30 avril 2011

TUNISNEWS
10 ème année, N°3994 du 30.04.2011


ATDF:Urgence pour les migrants tunisiens à Paris

CIDT-TUNISIE: Appel aux ong et a la société civile tunisiennes pour des rapports alternatifs

Communiqué du Parti de Gauche: Les rafles contre les tunisiens sont indignes de notre République

Communique de la Dynamique citoyenne des Tunisiens à l’étranger (DCTE) : Appel du 1er mai


REVUE DE PRESSE
 


Urgence pour les migrants tunisiens à Paris


 
 
Bonjour. Il est urgent d’agir s’il vous plaît pour les Tunisiens qui sont arrivés à Paris. Nous avons besoin de médecins, médicaments, vêtements protège pluie / coupe vent, nourriture (plats cuisinés si vous désirez : penser aux couverts en plastiques), produits d’hygiène, des familles d’accueil pour les mineurs et de véhicules pour amener les « réfugiés » tunisiens vers des lieux d’hébergement ce soir. Cordialement, Dora. Association des Tunisiens De France – ATDF + 33 6 03 28 49 77 doratdf@yahoo.fr


CENTRE D’INFORMATION ET DE DOCUMENTATION SUR LA TORTURE

CIDT-TUNISIE

Association de citoyens du monde pour le droit des Tunisiens à ne pas être torturés

Membre du Réseau SOS-Torture de l’OMCT-Genève

 

Comité d’honneur :

M. Jacques FRANÇOIS

Mgr Jacques GAILLOT

Dr. Hélène JAFFÉ

M. Gilles PERRAULT

M. François DE VARGAS

Besançon, le 30 avril 2011

Président :

Jean-Marc MÉTIN

 

 

Le gouvernement tunisien doit défendre son rapport au Comité contre la torture en novembre 2011,

 

APPEL

AUX ONG ET A LA SOCIÉTÉ CIVILE TUNISIENNES

POUR DES RAPPORTS ALTERNATIFS


 

 

 

Le gouvernement tunisien a déposé son 3ème rapport périodique (CAT/C/TUN/3) devant le Comité contre la torture. (CAT) Ce rapport, daté du 18 août 2010, sera soutenu devant l’instance de contrôle onusienne lors de la session d’hiver. (31 octobre au 25 novembre 2011)

 

Ce document a été soumis sous l’Ancien régime. Il est censé couvrir 16 ans de retard, soit quatre rapports périodiques, ce qui est en soi une grave entorse à la Convention contre la torture. Il tente de faire diversion sur certains points, mais demeure dans la veine de ce à quoi le gouvernement de Tunis a habitué les organes de contrôle des Nations Unies : langue de bois, platitudes, dissimulation, mensonges et pleine autosatisfaction. Les éléments présentés comme des avancées significatives sont d’une portée essentiellement symbolique, telle que l’introduction du terme « torture » dans la législation, bien que souvent soigneusement évité dans la suite du texte…

 

Le gouvernement a également tenté de répondre à un grief qui lui avait été fait par le Comité des droits de l’homme et par le Comité contre la torture : le manque de données chiffrées précises. Le rapport est donc émaillées de quelques faméliques colonnes de chiffres à la limite du ridicule.

 

Le moment sera solennel et décisif pour la Tunisie postrévolutionnaire. Nous partons du principe de la continuité de l’Etat. Il est donc du droit de toute victime ou de ses ayant droits de faire entendre sa cause par le Comité en prenant contact avec toutes les associations tunisiennes ou internationales qui luttent contre la torture.

 

Ces victimes peuvent également porter plainte contre l’Etat tunisien devant les juridictions tunisiennes. S’ils n’obtiennent pas gain de cause, ils pourront se pourvoir devant le Comité contre la torture, en attendant que le gouvernement décide de ratifier les autres mécanismes auxquels la Tunisie n’est pas encore partie. D’autant que les procédures internationales n’exigent pas de frais, même si elles peuvent être engagés par des professionnels du droit. Toujours est-il qu’aucune procédure supranationale ne sera praticable si les recours internes n’ont pas été épuisés.

 

Pour évaluer la situation dans le pays, le Comité partira du rapport gouvernemental, décortiqué à la lumière de toute l’information qui aura été recueillie par ailleurs. D’où l’importance primordiale des contre rapports tunisiens réalisés par des ONG spécialisées hautement bien informées des réalités du pays, telles que la LTDH, le CNLT, l’AISPP, liberté-Equité, le Barreau, l’Association des magistrats, le syndicat des journalistes… C’est grâce à ce genre d’effort que la délégation menée par Kamel Morjane et de hauts tortiocrates du ministère de la justice (Cherif, Khmekhim, Sioud…) avait été confondue et accablée lors de la présentation du 2ème rapport en novembre 1998.

 

Les documents devront être transmis au moins quelques semaines avant la session, soit avant fin septembre 2011.

 

Il en va de la paix civile dans le pays et de la non résurgence (toujours possible) de la tortiocratie si glorieusement terrassée par la Révolution du 14 Janvier.

 

 

Khaled BEN M’BAREK, Coordinateur

 

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Centre d’information et de documentation sur la Torture (CIDT-TUNISIE) Association Loi 1901

5A, rue Scaremberg – F25000 Besançon. FRANCE. Tél. : (33 3) 81 82 23 49 – Email : cidtunisie@free.fr

CCP N° : 6 458 94 X DIJON

 

Communiqué du Parti de Gauche:

Les rafles contre les tunisiens sont indignes de notre République


Vendredi, 29 Avril 2011 14:27 par Danielle SIMONNET – Secrétaraire Nationale aux Migrations
Le Parti de Gauche condamne fermement les rafles de migrants tunisiens organisées depuis mardi soir en Seine St Denis, à Marseille et à Paris. La plupart des tunisiens ont des permis de séjour temporaires délivrés par l’Italie, leur assurant des droits. Ces droits doivent être respectés. Le Parti de Gauche exige l?arrêt immédiat de ces rafles policières indignes et illégales.
Elles sont de plus une insulte à la révolution tunisienne à l??uvre qui nécessite tout notre soutien et notre solidarité. D?autant que la Tunisie accueille à sa frontière avec la Libye les centaines de milliers de personnes qui fuient les exactions du régime Kadhafi. Les accords entre Sarkozy et Berlusconi visant à limiter la liberté de circulation en Europe sont inacceptables. Décidemment Sarkozy et Berlusconi préféraient Ben Ali à la démocratie ! Ça suffit !
La chasse aux tunisiens qu?ils organisent ne vise qu?un but, attiser les peurs et les haines raciales en voulant faire croire au délire d?une invasion migratoire. L?Etat, et les collectivités territoriales concernées ont les moyens d?accueillir les quelques centaines de migrants tunisiens dans le respect de la dignité humaine !
Le gouvernement doit immédiatement débloquer les moyens humanitaires d?urgence qui s?imposent afin de garantir un hébergement d?urgence, l?accès à la nourriture et aux soins éventuels nécessaires. Le gouvernement et les préfectures concernées doivent également prendre les mesures administratives nécessaires pour garantir la pleine et entière liberté de circulation des intéressés. Le Parti de Gauche salue et soutien l?initiative unitaire des associations lancée par la FTCR au travers du texte « Urgence pour la solidarité ! ».
Le Parti de Gauche réaffirme tout son soutien aux migrants tunisiens et aux associations engagées dans les actions de solidarité à leurs côtés. Le Parti de gauche, par l?intermédiaire de ses élu-e-s et de ses militant-e-s s?engage à assurer une présence régulière dans les quartiers visés par les rafles afin d?apporter concrètement leur solidarité.

Communique de la Dynamique citoyenne des Tunisiens à l’étranger (DCTE) : Appel du 1er mai


Paris, le 29 avril 2011 DCTE s’associe à la fête du premier 1er mai de la révolution de la dignité en Tunisie, pour la démocratie, l’égalité et le progrès. DCTE est née récemment de la rencontre entre des associations, des groupes citoyens et d’hommes et de femmes indépendants, tunisiens et tunisiennes installés partout dans le monde. Un seul but les anime : participer à la réalisation des objectifs de la révolution en Tunisie : un état démocratique et une société juste, égalitaire et moderne. Le peuple Tunisien est en passe d’installer la deuxième république tunisienne avec l’élection d’une assemblée constituante qui aura lieu le 24 juillet 2011 et qui aura pour tâche principale la rédaction d’une nouvelle constitution suivie de l’élection des représentants du peuple sur les plans exécutif et législatif. La DCTE salut la mesure concernant la parité des listes et la mise à l’écart des responsables de l’ancien régime. Les Tunisiennes et les Tunisiens vivant à l’étranger sont partie prenante dans la réussite de ce processus de transition pour la réalisation de la démocratie et le développement économique, social et culturel de notre pays dans le respect de l’environnement. Longtemps tenus à l’écart, ils revendiquent aujourd’hui, en tant que partie intégrante du peuple tunisien, d’avoir une juste représentation dans les élections futures sur la même base qu’à l’intérieur du pays et veulent jouer pleinement leur rôle dans son développement. DCTE a pour vocation de fédérer des initiatives citoyennes qui oeuvrent dans ce sens. Parmi les difficultés liées à cette période de transition et aux problèmes économiques que rencontre notre pays, un certain nombre de nos compatriotes, surtout des jeunes, mettent leurs vies en péril pour rejoindre l’Europe misant sur l’élan de sympathie à l’égard des révolutions arabes. Ils ont vites déchantés en voyant l’accueil que leur réservent les gouvernements italien et français pour de basses raisons électoralistes. DCTE condamne fermement l’attitude du gouvernement français, qui s’inscrit dans le déni des valeurs de solidarité qui ont honoré la France en d’autres circonstances, en pourchassant ces migrants parvenus en France munis pourtant de permis délivrés par un autre état de l’Union Européenne. Nous saluons toutes les actions de solidarité d’associations françaises, étrangères ou tunisiennes ainsi que l’attitude solidaire de la Mairie de Paris et des forces de progrès en France. Nous sommes sûrs que tous les signataires de la Dynamique continueront à s’impliquer dans l’aide active à nos concitoyens et lutteront pour obtenir une réponse digne à leurs situations.
 
Par : Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’Etranger (DCTE)
 

Migrants tunisiens à Paris, entre détresse et précarité


 

Ce sont des hommes qui ont l’air exténués et un peu perdus. Quelques jours après la lettre de Bertrand Delanoë adressée à Claude Guéant incitant la France à traiter de manière plus digne les migrants tunisiens, Pacale Boistard, adjointe au maire de Paris en charge de l’intégration et des étrangers non communautaires, a rencontré une quarantaine de ces hommes pour leur annoncer une série de mesures. La mairie de Paris, via l’association France terre d’asile, va mettre à la disposition des migrants tunisiens une centaine de places d’hébergement, et mettre en place un suivi personnalisé.

« On va vous remettre un pass donnant accès à un hôtel. Qui n’a pas encore de carte? », demande Pierre Henry, le directeur général de l’association France terre d’asile. Des mains se lèvent dans la salle. Dans l’atmosphère d’agitation et de fatigue, le directeur continue ses explications. « Vous allez être hébergés grâce à l’aide d’urgence débloquée par la mairie de Paris. Un dossier devrait être ouvert pour chaque personne, et on vous dira ce qui sera possible ou pas ».

Un peu de réconfort, mais point de rêve, car le responsable de l’association et l’adjointe sont clairs : la mairie de Paris ne pourra pas fournir de titres de séjours. Leur délivrance est du ressort de la préfecture de police, qui a pour mission pour l’instant de ne pas en fournir. « Je le répète, ce n’est pas nous qui donnons ces autorisations, et il sera très difficile de les obtenir. Nous ne sommes pas des vendeurs de rêve », précise encore Pierre Henry, pour éviter de susciter de faux-espoirs. Il précise qu’il dispose de 100 places d’hôtel pour une durée limitée. Selon lui, 120 personnes ont été arrêtées, dont 40 placées au centre de rétention administrative de Vincennes et environ 300 ou 400 personnes sont en situation de précarité (sans logement, sans argent).

« S’il y a des personnes qui souhaitent bénéficier du dispositif d’aller-retour, nous pourrons par contre vous aider à constituer un dossier », console le directeur. Diminué par l’Etat qui allègue du nombre des Tunisiens, le dispositif d’aide au retour est de 300 euros, au lieu des 2000 euros habituels. En demandant à ceux qui voudraient partir de bien vouloir se manifester, France terre d’asile ne récolte que six bras, qui se lèvent timidement. Quelques personnes, dépitées, se lèvent et s’en vont. La plupart restent.

« Si j’accepte les 300 euros, je ne pourrais pas rembourser mon voyage », explique un jeune homme dans la salle. Pour venir en France, les exilés ont dû débourser une somme rondelette, payée aux passeurs et autres intermédiaires. Le bateau pour aller à Lampedousa coûte ainsi près de 1300 euros.

Ce qui affleure parmi ces êtres humains réunis par un même destin, c’est un sentiment de désenchantement, notamment vis-à-vis du « pays ami », dont ils attendaient un geste, un accueil chaleureux. Lorsque la France vient en Tunisie, elle est respectée », s’indigne un homme en levant les mains au ciel, les yeux dardant ses interlocuteurs dans son blouson de cuir. « Je parle Français moi, c’est notre deuxième langue tu sais! » explique, blessé, Riadh, 22 ans. Des « amis », il attendait autre chose que des coups. Dans la salle, un homme raconte, en montrant ses yeux rougis : « La police est venu avec du gaz lacrymogène, voilà ce qu’elle nous a fait. Cela fait un mois et demi que je dors dehors, et 23 ans que je subis des violences policières. Ca suffit !».

Compatissante, l’adjointe abonde dans leur sens. « La façon dont les choses se sont faites est un spectacle qui n’honore pas la France et ne répond pas à l’urgence sécuritaire », assène Pascale Boistard, en évoquant les descentes de police dans les squares et les zones où sont réfugiés les Tunisiens. « Utiliser les points de distribution de nourriture pour les arrêter, c’est descendre au plus bas de l’échelle des droits de l’homme », continue l’adjointe, en faisant allusion à la descente de jeudi, où plusieurs migrants ont été arrêtés alors qu’ils attendaient un repas distribué par la Croix-rouge, porte de la Villette.

Les propos de Pascale Boistard rejoignent ainsi ceux du maire, publiés le 27 avril dernier : « Ces interpellations sont choquantes. Elles s’inscrivent en contradiction flagrante avec les propositions ouvertes et réalistes que j’ai formulées […] : une étude au cas par cas, avec humanité et discernement, des situations individuelles tout en prenant en compte les demandes formulées au titre de la vie privée et familiale, comme le prévoit l’article 8 de la Convention européenne des Droits de l’Homme. »

Source: “Paris” Le 30-04-2011

Guérir le chômage chronique tunisien


Pour assurer sa stabilité politique, sociale et son développement économique à long terme, la Tunisie doit trouver des solutions face au chômage. Quelques unes sont proposées ici.

1) Un service public de l’emploi digne de ce nom

Pourquoi des pays riches, à l’économie florissante et le chômage bas, possèdent-ils pourtant un service de l’emploi riche en personnel, moyens et offres de services aux entreprises et aux demandeurs d’emploi ? Ne pourraient-ils pas s’en passer ? Non, car si on peut admettre que dans beaucoup de domaines un marché peut se réguler seul, dans celui de l’emploi, il faut que l’Etat intervienne pour faciliter l’intermédiation entre l’entreprise et la personne qui recherche un emploi.

Tout cela a-t-il un coût ? Oui bien sûr mais le chômage, et surtout celui des jeunes, a un coût pour la société. Un coût politique, un coût économique et surtout social. Et tout le monde sait dorénavant que la stabilité sociale n’a pas de prix !

2) Des outils puissants pour faciliter la rencontre de l’entreprise et du futur salarié

L’inadéquation entre les nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi et les postes proposés relèvent très souvent d’un système de formation et d’orientation inadapté. Agir de manière préventive pour corriger ce problème permettra de diminuer considérablement le chômage en aval. Pour ajuster la formation à la demande de l’entreprise, il faut davantage proposer des contrats en apprentissage. Par ailleurs, il faut promouvoir des formations qui répondent aux débouchés qui seront proposés à n+3 ou 4 années. Laisser des jeunes suivre des formations généralistes alors qu’on sait dès le départ qu’il n’y a aucun débouché sur le marché de l’emploi, c’est construire soi-même sa propre bombe à retardement sociale. Pour ce faire, il faut se doter de cellules de veilles prospectives quant aux débouchés avenir. Par ailleurs, très tôt il faut orienter les jeunes vers des métiers porteurs en les sensibilisant à la réalité des débouchés.

De manière simple, il s’agit de la mise en place d’un site internet national de référence permettant aux employeurs de déposer gratuitement de manière simple leur offres d’emploi en ligne et aux demandeurs d’emploi de pouvoir consulter ces offres. Sur ce site, les demandeurs pourraient aussi laisser leur cv dans le cadre d’une cv thèque organisée par métier et consultable par les employeurs.

Le service de l’emploi tunisien doit se doter d’une cartographie précise et fiable des entreprises présentes sur sont territoire ou souhaitant s’implanter en Tunisie. Dans cette base de données, les entreprises seront segmentées en fonction de leur potentiel en offre d’emploi. Ainsi, des plans d’actions seraient mis en place autour de ces entreprises. Tant au niveau de leur prospection, que pour faciliter leur recueil d’offre que pour mettre en place des formations courtes d’adaptation destinées aux chômeurs par rapport aux postes proposés par ces entreprises.

3) Innover, se vendre, se diversifier

Comment ? Par la mise en place de davantage de pôle de compétivité en réunissant sur un territoire donné, des entreprises, des centres de recherche et des organismes de formation visant une stratégie commune de développement autour de projets innovants en direction d’un ou plusieurs marchés. Le pôle de compétitivité crée et labellisé permet la mutualisation des moyens. Des avantages fiscaux peuvent êtres attribués en contrepartie d’objectifs chiffrés de création d’emploi. Les pôle de compétitivité, en plus de créer des synergies puissantes (l’union fait la force), donne une visibilité forte à l’échelle régionale et internationale.

Il faut créer des task force à l’échelle internationale. Bien sûr, il y a les chambres de commerce conjointes entre deux pays qui permettent de voir les opportunités en terme de business à faire mais ce n’est pas suffisant.

Qui sait qu’actuellement, des dizaines de sociétés informatiques françaises et européennes sont en manque de personnels et n’arrivent pas à faire face à la demande. Beaucoup de ces PME ont à leur tête un dirigeant qui s’occupe à la fois du commercial, des RH, de l’opérationnel….et qu’il n’a donc pas le temps d’aller voir quel sous traitant pourrait le soulager. Des commerciaux chargés de proposer les compétences tunisiennes à ces entreprises permettraient de générer du travail et de l’emploi en Tunisie. Il faut donc approcher ses entreprises de manière dynamique et commerciale et non simplement lors de rencontres à l’occasion de foires ou salons.

La Tunisie a tous ses œufs dans le même panier alors qu’elle des atouts extraordinaires pour se diversifier.

En matière touristique : Les clients demandent actuellement une offre de touristique de niche (tourisme golfique ( le maroc a construit pas moins de 10 golfs en 10 ans), tourisme « bio/ chambres d’hôtes…) tourisme culturel (et la Tunisie plusieurs fois millénaire a beaucoup d’atouts dans ce domaines)). Ces offres touristiques de niche sont généralement plus rémunérateurs que le simple tourisme balnéaire qui non seulement cantonne les tourismes vers les zones cotières (personne ne dépense son argent à l’intérieur) mais empêche d’exploiter le potentiel tunisien.

En matière de débouchés géographiques :

La Tunisie doit s’imprégner de l’exemple chinois ; pour eux, il n’y a pas de petits débouchés au point tel qu’ils envahissent commercialement même le plus pauvre des pays d’Afrique pour lui vendre ses produits.

La Tunisie doit se tourner davantage vers des horizons qu’elle a négligé jusqu’alors. Elle peut proposer son savoir faire technoloqique, son savoir faire en matière de BTP, ses produits à l’Afrique, à l’Asie et ne plus dépendre que d’un seul pays ou continent. Elle y gagnerait commercialement et politiquement!

En matière de secteurs à développer :

Il n’a échappé à personne la hausse des matières premières et notamment alimentaires. L’agriculture risque de devenir une source de richesse (multiplié par 3) dans les 50 prochaines années. La Tunisie doit davantage se tourner vers cette voie pour satisfaire sa demande intérieure mais aussi se positionner davantage sur ce marché très porteur. Sa géographie le permet et la quantité et qualité de ses terres aussi.

Nul doute que la Tunisie, ce petit pays par sa géographie mais grand par son histoire et sa qualité humaine traversera cette période trouble. Mais la Tunisie doit aussi se doter de moyens techniques pour booster son marché du travail. Par ailleurs, le tunisien doit prendre confiance en ses capacités et se positionner non plus en sous traitant mais en créateur d’opportunités et de produits, ainsi le chômage diminuera. Je pense d’ailleurs que les mentalités commencent à changer dans ce sens. Un ministre tunisien ne vient-il pas de déclarer à l’attention de l’Europe que la Tunisie voulait désormais être traitée en partenaire.

Source : « Les Echos » Le 30-04-2011

Tunisie : La Rage de la Révolution en Images


 

Les voitures brûlées durant la Révolution servent de supports pour les performances de nos artistes. Et les clichés du photographe Hamideddine Bouali racontent la Révolution en images. En attendant un concert donné par une pléiade de rappeurs témoins de l’oppression… et de la libération.

Les photos de la rage populaire qui a entrainé la chute de la dictature de Ben Ali émailleront les murs du Mad’Art de Carthage. L’exposition est signée Hamideddine Bouali. Le vernissage a eu lieu dans l’après midi du vendredi 29 avril 2011 à 18h. Il s’agit du premier évènement d’une manifestation, se tenant du 29 avril au 01 mai au Mad’Art et à l’Acropolium de Carthage. Organisée par le Goethe Institut Tunesien, «Sons et Images de la Révolution Tunisienne» est, donc, une occasion pour faire un flash back en photos sur différentes étapes de cet historique soulèvement populaire. Commissaire d’exposition, enseignant, fondateur du Club Photo de Tunis et secrétaire général des Rencontres de la Photo de Ghar El Melh, Hamideddine Bouali a braqué l’objectif de son appareil-photo sur la rue tunisienne et a retenu ses émotions et ses mouvances depuis le 13 janvier 2011, soit une journée avant la chute du dictateur. D’ailleurs, il a partagé ses photos et les a commentées surson blog. Hamideddine Bouali en parle : «Depuis le 13 janvier, j’ai quotidiennement photographié, Tunis, puis Sidi Bouzid, me prenant pour un reporter, c’est à dire ayant une mission à accomplir : rendre compte, et un crédo : la vérité. Je n’ai jamais autant photographié, jamais été face à une histoire qui se fait, jamais eu si peur, jamais été si exalté… Jamais été si vivant!».

«Révolution à la tunisienne» ainsi s’intitule cette exposition qui se poursuivra jusqu’au 22 mai au Mad’Art de Carthage. Les photos étalées dans cet espace d’art et de création seront également en projection samedi 30 avril et dimanche 01 mai à partir de 14h à l’Acropolium de Carthage. Mais Hamideddine Bouali n’est pas le seul adepte des arts visuels participants à cette manifestation culturelle. L’artiste pluridisciplinaire Faten Rouissi s’est entourée d’une pléiade d’artistes pour assurer une installation-performance samedi 30 avril et dimanche 01 mai à partir de 14h dans la place située devant l’Acropolium de Carthage. Huit performers, deux chorégraphes, un tagger et un plasticien sont réunis dans cette action artistique. Ils utilisent deux carcasses de voitures brûlées durant les émeutes de la Révolution comme supports pour leur performance.

Le programme de la manifestation «Sons et Images de la Révolution Tunisienne» invite également à deux concerts de rap prévus pour samedi 30 avril et dimanche 01 mai à partir de 16h, juste après l’installation-performance du collectif artistique cité et la projection des photos de Hamideddine Bouali. A l’affiche, Lak3y, Phénix et le groupe Armada Bizerta. Nous y reviendrons…

Source : « Tekiano » Le 30-04-2011

Tunisie : l’Europe refuse et l’immigration et le plan Marshall


 

Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi se sont rencontrés à Rome pour évoquer le sort des Tunisiens venus de Lamedusa. Ils ont demandé la révision des accords de Schengen et le renforcement des frontières extérieures. Mais toujours rien pour développer la Tunisie.

La Révolution de jasmin ne sent plus la rose. Du moins pour les Européens. La chute du régime de Ben Ali a provoqué la fuite de milliers de Tunisiens vers l’Union européenne et son espace Schengen sans frontières. On compterait25 000 migrants arrivés en Europe par l’Île de Lampedusa en Italie. Rome, lassée de jouer les gardes-frontières pour les 27, a octroyé des papiers à ces migrants dans l’espoir qu’ils rejoignent vite la France, Selon les accords de Schengen, les titres de séjour même attribués par Rome permettront en effet à leurs titulaires de séjourner librement en France pendant 3 mois. Histoire de les faire partir au plus vite, les autorités italiennes auraient même distribué desbillets de trains gratuits aux migrants selon RTL . On compte déjà 400 de ces migrants ayant trouvé refuge dans un square du XIXe arrondissement de Paris. Unemanifestation de migrants a même eu lieu mardi. La France et l’Italie s’étaient déjà écharpées sur cette question, Paris a d’ailleurs émis des critères très stricts pour autoriser le séjour des migrants possédant un titre de séjour italien, une cinquantaine de Tunisiens dans ce cas ont déjà été refoulés. Ils se sont d’ailleurs rencontrés mardi à Rome pour discuter du sujet. Ils ont convenu de proposer à la Commission et au président du Conseil Européen Herman Van Rompuy de réviser les accords de Schengen afin de rétablir temporairement les contrôles aux frontières intérieures en cas de fort afflux migratoire. « Nous disons qu’il n’y a aucune raison de ne pas évoquer la clause de sauvegarde si un pays est défaillant à garder les frontières des autres » a rappelé Nicolas Sarkozy à Rome. Cette possibilité de contrôles temporaires existe déjà « en cas de menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure », clause utilisée en France suite aux attentats de 1995 ou lors du Sommet de l’Otan à Strasbourg en 2009 et en Allemagne lors de la Coupe du Monde 2006 pour éviter l’arrivée de hooligans. A la base, il s’agit donc plus d’une mesure face un péril imminent de sécurité plus qu’un palliatif pour gérer un afflux de migrants économiques. Dans leur lettre à la Commission et au Président du Conseil, la France et l’Italie ont également proposé un renforcement des moyens de l’agence Frontex, chargée de surveiller les frontières extérieures de l’UE. Cette agence est actuellement soumise au bon vouloir des Etats membres. Elle est censée éviter qu’un Etat aux frontières de l’Union se retrouve seul face à une crise migratoire. C’est pourtant ce qui a été le cas à Lampedusa malgrél’intervention de Frontex. Un isolement pris en compte par Paris et Rome qui ont demandé « une plus grande collaboration » avec les pays du sud de la Méditerranée. Le Conseil européen de juin sera largement consacré au sujet.

Verrouillage

Pour l’heure, la stratégie choisie par Paris et Rome semble donc le verrouillage des frontières tant intérieures que extérieures. Tous deux en difficulté dans les sondages, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi ont besoin de donner des gages de fermeté à leurs électorats respectifs. Mais d’un autre côté, les deux dirigeants ne pouvaient remettre en cause Schengen sans passer pour des souverainistes sur la scène européenne. D’où cette solution intermédiaire. «Nous voulons que Schengen vive, et pour que Schengen vive, Schengen doit être réformé », a d’ailleurs déclaré Nicolas Sarkozy. Comme un ballon d’essai, la proposition française d’un rétablissement des contrôles avait déjà fuité avant le Sommet, entraînant un tollé politique. Cela reste pourtant une solution de court terme. Le verrouillage ne peut résoudre à lui seul la question migratoire et l’abolition des frontières encore moins. Une aide aux pays d’origine est également nécessaire pour s’attaquer au problème à la base : la pauvreté, le chômage…. D’ailleurs, en 2007, Nicolas Sarkozy avait brandi sa doctrine du co-développement pour réguler l’immigration en France. Mais aujourd’hui, l’aide au développement de la Tunisie semble peu présente des débats au profit de polémiques sur le nombre d’étrangers à accueillir. Ce discours simpliste, on le refuse même au PS. « On ne peut pas refuser de soutenir financièrement le Maghreb et s’étonner des flux migratoires », a tonné Jean-Christophe Cambadélis, chargé des relations internationales, dans Libération. Il ajoute que la priorité doit aller à « un Plan Marshall d’intervention pour cette région du monde », c’est seulement ensuite que le socialiste évoque un « statut provisoire » pour ces migrants. La doctrine de la rue de Solférino semble avoir évolué, tout se passe comme si l’idée d’une France terre d’accueil dans un monde sans frontières était déjà dépassée.

Radinerie

Et l’aide apportée par les Européens semble bien chiche pour l’instant. Suite à la chute de Ben Ali, l’Union européenne avait déjà débloqué 17 millions d’euros en urgence. Une somme qualifiée de « ridicule » par leministre tunisien de l’Industrie Afif ChelbiL’Europe démontre de cette manière ne pas avoir saisi la portée de l’événement historique qui s’est produit sur la rive sud de la Méditerranée », a-t-il ajouté. Un autre volet d’aide a été encore annoncé en mars par Bruxelles mais ce n’est qu’une avance sur les 160 millions déjà attribués à la Tunisie pour 2012-2013. Ces 160 millionspourraient être doublés après le 24 juillet, quand une Assemblée constituante sera élue. De son côté, la Banque européenne d’investissement, qui dépend de l’UE, a accordé la somme de 1,87 milliards d’euros à la Tunisie. Mais il s’agit de prêts et non de subventions. Du côté des Etats, on essaie aussi d’être généreux. La France a déjà débloqué… 350 000 euros d’aide d’urgence. En déplacement la semaine dernière à Tunis, Alain Juppé à promis une aide de 350 millions d’euros… sur la période 2011-2012. Pour l’heure, il n’y a a donc pas de Plan Marshall d’urgence digne de ce nom. Ce n’est pas étonnant dans une Europe où la rigueur budgétaire semble devenue la règle. Fermer les frontières devient alors une fuite en avant, une façon de ne pas voir que cette émigration venant d’une Tunisie avant tout une contrainte économique dans un pays encore déstabilisé par la chute de Ben Ali. Cette stratégie un calcul à court terme, la répression d’une immigration économique massive risque de coûter plus au final que l’aide au développement des pays d’origine. La Commission a d’ailleurs récemment dénoncé la radinerie des Etats membres, notamment la France à ce sujet. Bruxelles semble soudain découvrir les bienfaits de la dépense publique. Mais il reste aux Tunisiens de faire appel aux prêts du FMI et d’appliquer en retour sa solution miracle :privatiser les plages. La famille Alliot-Marie pourrait être intéressée.

Source : « Marianne2 » Le 30-04-2011

Tunisie : 100000 dinars pour connecter 26 sites d’Ennahdha à la fibre optique ?


 

Le parti Ennahdha vient d’investir un nouveau local pour son siège. Ce mouvement islamique devenu depuis deux mois un parti politique s’est en effet installé dans un nouveau bâtiment à MontPlaisir, celui qu’utilisait Tunisie Telecom pour sa division technique en l’occurrence. Une des zones les plus huppées de la capitale. Juste en face de l’ex siège de la bourse de Tunis. Ce bâtiment anciennement loué par Tunisie Telecom et où siégeait la direction réseau de l’opérateur historique, arbore depuis vendredi 29 avril, l’enseigne du parti.

Mais combien coûte la location d’un tel immeuble ? «C’est dans les 20.000 dinars par mois», nous répond le propriétaire d’un café à proximité du nouveau siège d’Ennahdha. Il nous exprimera par la même occasion son étonnement d’avoir vu «des meubles et des décorations de bureau très chics transiter par la porte d’entrée».

Question connectivité à Internet, on croit savoir que le parti a contacté la direction entreprise de Tunisie Telecom demandant un devis pour une liaison fibre optique sécurisée qui va relier en 2 méga les 26 sites du parti dans différents gouvernorats avec le siège central à Tunis. Ce dernier aura toutefois une connexion en fibre optique à 20 méga. D’après les estimations d’un cadre commercial chez Tunisie Telecom, une telle solution globale coûte 100.000 dinars, hors les frais de redevances mensuelles.

On croit également savoir qu’Ennahdha aurait opté pour une offre Corporate Platinium. C’est à dire l’installation d’un réseau VoIP et de visio-conférence entre les différents sièges du parti.

Source : « Tunisie Haut Debit » Le 30-04-2011

Monastir : des manifestants empêchent un spectacle musical organisé par Enahdha


 

Le spectacle musical organisé cet après-midi du samedi 30 avril 2011 à Monastir par le mouvement Enahdha n’a finalement pas eu lieu et pour cause, des manifestants se sont regroupés devant le centre culturel de la ville et ont scandé « Dégage », certains ont même jeté des tomates et des œufs à l’attention des membres d’Enahdha présents sur place.

Source: “Mosaiquefm” Le 30-04-2011

«Ils ont changé», voire !


 

Alors que les autres partis continuent de discutailler du sexe des anges, le mouvement Ennahdha avance ses pions, avec le profil bas et l’assurance de celui qui est certain de décrocher le gros lot le 24 juillet prochain. Les Nahdhaouis ne font plus peur. Parti islamiste pur et dur dans les années 80 et 90, Ennahdha a tiré un trait sur le passé et le fait savoir urbi et orbi. Désormais, il se comporte même comme un parti attrape-tout. «Nos portes sont grandes ouvertes à tous les Tunisiens». Il a troqué le dogmatisme des années 80, contre la dialectique lente, l’intolérance contre la compréhension et l’empathie.« Nous avons changé », avouent ses cadres. La preuve, ils viennent de faire acte de contrition pour les attentats commis en leur nom…il y a 20 ans. Avec une habileté consommée, ils poussent la modestie, le fair play et même la coquetterie jusqu’à reconnaître quelques uns de leurs travers, comme ce fameux double langage dont on leur fait souvent grief. « Oui, reconnaît le secrétaire général, Hamadi Jebali, nous avons ce problème et nous en souffrons », tout en le mettant sur le compte de l’inexpérience des militants et…des années de répression que son parti a connues sous Ben Ali. Même si le rapport de causalité n’est pas évident, l’argument désarçonne l’interlocuteur qui reste sans voix, devant tant d’humilité. Poussant son avantage, Jébali ajoute : « En tout cas, celui qui s’écarte de la ligne du parti n’a qu’à assumer ses responsabilités ». Sauf que, jusqu’à plus ample informé, aucun militant ne s’est fait rappeler à l’ordre jusqu’à présent pour ses écarts de langage, y compris ce cadre qui vient de faire des déclarations tonitruantes à Djerba avant de se rétracter quelques jours après.

Autre point faible des Nahdhaouis, la femme : on connaît leurs positions sur ce thème, leurs petites phrases qu’ils distillent savamment, à doses homéopathiques en privé ou dans les journaux étrangers. Mais là aussi, vous seriez bien en peine de les prendre en défaut. « Nos propos ont été déformés, sortis de leur contexte », jurent-ils la main sur le cœur. La preuve : la parité hommes/femmes, « nous sommes pour, absolument pour ». De fait, ils l’ont voté à l’instance Ben Achour. Ils font même dans la surenchère : « Même si le gouvernement y renonce, nous serons les premiers à le dénoncer », affirme sans rire Jébali. Malheureusement, on ne peut pas tromper tout le monde, tout le temps.

La séparation entre les hommes et les femmes dans les meetings d’Ennahdha, l’utilisation des mosquées à des fins politiques, les prêches incendiaires et bien d’autres pratiques qui jurent avec le visage avenant et résolument moderniste que veut se donner ce mouvement, comment les interpréter sinon comme une illustration de la Taquia, la dissimulation. « Nous avons changé », nous répètent-ils à l’envi. Voire !

Source: “Leaders” Le 29-04-2011

Tunisie. Béji Caïd Essebsi ou la tentation de l’autoritarisme bourguibien


 

En déclarant vouloir ramener la période d’inéligibilité des dirigeants ex-Rcd aux dix dernières années (et pourquoi pas 15? ou 5?) et non à 23 ans et sur la base d’une liste nominative qui sera fixée par décret, Béji Caïd Essebsi inflige un sérieux et dangereux camouflet à la Haute haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique et confirme une tendance inquiétante à l’autoritarisme politique et une volonté de gouverner seul en digne héritier de la tradition bourguibienne.

Certes le pays a besoin dans cette période de transition cruciale d’un homme politique fort, mais il ne faut pas confondre entre autorité et pouvoir. Il ne faudrait pas que M. Caid Essebsi oublie qu’il est le chef d’un gouvernement provisoire, désigné par un président de la république lui-même provisoire, sans aucune légitimité électorale et n’émanant aucunement des urnes.

Du vent et de la langue de bois Le Rcd est le symbole de 23 années de répression et de dictature pour l’écrasante majorité du peuple tunisien. Ses dirigeants symbolisent l’arrivisme, la corruption et la collaboration avec un régime honni et renversé par une révolution populaire. Tous ceux qui y ont adhéré de près ou de loin doivent assumer leurs responsabilités. Le peuple n’en veut plus et a vomi ces 23 années et non pas seulement les dix dernières!

Depuis qu’il a pris l’exercice de ses fonctions, M. Caid Essebsi a certes restauré l’autorité de l’Etat et ramené une certaine sérénité politique, mais il a aussi brassé beaucoup de vent et usé de la langue de bois.

Il faudrait ainsi arrêter les compromis de tout genre avec les ex-Rcd, prendre une position claire et nette vis-à-vis de la Libye sans arrières pensées diplomatiques et calculs politiques, mettre plus de pression et d’entregent pour traduire enfin les Ben Ali-Trabelsi devant la justice et entamer ainsi une fois pour toute la rupture avec l’ancien régime.

C’est bien beau d’être éloquent et charismatique, mais il faudrait que le Premier ministre par intérim arrête de cabotiner et de «jouer» au Bourguiba, et qu’il fasse preuve d’un peu moins de nombrilisme et d’un peu plus d’actions politiques concrètes.

Source : « Kapitalis » Le 30-04-2011

Tunisie – L’Islamisme Chiite: Quand le politique prend le dessus


Par Imededdine Boulaâba

Si la Perse éternelle, une zone arrière naturelle de la dissidence islamique depuis le début du Califat Omeyyade et refuge tranquille de tous les courants ésotériques, réfractaires aux penchants théologiques uniformisateurs du centre (Damas, Bagdad), est devenue, dès le XVIème siècle, aux temps des Safavides, fondamentalement chiite, imprégnée de dévotion aux imams, s’identifiant totalement au sacrifice rédempteur de Hussein à Karbala, surtout aux dix premiers jours de moharem ou âchoura, rituels généralement intolérés en terre wahhabite, dans le reste de l’aire arabo-musulmane, les partisans de la lignée du prophète, majoritaires uniquement en Mésopotamie, demeurent l’objet de toutes les méfiances, sont relégués au statut de citoyens de seconde zone et subissent l’ostracisme religieux, politique et économique des élites sunnites au pouvoir, engagées, après la fin du mandat franco-britannique sur le Machrek, dans une course folle vers la modernité, l’homogénéisation du corps social, la consolidation de l’Etat récent et la mainmise sur les consciences. Seulement en Irak, avec la présence des mausolées alaouites à Najaf et Karbala et la permanence, depuis mille ans, des cercles d’études religieuses «hawza ilmiya» où les grands marjaâ, reflet direct de l’autorité de l’imam caché, enseignent les sciences islamiques, entretiennent la passion husseinite et préservent la mémoire du martyrologue chiite à travers les siècles, les partisans de la lignée du prophète, dopés par le souvenir des prestigieux combats de leurs ainés, au début du XXème siècle, contre la présence britannique, vont s’illustrer dans le combat des idées, féroce et sans merci dans cette contrée et seront toujours aux prises avec le destin de leur pays, mosaïque de confessions et d’ethnies, terreau naturel des nationalistes arabes et scène de confrontation idéale des idéologies en vogue dans la région du Moyen-Orient. Dans ce contexte bouillonnant de rivalité exacerbée entre les superpuissances pour le contrôle de la région, où la monarchie à Bagdad, amarrée aux intérêts de ses tuteurs anglais, peine à apaiser le chaudron de la vie politique, qui aura quand même raison d’elle en 1958, l’Ayatollah Mohammed Baqer As-Sadr, issue d’une famille arabe irakienne d’origine libanaise, dont la vocation religieuse a traversé les âges, s’est engagé, devant la désintégration idéologique accélérée de la population rurale du sud, base sociale traditionnelle des ulémas mais objet aussi du prosélytisme constant et vigoureux des cadres baathistes, nassériens et communistes, à présenter l’islam comme la source d’une philosophie supérieure aux autres courants de pensée, notamment le marxisme et les constructions idéologiques fondées sur l’arabisme, à préciser les sources du pouvoir dans l’Etat islamique, à définir le rôle dévolu à la direction religieuse et à jeter les bases, à travers ses recherches sur les questions les plus diverses (l’école, le statut des femmes, l’agriculture, l’économie, la banque islamique), d’un projet de conquête de pouvoir. Une entreprise de socialisation des croyants : Parallèlement à une grande campagne pédagogique visant le désenclavement intellectuel de la «hawza ilmiya» et la revitalisation de son message moralisateur millénaire, Baqer As-Sadr, quoique encore jeune mujtahid au début des années 60 mais bénéficiant de la protection du grand Ayatollah Mohsen al-Hakim, l’un des plus éminents marjâ de l’époque, veille à redonner toute leur importance aux nombreuses fêtes et commémorations religieuses qui jalonnent le calendrier chiite. Le supplice husseinite à Karbala, le souvenir de la fin tragique du 4ème Calife Ali, les dates phares du parcours des imams vénérés et les mawlûds (la naissance) du prophète et de sa lignée deviennent ainsi l’occasion de rassemblement des masses, d’encadrement politique dans les principales villes du sud et de maillage d’une communauté, de tout temps encline à la rébellion, à la fronde et sensible aux mots d’ordre d’équité et de justice sociale. Tout en favorisant la mise en place d’une infrastructure d’enseignement de la religion dans l’ensemble du pays chiite, de la maternelle jusqu’à l’université, l’auteur du chef d’œuvre «Notre Philosophie», décidé à contenir la vague marxisante et à s’opposer aux mesures laïques des équipes au pouvoir qui se succèdent à Bagdad à travers des putschs sanglants, pousse à l’organisation des prières collectives dans les facultés, charge sa sœur Amina Haydar, surnommée Bint al-Houda, une des rares exemples de âlima dans l’histoire contemporaine de l’Irak, à entreprendre, dans la demeure familiale à Najaf et à Kazimiya, l’éducation religieuse de femmes, fait des husseiniya ( lieux de commémoration du martyr de Hussein) des places fortes pour élargir l’audience du clergé combattant et encourage ses coreligionnaires de la hawza à s’ouvrir à toutes les composantes de la société civile irakienne. C’est ainsi que des groupes d’étudiants, des représentants d’équipes sportives et des délégations d’hommes d’affaires, toutes confessions confondues, ont pris l’habitude, pendant les deux décades qui ont suivi le triomphe d’Abdelkarim Kacem en 1958, de venir dans les villes saintes du sud chercher, auprès des faqih, la bénédiction et le conseil, tout en se retrempant dans l’atmosphère spirituelle des lieux saints. Entre temps, Bint al-Houda, théoricienne du féminisme islamique, à l’image de son frère dans ses séminaires, commence, en milieu féminin, un travail de publication intensif et présente, à travers ses héroïnes romanesques, un tableau de la femme musulmane idéale, perpétuant, de ce fait, la mémoire des grandes figures mythiques de Fatima, Zeineb et Kawla, icônes vénérées de l’historiographie chiite. Finalement, tout un réseau d’institutions religieuses, d’éducation et d’œuvres de bienfaisance telles que «les dispensaires du Saint Coran» ou «les comités de mariage» seront au service des lésés de la modernité et des laissés pour compte de la croissance, qui auront ainsi l’occasion de s’intégrer dans la société sans perdre leur âme, de s’affirmer fièrement sur le plan identitaire, d’endosser le projet de la renaissance islamique et de parfaire leurs formations de futurs militants grâce au particularisme chiite, aux cénacles et aux discussions, qui suivent habituellement la projection de films à thèses, des séances de culture générale initiées par Baqer As-Sadr, en dépit de l’opposition coriace d’une partie du clergé, hostile à l’image et au monde cinématographique.

Source: ”wmc” Le 30-04-2011

Tunisie : A Kasserine, plus de 8 demandeurs d’emploi sur 10 sont des diplômés du supérieur


Selon le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, le gouvernorat de Kasserine compte actuellement 10.359 demandeurs d’emploi, dont 8.522 diplômés de l’enseignement du supérieur. Ces deux chiffres nous laissent un peu sceptiques, surtout la proportion du nombre de diplômés du suépieur dans le total demandeurs d’emploi. On se croirait dans un pays de la Scandinavie ou au Japon… Et encore! Mais bon… Dans le cadre d’une visite effectuée, le 23 avril 2011, par Saïd Ayedi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle du gouvernement provisoire, un groupe de jeunes diplômés du supérieur et de représentants de la société civile de la région a appelé à hâter la création de zones industrielles pour abriter les nouveaux projets. Il est également question d’accorder la priorité dans l’emploi aux jeunes issus des familles nécessiteuses. Par ailleurs, il a été évoqué la restructuration du centre de formation et de promotion du travail indépendant et à l’encouragement des investisseurs à s’installer à Kasserine. Le programme Amal a attiré 7.329 jeunes qui se sont inscrits. A noter que les offres d’emploi dans le gouvernorat se sont inscrites en baisse et se situent actuellement à 971. M. Ayedi a également rencontré certains diplômés du supérieur qui observent un sit-in depuis mercredi 20 avril 2011. Ils revendiquent le droit au travail, la régularisation de la situation professionnelle des contractuels et la majoration des subventions accordés aux agriculteurs. Le ministre a indiqué que son département étudie actuellement l’installation de commissions régionales pour collaborer avec les bureaux d’emploi régionaux afin d’assurer un encadrement optimal des jeunes.

Source: “wmc” Le 30-04-2011

Quand le Canard enchaîné récidive


 

En 1981, l’hebdomadaire satirique français tirait à boulets rouges sur « Jeune Afrique ». Dans son numéro du 20 avril dernier, il ouvre à nouveau le feu trente ans plus tard. Avec les mêmes méthodes – un mélange d’approximation, de hargne et de calomnie. Et le même résultat : un pétard mouillé.

Le titre de l’article est tendancieux et racoleur : c’est la règle dans ce journal qui, se prévalant de sa vocation « satirique », s’autorise, sans grand risque, la calomnie et la diffamation, plus souvent encore l’approximation.

Le « chapô » de deux lignes destiné à inciter à la lecture est de la même eau. Il révèle la malveillance de son auteur et son intention de nuire : selon lui, notre hebdomadaire était « à l’agonie » en 1997, il y a… quatorze ans. S’il avait consulté un dictionnaire, il y aurait lu : l’agonie est le moment, les heures précédant immédiatement la mort.

Notre hebdomadaire, contre lequel le même Canard enchaîné a déjà mené une campagne qui a duré plusieurs semaines, en novembre-décembre 1981 et jusqu’en janvier 1982, n’est certes pas aussi riche que « l’hebdomadaire satirique », qui a fait de la délation et des attaques mal étayées son fonds de commerce (lire « Les enveloppes du Canard enchaîné »). Mais Jeune Afrique n’était pas à l’agonie en 1997. S’il l’avait été, il serait mort.

N’en déplaise au Canard enchaîné, il se porte même, aujourd’hui, plutôt bien.

Lorsque, à la fin de 1981, Le Canard enchaîné s’est attaqué à Jeune Afrique sous la plume de Patrice Vautier, lequel méritait encore moins le titre de journaliste, nous avons créé une page « Sourire » où nous avons publié, semaine après semaine, ce que le Canard écrivait alors sur nous et dont le caractère excessif et ridicule sautait aux yeux.

Force est de constater que le Canard n’a, hélas pour lui et pour nous, pas changé, ne s’est en tout cas pas amélioré.

Le Canard d’il y a trente ans a voulu faire accroire à ses lecteurs que nous étions à la solde… de Kaddafi : en 1981, nous étions pourtant déjà, et le sommes demeuré à ce jour, l’adversaire le plus ferme, le plus constant et le plus vigoureux du dictateur libyen et de son clan.

Nos lecteurs le savent, et certains d’entre eux pensent même que nous en faisons trop contre lui.

Kaddafi le sait tout aussi bien, et c’est d’ailleurs au siège parisien de Jeune Afrique à Paris – pas contre le Canard – que Kaddafi et son âme damnée Abdallah Senoussi ont fait exploser, en 1986, une de leurs bombes, et c’est Jeune Afrique et pas Le Canard enchaîné que Moussa Koussa, l’autre âme damnée de Kaddafi, a assigné en justice en 2008. Le Canard a-t-il eu la décence d’écrire, fût-ce au détour d’un écho, qu’il s’était trompé en nous accusant de connivence avec Kaddafi ? Ce n’est pas le genre de la maison. Avant d’en venir à l’affaire d’aujourd’hui, encore un mot sur le métier de journaliste qui est le mien depuis un bon demi-siècle. À mon avis, il peut être exercé de deux façons : une bonne et une mauvaise.

La bonne, qui n’est, hélas pour lui, pas celle du Canard enchaîné, consiste à chercher la vérité d’une affaire, d’un homme, d’une femme, ou bien d’une entreprise, à déployer beaucoup d’efforts pour la trouver, à n’écrire que lorsqu’on pense l’avoir cernée : le journaliste adopte en somme la démarche du juge.

La seconde, couramment pratiquée par Le Canard enchaîné, revient à se saisir d’une affaire, livrée à ce journal bien souvent par délation, parce qu’on a jugé « au pif » qu’elle serait « vendeuse ». On procède alors, pour la forme, à un simulacre de vérification et on la publie rapidement, en général pour salir quelqu’un : dans ce cas, le journaliste se fait procureur, prononce son réquisitoire et, sans se préoccuper le moins du monde de savoir si ce qu’il assène est la vérité, se délecte du mal qu’il fait. Dans la présente affaire, les deux personnes les plus importantes, celles qui savent exactement ce qui s’est passé, sont citées dans l’article du Canard enchaîné : MM. Mohamed Jeri et Mohamed Jegham. Ils se sont succédé à la direction du cabinet du président Ben Ali au moment des faits, et, selon M. Jilani Attia, l’informateur du Canard, ce sont eux qui l’ont approché.

Ils se trouvent en Tunisie, à portée de téléphone, et leur témoignage est capital pour connaître la vérité.

Un journal qui respecte ses lecteurs, un journaliste digne de ce nom n’auraient rien écrit avant de les avoir interrogés et écoutés.

Celui du Canard n’a même pas essayé : s’il avait été à Jeune Afrique, ou dans tout autre journal soucieux de vérité, son rédacteur en chef lui aurait demandé de le faire. Si, à Jeune Afrique, il avait, par impossible, réussi à faire publier son article sans avoir recueilli ce témoignage clé, je l’aurais licencié pour faute professionnelle caractérisée et j’aurais présenté mes excuses à nos lecteurs.

Au Canard, l’auteur de l’article destiné à salir Jeune Afrique continuera à sévir : c’est du journalisme irresponsable, la démarche d’un mauvais procureur assuré de l’impunité…

Un mot de plus sur le métier de journaliste. Je l’emprunte à l’un des grands de notre profession, Franz-Olivier Giesbert, patron d’un hebdomadaire français de qualité : Le Point.

Dans son dernier livre, Monsieur le président, consacré à Nicolas Sarkozy, il écrit ceci : « J’entends la voix de François Mitterrand susurrer à mon oreille l’un de ses refrains favoris : “Veinards de journalistes, vous pouvez écrire n’importe quoi en toute impunité. Plus vous vous fourvoyez, plus vous pouvez gagner de lecteurs.”

Mitterrand avait raison. J’exerce l’une des rares professions où rien ne tue, ni le ridicule ni l’erreur de jugement. D’où un sentiment lancinant d’imposture. »

Mais laissons, si vous le voulez bien, Le Canard enchaîné et son « journaliste » dans « l’erreur de jugement et l’imposture » où ils se complaisent et voyons quelle est la vérité de cette affaire.

Pour la faire apparaître, il suffit de se poser deux questions et de leur apporter la réponse juste

1) Le Ben Ali de 1996-1997 et son administration étaient-ils ceux qu’ils sont devenus en 2010-2011 – quatorze ans plus tard – et qui sont stigmatisés à juste titre aujourd’hui ?

2) Quelle était la nature de ladite opération de souscription ?

1) L’affaire s’est déroulée en 1996-1997, sur plusieurs mois. Le président Ben Ali et son administration n’étaient pas – mais alors pas du tout – ceux qu’ils sont devenus quatorze ans plus tard.

Le Canard et son journaliste veulent l’ignorer, mais Ben Ali, dont le premier mandat a commencé en avril 1989 et le second en mars 1994, était alors celui qui avait sorti la République d’une fin de règne calamiteuse d’un Bourguiba autoproclamé président à vie. Il a, dans la foulée, sauvé la Tunisie d’une prise de pouvoir islamiste par la violence. C’était un réformateur et un modernisateur populaire.

MM. Mohamed Jeri et Mohamed Jegham étaient des hauts fonctionnaires et des hommes politiques connus en Tunisie pour leur patriotisme, leur probité et leur compétence.

L’un et l’autre ont par la suite été écartés par le président Ben Ali parce qu’ils n’adhéraient pas à l’évolution de son régime vers la dictature. Pour la même raison, constatant que cette évolution était devenue irréversible, j’ai cessé de voir le président Ben Ali ou d’avoir la moindre communication avec lui à partir de mars 2005, plus de cinq ans avant sa chute.

2) L’opération objet de l’article du Canard consistait à faire souscrire à une augmentation du capital de Jeune Afrique des citoyens privés (personnes physiques ou morales) d’un pays de la zone de lecture de Jeune Afrique, doté d’une monnaie autonome avec contrôle des changes.

Était-elle secrète, particulière ? Était-elle seulement critiquable ? Pas le moins du monde. Elle s’est déroulée sur plusieurs mois, ce qui montre bien que Jeune Afrique n’était pas pressé, encore moins à l’agonie ; nous voulions des actionnaires privés et non publics, nous voulions qu’ils soient nombreux – pour qu’aucun d’eux ne détienne même 0,5 % du capital et que l’ensemble totalise environ 6 % du capital – et qu’ils soient représentatifs de tous les secteurs d’activité.

La présidence de la République tunisienne est intervenue pour la raison déterminante que voici : la souscription s’est faite en dinars, monnaie nationale non convertible, mais par son transfert en France dans le capital d’une société de droit français elle devenait un investissement à l’étranger, en francs (c’était avant le passage à l’euro), nécessitant l’autorisation de la Banque centrale tunisienne.

Lancé à Tunis en 1960, Jeune Afrique s’est doté, décennie après décennie, d’un club de six cents petits actionnaires issus de cinquante-cinq pays, la plupart africains. À raison de quelques actions ou dizaines d’actions pour chacun, de manière à ce que la majorité du capital et le contrôle restent entre les mains de son fondateur, qui se trouvait être (jusqu’en 2008) le directeur de sa rédaction(*).

Les deux tiers de nos lecteurs se trouvent dans une trentaine de pays africains francophones, et nous avons eu pour politique depuis près de quarante ans d’avoir comme actionnaire dans chacun de ces pays des hommes et des femmes qui adhèrent à nos positions et sont représentatifs de notre lectorat.

C’est ainsi que nous avons recherché de nouveaux actionnaires, à l’occasion d’augmentations de capital successives, au Sénégal, en Mauritanie, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Burundi, au Rwanda, au Mali, mais aussi en France, en Belgique, en Suisse, au Canada…

Certains vivent dans des pays démocratiques, d’autres non ; certains dans la zone CFA, d’autres pas. Chaque fois, par courtoisie ou par nécessité, nous avons informé le gouvernement et mené l’opération en accord avec lui. Je me souviens qu’au Sénégal Léopold Sédar Senghor était président et Abdou Diouf son Premier ministre, qu’en Mauritanie Moktar Ould Daddah était chef de l’État, et son frère, Ahmed, gouverneur de la Banque centrale.

Les dirigeants africains sont en général contents, ou même fiers de voir certains de leurs concitoyens, certaines de leurs entreprises, entrer dans le capital de Jeune Afrique.

Ils savent – et les candidats actionnaires le savent également – que cela ne leur donne aucun pouvoir d’influence sur l’orientation éditoriale du journal et que Jeune Afrique ne distribue pas de dividendes.

C’est très exactement ce qui s’est passé dans la Tunisie de 1997 et, par conséquent, Le Canard enchaîné ment, tout simplement : Jeune Afrique n’était nullement à l’agonie et Ben Ali n’a acheté aucune faveur.

En voulez-vous une preuve, ou à tout le moins une indication ? En 1999 – deux ans après l’opération –, Jeune Afrique n’a pas hésité à annoncer, avant tout le monde, dans son numéro du 10 au 16 août, la parution du livre de Jean-Pierre Tuquoi et Nicolas Beau, Notre ami Ben Ali. Fureur du futur dictateur, en vacances à Hammamet, qui n’a découvert cette annonce dans Jeune Afrique que lorsque l’hebdomadaire était déjà en vente : il a alors fait saisir tous les exemplaires, dans tous les kiosques de Tunisie, et a ordonné que Jeune Afrique, seul de toute la presse, soit désormais gardé sous douane jusqu’à lecture complète – qui peut prendre deux, trois ou quatre jours – par la censure.

Depuis sa création, Jeune Afrique est diffusé, pour l’essentiel, dans des pays dominés par un parti unique et, sauf exception, dirigés par des autocrates ou des dictateurs.

Ni le Canard, ni personne d’autre n’est qualifié pour lui donner des leçons sur la conduite à tenir à leur endroit. Le « palmarès » des saisies, interdictions et suppressions de publicité dont nous avons été victime parle pour nous ; la liste de ceux qui nous ont interdit et combattu – Sékou Touré, Mobutu, Bokassa, Kaddafi, Boumédiène, Houphouët-Boigny, Ratsiraka, Hassan II – est tout aussi éloquente.

Il nous est arrivé de conclure une trêve, toujours de courte durée, avec l’un ou l’autre de ces autocrates, mais jamais nous ne nous sommes compromis avec aucun d’eux.

Alors, Messieurs du Canard, nous attendons avec sérénité votre prochaine « sortie » contre nous. Comme les précédentes, elle sera portée à la connaissance de nos lecteurs.

Comme l’on dit chez nous : « Les chiens aboient… »

Source : « Jeune Afrique » Le 30-04-2011

Abdelfattah Amor appelle à la création d’une institution permanente de lutte contre la corruption


«ô peuple, que de crimes sont commis en ton nom !»

• Ampleur du phénomène de la corruption et règne de la pistonie. Mais ce phénomène n’est pas «totalement» cerné – Abdelfattah Amor, président de la Commission nationale d’établissements des faits sur les affaires de corruption et de malversation, sous l’ancien régime déchu, a réitéré, hier, l’appel à la création d’une institution nationale permanente chargée de la lutte contre la corruption et la malversation en Tunisie, déclarant que la Commission présentera une proposition dans ce sens à la prochaine Assemblée constituante devant sortir des urnes le 24 juillet.

Parlant à l’ouverture d’une Conférence – débat sur la transition démocratique et la réparation des victimes des régimes dictatoriaux, organisée, à Tunis, par l’Observatoire de la transition démocratique, en collaboration avec des partenaires allemands, Mr Abdelfattah Amor a indiqué que la Tunisie a connu , au cours des 23 dernières années, un système de corruption et de malversation aux éléments multiples et interdépendants qui a touché les rouages de l’Etat, les entreprises, et les citoyens. Progressivement et délibérément, ce système a, ainsi, gangréné l’Etat et la société, allant du simple citoyen au Président de la République, à telle enseigne que la corruption et la malversation ont été intériorisées par les individus et les groupes, donnant naissance à une attitude et une mentalité de corruption chez les citoyens, illustrées par la tendance à considérer la malversation et la corruption comme faisant partie de l’ordre normal des choses. Ceux qui agissent , en dehors du système, voyaient que leurs actions ne pouvaient pas aboutir, à partir du moment où tout le monde a constaté que pour parvenir à ses fins, il fallait tendre la main pour que généreusement, les influents corrompus du régime vous offrent ce à quoi vous avez droit. C’était le règne total de la ‘’pistonie’’.

Abdelfattah Amor a ajouté que ce qui s’était passé en Tunisie étaient extrêmement grave et dépassait toutes les limites. « Grâce au travail de la Commission, nous avons pu nous rendre compte de l’ampleur du phénomène, sans le cerner complètement, car il est difficile de le faire, mais ce que nous avons pu en savoir déjà est suffisant. » ajoute-t-il.

Il a dénoncé, à ce propos, les fanfaronnades et tous ceux qui recherchent, vainement, une nouvelle virginité, sans réaliser le dommage porté au processus de démocratisation, rappelant la publication du décret-loi portant création de la Commission et définissant ses attributions. Il s’agit d’établir les faits relatifs aux affaires de corruption et de malversation, sous l’ancien régime déchu, de les examiner, et de les saisir objectivement, et ce n’est pas facile. Or, les faits sont très nombreux, et la Commission en a établi beaucoup, cependant , il faudra des années pour les saisir en intégralité.

Il fallait mettre à nu les faits établis, les porter à l’attention du public et les soumettre à la justice.

Réparation, compensation et réhabilitation

Des documents relatifs à tous ces faits de corruption et de malversation auraient été détruits, mais ce qui en est resté est considérable, a dit Abdelfattah Amor ajoutant que les sources documentaires le sont tout autant, notamment les documents de la Présidence de la République que la Commission a pu saisir et qui ont le mérite de concerner aussi bien les grandes affaires de l’Etat que les affaires futiles de divorces de simples époux n’appartenant pas à la famille du déchu, et autres affaires futiles du même genre. La Présidence de la République nous a ,ainsi, fourni, une source impressionnante d’informations, dans ce domaine

La Commission a pu rassembler divers types de documents concernant soit les victimes physiques de la corruption et de la malversation, soit l’administration et les entreprises. Des sous – commissions techniques ont été créées pour écouter et auditionner les témoignages des personnes concernées et le nombre de ces personnes est très grand.

La Commission nationale travaille en vue d’aider à résoudre les problèmes des citoyens dans ce domaine, ou encore à ficeler les dossiers de corruption et de malversation pour les présenter à la justice et au parquet qui est le seul à même de décider de poursuites judiciaires ou non. Mais, la justice est elle-même débordée, en ce moment. Puis, la justice peut-elle être seulement pénale, s’est interrogé Abdelfattah Amor, et quand même il en serait ainsi, les tribunaux peuvent-ils juger tout ce grand nombre d’ affaires et gérer toute cette masse énorme de dossiers ? Aux côtés des sanctions pénales, on devrait prévoir des réparations, des compensations, des reconsidérations et des réhabilitations en faveur des victimes. Il s’agit là de moyens de rendre justice et de réaliser aussi la réconciliation de la Tunisie avec elle-même, car les tensions restent vives et risquent de déstabiliser le pays, tandis que la vindicte n’est pas la voie idoine pour rétablir la cohésion sociale, a-t-il dit.

Dans ce même contexte, Abdelfattah Amor a mis en garde contre les tiraillements et les conflits qui menacent, aujourd’hui,la Tunisie, et contre les forces de réaction qui sabotent le processus démocratique, et entravent son aboutissement, stigmatisant les attaques dont fait l’objetla Commission, parce que les intérêts en jeu sont considérables et comme le dit l’adage ‘’Ô peuple, combien de crimes sont-ils commis en ton nom’’.

En conclusion, il a émis l’espoir qu’avec la création de l’institution nationale permanente de lutte contre la corruption et la malversation, chaque personne reconnue, à l’avenir, coupable d’abus de ce genre, sera jugée et punie.

Des experts allemands en matière de transition démocratique et de réparation des victimes des régimes dictatoriaux, ayant participé à la rencontre, ont salué le travail de la Commission, et regretté les critiques dont elle fait l’objet, signalant que l’Allemagne avait mis en place une Commission similaire, au lendemain de la réunification allemande, en 1990, après la chute du régime communiste en Allemagne de l’Est, et que cette Commission a contribué, énormément, à la réparation des victimes de la dictature et à l’assainissement de la situation héritée du régime communiste, remplissant, ainsi, un rôle de premier plan pour la réussite du processus d’intégration sociale dans l’Allemagne réunifiée.

Source: “Le Temps” Le 30-04-2011

Entretien avec M. Mustapha Ben Jaâfar

Pour une refondation du partenariat Euromed


 

Au terme de la conférence internationale sur les «Révolutions arabes : l’heure de la démocratie et du progrès», le journal La Presse a voulu en savoir plus sur les attentes de la Tunisie et des pays de la région, aux yeux de M. Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général du parti organisateur, le Forum démocratique pour le travail et les libertés. La Presse : Au-delà des rapports bilatéraux entre partis socialistes, dans quels cadre et perspectives s’inscrit la présente conférence ? M.B.J. : C’est pour nous la consolidation de relations anciennes entre le Forum démocratique pour le travail et les libertés, et le Parti socialiste européen, mais aussi la suite logique des révolutions arabes qui ont changé la donne et qui interpellent aujourd’hui les Européens quant à la nécessité de revoir les relations euro-méditerranéennes sur de nouvelles bases. La Presse : Que peut-on en attendre de concret ? M.B.J. : D’abord une réflexion profonde sur la refondation nécessaire du partenariat euroméditerranéen. Ce partenariat, que ce soit dans les formules du processus de Barcelone, dans la politique de voisinage ou même au niveau de l’expérience de l’Union pour la Méditerranée, a atteint ses limites – pour ne pas dire qu’il a échoué – parce qu’il a donné la priorité à la sécurité, aux dépens des valeurs communes de démocratie et de liberté. La Presse : Quel peut être l’apport du Parti socialiste européen au niveau de notre transition démocratique ? M.B.J. : Dans cette transition, tous les amis de la Tunisie, et les socialistes européens en tête, sont invités à soutenir les forces démocratiques et à aider le peuple tunisien dans la réalisation des objectifs de la révolution. Sans ingérence. Ils peuvent nous aider en pressant leurs gouvernements à rendre au peuple tunisien les biens mal acquis qui leur ont été subtilisés, en encourageant les entreprises européennes installées en Tunisie à ne pas délocaliser, en invitant les touristes européens à venir en Tunisie… Bien entendu, des investissements massifs dans les régions tunisiennes qui souffrent de la pauvreté et du chômage sont les bienvenus. La Presse : Plus généralement dans l’ensemble de la région arabe, que pourraient apporter le PSE ou l’Union européenne pour encourager la transition démocratique ? M.B.J. : Indiscutablement, en plus d’une nouvelle vision de ces relations, sur la base du respect des libertés et de la démocratie d’une part, et une stratégie de codéveloppement d’autre part, la question palestinienne reste au cœur des relations euroméditerranéennes. L’adoption par les Européens d’une position équitable et équilibrée, et la reconnaissance de l’Etat palestinien pourraient constituer une avancée dans le sens de l’assainissement des relations de l’Europe avec l’ensemble du monde arabe. La Presse : Votre Conférence internationale a abordé les problématiques de la migration irrégulière. Le PSE se distingue-t-il sur cette question par une approche spécifique ? M.B.J. : Le PSE va dans le sens de positions globales qui s’intégreraient dans cette refondation du partenariat. Mais, en urgence, il se soucie de l’organisation de l’accueil de ces immigrés conformément avec le droit international et le strict respect des droits de l’homme. Il faut aussi envisager de quelle manière ces immigrés pourraient recevoir une formation qui leur donnerait de nouvelles perspectives de travail, qu’ils restent en Europe ou qu’ils retournent dans leur pays.

Source: “La Presse” Le 30-04-2011

Tunisian economy to grow 1-2 pct in 2011: cenbank


 

Tunisia’s economy will grow by only 1-2 percent this year because of continuing uncertainty, the central bank governor said in remarks published on Friday.

Mass protests toppled the former president, Zine al-Abidine Ben Ali, in January and Central Bank Governor Mustapha Kamel Nabli repeated his view that weak growth could threaten the transition to democracy.

« The fundamental problem is in the situation of uncertainty and lack of confidence prevailing in the country, » the official TAP news agency quoted Nabli as saying. « This leads to a wait-and-see attitude on the part of companies and also consumers who keep their savings. »

He said Tunisia’s economy needs to grow 7 percent a year on average to create enough jobs.

Weaker foreign investment and lower revenues from tourism were both straining the Tunisian economy, Nabli said.

The Tunisian economy has also been hit by lower remittances, he said. Tunisians abroad sent home 530 million dinars in the first quarter of 2011, down 12 percent from the same period last year.

Source: “Reuters” Le 30-04-2011

Tunisian women hold tight to rights


 

By Marie-Louise Gumuchian

For Tunis resident Amel, her country’s January revolution brought her personal freedom after two decades living in a repressive police state.

But as a woman, she is fearful Tunisia’s yet uncertain future could bring something else — an Islamist resurgence and what that could mean to her rights.

“As women we are scared to lose our rights, such as being forced to wear the hijab and losing our jobs,” the office secretary said, declining to give her full name.

“Women won’t have their freedom anymore. Women have suffered too much to lose these liberties. Nothing is clear yet about the situation of women.”

Since independence from France in 1956, Tunisia has boasted some of the most advanced women’s rights in the Arab world.

First post-independence leader Habib Bourguiba gave Tunisian women the right to vote, abolished polygamy, forbade marriage under the age of 17 and allowed woman equal rights to divorce.

But Tunisian women are now carefully watching to see whether the uprising that ousted authoritarian President Zine Al Abidine Ben Ali on January 14 will also unravel women’s rights bolstered by his secular regime in a predominantly Muslim country.

Tunisia’s interim authorities initially struggled to restore stability in the North African country but in March laid out a plan for a transition to democracy.

“There are fears and questions, because we are at a phase where we are reforming the foundations of society,” Maya Jribi, head of Tunisia’s Progressive Democratic Party, said.

“There are voices that have dual messages, so we can hear progressive things from one person, and then from another person in the same party we hear reactionary words.

She said that Tunisian women and women who supported democracy also needed to mobilise to protect the gains Tunisia had made.

 

HEADSCARVES

 

Bourguiba considered Islam a threat to the state and called the Muslim head cover, or hijab, an “odious rag”. Under Ben Ali, veiled women were long denied access to education and jobs.

Ben Ali was toppled by protests after 23 years in power and fled to Saudi Arabia. Seeking to assert their authority and gain legitimacy in the eyes of protesters who forced him to flee, the caretaker authorities are attacking the vestiges of his rule.

The interior ministry said this month women would now be allowed to wear the Islamic headscarf in photographs on identity cards. However some commentators have used the new freedom of expression on television to advocate conservative values.

One said allowing polygamy would help right a demographic imbalance while another called for women to stay at home to solve Tunisia’s unemployment problem, newspaper La Presse said soon after the revolution.

Hundreds of women rallied in the capital in January to voice their fears of an Islamist resurgence and call for more equality between men and women.

Tunisia’s revolution allowed for movements such as the moderate Islamist Ennahda (Arab for “Renaissance”) back on the political stage after a two-decade ban.

Ben Ali suppressed Ennahda after it officially won over 15 percent of an 1989 vote, exiling and jailing its members.

Its leader Rachid Ghannouchi, who returned from exile in January, said Ennahda believed in individual freedoms, women’s rights and their equality with men. Analysts say Ennahda today might get up to 35-40 percent, close to what it may have actually won in the fraud-ridden 1989 vote.

“We want women to be well-represented politically, to participate effectively in decision-making, and to be represented in a way that reflects her presence in society,” Ennahda member Chambi Riadh said.

“A woman is responsible for her family, she works and she is involved in many cultural and arts activities. Now is the time to translate this on the political stage, specifically in decision-making, and for women to take on the responsibilities that reflect her contribution to Tunisian society.”

Authorities preparing Tunisia’s July 24 election to choose a national assembly which will rewrite the constitution ruled this month that men and women must feature in equal number in the poll, a move hailed as historic in the Arab world.

Women activists hope democracy in Tunisia will safeguard as well as promote women’s rights.

“I am optimistic because we are on the path to democracy. We are going to learn democracy slowly because we did not have it for 23 years, even more,” Sana Ben Achour, chairwoman of the Tunisian Association of Democratic Women, said.

“I see democracy as the solution for all society, including women. Democracy will ensure that their rights are kept.”

Women represent around quarter of Tunisia’s working population and just over half of higher education students, according to Tunisia’s national institute of statistics.

For 23-year old Rihab, Tunisian women have a stronger chance now to make their voices heard.

“Women today need to have a stronger personality than before,” she said. “She has to take up her rights much more and she has to be independent from men because as Tunisians we still think that a woman’s destiny has to be linked to man’s.”

Source: “The peninsula” Le 30-04-2011

 


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