TUNISNEWS
6 ème année, N° 2169 du 30.04.2006
Collectif 18 Octobre pour les Droits et les Libertés en Tunisie: Rassemblement devant le siège de la radio et télévision tunisienne Collective October 18 for the Rights and Freedoms in Tunisia :Gathering in front of the seat of the radio and Tunisian television
Parti Tunisien du Travail: Communiqué
MAP: Naissance à Paris de l’Alliance maghrébine pour la démocratie AP: Le Premier ministre tunisien mercredi à Paris
AMI: Tunisie-Europe-tourisme: Prochaine réunion en Tunisie de ministres euroméditerranéens du Tourisme Info Tunisie: Signature du contrat de cession de 35% du capital de Tunisie Télécom Noura Borsali: Ier festival du cinema tunisien : Contre la mémoire de l’oubli
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Tunis le 28 Avril 2006 Collectif 18 Octobre pour les Droits et les Libertés en Tunisie
Rassemblement devant le siège de la radio et télévision tunisienne
A l’occasion de la journée mondiale de la presse (3 Mai), le Collectif 18 Octobre pour les Droits et les Libertés en Tunisie appelle au rassemblement pour exiger : – la libération de la presse écrite – la libération de l’audiovisuel – la libération de l’Internet Venez tous et toutes ce mercredi 3 Mai 2006 à 1 heure 30 de l’après midi devant le siège de la RTT Collectif 18 Octobre pour les Droits et les Libertés en Tunisie
Tunis 28 April 2006
Collective October 18 for the Rights and Freedoms in Tunisia
Gathering in front of the seat of the radio and Tunisian television
With the occasion of the world day of the press (May 3), the Collective October 18 for the Rights and Freedoms in Tunisia calls with the gathering to require: – Release of the newspaper – Release of the audio-visual – Release of the Internet Come all and all this Wednesday May 3 2006 to 1 hour 30 from after midday in front of the seat from the RTT Collective October 18 for the Rights and Freedoms in Tunisia
l’Union des Tunisiens en Suisse A l’occasion de la journée internationale de la liberté d’_expression, l’Union des Tunisiens en Suisse vous invite à venir soutenir notre action pour dénoncer la repression que le gouvernement tunisien continue à pratiquer sur les journalistes et la société civile.
Nous serons à la place du molard le mercredi 3 mai 2006 de 18h à 19h.
Vennez nombreux pour nous soutenir et diffuser cette information à vos ami e s. Merci d’avance.
Pour l’union des tunisiens en suisse Jalel matri
PARTI TUNISIEN DU TRAVAIL
COMMUNIQUE
Ce 1er mai 2006, le Parti Tunisien du Travail (PTT) rappelle que les sacrifices du peuple tunisien imposent à tous à redoubler d’efforts pour s’élever au niveau exigé par la situation difficile que vit notre pays. Il précise
solennellement que le pouvoir du PSD (rebaptisé RCD) qui a atteint ses limites depuis longtemps, et ce malgré ses pseudo réformes que la propagande nomme « consensus national », « ouverture démocratique »
ou « changement du 7 novembre » , est devenu le principal problème de la Tunisie :
● L’ appropriation du pays par cette équipe a conduit à la dislocation totale de la société et un blocage du pouvoir et de toutes les institutions de l’Etat.
● Le clientélisme et la corruption généralisés ne cessent de générer la haine et les risques d’une fracture sociale irréversible ne sont plus à écarter. En effet, les plaintes et les rancoeurs s’accumulent car toutes les institutions sont devenues l’outil du RCD. L’allégeance à celui-ci autorise tous les passe-droits et alors toute contestation est devenue un crime de lèse-majesté…
● Les privatisations sauvages qui frappent durement tous les domaines nationaux et les gros emprunts contractés auprès des bailleurs de fonds internationaux pour des projets fictifs, dispensateurs de gros pactoles d’argent frais au profit de la gent mafieuse, ne cessent de causer des dégâts incommensurables et hypothèquent sérieusement l’avenir de notre pays.
● Dans la recherche d’appuis extérieurs, le pouvoir a démontré qu’il était prêt à ouvrir le pays aux pires ennemis de notre peuple, le sionisme, malgré la réaction populaire durement réprimée.
● Pour étouffer la voix du peuple et dissimuler sa faillite, le pouvoir a de plus en plus recours à la violence. Ses seuls efforts se limitent à moderniser son dispositif répressif, déjà insoutenable, par l’achat de logistique américaine et le recours à leurs experts dont les performances en matière de torture, de liquidations physiques, de massacres collectifs… ne sont plus à démontrer ( Boughrib, Guantanamo …)
Les contestations quotidiennes et multiformes, partout en Tunisie, constituent une condamnation sans appel du régime des inégalités et des faveurs. Elles expriment clairement la banqueroute de l’orientation libérale et donnent une lueur d’espoir pour une levée en masse afin d’écourter les jours de ses hommes et imposer les vrais changements
.
Le PTT rappelle que l’UGTT, malgré les dures épreuves qu’elle traverse, parce qu’elle est restée fidèle à la conception du syndicalisme de son fondateur Farhat Hachad qui la destine à porter le projet national et
maghrébin pour la dignité, la liberté, l’indépendance et le progrès, demeure la seule organisation de masse investie d’une mission libératrice et doit être désormais perçue comme un moteur de l’émancipation nationale.
Le peuple tunisien, arabe et musulman a toujours considéré que les guerres néocoloniales, le soutien aux dictatures de tout poil, l’exploitation sans limites des peuples et le pillage de leurs richesses nationales n’ont jamais constitué un cas de conscience pour les « démocratie occidentale » à géométrie variable.
C’est ainsi, lorsque le peuple palestinien se donne un gouvernement issu d’élections irréprochables, comme l’attestent tous les observateurs arabes et internationaux présents sur le terrain, toutes les puissances occidentales, apôtres de la démocratie et des droits de l’homme, accourent à l’unisson pour l’assiéger utilisant l’arme de la faim pour prêter ainsi main forte à la plus puissante machine de guerre: la mchine
sioniste qui n’a pas réussi à entamer la détermination et la résistance indestructible du peuple palestinien pour recouvrer ses droits légitimes.
Ceux qui s’évertuent à découvrir un nouveau destin pour la Tunisie hors de son contexte maghrébin, arabe et musulman, le peuple tunisien leur rappelle cette vérité primordiale.
Vive la lutte du peuple tunisien !
Vive la lutte de tous les peuples arabes !
Vive la lutte des peuples frères palestinien et irakien !
Tunis, le 1er mai 2006
Naissance à Paris de l’Alliance maghrébine pour la démocratie
28.04.2006 | 14h29 L’Alliance maghrébine pour la démocratie (AMD), une association ayant pour vocation la promotion de la culture démocratique dans les cinq pays du Maghreb, vient de voir le jour à Paris. L’annonce de la création de cette association, fondée par près de soixante-dix figures représentatives de la société civile et des mouvements démocratiques des pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA), a été faite lors d’une conférence de presse, organisée jeudi en fin d’après-midi au Centre d’accueil de la presse étrangère à Paris. Au cours de cette conférence de presse, le président de l’AMD, Omar S’habou a indiqué que le salut de la région du Maghreb arabe ne peut se concevoir que dans le cadre d’une entité unie, démocratique et moderne, soulignant que cette conviction unanimement partagée par les membres fondateurs de l’Association, constitue le » soubassement intellectuel et psychologique » de ce projet. L’idée initiale, qui a mobilisé les fondateurs de l’AMD, est de contribuer à la » maturation rapide » d’une conscience maghrébine transcendant les particularismes, a relevé M. S’habou pour qui cette association reconnaît au Maghrébin le droit d’avoir l’identité culturelle, la conviction idéologique et la préférence politique de son choix sans aucune restriction que celle qu’impose la liberté d’autrui. Pour M. S’habou, la date de l’annonce de la création de l’AMD n’est pas fortuite. Elle renvoie à la rencontre de Tanger du 27 avril 1958 au cours de laquelle les dirigeants historiques des mouvements de libération de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie avaient appelé à l’unité du Maghreb. De son côté, le secrétaire général de l’association, Samad Filali ,a indiqué que les fondateurs de l’AMD entendent prendre le relais des signataires de l’appel de Tanger et contribuer, autant que faire se peut, à promouvoir les valeurs de la démocratie et du respect des droits de l’Homme pour faire sortir la région de son immobilisme et de sa léthargie. Selon ses fondateurs, l’AMD a pour principaux objectifs d’œuvrer pour l’Union du Maghreb, de défendre les libertés d’expression et d’association, de défendre l’égalité des droits et des devoirs entre les deux sexes, de veiller à l’application du principe de la séparation des pouvoirs et de développer une réflexion approfondie sur les conditions de la transition démocratique au Maghreb. Parmi ses moyens d’action, l’AMD envisage la création d’un site web qui aura la charge d’élaborer un hebdomadaire électronique d’information et de débat. Ce support intitulé » Le Maghrébin », traitera les faits d’actualité et débattra des thèmes majeurs dans les sociétés maghrébines. L’AMD prévoit également la publication d’un périodique trimestriel qui compile les principales contributions au débat, ainsi que les actes de toutes les initiatives ou manifestations publiques que l’association aura à organiser. L’association se penche, en outre, sur la mise en place des conditions nécessaires à la création d’une chaîne de télévision satellitaire maghrébine.
MAP
(Source: Le journal Marocain Le Matin d´apres Maghreb Arabe Presse -MAP)
Le Premier ministre tunisien mercredi à Paris
AP | 29.04.06 | 18:04 TUNIS (AP) — Le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, se rendra mercredi à Paris pour une visite officielle de deux jours au cours de laquelle il sera reçu en audience par le président Jacques Chirac et aura des entretiens avec son homologue Dominique de Villepin et plusieurs de ses collaborateurs, a-t-on appris samedi de source diplomatique à Tunis.
Destinée à « impulser le courant d’échange à un très haut niveau bilatéral », cette visite, la première du genre d’un Premier ministre tunisien en France, vient en réponse à celle effectuée en Tunisie en janvier 2005 par l’ancien patron de Matignon, Jean-Pierre Raffarin, a déclaré à la presse l’ambassadeur de France à Tunis, Serge Degallaix. Elle intervient au moment où la réunion périodique de la commission mixte a été reportée sine die. Présidée par les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Philippe Douste-Blazy et Abdelwahab Abdallah, cette réunion devait se tenir initialement début mars dernier. Aucun motif officiel n’a été avancé au sujet de ce report. Toujours est-il que ce voyage porte un message politique à travers lequel Tunis et Paris entendent « souligner la qualité de la relation franco-tunisienne », selon le diplomate français.
Au cours de son séjour, M. Ghannouchi sera accompagné de quatre ministres et d’une délégation de 15 hommes d’affaires. Il rencontrera notamment le ministre de l’Economie Thierry Breton et la présidente du Medef, Laurence Pariso.
L’un des moments forts se situera dans la région marseillaise, qui entretient une importante coopération décentralisée avec la Tunisie, où il sera question de « rapprocher les pôles de compétitivité français et les technopoles tunisiens ».
AP
Tunisie-Europe-tourisme
Prochaine réunion en Tunisie de ministres euroméditerranéens du Tourisme
DJERBA (Tunisie), 29 avr 2006 (AMI) – Les ministres du Tourisme des cinq pays du Maghreb et de cinq pays européens de la Méditerranée occidentale se réuniront les 5 et 6 mai prochain en Tunisie, a annoncé samedi leur homologue tunisien, Tijani Haddad.
« Cette réunion sera l’occasion pour ces dix pays d’examiner les moyens de renforcer la coopération et la complémentarité de leurs produits touristiques », a déclaré M. Haddad en marge du premier festival international de télévision à Djerba (Sud).
Cette conférence, la première du genre, se tiendra à Hammamet (60 km au sud de Tunis), dans le cadre dit du « Dialogue 5+5 », a ajouté le ministre tunisien. Ce cadre informel réunit les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe (UMA) : Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie et cinq pays européens: Espagne, France, Italie, Malte et Portugal.
AMI
Signature du contrat de cession de 35% du capital de Tunisie Télécom
Vendredi, 28 avril 2006 Le contrat de cession relatif à la vente de 35 % du capital de Tunisie telecom à la compagnie emiratie /Tecom dig/ a été signée jeudi, à Tunis, par le ministre des Finances M. Mohamed Rachid Kchich et le directeur exécutif de « tecom dig ».
La cérémonie de signature s’est tenue en présence du ministre des Technologies de la communication M. Montassar Ouaili et la secrétaire d’Etat chargée de l’informatique, de l’Internet et des logiciels libres Mme. khadija ghariani.
Le ministre des technologies de la communication a affirmé, à cette occasion, que la cession de 35% du capital de Tunisie telecom s’est déroulée dans la transparence totale, comme en témoigne toutes grandes sociétés ayant participé à l’appel d’offres précisant qu’il s’agit là d’une preuve de la justesse des choix de la Tunisie. Il a ajouté que l’expérience riche que possède /tecom dig/ dans les domaines des communications, de l’Internet et de l’informatique sont de nature à ouvrir des perspectives à Tunisie telecom, et lui permettre de s’adapter aux évolutions technologiques et de renforcer sa compétitivité. M. kchich a fait remarquer, de son côté, que cet accord qui témoigne de la solidité des liens entre la Tunisie et Les Emirats Arabes Unis et qui confirme le climat propice à l’investissement qui règne en Tunisie, ne manquera pas de renforcer le partenariat entre les deux pays.
Il a exprimé le souhait de voir cet accord marquer le début d’une coopération fructueuse et de nouveaux investissements dans divers secteurs tels que les services et les technologies de la communication et de l’information.
De son côté, le directeur général exécutif de la société émiratie /TECOM DIG/, M. Ahmed Ben Bayet s’est félicité du climat d’affaires en Tunisie et des potentialités de progrès que le pays offre, soulignant l’importance des opportunités de partenariat qu’offre le marché des communications en Tunisie.
Le responsable émirati a exprimé l’espoir de voir la coopération entre la Tunisie et les EAU se renforcer davantage et s’étendre à d’autres créneaux porteurs.
Ier FESTIVAL DU CINEMA TUNISIEN :
Contre la mémoire de l’oubli.
Par Noura Borsali
Louable initiative que celle prise par les quatre associations tunisiennes de cinéma d’organiser le Ier Festival du Cinéma tunisien. L’Association Tunisienne pour la Promotion de la Critique Cinématographique, la Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs, la Fédération Tunisienne des Cinéastes Amateurs et les Artistes Tunisiens Associés nous ont permis, pendant quelques jours, du 11 au 16 avril dernier, de revoir les premiers films tunisiens, ceux des années 60, longs et courts métrages, dans des salles du Centre-ville telles que le Mondial, la Maison de la Culture Maghrébine Ibn Khaldoun et le 7ème Art. Ainsi cette première rétrospective a-t-elle tenté de pallier un manque, celui, comme l’ont noté les organisateurs, d’une rencontre des Tunisiens “ autour de leurs films, et seulement autour de leurs propres films, pour en parler, pour en débattre, pour cibler ce qui ne va pas, et ce qui les avantage ”. Les Tunisiens, écrit-on encore, “ n’ont pas eu l’occasion, toujours désirée mais jamais réalisée, de fêter leur cinéma (films) entre eux ”. Le public — hélas peu nombreux après le Festival du film documentaire — a donc eu l’heureuse occasion de revoir des courts métrages et des longs métrages datant de plus de trente ou de quarante ans, comme “ La poupée ” de Ahmed Khéchine (1972), “ Les Galériens ” de Hamadi Glala (1968), “ Sidi Bou Saïd ” de Hamadi Essid (1964), “ L’école Sakia ” (1959) etc…et des longs métrages qui nous ont plongés dans une époque d’une Tunisie à la recherche d’elle-même avec ses espoirs et ses désillusions, comme “ L’Aube ” de Omar Khlifi (premier long métrage tunisien, 1966), “Mokhtar” de Sadok Ben Aïcha (1968), “ Khalifa le teigneux ” de Hamouda Ben Halima (1969), “ Om Abbas ” de Ali Abdelwaheb (1969), “ Sous la pluie de l’automne” de Ahmed Khéchine (1969), “ La mort trouble ” de Férid Boughdir et Claude d’Anna (1969), “ Yusra ” de Rachid Ferchiou (1971), “ Et demain ” de Brahim Babaï (1972), “ Sejnane ” de Abdellatif Ben Ammar (1974), “ L’ombre de la terre ” de Taïeb Louhichi (1980) ainsi que “ La Noce ” (1978) et “ Arab ” du Nouveau Théâtre (1988) et “ Goha ” (de Jacques Baratier, 1957) etc…D’autres films ont également figuré dans le programme tels que des films inconnus comme “ Hmida ”, long métrage de Jean-Michaud Maillan, production tuniso-allemande datant de 1964 ou “ Zoubeïr ” court-métrage réalisé en 1963 et consacré au peintre tunisien Zoubeïr Turki, et des films censurés à l’époque comme “ Seuil interdit ”, “ Fatma 75 ” de Selma Baccar ou “ Soleil des hyènes ” de Ridha Béhi (1976). Nous avons alors pu mesurer à quel point le cinéma tunisien à l’état de prémices était à la recherche d’une esthétique qui soit propre à lui et porteur de déchirements et d’interdits, donnant à voir une Tunisie en pleine mutation. Notre cinéma du temps passé, à travers ses multiples tendances “ civilisationnelles ” ou “ politiques ”, selon Férid Boughedir (CinémAction , printemps 1981), nous est apparu tantôt influencé par des courants cinématographiques en vogue à l’époque, du néoréalisme italien au mélodrame égyptien en passant par le Nouvelle Vague française, tantôt privilégiant le discours – parfois militant- à la “ forme ” -négligée-, ou encore imprégné d’une “ esthétique nationale ” etc…Ces films, variant du témoignage sociologique au “ pamphlet politique ”, sont, en dépit de leurs faiblesses parfois, d’une richesse inimaginable. Ils demeurent, d’une part, de précieux témoins d’époques révolues, de la Tunisie contemporaine autre et multiple, prise au vif et immortalisée telle quelle par ses cinéastes et, constituent, d’autre part, de solides liens entre des générations qui se suivent sans souvent se rencontrer. Cette première édition du Festival du cinéma national fut, en effet, une belle occasion pour retrouver cette mémoire cinématographique renvoyée aux oubliettes de l’histoire. Aussi a-t-on essayé de dépoussiérer toutes ces œuvres éparpillées entre la cave humide du Ministère des Affaires culturelles, les locaux abandonnés de la défunte SATPEC de Gammarth (dont une partie sera revivifiée en juillet prochain par Tarak Ben Ammar), les locaux de la Fédération Tunisienne des Cinéastes amateurs (FTCA) et ceux de l’ERTT. Les copies originales qu’il a été donné au public de revoir sont souvent dans un état déplorable, faute d’une protection appropriée et d’une restauration pourtant indispensable et nécessaire pour la conservation de ce patrimoine qui risque de disparaître si une cinémathèque tunisienne n’est pas créée dans les mois à venir. Aujourd’hui, on continue à s’interroger sur l’abandon du Complexe de Gammarth créé en 1967 et sur le vide laissé par une telle décision datant les années 1984-1986 et qui n’a aucunement servi le cinéma tunisien demeuré orphelin et sans grands moyens. Pourtant, soulignent les organisateurs du festival, notre pays “ semble offrir toutes les perspectives pour l’émergence d’une activité cinématographique, variée et abondante, ouverte… ” car il est “ pourvu d’une solide structure, d’une législation, d’une tribune internationale, d’instruments de diffusion de la culture cinématographique ” et qu’il est “ une terre d’élection des productions étrangères à la recherche de décors variés et d’une bonne main-d’œuvre qualifiée ”. Des copies de films tels que “ Sejnane ” ou encore “ Une si simple histoire ” du réalisateur tunisien Abdellatif Ben Ammar sont délabrées. “ Pour restaurer une copie ou en faire un double, il faut avoir recours à un laboratoire en Espagne alors que, dans le passé, la quasi-totalité des opérations se faisait à Gammarth ”, nous confie Ridha Ben Halima, vice-président de la FTCA . Cette association tente, avec les moyens du bord, de sauver quelques films en les numérisant en 16, en super 8 et en digitale vidéo. “ 100 films sur 300 ont été jusque-là numérisés, en bricolant et en grignotant sur le budget de la FTCA afin qu’ils soient diffusés en DVD par les ciné-clubs ou dans les milieux estudiantins ”, nous dit encore le représentant de la Fédération des cinéastes amateurs. Cette association créée en 1962 (sous le nom de l’ “ Association des jeunes cinéastes tunisiens ”) qui fut et est toujours une école de formation pour les futurs cinéastes tunisiens, a produit jusque-là six cents courts-métrages. “ Il faudrait, à cette occasion, rendre hommage à quatre figures grâce auxquelles des festivals comme ceux du théâtre de Korba, du cinéma amateur de Kélibia et des JCC ou encore des troupes théâtrales comme celle du Kef de Moncef Souissi ont pu voir le jour. Il s’agit de Ben Romdhane, de Abdelhak Lassoued, du Dr Brahim Gharbi et de Tahar Chriâa ”, tient à souligner Ridha Ben Halima. Moment émouvant de ce festival, celui de la clôture, durant laquelle les organisateurs ont tenu à rendre hommage à ceux et celles qui, parmi d’autres cinéastes, techniciens, acteurs, producteurs, critiques cinématographiques et membres d’associations, ont beaucoup donné au cinéma tunisien comme Hassen Daldoul, Lotfi Laouini, Mouna Noureddine, Halima Daoud, Ahmed Zaaf, Ahmed Bennis, Hachemi Joulak, Ahmed Snoussi, Mohamed Rached Khmis, Omar Khlifi, Noureddine Mechri, Ahmed Khechine, Hamouda Ben Halima, Abedelatif Ben Ammar, feu Mohamed Mahfoudh, Hamadi Kedidi, Rachid Sfar, Mustapha Negbou et particulièrement Taïeb Louhichi. Avec une pensée particulière du public pour feu Brahim Babaï dont le visage a manqué à bon nombre de cinéphiles et dont la phrase qui suit a marqué les esprits : “ La liberté d’expression, a-t-il confié un jour, est la chose la plus essentielle pour un intellectuel, pour un artiste et pour toute personne qui désire s’exprimer ” (CinémAction , déjà cité). De telles initiatives réservées à l’hommage que nous nous devons de rendre à ceux et à celles qui ont marqué de leurs empreintes le cinéma tunisien ou d’autres arts et domaines culturels de notre pays devraient se multiplier pour éviter que règne, par ces temps qui courent, la “ mémoire de l’oubli ”.