REPORTERS SANS FRONTIERES COMMUNIQUE DE PRESSE 30.01.2010 TUNISIE
La Cour d’appel confirme la condamnation de Taoufik Ben Brik
Le 30 janvier 2010, la Cour d’appel de Tunis a confirmé la condamnation du journaliste Taoufik Ben Brik à six mois de prison ferme. « Nous sommes face à un terrorisme d’Etat. Le comble est que cet Etat est soutenu par des Parlementaires européens qui vantent la réussite économique de la Tunisie et le fait que ce pays est un rempart contre le terrorisme. Je vais porter plainte après des Nations unies », a déclaré Azza Zarrad, la femme du journaliste, à Reporters sans frontières. « Nous sommes déçus par cette décision. On aurait espéré que les juges fassent preuve de plus d’indépendance et de discernement. Le dossier de l’accusation est vide. Rien ne justifie que Taoufik Ben Brik reste en prison », a estimé Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, avant d’ajouter : « Reste maintenant à s’assurer que les conditions de détention de Taoufik soient les meilleures possibles. » Pour Maître William Bourdon, avocat du journaliste, « La confirmation de la peine prononcée en première instance ne fait que confirmer l’absence totale d’indépendance de la justice tunisienne. » Incarcéré le 29 octobre 2009, après la publication d’articles critiques envers le régime du président Ben Ali par deux médias français, Le Nouvel Observateur et le site Mediapart, Taoufik Ben Brik avait été condamné à six mois de prison, le 26 novembre 2009, dans une affaire montée de toutes pièces. Trois jours plus tard, il était transféré vers la prison de Siliana, à 130 kilomètres de la capitale. Une mesure d’éloignement portée tardivement à la connaissance de sa famille et de ses avocats. La famille et la plaignante avaient l’une et l’autre interjeté appel de la première condamnation. Désormais, le seul recours possible est la grâce présidentielle.
Reporters sans frontières: « rien ne justifie que Taoufik Ben Brik reste en prison
(AFP) – 30.01.2010 PARIS — L’organisation Reporters sans frontières (RSF) s’est déclarée samedi « déçue » par la confirmation en appel de la condamnation à six mois de prison ferme du journaliste opposant tunisien Taoufik Ben Brik, soulignant que « rien ne justifie » qu’il reste en prison. La cour d’appel de Tunis a confirmé samedi la peine prononcée en première instance à l’encontre du journaliste de 49 ans pour violences contre une automobiliste, une affaire montée de toutes pièces pour ses défenseurs. « Nous sommes déçus par cette décision. On aurait espéré que les juges fassent preuve de plus d’indépendance et de discernement. Le dossier de l’accusation est vide. Rien ne justifie que Taoufik Ben Brik reste en prison », a estimé le secrétaire général de RSF, Jean-François Julliard, dans un communiqué. « Reste maintenant à s’assurer que les conditions de détention de Taoufik soient les meilleures possibles », a-t-il ajouté. Pour Me William Bourdon, avocat français du journaliste, cité dans le même communiqué, « la confirmation de la peine prononcée en première instance ne fait que confirmer l’absence totale d’indépendance de la justice tunisienne ». La femme de Taoufik Ben Brik, Azza Zarrad, également citée par RSF, a dénoncé « un terrorisme d’Etat ». « Le comble est que cet Etat est soutenu par des parlementaires européens qui vantent la réussite économique de la Tunisie et le fait que ce pays est un rempart contre le terrorisme », a-t-elle ajouté. Elle a fait part de son intention de « porter plainte après des Nations unies ».
Tunisie: la FIDH exprime sa « consternation » après le verdict contre Ben Brik
AFP 30.01.10 | 15h29 La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ont exprimé samedi leur « consternation » après la confirmation en appel de la condamnation du journaliste opposant tunisien Taoufik Ben Brik. La cour d’appel de Tunis a confirmé samedi la peine prononcée en première instance à l’encontre du journaliste de 49 ans pour violences contre une automobiliste, une affaire montée de toutes pièces selon ses défenseurs. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, « a appris avec consternation la confirmation par la cour d’appel de Tunis de la condamnation à une peine de 6 mois de prison ferme contre Taoufik Ben Brik, journaliste tunisien indépendant et défenseur des droits de l’Homme », indique-t-il dans un communiqué. « Avec consternation mais sans aucun étonnement », ajoute Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, cité dans le communiqué. « Ce jugement, prononcé par une cour inféodée au pouvoir exécutif intervient en effet dans un contexte de recul sans précédent de la liberté de la presse en Tunisie », souligne le texte. « La répression de toute forme de contestation y est systématique aujourd’hui, elle s’est encore renforcée depuis la campagne électorale de 2009 », ajoute Eric Sottas, secrétaire général de l’OMCT. Rappelant que Taoufik Ben Brik est atteint d’une maladie rare qui affecte son système immunitaire et nécessite des soins appropriés, l’observatoire « demande instamment aux autorités tunisiennes de faire en sorte que ces soins lui soient apportés, et exige sa libération dans les plus brefs délais ». Il appelle la communauté internationale, « trop souvent conciliante à l’égard de ce régime, à réagir avec vigueur à cette +décision de justice+ motivée par des considérations politiques ».
Tunisie: confirmation du verdict de première instance contre le journaliste Taoufik ben Brik
AP | 30.01.2010 | 14:11 La cour d’appel de Tunis a confirmé samedi le jugement prononcé en première instance contre le journaliste tunisien Taoufik ben Brik condamné fin novembre dernier à six mois de prison ferme pour « agression » d’une femme sur la voie publique, a-t-on appris auprès de son avocate, Me Radhia Nasraoui. Ses avocats ainsi que l’organisation Reporters sans frontières (RSF) avancent que le « procès politique » fait à Ben Brik a été « monté de toutes pièces » pour le sanctionner à la suite des articles virulents contre le régime tunisien publiés dans la presse française à la veille des élections d’octobre dernier qui ont reconduit le président Zine El Abidine Ben Ali à la tête du pays pour un cinquième mandat successif de cinq ans. L’épouse du journaliste, Azza, a accueilli la nouvelle avec une grande déception. « Plus que déçue, je suis désarmée. Je ne lâcherai pas pour autant. Je porterai plainte aux Nations unies », a-t-elle déclarée au téléphone à l’Associated Press. « Nous sommes face à des institutions qui perpétuent le mensonge avec un dossier fabriqué de A à Z », s’est-elle insurgée. Pour l’avocat Néjib Chebbi, « la décision était attendue » dans la mesure où, selon lui, la cour a rejeté la demande de libération provisoire et « n’a pas tenu compte des arguments présentés par la défense quant au non respect de la procédure judiciaire et à l’aspect humanitaire de l’affaire ». « Atteint d’une déficience immunitaire, Taoufik Ben Brik est gravement malade. Un simple rhume peut mettre sa vie en danger surtout dans des conditions de détention inappropriées à son état de santé », a averti le conseil qui considère que le verdict en appel confirme « le caractère politique » du procès. L’avocat de la plaignante -Rym Nasraoui qui se présente comme une femme d’affaires- s’est dit, lui, « satisfait » par ce jugement bien qu’ayant « partiellement rendu justice à sa cliente » en l’absence de dédommagements. Taoufik Ben Brik était poursuivi « à la suite d’une plainte déposée par une citoyenne qui l’accuse de l’avoir agressée physiquement et occasionné d’importants dégâts à sa voiture », a rappelé une source judiciaire. Lors d’une altercation entre les deux parties sur la voie publique, le journaliste aurait, selon l’accusation, « pris la plaignante par les cheveux », l’aurait « rouée de coups de pieds et de gifles, tout en proférant à son égard des propos attentatoires aux bonnes murs et blasphèmes ». Au cours de son interrogatoire, le journaliste s’était démarqué de cette version des faits en dénonçant « un traquenard » monté par « les services spéciaux ». « J’ai dû crier devant les passants que c’était une policière pour pouvoir y échapper », avait-il relaté devant les juges. Cette affaire a été à l’origine d’une tension entre Tunis et Paris. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner s’était notamment déclaré « déçu » par les arrestations de journalistes en Tunisie, une prise de position qualifiée par les autorités tunisiennes d' »ingérence inacceptable ». AP
Le journaliste Taoufik Ben Brik, une plume libre contre le régime tunisien
AFP – le 30 janvier 2010, 16h34 Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik condamné samedi en appel à six mois de prison ferme pour « violence » sur une femme et qui se dit victime d’une machination politique, est connu à l’étranger pour être une plume libre et un critique irréductible du régime du président Zine El Abidine Ben Ali. Né il y a 49 ans à Jerissa, localité minière du nord-ouest de la Tunisie dont il a conservé l’accent rocailleux, Taoufik Ben Brik est l’un des six enfants du fondateur du premier syndicat minier du temps du protectorat français (1881-1956). Juriste de formation et francophone spécialisé dans la culture et le cinéma, il a commencé sa carrière dans les années 1980 dans la presse locale, avant d’être renvoyé du quotidien francophone gouvernemental La Presse. Rebelle, il s’engage avec la presse étrangère, notamment française, et entame une carrière sans frein. Avec sa plume au vitriol, il enchaîne les ouvrages et chroniques, maniant à souhait l’ironie et la satire avec toujours pour cible préféré le président Ben Ali. Ses neuf ouvrages et ses articles ne sont pas diffusés en Tunisie, où il demeure inconnu du grand public, la presse locale n’évoquant son nom que pour dénoncer un « scélérat », « un adepte de la violence » un « alcoolique » ou un « traître vendu à la France ». Le 3 avril 2000, il entreprend une grève de la faim de 42 jours pour protester contre des vexations dont il se disait l’objet, ainsi que sa famille. Cultivant l’esprit de clan avec ses neufs frères et soeurs, qui ont largement contribué à médiatiser sa grève, il réussit à impliquer la France, à commencer par l’ex-président Jacques Chirac, pour obtenir un passeport et son hospitalisation à Paris. L’authenticité de son jeûne fut pourtant mise en doute par ses détracteurs. Certains de ses amis ont par ailleurs regretté qu’il n’ai pas joué un rôle majeur pour fédérer l’opposition en Tunisie. Après plusieurs allers-retours entre la France et la Tunisie, il rejoint son épouse et ses deux enfants à Tunis et reprend en août dernier ses chroniques farouchement opposées à la réélection du président Ben Ali pour un cinquième mandat. « Mon mari n’a que sa plume pour se défendre », répéte son épouse Azza Zarrad, qui plaidait récemment sa cause à Paris et au Parlement européen.
Le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik condamné en appel
France Info – 14:56 Une cour d’appel tunisienne a confirmé la peine de six mois de prison infligée en novembre au journaliste et opposant Taoufik Ben Brik. Le journaliste tunisien était accusé d’avoir agressé une automobiliste, et avait été arrêté en octobre. Il nie les faits et se dit victime d’une machination. Taoufik Ben Brick était poursuivi pour « faits de violence, outrage public aux bonnes moeurs et dégradation volontaire des biens d’autrui » sur la base d’une plainte déposée par une femme d’affaires de 28 ans qui l’accuse d’avoir embouti sa voiture et de l’avoir battue et insultée devant témoins. Comme au premier procès, celle-ci était absente à l’audience en appel. Aujourd’hui, l’avocat de Taoufik Ben Brik demande à Nicolas Sarkozy d’intervenir pour sa libération.
Par AFP, publié le 30/01/2010 à 16:30 – mis à jour le 30/01/2010 à 19:12
TUNIS – Le journaliste tunisien correspondant de médias français, Taoufik Ben Brik, a été condamné samedi en appel à six mois d’emprisonnement par la Cour d’appel de Tunis pour violences contre une femme, à l’issue d’un procès décrit comme un affaire politique.
le journaliste tunisien Taoufik Ben Brik le 07 mai 2000 dans sa chambre de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière
« C’est un verdict scandaleux, une décision politique« , a protesté l’avocate militante des droits de l’Homme, Radhia Nasraoui, qui annonçait à la presse le verdict, confirmé peu après de source judiciaire officielle. La Chambre correctionnelle près la Cour d’appel de Tunis a « confirmé le jugement de première instance à six mois de prison pour coups et blessures volontaires, dégradation des biens d’autrui et atteinte aux bonnes moeurs« , est-il indiqué officiellement. Taoufik Ben Brik (Zoghlami), 49 ans, réincarcéré à Siliana (130 km de Tunis) après sa comparution le 23 janvier devant cette cour, était absent du tribunal samedi. « Il restera détenu à Siliana, sauf mesure de grâce présidentielle ou pourvoi en cassation possible dans les dix jours« , a indiqué Me Nasraoui. « Encore une fois nous avons une décision d’Etat et non de justice« , a réagi son épouse Azza Zarrad, affirmant vouloir « porter l’affaire devant les Nations unies« . Taoufik Ben Brik a répété être la cible d’un « procès politique » dans le cadre d’une « affaire fabriquée par les services spéciaux » pour le punir de ses écrits hostiles au régime du président Zine El Abidine Ben Ali. « J’ai été arrêté deux heures après la parution d’une interview imaginée » avec le président, au moment de sa candidature pour sa réélection en octobre dernier, déclarait-il à la Cour samedi dernier. Auteur d’écrits satiriques ciblant le chef d’Etat tunisien dans les médias français, Taoufik Ben Brik avait été arrêté le 29 octobre et condamné le 28 novembre, à la suite d’une plainte déposée contre lui par une femme d’affaires. Rym Nasraoui, 28 ans, l’accuse d’avoir délibérément embouti sa voiture et de l’avoir frappée et insultée devant deux témoins. Mais elle était absente tout comme les deux témoins tout au long de la procédure. En première instance, son avocat avait écarté toute manipulation assurant que sa cliente n’avait pas de rapport avec la politique. Les avocats du journaliste ont pourtant plaidé « une affaire montée de toutes pièces » et souligné que leur client n’a pu être confronté ni à la plaignante, ni aux témoins à charge. « Le caractère politique de l’affaire est manifeste« , a affirmé à l’AFP Me Nejib Chebbi, autre avocat, déplorant que la justice « n’ait même pas tenu compte du mauvais état de santé » de M. Ben Brik atteint d’une maladie de déficience immunitaire. Son procès, dénoncé en France comme un « procès d’opinion« , a suscité des tensions diplomatiques. Son épouse avait été reçue au Quai d’Orsay et au Parlement européen, alors des voix s’élevaient en France pour demander l’intervention du président Nicolas Sarkozy. A Paris, les réactions ont été vives samedi. La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) ont conjointement exprimé leur « consternation » et dénoncé « un contexte de recul sans précédent de la liberté de la presse en Tunisie« . FIDH et OMCT demandent « instamment aux autorités tunisiennes de faire en sorte que ces soins lui soient apportés, et exige(nt) sa libération dans les plus brefs délais« . Pour l’organisation Reporters sans frontières (RSF), « rien ne justifie » qu’il reste en prison. M. Ben Ali avait laissé entrevoir avant le premier procès une possibilité de grâce, en réponse à un appel de l’éditorialiste Jean Daniel du Nouvel Observateur, un hebdomadaire auquel collabore M. Ben Brik. Le journaliste est par ailleurs confronté à une autre affaire de « violence » instruite en France sur plainte d’une Tunisienne, un autre « traquenard« , selon ses avocats français. (Source: lexpress.fr le 30 janvier 2010)
Tunisie: Taoufik et les autres
le 30 janvier 2010 13h38 | par Dominique Lagarde C’était attendu : la Cour d’appel de Tunisie a confirmé ce samedi matin la condamnation à six mois de prison ferme du journaliste et opposant Taoufik Ben Brik. Arrêté quelques heures après la parution d’une interview imaginaire du président Zine El Abidine Ben Ali, il était accusé de violences contre une automobiliste, une affaire montée de toutes pièces, tant selon son avocate Radia Nasraoui que selon Reporters sans frontières. Si l’affaire Ben Brik est la plus médiatisée, elle n’est que le sommet de l’iceberg. Depuis l’élection présidentielle d’octobre dernier les autorités multiplient les mesures contre les opposants, les défenseurs des droits de l’homme ou les journalistes simplement soucieux de faire leur métier. Il y a quelques jours, le gouvernement signifiait à Mohamed Bouebdelli, fondateur et président de l’Université libre de Tunis que celle-ci devait cesser ses activités. Cet établissement coté en Tunisie forme depuis plus de 30 ans des ingénieurs, des juristes et des économistes. Officiellement, le ministère de l’éducation dénonce des « carences et des irrégularités d’ordre administratif et pédagogique » pour justifier sa décision. En réalité, Mohamed Bouabdelli est coupable d’avoir publié il y a quelques mois un livre-manifeste (Le jour où j’ai réalisé que la Tunisie n’est pas un pays de liberté) dans lequel il appelle les Tunisiens à se mobiliser en faveur de la démocratie. Le vendredi 28 janvier, le journaliste Mouldi Zouabi, grand reporter à Radio Kalima, était interpellé et gardé à vue pendant plus de 8 heures après s’être vu confisqué son matériel : il avait rendez vous avec Mohamed Bouebdelli pour une interview… Ce lundi 3 février ce sera au tour de Zouhayr Makhlouf, journaliste indépendant comme Taoufik Ben Brik, de comparaître devant la Cour d’appel. Il écrivait sur un site d’informations en ligne, Assabil. Certains opposants comme Sihem Bensedrine, Slim Boukhdir et bien d’autres sont l’objet d’un harcélement systématique: domiciles surveillés, filatures, rumeurs propagées par une presse de caniveau aux ordres du pouvoir… La semaine dernière une délégation de l’Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d’information (WAN-IFRA), qui représente plus de 1800 publications dans 120 pays, et de l’Union internationale des éditeurs a été reçue au cabinet de Bernard Kouchner. Elle a dit son inquiétude et demandé que le ministre suive de près les violations de la liberté de la presse en Tunisie, notamment en mandatant un observateur de l’ambassade lors des procès. Souhaitons qu’elle ait été entendue.