s allies. Nor do underground Islamic militant groups (`terrorists’ in western terminology). They are either focused on liberating land from foreign occupation, overthrowing `un-Islamic’ regimes, driving western influence from their region, or imposing theocracy based on early Islamic democracy. Claims by fevered neoconservatives that Muslim radicals plan to somehow impose a worldwide Islamic caliphate are lurid fantasies worthy of Dr. Fu Manchu and yet another example of the big lie technique that worked so well over Iraq. As Prof. Andrew Bosworth notes in an incisive essay on so-called Islamic fascism, `Islamic fundamentalism is a transnational movement inherently opposed to the pseudo-nationalism necessary for fascism.’ However, there are plenty of modern far rightists with neo-fascist tendencies. But to find them, you have to go to North America and Europe. They advocate `preemptive attacks against all potential enemies,’ grabbing other nation’s resources, overthrowing uncooperative governments, military dominance of the world, hatred of Semites (Muslims in this case), adherence to biblical prophecies, hatred of all who fail to agree, intensified police controls, and curtailment of `liberal’ political rights. They revel in flag-waving, patriotic melodrama, demonstrations of military power, and use the mantle of patriotism to feather the nests of the military-industrial complex, colluding legislators and lobbyists. They urge war to the death, fought, of course, by other people’s children. They have turned important sectors of the media into propaganda organs and brought the Pentagon largely under their control. And now they are furiously whipping up war fever against Syria and Iran as a last desperate effort to keep themselves in power after the debacles they created in Afghanistan, Iraq, Somalia and Lebanon. copyright Eric S. Margolis 2006 Posted by Eric Margolis on August 28, 2006 12:22 PM URL:
http://www.ericmargolis.com/archives/2006/08/the_big_lie_abo.php
Home – Accueil – الرئيسية